Bonjour à tous ! Ce n'est pas la première fois que je poste quelque chose dans ce (génial) fandom, mais je dois avouer que c'est la première fois que je réussis à terminer et poster une fan fic à chapitres multiples. Certes, il n'y aura que trois chapitres en tout, mais je ressens néanmoins de la fierté envers moi-même et envers tout le travail que j'ai accompli. Cependant, ne vous gênez pas pour critiquer constructivement mon histoire, ce serait même grandement apprécié; gardez simplement à l'esprit que je ne possède pas une grande expérience en écriture de fan fictions. (Mais ça, je compte bien y remédier !)

L'univers et les personnages originaux appartiennent à Sir Arthur Conan Doyle, mais on doit (majoritairement) tout à Moffat et Gatiss pour l'adaptation moderne.


Que feraient-ils l'un sans l'autre ?

Chapitre 1


Sherlock Holmes était nonchalamment étendu sur le divan, les yeux clos et les bras croisés sur son torse. Vêtu de sa robe de chambre bleue nuit, il essayait de ne pas sombrer dans le sommeil. Il était maintenant neuf heures du matin et le détective n'avait pas fermé l'œil de la nuit.

Il était resté là, immobile comme une statue, à contempler le plafond. Il avait été tenté, vers quatre heures du matin, de jouer du violon pour se divertir un peu, mais la distance le séparant de l'instrument à cordes l'avait dissuadé d'exercer ses talents musicaux.

Alors il s'était contenté de scruter les motifs de la tapisserie décorant le mur, éclairés par le halo blafard de la lune, tout en réfléchissant sur ses précédentes enquêtes. Elles avaient toutes été passionnantes, chacune à leur manière, mais de courte durée. C'était ça le problème : il résolvait trop vite les crimes qu'on lui soumettait, sans profiter de l'adrénaline que le défi occasionnait.

Lorsque la lumière du jour commença à éclairer la pièce, Sherlock poussa un long râlement, exprimant là tout son ennui. Il changea de position sur le divan et son corps ankylosé le fit grimacer de douleur.

John, malgré qu'il soit en congé ce jour-là, se leva de bonne heure et ne fut guère surpris de trouver son colocataire étendu sur le divan, comme la veille. Le sociopathe avait les cheveux pêle-mêle et donnait l'impression d'avoir traversé une violente tempête cette nuit. Ses yeux bleu gris étaient ouverts, mais de profonds cernes avaient fait leur apparition. Il ne bougea pas un muscle en sentant la présence de son seul et unique ami dans la pièce. John était déjà habillé et prêt à profiter de sa journée de congé. Il soupira et lança, certain de n'obtenir aucune réponse :

- Bonjour Sherlock.

Et comme anticipé, il se prit un vent de première. Il ne se démonta pas pour autant et se dirigea vers la cuisine en ajoutant :

- Je suis sûr que tu n'es pas allé te coucher cette nuit !

- Wow, tes dons de déductions sont toujours aussi stupéfiants, le railla Sherlock, toujours couché.

John commença à préparer son petit-déjeuner en tentant de ne pas prêter attention au détective. Ce qui était loin d'être évident : Sherlock n'était pas le genre d'homme qu'on pouvait facilement ignorer.

- Une bonne nuit de sommeil t'aurait fait du bien, Sherlock, c'est tout, fit John en haussant les épaules.

- Merci, je le saurai la prochaine fois, Maman, grommela le brun.

John roula les yeux et décida d'ignorer les enfantillages de son ami. Il ne se sentait pas du tout d'humeur à sermonner Sherlock ce matin. Il se fit deux œufs tournés et une toast qu'il décida de manger dans le salon. Il s'installa dans le fauteuil en poussant un soupir d'aise et alluma la télévision en ignorant le « Oh non, pas ça ! » de Sherlock. À l'écran, la présentatrice des nouvelles commentait le style musical d'un nouveau groupe de rock américain. Sherlock mit ses mains sur ses oreilles en grognant :

- Quel ennui, John ! Change de chaine ou éteins-moi ce truc !

John, légèrement exaspéré, zappa et une émission pour jeunes enfants succéda à la capsule musicale.

- Voilà qui devrait te convenir, ironisa le médecin.

L'un des personnages à l'écran prônait l'importance de se faire des amis dans la vie.

- Regarde quelles bêtises ils tentent d'inculquer aux gosses ! s'insurgea Sherlock en singeant les mimiques du personnage.

John, qui avait rapidement terminé son repas, se leva et annonça d'une voix froide qu'il avait soudainement grand besoin de prendre l'air. Il alla mettre la vaisselle sale dans l'évier et, sans plus de cérémonie, sortit dans la rue.

Londres était déjà bien réveillée et Baker Street était accaparée par les voitures et les passants. Le médecin soupira d'aise. Cela faisait du bien de ne plus entendre les jérémiades immatures de son colocataire. En général, il était capable de les supporter, mais aujourd'hui, il avait besoin de calme et de repos, ce qui était totalement impossible en restant aux côtés d'un Sherlock de mauvais poil.

C'est alors que John remarqua un homme élégant et de haute stature sortir d'une Audi noire au coin de la rue. Parapluie en main, l'homme leva les yeux vers l'imposante bâtisse et ne remarqua John que lorsque celui-ci l'interpella en levant la main pour attirer son attention :

- Mycroft !

Mycroft Holmes se tourna vers le petit homme blond qui s'approchait de lui.

- Docteur Watson ! répondit le « gouvernement britannique » avec un sourire courtois.

- John, je vous en prie !

Les deux hommes se serrèrent la main et échangèrent quelques paroles mondaines. John dit ensuite :

- Vous êtes ici pour une affaire à confier à Sherlock, je suppose ?

- Nullement. Je ne fais que rendre une petite visite de courtoisie à mon cher frère, lui apprit Mycroft.

Comme il en sera ravi, ironisa John dans sa tête. Il n'osa pas exprimer sa pensée à voix haute, mais son interlocuteur semblait penser la même chose vu son regard entendu.

- Dommage ! regretta sincèrement John. Votre cher frère est insupportable et ne fait que râler. Une affaire l'aurait revigoré, sans aucun doute.

- Lui, insupportable ? Plus que d'habitude, vous voulez dire ? plaisanta Mycroft.

John s'esclaffa, puis répondit en plaçant ses mains sur ses hanches :

- Le manque de sommeil, probablement. Figurez-vous qu'il n'a pas fermé l'œil de la nuit, alors qu'il n'a aucune enquête en cours. Il s'épuise inutilement.

L'homme au parapluie ferma un moment les yeux, désespéré mais nullement étonné. Sherlock agissait cette fois encore comme un gamin : il prétendait ne pas avoir besoin d'être surveillé en permanence, mais son irresponsabilité crevait les yeux.

Mycroft savait qu'il agissait comme un père pour son jeune frère et que cela exaspérait ce dernier au plus haut point. Néanmoins, le fonctionnaire savait que s'il relâchait un tant soit peu la bride, le résultat serait regrettable pour tout le monde, à commencer par le principal intéressé.

- Bien, je lui en glisserai un mot, alors, soupira Mycroft en s'appuyant nonchalamment sur son parapluie.

John acquiesça. Son agacement vis-à-vis son colocataire s'était amoindri, mais il n'avait pour le moment pas envie de rentrer et de recevoir une pluie de sarcasmes puérils en plein visage. Il préférait laisser cette délicate tâche à, il devait bien l'admettre, un homme plus qualifié et expérimenté dans le domaine.

- Bonne chance Mycroft, fit John, mi-figue, mi-raisin.

Ce fut au tour de Mycroft d'acquiescer du chef. Tandis que le politicien montait les marches du 221B, John reprenait sa marche, les mains dans les poches. La relation entre les frères Holmes était des plus houleuses et il ne parvenait pas à comprendre cette ostensible animosité. Trouvait-elle son origine dans le caractère protecteur et sans doute étouffant de Mycroft, ou était-elle due à une parole ou un geste de trop de la part de Sherlock; John ne saurait le dire.

xxx

Sherlock, le bras appuyé contre le mur, regarda par la fenêtre son frère – oh non, pitié; pas lui ! – s'entretenir avec John dans la rue. Les deux hommes se séparèrent quelques minutes plus tard et ce fut sans surprise que le détective entendit la porte d'entrée claquer en bas. Quelqu'un monta ensuite les marches avec lenteur. Sherlock étouffa avec peine un bâillement en secouant la tête. Lorsqu'il était sur une enquête, il n'avait aucune difficulté à rester éveillé des jours entiers, mais sans problème à résoudre, il se morfondait et trouvait le temps long, très long…

- Sherlock.

Son frère. Sans tourner la tête, Sherlock s'enquit, faussement inquiet :

- Pas trop essoufflé, j'espère, après avoir monté toutes ces marches ?

Son frère cadet n'étant déjà pas très sociable ni courtois de nature, Mycroft ne fut donc pas surpris de cette pseudo salutation. Il contre-attaqua aussitôt, piqué de cette allusion à ses faibles capacités physiques :

- Pas trop fatigué, j'espère, après avoir passé une nuit blanche complète ?

Sherlock fronça les sourcils. Pourquoi John avait-il pensé nécessaire d'informer son frère de ce fait ? Quel traître.

Le brun se détacha de la fenêtre et observa son frère d'un air indifférent. Après l'avoir passé à la loupe, il se moqua en s'écrasant dans son fauteuil :

- La prochaine fois que tu viens ici pour me faire la morale, pense à faire le trajet à pied. Ça pourra peut-être te faire perdre tous ces kilos en trop.

Il désigna l'autre fauteuil, posé devant lui, invitant Mycroft à prendre place. Le politicien s'exécuta en roulant les yeux. Sa main serrant fermement le bout recourbé de son parapluie, il s'obligea à compter jusqu'à dix dans sa tête avant d'ouvrir la bouche de nouveau :

- Pourrais-je savoir pourquoi tu n'as pas fermé l'œil de la nuit, Sherlock ?

Sa voix était inquiète, mais ferme. Le détective, les deux bras étendus sur les accoudoirs de son fauteuil, lui offrit un sourire de requin et répliqua, provocateur :

- Non. Mais moi, je suis en droit de savoir ce que toi, tu fais dans mon appartement, par contre.

- Oh, je ne suis passé que pour te dire bonjour.

Sherlock perdit son sourire forcé et émit un bref rire sans joie.

- Trop gentil de ta part, Mycroft, tu n'aurais pas dû, commenta-t-il d'une voix grinçante. Mais tu ne crois sincèrement pas que je vais avaler ça, j'espère ? Parce que je te connais bien et tu ne te déplaces jamais sans raison.

- Pour te dire bonjour et pour prendre de tes nouvelles, ajouta Mycroft en ignorant les paroles de son frère.

- Prendre de mes nouvelles ? répéta Sherlock, incrédule. Tu aurais pu kidnapper John une fois de plus pour ça.

- Et aussi savoir comment tu allais, acheva Mycroft d'un ton sec, en pianotant sur l'accoudoir de son fauteuil.

Signe d'impatience, observa aussitôt Sherlock, ce qui signifie qu'il est aussi agacé.

- Que de futilités ! grommela-t-il, arrogant. Viens-en au vrai but de ta visite, qu'on en finisse !

Mycroft leva les yeux au ciel et dut compter cette fois jusqu'à vingt pour garder son calme. Il n'y avait décidément qu'avec son petit frère qu'il avait du mal à contenir sa colère. Il soupira.

- En effet, il y a bien une raison à ma présence ici, admit-t-il. C'est Maman qui m'envoie.

Le visage déjà pâle de Sherlock blêmit. Il ouvrit même légèrement la bouche.

- M-Maman ? balbutia-t-il, figé.

Mycroft ne put s'empêcher de ricaner face au visage décomposé de son jeune frère.

- J'ai beau lui dire à chaque semaine que tu vas bien, ce qui, soit dit entre nous, est discutable, mais elle souhaite que tu lui rendes visite prochainement.

Sherlock reprit contenance et se massa les tempes. Cette nouvelle ne le réjouissait pas le moins du monde.

- Il suffirait que je l'appelle et que..., commença-t-il en grimaçant.

- Non, Sherlock, le coupa Mycroft. Cesse de faire l'enfant et de fuir ce que tu ne veux pas faire.

Le sociopathe se renversa contre le dossier de son fauteuil, une moue boudeuse défigurant ses traits. Son frère avait raison sur ce point. Il avait toujours fui les situations qui lui étaient désagréables. Il se réfugiait dans le travail, le plus souvent, entamant enquête sur enquête. Mais il se souvenait très bien d'une époque où il avait trouvé une échappatoire d'une toute autre nature. C'était à partir de là que Mycroft s'était mis à le couver, à surveiller ses moindres faits et gestes et à terroriser toute personne s'approchant trop près de lui.

- Et toi, cesse donc de t'occuper de moi comme si tu étais Papa, lâcha froidement le cadet.

- Sherlock, je…

- Je n'ai aucune envie d'aller à la campagne, conclut brusquement Sherlock.

Il se leva d'un bond et s'empara de son violon et de son archet posés sur la table basse. Il voulut retourner s'asseoir, mais ses yeux se fermèrent momentanément de fatigue et il se cogna le tibia droit contre le fauteuil. Il laissa échapper un cri de douleur et d'exaspération en se frottant vigoureusement la jambe. Mycroft fut tenté de commenter l'incident de sarcasmes, mais se dit que cela ne ferait qu'amplifier la mauvaise humeur de son frère. Il demanda plutôt, en haussant les sourcils :

- Est-ce que ça va ?

- À ton avis ? répliqua Sherlock en grognant.

Le détective consultant se laissa tomber dans le fauteuil sans un mot de plus. Mycroft eut un sourire crispé, ressassant mentalement ce que Sherlock lui avait assené avant de se cogner contre le meuble. Il avait très bien senti le reproche dans la voix de son frère.

- Tu sais très bien ce qui arriverait si je n'étais pas là pour toi, Sherlock, insinua-t-il lentement.

- Oui. J'aurais la paix, voilà ce qui arriverait, répliqua à brûle-pourpoint son cadet.

Un lourd silence tomba entre les deux frères qui se jaugèrent du regard avec hargne. Sherlock, au bout d'un moment, détacha son attention de son aîné et se mit à triturer machinalement les cordes de son violon, les yeux perdus dans le vide. Que Mycroft ne réplique pas le prenait un peu au dépourvu. Il était habitué à ce que son frère le réprimande et élève la voix en sa présence et ce refus de prendre la parole le laissait légèrement pantois. Mycroft hocha la tête et se leva finalement.

- Je dirai à Maman que tu étais occupé, déclara-il d'un ton indifférent avant de prendre congé.

Sherlock ne répondit rien, songeur. C'était la deuxième fois aujourd'hui que quelqu'un quittait le 221B avec mécontentement après lui avoir parlé.

Que leur avait-il donc tous fait ?

xxx

Mycroft descendit l'escalier en balançant son parapluie avec une certaine suffisance. Sa rencontre avec son cadet avait été, comme il le prévoyait, non seulement décevante, mais également frustrante. Comme d'habitude, se dit-il pour se réconforter. Son frère avait toujours eu cette attitude revêche et immature envers lui; Mycroft ne voyait pas pourquoi cela devrait assombrir son humeur et gâcher sa journée. Pourtant, une partie de lui se sentait blessée par les propos de Sherlock et refusait qu'il oublie l'événement. Le sociopathe ne savait jamais lorsqu'il faisait du mal aux autres, certes, mais cette fois, il y était allé un peu fort. L'ingratitude dont il avait fait preuve à son égard était tout simplement vexante.

Sans son grand frère, Sherlock Holmes ne serait peut-être même pas en vie. Mycroft ne comptait même plus le nombre de fois où il s'était porté à son secours par le passé, sans jamais rien demander en retour. Il prenait soin de Sherlock, parce que c'était son devoir de grand frère, depuis le début, mais aussi parce que cela lui faisait plaisir. Il avait beau cacher ses sentiments en permanence, cela ne signifiait pas qu'il n'en avait pas. Et malgré toutes les erreurs qu'ils avaient tous deux commises, il savait que l'attachement qu'il portait à son petit frère ne se tarirait jamais.

- Mycroft ? l'appela une voix près de lui.

Le politicien revint à la réalité et constata que John se tenait à ses côtés, les joues un peu rougies par le vent frisquet.

- Oh, re bonjour John, le salua cordialement Mycroft.

- Comment ça s'est passé, avec Sherlock ? osa demander l'ancien militaire, curieux.

Mycroft soutint le regard interrogateur de John, impassible. Tout comme lui, le médecin avait à cœur la santé et le bien-être de Sherlock; il veillait à ce que l'obstiné détective mange et boive au moins une fois par jour et le sermonnait lorsqu'il dormait peu ou carrément pas.

Cependant, contrairement à Mycroft, John ne se faisait – généralement – pas houspiller dès qu'il prenait soin de Sherlock. Bien sûr, le brun l'ignorait ou ronchonnait à chaque fois, pour ne pas paraître trop docile, mais il finissait par obéir, même si c'était à contrecœur. Mycroft était soulagé que quelqu'un dans ce monde réussisse à réaliser un tel exploit, mais ne comprenait absolument pas comment John Watson, un homme aussi banal et insignifiant, y parvenait.

Le politicien s'appuya contre son parapluie pour se donner de la prestance et répondit placidement :

- Pourquoi ne pas aller poser la même question au concerné ?

John fit la moue, compréhensif. Il était clair que Mycroft ne souhaitait pas en discuter. Peut-être ne voulait-il pas exprimer tout ce qu'il ressentait en ce moment envers son jeune frère au meilleur ami de ce dernier, diplomatie obligeait.

- C'est ce que je compte faire, approuva le médecin en hochant la tête.

Mycroft lui jeta un regard ironique que John n'arriva pas à déchiffrer. En même temps, le médecin avait toujours de la difficulté à cerner les pensées et les intentions d'un Holmes.

- Passez une bonne journée, John, fit alors Mycroft d'une voix flegmatique, mais où John crut aussi déceler une certaine lassitude.

Sans attendre une réponse, l'aîné des Holmes s'éloigna en direction de l'Audi qui l'attendait toujours au coin de la rue. Quant à John, il leva les yeux sur la façade de l'immeuble, avec une seule chose en tête : découvrir ce qui s'était passé.


Note de l'auteure : Voilà, c'est tout pour le premier chapitre ! J'espère que vous avez apprécié la petite chicane entre les deux frères ! (Parce que moi, si ! 8D) Au fait, j'ignore si Sherlock et Mycroft ont vraiment grandi à la campagne, mais j'aimais bien l'idée, donc j'ai décidé de l'utiliser ici.

On se donne rendez-vous pour le prochain chapitre qui sortira bientôt ? ;)

S. Muffy.