Disclaimer : Rien à nous, rien à nous ! Tout à Elle, tout à Elle ! La vie est injuste…

21 août, Cher journal,

Et voilà, je t'ouvre. J'espère que tu es conscient de l'immense honneur que je te fais. Après tout, tu n'es qu'un vulgaire rouleau de parchemin comme un autre… Enfin, pas tout à fait comme un autre quand même, c'est vrai que tu es en vélin surfin de première qualité… Les Anglais disent «ayegueu kwaliti». Ceux-là, ils ont toujours été bizarres, de toute façon…

Donc, comme tu aurais pu t'en douter tout seul si tu n'avais pas eu un QI de crevette congelée (c'est vrai qu'il faut pas trop en demander à un parchemin, vînt-il de la meilleure des papeteries parisiennes… waouh t'as vu ma phrase là… je suis trop fière ! C'est vrai ça, tu devrais te sentir honoré d'être utilisé par une jeune personne possédant si bien le dialecte du pays de France…), comme tu aurais pu t'en douter tout seul, disais-je, moi je ne suis pas anglaise. J'ai la plus belle nationalité du monde (y'a d'ailleurs pas que ça en moi qui soit le plus beau du monde, mais n'anticipons pas) : je suis française ! Même si je suis à l'origine originaire (au passage, cette redondance n'est pas une aberration de langage mais une figure de style, eh oui, parfaitement ! ) d'un trou paumé que je ne nommerai pas ici, je suis au fait de toutes les nouveautés de mon pays, et ma famille est à la pointe du progrès. Paris n'a aucun secret pour moi, et notamment les champs Elysées, qu'il s'agisse du côté moldu ou de l'avenue que l'on atteint par l'arrière-salle de chez Maxim's…

Quant à ma magnifique personne, je crois pouvoir dire en toute modestie qu'elle atteint un degré de perfection rarement égalé. J'allie avec grâce beauté physique, pureté de cœur et acuité intellectuelle, et ce sans me départir d'une modestie à toute épreuve. La preuve en est que j'ai des chevilles graciles, une vendeuse m'a d'ailleurs dit, quand j'ai acheté un paire d'escarpins à talons aiguilles pour la garden-party de mes cousines, qu'elle avait rarement vu des jambes aux attaches si fines (la pauvre étant moldue, il ne faut pas lui en vouloir d'avoir dit «rarement» au lieu de «jamais»… soit dit sans animosité ni mépris aucuns à l'égard des moldus, bien entendu ! ).

Il serait vain de tenter de décrire ici mon éblouissante personne. D'ailleurs, l'objet n'est pas là.

Bien, maintenant que nous avons bien discuté tous deux, et pu faire plus ample connaissance, il me semble que tu dois être impatient de connaître plus en détail ma trépidante vie… Il faut dire que tu as pris largement ta part de cette présentation et que j'ai à peine eu le temps de te parler de moi. Enfin, je me dévoue, ne comprenant que trop bien ta volubilité…

22 août, Très cher,

Aujourd'hui est un grand jour. Je viens d'apprendre avec une délectation inimaginable que nous allions assister à la coup du monde Quidditch ! Je veux dire la finale, bien entendu, il est évident que je ne m'intéresse pas aux matches de second rang… Nous, c'est bien évidemment mes très chers parents, Gabrielle et moi. Te rends-tu compte ? Quelle a-do-ra-ble idée… (Si mes parents ne l'avaient pas eue, je les aurais trucidés d'ailleurs… ça aurait été terrible pour ma réputation que de n'avoir pas assisté en direct à ce match ! Enfin apparemment ils ont réalisé seuls l'importance capitale de cet événement).

Par contre, cela signifie que nous partons en Angleterre… Ce détestable pays ! J'ai toujours eu une sacro-sainte horreur des anglais, avec leurs tasses de jus de chaussettes («Eu keup of ti !»), leur humour ridicule («Huhuhu») et leur lenteur proverbiale (ils appellent ça «flegme britannique», tu parles ! Cerveaux lents, oui ! ). Quant à la pluie, n'en parlons pas… A tous les coups mes cheveux vont frisotter, et je vais avoir toutes les peines du monde à les ramener à leur souplesse naturelle… Je déteste avoir l'air d'un mouton (Gabrielle assure que ça me va très bien… Cette petite est adorable mais elle n'a pas encore atteint sa pleine maturité artistique, pour l'instant, elle n'a aucun goût !).

Enfin bon, j'ai lui dans Sorcimode que le style «vieux loup de mer» est in cette saison… je pense aller très bientôt me procurer un dressing approprié… A propos de dressing, je tiens à t'avertir qu'il est également très in de glisser dans la conversation des mots britanniques… mais point trop n'en faut, et comme d'habitude, nous voisins d'Outre-Manche n'ont rien compris, ils en utilisent même beaucoup trop ! Enfin bref, je disais donc que je suis en passe de me procurer l'attirail nécessaire pour résister à l'assaut des intempéries dans ce pays pourri…

24 août, Mon aimé (Comment trouves-tu cette expression ? Pour ma part je la trouve d'un raffinement indicible !).

Enfin arrivés ! Je ne pensais pas dire cela un jour, mais je suis heureuse de pouvoir fouler le plancher des vaches anglais… (Tiens, d'ailleurs, à ce propos, est-ce que les vaches anglaises produisent du lait ou du thé ? Voilà un mystère qu'il serait intéressant d'élucider…).

Figure toi que j'ai atrocement souffert du mal de mer… En effet, mes parents avaient décidé d'utiliser un moyen de transport moldu pour arriver jusqu'en Angleterre… Ils ont prétexté que le Porteloin par-dessus la mer n'était pas encore bien au point techniquement… Je pense envoyer aux sorcisavants qui étudient la question une de mes galettes, pour qu'il réalisent combien leur lenteur peut faire souffrir des jeunes filles innocentes contraintes à prendre le ferry…

Heureusement que nous avons pu rapidement rejoindre le terrain de camping où nous nous sommes installés en attendant le match. J'ai eu l'immense plaisir de retrouver cette chère Madame Maxime… Grâce à elle, j'ai obtenu l'autorisation d'aller m'installer avec mes amies… Ouf ! Je m'imaginais mal cohabitant avec mes parents dans une telle promiscuité…

J'ai un peu hésité, à cause de Gabrielle, mais ce cher ange m'a assuré que mon départ ne la dérangeait pas du tout, et qu'elle ne voyait pas d'inconvénient à ce que je les quitte… Décidément, cette enfant est très bien, elle a su prendre modèle sur son aînée !

25 août, Mon aimé (oui, décidément, j'aime cette appellation et je l'adopte).

O rage, ô désespoir, ô parents ennemis !

N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

Comme tu auras pu le comprendre, je suis littéralement verte de rage… Et très malheureuse !

Comment ont-ils os me faire un tel affront ? A moi ? Sublime parmi toutes les sublimes ? Je les hais d'une haine haineuse, je les renie, je les… Mais tu te demandes sans doute la raison d'une telle hargne !

Apprends alors que mes parents (ou plutôt, ex-parents puisque je viens de les renier), ont obtenu des places de seconde qualité ! Nous ne serons pas la loge officielle !

Bouh, Snif !

Moi qui tenait tellement à être le point de mire de la soirée ! J'avais déjà préparé ma petite robe bleue fluide (celle qui sied si bien à la couleur de mes yeux) en prévision de cette soirée.

Je n'ai plus aucune chance de séduire l'un de ces joueurs au corps musclé de dieu grec…

Je vais aller me noyer.

Tout le problème est de trouver où… Il faut évidemment que ma mort soit belle, grandiose, afin qu'elle reste pour les générations futures le symbole vibrant de l'oppression exercée par les vieillards de plus de trente sur la belle jeunesse (et même sublime dans mon cas précis) dans notre société décadente.

Pour ce qui est de la personne concernée, c'est-à-dire… moi ! (quelle rapidité d'esprit), je remplis déjà tous les critères… de beauté, d'intelligence, de résignation à son sort mêlée de désir de révolte…

Il me faut trouver le moyen… Ah oui ! Je sais ! Je vais me noyer ! Ah tiens… En fait ça, c'était déjà décidé… Ma pensée irait-elle plus vite que mon esprit ? Ou l'inverse…

Le lieu… A la fois rempli de beauté et de mystère… Bien sûr je ne peux pas retourner en France, me voilà condamnée à mourir en terre étrangère… Mon trépas n'en sera que plus sublime, puisque perpétré par une fleur déracinée…

Donc, il faut que je trouve un lieu… Le palais de Westminster ce serait pas mal, mais bon, même chez un prince, se noyer dans une baignoire, ça la fout mal… Non, le mieux se serait de trouver un lieu avec le l'eau ! Voyons… Angleterre… Eau… Je peux me laisser noyer par la pluie, bien sûr… Mais la mort lente est une souffrance à laquelle je ne suis pas préparée…

Un lac alors, pourquoi pas ? Voyons… lac… Angleterre… Loch Ness ! Oui… j'éclipserai le monstre magnifiquement même… Le problème c'est que les générations futures risquent de nous confondre… Sans compter que l'Ecosse, c'est relativement loin quand même !

Même la géographie est contre moi ! Hum… Dois-je en conclure que les cieux s'opposent à ma mort précoce (mais justifiée) car je suis destinée à de plus grandes œuvres ?

Sans doute… ça me semble même très plausible, après tout, je m'appelle Fleur Delacour,

moi !

Très bien, si c'est ce que les dieux veulent, je me sacrifie et remets à plus tard mon suicide… Pour le bien de l'humanité (je suis trop bonne, j'ai même l'étoffe d'une héroïne accomplie si on va par là !)…

Toutes ces réflexions m'ont épuisée, je crois que je vais aller faire une petite sieste pour conserver mon teint de pêche…

Plus tard,

Hum… Quelle sieste reposante ! Morphée fait bien les choses… Maintenant, place aux choses sérieuses : j'ai exactement 3 heures et 47 minutes pour me préparer avant d'être le point de mire d'une foule d'admirateur en pâmoison dans le stade…

Je me demande si je ne vais pas lancer un sort à ma robe pour que quiconque la contemple plus de 2 secondes ne puisse plus détacher son regard de moi par la suite. Non pas que j'en ai réellement besoin, bien sûr (je suis déjà tellement parfaite), mais un petit coup de pouce ne me ferait pas de mal, des fois que Krum m'inviterait à boire un faire… Attends… Comment ça «des fois ?». Non ! Krum va nécessairement m'inviter à boire un verre avec lui, c'est obligé et arithmanciquement prouvé ! Il ne peut en être autrement…

Tiens, je devrais penser à fonder une religion portant mon nom… Oooh ! Fleur, tu es si intelligente, si vive ! Tu vas finir célèbre, c'est sûr… Oh ! Suis-je sotte ? Je suis déjà célèbre… et tellement populaire !

Je t'aime mon cher moi ! Kiss !

Commentaire de Gred : Moi aussi je m'aime !