IMPORTANT

(sauf le disclamer dont tout le monde se fout, moi le premier)

Si j'écrivais un livre, si j'avais le talent pour, mais, même si mon style était beau, ce que je crois guère bien qu'il se soit amélioré, je ne prétendrais jamais cela puisque ce monde appartient à Madame Rowling et que je ne gagne rien en écrivant dessus (ça c'est fait), et bien alors, j'écrirais en dédicace : à mes anciens lecteurs que j'ai dû décevoir mais à qui je tiens ma promesse d'aller jusqu'au bout d'une trame qu'ils ont aimée, et à mes nouveaux lecteurs que ma façon d'écrire ne rebutera, je l'espère, pas.


AVANT-PROPOS

(pour ceux qui me lisaient, je vous conseille de ne pas le passer, et j'espère que vous me pardonnerez de ne pas avoir tenu toutes mes promesses, pour ceux qui ne me connaissent pas, vous pouvez passez, mais si mon histoire vous intéresse, revenez-y ensuite).

Me revoilà pour une nouvelle histoire qui, contrairement à l'ancienne, Même un Pion peut faire échec au roi, dont j'ai repris le titre puisqu'il me plaisait, devrait aller jusqu'au bout. Je m'excuse auprès de mes anciens lecteurs : la première version était une ébauche, disons la tentative avortée d'un scribouillard se cherchant. Je n'aurais pas l'outrecuidance de dire que mon style est maintenant parfait. Mais outre que je ne me reconnaissais plus dans l'autre fiction et que l'histoire, bien que planifiée m'était devenue détestable, horrible, trop rapide, pas assez « tendue »... Il y avait trop de temps morts dans la narration et les dialogues étaient horribles. Un enfant – et beaucoup d'entre vous me l'avait fait remarquer – ne saurait parler comme parlait mon Harry. Je le savais mais je n'arrivais pas à donner un profil à mes personnages à travers leurs paroles. Il n'y avait pas d'idiolecte, vous savez ces façons de parler qui font que nous sommes qui nous sommes. Je ne vous avait pas menti en vous disant que vous auriez toutes l'histoire, vous saurez tout sur les méki, j'ai juste entretenu le suspens un peu plus... humm...

Enfin voilà la suite, et avant de continuer j'aimerais souhaiter un grand bonjour à MES NOUVEAUX LECTEURS – s'il y en a. J'ai résolu mes problèmes de style d'une façon que je trouve ingénieuse et qui est empruntée à plusieurs auteurs qui, dans le cadre de mes études sur la narratologie, m'ont permis de me façonner un style plus personnel, moins scolaire, et que je ne pense pas être mauvais. Au lieu d'avoir une narrateur dit omniscient, j'ai trouvé un narrateur homodiégétique (faisant parti de l'histoire) mais omniscient... J'avoue c'est un peu artificiel, totalement même. Et je le revendique haut et fort. Cette forme de narration me permet d'avoir un récit entièrement rapporté par un personnage assez âgé pour avoir les mots que je lui donne. Et puisqu'il rapporte au style indirect (libre ou non) les dits des autres personnages je n'ai pas à me soucier de leur donner une façon de parler. Mon narrateur a suffisamment de recul pour analyser ce qu'il a vécu, mais a quand même été marqué par la façon de parler de certains personnages, par certaines formules revenant sans cesse, au point de reprendre, dans un but ironique, leurs mots, qui sont ici mis en italique (merci Flaubert pour cette belle idée et pourtant tes histoires m'ennuient).

Contrairement aux histoire de mon ami Flaubert, j'espère que vous ne vous ennuierez pas en me lisant et que vous conviendrez que ce nouveau style, bien que, je le confesse, imparfait, rend l'histoire plus intéressante et haletante. Pour les anciens, si vous vous rappelez, l'ancienne version avait besoin de trois ou quatre chapitres pour commencer, celle-ci rentre plus vite dans l'action, et bien qu'il ne se passe rien dans ce chapitre d'introduction, il me semble plus dynamique que mes "meilleurs" anciens chapitres racontant des batailles... Maintenant que je me trouve, je suis bien déterminé à aller jusqu'au bout de mon intrigue rénovée – fortement rénovée même – mais les publications seront irrégulières. Je suis présentement en hypokhâgne, ce qui me conduit à de lourdes semaines et si je n'étais pas insomniaque je n'aurai jamais repris mes idées. Pour que vous n'attendiez plus trop, j'ai décidé de faire des chapitres relativement courts – dans l'ancienne version il faisait parfois jusqu'à 10.000 mots ! - j'espère que vous apprécierez... Dites moi ce que vous en pensez.


CHAPITRE I :

Un monstre s'éveille.

Maintenant je sais. Je suis mort. Volontairement mort, mais je sais. Je sais que le suicide est lâche, mais j'étais devenu vieux. Il était temps de laisser la place aux jeunes et de rejoindre les miens, que je n'ai jamais connu. Perdu dans les nimbes du temps, je vais donc prendre la plume, la plume de l'histoire, cette justicière(1). Comme tous les nôtres, je me dois de laisser ma marque et de raconter mon histoire, ce qui m'a mené au rang que j'occupe aujourd'hui, au rang de Dieu, mais de Dieu infernal. Je suis maudit.

Tout a commencé en 1991 mais ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai les compétences nécessaires pour saisir tous les tenants et les aboutissants de l'incroyable histoire qui est la mienne. Le premier août, le lendemain de mon anniversaire, elle se réveilla. Elle que mon oncle et ma tante nommait mon anormalité. Je sais que normalement, on écrit la morale à la fin de l'histoire mais je ne suis pas un auteur. Je suis un acteur qui a assumé son rôle à la perfection et ce, jusqu'au bout, et la morale de mon histoire c'est qu'il n'est jamais bon de défier un monstre. Tous ont oublié ce que ce mot veut dire. Le monstre ce n'est pas que l'anormal, c'est aussi l'hybride, celui qui à l'hubris, la démesure. Laissez moi donc, que les muses le veuille ou non, de cela je n'ai désormais cure, vous conter mon histoire. Le temps a transformé le vinaigre en miel, je veux maintenant me replonger dans mes souvenirs.

Premier août 1991 donc. Little Whinging, Angleterre. Il fait beau. Le ciel est clair, mais ma vie n'est pas belle. Un enfant ne devrait pas être traité comme moi. Je le sais déjà, c'est un crime, que dis-je, un supplice qui dure et qui dure, depuis dix ans. J'ai eu onze ans hier soir et personne n'était là pour me souhaiter mon anniversaire. Dix ans plus tôt mes ivrognes de parents mourraient dans un accident de voiture comme les sombres idiots qu'ils étaient. Je n'en sais pas plus, ma tante m'a bien dit de ne pas poser de questions si je sais ce qui est bon pour moi. J'ai encore essayé d'en savoir plus aujourd'hui. Je ne saurai me résigner à sa sèche réponse, qui, immanquablement est tombée, comme le couperet de la guillotine. Je retourne dans mon placard puisque j'ai fini de ratisser l'allée. Je trouve d'ailleurs étrange que ma tante me réduise en esclavage au su de tous. Qu'elle me fasse travailler à la maison, cela n'a rien d'étonnant, c'est pour m'extirper mon anormalité mais qu'elle laisse ses précieux voisins voir mon sort, c'est définitivement étrange. Bien plus étrange même que mes monstruosités. Ils sont donc tous coupables, coupables à en crever, et ils crèveront. On ne laisse pas un enfant travailler, surtout quand on voit que son cousin ne fait jamais quoi que ce soit.

Je retourne donc dans mon placard infesté d'araignées, dont la compagnie est souvent préférable à celle des hommes, et des femmes, et des enfants, et même des chiens. D'aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai jamais aimé les chiens. Sans doute à cause de la tante Marge. Depuis de longues heures, je suis allongé, dans le noir et le silence, profitant de la fraicheur du toit qui m'est offert. À moins que seulement quelques minutes n'aient passé jusqu'à cet instant où ma tante, la femme qui partage le même sang que ma mère, mais qui vaut bien mieux, puisqu'elle au moins sait tenir sa maison et ne laisse pas une bouche à nourrir à sa misérable famille, vient frapper, non, tambouriner, à la porte de mon placard.

Je l'entends encore, elle crie que je suis un faignant. Je dois sortir pour accueillir ma tante Marge qui va arriver d'une minute à l'autre. Terrifié, je sors. Mais je ne traine pas des pieds autrement je risquerais de sentir celui de mon oncle passer. Il s'approche d'ailleurs, me prend par les épaules et plié pour se mettre à mon niveau il me dit de ne pas faire me faire remarquer, sous l'œil amusé de mon cousin, Dudley, vautré sur le sofa, non dedans vu son poids, placé devant le poste de télévision. Pour lui, il n'y a nul spectacle plus drôle que de me voir rabroué. Mon oncle et ma tante qui m'ont charitablement recueilli, ont dit à Marge que j'allais rentrer en septembre au centre de Saint-Brutus comme les policiers le leur avaient conseillé, la dernière fois qu'ils m'avaient ramené à la maison, pris la main dans le sac. Quand elle arrivera, ce qui ne saurait tarder, je devrait, sans dire un mot, prendre sa valise et la monter puis, me faire oublier jusqu'à l'heure du repas dans mon placard, ce que je fis.

Je suis allongé sur le maigre matelas crasseux, jeté à même le sol, me demandant encore pourquoi je me suis senti oppressé alors même que je me tenais dans la chambre d'ami qui, comme chaque année, était offerte à ma tante et qui resterait vide jusqu'à son retour. Vide, alors que moi, je dors, sans me plaindre sur un matelas sous l'escalier. C'est d'un pathétique. Le calme et le silence dans lequel je me ressourçais avant que ma tante ne vînt m'avertir que la sœur d'oncle Vernon arrivait, est maintenant définitivement parti. J'entends, depuis longtemps déjà, les rires de ma tante qui doit être, à son habitude, bien éméchée. Ils parlent de moi. Je suis un délinquant qui mérite les coups de cannes qui tomberont sur mon dos à la rentrée et que mon oncle ma tante aurait dû déposer dans un orphelinat voir, dans une benne à ordure. Marge, qui élève des chiens, dont le terrible Brutus, présentement à ses pieds, dans le salon, à quelques mètres à peine de mon refuge, affirmait que c'eût été un bien. On sait bien dans la nature que les bêtes avec une tare doivent mourir. Ils avaient même été trop bons de me donner un uniforme... Un uniforme... je l'avais vu cet uniforme, ma tante me l'avait fait essayer. Tandis que Dudley sera, malgré son poids, frôlant celui d'une jeune baleine, des plus élégants, je devrai porté un vieil habit blanchit dieu-seul-sait-comment et qui avait plus la consistance de la peau de rhinocéros que du tissu.

Depuis le petit déjeuner consistant, et j'ai eu de la chance aujourd'hui, en un quart de pamplemousse(2), je n'avais rien mangé. J'ai sauté, comme convenu, le repas du midi, évitant par cela de me retrouver en présence de la tante Marge. Cela arrange bien mon phacochère d'oncle et sa girafe de femme, allongeant quotidiennement son cou, dans un effort continuel pour voir par dessus les clôtures ce qui se faisait dans le voisinage. Cependant la faim me tenaille et j'attends avec impatience que ma tante vienne, comme promis, me chercher. Elle m'appelle. Je me lève, pas trop vite et en baissant la tête pour ne pas me l'ouvrir contre une marche, et la voix qui me susurrait, il y a quelques minutes encore, d'horribles choses, dans le creux de mon placard, que je devrais faire à ma famille, se tait. Me dirigeant vers l'immaculé salon je m'interroge : ai-je rêvé ? Je suis convaincu que oui, mais la voix, une poignée de secondes après, me fait mentir et chuchote deux mots dont je me souviendrai toujours : « j'arrive ».

À suivre.


(1)Rendons à César ce qui est à César et à Bonaparte ce qui est à Bonaparte...

(2)À titre purement personnel je suis très fier de l'ironie que crée l'incise de la proposition complétive.


Comme vous le voyez – ou l'apprenez – je n'ai pas perdu l'habitude de mettre des notes de bas de page même si, ce chapitre étant le premier, elles ne sont pas nombreuses. J'attends donc toutes vos impressions ou remarques tant sur le fond que sur la forme. Je m'efforcerai de répondre en détail à tous vos commentaires, pour les non-signés, voir ma bio.