Auteur: Kuro-Hagi – 28/12/2006

Genre: Yaoi – Essai

Disclaimer: Tout ce monde et ces personnages appartiennent à J.K. Rowling.

Avant de commencer, je souhaite régler un petit détail. Joyeux Anniversaire Jenny !! Désolée de t'avoir fais languir mais il me fallait une occasion spéciale pour répondre à ton défi Et Joyeux Noël en retard à tous

Note: Dans le deuxième chapitre de 'La vie de Remus en vrac' je proposais de répondre à des défis. Miss J.a.D a répondu à cet appel, et m'a proposée d'écrire une 'suite' à ce deuxième chapitre. Remus continue ses escapades dans des boîtes gays, après Hogwart. Or comme Remus et Sirius sont en colocations, les absences répétées de Remus intriguent et inquiètent Sirius… Je vous laisse lire la suite et je vous conseille de lire au moins le deuxième chapitre de 'La vie de Remus en vrac' !

Remerciements: Merci Ma-chan pour la correction


1ère partie

Nous habitons ensemble depuis 4 mois… 4 mois que nous avons quitté Hogwart. Je t'ai proposé de venir vivre avec moi, prétextant de partager les frais. James m'a engueulé. C'était une connerie, d'après lui. Il n'avait pas tort. La cohabitation m'est difficile : te voir chaque jour sans pouvoir te toucher. Au début, je croyais que la fin de Hogwart serait ma libération, ça devenait invivable de ne pas pouvoir t'avouer mes sentiments, de jouer au meilleur ami, de n'avoir aucune arrière pensée quand ma main effleurait la tienne. Mais une semaine avant la fin, j'ai paniqué. L'idée de ne plus t'avoir près de moi m'a effrayé. Même si vivre à tes côtés sans pouvoir t'avouer mes sentiments est difficile, ne pas te voir tous les jours m'apparaît comme bien pire. Peut-être ai-je tort. Mais cette perspective me glace.

J'ouvre une fenêtre. J'ai chaud. Besoin d'air. Je tourne en rond. Je n'en peux plus. Je t'aime tant, Remus.

Le mieux serait de te parler. Mais Sirius Black n'est pas si courageux qu'il le laisse croire. J'ai peur. Pas seulement que tu ne partages pas mes sentiments -je crois m'être fait à cette idée depuis longtemps, après tout tu n'as jamais montré aucun penchant homosexuel- non, ce qui m'effraie le plus, ce serait que tu me rejettes en apprenant mes fantasmes te concernant. Oh ! Tu ne me rejetterais pas violemment. Pas toi, non. Tu serais toujours gentil, toujours poli. Mais je pourrais oublier la colocation, nos moments d'intimités lorsque nous avons un peu bu, ou lorsque nous entreprenons nos chamailleries que bien souvent je provoque. Etre rejeté par toi est bien pire. Tu es trop gentil pour être violent. Tu resterais doux et prévenant, mais la distance que tu instaurerais entre nous serait bien plus difficile à supporter qu'une haine clairement affichée. Oui, j'ai peur. Je me cache depuis toujours derrière la peur de te faire souffrir. Pendant, nos deux dernières années à Hogwart, je voulais me persuader que si je ne t'avouais pas mes sentiments, c'était pour te préserver des préjugés. Mais c'est une mauvaise excuse. Et James n'est pas dupe. Tu n'aurais jamais souffert d'une telle situation. Tu es fort. Ta seule peur est de nous perdre, nous, tes amis. Les autres, tu t'en contrefous. Tu es poli, prévenant avec tout le monde. Si ta gentillesse ne t'est pas rendue, tu n'en as cure. Bref, je me cache derrière de fausses excuses pour ne rien t'avouer et pouvoir me bercer de douces illusions.

Une cigarette, un verre de purfeu. J'ai besoin de me relaxer. J'atteints la limite, Remus. J'ai l'impression que tu m'échappes. Je dois te parler avant qu'il ne soit trop tard. Remus, je t'aime. Ce n'est pourtant pas si compliqué à dire.

Pourquoi suis-je amoureux de toi ? Pourquoi toi ? Enfin, ce n'est pas comme si je pouvais tomber amoureux de James. James est un frère. Toi… Depuis que je te connais, je crois que j'ai toujours eu envie de t'avoir près de moi. J'aime me chamailler avec James, faire les 400 coups avec lui. Avec toi aussi bien sûr, mais j'aime encore plus discuter avec toi. Je suis une véritable boule de nerfs. Je ne tiens pas en place, toujours besoin de bouger. Avec James je suis encore pire. Mais avec toi, je peux rester assis des heures devant un feu, bercé par le son de ta voix, voire dans un silence totale, tant que tu es près de moi. Tu me calmes. Tu m'apaises. J'aime ce pouvoir que tu as sur moi. En fait, depuis toujours tu as eu un fort magnétisme sur moi.

Et merde ! A chaque fois c'est la même chose. James est en retard. Et je me mets à trop penser ! Toujours pareil. Quand je m'ennuie, que je n'ai rien à faire, mes pensées reviennent toujours à toi. Je t'aime Rem'.

J'ai beau chercher. Je ne sais pas comment ça a commencé. Je suis désolé. Je sais, c'est con. Mais je suis amoureux de toi. Et un jour je te ferais souffrir à cause de mes foutus sentiments. Je m'en excuse d'avance, Remus. Mon cœur, mon âme t'ont choisi toi. Par ce que tu as cette force et cette fragilité en toi, qui me réjouissent et me blessent tour à tour. Avant de te connaître vraiment, je pensais de toi que tu étais un garçon plutôt indifférent, peut-être même ennuyeux. Poli, calme, toujours maître de toi-même, tu ne haussais jamais la voix. Maintenant, j'arrive à te faire sortir parfois de tes gonds et ça me fait plaisir je l'avoue. Mais je n'ai aucun mérite. Parce que tu t'es un peu ouvert à moi, parce que je suis ton ami, tu ne peux plus rester toujours impassible. Assez grand, mature, calme, les cheveux mi-longs noués en catogan et une cicatrice qui descend de ta tempe gauche jusqu'au maxillaire ; tu forces le respect. Pourtant, ton regard triste et tes traits doux évoquent une certaine fragilité. Et puis, une semaine par mois tu changes du tout au tout. Ton visage est plus émacié, tes traits fatigués, des cernes apparaissent sous tes yeux et ton teint est maladif. Là, subitement, tu sembles près à te briser au moindre frôlement. Et pourtant, dans ces périodes tu deviens aussi très agressif. Tes paroles et ton regard deviennent durs, tu es effrayant, tu te laisses dominer par la colère. Et par cette force qui émane de toi et qui m'impressionnait à l'époque. Je sais aujourd'hui qu'elle est vraie. J'aime que tu sois fort, j'ai l'impression que tu peux me protéger de tout, de moi, de mon nom, de ma famille. Et tes colères, bien qu'effrayantes, j'avoue les trouver excitantes. J'ai envie que le loup me domine. Tu le renies, tu l'exècres. Moi, je ne peux pas. Je comprends qu'il te fait souffrir. Mais sans lui, Remus, tu ne serais pas toi. C'est lui en partie qui a forgé ton caractère, qui a fais de toi ce que tu es aujourd'hui. Il est une partie de toi… Et c'est pour ça que je ne peux pas le haïr comme tu le hais toi. Parce que Padfoot a appris à le connaître, à se soumettre. J'aime aussi cette partie sombre de toi. Pourtant, après la pleine lune quand tu es si fragile, si fatigué, je n'ai qu'une envie : te protéger de ta lycanthropie qui te fait tant souffrir, de ce monde qui te rejette, de tout ; pour toi je veux devenir plus fort que tous.

- Sirius !

- Ah ?!

- T'es dans la lune ! Ca fait trois fois que je t'appelle !

- Désolé ! Tu n'avais qu'à pas être en retard !

- Ça va être de ma faute maintenant !

- Tu sais très bien que quand je tourne en rond je pense trop.

- C'est pas plus mal. Tu ne penses pas assez généralement ! Ouh ! Mais tu as une sale tête. Qu'est ce qui se passe ?

- J'arrive à un point critique je crois… Je ne peux plus rester comme ça.

- Remus, toujours ?

- Qui d'autre ?

- Oh ! Je préfère être sûr ! Eh bien en voilà, une bonne nouvelle !

- Mais c'est pas si simple…

- Quoi encore ?

- Il m'évite.

- Quoi ?

- Il m'évite. Il sort presque tous les soirs… Le repas à peine fini, il est déjà dehors. Et quand je rentre tard, il est parti depuis longtemps.

- Et alors ? Rem' bosse le soir, je vois pas où est le problème.

- Il n'a pas de boulot en ce moment.

- Ah ? Et tu lui as demandé où il va comme ça ?

- Oui. Il ne répond rien de précis., prétexte des petits boulots ponctuels… Mais je sais quand il me ment. Je sens qu'il ne veut pas que je l'accompagne.

- Il a peut-être besoin de balades nocturnes.

- James ! Quand je pars au boulot, souvent il n'est pas rentré… Il découche !

James ! C'est maintenant, qu'il faut que tu aies de la repartie ! Dis moi que je me trompe !

- Tu crois qu'il a une petite amie ?

Tu ne pouvais pas lui trouver une autre excuse ?

- Il nous l'aurait dis.

- Je pense aussi. Alors quoi ?

Non… c'est toi qui dois me trouver une bonne réponse James.

Tu sais, Remus, il sait depuis longtemps que je t'aime. Il m'a toujours soutenu, mais surtout poussé à te parler. Mais tu vois, je n'ai jamais pu. Parce que pour lui comme pour moi, c'est évident que tu n'éprouves pas la même chose que moi. Non, car dans la vraie vie ce genre de choses n'arrive pas. Tu n'as jamais montré plus d'attachement à moi qu'à James et Peter. Le seul fait marquant était ton agressivité accrue face aux gens qui m'approchaient les veilles de pleine lune. Mais aujourd'hui tu te contrôles bien trop pour que je ne puisse déceler quoique ce soit. Tu es toujours un peu irritable, mais tu ne changes guère de celui que tu es d'habitude. Il est quasiment impossible de savoir ce que tu penses. Quoiqu'il en soit, James m'a toujours conseillé de te parler de mes sentiments pour toi. Ne serait-ce que pour pouvoir en faire mon deuil. Mais je n'en ai jamais eu le courage. Pire encore, je t'ai invité à venir vivre avec moi. Tu peux sûrement imaginer le savon que m'a passé James. Je suis faible, j'avais tellement besoin de te garder près de moi. Aujourd'hui, je te sens t'éloigner, cette distance entre nous me fait mal. As-tu compris ce que j'éprouvais pour toi ? Est-ce pour ça que tu me fuis ? L'incertitude me ronge. Oui, j'ai atteint le point de rupture. Je n'ai plus le choix. Je dois te parler.

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J'en viens à me demander si tu me fuis au point d'attendre que je sois parti pour rentrer de tes virées nocturnes pour ne pas risquer de me croiser. Je n'en peux plus, Remus. Tu es là devant moi, un livre à la main. Et pourtant, tu t'éloignes. Je dois savoir ! Où vas-tu ? Que fais-tu toutes ces soirées où tu me fuis ?

- Remus ?

- Hn…

- Tu vas bien ?

- Oui. Pourquoi cette question ? Il y a un problème ?

- Je… Tu sors encore, ce soir ?

- Probablement.

J'ai appris à reconnaître les soirs où tu vas découcher. Tu es toujours plus beau, plus élégant. Tu m'empruntes quelques affaires dans ma garde robe moldue comme tu as l'habitude de le faire depuis Hogwart. Ce soir, tu ne comptes pas rentrer. Mais je découvrirai ce que tu me caches. Avant de détruire notre amitié en te révélant mes sentiments, je veux être certain que tu n'as pas de problèmes. Même si je crois sincèrement que tes escapades mystérieuses sont dues à ma présence… Le doute subsiste.

Tu es sorti il y a maintenant une heure. Tu as suffisamment d'avance. Il est temps que je sorte à ta suite. J'enfile ma veste fébrilement, me prend le pied dans une table dans ma précipitation. Je suis prêt en moins d'une minute mais, la main sur la poignée, le pied qui me lance, j'hésite. Tu vas probablement me surprendre. Tu vas m'en vouloir de t'avoir suivi. Mais je dois savoir. Je descends les marches quatre à quatre. Je me demande dans quel quartier moldu de Londres je vais pouvoir te retrouver. Je suis inquiet. Je trouve une venelle sombre et vide à quelques pas de notre immeuble.

Cette odeur… Je me dirige vers une poubelle d'où émane une agréable odeur de pourriture. Je me ressaisi. Ce n'est pas le moment. Je m'éloigne à regret de cette benne à ordures fort alléchante, et j'hume l'air devant notre sortie d'immeuble. Je reconnaîtrais ton odeur entre mille. Je saisie un effluve au vol. Je me dirige vers une ruelle, mais je rebrousse chemin. Cette trace est trop ancienne. Je trouve enfin ta trace, une odeur toute fraîche. Je m'élance, trop pressé de te retrouver. La trace se fait de plus en plus précise à mesure que je te rattrape. Je freine mon allure. Toi aussi tu reconnaîtrais l'odeur de Padfoot entre mille. Je m'octroie quelques minutes de pause à renifler dans une poubelle. C'est de la gourmandise, mais je ne résiste pas à un morceau de poulet. Je dévore mon butin, puis je m'assois. J'attends encore un peu. Je regarde ma queue frapper le sol. Je ne peux empêcher ma tête de suivre le mouvement de balancier. Ça commence à m'énerver. Je choisi le bon moment et me jette dessus. Très rapide, elle esquive de justesse. Qu'à cela ne tienne, je continue d'essayer de l'attraper. Je me contorsionne. Je vais l'avoir. Elle n'avait pas à me provoquer comme cela. Je jappe de frustration. Je grogne, elle est récalcitrante. Je me lasse. J'arrête de tourner, retrouve mon équilibre. La prochaine fois je l'aurai. Je m'élance de nouveau sur tes traces. Je traverse différents quartiers moldus. Tu t'éloignes considérablement de la maison. Ton chemin s'enfonce dans le Londres non-magique. Nous nous rapprochons des quartiers animés de la ville. Des sons étouffés, les sons graves des basses font vibrer les murs. Je m'arrête devant une porte. Je regarde avec étonnement l'enseigne au dessus de la porte : « The Rainbow Home ». Je reste un moment stupéfait. Une des boîtes gays les plus branchées de Londres ; je n'ai même pas encore eu l'occasion d'y venir. Mais que fais-tu là dedans ?

Je rentre et dépose ma veste aux vestiaires. Des videurs s'approchent et s'assurent que je ne dissimule rien dans mon jean serré et ma chemise moulante. La musique est étouffée par une lourde porte rouge sang. Je la pousse doucement et la musique explose forte et puissante. Un sourire étire mes lèvres. Je reste un moment devant la porte qui s'est refermée derrière moi. J'en oublierais presque ma mission ; je ne suis pas sorti depuis longtemps et j'adore le morceau qui passe. Je bouge enfin. J'avance dans la foule dense, appréciant le contact des inconnus, les frôlements, les caresses volées. Je sens sur moi les regards brûlants. J'avais presque oublié cette sensation plaisante, grisante de se sentir désiré. J'étais tellement obnubilé par toi, Remus. La foule est si dense que je commence à craindre de ne jamais pouvoir te retrouver. Pire, tu risques de sentir ma présence avant que je te retrouve. Mais où es-tu ? Je longe les tables dans les coins sombres où je surprends des couples dans une intimité particulièrement avancée. Heureusement, la boîte n'est pas très grande. Je te trouve enfin. J'ai mal au ventre. Tu es assis là, à quelques pas de moi, avec un jeune homme. Je ne vois que ses longs cheveux blonds qui tombent sur ses épaules. Il te drague et visiblement tu apprécies. Tu lui souris même. Un sourire charmeur que je ne te connais pas. Le blond se lève ; il est bien plus petit que toi. Comme dans un rêve, je te vois le laisser te prendre la main. Ma gorge s'assèche ; je ne peux détacher mon regard de vos mains enlacées. Et vous dansez. Tu ondules sur la musique, tu es plus beau, plus attirant que jamais. Mais tu le dévores des yeux, lui, un homme. Tu aimes les hommes ? Il est ta proie ce soir, c'est évident. Je me sens défaillir. Des vagues de sentiments confus me submergent. Jalousie, colère, rage… J'ai envie de hurler. Je n'arrive plus à penser, je crois qu'il s'est produit un court-circuit dans mon cerveau. Tu es attiré par les hommes. Je ne réalise pas tout de suite que tu as cessé de danser et que tu me regardes impassiblement. Tu te penches à l'oreille du blond et il s'éloigne vers la table que vous venez de quitter. Tu ne me lâches pas un seul instant de ce regard froid. Tu t'avances doucement vers moi. Tu feins l'indifférence. Mais je te connais. Je discerne ta mâchoire crispée sous la peau ; tu es en colère. Je tente de te sourire et de prendre un air décontracté. Tu ne réponds pas. C'est mauvais signe ; tu es très en colère. Tu me parles d'une voix calme mais sans chaleur. Merde ! J'ai horreur quand tu es en colère. Tu ne hausses jamais le ton, mais ta froideur nous a toujours fais culpabiliser James et moi. J'ai l'impression de me retrouver quelques mois en arrière après avoir fais une mauvaise blague aux Slytherin. Une de ces blagues que nous faisions dans ton dos parce que nous savions pertinemment que tu n'approuverais pas.

- Que fais-tu là ?

- J'avais envie de sortir.

Mais pourquoi je mens ? Tu le sais toujours quand j'essai de te tromper. Il parait que l'odeur d'un homme change quand il ment.

- Je t'ai suivi.

- Et je peux savoir pourquoi ?

- Je m'inquiétais…

- Pardon ? Et pourquoi ça ? Dois-je te rappeler, Sirius, que je suis un grand garçon ?

Tu m'aides pas, là, Rem' !

- On ne va pas se battre quand même ! J'ai vraiment de très bonnes raisons d'être là. Oui, je m'inquiétais et oui, je sais que tu es un grand garçon. Remus… est-ce qu'on pourrait discuter dans un endroit calme ?

Tu hésites. Tu jettes un regard derrière toi. Non Remus, je ne te laisserai pas dans les bras d'un autre maintenant que je sais que tu es attiré par les hommes ! Du moins, pas avant d'avoir tenté ma chance, pas avant de t'avoir enfin avoué mes sentiments. Tu me saisis fermement par le poignet et m'entraîne vers le blond. Tu te penches à son oreille. Le blond se retourne vers moi et me jette un regard meurtrier. Mais il se lève et s'en va, visiblement très mécontent. Tu m'invites à m'assoir.

- Bien. Je t'écoute.

- Je…

Merde ! J'y arriverai pas tant que tu continueras à me regarder comme ça !

- S'il te plaît, Rem', tu peux arrêter ? Pourquoi tu m'en veux à ce point ?

- Probablement parce que si je ne t'ai rien dis, c'est que je ne voulais pas que tu saches.

- Que je sache quoi ? Et je te rappelle qu'on est censé tout se dire !

- Parce que toi tu me dis tout, peut-être ?

- Non. Tu as raison. Il y a une chose que je n'ai jamais dite. Que je n'ai jamais réussi à te dire. Mais c'est justement parce que je voulais le faire que je suis là ce soir.

Ton rire me glace le sang.

- Tu te fous de moi ?

- Non. Pas du tout. S'il te plaît, rentrons… Je dois vraiment te parler, mais pas ici.

Tu sembles me prendre au sérieux cette fois. Ton regard se voile d'inquiétude. Tu ne changeras jamais, toujours à penser aux autres avant toi-même. Tu soupires. Tu hésites encore. Non, Remus je t'en supplie.

- D'accord.

Je suis soulagé et en même temps nerveux. Je ne vais plus pouvoir reculer. Tu te lèves et je te suis. Tu sembles te frayer un chemin facilement dans cette foule. Nous récupérons nos affaires aux vestiaires. Dehors, le brouillard a envahi les rues. Nous ne prononçons pas un mot. A la faveur de l'épais brouillard et d'une ruelle particulièrement sombre, nous transplanons. Le silence est pesant, la tension palpable. Je tente de refouler ma nervosité, mais ta colère ne fait que l'attiser. Tu n'as jamais aimé qu'on s'insinue dans ta vie. Tu dois penser que je t'espionne depuis des semaines. Tu t'installes dans un fauteuil devant la cheminée. Tu attends que je parle. Ton regard a retrouvé sa dureté. Je me relève. Je ne peux pas l'affronter.

- Je m'excuse. Je sais que je n'aurai pas dû. Mais tu refusais de me parler.

Tu restes impassible. Bon c'est vrai tu as cette qualité de toujours laisser les gens s'expliquer. Mais là, ton mutisme est vraiment effrayant. Me voilà en train de faire les cent pas. Faut vraiment que je me calme !

- Couché, Sirius !

Je m'arrête aussitôt et me rassois.

- J'avais l'intention de t'avouer quelque chose. Mais ce que je voulais te dire peut… disons que je craignais que cet aveu ne t'éloigne de moi. Et je ne voulais pas ça.

J'ose un regard vers toi. Je crois que ta colère s'estompe à mesure que ta curiosité grandi.

- Je ne le voulais pas, surtout si tu avais besoin de moi. Je veux dire si tu avais de sérieux ennuis. Et j'avoue que tes absences répétées… J'avais imaginé plein de choses ! Sauf… ça.

Je ne peux empêcher un petit rire de s'échapper de ma gorge.

- Je veux dire… de nous deux, c'est moi le fêtard !

Tu tentes de dissimuler un sourire. Je gagne du terrain.

- En tout cas, ce que j'ai vu ce soir me permet de penser que mon aveu aura au moins le mérite de ne pas nous éloigner. Je…

Je peux pas ! C'est quoi ce bordel ? Je suis un Gryffindor ou non ? Il est passé où mon courage, là ? Je t'aime, Remus. C'est pourtant pas si compliqué à dire !

- Sirius ?

Merde ! Respire ! Oui c'est ça, calme, Sirius.

- Excuse-moi. Je ne pensais pas que c'était si difficile à avouer.

La fenêtre, j'ai besoin d'air. Oui, ça sera sûrement plus facile de te parler depuis la fenêtre.

- Je n'ai jamais osé te dire que j'étais attiré par les hommes. Enfin, disons que je suis bi. J'en ai pris conscience, je dirais, en 5è année. Quand j'ai réalisé que…

Je ne peux pas te le dire en te tournant le dos. Je fais un effort surhumain pour te regarder. Et ce que je vois me surprend. Remus ? Tu as l'air tendu. Tu sembles appréhender la suite. Dois-je continuer ? Question stupide. Je n'ai plus le choix. J'en ai trop dis. Tu me regardes. Et tout d'un coup, te voir si tendu me calme. Finalement, tu sembles plus gêné que moi. Je me plonge dans tes yeux dorés.

- J'ai réalisé que j'étais attiré par toi.

Tu ne réagis pas. Je ne sais pas comment je dois le prendre. Le calme que je venais à peine de retrouver me quitte d'un coup. Je dois te laisser le temps de digérer mes paroles. Oui, c'est ça. Et là ? Tu as pas eu le temps d'imprimer ? Rester zen ! Ça ne sert à rien de paniquer ! Oh ! Réagis, bon sang !

- Pourquoi me dis tu ça maintenant ?

Quoi ? Tu as pas bien compris ce que j'ai dis ? Non… Tu peux pas me faire répéter. Qu'est ce qui n'était pas clair ? Qu'est-ce que j'ai dis, d'abord ? Me souviens plus… Tout est trop confus !

- Pourquoi maintenant ? Parce que là, je craque. Parce que c'était une connerie de ne pas te le dire plus tôt. Parce que je crois que j'ai besoin que tu connaisses les sentiments que j'ai pour toi… Et que tu me dises que j'ai aucune chance et peut-être enfin pouvoir faire mon deuil de toi... Et…

- Sirius !

- Oui ?

- Tu ne m'as pas parlé de tes sentiments là… Tu as juste dis que tu étais attiré par moi en 5è année…

- Ah…

Mes joues sont en feu.

- Je suis amoureux de toi, Rem'…

Te revoilà silencieux. Remus ? Tu prends ta tête entre tes mains comme quand tu dois résoudre un problème particulièrement épineux… Ce n'est pas très bon signe ça, hein ? Remus, dis quelque chose… Hey ! Tu m'as fais peur, te relèves pas aussi brusquement.

- Attends, qu'est-ce que tu fais ?

Tu enfiles déjà ta veste quand je te retiens par le bras.

- Pourquoi tu ne dis rien ? Dis le moi… Dis moi que ce n'est pas réciproque. Tu ne peux pas partir sans répondre, comme ça.

- Si. Je dois réfléchir.

- Quoi ?

- J'ai passé 4-5 ans, je ne sais plus, à essayer de t'oublier. Aujourd'hui, je ne sais plus ce que je veux… Ce que je ressens… J'ai besoin de réfléchir.

Mon bras retombe mollement contre ma jambe. Je suis trop stupéfait pour te retenir encore. Tu viens de me dire que tu avais été aussi attiré par moi et surtout que j'ai probablement été trop lent. Je ne t'ai pas vu sortir de l'appartement et fermer la porte. Je tombe à genoux devant elle. Je réalise que je pleure. Je t'ai peut-être perdu à cause de ma stupidité et de ma couardise. Je hurle pour évacuer ma rage, et je frappe la porte de mes poings.