Disclaimer : Albator, Clio, Doc, les marins de l'Arcadia, Warius et son Karyu, Toshiro, Mayu, Eméraldas, Mi-Kun et Tori-San appartiennent à leur créateur, M. Leiji Matsumoto.
Les autres personnages sont à bibi
1.
- Et vous lui avez donné tout ce qu'il a réclamé ? grogna Warius.
- Vu qu'il avait une tourelle de ses canons de cette Ombre Noire braqués sur mon bureau, et une autre sur le cœur d'énergie d'alimentation principale de la station, j'ai effectivement fait au plus vite ! avoua le directeur d'Argon VI.
- Il ne devait pas repartir aussi vite. Ca ne devait pas se terminer ainsi, maugréa le Colonel du Karyu en reportant son attention sur les deux équipes médicales menées par son Doc Mécanoïde.
Captant au passage le regard interrogatif et inquiet de Clio, il eut un haussement des épaules, ignorant ce qui se passait sous la tente hâtivement dressée mais cela n'indiquait rien de bon.
- Je dois vous laisser, je dois m'occuper de la station, s'excusa le directeur en quittant la zone du quai.
Clio regarda une dernière fois le dôme vitré, fixant le point où L'Ombre Noire avait disparu en opérant le saut spatio-temporel de son départ. Elle revint ensuite auprès du Colonel de la Flotte Indépendante, serrant convulsivement son bras.
- Ce n'est pas bon, n'est-ce pas ? fit-elle dans un souffle.
- Je suis déjà surpris qu'il ait survécu aux perforations… Machinar l'a récupéré in extremis mais là ça dure trop longtemps ! Ce n'est pas dans cette antenne médicale de fortune qu'il va réparer tous les dégâts !
- Je crois qu'il va s'expliquer, lança la Jurassienne alors que le Doc Mécanoïde du Karyu venait vers eux.
- Quand le fais-tu transférer sur le Karyu, que nous partions à la poursuite de ce maudit pirate ? jeta Warius.
- Aldéran ne sera pas transportable avant au minimum quarante-huit heures, et cela dépendra de l'évolution de son état. Là, j'ai enrayé dans l'urgence les principales hémorragies, il part au bloc opératoire pour que je répare les multiples lésions internes. Je dois y aller !
- Comment va-t-il ? souffla Clio, mains jointes mais plus pour ses propres prières que pour supplier Machinar.
- Sa vie ne tient qu'à un fil, et un fil bien ténu, comme vous vous en doutez, je ne peux pas me prononcer, répondit sombrement le Mécanoïde avant de suivre l'équipe médicale qui emmenait son patient vers la salle d'opération.
Clio eut un soupir.
- Toi, il te tarde de partir à la chasse au pirate… Laisse-nous ici, je veillerai sur Aldie !
- Non, Aldie fait partie intégrante de mes options pour arrêter ce vieux fou ! J'ai besoin de lui.
- Warius, il ne sera pas sur pieds avant un très long moment, si Machinar le sauve… Grunda sait user de son hôte comme personne et Albator a infligé de terribles blessures à son fils. Pourquoi tu souris ?
- Retournons un moment sur le Karyu, i faire le point, sur plus d'un sujet.
- Mais… Aldéran, Albator ? !
- Nous ne pouvons rien, ni pour l'un ni pour l'autre… Viens, Clio.
- Clio, ta perception est infiniment supérieure à la mienne. Avec la conclusion de cette entremise, qu'en penses-tu ?
La Jurassienne but goulument la moitié de sa bouteille de vin de grand cru.
- Contrairement à ce que Grunda a donné à voir à Aldéran, contrairement à ce que toi et moi avons cru, Albator n'a jamais retrouvé sa liberté de pensée ou de paroles, juste un fugitif instant. Nous trois nous y sommes laissés prendre, Aldéran le premier, avec ces atroces conséquences…
- Pourquoi parlais-tu de « fugitif instant » ?
- Tu l'as dit sur la station : Albator est un tueur né et il n'aurait pas laissé derrière lui un ennemi vivant…
- Clio ! ?
- J'ai la certitude que l'esprit de notre ami a quand même repris le contrôle, quelques fractions de secondes, et les blessures infligées n'ont pas été celles mortelles voulues par Grunda ! Mais notre ami a immédiatement été repris sous ce contrôle et tout indique que plus jamais il n'aura un instant de lucidité… Et tu sais que ton vieux Karyu et toute ton expérience ne seront pas de taille. Je suppose que ton état-major a conclu un partenariat avec les vaisseaux Wirds Militaires de la Flotte de l'Union Galactique ?
- Oui, ils se joindront à moi, pour le traquer, comme au mauvais vieux temps… grinça Warius. Ca suffira, sans nul doute, toute cette armada, lancée en une seule attaque, contre son Ombre Noire. Mais contre Grunda qui sera alors libéré, nous ne tiendrons même pas une fraction de seconde !
- Tu as déjà envoyé Aldéran à l'abattoir, rappela sèchement et même violemment la Jurassienne. Et tu espères, s'il s'en sort, le renvoyer dans l'arène et qu'il y saigne… J'avoue que je trouve ce prix trop lourd à payer… Albator ou Aldéran… Je ne peux choisir. Je ne veux pas. Et bien que je sache qu'Albator privilégie le futur que représente sa famille, ses enfants, je ne pourrai jamais me détacher de lui ou opter pour un autre camp que le sien…
Warius fit claquer les gants blancs entre ses mains, contrarié, inquiet, déstabilisé.
- On en revient toujours au même point : nous sommes impuissants, sur tous les sujets. Albator est dans la mer d'étoiles, libre comme l'air, Aldéran est grièvement blessé, et il n'y a rien qui puisse arrêter notre ami et son parasite destructeur !
- Que suggères-tu, Clio ?
- Attends, un peu. Au moins, avec Aldéran alors à ton Infirmerie, ça peut aider, plus tard. Mais sans lui, quel que soit ton état, tu n'auras pas l'ombre d'une chance, toi et tous ceux de ton armada !
- D'accord, Clio. Mais j'aurai à trouver une bonne explication pour mon état-major au vu de ces deux jours d'attente pour entamer la traque !
- Ca, franchement, tes problèmes militaires, je m'en suis toujours tamponnée !
Le responsable médical de l'hôpital de la station spatiale eut une mimique surprise.
- Je m'attendais à voir le Colonel du Karyu…
- Mon Colonel se repose, intervint Machinar. Et il ne peut en rien être utile en cet instant. Mais, confrère, parlez sans souci à Clio. Et si vous vous réfugiez derrière le secret médical, je n'en ai pas pour cette Jurassienne.
- Doc Machinar, Aldéran ?
- Je pense pouvoir le faire transférer à bord du Karyu. C'est tout ce que je peux dire.
- Il va… ?
- Il est au plus mal possible. Je ne pourrai en dire plus que dans quarante-huit heures. Là, ça semble bon, mais je redoute des complications hémorragiques après cette intervention.
Clio parut soudain se tranquilliser, scintilla de façon paisible.
- Je pense que ça ira bien !
- Je l'espère… Désolé de vous contredire, Clio, j'envisage tout le contraire !
