Coucou, alors je le dis de suite le chapitre 10 de Dame du Gondor est presque fini, mais cela fait un moment que je lutte contre cette idée, alors je me lance, donc une fiction assez différente de l'autre fanfiction mais aussi des livres de Tolkien et des films de Peter Jackson. Alors j'espère que vous aimerez cette idée, en tout cas bonne lecture et merci d'essayer au moins :).

Troisième Âge, Février 3004, Minas Tirith

Boromir n'était certes pas l'homme le plus observateur du monde, ou le plus doué lorsqu'il s'agissait d'émotion, mais il n'y avait pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'Aurore, sa petite sœur, allait mal. C'était visible, son sourire avait presque disparu, elle était tendue, son regard était toujours sombre, voilé, elle semblait éviter tout contact physique, à part les rares, très rares, qu'elle initiait avec eux et ils n'étaient jamais long. Quelque chose de grave se produisait et pour l'aîné c'était intolérable, surtout qu'elle était à Minas Tirith, qu'elle était supposée être en sécurité. Elle n'était pas supposée être cet ombre d'elle même.

Faramir avait vu la même chose que lui, plus même et ce n'était pas surprenant, son petit frère avait toujours été plus empathique que lui, plus compréhensif, ce qui était encore plus inquiétant en revanche, c'était qu'elle n'avait pas parlé au second de leur fratrie. Il était le protecteur et Faramir le confident, ça avait toujours été comme ça mais là elle s'était distancée d'eux deux. Une part de lui voulait se mettre en colère, prendre ses distances lui aussi pour voir comment elle réagirait, mais il ne pouvait pas agir ainsi. Elle n'était pas bien, il était supposé la protéger parce qu'elle était sa petite sœur, mais aussi parce qu'au fil des années, Aurore était réellement devenue sa lumière, son cœur, il ne pouvait pas continuer ainsi. Il ne serait pas capable de se battre aussi bien, pas quand sa sœur était malheureuse et qu'il ne savait pas pourquoi. Mis à part que ce n'était pas parce que lui et Faramir étaient plus souvent en mission. Elle était inquiète pour eux, ça il n'en doutait pas un seul instant, mais il y avait plus et tant qu'il ne saurait pas quoi, il ne serait pas tranquille.

Et un coup d'œil au visage déterminé de son petit frère, lui garantit qu'il était du même avis. Ils ne savaient pas qui ou quoi était responsable du changement chez leur trésor, mais ça allait s'arrêter et ils allaient s'en assurer personnellement. D'où la raison de ce plan, un peu étrange au premier abord, et dérangeant, surtout parce qu'ils avaient du mentir à leur sœur, et à leur père, quoique pour ce dernier ça n'était pas la première fois. Au fil des années, les trois enfants de l'Intendant avait souvent menti à Denethor, leur père, plus souvent pour se couvrir qu'autre chose, et c'était en général Boromir qui s'en chargeait parce que Denethor était plus doux envers lui, mais jamais à Aurore. Exception faite bien sûr des petites surprises, mais ça n'était jamais allé plus loin pour autant ils l'avaient fait et ça ne leur plaisait ni à l'un, ni à l'autre.

"Tu es sûr qu'on a eu raison d'agir ainsi ? On aurait peut-être du essayer de la faire parler un peu plus." pointa Faramir, dans un murmure, tout en suivant son frère dans les raccourcis de Minas Tirith.

"Faramir, on a décidé de faire ça. Tu veux faire marche arrière maintenant ? Tu veux qu'on abandonne tout ? Qu'on ignore ce qui se passe encore longtemps ?" demanda Boromir, un peu sur les nerfs.

"Bien sûr que non, je veux l'aider, savoir ce qui se passe, mais tu ne peux pas non plus me dire que la situation ne te mets pas mal à l'aise ?" protesta Faramir, forçant son frère à la regarder droit dans les yeux.

"Non je ne peux pas, j'ai horreur de mentir à Aurore, mais Faramir on a déjà essayé de la faire parler, ça fait des mois qu'elle a changé et elle ne nous a rien dit. Quoiqu'on ait tenté, quoique tu as tenté et quoique j'ai tenté. Elle n'a rien dit. Et j'en ai marre d'attendre, pas alors qu'elle va pas bien et qu'on peut clairement le voir. On a pensé que si on attendait un peu, les choses s'amélioreraient d'elles même, qu'elle nous parlerait ou qu'elle irait mieux. Mais ce n'est pas le cas, plus les jours passent et plus on la perd. Alors non je n'aime pas lui mentir, je n'aime pas le fait qu'on va l'espionner pour comprendre mais si ça doit la ramener, la faire aller mieux, alors je compte bien le faire." répondit Boromir, déterminé. "Tu es avec moi ?"

"Oui." acquiesça Faramir. "Je n'aime pas ça mais c'est vrai que c'est notre meilleure option."

"Alors on y va." trancha Boromir en reprenant la marche.

Après plusieurs discussions au sujet de leur sœur, les deux frères avaient en effet décidé de 'partir pour une partie de chasse fraternelle', afin d'avoir une excuse pour ne plus être dans la cité. Ils ne pouvaient pas prétendre une mission, après tout leur père choisissait de les envoyer dans certaines zones du Gondor et il aurait su qu'ils mentaient. Surtout qu'ils partaient rarement au même endroit. Ils avaient donc inventé ce mensonge et était 'parti' ce matin même, uniquement pour faire un peu de chemin et revenir discrètement à Minas Tirith. Ils avaient dix jours pour trouver ce qui n'allait pas avec Aurore, et s'ils n'aimaient pas vraiment l'idée d'espionner leur sœur ainsi, ils étaient déterminés.

Connaissant bien les tours de gardes et les différents passages secrets, les deux fils de l'Intendant firent leur chemin dans les couloirs pour rejoindre leurs appartements, plus particulièrement celui d'Aurore. Il y avait des pièces pour les gens qui étaient au service direct des trois enfants de l'Intendant Souverain du Gondor, mais ils avaient refusé tout deux l'usage, ne trouvant pas d'intérêt à une telle idée vu le nombre de mois qu'ils passaient hors de Minas Tirith, pas la peine d'avoir des valets pour les aider à s'habiller dans cette situation. Aurore avait une femme qui l'aidait à se coiffer et à s'habiller, mais depuis la mort de la femme choisie par leur père, elle avait pris mal durant l'hiver et ne s'en était pas remise, la nouvelle ne s'était pas installée dans les appartements de leur sœur. C'était un peu étrange mais elle leur avait dit que c'était des raisons personnelles de la part de cette domestique, ils n'avaient pas posé plus de question et pour le coup c'était très pratique. Ils allaient se cacher dans la chambre de la domestique. Ils avaient déjà fait en sorte d'y déposer des vivres et de l'eau pour plusieurs jours, ayant bien préparé leur coup, Faramir avait pensé à cette partie du problème, après tout ils ignoraient combien de temps Aurore passait dans ces appartements lorsqu'ils n'étaient pas là. Leur père aurait pu leur dire, mais lorsqu'ils lui avaient posé des questions, il avait balayé leurs soucis, disant qu'elle grandissait simplement et que c'était normal, qu'il était même heureux de voir qu'elle se comportait en adulte. Autant dire qu'ils n'avaient pas insisté, et puis ce n'était pas comme si elle était proche de lui, elle ne l'avait jamais été et récemment c'était plus marqué, enfin pour eux en tout cas. C'était discret et ils ne pouvaient le voir que parce qu'ils la connaissaient bien, il y avait autre chose, quelque chose de dérangeant et ils n'avaient pas réussi à savoir quoi.

"Faudra qu'on pense à arranger mieux les tours de garde. C'est trop facile d'atteindre nos appartements, c'est dangereux." murmura Faramir.

"Il y a quelque chose de bizarre." répondit sur le même ton Boromir, ils connaissaient bien les tours de garde mais même avec cette information, ils auraient du éviter plus de soldats, pourtant ils n'en avaient pas vu depuis quelques minutes et ce n'était pas normal. Il le savait bien parce que lorsqu'il avait commencé son entraînement en tant que garde de la citadelle, il avait du garder leurs appartements quelque fois. Et qu'il avait été un soldat plus attentif que Faramir qui préférait lire.

Echangeant un regard incertain, les deux frères continuèrent leur avancée, jusqu'à la porte des appartements de Boromir, qu'ils entrèrent silencieusement, de là ils rejoignirent le balcon, qui était proche d'un de ceux de leur sœur, suffisamment proche pour qu'ils puissent atteindre sa terrasse sans danger, enfin tant qu'ils étaient attentifs. Ce n'était pas la première fois qu'ils le faisaient de toute façon, ça avait été parfois le cas quand ils étaient plus jeune, enfin jusqu'à ce que leur père l'apprenne et ne l'interdise, punissant même Boromir.

Ils avaient prévu d'attendre que leur sœur se couche, une fois qu'ils auraient été sûrs qu'elle était endormie, mais une fois aux portes fenêtres, même si elles étaient fermées, ils entendirent quelque chose qui les fit réagir immédiatement. Un cri de douleur d'Aurore. Ils étaient des soldats expérimentés, entraînés à garder la tête froide, pourtant dès que ça concernait la plus jeune de leur fratrie, tout cela disparaissait, ils oubliaient tout le reste pour essayer de l'atteindre, pour la réconforter, pour être simplement là pour elle. Ce fut d'ailleurs ce qu'ils firent, ouvrant la porte de force, brisant la serrure au passage et accourant dans la chambre de leur sœur où ils trouvèrent une chose qui les fit pâlir, une chose qui les rendirent fou de rage.

Aurore était dans son lit, leur père ! se tenait au dessus d'elle, installé lui aussi dans le lit, portant uniquement son pantalon, ce dernier étant en parti ouvert, laissant sortir le sexe dressé de l'homme qu'ils avaient jusque là respecté. Les poignets d'Aurore étaient attachés au dessus de sa tête, noués à une des colonnes du lit, la robe de leur sœur était en partie en lambeau et ils pouvaient aussi voir des marques, visiblement leur père avait frappé plusieurs fois leur sœur.

Ils étaient incapables de dire exactement qui avait bougé en premier, mais une seconde ils étaient tous les deux figés à l'entrée de la chambre d'Aurore et la suivante ils avaient envoyé au sol Denethor, violemment, et ils étaient en train de le frapper violemment. Pris par une rage absolue de ce qu'il avait osé faire à leur sœur, c'était clair à présent. Ses déclarations sur le fait qu'elle était une femme. L'attitude d'Aurore qui évitait les contacts physiques. La tension dans le corps de la jeune fille quand elle était à proximité de Denethor. C'était bien trop clair et évident pour les deux frères qui avaient toujours été très protecteurs de leur sœur, qui s'étaient jurés de tout faire pour la protéger et ils avaient échoué. Certes elle avait été protégé contre les orques et les différents serviteurs de Sauron mais la menace avait été bien plus importante au sein même de la Cité. La menace avait été un homme qu'ils n'auraient jamais suspecté, leur propre père. Il avait violé Aurore. Sa propre fille.

Une seule chose pouvait percer la rage des deux hommes, qui était néanmoins très présente, et les faire arrêter de frapper Denethor, les pleurs d'Aurore. Ils avancèrent doucement vers elle, ne voulant pas l'effrayer, la peur dans ses yeux bleus était déjà insupportable et ils n'étaient pas les responsables, Boromir recouvrit le corps d'Aurore de sa cape tandis que Faramir la détachait.

"Pardon, pardon." répétait Aurore en pleurant, dès qu'elle avait été libre, elle s'était jeté dans les bras de son frère aîné, de Boromir, cependant elle s'arrangeait aussi pour tenir une main de Faramir et avait aussi ajusté la cape de son frère autour d'elle, ne montrant rien. Bougeant afin qu'elle voit bien ses gestes, Faramir s'avança vers elle pour qu'elle soit entre ses deux frères, c'était vrai qu'elle avait évité les contacts physiques à cause de Denethor mais même s'il y avait toujours une tension dans son corps à cause des actions de l'Intendant du Gondor. Elle était trop soulagée d'avoir été secourue, d'être avec eux pour demander à bouger. Elle avait besoin de ses grands frères.

"Ce n'est pas ta faute." murmura doucement Faramir, son regard s'adoucissant un peu en voyant sa sœur ainsi, néanmoins il était loin du regard doux habituel du frère érudit de la fratrie. Très loin même.

"Non, ça n'a jamais été ta faute Aurore, je t'interdis de te blâmer." ajouta Boromir, sa voix tendue, il était toujours furieux et avait du mal à se calmer, même si sentir sa petite sœur se détendre dans ses bras aidait un peu. "Il ne te fera plus jamais de mal, je te le jure."

"Plus personne ne te fera du mal." ajouta Faramir tout aussi déterminé que son aîné.

Ils restèrent ainsi, serrés les uns contre les autres, Aurore pleurant, se sentant en sécurité pour la première fois depuis des mois, elle n'avait aucune envie de bouger, pas plus que ses frères néanmoins ils ne pouvaient pas rester ainsi éternellement. Ce fut Boromir qui bougea le premier, plaçant Aurore dans les bras de Faramir qui bougea pour enlacer d'avantage sa petite sœur tandis que l'aîné se levait pour aller voir Denethor.

"Il est mort." dit Boromir après avoir examiné le corps de leur père, et s'être assuré qu'il n'y avait pas de pouls.