LIfe is Strange : Through the blizzard
Disclaimer : l'univers, les persos appartiennent à Dontnod
Bonne lecture, j'espère que cela vous plaira et peut-être à bientôt !
6h30. Un léger bruit mécanique se déclenche.
La chambre est baignée d'une pénombre qui s'effiloche progressivement, vaincue par les rayons ambrés qui tentent de percer les interstices du volet.
Le morceau « Obstacles » de Syd Matters lance ses premières notes, éveillant doucereusement la pièce et sa dormeuse.
Bruissement des draps sous l'impulsion du corps de la rêveuse qui se trouve encore à moitié plongée dans un autre monde qu'elle ne semble pas vouloir quitter tout de suite.
Les yeux commencent finalement à s'entrouvrir, difficilement, timidement.
Le bleuté de l'iris rencontre la caresse poudreuse et flavescente qui filtre par la fenêtre.
L'esprit se laisse reprendre par la réalité de ce monde et abandonne ses troubles errances.
« Someday we will foresee obstacles
Through the blizzard, through the blizzard. »
Cette chanson, chaque matin, lui donne la force de se lever et d'affronter un nouveau jour.
Max Caufield n'est plus la même depuis sa mort.
Aux yeux des autres, elle semble avoir vieillie d'un coup. Son regard paraît emprunt d'une sagesse et d'une souffrance qu'il ne devrait pas posséder encore à son âge. Une intensité qui la dépasse.
Elle donne l'impression d'être toujours déconnectée, comme si elle n'appartenait pas à ce temps, comme si elle était hors du temps.
Après le scandale entourant l'affaire Jefferson-Prescott, plusieurs mois se sont écoulés et la vie à Blackwell a finalement repris son cours normal ou presque.
Un nouveau professeur a été trouvé pour le cours de photographie et Victoria a remporté le concours « Héros du Quotidien ».
Kate a repris espoir et a même rejoint le Vortex Club qui a bien changé depuis la disgrâce de la famille Prescott.
Max passe la majeure partie de son temps seule, à s'enfermer dans sa chambre. Elle a commencé la rédaction d'un blog où elle poste ses photos, cela reste toujours sa passion et son évasion. En prenant des photos, elle ne ressent plus ni solitude, ni peur. Elle y poste aussi son histoire sous des allures de fiction autobiographique. Elle surfe pas mal aussi, à la recherche de réponses...
Le reste du temps, on peut l'apercevoir assise sur le banc en haut de la colline où se trouve le phare.
Elle demeure installée sur son perchoir pendant parfois toute une après-midi, observant l'horizon dans une contemplation insaisissable.
Warren, pourtant, ne lâche rien et tente coûte que coûte de la faire sortir de sa bulle.
« Max, ici la Terre : ça te dit un drive-in samedi soir ? Trilogie Retour vers le Futur au programme ! Fait ressortir la voyageuse qui est en toi ! J'ai les billets, je te laisse acheter le popcorn ! En d'autres termes, tu peux plus te dégonfler:) »
Max était allongée sur son lit, son ordinateur portable posé en face d'elle, la musique « To all of you » passant sur sa chaîne hi-fi, lorsqu'elle reçu ce texto de Warren.
L'ironie macabre de la nouvelle la fit presque sourire tristement.
Mais Warren est gentil, il essaie de faire de son mieux pour lui redonner goût à la vie et lui faire penser à autre chose.
Plusieurs pages web sont ouvertes sur son écran d'ordi, toutes sur un même thème. Les théories sur le temps et sur les voyages dans le temps.
L'Histoire d'Arcadia Bay et de Blackwell, à l'époque notamment des indiens d'Amérique et de leurs légendes mystiques. Elle se souvenait que Mme Grant avait mentionné ce sujet, le même jour où son pouvoir s'était manifesté. Elle est persuadée que les coïncidences n'existent pas et que la vérité se trouve dans les détails.
Elle ne comprenait pas pourquoi ; d'où venait son pouvoir. Quel intérêt de le posséder si elle ne pouvait pas s'en servir sans déclencher une tornade apocalyptique. C'était insensé !
Elle aurait préféré ne jamais l'avoir découvert ! Comment continuer à vivre en sachant cela. Pourquoi existait-il ? Pourquoi ? Il ne se passait pas une journée sans qu'elle y pense, un nuit sans qu'elle y songe, un matin sans qu'elle ne se réveille avec ce souvenir. Pourquoi avoir découvert ce pouvoir au moment où Chloé en avait besoin, pourquoi si au final c'était pour se heurter au fait qu'elle ne pourrait pas, jamais, être sauvée. Comme l'évoquent de nombreuses théories, elle serait alors un point fixe dans le temps, impossible à modifier.
Conneries ! C'est ce que Chloé aurait dit… Avant d'être confrontée à tout ça… A la fin, elle avait elle-même bien conscience de toute la portée de ce changement.
Mais sans ce pouvoir, elles n'auraient jamais pu partager tous ces moments, même si cela s'est déroulé dans une réalité alternative. Max n'a rien oublié. Elle ne l'oubliera pas. Jamais.
La vie est étrange.
On lui offre ce pouvoir mais on lui refuse d'en user. Elle n'a pas osé s'en resservir depuis ce qu'il s'est passé. Elle ne se sent même plus la force de le faire, comme si elle s'était elle-même court-circuitée.
Peut-être était-ce seulement son acharnement a vouloir sauver ceux qui lui sont proches, sauver ce qui ne peut l'être ou à faire des bonds répétés dans le temps qui ont crée cette tornade, voire les deux.
Peut-être pourrait-elle s'en servir à d'autres fins, moins radicales, juste pour des petites choses insignifiantes.
Peut-être lui a-t-on légué ce pouvoir juste pour révéler ce qui était arrivé à Rachel et à beaucoup d'autres ; pour y mettre un terme.
Mais pourquoi elle ?
Et puis, peut-être la tornade est-elle issue d'autre chose, d'inconnu et d'incontrôlable, à l'instar de son pouvoir.
Toutes ces questions, et plus encore, tournoient dans sa tête telles la monstrueuse tornade qui avait menacé Arcadia Bay et qui menace maintenant sa raison.
Elle se roule sur son lit, se retrouvant sur le dos et pousse un soupir de lassitude.
Elle aimerait arrêter de penser, arrêter d'essayer de comprendre ce qui semble ne pas être explicable. Il y a des choses comme ça dans l'univers qui échapperont toujours à notre conscience et nos connaissances.
« Courrier ! »
Elle est happée de ses pensées par le courrier matinal, les lettres sont glissées sous le pas de sa porte.
C'est un bon rappel à l'ordre pour la faire se bouger ! Elle ne va pas encore passer une journée entre ses cours et sa chambre. Non pas aujourd'hui.
Elle se lève d'un bon de son lit et va vers son armoire se rendre plus présentable pour affronter l'extérieur.
Elle reste simple dans son style vestimentaire, elle n'a pas besoin de ça pour se sentir différente. Elle enfile un jean et un t-shirt blanc avec un gilet noir.
Elle ramasse le courrier gisant au sol, tout en se dirigeant vers son bureau.
Il y a plus de lettres qu'à l'accoutumée.
Une carte postale de ses parents qui ont pris quelques congés à la montagne.
Une lettre d'une journaliste qui a suivi l'affaire Blackwell, elle voudrait s'entretenir avec elle. Elle pensait cela terminé pourtant.
Elle s'étonne également de trouver la lettre d'un célèbre magazine de photo qui souhaiterait également la rencontrer. C'est flatteur mais elle n'a pas vraiment la tête à cela, même si ça pourrait redonner un sens à sa vie.
Pour finir, il y a une enveloppe non signée, juste adressée à son nom.
Elle commence à l'ouvrir avec un mauvais pressentiment.
Une lettre de…
Mark Jefferson !?
Sérieusement !?
Il se serait agit de Nathan, elle aurait pris la peine de la lire. Bien qu'il ait tiré sur Chloé, il n'était pas vraiment conscient de ce qu'il faisait à ce moment là. Elle est bien placée pour le savoir, elle a tout vu et se rappelle de tout les tenants de cette histoire. Ce n'était qu'un pantin, un être fragilisé par une famille égocentrique et instable, et recueilli par un père de substitution psychopathe qui ne faisait que se servir de lui comme tous les autres. Elle n'essaie pas de lui trouver des excuses. Rien n'excuse son geste. Mais il n'est pas aussi mauvais que Jefferson. Elle n'arrive pas à le haïr et pourtant elle a essayé.
Mais elle n'oublie rien. Elle se rappelle le message bouleversant qu'il avait laissé sur son répondeur avant de mourir.
Elle se souvient de sa réaction après avoir tiré sur Chloé.
Elle jette l'enveloppe et la lettre de Jefferson sans même la déplier et quitte sa chambre. Là, elle a vraiment besoin de prendre l'air.
Elle se faufile dans le couloir des dortoirs et y rencontre Alyssa et Stella qui la saluent avec enthousiasme.
Avec la chute de Jefferson et Prescott, elle s'est taillée une réputation. Même Victoria et sa bande la traitent avec respect désormais. Tous avaient été tellement sous le choc, surtout Victoria. Elle était amie avec Nathan et elle adulait Mr Jefferson. Difficile de digérer un truc pareil, ça vous change forcément.
Dehors l'air est frais, le soleil ondule doucement sur les courbes des feuillages. Les oiseaux virevoltent et les écureuils se faufilent entre les buissons. Le printemps est aux portes d'Arcadia Bay et apporte avec lui cette sensation d'apaisement vaporeuse si particulière.
Max croise Samuel assis sur un banc, son sachet de nourriture posé à côté de lui. Heureusement, certaines choses ne changent pas et c'est mieux ainsi.
Elle décide de se poser un instant.
- Bonjour Samuel.
- Bonjour jeune Max, comment vas-tu ?
Samuel est content de voir Max sortir un peu de sa tanière.
- Oui, il faut bien.
- S'attarder sur le passé n'est pas bon, Max.
Samuel avance. Comme les aiguilles d'une horloge.
Un écureuil s'approche furtivement, attiré par l'odeur qui émane du sachet. Samuel sourit, plonge sa main dans le sac et en sort l'objet tant convoité qu'il lance vers son ami.
"Continuer à avancer..."
Max suit la scène, à la fois détachée et absorbée par cet instant.
- Merci Samuel.
Elle se lève et quitte la zone des dortoirs.
