Chère lectrice, cher lecteur, bonjour.

J'ai commencé cette fic il y a plusieurs années déjà, et j'ai décidé récemment de mener à bout les soit-disantes aventures de ma Giselle Moulin nationale. Cette histoire part d'un principe banal et ô combien favorable au développement des Mary Sue en tout genre : l'échange linguistique. Dans un soucis de préserver le climat english dans lequel évolue mes trois protagonistes français (Ouai, j'ai bien dit trois !), je vais garder certains termes typiquement Potteriens ou anglais en V. O. et mettre un lexique (au cas où ) en début de chapitre. (Début? Fin? Qu'est ce que vous préférez ?) Je commence avec début. Dans le même esprit mes titres et tout le tralala sont en anglais plus ou moins correct.
Sinon pour le contenu, je suit le livre et oui, il y aura de l'amour et des rencontres clichés comme on les aime (enfin moi je les aime en tout cas...)

J'espère recevoir plein de critiques constructives de votre part !


Petit Lexique :

Hogwarts : Poudlard
Great Hall : Grande Salle
Common room : salle commune
Herbology : Botanique
Professor Sprout : professeur Chourave
Madam Pomfrey : Mme Pomfresh
Fluffy : Touffu
A three-headed dog : un chien à trois têtes
Muggle : moldu

Chapitre corrigé par Weechan de p**dl*rd.*rg


French touch! (A so called adventure of Giselle Moulin)

Chapter 1 : The very begining and what follows it

Hogwarts, le 31 octobre.

Le directeur, sa longue barbe blanche descendant jusqu'à la ceinture de sa robe bleu nuit parsemée de petites lunes argentées, se tenait debout face aux élèves rassemblés pour le festin d'Halloween. Il prononçait un discours tout en désignant régulièrement du bras trois élèves qui se trouvaient à ses côtés.

« Avant que le festin ne commence, j'aimerais vous présenter les trois élèves français de l'Académie de Beauxbâtons qui vont rejoindre les cours de troisième année. Vos directeurs de maison vous l'ont déjà expliqué, ils passeront deux mois dans chacune de nos maisons afin de découvrir notre merveilleuse école sous ses aspects les plus... atypiques. Je vous demande de les accueillir avec... »

Chrystal essayait de faire bonne impression, mais intérieurement, elle fulminait. Elle ne pouvait pas s'empêcher de lancer des regards méprisants dans la direction de cette... cette pouilleuse. Jamais elle n'aurait cru cela possible. Mais si. L'invraisemblable avait eu lieu. Giselle Moulin, la fille la plus détestable de l'Académie, était à Hogwarts. Quelle charmant triptyque ils devaient former tous les trois aux yeux des élèves anglais !
Yvain, avec sa mâchoire carrée et ses cheveux fous, faisait penser à l'un de ces archanges guerriers aux yeux pleins de mystères. Il était plutôt grand pour son âge, ce qui ne gâchait rien, et s'il n'y avait eu son sourire enjôleur qui évoquait les malices et les plaisirs interdits des Enfers, l'illusion angélique aurait pu être parfaite.
Et il y avait, elle aussi, Chrystal, avec son teint luminescent et ses yeux éclairés qui semblaient avoir été créés par un architecte divin pour offrir le Salut aux mortels qui avaient la sagesse de l'aduler. Tout comme Platon l'avait compris, Chrystal savait que la Beauté menait à la Vérité et à la connaissance de toutes choses. Ses ancêtres lui avaient légué la perfection sanguine, et en elle s'incarnait l'ultime harmonie du physique, du mental et du feu de nos entrailles. Ou, quand les plus belles et les plus flamboyantes boucles du monde encadraient le visage le plus fin et le plus passionné qui soit.
Hélas ! Il y avait Giselle Moulin ! Quel pendant, vraiment ! Des cheveux fadasses, un front médiocre, des yeux inexpressifs, le plus banal des nez, des joues plates, les lèvres moroses, un menton boudeur, un cou sans consistance, des épaules sans charme, des bras qui tanguent, des mains quelconques, une poitrine inexistante, un ventre… encore heureux !, des fesses pour s'asseoir, des cuisses qui manquent de chair, des genoux utilitaires, un mollet sans caractère, une cheville fonctionnelle, de vagues pieds rivés au sol... et ce n'était rien à côté de sa personnalité : cette fille était ce que le petit peuple appelle communément une vraie nouille !

Giselle, quant à elle, suivait un monologue intérieur tout à fait différent. La gorge serrée, le cœur à l'envers et l'estomac dans les talons, elle dévisageait la masse d'élèves en noir qui les regardait. Quelle idée de porter un uniforme ! Et de plus, noir ! Comme si l'uniformité n'était pas déjà assez oppressante en elle-même ! Mais comment en était-elle arrivée là ?
C'est vrai qu'il y avait bien eu cette histoire de combats de bizuts organisés dans l'arrière-cour du restaurant, mais c'était une tradition mise en place depuis des millénaires dans toutes les écoles du monde, et qui avait pour but de forger le caractère des nouveaux arrivants ! Tout le monde savait ça ! Et puis, soyons sérieux une minute, quel mal pouvaient-elles bien se faire ces demi-portions, du haut de leur 1m30, avec leurs bras tout maigrelets ? Surtout que Giselle ne se foutait pas de leur gueule en tant qu'organisatrice et bookmaker. Bien sûr qu'ils avaient eu des ecchymoses et des dents cassées, mais en échange, ils avaient droit à 2% sur tous les paris engrangés ! C'était plus que généreux de sa part !
Giselle ne put retenir un soupir en repensant à la descente que les pions avaient faite lors du dernier combat. Elle avait été trahie, mais heureusement, tout le monde avait réussi à s'enfuir, sauf elle. Elle était restée derrière pour cacher la caisse et la dernière liste de paris.

Bref. Elle avait été condamnée à l'exil. Elle l'avait appris il y a un mois de cela, lorsqu'elle avait été convoquée dans le bureau de Madame Maxime.

« … toute notre confiance pour représenter fièrement, non seulement notre prestigieuse Académie de Beauxbâtons et notre belle France, mais aussi et surtout une culture unique et raffinée, un savoir-vivre exemplaire, une esthétique du quotidien grandiose. Mademoiselle SaintAnge, Monsieur de Bayard, je suis certaine que de brillants élèves tels que vous sauront se montrer dignes de cet immense honneur. »

Là, c'était quand Maxima la Grande s'était adressée à Yvain, le chevaleresque meilleur ami à temps partiel de Giselle, et à Chrystal au teint d'ivoire, la riche et angélique héritière de la maison SaintAnge (mais si, vous savez, la célèbre maison de haute couture parisienne ! Elle habille Madame Maxime, sa moindre cliente soit dit en passant...).
La directrice s'était ensuite tournée vers Giselle.

« Écoutez-moi bien, mademoiselle Moulin, lui avait-elle dit. Si cela ne tenait qu'à moi, vous seriez renvoyée depuis longtemps déjà de cet établissement. Mais vos parents sont des gens influents. Le conseil d'administration et moi-même avons décidé de vous éloigner de l'Académie pour le restant de l'année, partez donc le 31 octobre poursuivre vos études à Poudlard, l'école de sorcellerie tenue par Albus Dumbledore en personne. Si même le plus grand sorcier de cette époque ne vous inspire pas une once de respect, je doute que quiconque le puisse. Et j'ose espérer que vous saurez vous tenir. Ne nous faites pas honte ! »

Et c'est pourquoi Giselle était arrivée ici, au-delà de la Manche, au pays de la pluie et des nuages gris, du pays où, sans cérémonie, elle fut bien malgré elle bannie...

Le banquet allait commencer, les trois élèves français avaient rejoint la masse d'élèves anglais et s'étaient installés à l'une des tables. Giselle était affamée, et, quoiqu'effarée par les mets très english qui se trouvaient devant elle (qui ? Mais qui, par tous les dieux vivants et morts, pouvait donc boire du jus de citrouille ? Pourquoi pas du jus de merguez à la sardine pendant qu'on y était ?), elle était résolue à se remplir la panse. C'est alors qu'au milieu d'un essaim de chauve-souris, un drôle de bonhomme enturbanné fit irruption dans la salle. Il hurla. Giselle ne saisit pas le sens des mots qu'il utilisa mais la cohue qui s'ensuivit ne pouvait signifier qu'une chose : le dîner était fini avant même que la première bouchée de nourriture ne passe ses lèvres.


Hogwarts, le 1er novembre.

Le lendemain matin, Giselle retrouva Yvain dans la petite salle garnie de fauteuils que les élèves d'Hogwarts appelaient common room. Chrystal était assise juste à côté d'Yvain, elle se tenait droite, les bras croisés, et elle jeta à Giselle un regard désapprobateur lorsque celle-ci s'écroula en bâillant sur le dossier du canapé.

« Tu pourrais faire un effort de ponctualité au moins pour le premier jour ! lui lança Chrystal en se levant d'un bond. Et regardez-moi cette tenue ! Ce n'est ni fait, ni à faire, ni rien ! Rentre-moi cette chemise dans ton pantalon ! Où est passée ta cravate ?
- Je l'ai mise de côté pour te pendre avec... marmonna l'ensommeillée.
- Ah, tu te crois drôle, c'est ça ? Tu n'en as rien à faire qu'Yvain et moi passions pour des rustres par ta faute, n'est-ce pas? Tu t'en fiches de discréditer l'Académie avec ton attitude désinvolte et tes vêtements sales et négligés ?
- Mes vêtements ne sont pas sales... Yvain, fais-la taire, elle me donne mal à la tête !
- Oh, moi, je ne me mêle pas de ça. Mais c'est vrai que tu pourrais faire un effort, Giselle, et que toi, Chrystal, tu pourrais garder tes commentaires useless pour ton journal intime. »

Et sur ces mots, Yvain se dirigea vers l'entrée de la common room.
Chrystal et Giselle le suivirent, l'une bien décidée à prouver aux Anglais que les élèves de Beauxbâtons leur étaient infiniment supérieurs dans tous les domaines en dépit de l'image désastreuse que leur renvoyait Moulin, l'autre perdue dans des pensées un peu moroses sur son séjour forcé en terra incognita.

Ils arrivèrent à la Great Hall. Comme dans les films (potteriens ou non), ils s'arrêtèrent un instant à l'entrée, comme s'ils reprenaient leur souffle avant de se lancer dans cette bataille cruelle qu'est la vie quand on a 13 ans. Et comme pour leur donner raison, le murmure des conversations s'apaisa. Il faut dire aussi que deux d'entre eux au moins avaient une certaine allure. Chrystal, la poupée tombée du ciel, se cambrait avec distinction dans son uniforme griffé SaintAnge, tandis qu'Yvain portait avec une négligence étudiée un uniforme retouché par John Galliano lui-même, en hommage à la patrie d'Hogwarts.

Ils traversèrent donc la Great Hall sous les regards curieux et s'installèrent à la même table que la veille. Chrystal et Yvain se mirent presque immédiatement à parler avec leurs voisins de table. Giselle se perdait dans la contemplation des fameux toasts anglais, regrettant la carnation ensoleillée du simple pain grillé de son pays natal. Mélancolie, quand tu nous tiens ! Giselle promena un regard plein de tristesse sur ses nouveaux camarades. Il lui semblait, avec leurs affreux uniformes noirs, qu'ils portaient pour elle le deuil de la patrie d'où elle avait été chassée. La vue des deux autres français en train de converser joyeusement cassa un peu l'ambiance mélodramatique dans laquelle elle se complaisait.
Yvain parlait Quidditch avec un garçon brun dont la tête rappelait vaguement quelqu'un à Giselle. SaintAnge, quant à elle, semblait en pleine campagne de promotion de son propre nom auprès de deux filles subjuguées par son uniforme.

Quelqu'un tapota l'épaule de Giselle. Un grand mec, avec un badge doré épinglé sur son uniforme, lui donna trois copies de l'emploi du temps des troisième année de la maison qu'ils occupaient. Giselle cala les parchemins contre son verre de jus d'orange. C'était à peu près les même cours qu'à Beauxbâtons.
Giselle n'avait aucune hâte d'assister à aucun des cours. Lorsqu'elle était petite, ses pouvoirs ne se manifestaient pratiquement pas et avec très peu de puissance. Ses parents avaient fini par en conclure qu'elle n'aurait jamais une vie de sorcière normale et s'étaient résignés à lui apprendre à vivre comme une Moldue. Mais ils lui avaient quand même fait passer les tests d'entrée à l'Académie, dans l'espoir qu'elle révèle des dons en voyance ou en Botanique pendant les épreuves. Il s'était avéré qu'outre une peur panique, incontrôlable et irrépressible des plantes magiques, elle avait un talent assez hors du commun pour les potions et le Conseil l'avait acceptée malgré des résultats catastrophiques ou médiocres dans toutes les autres matières. Et Giselle avait alors fait son entrée dans l'école de magie française, et petit à petit, l'oiseau fait son nid, comme on dit. Et elle venait de se faire virer à grands coups de pied au cul de son nid chéri. Et elle n'était pas d'humeur.

Aussi, quand elle vit l'intitulé du premier cours de leur première journée, elle s'étouffa, toussa, envoyant gicler des miettes de toasts mâchouillés tout autour d'elle et sur l'emploi du temps.

« Hé ! s'exclamèrent les personnes autour d'elle. (« Mais quel goret ! » s'exclama Chrystal.)
- Herbology ! s'écria Giselle. Herbology ! Botanique, Yvain ! Mais ils ont pas de soleil ici ! Ils les ont piquées où, leurs plantes, ces satanés Anglais !
- Tu ne penses pas vraiment qu'aucun végétal ne puisse pousser au Royaume-Uni, n'est-ce pas ? dit Yvain en levant les yeux au ciel.
- Non ! Mais c'est l'esprit ! »

Giselle se leva en trombe, et son gobelet de jus d'orange vacilla puis se renversa sur les emplois du temps. Elle n'attendit pas que Chrystal lui crie dessus et sortit d'un pas énervé de la Great Hall. Yvain la rejoignit quelques temps après sur les marches du perron de la grande porte en chêne du château, après avoir nettoyé les parchemins. Il tendit son emploi du temps à Giselle.

« Allons, tu vas survivre à quelques petits cours de Botanique anglaise. Ils peuvent difficilement être pires que ceux de Beauxbâtons, non ? »


Ils étaient pires. Bien pires. Comment un tel lieu pouvait-il avoir sa place dans une école ? Il fallait être fou ! Oui, ça devait être ça. Dumbledore était fou, et cette femme, cette... cette espèce de tarée pleine de terre serait le professeur ? Aucun professeur sensé ne donnerait de cours dans un tel climat d'insécurité !
Il y avait une plante horrible, avec de longs tentacules munis d'épines qui cherchaient à vous enserrer le cou, il y avait des fleurs immondes qui faisaient un bruit de succion des plus écœurants quand vous les effleuriez, il y avait un arbuste inquiétant dont les feuilles suintaient une substance noirâtre qui gouttait sur le sol avec un « pssch » angoissant.
Pas une mouche ne volait, ne pouvait voler, ne devait oser mettre une aile dans ces serres terrifiantes. Oui, Giselle se sentait telle une mouche prise au piège d'une toile d'araignée repoussante.

« Euh, Giselle, tu pourrais arrêter de m'agripper comme ça ? Ça me fait un peu mal et puis c'est très gênant... »

Giselle cligna des yeux d'un air stupide. Yvain la regardait avec un sourire moqueur, SaintAnge jubilait. Les autres élèves les regardaient, interloqués. Mais quelque chose frôla son oreille et Giselle se recolla à son ami.

« Yvain, sauve-moi ! Je... je suis une mouche pour ces plantes... une pauvre mouche...
- Vous allez bien, mademoiselle ? demanda d'un air inquiet le professor Sprout.
- Bien sûr qu'elle ne va pas bien. Cette fille est complètement folle ! dit Chrystal d'une voix forte et satisfaite.
- Tais-toi, Chrystal ! rétorqua Yvain avec colère. Giselle, tu es toute pâle, quelque chose ne va pas ? »

Les jambes de la jeune fille faiblirent, le professeur se précipita pour aider Yvain à la soutenir.

« Je... je suis... une mouche... »

Et tout devint noir autour d'elle.


Après qu'elle se fut évanoui pendant le cours d'Herbology, Giselle Moulin avait été transportée à l'infirmerie. Ce n'est que le soir qu'elle eut le droit d'en sortir. Ou plutôt, la force du courant de ce fleuve nommé Vie l'arracha de ce havre de draps blancs.

« Je ne peux vraiment pas rester ? Juste pour la nuit, s'il vous plaît ! » demanda-t-elle d'une voix suppliante à l'infirmière.

Mais on ne discute pas son destin. Surtout quand il s'incarne en une Madam Pomfrey particulièrement ronchon.

« DEHORS ! »

Et voilà ! Tout recommençait ! Expulsée des écoles primaires muggle, écartée de Beauxbâtons, boutée hors du royaume médicinal d'Hogwarts... Giselle avait toujours été, était et serait toujours l'éternelle exilée, ne trouvant jamais ni répit ni patrie, fuyant la vie et ses malheurs pour ne tomber que dans des traquenards ourdis par des dieux et des fées qui devaient s'être pris les pieds dans son berceau et le lui faisaient payer aujourd'hui.

Elle soupira et, d'un pas maussade, chercha à retrouver le chemin de sa salle commune. Elle s'arrêta devant une porte qui était fermée à clef. Pourtant, elle était sur le bon chemin, elle en était sûre ! Elle essaya de forcer la serrure avec une pince à cheveux, comme elle l'avait vu faire dans les films muggle. Mais bon... la magie du cinéma ne semblait pas aussi efficace à Hogwarts qu'à Hollywood !
Et sa barrette était fichue en plus maintenant... Elle grogna et sortit sa baguette magique qu'elle introduisit à son tour dans la serrure. Juste pour voir.
Comme il ne se passait rien, elle décida d'essayer plusieurs formules. Ce n'était tout de même pas une porte qui allait lui résister quand même ! Elle pointa sa baguette sur le verrou.

« Sésame, ouvre-toi ! Mellon ! Chaussette ! Alohomora ! »

Un déclic se fit entendre. Tiens ? Un sort basique d'ouverture de porte ? Elle aurait peut-être dû y penser en premier ! Qu'à cela ne tienne ! Elle s'en souviendrait la prochaine fois qu'un verrou lui compliquerait la vie.

Elle poussa le battant et pénétra dans ce qui semblait être un couloir sombre. Sauf que cela ne pouvait pas seulement être un couloir sombre. Parce qu'il y avait quelque chose, juste là, en face de Giselle. Deux lumières jaunes s'étaient allumées, puis deux autres suivirent et encore deux. Six yeux la regardaient, et tout à coup, Giselle comprit ce que pouvait ressentir un macaron dans la vitrine d'une grande pâtisserie parisienne (et éternelle).


Confortablement installé dans un canapé, Yvain faisait ses devoirs dans la common room. Assise avec grâce dans un fauteuil, Chrystal vantait l'histoire de ses ancêtres à un groupe de troisième année qui restait béat d'admiration devant sa verve.
Yvain l'observait à la dérobée, un sourire moqueur au coin des lèvres. Ah, les SaintAnge ! De drôle de couturiers ! En réalité, cela faisait presque trois siècles qu'aucun membre de la dynastie SaintAnge n'avait créé ne serait-ce qu'un bas de soie. Ils se contentaient de recruter un génie montant dans la capitale, de le lier avec un contrat inviolable et de se remplir les poches. La famille des SaintAnge était la plus influente de France, leur nom, leur marque était l'effigie du bon goût absolu et leur coffre de Gringotts France (la succursale de la célèbre banque des sorciers dont l'entrée se situe près de la station de métro Gobelins à Paris) était l'un des plus remplis du pays. Peu d'entreprises se créaient dans l'hexagone sans leur soutien financier.
Mais tout cela allait changer. Un sourire machiavélique se dessina sur le visage d'Yvain tandis qu'une petite voix le rappelait à l'ordre dans sa tête.

« Non, pas maintenant. Il est trop tôt. Beaucoup trop tôt. »

Cette petite voix, c'était celle de ses parents qui lui assuraient que son heure viendrait. L'heure des Bayard ! Cependant, il était trop jeune encore pour savourer chaque étape de leur ascension. Mais heureusement, il y avait Giselle... Mouhahaha !

Ah ! Giselle Moulin ! Encore un sacré numéro ! Et quoi de plus normal qu'elle soit sa meilleure amie ? Yvain ne s'entourait que d'êtres exceptionnels ! Dire qu'ils avaient failli œuvrer l'un contre l'autre ! Lui avait l'habitude d'irradier le monde de sa présence intellectuelle et charnelle et elle se servait de l'anonymat et de l'ombre pour... eh bien, s'en mettre plein les poches !

Néanmoins, petit à petit, cette fille avait fini par devenir l'homme à abattre de l'Académie, les professeurs lançaient des enquêtes et des appels à la délation pour attraper celle ou celui qui avait réussi à voler des archives pour le compte du journal de l'école (très porté sur les scandales), qui tabassait les bizuts (en fait, ils s'amochaient tous seuls lors des combats), qui pillait les réserves de l'école et vendait des potions déjà faites (garanties 100% crédibles aux yeux du professeur) aux élèves en difficulté dans cette matière. La liste était encore longue. Yvain rit tout seul. S'ils avaient su que son principal investisseur et alibi était le grand Yvain Bayard, leur chouchou à tous ! Mais comment imaginer que deux personnes aussi différentes puissent s'apprécier autant ? Comment même auraient-ils pu se rencontrer à Beauxbâtons, une école où les serviettes ne se mêleraient pour rien au monde aux vulgaires torchons ?
La réponse était simple : dans les toilettes.

Lors de leur première année d'étude, en décembre, Giselle lui avait sauvé plus que la vie. Elle avait sauvé son honneur et son nom.

Un groupe de mecs peu recommandables l'avait coincé dans les toilettes pour garçons. Apparemment, ils lui en voulaient d'être un Bayard, beau et intelligent qui plus est.

« Alors, Bayard, on fait moins le fier, hein ? Y a plus personne pour te protéger maintenant, mis à part ton nom … » avait dit le plus laid d'entre eux en ponctuant ses phrases par des ricanements dignes d'une hyène. Il avait agité sa baguette et Yvain s'était retrouvé suspendu dans les airs, la tête à l'envers.
C'est alors que Giselle était entrée.

« Salut les gars ! » avait-elle lancé en même temps qu'un sac en papier à celui qui semblait le chef de la bande. Ce dernier avait ouvert le paquet, reniflé l'intérieur puis souri d'un air appréciateur.
Pendant ce temps, sans se soucier de son manège, Giselle s'était approchée du pauvre Yvain.

« Je te reconnais, lui avait-elle dit, tu es dans la même promotion que moi. Comment tu t'appelles déjà ?
- C'est Bayard, avait lâché celui qui pointait sa baguette sur lui d'un air méprisant.
- Ah ? C'est un drôle de prénom, Bayard... avait-elle murmuré comme pour elle-même.
- Je … m'appelle... Yvain... » avait haleté la victime.

Bon sang ! Il n'aurait jamais imaginé qu'il pouvait être si difficile de parler et de respirer à l'envers. Elle s'était penchée pour le regarder dans les yeux et avait susurré :
« Enchantée, Yvain Bayard. Je m'appelle Giselle Moulin. »

Assis sur le canapé de la salle commune, Yvain se souvint qu'à ce moment-là, il l'avait prise pour une folle. Cependant, quelque chose dans son regard l'avait poussé à lui sourire et à essayer de lui parler malgré la situation (la tête en bas, le trafic douteux, les canailles qui les observaient une mauvaise lueur au fond des yeux...).
Elle s'était retournée vers les tortionnaires du garçon.

« Relâchez-le. »

Le plus laid avait émis un nouveau ricanement.

« Tu sais, on n'en avait pas tout à fait terminé avec lui... »

Avec un geste de la baguette et en riant toujours comme un charognard, il avait rapproché Yvain d'une cabine. La cuvette des toilettes était à présent à une distance dangereusement courte, et l'odeur d'égout et d'urine qui s'en dégageait ne présageait rien de propre... Yvain avait tenté de se débattre mais il semblait également sous l'emprise du maléfice du Saucisson…

« Si vous lui faites quoi que ce soit, notre marché s'arrête aujourd'hui. »

Tout s'était immobilisé. Cette voix glaciale et impérieuse... c'était Giselle ?

« Et alors ? On peut se passer de toi ! Comment on faisait avant ton arrivée, à ton avis ? » avait rétorqué le laid.

Les garçons la dépassaient d'au moins deux têtes. Mais sans se laisser décourager, Giselle avait continué d'un ton cassant :
« Vous vous déchiriez pour les miettes que vos refourgueurs voulaient bien vous laisser. »

Un silence avait empli la pièce.

« Laisse-le, J.F., » avait fini par ordonner le chef de la bande.

Yvain était tombé sur le sol. Il s'était relevé en vitesse. Giselle lui avait fait signe de la suivre et ils étaient sortis des toilettes.
Yvain soupira. Oui, Giselle ne portait pas le nom de Bayard, mais il tenait à elle. Elle était bien la seule.


Revenons aux déboires divins de la petite Giselle.
Giselle ne bougeait plus. Parce qu'elle était tétanisée par la peur, il est vrai, mais aussi parce qu'elle sentait qu'au moindre mouvement brusque ou non, la bête allait lui sauter dessus. Elle respirait à peine et amorça un mouvement de retraite. Tout compte fait, elle avait probablement dû se tromper de couloir...

Elle glissa son pied droit en arrière avec une lenteur extrême... mais plus elle le reculait, plus elle sentait qu'elle ne pourrait pas fuir. Quoi ? Alors c'était ça, sa mort ? Finir dans l'estomac d'un monstre qu'elle n'aurait même pas vu ? Une énergie nouvelle coula dans ses veines. Et son cœur se réchauffa quand ses doigts trouvèrent sa baguette dans sa poche. Si la chose en face d'elle voulait goûter de la Moulin, elle allait le payer cher. Très cher.

« Qu'est-ce que vous foutez là, nom de nom ! »

Le cœur de Giselle plongea jusqu'à ses pieds avant de remonter à son cerveau puis de redescendre à son emplacement initial.
Derrière elle, dans l'embrasure de la porte, se tenait une forme immense.
La bête en face d'elle se mit à grogner. Bon... cette fois-ci au moins, elle en était sûre. La chose avait une gueule. Avec sans doute de grandes dents pour mieux mâcher les élèves...
Le cœur de Giselle semblait trouver le moment opportun pour jouer du djembé dans sa poitrine. Bon, résumons, elle était cernée par une chose qui grognait et une autre non identifiée qui parlait... Il y avait de l'espoir, non ?

Tout à coup, un son de flûte remplit l'espace et une main l'attrapa par l'épaule et la tira en arrière, la projetant sur le sol du couloir éclairé de torches d'où elle venait.
Giselle se releva en tremblant sur ses jambes. Peu après, un homme immense et barbu sortit du couloir. Immédiatement, l'image de Madame Maxime s'imposa dans son esprit. Par rapport à la taille. Parce que pour le reste, il était son exact opposé. Une barbe et des cheveux hirsutes et un choix douteux en ce qui concernait les vêtements et l'assortiment des couleurs.

« Qu'est-ce qui vous a pris d'entrer ici ! Ce couloir est interdit ! rugit-il.
- Je me suis perdue... » marmonna Giselle.

Par contre, ils avaient à peu de choses près le même timbre de voix quand ils criaient. Et s'ils étaient parents ?

« Hmmm. Vous êtes une des trois élèves français ? » s'informa le géant.

Elle acquiesça. Il réfléchit un moment. Il hésita un instant avant de lui demander si elle avait vu ce qu'il y avait derrière la porte.

« Vous voulez dire... le monstre ? questionna Giselle avec effarement.
- Ce n'est pas un monstre, rétorqua le géant avec brusquerie, c'est un three-headed dog ! Un animal extrêmement rare !
- A three-headed dog, répéta faiblement Giselle comme si elle n'en croyait pas ses oreilles. Vous devez vraiment aimer les animaux pour le voir de cette façon, ne put-elle s'empêcher de remarquer.
- Ça, c'est sûr ! affirma t-il en souriant. Mais ça ne règle pas notre problème. Maintenant que vous avez vu Fluffy...
- Qui ?
- Mon chien, » répondit-il comme s'il s'agissait d'un labrador.

Le géant avait pris un air contrarié qui allait à ravir avec sa physionomie de bûcheron sanguinaire. Mais qui n'était pas pour rassurer la pauvre Giselle.

« Je crois que le mieux serait que le professor Dumbledore vous parle, dit-il lentement. Moi... je sais jamais quand il faut que je me taise ! »

Un sentiment de panique s'empara de Giselle tandis qu'elle suivait le garde-chasse. Elle n'était dans ce château que depuis une journée et il fallait déjà qu'elle voie le directeur ! Même si elle n'avait rien fait de mal, la croirait-il ? Et surtout, en informerait-il Madame Maxime ? À cette pensée, son cerveau se mit à bourdonner... Est-ce qu'avoir pénétré dans un couloir interdit pouvait la faire exclure de Beauxbâtons définitivement ? Elle n'avait comme excuse que le fait de s'être perdue... et c'était bien mince comparé à ses antécédents !

Ils arrivèrent devant une gargouille. Le géant dit quelque chose et un escalier se dévoila. L'escalier tourna sur lui-même pour les amener devant une grande porte. Le géant frappa. La porte s'ouvrit.

« Bon, on dirait qu'il n'est pas là. Reste ici, je vais le chercher. »

Atterrée, Giselle regarda Hagrid refermer la porte (car, oui, il s'agissait bien de Hagrid). Après avoir prié tous les dieux de son répertoire pour qu'une partie de son dossier ne soit pas parvenue à Hogwarts, et si possible que ce soit celle intitulée « comportement notoire et appréciation de l'équipe pédagogique », elle se résigna au calme. De toute façon, elle n'était même pas sûre que cette partie de dossier existe.

Le bureau du professor Dumbledore n'avait rien à voir avec celui de madame Maxime. Il était plus... intéressant ? Ce n'était pas le mot. Il ne ressemblait à aucun lieu que Giselle connaissait.
Il y avait même une sorte de petit poulet qui trônait sur un perchoir doré. Giselle le regarda un instant, perplexe, puis passa à autre chose. Chacun ses trips, après tout. Après avoir jeté un œil aux cadres de directeurs endormis qui recouvraient les murs, ce qui ne mit pas longtemps, étant donné que mater des vieux dormir, c'est teeeeellement passionnant, elle s'approcha des étagères pour regarder les objets. Il y en avait un particulièrement qui attira son attention. Un vieux chapeau qui traînait. Il tranchait tellement avec le reste de la pièce qu'il en devenait intrigant. Pourquoi Dumbledore gardait-il une vieillerie pareille ? Peut-être qu'un grand sentimental se cachait derrière sa longue barbe blanche...
Alors qu'elle tendait la main vers le chapeau, elle entendit la porte s'ouvrir derrière elle.

Elle se retourna. Le professor Dumbledore la regardait en souriant.

« Bonjour, Giselle ! »

Giselle était interloquée. C'était bien la première fois qu'un directeur semblait content de la voir dans son bureau ! Madame Maxime commençait chacun de leurs « entretiens » par un soupir excédé. Giselle préférait de loin la version « smiley attitude » du vénérable directeur !

L'entrevue fut courte. Il lui dit juste de ne parler de sa rencontre avec Fluffy à personne. Et également qu'il ne pouvait faire autrement que de prévenir Madame Maxime de ses « aventures ».
Ah. Alors il savait aussi pour le cours d'Herbology. Et Madame Maxime allait savoir. Bon. Très bien. Enfin, tant pis plutôt !

Giselle s'empressa de retourner sa salle commune, en suivant un plan que le directeur lui avait griffonné sur un morceau de parchemin. Apparemment, il ne tenait pas à ce qu'elle tombe sur un autre monstre caché dans Hogwarts. Et il faut avouer que Giselle n'y tenait pas vraiment non plus.
Et c'est avec un soulagement immense que Giselle retrouva son lit et put ainsi clore ce chapitre.


Quelle histoire, vous dites-vous !
Que de rebondissements !
Quels sont les mystères à deux noises qui entourent Giselle Moulin ?
Pourquoi son meilleur ami semble t-il si gratuitement machiavélique, sans aucune raison romanesque ?
De quel personnage potterien va-t-elle tomber amoureuse (avouez tout de même que celle là, vous vous la posez vraiment ! Non ? Je délire toute seule ou quoi ?)
Quand allons nous croiser Harry Potter et sa clique ?
Qui est ce ténébreux brun avec qui Yvain parle Quidditch ?
Et, question subsidiaire, d'où viennent les formules magiques que Giselle a essayées sur la porte ?
Vous le saurez (ou pas) en lisant le prochain chapitre de

FrenchTouch! A so-called adventure of Giseeeeelle Moulin !