Retour d'une fic déprimante. J'ai fait la révolution française, et je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer les similitudes qu'il y a avec la révolution russe. De plus, les relations entre la Russie et la France datent quand même du XIème siècle, avec le mariage d'Henri Ier, roi de France, avec Anne de Kiev. Depuis, malgré plusieurs interruptions, elles sont restées plus ou moins importantes. Une longue histoire, donc. La monarchie française a fortement influencé l'empire russe, depuis le début du XVIIIème. Donc j'ai du mal à imaginer que Russie et France soient totalement indifférents l'un à l'autre. Je vais organiser cette fic en plusieurs chapitres, relatifs chacun à un(e) évènement/période contemporain(e) que je pense importante dans la relation entre Ivan et Francis. Maintenant, elle se composera minimum de 4 chapitres et au maximum 6. Les deux en plus, je ne sais pas si je les ferais. A voir selon l'inspiration. J'espère ne pas avoir fait d'erreurs historiques... Merci aux lecteurs/lectrices, à ceux/celles qui laissent des reviews, et aux personnes qui mettent mes fics en favorites. Ça me motive vraiment.
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Disclaimer: Les personnages et l'histoire d'Axis Power Hetalia appartiennent à Hidekaz Himaruya.
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Échos
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Novembre 1917: En octobre 1917, Lénine fait tomber le gouvernement temporaire et prend le pouvoir en Russie.
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« Alors, France, qu'en dis-tu?
-C'est important?
Le russe eut un sourire joyeux.
-Eh bien oui. Même si l'alliance franco-russe a cessé il y a peu, elle a quand même duré vingt-cinq ans. Ton avis a toujours de la valeur pour moi. Et s'il y a un grand spécialiste des révolutions, c'est bien toi: celle d'America, la tienne... A moins que tu ne considères, toi aussi, que je ne suis plus du tout fréquentable.
-Je ne pense pas que tu sois infréquentable. J'en suis convaincu. Mais comme c'est aussi mon cas, ça ne change pas grand chose.
Ivan ricana.
-Kokokol... Aux personnes infréquentables, alors!
Ils portèrent un toast. La vodka leur brula la gorge. Le grand homme les resservit tous les deux, et fit délicatement tourner l'alcool dans son verre.
-...Mais tu ne m'as pas répondu. Que penses-u de Lénine?
-Je ne l'ai vu que de loin. La seule chose dont je suis certain, c'est qu'il est déterminé. Se contenta de dire France, avant de se lever et de replonger dans l'observation de la neige qui tombait, dehors.
-Je n'arrive pas à décider si c'est un compliment ou une insulte. »
Son interlocuteur haussa les épaule. Agacé, le soviétique attrapa son poignet et le tira d'un coup sec, pour le forcer à se rasseoir. Ce simple geste lui arracha une grimace de souffrance, mais il ne lâcha pas, serrant au contraire d'autant plus fort. Il se sentait mal, son sang lui brûlait les veines, son cœur lui donnait l'impression de vouloir s'arracher de sa poitrine à chaque battement. Et pourtant, il ressentait cette douleur comme une libération. Il y avait si longtemps qu'il ne s'était pas sentit aussi vivant. L'euphorie pulsait en lui, mêlé à une peur instinctive. Une fièvre violente, l'impression de marcher sur un fil. France devrait comprendre. Il était l'un des seuls qui le pouvait, et pourtant il résistait, semblant vouloir fuir.
« Arrête ça. Arrête d'être aussi sibyllin. Pourquoi refuses-tu de me répondre?
-Parce que, même pour moi, cette réponse est déplaisante.
-Tu penses que je suis faible.
-Non. Je n'ai jamais fait l'erreur de penser ça, je ne commencerais pas aujourd'hui. Je pense plutôt que tu es instable. Lâche-moi, maintenant, je vais te dire.
Une fois son poignet libéré, Francis le massa, pour rétablir la circulation du sang. Il allait sûrement avoir des marques. Ensuite, il se réinstalla plus confortablement.
-Il... Il a le même regard que Maximilien (1). Dit-il, l'air absent.
-Maximilien?
-... Froid, dur, centré sur un seul objectif et près à tout pour l'atteindre. Le prix importe peu, tant que le résultat est là.
-Ce n'est pas toujours un défaut.
-Tu as raison.
Il revit pendant un instant l'éclat glaçant de ses prunelle bleues vertes.
Louis doit mourir parce qu'il faut que la patrie vive.(2)
-Mais?
-Parfois ceux qui prennent les décisions ne sont pas ceux qui les payent.
Russie sourit avec beaucoup de douceur.
-Mais moi, je suis prêt à faire le sacrifice. Comme tu l'étais. Tu ne te souviens pas de ce que cela fait? Le changement. La révélation. Pour que ça dure, je ferais tout.
France eut un rire grinçant.
-Tu n'as rien à faire. Ils le feront pour toi. Les humains n'ont pas besoin de nous pour les révolutions. Tu as juste à les laisser agir.
-Je ne te comprends pas.
-Tu ne le peux pas. Pas encore.
-Alors explique-moi! Tu verras, je réussirais, je leur ferais comprendre! Ils se sont tous ligués contre toi, et pourtant, tu as réussi, par certains aspects!
-Voyons, Ivan. Je dois vraiment te rappeler qu'en fin de compte tu t'es rallié à eux? Le railla le français.
-C'était une erreur! Je sais, à présent! Si tu m'aides, ils ne pourront rien contre nous! Comment peux-tu leur pardonner? Tu te fourvoies, ils t'ont influencé! Le russe posa sa main sur l'épaule de celui qu'il considérait comme l'un de ses seuls amis. Ne t'inquiètes pas, je t'aiderai à te libérer d'eux.
-En un siècle, on a le temps d'accepter. C'était une guerre, et j'ai fini par la perdre. Ce n'était pas la première fois, et sans doute pas la dernière. Quand à leurs pardonner... Ce n'est pas comme si j'avais le choix. Je suis une nation. Haïr, c'est une tâche ardue, un travail de chaque instant. Et quand on a autant de temps que nous à vivre, on est forcé d'admettre que c'est épuisant. En tout cas, ça l'est trop pour moi. »
Ivan le fixa, songeur, pendant un long moment. Francis semblait loin, plongé dans ses souvenirs. Depuis le début de leur conversation, il n'avait pas élevé la voix, pas une seule fois. Depuis la Révolution d'octobre, Russie avait refusé tout contact avec les autres. Ils auraient tous tenté de le dissuader. Sauf lui. Comme il le pensait, il ne lui avait pas dit que c'était de la folie, il ne lui avait rien reproché, ni demandé de stopper tout cela. France était différent, depuis toujours. Il avait été l'un des premiers à le regarder comme une vrai nation, et non comme un territoire sans réelle importance. Cela faisait si longtemps qu'ils étaient liés. Quand il l'avait rencontré, il était la plus grande puissance d'Europe, la plus influente. Une monarchie, c'est vrai, mais il ne l'avait pas méprisé, contrairement aux autres. Et puis il y avait eu 1792. On avait fini par le convaincre que France était un danger, qu'il avait perdu la raison. A cette époque, il les avaient cru, tout comme Catherine (3). Et il l'avait rejeté, comme si il était un monstre. Mais c'était faux. C'était un visionnaire. Il s'était opposé au continent tout entier pour défendre son idéal. Pendant plus de onze ans, il avait réussi. Jusqu'à ce qu'un homme ne pervertissent son rêve, revenant en arrière. Napoléon Bonaparte. Selon lui, c'était plutôt à ce moment que la folie s'était emparée de France. Russie avait aidé à défaire cet être abjecte. Pas pour les bonnes raisons, mais il l'avait fait. Il avait été contaminé par la peur. Il aurait du lui faire confiance. La première république avait été le premier pas, et il aurait du la soutenir. Et la marche de l'histoire aurait commencé bien plus tôt. Peu à peu, l'état aurait disparu, comme le fil de l'évolution le voulait. La lutte des classe se serait désagrégée. Seulement, à l'époque, il était un empire, il n'avait rien vu, n'avait pas voulu voir. Mais comme le disait Lénine, « L'impérialisme est le stade suprême du capitalisme. » (4). Et aujourd'hui, France était affaibli par les turpitudes que tous ses voisins, ces monarchies, lui avaient fait subir. Il sentit une fureur sans nom s'emparer de lui, avant de s'apaiser tout aussi brusquement. Il les détruirait, ceux qui s'opposaient à lui. Mais que pour mieux les reconstruire après, car c'était la seule solution. C'était à cause de leur refus de comprendre qu'il était poussé à cette extrémité.
« Francis?
Le français se tourna vers lui, semblant attendre la suite.
-Ne t'inquiètes pas. Quoi qu'il advienne, je ferais ce qui est nécessaire, tu comprends? Tu me crois? »
L'espoir, la confiance et la certitude d'avoir raison brillaient dans ses yeux pervenches. Trop fort. Ce regard, le français le reconnu. Il l'avait croisé dans son miroir trop souvent, plus d'un siècle auparavant. Il se revit, pencher sur son bureau écrivant des lettres à l'intention d'un être qui n'existait que dans son esprit malade d'avoir tout perdu trop brusquement. Il l'avait aimé, sa Louisette (5), au point de sombrer dans une démence qui avait déchirer non seulement l'Europe, mais aussi lui même. Ces lettres, il avait ressenti le besoin de les relire, en février dernier, sans comprendre pourquoi. Une phrase était restée gravée dans son esprit.
Je ne laisserai personne nous arrêter, car nous faisons ce ce qui est juste.
Il le savait déjà. En arrivant, il avait déjà conscience que Russie était lui aussi tombé dans la même folie que celle qui l'avait agitée par le passé. Mais en avoir la preuve lui déchirait le cœur, d'autant que, tout au fond de lui, il lui semblait qu'un écho était en train de naître, une voix terrifiante qu'il ne connaissait que trop bien, qui murmurait son approbation silencieuse (6). Sans rien maîtriser, il s'entendit répondre:
« Oui, je te crois. »
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(1) Maximilien de Robespierre. Je vous le met juste au cas où, mais je pense que vous l'aviez deviné.
(2) Cette citation provient réellement d'un discours de Robespierre, ayant été dit pour le procès de Louis Capet, dit Louis XVI.
(3) Catherine II de Russie s'est beaucoup intéressée à la culture française, jusqu'à ce qu'elle coupe tout lien avec la France suite à l'avènement de la première République en 1792.
(4) J'ai mis sous forme de phrase le titre d'un livre de Lénine: « L'impérialisme, stade ultime du capitalisme »
(5) Référence à une autre de mes fic, celle qui se réfère à la révolution française. Il n'est pas nécessaire de la lire pour comprendre, c'est juste que pour moi, ces deux idées sont liées.
(6) Les français furent divisés en deux parties, après 1917: ceux qui acceptaient le régime bolchevique et ceux qui ne l'acceptaient pas.
Premier chapitre fini! J'en suis assez fière. Il ne me manque plus que vos réactions pour voir si elle est effectivement réussie! Prochain chapitre: l'assassinat des Romanov. J'avoue, je ne fais pas vraiment dans la catégorie bisounours...
