Bonsoir les amis !
Je manque un peu de défi. Du coup, j'ai décidé de faire un truc un peu compliqué. A chaque épisode, je sortirais deux OS, ou plus, avec deux couples différents, inspirés de ces épisodes. Les couples pourront changer, même si mes préférés sont bien connus.
Ils ne seront pas tous aussi long que celui-ci. Là j'ai eu le temps, beaucoup de temps. L'autre est plus réaliste. Voilà voilà !

Mi Amor

Le geek observait son créateur terminer de tourner ses scènes, l'œil derrière la caméra. Il ne resterait plus que le montage ensuite, puis il pourrait aller se coucher. Ces derniers temps, le Patron l'obligeait à travailler davantage sur les épisodes, pour laisser Mathieu se reposer. Le gamer se rendait bien compte de l'état de fatigue autant psychique que physiologique du vidéaste, il acceptait donc ses responsabilités avec le sourire.

Résultat, il passait plus de temps avec le criminel. Mais pas avec le Patron pervers et dévergondé. Avec un Patron sérieux, attentif et concentré sur l'épisode, qui lui donnait des idées de montage, musique, vidéo, timing.

Mathieu le remerciait, le gratifiait même parfois de compliments. Il se sentait important, indispensable.

« Ahahaha ! Arrivederci mi Amor ! »

Il fronça les sourcils en entendant ses mots et releva la tête. Le regard amusé de Mathieu se posait sur lui après la fin de sa réplique.

« Mat... Matheu, le vrai texte... »

Le concerné ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase, passant devant lui pour lui ébouriffer les cheveux.

« Je trouve ça mieux ainsi. »

Le Geek, embarrassé mais heureux, ne remarque pas la tension qu parcourut le corps du Patron à la vue de ce moment d'affection.


« Où en est-on gamin ?

- Ca avance Patron, répondit-il du tac au tac. »

Son dossier recula un peu sous le poids du Patron qui s'y appuyait. Il glissa son regard un instant sur lui avant de revenir sur son ordinateur.

« Tu peux regarder l'intro ? Mathieu a juste pensé le début, après pour la musique et les images, j'ai du gérer.

- Envoie. »

Il s'exécuta.

« C'est pour ça que tu la voulais sur fond vert, dit le Patron en voyant la jeune femme aux premières minutes de l'introduction. »

Le Geek mit sur pause en entendant l'onde jalouse dans la voix du Patron.

« Il voulait la présenter... La rendre officielle je crois.

- A sa demande ?

- Je ne sais pas... »

Les doigts du Patron se crispait sur le siège.

« Désolé, murmura le geek.

- Pas de problème. Le gamin fait sa vie, c'est normal. »

Le geek s'attarda sur le visage du Patron. Sa mâchoire crispée et ses sourcils froncés révélaient bien sûr de la violence. Toute celle qu'il voulait lancer à la figure de celle qui avait la chance de prendre le cœur de leur créateur. Cependant, il s'y trouvait aussi beaucoup de peine.

Le gamer n'avait rien d'un génie en relation humaine comme le hippie, pourtant les sentiments du Patron à l'égard de Mathieu lui sautaient aux yeux. Il s'en était rendu compte lors de leur longue soirée de montage ensemble. Depuis, il entendait tous les commentaires, les sous-entendus que le Patron lançait, et que Mathieu n'entendait pas. Ou faisait exprès de ne pas entendre.

« Passe la suite petit. »

Il lança le reste de l'introduction. La musique qui couvrait leurs images sembla plaire au Patron plus qu'elle ne lui plaisait à lui même. Il ne comprenait pas tous les mots. Juste les idées. Vaguement. Un amour désertique et douloureux. Des épines piquantes, blessant le couple.

« Sympa l'alligator. Ces plans sont vraiment beaux.

- Merci !

- Du coup il te reste beaucoup ?

- Le montage ne devrait pas être trop compliqué, les instructions de Mathieu sont vraiment complètes, comme toujours.

- Je peux faire la seconde vidéo en terme de montage. Tu vérifieras ensuite, comme d'habitude.

- Ce serait génial ! »

Le duo, chacun devant un écran, se mit au travail.

L'horloge murale sonna deux fois les heures passantes avant que le ventre du geek ne crie famine.

« Désolé... Murmura-t-il en rougissant.

- Je vais chercher à manger. Vu l'heure, ce sera macdo. Ca te va ?

- Oui ? »

Le Patron enregistra ses données avant de se lever et d'enfiler son manteau noir. Avant de partir, il se tourna vers le petit.

« Tu viens avec ? Ca te fera une pause. »

Le geek l'observa avec curiosité. Habituellement, le Patron se contentait d'aller rapidement chercher à manger, seul.

« D'accord ! »

Le gamin verrouilla son ordinateur et suivit son double dans sa voiture.

Le paysage de la ville défilait silencieusement. Le regard du Geek brillait devant les derniers kebabs allumés. Il en salivait presque. Le Patron, remarquant l'objet de son désir, s'arrêta.

« Patron ?

- Ca fait longtemps qu'on a pas mangé autre chose que McDo. Kebab ?

- Je croyais que tu n'aimais pas ça ?

- Ça, ce n'est pas ton problème gamin*. »

Il rougit un peu, toujours impressionné par le ton impérieux du Patron. Ils commandèrent rapidement et énormément. Le chef leur demanda donc de patienter. A la surprise du Geek, le Patron ne s'en énerva même pas. Lui pourtant si impatient se contenta de sortir fumer. Interloqué, le petit le rejoignit.

« Dis Patron … ?

- Quoi ?

- Tu as pas l'air d'aller bien …

- Je suis en pleine forme gamin. »

Le no-life fit la moue.

« Tu sais, tu n'as pas toujours besoin de m'aider pour le montage. Tu peux te reposer aussi, comme Mathieu. Je peux me débrouiller tout seul.

- Je croyais que tu n'aimais pas être seul ?

- Oui mais je... C'est que tu as l'air préoccupé et... »

Sa tirade brouillonne s'arrêta. Il se força à fixer les lunettes de soleil du Patron, outrepassant sa timidité.

« C'est pas ton problème ça, lui dit-il en tremblant. »

A peine s'était-il exprimé qu'il baissa le regard sur ses pieds. Il sentit une main sur son crâne, et ferma les yeux, appréhendant la claque qui allait suivre, mais qui ne vint pas. Le Patron passa à côté de lui en lui ébouriffant les cheveux, avant de retourner dans le kebab.

Le Geek resta quelques instants interdit, les oreilles se teintant de rouge. Il calma difficilement son sourire heureux avant de rejoindre son aîné.


Le gamin se posa à nouveau devant son ordinateur, un kebab à moité en bouche. Il se concentrait sur son ordinateur, laissant au Patron la possibilité de le reluquer.

Ce morveux l'avait étonné. Déjà, il avait remarqué que quelque chose ne tournait pas rond chez lui. Ensuite, il s'inquiétait pour lui. Et il réussissait même à montrer un peu de fougue ! Ce petit progressait beaucoup depuis qu'il s'occupait davantage des épisodes de SLG.

Le criminel posa ses yeux sur son écran, et débuta la configuration du son. Les problèmes familiaux d'Alexis compliquaient grandement le montage audio, s'ajoutant à la santé de Mathieu, qui se fragilisait. Enfin, ça allait un peu mieux depuis qu'il se reposait.

Depuis qu'il sortait avec cette femme aussi. Les doigts du Patron se crispèrent sur sa souris. Elle lui convenait parfaitement. Mignonne, intelligente, honnête, équilibrée, amoureuse. Si tant est que ces deux derniers mots peuvent s'accorder.

La violence de ses sentiments le rendait dubitatif quant-à cela. Ils le rendaient un jour heureux, un jour fou de rage. En ce moment, ils le faisaient juste souffrir. Il aimait le voir rire, le voir épanoui. Il aurait juste voulu être celui qui lui apporte ça. Ce ne serait pas le cas, Mathieu avait été très clair.

Quelques temps avant qu'il ne rencontre sa chérie actuelle, le vidéaste avait pris à parti son double noir. Le Patron se souvenait de chacun de ses mots.

« Écoute Patron, je sais pas ce que tu as en ce moment, si t'es en rut ou quoi, mais arrête tes commentaires entre toi et moi. Arrête d'essayer de me toucher. Arrête juste tout ça. »

Il avait tenté de lui expliciter ses sentiments, mais ne parvint en rien à le convaincre. Quelques jours plus tard, il l'emmenait à l'hôpital. Mathieu avait fait un burn out. Il s'en occupa tout du long. Pourtant, le vidéaste n'accordait aucun crédit à son attention.

Voilà ce qu'on récolte à aimer. Une ronce, qui plante ses épines le long des muscles, qui enserre les vaisseaux, qui s'approprie le corps tout entier, jusqu'à disséminer des spores illusoires, sous forme d'espoir, trompant le cœur. Il n'existe pas de symbiose, mais une véritable relation parasitaire. La plante immonde suce la moindre pensée positive, en fait sa sève, et recrache ses poisons de déceptions, dont elle se nourrira d'autant plus ensuite.

« Patron... ?

- Qu'est-ce qui a gamin ? »

Le geek retira ses oreillettes.

« Tu as vraiment déjà fait ça avec un cadavre ? »

Le Patron mit sa main devant sa bouche pour pouffer.

« Oh oui.

- Mais... Mais c'est horrible ! C'est dégoûtant et... Tu es un nécrophile !

- Je suis dégoûtant, oui. Mais nécrophile ? On peut tous l'être mon cher. Ca veut juste dire qu'on aime un mort.

- Je... Je pourrais pas...

- Imagine maintenant que tu es amoureux de quelqu'un. Vraiment. Quand cette personne mourra, tu arrêteras de l'aimer comme ça, pouf ? Si son cadavre est entre tes bras, tu ne l'embrasseras pas une dernière fois ?

- Je... »

Les yeux du gamin papillonnait. Il adorait le perturber.

« Mais tu étais amoureux de la personne morte avec qui tu as couché ?

- Je tombe pas amoureux moi. »

Il ne devait pas être amoureux. Il ne devait pas ressentir ça.

« Mais... Et Mathieu ? »

Le Patron, derrière ses lunettes, lui lança un regard noir. Sa lèvre supérieure dévoilait sa canine gauche. Le gamin déglutit. Il l'avait énervé. Ou attristé. Peut-être les deux.

« Il est très bien avec sa salope, décréta-t-il sèchement.

- Mais...

- Il va sans doute finir sa vie avec. Il sera sans doute heureux. Elle le fait se sentir bien, on le sent tous. Toi aussi non ? Alors pourquoi tu viens me faire chier avec ça bordel !

- Parce que je trouve ça injuste pour toi Patron ! »

Le petit s'était levé devant lui, lui lançant un regard enflammé.

« Tu... Tu fais tout pour lui ! Tu lui as permis de grandir, de s'épanouir ! A chaque problème, tu prends tout sur toi ! Quand il va mal, tu le chouchoutes ! Il ne te rend rien de ce que tu lui donnes et...

- Tais toi ! Tais toi ! »

Le Patron l'avait rejoint et plaquait maintenant sa main sur sa bouche. Il eut besoin de déglutir plusieurs fois, avant de pouvoir dire :

« Je vais bien. »

Le geek éclata en sanglot dans ses bras. Il ne le rejeta pas. Au contraire, il le laissa se blottir contre lui. Parce que les larmes qui coulaient, elles coulaient pour lui. Il ne pouvait pas pleurer. Ses yeux se voulaient arides comme son cœur aurait du le rester. Alors le geek pleurait à sa place toutes les larmes de leur corps.

Mathieu serrait la poignée de porte autant que ses dents. Il venait juste voir comment les choses se déroulaient pour le montage. Il ne pensait pas tomber sur une scène aussi bouleversante. Son estomac se contractait au même rythme que son cœur. Avait-il mal jugé les sentiments du Patron ? Cet être pouvait-il être honnête ? Sincère ? Amoureux ? De lui ?


Le montage s'achevait quelques heures auparavant. Le geek et lui avaient pris trois jours. Presque aussi bien que lorsque Mathieu le fait. Ce dernier passerait sans doute sa nuit à vérifier les raccords, les jeux d'acteurs, les effets spéciaux visuels ou sonores.

Il s'endormirait sûrement devant l'écran. C'est alors que le Patron apparaîtrait. Le porterait comme le Seigneur qu'il est pour dormir dans son lit. Un sommeil mérité, comme toujours.

Tout ne se déroule pas toujours comme prévu.

Ses yeux oscillaient, entre Sartre et la noirceur du sommeil, quand on toqua à sa porte. Il ne trouva pas de suite la force de se redresser. Il se contenta alors d'un « entrez » fatigué. Il s'assit pourtant bien vite en reconnaissant Mathieu à ses habits, devant le seuil. Il se réjouit que le vidéaste porte son t-shirt violet. Sans ses lunettes, il ne voyait pas vraiment à plus de vingt centimètres.

« Un problème avec le montage gamin ? Ou alors tu te sens mal ?

- Merci de t'inquiéter, Patron. »

Son créateur s'approchait de lui, jusqu'à s'asseoir sur son lit. Il en frissonna, de l'avoir si proche de lui.

« Si tu crèves, moi aussi. Du coup c'est normal que... »

Une main sur sa joue le fit se taire. Les doigts de Mathieu lui semblaient infiniment plus doux qu'il ne s'en souvenait. Ils se baladaient sur son visage, longeant sa mâchoire, remontant sur ses lèvres.

« Qu'est-ce que tu fais ? Arriva-t-il a murmurer.

- Je te remercie comme il se doit. »

Les lèvres du vidéaste contactèrent les siennes dans un intense instant. Le Patron ne se posa pas de questions. Il ne voulait pas se questionner. Il ne voulait pas penser. Il profiterait juste du cadeau que lui faisait enfin la vie.

Ses doigts se perdirent dans la chevelure châtain alors qu'il se collait à lui sans restriction. Il le caressait, le déshabillait, le câlinait. Le Patron ne prenait habituellement pas son temps. Mais là, c'était différent. Mathieu le remerciait. Et si cela devait être la seule fois, il comptait bien lui offrir une nuit de rêve.

Son créateur ne l'avait sans doute jamais fait avec un homme, vu ses réactions. Il se laissait faire avec gêne, les yeux fermés, mais le visage quémandeur. Son torse frêle s'élevait sous ses coups de langue. Le Patron jubilait. Pouvoir toucher cet être mystique à ses yeux. Pouvoir lui donner tellement de plaisir.

Il découvrit de tout tissu le membre de son aimé, pour le découvrir identique au sien. Pas de toison pubienne. Il devait couper ce petit pervers. Ainsi, ça procure plus de sensations.

Il put embrasser les contours lisses de son entre-jambe, avant d'y longer sa langue. Des gémissements l'incitaient à plus de luxure. Le Patron reconnaissait à peine sa voix. Son protégé se retenait. Fier, comme toujours.

Il humidifia son index avant d'aller titiller l'antre de son créateur. Celui-ci redressa aussitôt le buste pour s'accrocher à lui. Le criminel sentait son souffle erratique sur sa nuque et son dos, qui s'intensifiait à chaque nouvelle profondeur atteinte.

« Je peux te prendre ? »

Il posait cette question pour la première fois de sa vie. Il n'en ressentait pas le besoin habituellement. Consentant ou pas, il défonçait le cul de chaque traînée l'allumant un peu. Avec Mathieu, tout devenait différent.

Il ne reçut pas de réponse en toutes lettres, mais un suçon sur le cou qui voulait en dire bien assez. Il s'installa dos contre mur, assis sur son lit, et l'entraîna à califourchon sur lui. Il était incroyablement léger.

Avant de commencer sa pénétration, il s'empara de ses lèvres. Jamais un baiser ne l'enivrait à ce point. Sa langue spiritueuse lui faisait perdre toute notion de réalité. Il aimait tellement être là, contre lui. S'il n'avait pas temps l'habitude de coucher, il aurait sans doute joui de ce simple contact.

« Détends toi... »

Ses doigts écartaient l'orifice, alors qu'il y insérait lentement son sexe. Une jérémiade inquiète s'accorda à des doigts griffant sa peau. Le Patron remonta ses mains sur le dos du vidéaste, le massant au passage. Arrivé à sa nuque, il le fit redresser la tête. La noirceur ambiante l'empêchait d'examiner le visage qu'il aimait temps.

Il déposa son front contre celui de son homologue. Dans un coup de bassin, il le pénétra entièrement. Presque aussitôt, Mathieu l'embrassa. L'homme en noir le sentait rouler son bassin archaïquement. Il lui en demandait plus.

« T'aimes ça Math' ? Susurra-t-il contre ses lèvres. »

Ce surnom, il ne l'utilisait presque jamais. Personne ne l'utilisait à part lui, en de très rares occasions. Une goutte humide atteignit sa joue, et glissa sur son menton. Il pleurait ?

« Ça va ?

- Plus fort … Entendit-il. »

Mathieu demandait, le Patron s'exécutait. Il ne rechignerait jamais à l'effort pour lui. Surtout pas à ce moment là. Il l'allongea sur le dos, et posa ses jambes sur ses épaules. Le cul bien exposé devant lui, il entreprit des mouvements rapides, qu'il saccadait d'instants plus lents.

Son amant sursautait, se courbait, suppliait incompréhensiblement. Il s'empara de son sexe pour le masturber en même temps. Le double plaisir agit bien plus rapidement qu'il le supposait, car un instant plus tard, un liquide blanchâtre bondit sur le torse du créateur de SLG.

Ses muscles se contractèrent alors dans un chaos pressant la jouissance du Patron. Ce dernier se vida longuement, dans un râle salvateur. Son bassin continuait ses allers retours lents, faisant suinter dans des bruits luxurieux l'antre de Mathieu. Son Mathieu. Celui qu'il possédait enfin.

Il s'allongea contre lui, l'enlaçant d'un bras ferme. Il ne le lâcherait jamais. Même s'il n'était qu'un numéro deux, qu'un coup de temps en temps sans que sa copine ne le sache, qu'une roue de secours. Il accepterait tout de lui.


Le geek ouvrit lentement les yeux. Il ne se souvenait plus de s'être endormi. Il vit l'heure sur le réveil face à lui. Six heures. Il se tourna pour se rendormir. Au passage, il put se blottir contre le torse de son nouvel amant. Plus tard, il devra lui dire la vérité. Ca l'effrayait. Il préféra ne pas y penser, et apprécier l'odeur brute du Patron.


Le Patron enserra un peu plus son amant alors qu'il la conscience lui revenait lentement. Il n'avait plus passé une nuit aussi apaisante depuis longtemps. Toute sa fatigue cumulée semblait s'être transformée en une vitalité délicieuse. Cette journée commençait bien.

Il s'attarda sur l'odeur de son aimé, qui l'étonna un peu. Il n'en avait rien remarqué hier, mais elle était bien plus douce que celle que son amant pouvait manifester. Le sexe l'adoucissait ? Il n'avait jamais entendu parler de ça, mais pourquoi pas.

Il glissa ses mains sur le buste de son amant. Il put presque compter ses côtes. Son imagination et les photos qu'il avait prise de lui l'amenait à supposer plus de muscle. Il lui embrassa la nuque, décidé à lui conseiller des exercices de musculation.

La main de Mathieu rencontra la sienne. Il croisa leurs doigts ensemble. Il le sentait trembler un peu.

« Bien dormi ? »

Un soupir comblé lui répondit. Le Patron se redressa sur ses coudes pour s'allonger au dessus de lui et l'embrasser. Son baiser resta cependant à sens unique. Le vidéaste se dégagea pour se relever.

« Je vais y aller. On se voit plus tard. »

Sa voix se teintait de fatigue, comme voilée. Il s'éloigna sans tourner les yeux, laissant seul un Patron légèrement blessé. Son amant regrettait leur nuit passée ensemble. Il se repassa la film dans sa tête, s'assurant qu'il ne l'avait forcé à rien. Alors où était le mal ? Sa copine ne l'apprendrait jamais.

Il quitta ses draps et se vêtit. Pas si joyeuse que ça cette matinée.

Dans la cuisine, son créateur mangeait ses tartines et son café habituels. Malgré ses cernes, il lui offrit un sourire sincère.

« C'était du bon boulot. Je suis ravi ! »

Le Patron, étonné par sa réplique, se contenta de se servir un café avant de s'asseoir face à lui.

« C'est juste parfait. Merci. »

Le criminel reprit doucement confiance. Mathieu devait juste avoir faim, pour partir aussi vite.

« Tant mieux, je m'inquiétais un peu.

- Aucune raison.

- Ta réaction avant m'a surpris.

- Avant … ?

- Ouai, tu es parti comme ça … C'était pas super agréable quoi. Je m'en fous, tu fais ce que tu veux, mais bon.

- De quoi tu parles Patron ? »

Les deux hommes se fixaient, cherchant l'un l'autre à se comprendre. Les escaliers grincèrent, et le geek apparut. Ses éternels vêtements sur le dos, il observait à tour de rôle ses deux doubles.

« Que... Qu'est-ce qui se passe ?

- Rien, enfin je crois. Je félicitais le Patron et toi pour le montage, et il a commencé à me parler de... Je ne sais pas quoi. »

Les joues du petit s'enflammèrent. Des gouttes d'eau glissaient de ses cheveux à sa nuque, preuve d'une douche récente. Sur son cou, le Patron décela une marque qu'il ne connaissait que trop bien. La sienne. Celle des légers suçons discrets, visiblement seulement quand on sait qu'ils sont là. Ou quand on en est l'artisan.

Le criminel se leva brusquement, renversant sa tasse.

« T'as fait quoi putain ?! »

Il empoigna le col du gamin. Ses pieds se décollèrent du sol.

« Pa... Patron...

- C'était toi putain ?! Réponds ! »

Il releva ses doigts sur sa gorge. Sa prise s'affirma encore.

« Comment t'as pu faire ça petite salope !

- Ca suffit Patron ! »

Une poigne ferme agrippa l'avant bras du criminel.

« Lâche le !

- Mais il …

- Je m'en fous ! Lâche le ! »

Il envoya bouler le garçon, qui s'étala au sol. Le petit toussa, s'étouffant dans ses sanglots. Le Patron fit un pas en avant, près à lui frapper le crâne. Mathieu s'imposa devant lui.

« Calme toi bordel !

- Jamais !

- Mais il a fait quoi ?!

- Je vais le tuer ! Je vais le tuer ! »

Le Patron sentit les mains de son créateur le pousser à s'éloigner du geek. Celui-ci s'enfuit par les escaliers.

« Patron, explique moi ce qui se passe, tenta Mathieu, ses mains toujours sur le buste de son double. »

L'homme en noir gronda.

« Il s'est fait passer pour toi putain.

- Quoi ?

- Il m'a fait croire que c'était toi hier soir ! »

Mathieu fronça les sourcils.

« Et … ?

- Et je l'ai baisé bordel de merde.

- Pardon ? »

Le vidéaste se détacha.

« Il m'a fait des putains d'avance, en me faisant croire que c'est toi.

- T'as couché avec le geek. En croyant que c'est moi.

- Ouai putain !

- T'es dégueulasse mec. »

Le Patron écarquilla les yeux.

« Quoi mais …

- Tu m'as sorti quoi comme connerie ? Que tu m'aimais ? Mec, tu me reconnais même pas ! Et tu croyais franchement qu'un jour dans ma vie j'allais baiser avec toi ! Tu m'as pris pour quoi comme pute ? »

Son cœur se comprima, en même temps que son ventre et chacun de ses muscles. Il tourna sur ses talons, et quitta la maison.


« Fais chier ! »

Le geek balança sa manette sur le sol. Même ses jeux se retournaient contre lui. Il s'engouffra sur son lit. Les images du Patron, fou de colère, lui revinrent en tête. Des larmes se formaient aux coins de ses yeux.

Il n'avait jamais voulu le blesser. Au contraire. Il voulait son bonheur. Si le Patron le détestait maintenant, il ne saurait plus quoi faire. Il avait besoin de sa force, de son impédance, de son insolence, pour se développer lui même. Plus que ça même. Il avait besoin de lui pour vivre. Pour se sentir entier.

Des bruits sourds contre sa porte le sortir de ses pensées.

« Entrez ! »

Il observa quelques instants Mathieu, qui sur le seuil de sa chambre, semblait hésiter entre rage et incompréhension.

« Mais pourquoi tu as fait ça ?

- Je voulais qu'il soit heureux...

- En me salissant ?

- Ca n'avait rien de sale... »

Le regard de Mathieu épiait l'intimité du geek, qui tourna les yeux avec pudeur. Ce moment, ces instants magiques, lui appartenait. Même si le Patron ne lui avait pas vraiment fait l'amour à lui ce soir là. Il s'appropriait cette affection qu'il espérait tant.

« C'est vrai que tu n'as pas l'air d'avoir vécu un truc dégueulasse. Mais quand même ! »

Il se décala un peu pour que son créateur s'installe à côté de lui.

« T'es amoureux de lui sale gosse ?

- Je ne sais pas. Je veux juste pas qu'il aille mal. Et en ce moment, il va mal, parce que tu es pas amoureux de lui.

- Tu crois vraiment ses sentiments sincères ? Je veux dire, pour moi ?

- En fait... C'est bizarre ce qu'on ressent pour toi. C'est comme si notre vie entière tournait autour de toi. Le hippie, le Panda, le Patron, moi, on sent tous la même chose. Alors quand tu es avec quelqu'un, on a peur pour toi. On te veut pour nous. Tous les quatre. »

Mathieu lui parut étonné.

« On se contient, parce qu'elle te rend heureux en ce moment. Et c'est le plus important. Au début, je croyais juste que le Patron extériorisait plus notre possession. Pour nous protéger. Mais hier j'ai compris … Quand on était ensemble, quand il croyait que j'étais toi … C'était différent. »

Mathieu poussa un long soupir.

« Je vous aime tous les quatre. Mais pas comme ça.

-Je sais. On le sait. Mais ça n'enlève rien de ce qu'on ressent pour toi. »

Le geek sourit à son créateur.

« C'est pas de ta faute.

- Merci petit. Ca va toi ?

- J'ai peur qu'il me déteste …

- Je vais aller lui parler. Comme ça, ça ira. D'accord ? »

Le no-life se réfugia dans les bras de Mathieu.


« Comment t'as su que j'étais là gamin ?

- On s'est rencontré ici non ? »

Mathieu s'installa sur la balançoire à côté de celle du Patron.

« T'es venu seul ?

- Oui.

- Je t'ai déjà dit de faire gaffe à ton cul la nuit. T'es un vidéaste connu, pas le dernier vendeur de frittes du coin. »

Ledit vidéaste pouffa un peu, avant de reprendre son sérieux.

« Je suis désolé. J'ai abusé.

- Non. T'as raison. J'avais tellement envie de toi, j'ai vu ce que je voulais voir.

- Tu en veux au geek ?

- Je sais pas trop quoi penser. C'est un bon coup ce con.

- Il ne pensait pas à mal.

- C'est douloureux quand même. »

Le Patron s'était levé. Éclairé par la lune, sa peau paraissait encore plus pâle. Mathieu le rejoignit.

« Je crois qu'il t'apprécie beaucoup. Donne lui sa chance ? Tu n'as rien à perdre.

- Je vais voir. On rentre ? »

Le criminel se mettait déjà en route. Derrière lui, Mathieu sourit doucement, avant de le suivre.


« Le montage de l'anniversaire ?

- Oui, je m'en occuperai moi même. Tu peux te reposer un peu comme ça, geek . Ca fera moins de boulot pour le Patron aussi.

- Merci ! »

Le gamin lui sauta au cou. Il le reposa à terre quand le Patron pénétra dans la salle.

« Qu'est-ce que j'entends ? Moins de taf la semaine prochaine ?

- Je vous ai assez saouler dernièrement. Profitez un peu. »

Le bras de l'homme en noir enlaça les épaules du double le plus frêle.

« J'y compte bien gamin. »


*Cette phrase m'est venu d'un moment trop mignon vécu dans le train.

Assise avec mon ordinateur devant moi, je m'inspirais des personnes autour pour des OC potentiels.

Un homme âgé et ses deux petites filles se trouvaient à côté de moi. Les deux gamines débattaient pour trouver dans quel sens allait partir le train. L'une d'elle était assise à contre sens, l'autre dans le bon. Le grand père se trouvait à côté de celle aux cheveux bouclés et à fort caractère, dans le « bon sens ». L'autre, seule, ne voulait pas être dans le mauvais sens.

Le pépé les regardait avec tendresse, alors qu'elles se demandaient vers où irait le train. A un moment, je m'en mêle, expliquant la direction. La gamine à contre sens prend donc la place de son grand père. L'autre aux cheveux bouclés dit alors :

« Mais papy ! Tu as dit que tu n'aimais pas être à contre sens. »

L'homme âgé répondit avec fermeté en s'asseyant :

« Ca, ce n'est pas ton problème. »