THE BODY

Comme tous les matins, il se levait, livide, fatigué. Ses jambes maigres avaient du mal à le soutenir, et pourtant, il n'était fait que de peau et d'os.
Courbé, avançant au ralenti, il s'approcha de la fenêtre de sa chambre, et appuya sur le bouton ouvrant ses volets électriques. Il ouvrit la fenêtre, appréciant le vent frais du printemps. Prenant une grande respiration, il se dirigea vers la cuisine, machinalement. Le frigo était plein à craquer, comme tous les matins, rempli par les bons soins de sa mère. « Plus pour longtemps », pensa-t-il.

Prenant soin de tout regarder, de bien analyser chaque aliment, il commença alors son terrible rituel. Un plateau, avec de multiples aliments dessus, cinq yoghourts, deux bouteilles de jus de fruits, un énorme bol de céréales, une baguette de pain avec dessus une énorme couche de pâte à tartiner, et enfin, une conserve de raviolis qu'il n'avait même pas pris le temps de réchauffer. S'asseyant à l'écart, le plus proche possible du WC, il commença à tout dévorer, ne faisant plus attention aux saveurs. Prenant soin de boire après chaque bouchée qu'il avalait, il s'enfonçait de plus en plus dans son délire.

Le pain était maintenant terminé, et il s'attaquait aux céréales, puis aux yoghourts, et finit par engloutir la conserve, froide. Dans les vingt minutes qu'avait duré son repas, il ne restait à présent rien qu'un fond de jus dans une bouteille. Déposant son plateau sur le côté, il se précipita ensuite vers les toilettes. Il avait attendu ce moment là tout le long du repas, et c'est dans un bruit écoeurant qu'il se vida. Mais pas seulement du contenu de son estomac, non. Avec cet horrible rituel, le jeune homme se vidait de tout. Du regard des autres, de ses peurs, de son angoisse, de sa tristesse, de sa colère, de tout. Il tira enfin la chasse, ouvrit la fenêtre et la serrure de la pièce où il avait passé les dernières minutes, ramassa son plateau qu'il déposa dans la cuisine, puis, d'un pas lourd, se dirigea avec un sourire satisfait vers la salle de bain, où il se lava, pris un comprimé vitaminé, et contempla son image pendant plusieurs minutes, avant de s'habiller, faisant très attention à son image.
Emportant avec lui ses affaires de cours, il se rendit, comme tous les jours, à l'école d'art, où il étudiait, n'oubliant pas d'adresser à son chien une caresse. Après qu'il ait fermé la porte, sa mère, comme tous les jours depuis 5 ans, éclata en sanglot, consolée par son père. Car depuis cinq ans, Naruto était boulimique.

Arrivant aux portes de l'endroit où il étudiait, Naruto se rendit auprès de son petit ami, Neji, avec qui il n'était que depuis quelques semaines, mais de qui il s'était déjà beaucoup entiché. Après un furtif baiser, les deux hommes se dirigèrent vers leur premier cours de la journée, se tenant par la main.

Passant devant la cafétéria, les pulsions de Naruto le reprirent. Il avait besoin de se vider, encore une fois. Prétextant un mal de crâne, il se détacha de son petit ami, lui disant de prévenir leur professeur de son retard. Ne se doutant de rien, Neji accepta, déposant un baiser sur les lèvres de Naruto. Attendant que son homologue entre en classe, Naruto pris ensuite la direction de la cafétéria, où il acheta deux bouteilles d'eau et deux sandwich, puis il alla au distributeur prendre plusieurs paquets de bonbons et autres sucreries. Il s'enferma ensuite dans un cabinet, et recommença son rituel, avalant la nourriture, la coupant avec de l'eau, puis se vidant, emportant encore une fois lors de l'acte toutes ses souffrances.

Sortant de la minuscule pièce les larmes aux yeux, et l'haleine mauvaise. Il prit un chewing-gum, le mâcha, le recracha, et répéta l'action trois fois, pour enfin garder le quatrième en bouche, et se rendre en cours. Il s'assit à côté de Neji, et lui fit un grand sourire, lui assurant que son mal de crâne était passé. Le reste de la journée se passa tranquillement, Naruto rentrant chez lui pour le déjeuner afin d'assouvir ses pulsions. Faisant pour une fois un effort, il accepta de suivre ses amis pour un café, où il ne put s'empêcher de prendre un muffin et un chocolat chaud, pour ensuite passer aux toilettes.

Toutes ses journées étaient ainsi rythmées, et le jeune homme s'enfonçait de plus en plus, et en toute discrétion dans sa maladie. Les jours se ressemblaient, il sombrait de plus en plus, et à chaque journée qui passait, il coulait, et son corps s'affaiblissait. Mais ce soir là, en rentrant, il trouva ses parents, debout, enlacés devant la porte de son domicile. Avec eux, se trouvait un jeune homme, aux longs cheveux noirs, et portant une longue blouse blanche. A ce moment, le jeune blond se sentit comme piégé, et avançant d'un pas lent se dirigea vers les trois personnes lui faisant face. Arrivé à leur hauteur, son père pausa une main chaude sur son épaule, lui intimant que tout allait bien se passer, et de seulement suivre le docteur. Il monta donc dans cette voiture inconnue, qui allait l'emmener dans un endroit inconnu, où tous ses gestes seraient désormais surveillés. Regardant sa maison s'éloigner, le blondinet laissa échapper la première larme, celle qui attendait de sortir depuis maintenant cinq ans.


Voilà, un prologue très court.
J'espère qu'il vous plaira, et pour ceux que ça intéresse, j'ai aussi une autre histoire !

Bonne lecture à tous et à toutes, plein plein de bisous.
Princesse Consuella.