Titre : Le 2 mai
Rating : T
Disclaimer : JK Rowling !
Bêta Correctrice : Regan_Potter
Synopsis : Chaque année, c'est la même histoire. Alors que tout le monde se réunit pour fêter la mort de Voldemort, tu disparais ! Ignorant invitations, cérémonies, et jubilés. Mais cette année, c'est décidé, je découvrirai enfin ton secret !
Le jaloux est proche du cocu, déjà il est trompé, et déjà il en souffre.
Louis Teissier Du Cros
Des oiseaux chantent sur le bord de la fenêtre, célébrant ce premier week-end de Mai. La tête encore dans mes songes brumeux, je m'éveille doucement. Je laisse mes yeux s'habituer à la pénombre ambiante, en appréciant le calme qui règne sur le manoir. Un rai de lumière passe par l'interstice des lourds rideaux de velours, tombant en flaque dorée sur le parquet. Des paillettes d'or dansent dans les airs. Aujourd'hui, c'est férié et cela promet d'être une belle journée.
Ronronnant de contentement, je m'imagine la suite : Après une grasse matinée ponctuée de câlins, on prendra un petit déjeuner ensemble sur la terrasse, profitant des premiers rayons de soleil. Pendant qu'il lira le journal, je lui verserai un thé, tout en surveillant du coin de l'œil que notre fils mange correctement. Une vraie allégorie du bonheur. Cet après midi, on ira se promener dans les avenues chics de Dungeons Road, visiter les boutiques les plus élégantes. On déjeunera dans un charmant petit restaurant, avant de rentrer s'habiller de nos plus beaux atours pour une soirée officielle au ministère. Les mains jointes, nous rayonnerons de bonheur, faisant pâlir de jalousie tout ces politiques. Puis, de retour à la maison, il m'embrassera sauvagement et me portera délicatement dans notre chambre, en me murmurant des mots doux à l'oreille…
La sonnerie de l'horloge résonne brusquement, troublant par ses lourdes harmonies le silence de la chambre.
Il est 6 heures…
Dans mon dos, je sens mon mari qui se réveille. Les draps se froissent, le matelas se soulève, un oreiller tombe. Le son de l'air fendu par une baguette, et le silence revient.
Je me redresse doucement et m'adresse à lui avec un sourire :
-Bonjo…
Mais il est déjà débout et sans m'accorder un regard, s'enferme dans la salle de bain.
Comme chaque matin, tu déjeuneras sans m'adresser une parole.
Comme chaque journée, tu passeras la cheminée pour ton bureau et ne rentreras que tard le soir.
Comme chaque nuit, tu iras embrasser distraitement notre fils, et partiras te coucher sans m'accorder une once d'attention.
Mais aujourd'hui, c'est férié.
Et comme chaque année, alors que tout le monde se réunit en ce jour festif pour commémorer la mort de Voldemort, tu disparaîtras ! Ignorant invitations, cérémonies, et jubilés, pour une destination qui m'est inconnue…
Des pleurs se font entendre plus loin, m'indiquant que notre fils est réveillé.
Cruelle réalité…
Lâchant un soupir, je me lève à mon tour, et drapée dans un magnifique peignoir Jean Paul Sorcier, je me rends dans la chambre de Scorpius.
Je tire les cordons en taffetas, actionnant l'ouverture des rideaux. Les faisceaux de lumière s'engouffrent dans la pièce pour l'illuminer. Je louvoie entre quelques jouets qui jonchent l'épais tapis, et me dirige vers le somptueux berceau d'acajou. Les pleurs ont cessé.
Scorpius me regarde de ses grands yeux bleu limpide, quelques mèches blondes collées sur son front par la sueur de la nuit. Il est le portrait craché de son père.
Il m'accorde un grand sourire, faisant apparaître ses petites dents blanches. Attendrie, je le prends contre moi pour une tendre étreinte. Puis, j'entreprends de le changer avant de l'emmailloter confortablement dans une barboteuse hors de prix. Une fois prêt, nous descendons dans la grande salle pour déjeuner.
Pendant que j'installe Scorpius à table, je sonne un elfe de maison, qui s'empresse aussitôt d'apparaître.
- Tinkey, apporte-nous le déjeuner !
- Oui maîtresse Astoria ! Tinkey vous apporte le repas ! Tinkey se dépêche Maîtresse Astoria !
Le petit elfe s'affaire inutilement autour de nous puis disparaît dans un « pop » sonore, alors que mon mari fait son entrée dans la pièce.
J'ai beau le connaître depuis Poudlard, et le côtoyer chaque jour, je reste soufflée devant tant de prestance et d'éclat. Aujourd'hui, il a particulièrement soigné son apparence. Une bouffée d'orgueil vient m'envahir. C'est mon époux !
La tête haute, le port altier, il est vêtu d'un simple costume de Lin blanc, qui rehausse l'éclat de sa peau. Ses cheveux d'or attachés d'un simple ruban de soie, retombent élégamment sur son épaule. Ebahie, je me contente de le suivre du regard, alors qu'il se penche pour embrasser notre enfant. Je remarque alors la fleur d'absinthe accrochée à sa boutonnière.
Toujours la même.
Puis, je prends conscience, qu'une fois encore, alors que le monde entier portera le deuil en cette journée de commémoration, que tu as un ensemble d'un blanc éclatant. Quel est donc le secret que tu caches depuis tant d'années ?
Tu te redresses doucement, un sourire mélancolique au bout des lèvres pendant que tu passes une main affectueuse dans les cheveux de notre fils. Puis, tu t'assieds à l'autre bout de la table. Si loin de moi. Ton regard gris perdu dans le vague, tu effleures légèrement les fin pétales d'or pâle.
Nous sommes mariés, mais ton cœur et ton âme sont loin de m'appartenir.
Décidément, ma vie est bien différente de ce que j'avais imaginé lorsque je l'ai épousé lui, Draco Malfoy.
Souvent, lors de repas dominicaux, il laissait errer son regard sur Daphnée. Je surprenais alors une étrange lueur au fond de ses yeux. Du chagrin, du regret de ne pas l'avoir choisie peut être ? Non ce n'était pas cela…
Fréquemment, je lui demandais pourquoi il avait arrêté son choix sur moi et non ma sœur. Mais jamais je n'obtins la moindre réponse. Il me contemplait fixement, ses minces lèvres serrées, parfois son regard glissait sur Scorpius et il passait délicatement sa main sur sa tête, son visage devenait mélancolique. Puis, il tournait les talons avant d'aller s'enfermer sans un mot dans son bureau… Pendant des heures…
La question me taraudait, m'inquiétait.
J'échafaudais de multiples théories, toute ayant pour point commun de me blesser encore d'avantage. Et s'ils étaient amants ? Ou alors un amour à sens unique, et suite à un rejet, il m'aurait épousé pour se rapprocher d'elle ? Jouaient ils à mon insu une farce cruelle ? L'ignorance me plongeait dans l'affres de la tourmente.
Un jour, je le saurai.
Cette froide détermination qui régentait ma vie me poussa à agir comme je le fis aujourd'hui.
