Et une nouvelle fic, une ! je m'en sors pas…^^;;; J'espère que ça vous plaira.

Au passage, je voulais remercier tout ceux qu'on mis une review à "Couche-Tard et Lève-Tôt", je suis heureuse que ça vous ai plu autant ! ^^ Mais, euh, vous savez que c'est sensé être un one-shot ? ^^;;;;;; J'en ferais probablement une séquelle malgré tout… Mais bon, pour l'instant, bonne lecture ! ^_____^

La Mort et le Papillon

Avertissements : grômaldecrâne ! 'tention, malgré les apparences, c'est pas un AU…

PROLOGUE

Il était une fois…

Il était une fois un Jeune Homme, un Jeune Homme avec des majuscules, parce qu'il est important.

Il était une fois, donc, un Jeune Homme qui marchait, aux alentours de 1640 après Jésus-Christ, sur une route poussiéreuse, en direction d'un village. C'était un Jeune Homme comme on en rencontrait peu : il avait la peau plutôt claire, de longs, très longs cheveux châtains, qui étaient pour le moment nattés, et des yeux bleu tirant curieusement sur le violet. Il était tout habillé de noir, sa tunique, son pantalon, ses bottes, sa cape, et même le ruban qui retenait ses mèches on aurait pu croire qu'il était en deuil, mais il avait l'air de bonne humeur, et semblait apprécier le Soleil printanier, souriant tout seul.

Il ne portait pas d'armes, pas même une petite dague.

Pourtant il ne s'était jamais fait attaquer.

Ses vêtements étaient de bonne qualité, et son port plutôt fier, mais il n'avait pas l'air de faire partie de la Noblesse, peut-être parce qu'il ne méprisait personne et traitait tout le monde à égalité, roi ou mendiant, intellectuel ou ignorant.

Lorsque le Jeune Homme entra dans l'auberge, personne ne fit vraiment attention à lui, malgré son apparence. Peut-être était-ce parce qu'il n'y avait pas grand monde, mais peut-être aussi parce qu'il n'avait pas envie de se faire remarquer. De toutes façons, les gens avaient tendance à l'oublier après qu'il soit passé.

Malgré tout, le tenancier de l'auberge, un homme sale portant une moustache fournie, vint le servir sans que le Jeune Homme eut à se rappeler à lui.

_ Il n'y a pas beaucoup de monde, remarqua-t-il. Qu'est-ce qu'il se passe ? Votre curé a fait un sermon la veille ?

Le tenancier sourit, dévoilant une denture jaunâtre et secoua la tête.

_ Non, dit-il. Le manoir du Seigneur a brûlé la nuit dernière, il est mort, avec tous ses serviteurs.

_ Ah, fit le Jeune Homme, comprenant pourquoi ses pas l'avaient mené jusqu'ici.

_ Il reste qu'un survivant, continua le tenancier, heureux de pouvoir discuter. Le fils du Maître. Mais vous savez, il n'est pas comme vous et moi…

_ Vraiment ? sourit le Jeune Homme qui savait à quel point le tenancier ne pouvait pas être comme lui.

L'homme hocha la tête gravement, puis dit sur le ton de la confidence :

_ Il est à moitié sauvage. Sa mère, le Seigneur l'avait ramenée de l'autre bord du monde, vous voyez. Ils ont les yeux étirés, là-bas, et la peau pas comme nous.

_ Il l'a ramenée de là-bas ? répéta le Jeune Homme, honnêtement impressionné.

Rares étaient ceux qui dépassaient les Indes, et encore plus rares ceux qui s'encombraient à ramener des " sauvages ". Mais que celui-ci aille jusqu'à en épouser une…

_ Ouais, c'est not' curé qui les a mariés. Faut croire qu'elle avait une âme. Mais elle a pas tenu longtemps, elle est morte peu de temps après avoir accouché du jeune Maître.

Le tenancier hocha la tête de nouveau d'un air pensif.

_ Maintenant que le Seigneur est mort aussi, le jeune Maître est perdu, vous savez ? La famille l'acceptera plus et l'écartera de la succession. C'est bien dommage, si on ferme les yeux sur son physique un peu bizarre, c'est un brave petit.

Le Jeune Homme sourit poliment. L'histoire était intéressante, mais ne le concernait pas vraiment. La nuit allait bientôt tomber.

Quelques minutes après sa sortie de l'auberge, le tenancier avait oublié qu'un étranger était passé.

Dans une maison au bord du village, allongé sur le mauvais lit d'une chambre au second étage, un garçon regardait pas la fenêtre les restes de ce qui avait été sa demeure pendant quinze ans. Il ne pleurait pas, mais les traces sur ses joues témoignaient que ça n'avait pas toujours été le cas. Son visage aux traits curieusement fins était brûlé par endroits, rendant sa peau mate un peu plus claire.

Il savait ce qu'on disait de lui au village, partout. Il savait qu'il n'avait plus rien : son père avait été la seule personne qui tenait à lui.

Il savait que son oncle et ses " chers " cousins seraient là demain matin à la première heure, et qu'ils se débarrasseraient de lui facilement. Il n'en aurait eu rien à faire, si ça n'avait pas été trahir son père, son père qui croyait en lui.

Pour les autres, il n'était qu'un demi-sauvage. Seuls les serviteurs les plus proches le considérait normalement, mais eux aussi étaient morts.

Et vu qu'il était le seul survivant, bientôt les rumeurs naîtraient, et il en faudrait peu pour qu'il soit accusé de sorcellerie, d'être un démon, peut-être.

Le garçon ferma ses yeux, deux beaux iris bleu brillant, pour ne plus penser à l'incendie, à l'odeur de chair brûlée qu'avait dégagé le corps de son père en s'enflammant juste avant qu'il ne le jette par la fenêtre pour le sauver, aux hurlements de douleur des serviteurs, à la chaleur épouvantable, et au matin qui arriverait bien trop tôt.

Il s'endormit.

Quelques secondes plus tard, un papillon bleu brillant s'extirpa avec difficulté de sa poitrine paisible, s'ébroua et étendit ses ailes froissées et engourdies. Il marcha un peu en regardant autour de lui d'un air intéressé, puis se redressa. Au loin, il entendait une mélodie. Curieux, le papillon fit jouer ses ailes et s'envola maladroitement, traversant les carreaux de la fenêtre pour disparaître dans la nuit en direction de l'attirante mélodie.

Le Jeune Homme était monté sur une colline au dessus du village. Il défit ses cheveux, les laissant tomber sur ses épaules et ouvrit la main. Sur sa paume était apparue une petite flûte traversière en argent.

La nuit tomba vite, et dès que les premiers rayons du Soleil eurent disparu, il sourit et porta la flûte à ses lèvres comme il l'aurait fait de la bouche d'une amante soufflant avec douceur et presque de la tendresse.

Les notes qui s'élevèrent n'avaient rien de naturel. La mélodie était trop belle, trop céleste. Une musique de cristal, fragile, câline, le langage de étoiles, peut-être.

Et les papillons s'envolèrent.

Ils arrivaient de partout, du village, certains, mais pas seulement, de plus loin, de l'autre côté des frontières, de l'autre côté des océans, guidés par la douce musique qui les appelaient. Des papillons blancs pour les morts, plus ou moins lumineux selon la pureté de l'âme qu'ils représentaient, les plus nombreux, ceux à qui la musique était destinée et des papillons jaune pâle, très clairs, pour les âmes malades à qui la douleur faisait désirer la Mort et les comateux dont l'heure n'était pas encore arrivée, mais le Jeune Homme les regardait danser autour de lui sans jamais les laisser traverser le cercle qui l'entourait, un sourire indulgent sur les lèvres.

Parfois un papillon aux couleurs vives, symbole des rêveurs, se joignait aux autre, traversant librement le cercle de la Mort, les seuls à pouvoir y entrer et en sortir.

Le battement de ces millions d'âmes aux ailes poudrées faisaient s'envoler les cheveux du Jeune Homme qui jouait sans s'arrêter, jusqu'à ce que son regard capte un éclair bleu au milieu des ailes aux teintes pâles.

_ Eh, rêveur ! appela-t-il.

Le papillon bleu vola jusqu'à lui et se posa sur son index levé. Le Jeune Homme lui sourit et recommença à jouer une musique pour le faire danser, et ses ailes bleu différent valsaient sur la mélodie, comme deux yeux qui se ferment, les paupières du rêveur qui papillonne, et le nymphéa céleste volait autour de son visage, étourdi, ivre de liberté.

La Lune était haute dans le ciel, et le Jeune Homme reprit la route sans cesser de jouer, suivi par les millions de papillons-âmes, le rêveur bleu posé sur sa flûte et il lui souriait des yeux, heureux de ce compagnon d'une nuit : les rêveurs étaient d'habitude si éphémères !

Et puis la mélodie changea doucement, il était temps de renvoyer les malades, et ils rentrèrent un à un dans leur corps de vivant.

La musique s'amplifia et les papillons blancs porteurs de l'âme des morts se serrèrent ensemble, pour baigner dans la lueur émise par la flûte d'argent. Un à un ils éclatèrent en petites bulles de lumière, certains destinés à rejoindre les Cieux, et d'autres à renaître dans un corps terrestre, arbre, fleur, homme, animal.

Le Jeune Homme les regarda partir vers d'autres horizons où ils répareraient leurs fautes ou seraient récompensés de leur vie, puis se tourna vers le papillon bleu.

_ Allons, rêveur, il faut que tu rentres maintenant ! dit-il, rieur, en portant de nouveau la flûte à sa bouche.

Rentrer ? Non !

Le papillon s'envola de la flûte. Rentrer ? Il n'y avait nul part ou rentrer, il n'y avait personne pour qui rentrer. Il n'y avait rien de l'autre côté. Plus rien.

Il voulait continuer à voler, continuer à traverser l'air comme s'il n'était rien, à traverser le temps comme s'il le maîtrisait, à vivre comme s'il ne devait jamais mourir, dans le corps d'un être si éphémère.

La mélodie amplifia mais le papillon fit la sourde oreille à cette musique si belle, si enivrante, à cette mélodie qui voulait qu'il rentre là où il n'y avait plus rien.

Le Jeune Homme fronça les sourcils et joua plus fort mais le papillon ne faisait que s'élever de plus en plus haut sans obéir.

_Rêveur ? Rêveur !

Le Jeune Homme se mit à courir dans l'autre sens, vers les lueurs lointaines du village, ne pouvant croire ce qui était en train d'arriver. Ce n'était pas possible…

Dans une maison au bord du village, allongé sur le mauvais lit d'une chambre au second étage, un garçon, le sourire aux lèvres sur des larmes séchées, s'arrêta seul de respirer pour continuer à rêver, éternellement.

Et lorsqu'au petit matin, le Jeune Homme arriva, ce fut pour entendre les murmures des habitants : " Le jeune Maître est mort, il s'est éteint dans la nuit ! "

Ils avaient tord.

Son corps humain était mort, mais son âme était toujours celle d'un rêveur.

Il ne s'était pas éteint. Il venait juste de s'allumer.

Un rêveur qui avait défié la Mort, on n'avait encore jamais vu ça. Le Jeune Homme était partagé entre la colère, la stupéfaction et l'amusement.

Il fit demi-tour et repartit.

" Rêveur, tu ne t'en tireras pas comme ça. "

Il était une fois… Vous m'écoutez ? C'est important !

Il était une fois…

Il était une fois la Mort dans un corps de Jeune Homme à la poursuite du Rêveur dans un corps de Papillon.

TBC…