Hello ! Voici ma première fic, j'espère que cela vous plaira ^^
Rating: T
Disclaimer: tout appartient à JKR, sauf Jillian et Angela.
La nuit était tombée depuis longtemps derrière la vitre du PoudlardExpress et les élèves commençaient à s'agiter dans le couloir. Pour ma part, entre le froid glacial qui nous attendait à l'extérieur et ce coin de wagon douillet, le choix était vite fait. Je somnolais contre la fenêtre, Morphée menaçant de m'emporter incessamment, lorsque quelque chose de petit et excité me sauta dessus. J'ouvris les yeux pour me retrouver nez à nez avec de grands yeux bleus tout ronds et des joues roses encadrées d'une épaisse toison bouclée.
« Angie ?
-Allez ma chérie, on se bouge les fesses, prochain arrêt Poudlard, dans dix minutes ! Et plus vite que ça !
Si l'apparence angélique d'Angela Coyle pouvait prêter à confusion, c'est que sous un minois charmant se dissimulait une pile électrique dotée d'un système de recharge automatique… quasi impossible à épuiser.
Je me levai péniblement et entrepris d'enfiler ma robe.
« Quelqu'un veut une dragée ? Il m'en reste trois, demanda Emmeline en sortant le paquet de son sac.
- Non merci, elles n'inspirent pas franchement confiance… Je les imagine bien aux yeux de crapaud, grimaça Angie.
Ludo et Fabian examinèrent les fameuses dragées d'un œil méfiant.
- Fiente de botruc je dirais.
- Tripes de salamandre ?
Je glissai, pernicieuse :
- Au vieux whisky de ce cher Slughorn !
- Arrête, vu son haleine, même le monstre du lac n'en voudrait pas !
Tandis que les autres se gondolaient, Emma, humaniste reconnue, me foudroya du regard. Je reconnais que ça n'était pas très fin, mais la tête d'Emma valait le détour. Outre sa bouche pincée, ses yeux plissés, le pli sévère qui barrait son front s'était accentué. Un pli qui n'avait pas toujours été là. Jusqu'au jour où ses parents avaient été assassinés par des Mangemorts, en cinquième année, Emma était une élève épanouie et brillante. Elle avait gardé l'intellect, mais perdu son rire.
« Allez, un peu d'humour Vance, tu vas me faire pleurer.
Emma sourit : les yeux de chien battus de Fabian avaient toujours eu raison de sa colère. Ils étaient ensemble depuis un an. Lorsque Fabian avait commencé à disparaître soudainement, à rater des repas et à rentrer après la tombée de la nuit, Angie et moi avions mené notre petite enquête. Mais au bout de quelques semaines d'investigation vaines, nous avions supplié Fabian de nous révéler son secret. Il nous avait avoué qu'il sortait avec Emmeline Vance, cette grande fille brune de Serdaigle que l'on plaignait tous, sans la connaître vraiment.
Cela nous avait estomaquées, il fallait le dire. Fabian était quelqu'un de très gai, optimiste contre vents et marées. Et le voilà qui s'attachait à une Serdaigle endeuillée et silencieuse. Malgré ce point qui nous chiffonnait, nous avions intégré Emma de force à notre bande de joyeux Poufsouffles. Cela s'était révélé être un excellent choix. Sans compter son intelligence supérieure qui a sensiblement amélioré nos notes, Emma possède un cœur d'or qui aurait mérité de figurer parmi les recrues d'Helga Poufsouffle.
Le train commençait à ralentir. A travers la porte du compartiment, nous voyions les élèves se bousculer avec leurs valises pour tenter de se frayer un passage.
En sortant, l'air glacé nous prit à la gorge. Ou peut-être était-ce la beauté du paysage qui s'offrait à nos yeux. Pendant les vacances, la neige avait tout recouvert d'un épais tapis blanc. Au cœur du parc se dressait le château, ombre noire et majestueuse. Les tours aux toits immaculés semblaient vouloir s'élancer vers le ciel. Le givre faisait scintiller les vieux murs de pierre à la lueur des étoiles. C'était sublime.
Le spectacle avait beau rester le même depuis sept ans, je ne m'en lassais pas.
Après avoir laissé nos bagages dans le hall aux bons soins des elfes de Poudlard, nous nous sommes précipités à la Grande Salle afin de faire taire nos estomacs.
Pour le dernier repas des vacances de Noël, Dumbledore avait vu grand. Des étoiles de glaces aux lustres argentés, la Grande Salle étincelait sous le plafond bleu nuit. Mais nos regards furent rapidement attirés par les longues tables couvertes de plats alléchants : dinde au marron, puddings, bûches glacées… Salivant déjà, nous avons presque couru pour rejoindre la table des Poufsouffles. Je dois avouer que le début du repas se déroula dans un silence presque complet, perturbé seulement par les bruits des couverts et les soupirs satisfaits de Ludo. Nous commencions à le vanner quand un éclat de rire détourna notre attention.
Evidemment, cela venait des Gryffondors. Ce prétentieux de James Potter devait encore avoir sorti une connerie, et tous autour se tenaient les côtes. Même Lily Evans… La pauvre était tombée bien bas depuis le début de l'année, elle opposait de moins en moins de résistance à la drague acharnée de Potter.
A côté d'elle je distinguai les épaules parfaites de Sirius Black secouées d'un rire silencieux.
Black… Mettons les choses au clair. Je n'avais jamais été attirée par Sirius Black. Trop de perfection, sans doute, mais surtout trop d'arrogance, incompatible avec mon ego. Ajoutons que Black m'était particulièrement antipathique depuis la cinquième année, lorsqu'il avait ajouté Angela au tableau de ses victimes. Angie avait toujours eu un faible pour Sirius. Ainsi, un jour d'été où jupes et chemisiers avaient remplacé la traditionnelle robe noire, Black, qui avait dû surprendre un de ses regards niais, laissa subrepticement tomber sa plume…
« Angela, s'il te plaît, pourrais-tu la ramasser ? avait-il fait d'un air charmeur.
Que vouliez-vous qu'il arrive ?
Angie avait bafouillé un « Ouimaisbiensûr » inaudible en se penchant de toute la profondeur de son décolleté. Après s'être rincé l'œil, le traître l'avait vaguement remerciée puis s'était retourné pour mieux pouffer avec James, son imbécile de complice, sous le regard amusé de Lupin. Quand elle réalisa son erreur, le ton carmin que prirent ses joues, son cou et le décolleté en question fit redoubler leurs rires.
L'amour naissant d'Angie tourna court. Elle se jura de haïr Black jusqu'à la fin de ses jours. Une promesse vite oubliée… Enfin, connaissant Angie, il fallait s'y attendre.
« Jillie, tu crois que c'est grave d'être raide dingue de ce type, qui ne posera certainement jamais les yeux sur moi ? »
Angela regardait Sirius avec des yeux de merlan frit. Car malgré l'humiliation subie deux ans plus tôt, elle vouait à Black une adoration sans borne depuis quelques mois. C'en était presque consternant.
Je répondis machinalement :
« C'est très grave Angie. Tu devrais aller te faire soigner.
- C'est surtout réaliste, ajouta Fabian d'un ton railleur
Et terriblement romantique. C'est pour cette raison qu'Angela se complaisait dans le rôle de la pauvre fille amoureuse du beau gosse populaire. Sauf que dans les films, le beau gosse en question finit toujours par s'apercevoir de l'existence de la pauvre fille – et en tomber amoureux, accessoirement. Mais là, à moins d'un coup du destin, ça semblait mal parti. Je ne crois pas qu'Angie en souffrait. Sa phase « adolescente éperdue » allait bientôt lui passer et sa lubie avec.
« Tu sais, ça n'est peut-être pas si grave. Je pense sincèrement que tu pourrais avoir tes chances avec Black.
Je manquai de m'étouffer. C'était Emma, la voix de la raison, qui parlait ainsi ? Fronçant les sourcils face à mon air dubitatif, elle se justifia :
- Depuis que Potter a compris que se vanter continuellement de ses exploits au Quidditch n'était peut-être pas le meilleur moyen d'amadouer Lily, Black et lui se sont assagis tu ne trouves pas ?
- Peut-être que Potter s'est amélioré, mais tu ne peux nier qu'on ne voit jamais la même fille pendue au bras de Sirius trois semaines d'affilée !
- Non, je ne suis pas d'accord. Tu sais, on entend beaucoup de choses dans les vestiaires de Quidditch, et je crois qu'il était sincèrement amoureux de sa dernière conquête… intervint Ludo.
Mais tout le monde se liguait contre moi ! Je répliquai :
- Oui, en attendant ils ne sont plus ensemble. Non mais rendez-vous compte ! Si jamais, même si ça paraît peu probable, Black finit par remarquer Angie…
- Je te remercie.
- Oh ça va. Donc, même s'ils sortaient ensemble, il finirait par lui briser le cœur !
- Je sais que tu ne portes pas Sirius dans ton cœur Jillian, mais laisse lui une chance !
Ils me fixaient tous les quatre avec espoir.
- Pff, je ne vois même pas pourquoi on se gâche la vie avec Black. Redescendons sur terre, et entamons ce gâteau qui m'a l'air dé-li-cieux.
Je souriais de toutes mes dents.
- Tu es incorrigible Lighthouse. Impossible de discuter sérieusement avec toi.
- Qu'est-ce que tu veux ma chère Emma, je viens de Poufsouffle… Allez, prends donc une part de gâteau, tu me feras plaisir.
Emma leva les yeux au ciel, mais finit par accepter mon offre en riant.
oOoOo
La lumière était éteinte depuis longtemps lorsqu'Angie chuchota :
« Jill, tu dors ?
- Apparemment non. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu sais, à propos de Sirius… Il faut que je te dise quelque chose…
- Tu veux te marier et avoir plein d'enfants ? Même si c'est avec ce crétin, je veux bien être témoin, et –parce que c'est toi- marraine.
- Tu veux bien me laisser parler ? C'est juste que tu n'as pas l'air de prendre ça au sérieux, et jusqu'ici, moi non plus… Je comptais passer à autre chose, mais ça semble plus compliqué que prévu… Tu comprends ?
- Pas tout à fait, mais j'écoute.
- Et puis avec ce qu'a dit Emma… C'est tout, je me suis dit que peut-être…
Que peut-être quoi ? Je ne comprenais pas, je ne voulais pas comprendre.
- Continue, je suis toute ouïe.
- Fous-toi de moi. De toute façon ça n'a pas d'importance. Dors bien.
Je n'insistai pas, pour la simple raison que je n'avais aucune envie de l'entendre prononcer une aberration du genre …
« Je suis tombée amoureuse de Sirius Black. Voilà je l'ai dit. Tu es contente ? Bonne nuit Jill. »
C'est fou comme ces quelques mots paraissaient réels. Mais c'était impossible. Inconcevable. N'est-ce pas ?
« Angie ? Tu as dit quelque chose ?
- Arrête. Ça ne me fait pas rire. Je savais que ça serait difficile mais je pensais que tu serais plus compréhensive Jillian. Franchement.
- Mais…
Génial. La nouvelle année promettait d'être gaie.
OoOoO
Angie étant de nature conciliante, nous nous étions levées comme si de rien n'était. Nous faisions seulement attention à éviter le sujet "Black".
A vrai dire, cela n'était pas très difficile. Les Professeurs avaient commencé le deuxième trimestre sur les chapeaux de roues. ASPIC était le seul mot qu'ils avaient à la bouche.
Si le premier soir d'école, nous étions tous sur les dents, la routine avait fini par se réinstaller, tant bien que mal. Mais même avec toute la mauvaise volonté du monde, l'abondance de travail nous forçait souvent à éteindre bien après minuit. Les filles passaient des heures le matin à tenter d'alléger les valises qu'elles avaient sous les yeux, et, une fois n'est pas coutume, nous attendions tous les cours de Binns pour une sieste bien méritée.
Évidemment, au bout d'un mois à ce régime, une sortie à Pré-au-Lard était plus que bienvenue.
« Aaah ! Enfin ! J'ai l'impression de ne pas être sorti depuis les vacances !
Ludo s'étira de tout son long, comme au sortir d'une hibernation
- Le pire, c'est que je crois que c'est vrai ! ajouta Fabian d'un air sombre.
- Ne parlons pas de malheur, et allons plutôt chez Honeydukes. J'ai un ventre à remplir moi !
- Et ta forme de virtuose de Quidditch alors ?
En cours de route, Emmeline s'approcha de moi et me demanda sur le ton de la confidence :
« Tu as une idée de cadeau pour Angela ?
Angie. Cadeau. Merde. L'anniversaire.
- Euh Jill, c'est moi ou tu tombes des nues ?
- J'avais complètement oublié !
- Heureusement que je suis là. De toute manière on a tout l'après-midi pour réfléchir, et au pire il nous reste la semaine prochaine.
- Mais c'est beaucoup trop court !
En plus, bien que nous n'en ayons pas reparlé depuis, je crois qu'Angie m'en voulais toujours pour le premier soir. J'avais intérêt à trouver quelque chose d'assez bien pour me faire pardonner…
« Allez, si on s'y met maintenant, on réussira c'est certain : c'est comme les révisions.
- Tu es une vraie Serdaigle, toi hein ?
OoO
Cet après-midi avait été un réel fiasco. Après avoir trouvé le cadeau qu'elle comptait offrir à Angie, Emma était partie retrouver Fabian aux Trois Balais. Cela faisait maintenant deux heures que je errais dans les rues enneigées de Pré-au-Lard, à court d'idées, et le jour commençait à décliner.
Je m'apprêtais à tourner les talons et rentrer bredouille à Poudlard, quand j'entendis des voix et des rires derrière moi. Dans la pénombre, je reconnus les silhouettes de James Potter et Remus Lupin accompagnés de Black et Pettigrow.
N'ayant pas la moindre envie de faire la conversation, surtout en ce moment, je reculai sous un porche pour attendre qu'ils me dépassent. Ils se rapprochaient et je pus bientôt entendre leur conversation.
Apparemment, ils parlaient de la Saint-Valentin, qui devait avoir lieu quelques jours après l'anniversaire d'Angela.
La fête en elle-même n'avait pas grand intérêt, mais Angie et moi nous faisions toujours une joie d'espionner en pouffant les petits couples qui se cachaient dans les recoins du château. Peut être que cela ne témoignait pas d'une grande maturité, mais vous n'imaginez pas l'expression de deux premières années surpris en pleine déclaration d'amour.
Cette année, grâce à mes résultats en Potions, j'avais eu la grande joie de recevoir une invitation du club de Slug, qui organisait une soirée à l'occasion. Les quatre compères semblaient eux aussi avoir été conviés.
« Alors, tu as décidé de te prendre un énième râteau de Lily, Jamesie ?
- Moque toi, mais tu verras… Cette fois je saurai la conquérir !
Un éclat de rire de Sirius fit écho à mon sourire amusé.
- Parlons plutôt de toi Padfoot… Tu as déjà choisi la pauvre fille qui mourra lapidée par le reste de la gent féminine de Poudlard ?
- Mmh... Honnêtement je ne sais pas encore.
- Arrête Paddie, tu ne nous la fais pas à nous. C'est qu'il aime se faire désirer le Sirius, fit Lupin d'un ton sarcastique.
- Ou peut-être qu'il n'a plus de choix tout simplement. Il a dû sortir avec la moitié des filles tandis que le reste se lassait d'attendre en vain un regard du beau Sirius Black…
L'intéressé esquissa un sourire de fierté tandis que je levai les yeux au ciel. Mais Pettigrow n'avait pas tout à fait tort. Peut-être qu'il restait des candidates chez les premières années…
Ne sentant plus le bout de mes doigts paralysés, je décidai, malgré ma curiosité, de rentrer tenter de me décongeler.
J'étais désemparée quant au cadeau d'Angela. Je n'avais strictement rien trouvé, et bien que je puisse encore me procurer quelque chose grâce à la « contre-bande » qui existait à Poudlard, cette sortie était l'occasion de me racheter.
Je repensais à la conversation que j'avais surprise quand ce que m'avait répété Emma pendant tout l'après-midi me revint à l'esprit :
« C'est ta meilleure amie non ? Tu devrais savoir ce dont elle a vraiment envie. »
Ce dont Angie avait vraiment envie. Black n'était pas sorti avec toutes les filles de Poudlard…
C'était aussi blanc que la neige dans laquelle je m'enfonçais depuis tout à l'heure.
Il me fallait Sirius Black. Tout simplement.
