Cette année, pensa Leroy Jethro Gibbs, s'annonçait plutôt mal. Il poireautait à l'arrêt de bus depuis plus d'une demi-heure mais n'avait encore croisé personne. C'était mauvais signe. Tony et lui se donnaient toujours rendez-vous à 7h15 à l'arrêt de bus, la veille de chaque rentrée. C'était d'ailleurs le seul moment (avec le déjeuner) où l'italien se montrait ponctuel. Il était 7h45. Mieux valait ne pas se faire d'illusion, Tony ne viendrait pas. Jethro avait laissé passer le premier bus, espérant encore que son ami allait venir mais rien. Il n'y avait pas de troisième bus. Et le deuxième venait de s'arrêter. Déçu, Jethro monta dans le véhicule, salua le chauffeur et se chercha une place assise. Il repéra une petite tête rousse qui ne lui était pas inconnue et, un sourire aux lèvres, alla s'asseoir à côté d'elle.
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Abigail Sciuto ne tenait plus en place quand le dernier bus s'arrêta enfin devant le lycée. Elle attendait depuis un moment déjà que toute la petite bande soit au complet, et il lui manquait du monde ! A vrai dire, la seule personne qu'elle avait retrouvée était Timothy, et, comme ils avaient l'habitude de s'envoyer des messages dès qu'ils ne se voyaient pas pendant trois heures, le récit palpitant de leurs vacances respectives avait été des plus succincts. Elle trépignait d'impatience quand les portes coulissantes s'ouvrirent, déversant un flot d'élèves excités mais anxieux. Elle scrutait la foule et, dès qu'elle aperçut Jethro et Shannon, elle leur sauta au cou, hystérique.
-Giiiiiiiiiiibbs ! Shannoooooooooon ! Ce que vous m'avez manqué ! Vous allez bien ?
Elle relâcha son étreinte le temps de les regarder puis les serra à nouveau contre elle de toutes ses forces.
-Mais quelle idée de prendre le second bus aussi ! Je vous ai attendu moi ! Et Timmy aussi !
Elle affichait une petite moue boudeuse qu'elle abandonna bien vite quand Shannon et Gibbs lui firent une bise sur chaque joue, parfaitement synchros.
-Bon, je vous pardonne pour cette fois. Après tout, Tony n'est pas encore descendu. C'est lui le dernier. D'ailleurs, c'est bizarre ! Tony n'arrive jamais le dernier.
Elle s'arrêta brusquement de parler et jeta un regard inquiet à Gibbs.
-Dis-moi qu'il va bien. Dis-moi qu'il n'a pas changé d'école. Gibbs, dis-moi où est Tony !
Gibbs ne lui répondit pas mais l'embrassa sur la tempe avant de se diriger vers la cour de l'école, suivit par Tim. Shannon, elle, prit Abby par la main et lui adressa un petit sourire rassurant.
-Tu connais Tony, il doit préparer son entrée…
Abby hocha la tête, essayant de se laisser convaincre, mais aucune de deux jeunes femmes n'étaient dupes. Anthony, même s'il avait un goût très prononcé pour le spectacle, n'arrivait jamais en retard le jour de la rentrée. Et surtout, il ne posait jamais de lapin à Jethro.
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Parmi la joyeuse foule des étudiants, on retrouvait bon nombre de connaissances, mais aussi quelques nouvelles têtes. Jethro, qui balayait la masse du regard, cherchait justement une de ces « nouvelles têtes », même s'il s'agissait d'une connaissance pour lui. En fait, Eli David, un israélien que son père avait connu en mission, avait envoyé sa fille en Amérique, accompagné d'un certain Mikaël Rivkin. Il espérait trouver Ziva assez vite pour pouvoir la présenter à ses amis : la jeune fille ne pourrait que s'intégrer. Il fit plusieurs fois le tour de la cour en espérant la voir mais, finalement, ce fut Ziva qui le trouva.
-Contente de te voir Leroy
-Content de te voir aussi. Mais c'est Jethro. Ou Gibbs. Le voyage n'a pas été trop éprouvant ?
Ils se dirigeaient vers leur petit groupe. Ziva avait fait signe à son ami de les suivre.
-Ziva, Mikaël, je vous présente Abby, Shannon et Timothy. Les amis, Ziva David et Mikaël Rivkin, les petits nouveaux dont je vous avais parlé.
Immédiatement, une conversation enjouée (largement menée par Abigail) démarra. Ziva s'étonna du look gothique de la jeune fille et lui posa tout un tas de questions sur sa passion pour le noir, ce à quoi Abby répondit joyeusement avant d'enchaîner sur tout un tas de questions sur l'Israël. Mikaël ne disait pas grand-chose, il restait en retrait, tout comme Timothy. Shannon les regardait tous avec un sourire bienveillant qui n'échappa pas à Jethro. Il lui prit la main quand les professeurs commencèrent l'appel.
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Après une longue réunion de plus d'une heure et demie (durant laquelle le directeur avait lu le règlement de l'école point par point, en articulant bien plus que nécessaire) et la remise des emplois du temps, les étudiants avaient droit à une (courte) pause, bien méritée, durant laquelle ils pouvaient aller ranger les livres dont ils n'avaient pas besoin dans leur casier. Si certains en profitaient pour consulter leur page faïcebook, d'autres préféraient aller se prendre un café bien serré, ou bien même commencer la personnalisation de la porte de leur cher casier.
-Tu comprends McGee, l'important, c'est de bien humidifier le papier. Sinon, la colle ne prend pas, et les cornes du diablotin restent sur le carton. Attend, je retire le papier et… Tadaaa !
L'artiste observa son œuvre puis, satisfaite, entreprit de la commenter.
-Je savais que les décalcomanies de paquets de chewing-gum me seraient utiles un jour !
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Au détour d'un couloir, une nouvelle élève, complètement absorbée par son emploi du temps, suivait du bout des doigts un itinéraire, sur le plan du lycée, supposé la menée à son casier. Elle le suivait scrupuleusement, presque en comptant ses pas, si bien que, le regard rivé sur le papier, elle ne vit pas le jeune homme en face d'elle, et ce qui devait arriver arriva. Paf !
-Excuse-moi ! Je suis désolée je … !
-Nan, c'est rien, c'est moi qui rêvassais je …
Les deux jeunes se regardèrent et se purent s'empêcher de rire.
-Bon, coupé ! On se la refait. Trois-deux-u et… Action ! Salut ! Je m'appelle Tony, je suis en terminale, et je traîne devant mon casier pour faire des croche-pieds aux jolies filles. Et toi, comment tu t'appelles ?
La jeune fille retint un rire moqueur devant l'attitude du jeune homme quand elle remarqua qu'il lui adressait un sourire des plus gamins : de toute évidence, il jouait.
-Et bien, Môssieur Tony, je suis moi-aussi en terminale, mais je suis nouvelle, donc, je trébuche, même sans les croche-pieds. Je m'appelle Caitlin, mais je préfère Kate. En fait, il n'y a que ma mère pour m'appeler Caitlin…
-Soit. Va pour Kate. Après tout, je ne suis pas ta mère. Et si tu veux un truc pour te repérer plus facilement : les numéros des couloirs sont écris sur les murs. Pour ne pas se perdre.
Il n'avait pas l'air de se moquer, mais son clin d'œil signifiait qu'il en savait long.
-Tu t'es déjà perdu ici, c'est ça ?
-Moi ? Noooooooooooon ! Le Grand Anthony DiNozzo ne se perd jamais !
Il marqua une pause (le temps de jeter un œil aux papiers de Kate) et lui indiqua un casier, à quelques pas du sien.
-Tu es LA ! Et, petite info de dernière minute avant que je ne file : il n'y a que ma mère qui m'appelle Anthony.
Kate le regarda se retourner et se diriger vers une salle de classe en secouant la tête de gauche à droite : elle n'en menait pas large. Le premier élève à lui avoir parlé avait l'air sympathique, mais rien, dans cette école, ne lui rappelait Ohio.
