La cravate ennemie

Lorsqu'Harry se réveilla en ce premier jour de janvier, il aurait aimé connaître un remède infaillible contre le mal qu'il subissait. Malheureusement, que ce soit dans le monde Moldu ou le monde sorcier, la fameuse et redoutable « gueule de bois » ne pouvait être vaincue qu'avec de bons soins et un peu de temps. Mais voilà, du temps, Harry n'en avait pas et c'était bien ça le problème.

La matinée avait mal commençait pensa-t-il, son mal de tête en était la preuve irréfutable. Et cette idée ne changea pas alors qu'il retrouva ses lunettes par terre près de son lit. Il s'apprêtait à réveiller Ron lorsqu'il remarqua qu'il était le seul élève présent dans le dortoir. Il regarda vaguement le réveil en se grattant la tête et il oublia pendant un instant ses malaises matinaux. Il courut pour retrouver ses vêtements éparpillés à travers la pièce, comme si une tornade avait décidé de remettre de l'ordre dans ses affaires, puis il s'habilla à la hâte et dévala les escaliers vers la salle commune des Gryffondors. Malgré sa popularité, il ne pouvait en aucun cas manquer la cérémonie que le directeur avait organisé.

« Mais à quoi pensait-il celui-là aussi?- ronchonnait Harry pendant qu'il finissait d'enfiler sa cape en courant dans les grands escaliers en pierre déjà déserts- on n'organise pas une cérémonie tôt le matin le lendemain même d'une fête qui a duré toute la nuit! »

En effet, cette année les élèves de Poudlard n'avaient pas eu l'occasion de rentrer chez eux pour les fêtes de fin d'année. Rassurez-vous ! Voldemort avait été neutralisé l'été dernier et plus aucun danger ne pesait sur le monde sorcier - tout du moins pour le moment. Non, ce qui avait obligé les élèves à rester au château était aussi banal qu'une seule chute de neige, imposante, certes, mais rien de plus. Cela avait justement surpris Harry lorsque la nouvelle avait été annoncée. Les sorciers pouvaient voler sur des balais, soigner mille tourments grâce à des potions (mais malheureusement pour lui toujours pas les gueules de bois) et j'en passe, mais la neige semblait leur poser problème. Le train ne pouvait pas quitter la gare de l'école et la seule cheminée pouvant servir de moyen de transport se trouvait dans le bureau de Dumbledore, qui ne voulait sûrement pas voir défiler pendant plusieurs jours des centaines d'élèves et leurs valises. « Je suis persuadé qu'il est même content de la situation… » pensa le gryffondor qui courait maintenant vers le hall. Il est vrai qu'en bon directeur, Dumbledore avait décidé d'organiser des activités diverses pour divertir les élèves pendant cette période qui était tout de même des vacances: courses de traineau, patinage sur le lac et concours de bonhomme de neige étaient de sortie. Mais la plus importante célébration avait été la fête de fin d'année, durant la soirée du 31 décembre. Le buffet de la fête n'était censé comporter aucune boisson alcoolisée mais, vu l'état dans lequel se trouvait Harry, quelques fioles avaient dû passer outre les contrôles de Rusard. Et maintenant le célèbre Harry Potter se retrouvait à courir dans le château, espérant ne pas arriver en retard au second plus important événement organisé par le directeur: la cérémonie du « Bon Commencement ».

Afin de commencer la nouvelle année de la meilleure des façons, le directeur avait demandé à chaque élève de penser à une bonne résolution. Ensuite, lors de cette cérémonie organisée durant la matinée du 1 janvier, chacun devrait présenter et s'engager à suivre sa résolution devant l'ensemble des élèves et professeurs de Poudlard.

« C'est une idée stupide ! Je suis sûr que tout le monde dira la même chose et qu'ils en auront tous marre après avoir écouté ne serait-ce que dix fois les mêmes idées vides de toute sincérité ! » Harry broyait déjà du noir alors qu'il n'était réveillé que depuis dix minutes. En plus, son mal de tête ne le laissait pas réfléchir clairement et il passa cinq bonnes minutes supplémentaires devant la porte de la Grande Salle à se demander s'il était bien au bon endroit vu que la porte ne lui disait vraiment rien… Ce n'était pas la seule chose dont il ne se rappelait pas : son beau discours, sa résolution ainsi que le déroulement de la nuit dernière. Il élaborait, toujours debout devant la porte, plusieurs théories de ce qu'il aurait pu faire la nuit dernière, tel qu'une bataille de petit-four avec Ron et Seamus, assister au sermon de Hermione à Fred et Georges pour avoir introduit de l'alcool dans l'enceinte de l'école… Finalement, il se décida et entra dans la salle (qui heureusement pour lui était bien la bonne !).

Harry entra dans la pièce sans vraiment avoir repris son souffle. Evidemment, toute l'assistance se retourna vers lui avec des regards désapprobateurs, sauf Dumbledore qui continuait de fixer la jeune fille de première année rouge de honte, qui avait été coupé dans son discours par l'ouverture des portes. Elle reprit finalement la parole, encouragée par le directeur, et Ron fit rapidement signe à son ami pour qu'il vienne s'installer à ses côtés. Malgré son effort pour se faire le plus discret possible pendant qu'il avancé pour aller s'asseoir, à chaque rangée d'élèves devant laquelle il passait, des regards choqués, moqueurs, déçus et même dégoutés se tournaient vers lui.

« Qu'est-ce qu'y se passe? C'est quand même pas si grave, j'ai seulement un petit quart d'heure de retard... Oh non, vous n'allez pas vous y mettre aussi! - chuchota Harry lorsqu'il avait rejoint ses amis qui, eux aussi, le regardait d'un drôle d'air. Au fait toi, tu aurais pu me réveiller tout de même ! lança-t-il au rouquin.

- Je… je l'ai fait. Tu as grogné et tu as répondu que tu te levais de suite… - répondit Ron, apparemment toujours captivé par autre chose que la conversation.

- Mais enfin Ron ! Tu sais bien qu'il ne faut jamais me croire quand je dis ça ! En plus…

- Harry, je ne pense pas que ce soit pour ton léger retard que tout le monde à cette réaction... - le coupa Hermione qui n'avait pas vraiment écouté le début de la discussion. A mon avis ce serait plutôt... - elle regarda Ron sans vraiment savoir quoi dire.

- Mais putain mec où est-ce que tu as trouvé ÇA!? - demanda le rouquin qui sembla se réveiller d'un coup en pointant du doigt d'un air méprisant la cravate que porté Harry »

Celui-ci regarda le fameux bout de tissu et ses deux amis virent son visage devenir extrêmement blanc, et pas à cause de son état physique : par Merlin, à qui appartenait cette cravate verdâtre et où était la sienne !?