Fandom : Kuroko no basuke
Titre : Les malheurs de Shintarô et autres contes pour adultes
Disclaimer : Les personnages de Kuroko no basuke ne m'appartiennent pas mais sont à IG Prod' et Tadatoshi Fujimaki. L'illustration utilisée pour cette fanfic est de mrsloth, que l'on peut retrouver sur DeviantArt. Et enfin, je ne fais pas d'argent avec cette fanfic !
Rating : On va rester à T pour une fois. Cela dit, les sous-entendus seront... sous-entendus, quoi (comment ça, ça veut rien dire?)!
Genre : Humour (beaucoup) et romance (un peu)
Pairing : C'est vraiment obligé? OK... Donc à part Midorima x Takao, il y aura un peu d'Akashi x Nijimura et un brin des autres: Kuroko x Kagami, Aomine x Kise et Murasakibara x Himuro
Note de l'auteur : Maintenant que Gundam Tekketsu no Orphans est terminé (et quelle fin, mes aïeux, c'était superbe!), je peux reprendre du service!
Note de l'auteur (encore!): Si les personnages vous paraissent OOC, au vu du contexte, c'est normal de forcer le trait pour l'humour. C'est d'autant plus normal que je m'appuie sur le manga pour les décrire et non pas sur l'anime dans lequel ils sont bien mieux... éduqués. On va dire ça.
/!\ Important: Cette fanfic est un parallèle à une de mes précédentes, Enfer & Paradis et vient la compléter. Il n'est pas nécessaire d'avoir lu Enfer & Paradis pour comprendre celle-ci (normalement), mais les plus curieux d'entre vous pourront s'amuser des différents clins d'oeils par-ci, par là! C'est la raison pour laquelle, au -dessus du titre du chapitre, je préciserai à chaque fois où situer ce dernier par rapport à ceux d'Enfer & Paradis.
(NdA: ce chapitre se situe entre le premier chapitre d'Enfer & Paradis et son bonus)
Chapitre 1: Les malheurs de Shintarô
« Akashi… Sérieusement, je suis à bout… S'effondra Midorima, la tête la première sur la table basse de son salon.
-Déjà ? Cela ne fait que quelques mois à peine que vos parents se sont décidés à vous fiancer, Takao et toi, non ?
-Ecoute, ça me fait déjà assez mal d'y repenser, alors n'en rajoute pas…
- Pour quelle raison cela te contrarie ? Tu lui fais des avances depuis le lycée, lui fit remarquer l'ancien capitaine de la Génération des Miracles en fronçant les sourcils.
-Qu… Quoi ? Comment tu sais ça ? Sursauta le jeune étudiant en médecine.
-Parce que tout le monde l'avait remarqué, Midorima, soupira Akashi, blasé.
-Tu… Tu mens, tu étais à Kyôto ! Et Takao n'avait rien vu !
-Et il était bien le seul, crois-moi. Rappelle-toi Kuroko qui t'envoyait le top 10 des préservatifs les plus utilisés…
-Oui, mais c'est Kuroko. Et co… comment tu…?
-C'est moi qui le lui envoyais, il se contentait de les transmettre pour te taquiner, Midorima », expliqua Akashi en soufflant avec élégance sur sa tasse de thé, avant d'y tremper les lèvres.
Bouché bée, le plus grand encaissait une à une les révélations de son ancien capitaine et toujours ami.
Sérieusement, il en avait d'autres, des comme ça ?
Complètement atterré, Midorima s'effondra de nouveau la tête la première sur la table basse de son salon, tandis que son ami sirotait son thé.
Il avait sous-estimé l'Enfer dans lequel sa relation sentimentale avec Takao l'avait plongée.
Par où commencer ?
Il était tombé amoureux de son point guard au basket durant leurs années lycée. Il avait tenté des avances qui s'étaient toutes soldées par des échecs, sans exception, Takao refusant de se faire appâter (en réalité, lesdites avances avait été tellement subtiles que même un observateur aguerri comme Kazunari n'y avait vu que du feu). En désespoir de cause, Midorima avait abattu son ultime carte l'hiver dernier, alors qu'ils passaient les examens d'entrée à l'université : une colocation durant leurs études, en tout bien tout honneur (hem…) ! Takao avait sauté sur l'opportunité de se trouver un logement pas trop onéreux en pleine capitale et voilà comment ils avaient emménagé ensemble au mois d'Avril, en même temps qu'ils avaient entamé leur scolarité dans le supérieur : à Midorima les études de médecine et à Takao celles de professeur.
Leurs premiers mois estudiantins s'étaient déroulés sans fait majeur, au grand damne du futur médecin qui avait passé son temps à se casser la tête pour trouver le courage d'avouer... explicitement... ce que tout le monde savait déjà à l'époque (selon Akashi).
La situation ne s'était décantée que neuf mois suivant le début de leur vie commune : un soir d'hiver, le brun, toussotant et fatigué, était spontanément venu chercher du réconfort dans les grands bras chauds de son colocataire, sous un kotatsu (1). Prenant son courage à deux mains, justement, Midorima en avait profité pour lui chuchoter doucement qu'il serait toujours là pour lui, quoi qu'il advienne. Ce à quoi le brun avait remarqué :
« Ca m'étonne que tu me dises ça comme ça, Shin-chan… C'est super louche…
-Je… Je le pense vraiment, Bakao… Avait grogné ledit Shin-chan, clairement mal à l'aise. En plus, je serai médecin, alors… Je ferai vraiment tout pour prendre soin de toi.
-Tu le penses vraiment ? Avait murmuré Takao.
- Oui… Ka… Kazunari… Si… Si tu m'autorises à t'appeler ainsi... »
Ces derniers mots avaient été tellement difficiles à sortir pour l'étudiant aux yeux de jade qu'il avait terminé sa phrase en nage, encore plus trempé que le brun qui était pourtant malade. Un poids d'angoisse quant à la réaction de Kazunari s'était posé sur sa poitrine et il en avait toussé de gêne.
Le possesseur de l'oeil de faucon n'avait rien dit de suite. Il avait rapproché sa tête, jusqu'à la coller contre la poitrine de Midorima et avait fermé les yeux :
« Ton coeur… Ton coeur bat trop vite, ne me fais pas un arrêt cardiaque, ce serait ballot… Shintarô... »
A l'entente de son prénom entier roulant entre les lèvres désirées depuis si longtemps, Midorima avait longuement frissonné mais il s'était abstenu de toute initiative emportée.
« Je… Tu le sais peut-être, mais… Je… Je… Avait faiblement bégayé Takao. Je... »
Il n'avait pas poursuivi en dévoilant le fond de sa pensée, à la grande déception de Midorima qui n'attendait, à ce moment-là, que ça. Ils étaient finalement restés l'un contre l'autre toute la soirée dans le silence le plus total, un nuage de gêne flottant autour d'eux.
Et ça avait été ainsi que Shintarô, poussé par l'amour passionné qu'il vouait à son faucon depuis des années…
N'avait rien fait du tout.
Plusieurs jours s'étaient ensuite écoulés dans une confusion relative entre les "presque-tourtereaux-mais-pas-encore-tout-à-fait", jusqu'à ce que toute cette tension entre eux fasse péter un câble à Kazunari qui avait enfin craché le morceau tout de go et sans aucune délicatesse :
« Putain, Shin-chan ! Tu pourrais faire un effort ! Ca fait des jours que j'essaie de te dire que je t'aime, tu ne m'aides pas alors que je vois bien que je ne te laisse pas indifférent !
-Parle pour toi ! Toi, ça fait peut-être des jours, mais moi, ça fait des années, na no da yo ! Alors tu es mal placé pour la ramener !
-Des… Des années ? Sérieux ? Et c'est maintenant que tu le dis ?
-Parce que tu es complètement aveugle ! Quand je partageais avec toi mes bentô (2) dans lesquels ma mère mettait du kimuchi (3), tu crois que c'était pour quoi ?
-Je pensais que c'était parce que t'avais pitié de moi et que tu voulais que j'arrête de geindre !
-Ah ouais ? Et les fois où je te ramenais à vélo parce que tu tombais de fatigue après l'entraînement ?
-Je le méritais complètement, pour rester avec toi au gymnase après les cours jusqu'à pas d'heure !
-Je venais chez toi le dimanche pour réviser !
-Justement, c'était pour réviser, débile de Shin-chan ! Jamais je n'aurais imaginé autre chose ! »
Et sur cette joyeuse engueulade, ils s'étaient mis officiellement en couple. Leurs amis avaient défilé devant eux et les avaient abondamment félicités en se disant intérieurement que si même Midorima avait réussi à se caser, c'était que tout le monde avait ses chances…
Mais leur relation amoureuse portée au grand jour n'avait pas eu que des conséquences positives, malheureusement et là, l'orage avait commencé à déferler sur Shintarô (et Takao se contentait de lui tenir le parapluie de temps en temps) : ses parents l'avaient su ! Et non seulement eux, mais également, ceux de Takao !
Les deux familles, une fois au courant de la romance avérée entre leurs deux fils aînés, avaient pris la décision qui s'imposait : les marier au plus tôt et ainsi assurer l'honneur (à défaut de la descendance…) de leur Maison respective !
Ce à quoi Midorima et Takao avaient rétorqué que le mariage homosexuel n'était pas légal au Japon. Mais qu'à cela ne tienne ! Il en fallait plus, beaucoup plus pour impressionner les chefs de famille Midorima et Takao (et pour tuer l'enthousiasme débordant de leurs épouses qui s'étaient acoquinées) : un cérémonie de fiançailles dans la plus pure tradition shintô, était en train de se préparer, au cours de laquelle Shintarô et Kazunari s'engageraient; ceci en attendant le vrai, le seul, l'unique mariage qui serait rendu légal par tous les moyens possibles et imaginables, Midorima senior en ayant fait son cheval de bataille, son dernier accomplissement avant de mourir : ceci pour éviter d'avoir à subir le déshonneur d'un fils aîné vivant en concubinage comme un Occidental dépravé…
Bref, pour résumer, cette histoire avait pris des proportions gigantesques depuis que leurs proches avaient décidés de s'en mêler.
Mais s'il n'y avait que cela ! Car non, ce n'était pas tout !
« Akashi, tu es en train de me dire que tu savais tout depuis le lycée ? Et tu ne m'as rien dit ?
-Non. J'étais curieux de voir jusqu'où votre bêtise allait vous mener. Je n'ai pas été déçu, surtout par toi, Midorima. Si Takao ne s'était pas lancé, je mets ma main à couper qu'aujourd'hui encore, vous ne seriez pas ensemble... »
Aïe… Pas faux… Ca faisait mal là où ça faisait mal, mais pas faux du tout, même…
« Mais parce que tu n'imagines même pas avec qui j'ai affaire ! Se ressaisit Midorima en se redressant sur ses coudes.
-Takao, je présume ? S'assura Akashi en haussant un sourcil.
-Tu n'as aucune idée de ce que ça implique ! Kazunari est un vrai démon ! Il me vole mes fringues pour traîner avec quand je ne suis pas là ! Une fois, j'ai même trouvé des traces… d'un liquide que la décence m'empêche d'évoqu…
-Du sperme.
- Akashi !
-Et donc ? Sur quel vêtement ?
-Sur un pan de haut de pyjama ! Il me pique même mes sandales l'été et comme elles sont trop grandes pour lui, il glisse sur le sol en faisant des traces avec, au lieu de soulever ses pieds pour marcher, comme quelqu'un d'éduqué! Il a volé à plusieurs reprises mes albums photos de quand j'étais petit chez mes parents ! Tu te rends compte ? Il… Quand il cuisine, il met de la pâte de haricots dans tout ce qu'il fait avec l'espoir que ça me plaise !
-Et ça te déplaît ?
-Ce n'est pas la question ! C'est juste que ça ne se fait pas ! Il me tanne tous les soirs pour regarder un film… Et il s'endort sur moi ! A chaque fois ! Infoutu de se lever et d'aller se coucher ! En plus, il bave comme un môme ! Sur mes fringues ! Il saute sur mon dos à n'importe quel moment pour que je le porte ! Il m'embrasse dans la rue comme si de rien n'était ! Pour ensuite me sourire et faire genre qu'il a rien fait, sans se demander ce que je peux ressentir !
-Tu n'aimes pas ?
-Ecoute-moi jusqu'au bout ! Concernant mes photos d'enfance… Ma mère en avait marre qu'il passe son temps à pique nos albums, alors elle a décidé de me les faire scanner et Kazunari les a récupérées… Il les a mis sur son ordinateur portable en fond d'écran, et même en veille ! Du coup, son amphi entier voit des photos de moi quand j'étais petit ! C'est une véritable atteinte à ma dignité ! Il… Il… Il… Il me colle encore plus qu'avant, c'est devenu une vraie sangsue ! En en plus, maintenant, il chante ! Faux ! Il me harcèle pour faire et défaire mes bandages aux doigts et me crie dessus si je le fais moi-même alors qu'il est là ! Et… Et une fois… Il m'a acheté des sous-vêtements ! Il me fait des suçons dans le cou alors qu'il sait très bien que tout le monde va les voir ! Et… Et… Et nos parents qui secouent le cocotier dans tous les sens pour organiser ces fiançailles, ou ce mariage, je ne sais plus… Je n'en peux plus, Akashi, je craque… Si tu savais... Encore en début d'après-midi, je l'ai trouvé en train de faire la sieste, roulé en boule dans mon ancien survêt' de Shûtoku… Il est tout simplement impossible à vivre !
-J'entends ça… » Soupira doucement Akashi en buvant son thé.
Le jeune héritier et rival au shôgi laissa son vieil ami reprendre son souffle après s'être délesté de tous les malheurs qui l'accablaient depuis qu'il vivait en couple.
D'ailleurs, depuis quand Midorima venait lui parler spontanément de ses problèmes de coeur ? Le collégien, puis lycéen de ses souvenirs ne se serait jamais épanché de la sorte sur sa vie sentimentale comme une héroïne de série télé ! Il n'aurait rien dit, rien montré, rien manifesté, la preuve ! il n'avait même pas été foutu d'avouer ses sentiments à son premier (et toujours) amour !
Alors depuis quand Midorima était-il devenu aussi…
Aussi…
Sentimental ?
L'ancien capitaine fronça doucement les sourcils en recherchant le terme exact caractérisant l'attitude de son ami et rival.
Sentimental n'était pas le bon mot, disons que Midorima semblait plus…
Expressif.
Vivant.
Entier.
Sincère.
Authentique.
Authentique. C'était ça et les yeux rouges framboise d'Akashi s'écarquillèrent légèrement sous le poids de ce mot.
Etait-ce l'amour quotidien de Takao qui transformait lentement, mais sûrement, l'intéressé à son insu, le réconciliant progressivement avec ses émotions ?
L'amour était-il capable d'un tel tour de force ?
Certes, la question se posait. Elle se posait d'ailleurs avec d'autant plus d'acuité qu'elle s'accompagnait d'un problème et non des moindres : Midorima ne savait pas gérer ses émotions. Pas du tout.
Bon, Akashi reconnut intérieurement qu'il était mal placé pour parler : changer de personnalité à la moindre contrariété ne faisait pas de lui un exemple, il n'en disconvenait pas, cependant…
Midorima serait-il capable d'évoluer et de grandir afin de prendre en compte tous les nouveaux sentiments que faisait naître son ancien passeur en lui ? Saurait-il faire preuve de force et d'intelligence émotionnelle pour se nourrir desdits sentiments et devenir plus solide ?
Au vu des atermoiements sans fin de l'étudiant en médecine, dignes d'un enfant de quatre ans, c'était plutôt mal barré...
Seijûro fit lentement tourner sa tasse, observant le liquide bouger dans le même sens et songea qu'en ami fidèle et dévoué, il n'en avait pas fini d'en entendre des vertes et des pas mûres, sur son meilleur ami et le brun aux yeux en amandes…
Enfin… Ne dit-on pas que c'est à cela que serve les amis ?
« Et donc, en conclut Midorima, voilà pourquoi vivre avec Kazunari me désespère…
-Je sens ton désespoir au plus profond de moi, lui répondit Seijûro en masquant parfaitement son ironie. Je sais que ça va t'étonner, ce que je vais avouer, mais tu sais quoi ? Je rêve d'être aussi… malheureux que toi, un jour... »
Cela ne faisait que quelques semaines que Midorima et Takao étaient… officiellement fiancés, même si leur Maison respective considérait cela comme un mariage, car la cérémonie au temple et l'échange d'alliances avaient été on ne peut plus réels. Mais dans les faits, cela n'avait rien changé au quotidien des deux hommes, si ce n'était les remarques étonnées d'autrui concernant l'anneau porté à l'annulaire.
En rentrant un soir dans son appartement, Shintarô ne s'attendait pas à y trouver sa mère Shiori (oui, elle portait le même prénom que celle, défunte, de Seijûro) accompagnée de celle de Takao, Suzumi, près de son fils aîné, justement.
Midorima s'attendait encore moins à les trouver tous les trois agenouillés face à un butsudan (4) noir et doré, posé sur une petite table au fond du salon, qu'il ne se souvenait pas avoir acheté avec son petit ami. De plus, le trio était habillé de manière très formelle, en kimono noir. Les deux quadragénaires portaient leur chignon strict avec dignité et Kazunari était assis entre les deux dans une posture de seiza (5) très droite.
« Tu vois, Kazunari-san ? C'est sur cette photo qu'on le voit le mieux. Shintarô venait de perdre sa toute première dent, tu vois le petit trou entre les deux pré-molaires ? »
Le susnommé se tendit de suite à l'entente de son prénom et un mauvais pressentiment s'empara de lui.
Non…
Ca ne pouvait pas être ça. Pas encore !
Il s'était pourtant débarrassé de son album photo d'enfance en le remettant à ses parents et en faisant promettre à Kazunari de ne plus le piquer en douce ! De guerre lasse, au bout du sixième vol réussi de la part du possesseur de l'oeil de faucon, Midorima s'était finalement résigné à numériser toutes les photos pour son petit ami afin que celui-ci les conserve sur son ordinateur et laisse ce putain d'album tranquille, à prendre la poussière au fond d'un tiroir !
Alors pour quelle raison ce dernier trônait tranquillement près du butsudan, sur un pupitre métallique dédié fixé à la petite table en bois ?
L'étudiant en médecine eut le tournis : il nageait en plein cauchemar, c'était évident ! Une scène aussi ridicule ne pouvait pas avoir lieu là, sous ses yeux, en plein jour !
« Oui, Midori-mama, je le vois… Et… Mon petit Shin-chan est tellement chou, quand il sourit, même avec une dent en moins… » S'émut Takao en portant sa main couverte par la manche de son kimono à ses lèvres, comme une actrice de kabuki (6).
Midori… Midori-mama ? C'était quoi, ce jeu de mot à la con ?
« C'est vrai, ma fille, je suis d'accord avec toi… Tu as vraiment bien choisi ton mari… Le rassura sa mère Suzumi, bienveillante, en lui tapotant gentiment le dos. Dire qu'il est devenu un si bel homme, soupira-t-elle, complètement énamourée de son gendre.
-Si je n'étais pas sa mère, moi aussi, j'en serais tombée amoureuse, admit à son tour Shiori en dirigeant un regard tendre sur l'album photo. Nous pouvons tourner la page, Kazunari-san ? Es-tu prêt ?
-Oui, répondit ce dernier. Enfin, je crois… Chaque photo de Shin-chan arrête les battements de mon coeur… C'est insupportable, mais en même temps…
-Je peux savoir ce que vous faites là ? Explosa Midorima tel une supernova, lorsqu'il rentra dans son salon.
-Ah, Shin-chan, bons…
-Toi, tais-toi !
-Shintarô ! L'admonesta sa mère. Ce n'est pas une manière de t'adresser à ta femme ! Ma belle-fille adorée !
-Et Kazunari n'est pas une femme ! Et Mère, Suzumi-san, que faites-vous ici, vêtues pour un mariage, face à un butsudan et surtout, face à mon vieil album photo ? Continua-t-il sur sa lancée.
- Shintarô, cela suffit ! Je me contente de remettre cet album à Kazunari-san, maintenant que vous êtes mariés…
-Officiellement, nous ne sommes que fiancés, et encore, na no da yo !
-Il a su se retenir de nous le voler durant tellement de mois… Qu'il faut bien le récompenser de sa patience !
-Récompenser un voleur d'album photo multi-récidiviste? Je rêve ! Et il faut s'habiller en kimono noir pour ça ? Depuis quand ? Lui répliqua Shintarô dont la colère décuplait de seconde en seconde. Et… Suzumi-san, mais que faites-vous dans cette histoire ? Un album photo ! Il s'agit d'un album photo, réveillez-vous un peu !
-Ce n'est pas n'importe quel album, Shin-chan ! S'écria soudainement Kazunari. C'est l'album photo de ton enfance !
- Et alors ?
-Dans lequel il y a toutes les photos de toi quand tu étais bébé, jusqu'à tes six ans !
-Au risque de me répéter : et alors ?
-Et alors, cet album est fondamental ! Vital ! L'Alpha et l'Oméga ! Le Paradis et l'Enfer ! Le Yin et le Yang !
-Prends tes cachets et va te coucher !
- Toutes ces photos… Ta bouille adorable… Tes sourires quand tu n'avais pas encore de dents… tes petites fossettes si mignonnes… Tes joues rondes dans lesquelles j'ai envie de croquer… Oh, mon Dieu… Soupira dramatiquement le brun en posant une main sur son coeur. Shin-chan, tu étais tellement mignon !
-Vous êtes surtout tellement givrés, oui! Arrêtez de faire comme si vous n'aviez jamais vu de bébé de toute votre vie, bon sang !
-Mais tu n'es pas n'importe quel bébé ! Je n'en connais pas d'aussi adorable, Shin-chan ! Et tes yeux de jade… Il n'y a pas d'équivalent ! Et tes...
-Ca ne justifie rien, na no da yo ! Laissez ces photos tranquilles ! Surtout toi, Kazunari, tu me pompes déjà suffisamment l'air avec celles qui sont sur ton ordinateur et sur ton téléphone !
-Mais ce n'est pas pareil ! Là, ce sont les originales ! Dans un seul recueil ! Les photos d'origine, prises avec tellement d'amour pour toi… Commença à pleurnicher son petit ami. C'est comme un artbook dédicacé et vendu à un unique exmeplaire !
-Ce qu'il ne faut pas entendre… Grogna Shintarô. T'es encore pire que Kise ! Et vous, Mère, pour quelle raison acceptez-vous de jouer le jeu ?
-Tout simplement parce que pour moi aussi, ces photos sont sacrées ! Car oui, je les ai prises avec beaucoup d'amour, même si cela te déplaît ! Et je suis si heureuse de pouvoir enfin partager cette passion avec ma belle-fille ! Se justifia Shiori en serrant la main du brun, comme pour le rassurer et le protéger de la fureur de son fils aîné. En aucun cas, tu as le droit de t'énerver comme tu le fais !
-Mais vous m'y obligez ! Vous faites n'importe quoi, na no da yo ! Vous carburez à quoi, à la fin ?
-Nous avons acheté le petite table et le butsudan, avec Kazunari, ajouta Takao Suzumi, car il voulait vénérer cet album photo de toi tous les matins et tous les soirs, en même temps que tes ancêtres et les miens !
-Quel rapport avec mes ancêtres ? Et avec cet album ? Eructa Midorima qui ne décolérait pas d'une semelle.
-Je tiens à remercier tous les jours tes ancêtres car c'est grâce à eux que tu existes. Et c'est parce que tu existes que j'ai pu te rencontrer, t'épouser et nager dans le bonheur ! Expliqua à son tour Kazunari en haussant un peu le ton.
-Je te rappelle qu'officiellement...
-Ca ne change rien ! Le coupa le brun. Ne pouvant pas utiliser d'objets ayant appartenu à tes ancêtres, j'ai décidé de vénérer cet album photo, à partir de ce soir ! Que tu le veuilles ou non, Shin-chan, cet album est sacré. Nous l'avons même purifié dans un sanctuaire cet après-midi, en compagnie d'un prêtre !
-Quoi ? S'étrangla l'étudiant en médecine.
-Parfaitement ! D'où nos tenues ! Et celui qui voudra me l'enlever devra me passer sur le corps !
-Mais Kazunari, c'est un album photo ! Oh, réveille-toi un peu ! Juste… Un putain d'album photo qui prenait tranquillement la poussière chez mes parents, sans rien demander à personne !
-Et c'était du gâchis ! Pour tout l'or du monde, je ne m'en débarrasserai pas. Jamais ! Même si tu me le demandes ! Je préfère encore divorcer !
-Mais nous ne sommes même pas mariés, na no da yo !
-Que se passe-t-il, ici ? »
La voix grave et imposante du père Midorima, qui fit son apparition dans le salon, stoppa là la discussion. Son regard émeraude, comme toujours étincelant d'autorité, calma tout le monde d'un coup.
« Père ! S'écria Shintarô en se précipitant vers lui.
-Ce n'est pas prudent de ne pas fermer ta porte, Shintarô. Cela ne te ressemble pas, lui fit remarquer son géniteur, ombrageux dans son costume-cravate bleu marine.
-C'est plutôt ça qui ne ressemble pas à cet appartement ! Répliqua du tac au tac le fils aîné en désignant d'un index gauche rageur le butsudan, l'album photo et les trois autres protagonistes toujours à genoux. Ne me dites pas que vous tolérez ça ! Vous ne pouvez pas laisser faire !
-Bonsoir, Shintarô onii-san, lança sa petite sœur précipitamment en rentrant à son tour. Mère ! Suzumi-san, Kazunari-san, je ne suis pas en retard ?
-A… Akemi ? Toi aussi ? Stop ! Bugga le pauvre étudiant en médecine dont le cerveau commençait à chauffer grave. Que fais-tu là ? Et vous, Père ? Vous êtes censé encore travailler, à cette heure-ci !
-C'est vrai, Shintarô, mais je suis parti plus tôt car ta mère tenait à ce que je passe la chercher pour la ramener à la maison. J'en ai donc profité pour déposer ta sœur qui tenait absolument à faire un saut chez toi.
-Akemi, ma chérie ! Accueillit à bras ouvert Shiori. Nous en étions dans la seconde moitié de l'album, quand Shintarô perd sa toute première dent…
-Quand il porte encore l'uniforme au tissu vichy rouge ? En seconde année de maternelle, c'est bien ça ? Voulut s'assurer la sœur cadette de Shintarô en prenant place à genoux près des trois autres, face à l'album sacré.
-Bien que j'adore les uniformes qu'il a portés, pour moi, rien ne bat les grenouillères quand il était bébé… Admit le fils aîné… Pardon, la fille aînée des Takao à sa belle-sœur. Je décède dès que je vois ces photos… Sur mon téléphone, il y en a une de chaque...
-Surtout celle avec des oreilles de chat… Renchérit Suzumi. C'est ma préférée !
-Toi aussi ? Toi aussi, Maman ?
-Je préfère mon grand frère dans son pyjama de lapin…
-Celle-là, je la mets en second, juste après !
-Bien, mes enfants, Suzumi-san, reprenons où nous en étions », les focalisa Shiori en tournant avec beaucoup de précautions la page de l'album et le public, attentif, se redressa, avide…
Pour se fondre dans un mélange indescriptible d'exclamations béates, de « Ooooh ! Mon frère était trop mignon ! », de « Laissez-moi mourir maintenant, je sens que c'est le moment ! Shin-chan, adieu !», de « Je sais, je sais, je l'ai mis au monde, vous savez... » et de « Non, Kazu, tu ne peux pas abandonner Shintarô-san comme ça ! Vous êtes à peine mariés et tu l'aimes tellement! ».
Midorima en fut proprement écoeuré.
« Je vois qu'il est temps de fonder un fan club à ton nom, mon fils. Tu as déjà quatre membres inscrits d'office… Constata, pince-sans-rire, le quadragénaire.
-Père… Murmura le fils, atterré face à ce cirque honteux. Faites quelque chose… Supplia-t-il dans un souffle.
-Je n'y peux rien, Shintarô, déclara le chef de famille des Midorima après quelques secondes de réflexion.
-Mais vous voyez bien que ces photos les rendent cinglés ! Ils ont complètement cramé les plombs ! Ils... »
Shintarô réfléchit à toute vitesse à un argument imparable pour convaincre son père d'arrêter de suite ce cinéma inutile, puis il se rappela combien son géniteur était à cheval sur les traditions :
« Ils vénèrent un album photo près d'un butsudan ! C'est n'importe quoi ! On n'a jamais vu ça ! C'est fait pour vénérer les ancêtres morts, normalement ! En y déposant un peu de nourriture et de l'encens !»
Un petit moment de réflexion silencieuse de la part de Midorima senior…
« Tu as raison, reconnut-il finalement. Cependant, je te l'ai déjà dit : ne jamais se mêler des affaires de femmes…
-Kazunari n'est pas une femme, purée, arrêtez avec ça ! »
Pour toute réponse, le plus vieux des deux tourna le regard en direction de la petite troupe toujours agenouillée face au butsudan, et parmi laquelle Kazunari pleurait à chaudes larmes sur les épaules de sa mère par alliance.
« Shin-chan est si adorable ! Je jure de l'aimer et de le protéger jusqu'à la fin des temps ! Midori-mama ! Je vous aime tellement pour l'avoir mis au monde !
-Et moi, je t'aime pour l'aimer, et nous aimer à travers nous, Kazunari-san… Je suis si fière de t'avoir pour belle-fille…
- Tu es la meilleure des belles-sœurs, Kazunari-san, l'assura Akemi en lui serrant les mains dans les siennes. Je suis si heureuse ! »
Silence entre les deux hommes (puisque Kazunari, en cet instant, ne se rangeait plus dans cette catégorie).
« Tu disais, Shintarô ? »
Dépité pour de bon et pour longtemps, Midorima se tira de cette maison de fous (la sienne, à l'origine, pourtant) en claquant la porte. Son père ne le retint pas, mais placide et mesuré en toute circonstance, il le suivit néanmoins et le trouva dans le couloir de l'immeuble, assis dans les escaliers, les avant-bras pliées sur ses genoux en train de bouder comme un enfant n'ayant pas eu droit à son goûter préféré pour le quatre heures.
« Tu n'es pas plus mature qu'eux, Shintarô, soupira la figure paternelle en restant debout près de lui.
-Ils. Vénèrent. Un. Album. Photo, Père ! Il n'y a que moi que ça choque ? S'emporta de nouveau l'aîné des Midorima. Des photos qui on plus de quinze ans ! Et non seulement Kazunari part dans son délire, mais en plus, toute la famille le soutient dans ses conneries… Pardon, se reprit-il aussitôt face à son père. Dans ses… bêtises ! Père ! Ce n'est pas normal de purifier et de vénérer un album photo ! C'est quoi, leur problème, à la fin ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter…
-Autant d'amour ? Termina pour lui Midorima senior.
-N… Non ! Enfin… Je… Et même dans ce cas-là, ça ne justifie rien ! Où est la logique à se prosterner devant des photos ?
-Où était la logique lorsque ta mère passait des heures à faire les magasins pour t'acheter des paires de chaussettes alors que tu ne marchais pas encore ? »
Shintarô, déjà déstabilisé par les paroles de son père, leva soudainement la tête à cette question pour le regarder, surpris.
« Où était la logique quand dès que tu pleurais, elle se retenait de pleurer également ? Où était la logique quand elle chantonnait tout en mixant avec soin les légumes pour te faire ta purée ? Continua le quadragénaire qui croisait sans crainte aucune son regard émeraude avec celui de son fils, couleur de jade. Enfin, tu étais trop jeune pour t'en souvenir à présent… Mais si tu ne sais pas répondre à ces questions, jamais tu ne pourras suivre ma voie et devenir le médecin que tu souhaites, Shintarô. »
Le regard de jade vacilla sous le poids de l'assurance paternelle et le plus jeune détourna le regard, perplexe.
« Mère a toujours été très protectrice et… Et je ne doute pas qu'elle nous aime beaucoup, Akemi et moi mais… Mais ça ne justifie rien ! Elle n'est pas obligée d'en arriver là avec Kazunari ! Et même Suzumi-san ! Vénérer des photos, ils sont graves ! Continua-t-il en pestant de nouveau, une seconde nature chez lui. Et quel rapport avec le métier de médecin, Père ? »
Le susnommé soupira face à cette fougue de la jeunesse qui avait encore tant de choses à apprendre…
« Un médecin soigne les êtres humains. Quels qu'ils soient, sans distinction. Au quotidien, tous les jours… Il est amené à accompagner au mieux toutes les personnes qui souffrent et qui croisent son chemin. Durant tes études, tu apprendras beaucoup de choses sur l'être humain. Pour t'apercevoir au final… Que tu ne sais rien. La vérité, Shintarô… C'est que la nature humaine est un vrai mystère qui défit toute logique. Tant le corps humain que ce qui l'anime nous sont encore inconnus. l'amour et ses composantes font partie du carburant qui pousse les hommes à se dépasser et à donner le meilleur d'eux-mêmes. L'amour à lui seul est un mystère. L'amour et l'être humain… Il n'y a pas de logique à cela. Tu ne pourras pas les mettre en équation. Tu ne pourras jamais les modéliser. Car ce sont des mystères et ils ont vocation à le rester. Ce n'est pas la peine de t'acharner… N'essaie pas de comprendre, tu n'y arriveras jamais.
-Vous me dites que je dois les laisser transformer mon salon en temple érigé à mon culte ? Ou plutôt, au culte de celui que j'étais quand j'étais petit ?
-C'est ça.
-Mais c'est stupi… ! » Commença à protester Shintarô.
Pour se taire lorsque leurs regards se croisèrent à nouveau. Les yeux émeraude de son père étaient d'un calme déroutant et assuré, comme toujours. Il avait toujours été un homme réputé pour son sérieux, mais de part sa vie professionnelle, Shintarô ne le connaissait au final très peu : il n'était jamais chez lui et n'avait pour ainsi dire pas vu grandir ses enfants.
« C'est peut-être stupide, comme tu dis. Mais ce n'est pas grave. Ils ne font rien de mal. Laisse-les exprimer ce qu'ils ressentent pour toi, ou dans le cas présent, les émotions que font naître en eux tes photos d'enfance. Ce sont des affaires de femmes, après tout, et comme tu le sais…
-Il ne faut pas s'en mêler, compléta Shintarô, lassé. Sauf que je sais que je me répète, mais Kazunari n'a rien d'une femme ! Il n'a donc rien à faire dans tout ça, or, c'est lui qui les guide dans ses conn… hem… Bêtises ! Comme un bon chef d'escadrille !
-Tout simplement parce qu'il se laisse conduire par son principe féminin : émotions, intuition, accueil, amour… Penser à toi en tant qu'être inoffensif et fragile lui donne très certainement envie de s'occuper de toi et de t'aimer. Laisse-le faire. Laisse-toi faire. Accepte ces mystères et n'essaie pas de les débusquer, je te le dis, tu t'y casseras les dents. L'amour et la passion sont des énergies beaucoup trop puissantes pour se laisser dompter par quiconque. Mais comme disait cet auteur français que j'aime lire : "Les passions sont les vents qui enflent les voiles du navire ; elles le submergent quelquefois, mais sans elles il ne pourrait voguer." (7) »
Shintarô ne trouva rien à répliquer à cela et il reprit sa position initiale, fixant un point invisible droit devant lui. Si l'amour ne pouvait être appréhendé par des chiffres et des théories mathématiques… Si le comportement de sa mère, de Kazunari, d'Akemi et Takao Suzumi-san relevait du mystère, cela voulait-il dire qu'il aurait beau dire et faire, il ne pourrait jamais les empêcher de vouer un culte à leur nouvelle religion ? N'y avait-il donc aucun moyen d'empêcher Kazunari de mettre son plan machiavélique à exécution et de se prosterner tous les matins devant le butsudan et l'album photo ? Midorima devait-il se résigner à jamais à voir ses photos d'enfance diffusées, dévoilées, décryptées, discutées, idolâtrées comme un Livre Saint ?
Eh bien non ! Il n'en était pas question ! Son cerveau rationnel et logique lui disait que la situation ne pouvait pas durer ainsi ad vitam æternam, à ses dépends !
Sauf qu'il ne voyait vraiment pas comment les freiner dans leur folie furieuse… Et que s'il suivait les conseils de son père, ce n'était même pas la peine de remettre une pièce dans la machine pour tenter de nouveau sa chance…
« Bien, Kazunari-san, tu prendras grand soin de cet album, d'accord ? » S'assura Midorima Shiori, debout sur le seuil de la porte, près de sa fille et de Suzumi-san.
La proximité de sa voix firent se retourner d'un coup Midorima père et fils, qui ne les avait pas entendus sortir de l'appartement.
« Comme la prunelle de mes yeux, il faudra me passer sur le corps avant de me l'enlever ! Jura Kazunari, une main sur le coeur. Je vous en remercie, Midori-mama ! »
Shintarô ne put s'empêcher de soupirer en entendant ce surnom complètement débile… Pertinents diraient certains, mais débile quand même à ses yeux !
«Kazu, tu prends bien soin de toi et de ton mari, d'accord ?
-Ne t'inquiète pas, Maman ! On ira bien !
-S'il te faut d'autres anecdotes sur mon petit Shintarô, passe quand tu veux, Kazunari-san. Tu es ma belle-fille adorée ! Lui dit Shiori en lui serrant très fort les mains.
-Je n'y manquerai pas ! Je veux tout savoir sur mon Shin-chan !
- Au revoir, Kazunari-san. Prends soin de toi, le salua poliment Akemi en s'inclinant. Père, appela-t-elle en se retournant en direction de ce dernier, nous rentrons ?
-Je suis là pour ça, lui répondit-il. A ce propos, Shiori, pour quelle raison as-tu insisté pour que je vienne vous ramener à la maison ? Vous n'avez pas besoin de moi pour rentrer, vous connaissez le chemin…
-Tout simplement parce que je ne te vois jamais et qu'il me fallait te bloquer un créneau pour te dire, une fois cette transmission de souvenirs entre moi et Kazunari-san à propos de Shintarô, ce que j'avais sur le coeur. »
Le chef de famille des Midorima leva un sourcil, étonné, mais ne pipa mot tandis que Shintarô, lui, se leva pour se rapprocher d'eux. Shiori s'avança en direction de son mari pour s'incliner respectueusement face à lui :
« Je ne te remercierai jamais assez pour m'avoir donné d'aussi beaux enfants… Tu as su faire de moi une épouse et une mère comblée. Et je ne voulais pas te le dire au téléphone, pour une fois, mais en face. Et je sais que Kazunari-san saura prendre soin de notre amour de fils comme il faut ! »
Et elle se redressa pour le regarder dans les yeux et les siens brillaient de joie et d'amour.
Midorima père resta silencieux quelques secondes : c'était sa manière toute personnelle de se montrer secoué par cet aveu. Puis il toussota :
« C'est le devoir d'un homme de prendre soin de sa femme et de veiller au bonheur de ses enfants. Il ne pouvait en être autrement. Rentrons, maintenant. »
Et le chef de famille, ombrageux et sage de tant de batailles menées, la tête haute et le regard émeraude toujours étincelant d'autorité, fit demi-tour pour s'en aller et se faisant, passa devant son fils aîné qui lui, avait la bouche grande ouverte par ce à quoi il venait d'assister.
Non…
Il n'avait pas vu…
Des rougeurs sur les joues de son père ?
Il lui fallait changer de lunettes au plus tôt, ça devenait urgent, là !
Takao Kazunari et son œil de faucon, en revanche, ne s'y trompèrent pas une seconde, à tel point que le brun murmura pour lui-même, un sourire pendu aux lèvres :
« Décidément, ces Midorima… Tsundere (8) de père en fils... »
(1) Table basse chauffante, munie d'une couverture et parfois assortie de futon ou d'un tapis
(2) Gamelle du midi
(3) Choux chinois fermentés (et très épicés). Il s'agit du plat préféré de Takao
(4) Petit autel servant à vénérer les morts, présents chez les particuliers au Japon
(5) Agenouillé sur ses talons, d'une manière très droite et formelle
(6) Forme de théâtre classique japonais, très codifié et élégant
(7) Citation de Voltaire
(8) Qualifie quelqu'un qui cache son grand coeur derrière une façade froide et austère
