Guten Tag alles ! Ouais, j'en profite pour réviser mon allemand. Un problème ?
Ce nouveau recueil sera dédié à mes drabbles écrits dans le cadre des soirées drabbles organisées sur le groupe Papotage, Ecriture, Lecture et Bonne Humeur. Les publications seront donc tout à fait aléatoires, puisqu'elles suivront le rythme de l'organisation des soirées.
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Un petit rappel sur le principe du drabble ? C'est très simple : on vous donne un mot et sept minutes pour écrire un petit texte de cent mots (avec une certaine tolérance, heureusement pour moi...)
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Voilà, c'était tout ce que j'avais à dire ! Je vous souhaite une bonne découverte et une bonne lecture !
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- Cent mots et des poussières -
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Préjudice – 103 mots
Un affrontement entre l'Esprit de Feu et le Valar Noir ne pouvait rester sans conséquences sur l'équilibre d'un univers encore si jeune, et il le savait.
Il aurait aimé dire qu'il n'avait jamais voulu tout cela, qu'il ne pensait pas que les choses puissent aller si loin. Mais ce faisant, il aurait menti.
En parfaite connaissance du mal et des préjudices qu'il causerait au monde, Fëanor avait préféré fermer les yeux et suivre l'aveuglement de sa colère ; car à ses yeux, ses trois joyaux de lumière, ses Silmarils, passaient avant sa vie, celles de ses fils et le destin d'Arda tout entier.
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Etoile filante – 114 mots
La nuit était tombée sur Valinor, mais au cœur du palais endormi, une jeune âme ne trouvait pas le sommeil.
Accoudé à sa fenêtre ouverte, le petit Kanafinwë levait son regard émerveillé vers le ciel où brillaient les étoiles, étincelantes dans le ciel d'encre comme une couronne de diamants dans un écrin d'ombre.
Il aimait sentir sur sa peau la caresse de la lueur laiteuse des astres. Il aimait se perdre dans cette immensité envoûtante de mystère et de silence ; et par-dessus tout, il aimait surprendre, une nuit où la chance était avec lui, la course blanche d'une étoile filante quittant sa place pour s'enfuir vers un destin inconnu de ses yeux d'enfant.
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Voile – 107 mots
Plusieurs fois, les jumeaux avaient posé cette question. Plusieurs fois, on leur avait répondu, par des paroles perdues, creuses et vides de sens. Maedhros disait que c'était trop compliqué pour des petits elfings comme eux ; Maglor disait que ce n'était pas son rôle de le leur expliquer.
Alors, désespérant de trouver enfin quelqu'un qui saurait leur répondre, Elros et Elrond s'attardaient souvent sur la plage au crépuscule, marchants côte à côte sur le sable humide, en portant leurs regards pleins d'interrogations vers l'horizon de la mer, sur le dos de laquelle leur père avait fait voile et n'était jamais revenu – pour une raison à jamais inconnue.
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Cyclone – 105 mots
Depuis quatre cent ans, terré dans les tréfonds d'Angband dont il tenait les rênes à l'insu des Valar, Sauron attendait. Il attendait le signe du retour de son maître, l'unique espoir qui le retenait encore et nourrissait son assurance. Il attendait son heure avec patience, et préparait le terrain à cette perspective.
Et, le jour où une terrible tempête s'abattit sur les terres du Nord, le jour où, au milieu du fracas du tonnerre, le vent furieux du cyclone porta les échos d'un grand cri qui ébranla la terre, il comprit qu'il n'avait pas attendu en vain, car Melkor était en chemin ; il arrivait.
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Miroir – 107 mots
« Vous ne pourrez pas me retenir ici. »
Lùthien avait parlé d'une voix calme, et il y avait sur son visage une expression de confiance absolue. Mais Celegorm rit, et son rire sonna comme le sinistre croassement d'un corbeau. Sans prononcer une parole, il quitta la pièce à reculons, s'inclinant avec une fausse courtoisie. Un cruel sourire plein de mauvaises promesses était sur ses lèvres.
Laissée seule dans ce qui serait désormais son appartement – ou sa prison –, Lùthien se tourna face au miroir, et dans son reflet, vit les larmes qui perlaient ses cils. Elle les essuya délicatement, se forçant à sourire dans sa peine.
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Trèfle – 126 mots
Il avait suffi d'un seul jour pour que sa vie soit bouleversée. Il avait suffi d'une seule bataille et son père et son frère lui avaient été arrachés.
Que lui restait-il, à présent ? Rien...
« Dame Haleth. »
Elle tourna la tête. Derrière elle, se tenait ce seigneur elfe qui leur était bien tardivement venu en aide.
« Seigneur Caranthir » prononça-t-elle d'une voix sans intonation.
Silencieux, il s'assit près d'elle, dans le champ de fleurs baigné de soleil.
Sa main frôla l'herbe, cueillit délicatement un trèfle à quatre feuilles qu'il lui tendit. Et, trop surprise par ce gage de bonheur et de chance, elle ne trouva pas les mots pour remercier cet être millénaire qui comprenait, probablement mieux que personne, la douleur qui l'habitait.
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Drap – 119 mots.
Ce ne fut presque rien. Un mouvement, un bruissement de drap. Mais, troublée dans son sommeil, Nerdanel entrouvrit les paupières.
Veillant à conserver une respiration lente et régulière, elle regarda Fëanor se redresser avec délicatesse, sans doute pour éviter de la réveiller ; sans savoir qu'il était trop tard pour cela. Elle le regarda se mettre debout, elle regarda son corps à peine voilé de sa chemise ouverte. Elle le regarda quitter la chambre en silence.
Le jour se levait, et Fëanor se levait toujours avec lui.
Mais quand il sortit de son champ de vision, Nerdanel sentit une étrange angoisse s'emparer d'elle.
Comme si ce serait la dernière fois qu'elle le voyait, et que ce départ était définitif.
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Bonus
Fandom : La Passe-Miroir (non existant sur ce site, mais peut-être que certains ici connaissent cette série de livres...)
Miroir (112 mots)
Ophélie avait effectué son premier passage de miroir à l'âge de treize ans. Une nuit, réveillée par les multiples craquements de la capricieuse maison, elle s'était levée de son lit en silence, incapable de se rendormir. Comme si une intuition guidait ses pas, elle s'était avancé jusqu'au grand miroir mural de sa chambre, et avait longuement contemplé son reflet, se noyant dans son propre regard ; puis, lentement, avec une hésitation presque timide, elle avait tendu la main.
Ses doigts avaient touché la surface lisse et froide. Et s'y étaient enfoncés avec naturel.
Elle n'en avait même pas été surprise. Parce qu'au fond, depuis le début, elle savait.
Elle était une Passe-Miroir.
