Coucou les mandragores !
Cela faisait plusieurs mois que j'avais commencé à écrire cette histoire et pour me motiver à continuer à l'écriture et surtout à améliorer les premiers chapitres, je vous la partage, dans l'espoir qu'elle vous plaise ^^
On commence par un chapitre court mais qui pose les bases de l'histoire.
Bonne lecture !
Le royaume d'Eroc avait pour capitale Bangtan, une immense et magnifique ville. Depuis quelques siècles siège du pouvoir, la cité était également le chœur commercial, intellectuel, économique et artistique du pays.
Une fois par semaine avaient lieu sur la place des marchés de grandes enchères d'esclaves. Très prisées par les riches, ceux qui étaient dépossédés de liberté attendaient leur tour avant d'être, à l'instar du bétail, montrés au public avant que ne soit négociée la vente.
Ce jour-là, il y avait foule, bien plus que d'habitude. Beaucoup de nobles et riches roturiers s'impatientaient, presque avec frénésie. Le brouhaha de leurs paroles couvrait les chants et musiques des artistes de rues. Tout le monde avait entendu parler d'un esclave d'à peine quinze ans qui allait être mis à la vente pour la première fois. Après trois ans de formation chez les dresseurs – ceux chargés de former les gens nouvellement devenus esclaves à leur récent asservissement – le jeune avait été déclaré prêt. Jungkook, de son identité, était présenté depuis des semaines comme étant un petit prodige. Ce fut pour cette raison qu'une fois qu'une fois sortit de sa cage et amené sur l'estrade, des acclamations se firent entendre.
Le dresseur qui s'occupait des enchères hurla.
– Jungkook, ou l'esclave d'or ! Il sait lire, écrire et compter ! Sa voix envoûtante chante mieux que quiconque ! Personne ne peut l'égaler en danse ! Il sait servir à table, tenir une conversation, effectuer toutes les tâches ménagères ! Rien ne lui est impossible ! Prix de départ : 5 pièces d'or !
Si Jungkook n'aurait pas été si malheureux de sa condition, peut-être aurait-il sifflé devant une telle somme. La plupart des articles valaient des pièces de bronze. L'argent démontrait une meilleure qualité. Alors quand on arrivait à l'or, alors il n'y avait que le meilleur. Mais son désespoir était trop important pour qu'il y prête attention. Non, tout ce qu'il voyait, c'étaient des personnes qu'il ne connaissait pas qui cherchaient à l'acquérir comme s'il n'était qu'un objet.
– 6 pièces !
Un obèse libidineux remarqua l'esclave. Pour profiter de ses capacités ou de son corps ? Jungkook ne voulait même pas imaginer la réponse.
– 7 pièces !
Une vieille femme. Sûrement pour les mêmes raisons.
– 8 pièces !
– 10 pièces !
– 11 pièces !
D'autres personnes participèrent aux enchères. Autant que Jungkook détesta d'emblée. Arrivée à 13 pièces, plus personne ne renchérit sur l'offre de l'obèse. Le dresseur reprit alors la parole.
– Regardez ce magnifique visage, il vaut de l'or à lui tout seul ! Et son corps satisfera nombre d'entre vous !
Sans ménagement et malgré les chaînes au cou, aux pieds et aux mains, Jungkook se retrouva nu devant tous, ses habits déchirés par celui qui le vendait. Le jeune homme n'était pas à sa première humiliation, mais cela ne le laissait pas indifférent. Surtout en constatant que ses potentiels futurs maîtres le scrutaient avidement. Presque un mètre quatre-vingts, des cheveux comme des yeux plus noirs que la nuit, des traits fins, un air encore juvénile, le corps mince et musclé, il attirait tous les regards. Une petite cicatrice sur la joue gauche faisait sa particularité. L'air frais de la matinée le fit frissonner et alors qu'il fut tenté de se recroqueviller sur lui-même, le dresseur le fit s'écarter les cuisses pour que personne ne perde une miette de ce qu'il possédait entre les jambes.
– Et il est encore pur ! Précisa le dresseur. Inviolé !
Le dresseur fit tourner lentement Jungkook sur lui-même, afin que son corps rapportât de l'argent. Il n'en fallut pas plus pour que les enchères reprennent, l'avidité prenant le pas sur le prix.
– 15 pièces !
– 17 pièces !
– 18 !
– 19 !
Jungkook se disait qu'il allait appartenir à la vieille femme quand un nouvel acquéreur entra dans la partie.
– 25 pièces d'or !
Tout le monde se retourna pour voir à qui appartenait cette voix. L'esclave d'or comprit que ce n'était pas un inconnu, des grimaces ou des sourires étant visibles.
Lui vit un homme plus âgé que lui de quelques bonnes années, les cheveux rouges et le visage ovale. Et si toute la foule était bien habillée pour démontrer sa richesse et son pouvoir, le roux les surpassait tous. Ses habits et ses bijoux étaient ce qu'il y avait de plus beau et luxueux. Tout en lui inspirait le respect et la supériorité. Même l'esclave à ses côtes – Jungkook le savait grâce au collier de chaînes accroché à son cou – était mieux habillé et présentait des atours plus reluisants qu'une partie des gens autour d'eux. Sa chaîne était en or. Le jeune nu fut sidéré. Rares étaient les personnes capables de posséder une telle fortune. Ce plausible maître était-il si riche ?
Un détail frappa Jungkook : malgré le sérieux du visage du roux, il pouvait y lire de la douceur et de la générosité. L'esclave ferma les yeux et chassa cette pensée : espérer ne rendrait la réalité que plus douloureuse. Il devait au contraire toujours imaginer le pire pour ne pas être déçu de ce qui arrivera plus tard.
Autour du dernier acquéreur, les autres participants aux enchères hésitèrent. Certes l'esclave semblait être aussi bon que présenté, mais la somme commençait à être très élevée. En valait-il la peine ? Le silence se prolongea et finalement personne n'enchérit malgré les nouvelles qualités énoncées par le dresseur. Jungkook fut donc vendu pour 25 pièces d'or au noble Jung Hoseok.
L'affaire conclue, l'esclave fut ramené dans sa cage en attendant qu'un autre dresseur s'occupât des formalités avec son nouveau maître. D'humeur morose, Jungkook garda le silence. Il n'écouta même pas ce qui était dit. Jusqu'à ce qu'il fût appelé.
– JUNGKOOK !
Le susnommé se releva immédiatement, apeuré et craignant une correction. Il vit un dresseur devant sa cage, Hoseok derrière lui, accompagné de son riche esclave – qui avait une chevelure couleur menthe et la peau pâle, remarqua-t-il pour la première fois.
– Te voilà désormais la propriété du grand et noble Jung Hoseok. Tu lui devras obéissance jusqu'à ce que mort s'en suive ou qu'il te délie de ta condition.
Comme on le lui avait appris, Jungkook s'inclina.
– Habillez-le, étendit-il dire par son nouveau propriétaire. Et qu'on me l'amène jusqu'à mon carrosse.
– Selon vos désirs.
Le jeune esclave fut rapidement préparé et emmené. Jungkook était paré de magnifiques habits. Il comprit qu'ils venaient d'Hoseok. Il devait vouloir que sa nouvelle acquisition soit aussi magnifique que lui et l'autre esclave. Après des années à porter des robes de bure ou en coton rêche, la douceur et la chaleur du tissu lui sembla étrange. Toutefois, il ne s'en plaignit pas : c'était si agréable qu'il voulait les porter toujours !
Une fois qu'il fut prêt, Jungkook quitta non sans regrets l'arrière-boutique des dresseurs pour débuter une nouvelle existence, quand bien même la crainte l'habitait. Devant lui se trouvait un carrosse de belle facture, avec un bois de qualité et finement travaillé, de l'or partout. Des rideaux pourpres – couleur des élites d'Eroc – où des J d'or étaient cousus. Désormais, Jungkook ne doutait plus : son maître était immensément riche et son prix d'achat n'avait représenté qu'une bagatelle. Qu'est-ce qu'une personne aussi puissante avait besoin de lui ? Était-ce uniquement par vanité de pouvoir se venter de posséder l'esclave d'or ?
Jungkook s'attendait à ce que ce fut l'un des employés des dresseurs qui lui ouvrirait la porte du carrosse afin de symboliser la passation entre propriétaires, aussi fut-il surpris. D'employés, il n'en vit nulle part. Celui qui l'invita à monter était l'esclave aux cheveux verts. Le jeune noiraud le suivit. Jungkook se retrouva face aux deux autres. Hoseok était en train de lire une feuille les sourcils froncés quand le vert ferma la porte. Dehors, des airs populaires accompagnés d'instruments se faisaient entendre. Pour Jungkook qui pourtant aimait la musique, ce ne fut pas une consolation et cela ne le détendit pas face au noble.
– Il n'y avait personne, maître, apprit l'autre esclave au noble.
– Quand on paie assez, tout est possible, répondit ce dernier.
Hoseok frappa contre le mur du carrosse qui se mit à avancer, le cocher ayant compris ses intentions puis il se tourna ensuite vers Jungkook.
– J'ai dérogé à la tradition, mais je ne suis plus à ça près. Je désirais t'épargner la passation, je pense que tu ne m'en veux pas ?
Lors d'une passation, un esclave devait s'agenouiller devant son ancien propriétaire puis devant son nouveau. Il n'avait pas le droit de se relever tant l'un et l'autre ne l'avait pas exigé. Humiliant, cette étape pouvant durer très longtemps, selon la volonté des propriétaires. Jungkook était reconnaissant d'avoir pu échapper à une telle pratique, mais ne sachant comment se comporter avec Hoseok qu'il ne connaissait pas, il fut mal à l'aise et regardait par terre.
– Ne sois pas si gêné ! s'exclama avec le sourire le noble. Je ne vais pas te manger tu sais.
– P-pardon maître !
– Ne t'excuse pas. Regarde-moi plutôt.
Jungkook, un peu perdu, obéit. Bien qu'il lui répugnât d'être asservi, son dressage forcé lui avait appris la docilité. Hoseok le fixait intensément.
– Tu as entendu mon identité tantôt. Tu es désormais mon esclave, sous mes ordres. Ne cherche jamais à fuir, ne me désobéis pas, ne me fais jamais honte, que ce soit en public ou chez moi. Compris ?
– Oui, maître.
– En échange, je t'offre ma protection. Sous mon toit, tu seras nourri, blanchi et logé. Jamais je ne te ferai le moindre mal, comme personne d'autre ne pourra t'en faire et toi-même jamais tu n'useras de violence, excepté si ta vie ou celles de ta maisonnée sont en danger. Tu seras bien traité, aucun déshonneur ne te seras fait. Si un point te pose question ou tu te sens victime d'une injustice, tu as le droit d'en parler à mes autres esclaves, j'encourage l'entraide. Tu pourras aussi m'en parler si tu le souhaites. Est-ce clair ?
– Oui, maître.
En vérité, Jungkook était dérouté. Ses dresseurs lui avaient répétés que les riches maîtres étaient impitoyables mais qu'il fallait quand même obéir. Et dans sa première vie, à l'époque où il était encore libre, ce dont il avait été témoin était peu reluisant. Là, les règles lui semblaient plus justes.
– Pour ce qui est de notre maisonnée, en plus de moi-même et de ma fiancée, il y a neuf esclaves en te comptant. Celui qui se trouve à mes côtés se nomme Yoongi.
Yoongi se contenta de hocher la tête, ce qui fit sourire Hoseok.
– Tu verras, il ne parle jamais plus que ce qu'il ne juge nécessaire mais il sera là pour t'aider en cas de problème. Et c'est aussi un excellent protecteur. Lui comme les autres sont tous différents, mais ils forment ta nouvelle famille. Aie confiance en eux et tout se passera bien pour toi.
– Bien, maître.
Trop de belles paroles. Mais Jungkook refusait d'y croire. Des mots, on le lui en avait dit beaucoup, et il constatait aujourd'hui le résultat. La confiance, jamais il ne pourrait la retrouver, encore moins l'accorder. Le jeune homme en était sûr, dès ce soir il serait la victime des fantasmes du roux. Sa virginité lui serait volée dans la violence et le sang.
– Si tu te poses la question, je ne veux pas te ton corps.
Surpris à nouveau, Jungkook sursauta.
– Ma fiancée me suffit amplement. Et jamais je n'ai pris comme je ne prendrai quelqu'un contre son gré. Je te l'ai dit, personne ne te fera de mal, tu as ma protection.
– Alors pourquoi m'avoir acheté ?
Les dresseurs l'avaient répété, sa pureté allait jouer dans les enchères, déniaiser des esclaves étaient une activité répandue. Hoseok ne sembla pas s'offusquer de cette question impromptue.
– Pour le moment, je ne te demande qu'accomplir les tâches quotidiennes qui te seront assignées comme les autres.
Son interlocuteur pencha légèrement la tête sur le côté à l'entente de « pour le moment ». Ce geste n'échappa pas au roux.
– Quand le temps sera venu, je te ferai accomplir avec ton accord une mission particulière.
– Laquelle, maître ?
– Je ne peux t'en parler maintenant, c'est trop tôt. Quand je t'estimerai prêt, quand tu auras prouvé que je pouvais t'accorder ma confiance, alors je t'en parlerai.
– Pardon maître mais… Il se peut que ce jour ne vienne jamais.
Yoongi parut outré qu'il puisse tenir de tels propos. Jungkook comprit que le vert était fidèle et qu'il ne supportait pas qu'on puisse lui manquer de respect. Hoseok, lui, ne se laissa pas ébranler.
– Ou peut-être ce jour viendra plus tôt que tu ne le penses. Je ne te surestime pas, car je te connais mieux que tu ne le crois.
Le plus jeune grimaça, n'y croyant pas.
– Ne me sous-estime pas, reprit Hoseok. Ne me sous-estime jamais, Jeon Jungkook.
Le susnommé sursauta, plus violemment que les fois précédentes. Son nom de famille, cela faisait trois ans qu'il ne l'avait plus entendu.
Un esclave ne possédait pas d'autre identité que son prénom. Jamais de nom. Ceux qui naissaient dans ces conditions n'en connaissaient pas de toute leur existence, tandis que ceux ayant connu un jour la liberté pour la perdre ensuite ne conservaient que leur prénom.
Dans la tête de Jungkook, plein de questions se bousculaient. Comment pouvait-il connaître son nom ? Comment l'avait-il appris ? Savait-il tout ce qu'il avait vécu depuis son asservissement ? Savait-il qui il était exactement ?
– Je vois bien que tu te poses des questions. J'y répondrai en temps voulu. Yoongi, ce que tu viens d'entendre est confidentiel, garde le pour toi.
– Très bien, maître.
Le noiraud était si curieux qu'il ne put s'empêcher de prendre la parole.
– Mais comment… ?
De la malice traversa les yeux de Yoongi.
– Tu vas très vite constater que notre maître est plein de surprises…
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