Bien le bonjour. Cela faisait bien un siècle que je n'avais rien publié, mais voilà une petite fic sur l'un de mes couples préférés.

C'est donc un Mystrade, et classé M. Il est composé de sept chapitres et d'un épilogue, qui sont tous déjà finis (j'aime bien publier quand je suis sûre de ne pas abandonner l'écriture en cours).

Je publierais donc deux chapitres par semaine: un le dimanche, et un le mercredi (oui, c'est complètement arbitraire).

Alors amusez-vous bien à la lecture, et surtout n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. Un retour, quel qu'il soit, est toujours agréable^^

disclaimer: Sherlock Holmes et tous ses petits copains appartiennent à Sir Arthur Conan Doyle. La série Sherlock appartient à la BBC, et donc bien sûr ne m'appartient que l'histoire présente.

Bonne lecture!


Chapitre 1

Depuis dix ans que le détective inspecteur Gregory Lestrade connaissait Sherlock Holmes, il avait passé un nombre incalculable de fois sa porte. Tout d'abord celle du petit studio qu'il louait dans un quartier bon marché, puis celle de l'appartement de Baker Street qu'il partageait de manière épisodique avec John Watson.

La majeure partie du temps, il avait passé la porte pour une enquête. Il grimpait les escaliers au pas de course, et le détective le suivait sans perdre de temps, devinant sans même que Greg ne parle ce pour quoi il était venu, et l'abreuvant de remarques sur l'inefficacité des forces de police tandis que Greg comptait mentalement jusqu'à dix pour ne pas tirer avec son arme de service sur Sherlock.

Moins souvent, mais régulièrement, Greg était venu en tant qu'invité. Des invitations émanant toujours de John, bien évidemment. Il considérait Sherlock comme un ami, et avait un soupçon qu'il en soit de même pour le détective, mais après tout, c'était Sherlock, et il ne risquait pas de se mettre à inviter les gens.

Il était donc venu à plusieurs reprises pour partager une tasse de thé, une bière, ou même un repas à l'occasion.

Et il lui était même arrivé, une fois, de venir pour aider Sherlock à écrire un discours de mariage. Même s'il avait d'abord cru que le détective requérait un secours policier, vu que c'était la seule et unique fois qu'il l'avait invité en dehors d'une enquête.

Mais ce matin-là, pour la première fois -et il espérait la dernière- Greg passa la porte pour aucune de ces deux raisons.

Hésitant, il parcouru d'un pas rapide les marches jusqu'à l'appartement des deux amis. Officiellement, John avait toujours son appartement en centre-ville où il vivait avec sa fille, mais il passait les trois quarts de son temps à Baker Street.

Arrivé devant la porte de l'appartement, au deuxième étage, Greg hésita. Il se sentait idiot. Même si son premier réflexe ce matin avait été de venir ici, il se trouvait maintenant parano, et surtout, il prenait conscience qu'il n'était même pas huit heures, et que Sherlock devait être en train de dormir, ou de découper un cadavre, ou de faire ce qu'il faisait habituellement sur son temps libre.

Il soupira, puis se décida à frapper. Un bruit étouffé lui répondit, qui aurait pu correspondre à la voix de Sherlock. Il ouvrit donc la porte, pour se retrouver face à une petite fille d'un an et demie.

« Bonjour, Rosie. » salua-t-il la petite fille qui lui offrit un grand sourire.

Il l'attrapa dans ses bras, et fit un pas dans l'appartement. John arriva de la cuisine, un biberon à la main.

« Ah te voilà, chipie ! » dit-il à sa fille qui battit joyeusement des bras.

Greg lui tendit l'enfant, que John prit dans ses bras.

« Je croyais que vous étiez en vacances ? » dit-il à Greg tandis que sa fille attrapait son biberon.

Il déposa sa fille sur le sol, et celle-ci courut, son biberon en main, jusqu'au fauteuil où elle grimpa difficilement. Greg se passa la main dans les cheveux, gêné.

« Je le suis. »

John haussa un sourcil.

« Quelque chose ne va pas ? »

Greg hésita. Encore une fois, il se sentait complètement idiot d'être venu frapper à la porte de Sherlock. En tant que détective inspecteur de Scotland Yard, il devrait être en mesure de se débrouiller tout seul. Mais il ne voulait pas mêler ses collègues à cette histoire.

« Sherlock est là ? » demanda-t-il finalement.

John ne s'offusqua pas qu'il élude sa question. Il se contenta de lui indiquer la cuisine du menton.

« Il est dans une de ses expériences. Il m'a réveillé à six heures ce matin en me priant de venir au plus vite, tout ça pour constater qu'il avait répertorié une nouvelle sorte de cendre. »

Greg se retint de rire. Peu importe le temps, le détective ne changeait pas. Il suivit John vers la cuisine, et trouva Sherlock en peignoir, devant son microscope, occupé à marmonner en inspectant différentes lamelles. Il leva à peine les yeux vers Greg quand il entra.

« Vous devenez matinal, à Scotland Yard. » dit-il sans lever les yeux.

Greg s'appuya sur le chambranle de la porte en croisant les bras sur sa poitrine.

« Je ne suis pas là pour le Yard. »

Comme il s'en doutait, Sherlock leva les yeux de son microscope. Il se redressa, et fixa Greg quelques instants, plissant les yeux, sans doute occupé à déduire un tas de choses sur son apparence.

Ce n'était pas la première fois que Greg subissait les déductions de Sherlock. Mais comme chaque fois, il trouvait cela gênant, et extrêmement insupportable. Il dû se retenir à grand peine de se tortiller sous le regard du détective. Celui-ci, enfin, rencontra son regard et ouvrit la bouche.

« Vous venez en tant que client. » dit-il.

Greg hocha la tête, même s'il savait que c'était inutile. Sherlock n'avait pas posé de question. C'était une simple constatation, le résultat de sa déduction. Sherlock le fixa un instant, comme s'il était surpris de sa propre déduction. Puis il sourit, et alla dans le salon s'asseoir dans un des fauteuils.

John, qui n'avait rien perdu de l'échange, haussa un sourcil mais ne dit rien. Il se contenta d'attraper une chaise pour la placer près des fauteuils, avant de s'asseoir dans le fauteuil face à Sherlock, prenant sa fille sur ses genoux.

Greg grimaça en regardant la chaise et les deux colocataires : Sherlock regardant droit devant lui, le visage sur ses mains jointes, John en face de lui, impassible.

« On est vraiment obligé de faire toute cette comédie ? »

John ouvrit la bouche pour répondre, mais Sherlock le devança.

« Pour la première fois en dix ans, vous avez besoin d'une aide personnelle. Bien sûr que l'on est obligé de suivre nos règles. »

Greg soupira sans répondre. Il savait qu'avec le brun, ce serait inutile. Et il s'efforça de ne pas relever la façon dont Sherlock avait prononcé le mot « personnelle », comme s'il s'agissait d'une grave maladie contagieuse. Il prit donc place dans le siège, et attendit.

John, Rosie toujours sur les genoux, attrapa un calepin et un stylo, et se tourna vers lui.

« Qu'est-ce qui vous amène ? »

Greg se retint de s'en aller. Si le petit spectacle que les deux amis offraient à leurs potentiels clients l'amusait en général, là, alors qu'il lui était destiné, il le trouvait juste stupide et vexant. Il n'aurait vraiment pas dû venir. Il devait vraiment aimer être ridiculisé. Ce qui expliquerait pourquoi il continuait à fréquenter Sherlock, et surtout pourquoi il le considérait comme son ami.

« Je pense que quelqu'un veut ma mort. »

Si John haussa un sourcil, Sherlock resta de marbre. Il lui fit un signe de la main sans le regarder, les yeux toujours fixés au mur.

« Vous êtes détective inspecteur, cela n'a rien d'étonnant. Continuez. »

Greg sortit de la poche de son manteau une liasse de papiers.

« Je pensais comme vous au début. Il y a six semaines, j'ai reçu une lettre anonyme. »

Il tendit la première lettre à John, qui l'attrapa et la parcourut des yeux. C'était un message composé de lettres découpées dans des journaux ou magazines.

« Vous allez payer pour ce que vous avez fait, lut John. C'est sobre mais efficace.

- Je ne me suis pas inquiété, mais j'en ai reçu de nouvelles. »

Il tendit le paquet à John, qui les parcourut des yeux avant de les tendre à Sherlock. Celui-ci s'était redressé, et regardait les lettres d'un œil scrutateur, son cerveau logique déjà lancé à toute vitesse.

Pour les avoir lu un certain nombre de fois, Greg connaissait presque les lettres par cœur. Elles contenaient toutes la même idée de vengeance, avec des menaces de mort en plus.

« J'en ai reçu deux par semaines depuis la première. »

Sherlock rendit le paquet à John, qui prenait des notes.

« Sans doute un repris de justice en colère. Il se lassera vite de son petit courrier. Ennuyant. »

Il se leva de son fauteuil et attrapa son violon, avant de se placer devant la fenêtre. Greg avait beau être habitué à l'absence de tact et de bonnes manières de Sherlock, il lui fallut tout de même compter jusqu'à dix dans sa tête avant de continuer. Comme chaque fois ou presque qu'il avait une conversation avec le détective.

Après tout, en recevant les lettres, il avait d'abord pensé lui aussi qu'il s'agissait d'un subit accès de colère chez un ancien suspect qui passerait vite. Il avait déjà reçu de nombreuses menaces au cours de sa carrière, sans qu'il n'y ait jamais de suite.

« C'est ce que je pensais aussi jusqu'à la lettre de ce matin. »

John haussa un sourcil intrigué, les lettres toujours en main. Quant à Sherlock, s'il faisait mine de ne plus écouter, il se tenait toujours debout dos à eux, son violon contre son menton, mais n'avait pas commencé à jouer.

« Je l'ai trouvée sur la table de ma cuisine, avec un petit cercueil en plastique. »

Cette fois, Sherlock se retourna.

Maintenant qu'il le racontait à voix haute, Greg se sentait vraiment idiot. Passée la frayeur que lui avait causé la lettre avec le petit cercueil en se levant ce matin, il se rendait compte maintenant qu'il avait peut-être sur réagi. Et que cette semaine de vacances tombait à point nommé.

Pourtant, Sherlock abandonna son violon, et revint près de son fauteuil, attrapant la lettre annonçant « tic tac inspecteur, votre temps est compté » que Greg avait mise dans un sac congélation.

« Je ne l'ai pas fait pour les premières lettres, elles me semblaient inoffensives, mais j'ai fait attention à ne pas toucher celle-là. Je sais que vous avez ce qu'il faut pour relever les empreintes. »

Sherlock fixa le sac, puis Greg.

« C'est malin. »

Greg leva les yeux au ciel.

« Je vous rappelle que je suis flic. »

Sherlock hocha la tête et Greg lui tendit un second petit sac dans lequel se trouvait le minuscule cercueil. Sherlock l'observa brièvement avant de le poser.

« Vous avez quel système de sécurité ? » demanda-t-il.

Greg se mordit la lèvre, gêné.

« Je n'en ai pas. »

John rajouta une note sur son calepin, tandis que Sherlock haussait un sourcil dans sa direction.

« Vous fréquentez quotidiennement des voleurs et des tueurs et vous n'avez pas de système de sécurité chez vous ? »

Greg s'abstint de relever le fait que Sherlock pense qu'il passe ses journées à combattre des criminels de haut vol, alors que la plupart de ses journées étaient consacrées à de la paperasse. C'était assez flatteur pour son image, alors autant laisser courir.

« Je pourrais en dire autant de vous. »

Sherlock garda sa mine impassible, tandis que John éclatait de rire. Sur ses genoux, Rosie battit gaiement des bras.

« Ecoutez, reprit Greg, je veux juste que vous trouviez qui s'amuse à me harceler. Ce n'est peut-être qu'un petit malin, et je ne veux pas mêler le Yard à cette histoire. »

Sherlock réfléchit un moment, avant d'attraper le paquet de lettres.

« C'est d'accord. On s'occupe de ça. Mais vous, installez une alarme chez vous. Il est possible que ces menaces soient sérieuses.

- Merci Sherlock. »

Le détective haussa les épaules.

« On est à court de clients en ce moment. Et puis, si je refusais votre affaire, j'aurais des comptes à rendre. »

Greg haussa un sourcil. Des comptes à rendre ? Pensait-il que sa hiérarchie s'inquiétait pour lui ?

« Croyez-moi, dit-il, mes patrons se fichent de ce qu'il peut m'arriver tant que j'arrive à l'heure au boulot. »

Sherlock le fixa sans rien dire, une expression indéchiffrable sur les traits, puis se leva et attrapa la dernière lettre et le cercueil avant de se rendre dans la cuisine. Greg le regarda quitter la pièce, avant de reporter son attention sur John.

« C'est toujours comme ça lorsque vous avez un client ? »

John lui sourit en posant le calepin.

« Bien sûr que non. D'habitude il n'est pas si poli. »

oOo

Une tasse de café en main, appuyé contre le mur de l'entrée, Greg regardait le technicien de l'entreprise de sécurité installer sa nouvelle alarme lorsque son téléphone sonna dans sa poche.

Il l'attrapa et jeta un coup d'œil au numéro. Même s'il ne l'avait jamais enregistré, il reconnut le numéro de Mycroft Holmes.

Il soupira. Depuis sa première rencontre avec Mycroft, celui-ci avait pris l'habitude de l'appeler dès qu'il entrait en contact avec son petit frère. Il aurait pu trouver ça touchant, mais c'était juste agaçant. C'était d'ailleurs pour ça qu'il n'avait jamais enregistré le numéro de Mycroft. Il avait toujours l'espoir que l'aîné des Holmes cesserait de le harceler de questions ou de recommandations à propos de Sherlock.

Surtout que chaque appel finissait par la capitulation de Greg à tout ce que lui demandait Mycroft. Que ce soit de donner un coup de main à Sherlock ou bien le rejoindre à Baskerville pendant ses vacances et se retrouver à affronter un monstre issu de ses propres hallucinations.

« Je suis en vacances. » annonça-t-il en décrochant.

Il savait pertinemment que l'excuse ne marcherait pas, mais ça valait tout de même la peine d'essayer.

« Alors qu'est-ce qui vous a amené de si bonne heure à Baker Street ? »

Greg leva les yeux au ciel. Il ne pouvait blâmer Sherlock de mener la vie dure à Mycroft alors que celui-ci épiait ses moindres faits et gestes. Ils formaient à tous les deux clairement la famille la plus dysfonctionnelle de Grande Bretagne.

« Visite de courtoisie. »

Même si Mycroft battait Sherlock au jeu du « devine ce que je pense et balance le moi dans la figure », au téléphone, son mensonge devrait passer. Surtout que ce n'était pas si improbable, vu qu'il buvait régulièrement un verre ou deux avec John. Et ça leur était déjà arrivé de le faire à Baker Street. Bon, bien sûr, jamais à huit heures du matin.

Le silence s'éternisa sur la ligne, et Greg se demanda un instant si Mycroft n'avait pas raccroché. Il allait vérifier qu'il était toujours en ligne quand Mycroft reprit la parole.

« Vous avez besoin de ses services. »

Ce n'était pas une question. C'était une constatation, mais Greg crut y déceler un peu de surprise. Comme si Mycroft ne s'attendait pas à sa propre déduction.

« Ça ne vous regarde pas Mycroft.

- Pourquoi avez-vous besoin des services de Sherlock ? continua Mycroft sans l'écouter.

- Vous n'avez qu'à le deviner. »

Son ton était sûrement plus sec qu'il ne l'aurait voulu, mais il passait déjà assez de son temps de travail à devoir subir le caractère des Holmes sans en plus devoir le faire pendant ses vacances.

« Auriez-vous des ennuis inspecteur ? »

Greg envisagea de lui raccrocher au nez. Près de lui, le technicien semblait avoir fini. Il remballait ses outils et lui indiqua le petit clavier désormais à côté de la porte.

« Il y a un mode d'emploi ? demanda Greg.

-Je vous demande pardon ? s'étonna Mycroft.

-Mais non, pas vous. »

Il écarta le téléphone de son oreille sans écouter la réponse de Mycroft, et le posa sur le meuble de l'entrée. Avec un peu de chance, celui-ci raccrocherait.

Le technicien lui expliqua le fonctionnement de l'alarme, avant de lui donner la facture. Greg retint un juron en voyant le montant. Entre ça et la facture que n'allait pas manquer de lui envoyer Sherlock, il était bon pour se serrer la ceinture ce mois-ci.

Lorsque le technicien fut parti avec un chèque au montant astronomique, Greg reprit son téléphone et regarda l'écran. Il fronça les sourcils en voyant que Mycroft était toujours en ligne.

« Si vous n'avez rien d'urgent ou de capital à me dire, rappelez-moi après mes vacances, dit-il.

- Je n'aime pas être mis en attente. Et vous ne devriez pas laisser votre téléphone allumé quand on vous donne le code de votre système d'alarme. »

Donc non seulement il se fichait que Greg n'ait pas envie de lui parler, mais en plus il avait absolument tout écouté comme un parfait malotru.

« Mycroft...

- Soyez prudent, inspecteur. »

Greg ouvrit la bouche, surpris, sans savoir quoi dire. Mycroft avait perdu son ton hautain, et semblait presque... inquiet. Voilà qui était nouveau. Mais sans doute le faisait-il pour protéger son frère, au final, comme tout ce qu'il faisait.

« Je le suis toujours. » dit-il.

Mais Mycroft avait raccroché.