Bonsoir!
Encore une fois, voici un écrit un peu spécial, car celui-ci n'est autre que dédié à... (roulement de tambour) notre chère et tendre Moira-chan! Et oui, adorable modo à maman du discorde, elle fête son anniversaire aujourd'hui, ses 22 ans plus précisément. De maman à mamie (voir arrière-arrière grand mère), elle en a fait du chemin (ce n'est pas la plus vieille, mais c'est l'une des rares qui arrivent à nous tenir un minimum. Et je ne dis pas ça parce qu'on peut être infernal, loin de là. Absolument pas.)
On n'hésite pas à la spammer de messages/lui dédier des OS plus ou moins débiles en son honneur! Cassez-lui la messagerie! Je veux du bruit, du sang de la guerre! (enfin peut-être pas...)
Donc, voici un UA Policier comme je les aime, avec en personnage principal Hawks et Endeavor. Pour la blague, cet OS devait être court.
Sauf que sa première partie fait 12 000 mots. Ah oui.
Enfin bref, j'ai l'habitude à force...
Sur ce, bonne lecture!
A brûle-pourpoint : première partie.
Le commissaire Enji Todoroki était un homme sévère, le genre de type à l'autorité indiscutable qui ne valait pas mieux emmerder. Personne ne savait ce qu'il était encore capable de faire, mais la simple mention de son regard incendiaire faisait frissonner les plus hardis d'entre eux. Il avait tout vu, tout fait, et avait résolu suffisamment d'enquêtes pour remplir la première moitié des geôles de la prison de Tokyo, et pour envoyer la seconde moitié à la potence. Meurtre, disparition, histoire de vengeance et d'héritage, Enji avait certainement dû s'occuper des affaires les plus sanglantes et les plus horrifiantes, et ce sans sourciller ou même essuyer un haut-le-cœur.
En résumé : le commissaire était aussi effrayant que doué dans son domaine, et ce n'était pas un énième meurtre qui allait le perturber.
« Alors, qu'est-ce qu'on a ? »
On l'avait appelé à l'instant pour lui signaler une « mort dans d'étranges circonstances » dans la salle de réception d'un musée récent en plein cœur de la ville. Le propriétaire avait visiblement organisé tout ça en l'honneur d'une nouvelle exposition, mais Enji ne pouvait pas s'empêcher de trouver qu'il y avait quelque chose de louche dans l'air. Tout d'abord, parce que les invités de cette fameuse réception était fort peu nombreux pour un musée de cette allure. Et ensuite, parce que le corps du fameux propriétaire lui disait quelque chose, mais impossible de mettre la main dessus.
« Kai Chisaki monsieur, il semblerait qu'il ait été tué par empoisonnement, expliqua Naomasa d'un ton professionnel. Quant aux suspects, ils sont au nombre de 7, et attendent actuellement dans la pièce d'à côté.
- Voilà une bien petite réception, grommela Enji en s'approchant du cadavre de Chisaki. Une idée sur le type de poison utilisé ?
- Eh bien, nous ne sommes pas sûr mais… D'après le témoignage d'un des suspects, Chisaki se serait effondré d'un seul coup en convulsant avant de ne plus bouger. L'autopsie nous révélera le moyen d'administration.
- Bien… Il était le directeur de ce musée, n'est-ce pas ?
- Effectivement, la réception était pour ce… Tableau. Je ne sais pas vous, mais il me met mal à l'aise. »
Enji leva la tête pour observer ledit tableau qui devait être exposé à la suite de cette réception. Il comprit rapidement le ressenti de Naomasa quant à la peinture. Presque aussi haute que lui, elle dégageait quelque chose de malsain, d'effrayant : la scène sur le tableau représentait un ensemble de personnes à moitié nues et en mauvais état qui hurlaient – certainement de douleur ou de peur –, accompagnées de lambeaux de chairs putréfiées pendaient jusqu'à toucher le sol, et le corps était parfois recouvert d'une épaisse croûte noire. Ils étaient entassés les uns sur les autres pour former une sorte de monticule de macchabées sur laquelle un médecin de la peste se tenait, outils dans les mains. Le médecin semblait comme le fixer à travers son masque, impassible devant la douleur des malades qu'il piétinait. En soit le dessin et les détails étaient bons, les expressions étaient incroyablement réalistes et les couleurs sombres collaient parfaitement avec le style, mais la scène en elle-même était d'un mauvais goût morbide tel qu'Enji ne put s'empêcher de faire la grimace devant le tableau. Il fallait avoir un grain pour peindre ce genre de chose, et l'être encore plus pour vouloir l'acheter.
« Ce… truc, à un nom ? demanda t'il avec dégoût.
- « Purge à la peste noire », je crois, par un artiste inconnu. Charmant.
- En effet… Mais nous ne sommes pas là pour parler art, fit le commissaire en détournant les yeux. Qui sont les suspects ?
- Alors, nous avons : Hari « Chronostasis » Kurono, le bras droit de Chisaki. Il semblait très attaché à son supérieur, mais rien ne nous dit qu'il aurait pu le tuer pour pouvoir prendre sa place.
- Hm, je ne vois pas ce que ça a de glorieux, d'être directeur d'un musée…
- Nemuri « Midnight » Kayama, actionnaire de ce musée, et fervente visiteur. Je crois qu'elle connaissait plutôt bien Chisaki… La relation entre ces deux là est pour le moment inconnue.
- Hm, il serait facile de partir sur l'hypothèse de l'amante jalouse.
- Effectivement, mais ça m'étonnerait que ce soit ça… Ensuite, nous avons Tobita « Gentle Criminal » Danjuro , un collectionneur d'art qui aime bien écrire des articles sur internet.
- Une sorte de journaliste 2.0 ?
- Non, je crois que c'est encore autre chose… soupira Naomasa. Mais nous l'avons, notre journaliste, et vous verrez que c'est un drôle d'oiseau. »
Enji fronça les sourcils, mais le policier poursuivit avant qu'il ne puisse poser la moindre question.
« On a un certain… Sir Nighteye, qui travaille dans la finance je crois. Un simple invité, mais je vous avoue qu'il me fait froid dans le dos.
- Sir Nighteye ? Ce nom me dit quelque chose… réfléchit le commissaire.
- Ça ne m'étonnerait pas, c'est un gros bonnet dans le monde de la finance. Enfin, continuons… On a Shigaraki Tomura, qui s'est présenté comme un ami de Chisaki. Vous verrez, mais il me paraît sacrément suspect celui-là…
- Pas de précipitation.
- Oui, pardonnez-moi… Ensuite, on a Tensei « Ingénium » Iida, un jeune actionnaire lui aussi. Enfin, c'est aussi le fils du patron de l'industrie de voiture « Ingénium », mais…
- … Intéressant. Et le septième ?
- Quant au dernier, c'est notre oiseau de journaliste, un certain… « Raven », mais je suis persuadé que ce n'est pas son vrai nom.
- … Ces journalistes ne veulent pas garder leur nez dans leurs affaires ? grommela Enji avec mauvaise humeur. Ça va encore faire scandale… »
Le commissaire ne portait pas vraiment les journalistes dans son cœur. Il les trouvait fouineurs, agaçants, horriblement bavards et bien trop curieux pour leur sécurité. Le moindre potin, la moindre petite information et ils se jetaient dessus comme des charognards affamés sur une carcasse, prêt à user et user de leur technique fourbe pour gratter l'os jusqu'à la moelle afin d'écrire l'article le plus atterrant possible. Non, Enji n'appréciait pas les journalistes, et il en avait connu suffisamment pour comprendre comment ils pouvaient fonctionner. Il poussa un soupir à l'idée de devoir échanger des paroles avec ces créatures infernales, et il espérait que celui-là ne soit pas comme ceux qu'il avait pu croiser dernièrement.
« Bon, allons voir les suspects… Je veux les voir avant leur voyage jusqu'au poste pour l'interrogatoire. Certains signes se doivent d'être recueilli frais… »
Naomasa hocha la tête, et lui fit signe de le suivre dans la pièce d'à côté. Enji s'avança, le regard sombre, entra dans la pièce et inspecta la moindre petite réaction des suspects qui pouvait lui donner une idée, ou même une petite indication sur qui il devait secouer en premier. Son entrée avait figé la plupart des suspects qui répondaient aux questions des policiers, et il nota avec une certaine satisfaction les petits coups d'œil en coin que lui lançaient certains d'entre eux. Pour l'un, c'était de la curiosité, pour l'autre c'était de la crainte… Une réaction normale en somme, mais qui pouvait s'expliquer par beaucoup de choses. Et il y avait les autres, plus calme et pour qui son entrée n'avait pas semblé perturber plus que ça. Intéressant…
« Où est le journaliste ? demanda t'il.
- Oh, c'est le blond dans le fond qui harcèle Sansa. Quand je vous disais que c'était un drôle d'oiseau… »
Enji tourna la tête et son corps se figea lorsqu'il posa les yeux sur l'énergumène qui s'agitait dans tous les sens. Des journalistes, il en avait connu des tonnes : des malsains, des timides, des qui étaient prêt à tout, d'autres qui ne savaient pas vraiment ce qu'ils faisaient dans ce métier. Mais là, Enji le savait, il était tombé sur le pire journaliste possible, celui qui hantait ses cauchemars et qui ne lâchaient une affaire qu'après avoir aspiré le moindre petit détail croustillant. Un bon journaliste selon certains, mais un véritable vautour à cervelle de moineau pour lui.
Ce « Raven » n'était pas un journaliste, mais il était son journaliste.
« Hawks… » gronda t'il en sentant la colère lui monter au nez.
Hawks, ou encore le mec qui s'amusait à lui coller aux chaussures dès qu'il apprenait qu'il était sur une affaire plus ou moins sanglante. Hawks, ou le type qui se mettait dans des situations pas possibles parce qu'il fourrait son nez partout. Hawks, ou le petit gars qui avait failli y perdre les plumes un nombre incalculable de fois, et qu'Enji avait dû sauver un nombre incalculable de fois. Cependant – et il préférait s'immoler vivant que de l'avouer à voix haute – la réciproque était plus ou moins vraie. Hawks l'avait pas mal aidé dans certaines affaires, et son implication plus ou moins volontaire lui avait souvent été une grande aide. Donc, pas n'importe quel journaliste non.
Ça allait chauffer.
« Je dois parler à un certain Raven, appela t'il en essayant de garder son calme. Où est-il ?
- C'est moi monsieur ! »
Hawks venait de se retourner, le sourire aux lèvres, et ce dernier s'agrandit alors qu'il reconnaissait peu à peu le commissaire. Enji avait beau lui offrir son regard le plus effrayant – celui qui promettait une mort lente et douloureuse – Hawks semblait n'en avoir rien à faire, et il se contenta de se diriger vers lui avec son air d'éternel satisfait sur le visage. Enji se promit de lui faire ravaler son sourire insolent. Cela faisait quelques années maintenant qu'ils se connaissaient, Hawks et lui, mais jamais il ne lui avait encore fait un coup pareil.
« Vous souhaitez me voir, monsieur le commissaire ? jubila le journaliste.
- J'ai quelques questions à vous poser… Tsukaushi, il y a un endroit où je peux l'interroger ? »
Naomasa lui désigna une porte dans un coin de la pièce, et ils se retrouvèrent tous les deux dans le couloir du musée. Enji dut inspirer un grand coup, avant de se tourner vers Hawks pour le fusiller de son regard incendiaire que le caractérisait si bien. Mais Hawks était Hawks, et il ne paraissait pas plus affecté que ça. Au contraire, il semblait même trouver ça « amusant ».
« Est-ce que tu peux m'expliquer ce que tu fous là ? siffla Enji avec colère. Pourquoi est-ce que je dois t'avoir dans les pattes à chaque affaire ? Tu n'as pas d'autres articles plus intéressants à écrire ?
- Ne t'enflamme pas Endeavor ! sourit le journaliste. Je t'assure que je ne t'embêterai pas.
- C'est monsieur le commissaire pour toi.
- Oh tu me blesses mon petit cœur… Moi qui étais sûr que tu serais heureux de me voir… »
Le jeune homme avait gonflé ses joues en une moue boudeuse, et il le dévisageait comme si il venait de le vexer. De le vexer ! Ce sale gamin insolent… Enji dut puiser dans toute sa patience pour ne pas lui hurler dessus et le secouer comme un prunier. Non seulement il se foutait clairement de lui, mais en plus il ne paraissait pas prendre conscience de la situation dans laquelle il se trouvait. Un gamin insolent, suicidaire et stupide, voilà ce qu'il était. Et qui essayait de le faire culpabiliser en le fixant de son regard de chiot battu.
Il ne manquerait plus que ça fonctionne !
« Je crois que tu ne comprends pas très bien… souffla t'il avec un calme dangereux. Tu es sur une scène de crime.
- Ce n'est pas la première fois.
- Hawks, je te signale que tu fais partie des suspects. Que si tu continues à merder comme tu sais si bien le faire, tu pourrais finir par te faire coffrer pour meurtre !
- Oh, tu t'inquiètes pour moi ? »
Il allait avoir un deuxième meurtre ce soir. Enji devait être masochiste pour montrer un minimum d'intérêt envers cette infernale cervelle de moineau. Enfin, ce n'était pas comme si il avait un réel intérêt pour lui mais… Il poussa un long soupir. Très long. Et Hawks comprit qu'il était peut-être allé loin cette fois-ci car son sourire se fana un petit peu, et il afficha un visage un peu plus sérieux. Ou du moins essaya, car le commissaire pouvait encore voir l'ombre d'un rictus sur ses lèvres.
« Cette fois-ci, je t'assure que ce n'est pas de ma faute, tenta t'il de se dédouaner en levant les mains. J'ai juste réussi à me procurer une invitation pour écrire un article sur ce musée, voilà tout !
- … Hawks…
- … Bon, ok, pas pour écrire un article sur le musée. Vois-tu, Chisaki – ou Overhaul devrais-je dire – est un mec influent et… Ce n'est pas un mystère, mais il trempait dans des activités plus ou moins légales tu vois. Enfin, ce ne sont que des rumeurs mais… Sérieusement, lui ? Ouvrir un musée ? C'était trop gros pour que je ne m'y intéresse pas. »
Enji comprit maintenant pourquoi la tête de Chisaki lui disait quelque chose. Overhaul. Il en avait beaucoup entendu parler comme étant un gros morceau de la mafia japonaise, et des rumeurs couraient comme quoi il avait été un pilier phare dans des histoires de passations de drogues et de trafic d'organe. Lui n'avait jamais été mis sur l'affaire, mais un bon nombre de ses collègues s'étaient arrachés les cheveux alors qu'ils tentaient de trouver la moindre preuve pour l'inculper dans ces affaires morbides. Et maintenant, le voilà assassiné dans son propre musée, en compagnie de 7 personnes plus ou moins liées à lui.
Il fallait être aveugle et sourd pour ne pas comprendre qu'il y avait un lien entre tout ceci.
« Ce ne sont que des rumeurs, démentit Enji tout en notant ces informations dans un coin de sa tête. Tu vas me dire que tu as infiltré une réception juste en te basant sur des rumeurs ?
- C'est un peu le concept de mon métier. Et ne vient pas me dire qu'un mec qui est surveillé par la police, qui invite 6 personnes dans son musée pas plus intéressant que ça pour une œuvre d'art glauque à souhait, ce n'est pas étrange ? »
Le commissaire ne pouvait qu'être d'accord avec lui. Cependant, il ne pouvait pas discuter de cela avec Hawks étant donné que ce dernier était lui-même un suspect, bien qu'il soit persuadé que ce fichu gamin n'avait rien à voir avec le meurtre. Il était juste au mauvais endroit, au mauvais moment.
« … Bref, retourne avec les autres suspects. J'en ai assez entendu.
- … Tu ne me poses pas plus de questions que ça ? Je pensais que tu allais faire ton show, tu sais celui de mec qu'il ne faut pas emmerder.
- Hawks… »
Le journaliste lui fit un grand sourire, et retourna dans la pièce en laissant Enji seul. Cette affaire n'allait pas être facile, surtout si un patron de la mafia japonaise était impliqué, et encore plus si Hawks était dans le coup. Il le connaissait suffisamment, et il était persuadé que cette cervelle de moineau avait flairé quelque chose. La question était donc : quoi ? Est-ce qu'il avait déjà une idée de qui avait effectué le meurtre ? Pourquoi ? Et surtout, quelles allaient être les conséquences de ce meurtre ? Si ce Chisaki était réellement en lien avec la mafia japonaise, l'annonce de sa mort allait provoquer de gros mouvements.
A moins que cette mort soit préméditée par cette même mafia, et alors…
Enji passa une main sur son visage, persuadé que cette affaire n'allait pas être de la tarte. Il sentait qu'il allait passer plusieurs nuits blanches…
01h26, Enji était toujours réveillé, assis dans le salon de son appartement. Cela faisait plus d'un jour depuis le meurtre, et il attendait encore les résultats de l'autopsie. En tant normale elles mettaient plusieurs heures à arriver – si le meurtre avait lieu le soir, il avait en général les résultats le lendemain matin – mais il attendait encore. Et ça commençait à l'agacer. Il ne savait pas pourquoi ça traînait autant, et il espérait sincèrement ne pas avoir de magouille avec une disparition de corps, des menaces ou tout simplement une destruction du corps en question. C'était un point précieux pour l'enquête, et il fallait qu'il sache quand et comment était mort Chisaki.
Mais ce qui l'agaçait, c'était que sans le résultat exact de l'autopsie, il ne pouvait pas interroger les 7 suspects sur ce meurtre. Il lui fallait une preuve que Chisaki n'était pas mort d'une bête crise cardiaque ou d'il ne savait quelle cause naturelle avant de leur faire subir un interrogatoire, sinon il pouvait se retrouver avec de sérieux problèmes sur le dos… Pour le moment il avait déjà un cadavre, une enquête et une cervelle de moineau qui commençait à lui chauffer le système, il n'avait pas besoin de poursuite judiciaire en plus.
Soudain, son téléphone sonna et il s'empressa de répondre avec hâte :
« Commissaire Todoroki, je vous écoute.
- Monsieur le commissaire, fit la voix de Naomasa à l'appareil. Nous avons des nouvelles de l'autopsie.
- Enfin… souffla t'il. Et donc ?
- Chisaki est mort d'un empoisonnement par cyanure, avec une dose suffisamment puissante pour terrasser un cheval… Le poison aurait été mélangé avec le champagne.
- Donc on est bel et bien sur un meurtre.
- Affirmatif. La mort serait survenue à 23h34, ce qui correspond avec le témoignage des suspects. Nous ne savons pas encore si le poison était dans la bouteille ou dans le verre, si bien qu'il est difficile de savoir si il s'agit d'un meurtre prémédité ou…
- Comment ça ? s'agaça Enji en fronçant les sourcils.
- Il semblerait qu'aucun invité n'ait touché à son verre, monsieur le commissaire. Le seul verre ayant été consommé est celui de Chisaki. »
La mâchoire d'Enji se contracta alors que son cerveau tournait à toute allure pour trouver une explication décente à cette histoire. Chisaki était le seul à avoir bu ? Pourquoi ? Il y avait plusieurs raisons à ça : soit l'empoisonneur avait mis le cyanure directement dans la bouteille dans l'espoir de faire au moins un mort et – comble du hasard, mais il ne croyait pas au hasard, surtout dans le cadre d'un empoisonnement – tous les invités avaient mystérieusement décidé de ne pas boire, soit le poison avait été mis directement dans le verre et…
Ça ne tenait pas debout.
Dans tous les cas, ça ne tenait pas debout. Si personne n'avait bu, c'est que certains d'entre eux savaient qu'il allait y avoir un empoisonnement… L'empoisonneur, et d'autres. Donc il y avait des complices. Seigneur, tout ceci allait s'avérer compliqué.
« Ah, et il y a encore autre chose…
- Eh bien, annoncez, grommela t'il.
- Chisaki semblait garder dans son… musée quelques œuvres particulièrement onéreuses, voyez-vous. Pour sa collection personnelle. Et il se trouve que l'une d'elle a été volée. »
Voilà qui changeait la donne, songea Enji en s'asseyant dans son canapé. Mais alors qu'il était encore au téléphone, un grincement attira son attention, suivit d'une sorte de grattement, comme si on essayait d'ouvrir une fenêtre.
« Une seconde Naomasa, je crois que j'ai de la visite… »
Il attrapa son pistolet qu'il gardait toujours prêt de lui en échange du téléphone, et s'avança doucement vers la source du bruit à pas de loup. Il vit avec stupeur la porte-fenêtre de son balcon s'ouvrir – il était au troisième étage tout de même ! – et il commença à viser quand…
Quand il reconnut Hawks passer par la porte comme si de rien n'était, visiblement très fier de sa petite escalade.
« Commissaire ? appela la voix de Naomosa par téléphone. Tout va bien ? »
Enji fit signe à Hawks de ne pas dire un mot, et il reprit le téléphone non sans fusiller l'intrus du regard. Qui se comportait comme si il était chez lui, au passage. Monsieur ne se gênait pas pour aller dans sa cuisine et pour se faire chauffer de l'eau chaude.
« Tout va bien, j'ai juste été surpris par un gros pigeon qui essayait d'entrer chez moi », marmonna t'il en regardant la cervelle de moineau fouiller dans ses placards. A l'entente de l'insulte, Hawks arrêta ses recherches pour protester, mais l'œillade d'Enji lui intima de ne pas en rajouter. Il recommença donc ses fouilles avec un air affligé collé sur le visage. Mais c'est qu'il ne manquait pas d'air !
« Un pigeon, à cette heure-là… ? Enfin bref, je vous disais qu'un tableau avait été volé, et pas n'importe lequel.
- J'imagine que ça doit être une toile qui vaut cher…
- Monsieur, la quatrième version de « Le Cri » d'Edward Munch a été volé. Il vaut plus de 100 millions de dollars. »
Enji sentit son cœur rater un battement. Il savait qu'il existait cinq versions de ce tableau, trois appartenaient à des musées, une à un acheteur anonyme et le dernier n'était qu'une simple lithographie qui se trouvait à Berlin. Donc par déduction, cet acheteur anonyme qui avait déboursé plus de 100 millions de dollars en 2012 n'était autre que Chisaki.
Il allait avoir besoin d'un remontant.
« Tu es bien sûr et certain que ce n'est pas une copie ? Et qu'il a été volé ?
- Sûr et certain monsieur, on a vérifié. C'est Joi Irinaka, un proche de Chisaki en charge du musée qui nous a signalé le vol peu de temps après le meurtre. Il nous a montré le contrat de vente et le certificat d'authentification… Nous avons eu beaucoup de mal à le calmer d'ailleurs, il était furieux et n'arrêtait pas de répéter que les misérables profiteurs allaient payer. »
Un bruit le fit se retourner, et il put voir Hawks faire il-ne-savait-quoi avec ses tasses. Visiblement, il paraissait très, très intéressé par cet échange… Normalement il ne pouvait pas entendre ce que disait Naomasa, mais il n'était jamais trop sûr avec lui. Il recula donc et lui lança un nouveau regard noir, lui promettant de s'occuper de lui quand il en aurait fini.
« Les profiteurs… Les invités ?
- Très certainement.
- Donc pour lui, le vol aurait eu lieu pendant la réception.
- C'est possible. Après, de là à dire que l'un des invités est le voleur… Il est possible que ce soit deux choses distinctes, non ?
- Écoute… il baissa la voix pour ne pas que le fouineur qui occupait sa cuisine puisse l'entendre : un homme possiblement en lien avec la mafia japonaise se fait empoisonner au cyanure, et au même moment on lui vole un tableau d'une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars ? Ce serait un hasard particulièrement impressionnant… Il y a forcément un lien avec ce vol et ce meurtre…
- … vous ne croyez pas aux coïncidences, je sais. Je vous rappelle lorsque j'ai du nouveau alors.
- Bien. Et convoque les suspects pour demain matin 9h, je pense qu'ils vont avoir des choses à dire.
- Bien monsieur le commissaire, bonne nuit monsieur le commissaire. »
Et il raccrocha, laissant Enji s'affaler sur le canapé de son petit salon. Un meurtre, 7 suspects potentiellement tous coupables – sauf un à la limite – et maintenant un vol ? C'était une blague. Une vaste blague destinée à le rendre fou, ce n'était pas possible autrement.
« Hawks, puisque tu es là, apporte-moi un verre d'un truc fort, marmonna t'il en fermant les yeux pour mieux réfléchir.
- Noyer ses problèmes dans l'alcool n'est pas une solution. »
Nouveau regard noir, et le journaliste finit par accepter de lui apporter un verre – non sans se départir de son sourire insolent. Lui, il avait un truc derrière la tête. Et de toute façon on ne débarquait pas chez les gens à 1 heure et demi du matin par la porte fenêtre du balcon au troisième étage sans avoir un truc derrière la tête. Hawks lui amena son verre – il avait choisi du whisky, il avait finalement un peu de bon goût ce fichu journaliste – et retourna à la cuisine pour aller fouiller dans le frigo cette fois-ci.
Enji n'avait même plus la force de le disputer pour ça.
« Bon, tu vas me dire que ce tu fais ici en pleine nuit ? finit-il par demander avec mauvaise humeur.
- Quoi, s'indigna Hawks la tête toujours dans le frigo, je ne peux pas te rendre visite tranquillement ?
- … Tu as débarqué du balcon. J'habite au troisième étage.
- Eh, je ne trouve pas mes informations en restant les fesses posées sur une chaise moi.
- … donc tu es ici pour me soutirer des informations sur le meurtre.
- AH, donc c'est bien un meurtre !
- … Tu es incroyable, siffla Enji d'une voix sèche. Tu es inculpé dans un meurtre, et toi tout ce que trouves à faire c'est venir me voir pour écrire sur ton torchon qui te sert de journal ? Est-ce que tu te rends compte que ce n'est pas un jeu ?
- Oui papa… »
Cette fois-ci, Enji se sentit exploser. Le sale petit…
« Ne m'appelle pas comme ça.
- oh, j'avais oublié, la différence d'âge… murmura Hawks avec une lueur de reproche dans les yeux. C'est donc pour ça que tu tentes de faire comme si je n'existais pas depuis plusieurs jours ? »
Le commissaire poussa un long soupir et passa une main sur son visage pour se remettre les idées en place. Non, il ne voulait pas avoir cette conversation maintenant. Pas lorsqu'il avait un meurtre et un vol d'une valeur de plus d'une centaine de million de dollars sur le dos. Pas lorsque Hawks risquait encore une fois de se brûler les ailes pour avoir été trop gourmand.
« Je ne… grommela t'il en essayant de garder son calme. J'avais beaucoup de choses à faire, du travail et un certain nombre de papiers à remplir.
- Oui, tu m'as dit ça la dernière fois, et encore la fois d'avant, et la fois d'avant…
- Je n'avais pas le temps, Hawks, je n'ai jamais le temps ! »
Pourquoi est-ce qu'il se sentait obligé de se justifier auprès de lui ? Il n'avait pas particulièrement de compte à rendre à Hawks… Enfin, ce serait mentir et se voiler la face, mais Enji n'avait pas la tête à se prendre le chou avec le journaliste. Et pourtant… Il savait qu'il fallait qu'ils discutent un jour ou un autre.
« Non, tu ne prends jamais le temps, nuance, murmura le jeune homme en lui tournant le dos. Des fois je viens à me demander si je ne suis pas un simple passe-temps pour toi.
- Qu'est-ce que… Mais c'est fini ce comportement de mélodrame grec ? Je t'ai dit que je ne voulais pas en parler ce soir !
- Et moi je continue de dire qu'il faut qu'on en parle, le coupa t'il sèchement. Maintenant, sinon tu vas encore te défiler.
- Je ne me défile pas.
- Non ? Vraiment ? C'est à se demander qui est l'aîné ici… On couche ensemble depuis plusieurs mois sans jamais parler de ce que se passe entre nous et tu as toujours un bon prétexte bon changer de sujet quand je veux en parler, mais monsieur ne se défile pas. »
Et voilà. La bombe était posée, il n'avait plus qu'à attendre qu'elle explose. Il le savait, il l'avait toujours su qu'entretenir un semblant de relation avec cet oiseau de malheur était une mauvaise idée. Il savait qu'il n'aurait pas dû céder à ses avances, qu'il n'aurait pas dû se montrer aussi gentil avec lui, qu'il n'aurait pas dû continuer à l'autoriser à venir chez lui.
Qu'il n'aurait pas dû s'attacher autant à lui.
Mais voilà, le mal était fait et Enji ne savait plus vers quel côté se pencher. Hawks avait l'âge – seigneur, il ne voulait même pas y penser – il avait l'âge d'être son fils. Hawks n'avait rien à faire avec un type comme lui, et Hawks ne devait pas continuer de le fréquenter. C'était pourtant logique, c'était pourtant compréhensible, non ?
Mais Hawks ne comprenait pas. Ou du moins, il ne voulait pas comprendre où était le problème. Et Enji ne savait plus comment le lui expliquer.
« Écoute… souffla t'il d'une voix plus douce. On ne peut pas continuer. Ce n'est pas… Bordel, est-ce que tu peux comprendre à quel point c'est difficile ? Que ce n'est pas… normal, pour toi ? Que ce n'est pas sain ?
- Tu n'as pas à choisir ce qui est sain pour moi ou non, rétorqua Hawks en se retournant pour le dévisager. Je l'ai choisi de mon plein gré, cette relation. Ne commence pas à t'imaginer que tu m'as forcé ou je-ne-sais-quelle connerie.
- Là, on est d'accord sur ce point… maugréa Enji ; avant de se rendre compte qu'il aurait mieux fait de se taire.
- Pardon ? Attend, tu m'accuses moi de t'avoir forcé la main ? C'est quoi ton problème ? »
Le journaliste fulminait, et Enji se sentit bien minable devant la colère du jeune homme. Encore une fois, ça recommençait. Encore une fois, il n'était pas capable de voir que c'était lui le problème, et non son partenaire. Lui qui pensait avoir réussi à régler ça, il allait encore avoir de besoin d'un long travail personnel… Il comprenait pourquoi Hawks était en colère, mais il ne pouvait pas…
« Non, bien sûr que non. J'essaie simplement de te faire comprendre que tu ne devrais pas t'accrocher à moi comme ça.
- J'ai 24 ans Enji, je sais prendre des décisions par moi-même, siffla Hawks d'un ton plus calme. Je me fiche de ce que peuvent penser les autres sur la différence d'âge ou sur le fait que tu sois commissaire. Je ne suis pas si naïf que ça, je sais très bien ce que je fais.
- J'ai plus de 40 ans -
- Je m'en fiche.
- … je suis divorcé suite à un mariage catastrophique -
- Je m'en fiche.
- … j'ai 4 enfants dont trois qui ne m'adressent plus la parole -
- Je m'en fiche aussi.
- … Est-ce qu'il y a quelque chose dont tu ne te fiches pas ? s'agaça Enji en fermant les yeux.
- Toi. »
Le commissaire pencha sa tête en arrière, ne sachant plus quoi faire de lui. Il n'avait pas la force de protester. En fait si il y réfléchissait bien, il était presque heureux de voir Hawks s'accrocher de cette manière au vieux type désagréable qu'il était. Cela devait faire des années et des années qu'il n'avait pas ressenti ça, mais voir la petite lueur s'allumer dans les yeux du journaliste lorsqu'il le voyait, voir un petit sourire mutin naître sur ses lèvres quand il s'avançait vers lui pour le sermonner, voir Hawks tout entier se diriger vers lui comme si il était une bonne personne lui faisait du bien.
« … Tu ne lâcheras pas l'affaire, hein ?
- Pas quand je sais pertinemment que tu refuses toute relation sous prétexte d'avoir été un sale type dans le passé.
- Hawks, si tu m'avais vu -
- Mais je ne t'ai pas vu. Par contre je te vois comme tu es maintenant, et c'est tout ce qui compte pour moi. Je ne veux pas savoir ce que tu as pu faire ou être, et je sais très bien que tu n'es pas prêt non plus à en parler. Je sais que je passe pour un égoïste en disant ça, mais tu le dis toi-même non ? Je ne pense qu'à moi.
- … ça, pour être un sale gamin égoïste… »
Mais Enji ne put s'empêcher de sourire légèrement devant la pseudo-déclaration de son imbécile de journaliste. Oui, peut-être pouvait-il se permettre se lâcher un peu prise, pour une fois. Cependant, il ne pouvait pas oublier leur différence d'âge, leur différence de statut et tout ce qui c'était passé avant l'arrivée de Hawks dans sa vie. Il devrait en parler sérieusement avec lui si ils venaient à entretenir une véritable relation… Et aussi établir quelques règles, il connaissait bien trop cette cervelle d'oiseau pour savoir qu'il valait mieux poser les points sur les i rapidement pour ne pas que tout ceci dérape.
Il jeta juste un regard à Hawks, et il lui fit signe de s'installer sur le canapé d'un signe de la main. Il n'allait pas le laisser repartir à 2 heure du matin seul, alors que son appartement était à l'autre bout de la ville et qu'il n'y avait plus de transport en commun. Le visage du journaliste s'éclaira devant l'invitation, et il s'installa confortablement en manquant de renverser son thé sur le meuble. Enji fit la grimace, mais n'intervint pas. Ce n'était pas la peine de lui hurler une nouvelle fois dessus alors qu'ils venaient d'éviter un accrochage violent.
« … Bon, sinon cette enquête… ? C'est quoi cette histoire de tableau ? » demanda t'il avec insolence.
… Le sale gamin.
« Bonjour monsieur le commissaire. Les suspects sont… Enfin, seuls 4 d'entre eux sont présents, les trois autres n'ont pas pu se déplacer et s'en excusent… »
Il était 10h pile quand Enji fut accueilli par Naomasa au poste de police. Hawks avait passé le reste de la nuit chez lui, si bien qu'ils avaient dû ruser pour ne pas attirer les soupçons en arrivant ensemble au poste de police. Le problème était que le jeune homme était un suspect lui aussi, et que ce serait particulièrement problématique pour lui – plus que pour Hawks – de les voir ensemble. Alors Hawks était parti dès qu'il avait reçu l'appel comme quoi il était convoqué, et avait laissé Enji tout seul dans son appartement de telle façon à ce que personne ne puisse comprendre qu'ils avaient passé la nuit ensemble.
Peut-être qu'Enji était paranoïaque et qu'il s'inquiétait trop, mais ce n'était pas en commettant des imprudences aussi bêtes qu'il était devenu commissaire de police. Alors même si Hawks râlait ou se moquait de lui, il préférait redoubler de précaution et en faire trop que de jouer les insouciants. Sincèrement, comment ce fichu journaliste avait-il fait pour ne pas se faire bouffer en jouant les imbéciles ?
… Certainement parce qu'il ne faisait que jouer les imbéciles. Enji avait beau l'appeler « cervelle de moineau », Hawks en avait bien plus dans la caboche que n'importe qui d'autre. Mais bien sûr, il ne le lui dirait jamais, il n'avait pas envie de l'entendre fanfaronner pendant des semaines et des semaines…
« Tss, c'est un interrogatoire, pas une fichu fête… Tant pis, j'irai directement chez eux, avec un peu de chance on découvrira des choses intéressantes. Qui est là ?
- Monsieur Kurono, ce… monsieur Nighteye, madame Kayama et ce petit journaliste, Hawks. »
Donc il manquait Tobita, Shigaraki et Iida. Il jetterait un coup d'œil à leurs informations plus tard, il savait déjà à qui il allait s'attaquer ce matin.
- … Bien. Je vais commencer par le bras droit de Chisaki, dit-il en attrapant la fiche que lui tenant Naomasa, ce Kurono…
- Vous ne voulez pas expédier le journaliste ?
- Hm, je ne suis pas sûr qu'il m'apprenne grand-chose, mais je préfère le garder pour la fin… Ça lui fera les pieds d'attendre encore. »
Non, il ne se vengeait absolument pas de la petite scène de la veille. Absolument pas. Le policier hocha la tête et tourna les talons, laissant Enji se diriger vers la salle d'interrogatoire. Ce Kurono, ou « Chronostasis », aurait certainement des choses à dire. Mais il savait d'ores et déjà que cet interrogatoire n'allait pas être de la tarte. Il avait simplement croisé son regard lors de la découverte du cadavre… la fermeté et la froideur qu'il avait pu lire prouvait que ce type n'était pas un rigolo, et qu'il n'allait pas être facilement impressionné par la pression psychologique. De plus, Enji n'avait aucune information concernant cet homme, le vide de son dossier était presque étrange… Cet interrogatoire n'allait pas être des plus simple, non.
Mais qui ne tentait rien n'a rien, n'est-ce pas ?
Enji s'installa dans la salle d'interrogatoire et jeta un coup d'œil à au miroir derrière lequel se cachaient Naomasa et Sansa. Enfin, un policier amena le premier suspect, et la séance put commencer.
« … Habile, de nous convoquer à 9h pour ensuite nous faire attendre sans aucun indice… J'imagine que cela doit bien marcher chez certaines personnes ? fit Kurono en guise de salutation.
- Je vois que vous êtes un connaisseur…
- Disons que j'aime me renseigner. »
La joute avait à peine commencé que la tension était déjà omniprésente dans la petite pièce. Le ton du suspect était beaucoup trop calme pour ne pas comprendre qu'il avait l'habitude de ce genre d'interrogatoire… Après dans quel contexte, Enji demandait à le savoir.
« Vous êtes donc monsieur Hari Kurono, sous-directeur du musée de feu Chisaki, n'est pas ?
- … C'est bien cela. »
Enji ne montra rien, mais il avait pu déceler une minuscule contraction de la mâchoire de Kurono après avoir dit le nom de Chisaki. Intéressant… Il fit mine de relire sa feuille, laissant un blanc s'installer entre eux avant de reprendre :
« Naturellement, vous étiez auprès de lui au moment de sa mort… Pouvez-vous me donner votre emplacement exact, et celle des autres invités ?
- J'étais à sa droite, à quelques mètres de lui seulement. Quant aux autres invités, je ne saurai dire mais… Je me souviens que cet insupportable journaliste n'arrêtait pas de vouloir lui poser des questions. Il tournait autour de lui comme une mouche…
- Comme beaucoup de journalistes en soit. Les autres ?
- Il y avait ce… Shigaraki aussi, qui était à une distance raisonnable de monsieur Chisaki mais je me souviens qu'il ne le lâchait pas des yeux. C'était… Perturbant. »
Nouvelle mimique, presque imperceptible, pendant la mention de Shigaraki. Ce Kurono était incroyablement doué pour cacher ses émotions, mais Enji était bien plus fort que lui pour les déceler. Visiblement, il était agacé. Il tentait de feindre une forme d'ignorance et de détachement, mais quelque chose le titillait au point de laisser échapper quelques ressentis…
« Vous étiez proche de Chisaki j'imagine. »
Mimique, moment de blanc. Ce n'était pas une question et Enji espérait appuyer là où ça faisait mal.
« Pas vraiment. Je ne le voyais que durant ses venues au musée, et je m'occupais principalement de l'organisation de ce dernier.
- Donc vous ne le connaissiez que dans le cadre du travail.
- Absolument. »
Ce type était décidément très fort. Cependant, Enji n'était pas dupe, et il comptait bien creuser un peu plus.
« Donc je suppose que vous avez entendu parler de ce vol de tableau…
- En effet, j'espère que la police mettra tout en œuvre afin de le récupérer… grinça l'homme. Ce serait une grande perte pour notre musée, vous comprenez ?
- Absolument, ne vous inquiétez pas pour ça… Mais dites-moi, pensez-vous que le voleur pourrait avoir un lien avec le meurtrier de Chisaki ? »
Cette fois-ci, Kurono contracta la mâchoire un peu plus longtemps, et ses yeux brillèrent de colère pendant une fraction de seconde. A chaque mention de Chisaki, il semblait perdre patience, mais Enji n'arrivait pas encore à déceler pourquoi. Sa mort aurait-elle un impact particulier sur lui ? Ou sur autre chose… Il avait toujours en tête cette théorie comme quoi Chisaki et « Overhaul » étaient une seule et même personne. Mais quelque chose le froissait : Kurono paraissait plus embêté par le vol du tableau que par la mort de son supérieur… On pouvait donc supposer que – si il avait organisé cet assassinat – Kurono n'avait pas prévu de voir le tableau disparaître.
Mais pourquoi le tuer ?
« Je n'en doute pas, il y a de fortes chances que monsieur Chisaki se soit fait tuer dans ce but là, répliqua Kurono en insistant sur le mot « monsieur ».
- Un simple meurtre dans le but d'effectuer un vol ? s'étonna faussement Enji. On parle tout de même d'un… bête tableau.
- Un bête tableau qui valait plusieurs millions de dollars, monsieur le commissaire…
- Hm, de ce point de vue… »
Non, ce n'était pas la valeur du tableau elle-même qui frustrait Kurono, car il n'avait pas réagi plus que ça à son ignorance. Au contraire, il avait simplement pris un ton un peu plus supérieur, comme pour se moquer de sa bêtise. Il laissa un nouveau blanc s'installer pendant qu'il triait les informations dans son esprit. Il avait presque haché le mot « monsieur » pour insister dessus, presque pour lui rappeler que ce mot existait.
« Hm, je vois. Mais dites-moi… Le nom « Overhaul » vous dit-il quelque chose ?
- Je pense l'avoir déjà entendue, mais… N'est-ce pas le nom d'un criminel ?
- C'est à peu près ça. Chisaki et lui étaient plutôt proches, non ?
- Monsieur Chisaki était un homme honnête, je ne vois pas quel lien il pourrait avoir avec ce… criminel.
- … Monsieur Kurono, je crois que vous m'avez mal compris… souffla doucement Enji ; déterminé à tenter le tout pour le tout. La police connaît déjà le lien entre Overhaul et Chisaki. Chisaki est Overhaul, et vous le savez très bien. Quant à vous… Vous n'êtes qu'un simple bras droit, un bête larbin destiné à faire les tâches ingrates pendant que votre patron s'en met plein les poches. Peut-être étiez-vous au courant, peut-être que non, mais je peux concevoir que travailler dans un simple musée avec un homme aussi égoïste que Chisaki est éprouvant… Il est facile de deviner l'histoire : fatigué, vous décidez de tuer Chisaki afin de vous venger, et vous organisez le vol pour ensuite -
- Pardonnez-moi de vous couper, mais j'aimerais que vous fassiez preuve d'un peu plus de respect pour le défunt, persifla Kurono. De plus, monsieur Chisaki était un très bon supérieur, et il ne m'a jamais manqué de respect comme vous le faites maintenant. L'homme que vous êtes en train de décrire ne ressemble en aucun cas à monsieur Chisaki, je peux vous l'assurer. Je n'aurai jamais osé poser ne serait-ce qu'une main sur lui sans son accord.
- Donc vous ne l'avez pas tué ?
- Jamais de la vie. »
Enji hocha la tête et sourit intérieurement. Il avait trouvé le point qui faisait mal, et comptait bien en jouer encore un peu. Toutefois, il devait avouer que la tirade du suspect était étrangement convaincante. Il avait parlé d'une voix très calme, mais les sifflements et la lueur de colère prouvait qu'il avait touché une corde sensible. Quoi qu'il en dise, ce Kurono était plus attaché à Chisaki, mais… Mais ça ne lui disait toujours pas pourquoi Chisaki avait été assassiné, et par qui. Quoi qu'il était facile d'éliminer Kurono, la passion qu'il venait de montrer pour le soi-disant directeur du musée lui offrait un bon alibi. Il avait d'abord cru qu'il se préoccupait plus du vol que du meurtre, mais il s'était trompé…
« … Je vois, pardonnez-moi, déclara Enji d'une voix neutre. Je ne faisais qu'établir une théorie.
- Ça ne sert à rien de parler à brûle-pourpoint, rétorqua Kurono. J'espère tout de même que vous allez faire preuve d'un peu plus de sérieux pour retrouver le meurtrier de mon supérieur… »
Encore le ton hautain. Mais si Enji n'était pas stupide, Kurono ne l'était pas non plus… Et il était clair qu'il tentait de l'embrouiller plus qu'autre chose. Il ne lui avait absolument rien appris, tout en faisant comprendre qu'il n'avait pas tué Chisaki. Il sortait de l'enquête, sans pour autant chercher à aider la police.
Un simple commissaire serait tombé dans le panneau, et l'aurait marqué innocent, mais Enji n'était pas un simple commissaire. Cependant il devait avouer que Kurono jouait parfaitement son jeu : même en se triturant l'esprit, il n'arrivait toujours pas à le cerner totalement… Il allait avoir besoin d'autres informations pour réussir à le coincer. Là, il n'allait rien lui apprendre de plus : il était bien trop dévoué à Chisaki pour laisser échapper quoi que ce soit. Il continua de poser quelques questions banales : comment et quand Chisaki s'était effondré, si il avait vu quelqu'un ou quelque chose qui lui paraissait inhabituel, ou encore si il avait une idée de qui avait pu voler le tableau et tuer le directeur du musée. Il demanda même si il avait des ennemis – ce qui aurait pu expliquer le meurtre – mais à chaque fois Kurono répondait par des bribes de phrases courtes, ou par des réponses négatives.
« … Et dites-moi, avez-vous bu ou ne serait-ce que goûter le verre de champagne qui vous était offert ? demanda t'il en dernier.
- Je ne bois jamais durant mon travail, monsieur. »
Ce qui était… logique, dans un sens. Bien. Pas plus d'information que ça, ça ne servait à rien de continuer l'interrogatoire… et Enji savait que ce type ne marchait pas à la pression. Il était temps d'en finir.
« Bien, c'est tout ce que je voulais savoir. On vous rappellera si besoin, merci pour votre coopération.
- Mais de rien, monsieur le commissaire… »
Enji le raccompagna à la porte, et chuchota quelques mots au policier qui attendait avant de se rasseoir dans la salle. Le menton posé sur ses mains et les yeux fermés, il réfléchissait à tout ce qu'il avait pu entendre durant cet échange. Il y avait quelque chose d'étrange… Il paraissait incroyablement dévoué à Chisaki, mais Kurono n'avait montré aucun signe de tristesse à la mention de sa mort, juste de… et bien d'agacement. Il était furieux devant le vol du tableau, mais n'avait pas cherché à donner des indications ou à l'aider à retrouver le voleur. Il s'était contenté de répondre aux questions, comme un parfait robot qui récitait un texte. Il n'avait fait aucune vague, et avait simplement montré son dégoût pour Hawks et Shigaraki… Comme pour expédier cet interrogatoire au plus vite.
Il était incroyablement perplexe.
« Naomasa, quel est ton avis sur ce Kurono ? demanda soudainement Enji en rouvrant les yeux.
- … Eh bien… fit la voix en résonnant dans la pièce à travers les haut-parleurs, je n'arrive pas à comprendre quel rôle il a dans cette affaire. Il a l'air tellement… détaché. Mais naturel. Je ne pense pas qu'il ait menti.
- Mais il n'a pas dit la vérité non plus… Du moins, il n'a fait que dire des évidences.
- C'est… vrai. Le seul passage intéressant est le moment où il s'est agacé, mais je ne vois pas trop pourquoi…
- Il m'a simplement fait remarquer que je manquais de respect à un mort… et m'a assuré qu'il ne l'avait pas tué. Et si il avait une idée du meurtrier… ? murmura t'il pour lui-même.
- Pardon ?
- Rien, j'aimerais parler à… zut, Sir Nighteye je crois.
- Je vous l'envoie, et… Une seconde. »
Un silence, puis la voix reprit :
« On vient d'avoir confirmation : seul Chisaki a touché au contenu de son verre, les autres n'ont même pas posé les lèvres sur le rebord. Chose étrange, car il n'y avait que le verre de Chisaki qui contenait du poison.»
Ça, c'était intéressant. Embêtant, mais intéressant. Il serait facile de dire que ce meurtre était en fait un meurtre organisé, cependant la présence de Hawks annulait cette théorie. A moins que son stupide journaliste ne se soit incrusté dans leur petite « murder party » sans savoir ce qui allait se passer…
Ce qui était très certainement le cas.
Enji poussa un long soupir et se fit la réflexion que ce Kurono n'avait pas tort sur un point : cela ne servait à rien de tirer des conclusions à brûle-pourpoint. Étant donné la complexité de cette affaire, il valait mieux éplucher consciencieusement chaque mot, chaque tique de ses suspects avant de choisir – ou de trouver – la meilleure solution. Et pour lui, la meilleure solution était la vérité, qu'importe ce qu'il pouvait se passer.
Soudain, on toqua à la porte et il se força à se re-concentrer pour accueillir le prochain suspect. Il tira la feuille contenant les informations sur ce dernier, et fut toujours aussi contrarié de voir qu'il y ait aussi peu d'informations sur ce « Nighteye ». Ce qui était le cas de Kurono d'ailleurs. Et de Chisaki.
« Monsieur le commissaire… Je crois qu'on vous attend. »
Enki hocha la tête et il donna l'autorisation d'entrer d'une voix forte. Peut-être aurait-il dû espacer les interrogatoires, parce qu'il avait le pressentiment qu'il n'allait jamais réussir à tous les enchaîner sans attraper de migraine. Il le savait, on allait lui retourner le cerveau.
« Vous souhaitiez me voir, monsieur le commissaire… fit la voix de Nighteye en entrant dans la pièce.
- En effet, grommela t'il sans même lui accorder un regard. Asseyez-vous, j'ai quelques questions à vous poser.
- Ce ne sera pas nécessaire.
- Pardon ? »
Enji releva la tête si rapidement qu'il put entendre sa nuque craquer. L'homme qui se tenait devant lui – une espèce de blondinet aux reflets verts parfaitement écœurant et à la silhouette d'une brindille – le toisait d'un regard hautain à tel point qu'il sentit une pointe de colère monter en lui. Il rêvait, ou ce type le prenait de haut dans sa salle d'interrogatoire ?
« Je me répète, déclara Nighteye très calmement, ce ne sera pas nécessaire. Regardez donc. »
Il lui tendit une espèce de badge avec marqué « Naicho » en lettre métallique, et Enji s'empressa de s'en emparer pour le détailler minutieusement, incapable d'en croire ses yeux.
Ce mec, l'un des suspects, cette espèce d'asperge qui le regardait comme on regarderait une fourmi au sol faisait partie des Services Secrets Japonais. Rien que ça.
On se fichait de lui.
« … Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda t'il en posant le badge sur la table d'un geste sec. Qu'est-ce qu'un type comme vous fait-il dans une affaire de meurtre ?
- … Vous avez de la chance, l'information sera rapidement divulguée, alors je peux donc vous en faire part…
- Crachez le morceau.
- Ce pauvre feu monsieur Chisaki n'était autre qu'Overhaul lui-même, l'un – pour ne pas dire le – plus grand criminel de tout Tokyo. Vous savez, l'homme qui détient les clés de tous les bas-fonds de la ville… »
Il ne s'en serait pas douté tient. Enji passa une main sur son visage et tenta de paraître le plus calme possible. Que Chisaki soit Overhaul OK, c'était une possibilité… Mais qu'un agent du Naicho se retrouve invité à une réception dudit Overhaul ? Il avait beau s'attendre à beaucoup de possibilité, celle-ci était certainement l'une des plus improbables. Il ne savait pas si il devait être rassuré de voir un type des services secrets avec lui, ou si il devait se sentir contrarié de voir ces soit-disant « membres d'élites » méprisants empiéter sur son affaire. Il n'avait fait affaire avec eux que rarement, mais Enji les avait toujours trouvés détestables… Il espérait sincèrement ne pas devoir travailler avec eux…
Enfin, il aurait préféré ne pas les voir tout court.
Mais Naicho ou non, il avait pour devoir d'interroger tous les suspects. Et il comptait bien en savoir plus sur cette stupide blague…
« … Et je peux savoir ce que vous faisiez là-bas ?
- Ça, je ne peux vous le dire, déclara très simplement l'agent secret. Sur ce, si vous pouviez -
- Écoutez, souffla Enji en sentant sa patience s'effriter, je me fiche de ce que vous pouvez être : vous êtes l'un des principaux suspects d'une scène de crime, et il est en mon devoir de résoudre ce meurtre – chef de la mafia ou non. Mais je peux toujours vous coffrer pour refus de coopérer si vous insistez autant…
- Je crois que vous avez besoin de connaître votre rang, monsieur le commissaire…
- Oh, à moins que ce soit le Naicho lui-même qui soit à l'origine de ce meurtre, ce qui me faciliterait la tâche je dois l'avouer… »
La réflexion fit mouche, car Nighteye daigna s'asseoir non sans redresser ses lunettes d'un geste agacé.
« Nous sommes les Services de Renseignements, pas de stupides chiens de chasses. Si Overhaul devait mourir de notre main, ce serait sous la main de la justice et après avoir répondu de ses crimes, renifla t'il. J'accepte de répondre à vos petites questions, mais rapidement si possible. J'ai du travail.
- Et moi donc… marmonna Enji. Bien, j'aimerais savoir pourquoi vous étiez à cette soirée.
- Pour surveiller Overhaul, évidemment.
- … J'imagine que vous avez des preuves comme quoi Overhaul et Chisaki sont la même personne… »
Il jouait avec le feu, mais il avait besoin de plus de renseignement que ça. Nighteye soupira et il sortit lentement de sa poche deux photos qu'Enji reconnut comme étant celles de Chisaki. Sur l'une d'elle, on pouvait voir le « directeur de musée » marcher dans la rue comme un citoyen des plus banal, et sur l'autre on pouvait voir Overhaul dans un endroit qu'il ne reconnaissait pas, le visage recouvert d'un masque semblable à celui des anciens médecins de la peste. Il comprenait mieux l'origine de cet hideux tableau… Il attrapa la seule et unique photo du dossier « Kai Chisaki » et il la compara avec les deux autres. Il était difficile de trouver les similitudes entre Overhaul et Chisaki à cause du masque, mais tout portait à croire que c'était bel et bien la même personne.
Il ne savait plus quoi en penser.
« J'imagine que vous ne savez pas qui aurait pu tuer ce cher… Overhaul, fit remarquer Enji en posant les photos sur la table.
- Overhaul avait une multitude d'ennemis, il était plutôt surprenant de le voir encore en liberté. Nous avions pour but de l'arrêter les jours suivants cette réception, mais…
- Donc, pas d'idée.
- Shigaraki Tomura serait l'assassin idéal. Cependant – et je vais me répéter – Overhaul avait une multitude d'ennemis…
- Pourquoi Shigaraki ?
- Ce n'est pas à moi de répondre, mais il n'est pas secret que Chisaki et Shigaraki se connaissaient depuis quelques temps déjà…
- Je vois, répondit Enji en faisant fi du ton supérieur de l'homme. Et j'imagine que vous êtes au courant pour le vol du tableau.
- Absolument, mais ceci n'est pas de mon ressort. Je ne suis d'aucune aide pour cette affaire. »
Peut-être que si, si monsieur acceptait de suivre cet interrogatoire en bonne et due forme… Mais Enji n'avait pas forcément envie de se frotter avec un agent du Naicho. Pas parce qu'il pouvait perdre son boulot ou il ne savait quoi – qu'ils essayent de toute manière – mais parce qu'il commençait à saturer. Et Nighteye aussi, puisque ce dernier se leva de sa chaise pour se diriger vers la sortie sans même lui demander l'autorisation. En temps normal, Enji lui serait sauté dessus et lui aurait fait son « numéro de Grand Méchant Commissaire » comme disait si bien Hawks, mais il n'avait absolument pas la force de le retenir. Qu'il parte si ça lui chantait, de toute façon il avait entendu ce qu'il voulait pour le moment.
« Une seconde, intervint-il avant qu'il ne quitte la pièce, une dernière question.
- Je vous écoute.
- Pourquoi ne pas avoir touché à votre verre ?
- … Je n'ai pas pour habitude de boire ce qu'on m'offre, encore moins si cette personne est une personne que je surveille. Sur ce, monsieur le commissaire… Je vous souhaite bonne chance pour cette enquête. »
La porte se referma dans un claquement sec, et Enji dut faire appel à tout son sang-froid pour ne pas balancer une chaise derrière lui. Est-ce qu'une entité supérieure avait décidé de lui faire payer toutes ces conneries depuis sa naissance ? Ou alors tout ceci était une mise en scène et on le filmait discrètement. Au final, heureusement qu'il n'avait à interroger que quatre suspects, sinon il se serait arraché les cheveux avant de pester contre le monde entier. Il poussa un long soupir et tenta de se calmer, avant d'attraper la feuille d'information sur Nemuri Kayama. Il parcourut le papier des yeux rapidement – il n'y avait rien de spécial sur cette jeune femme – lorsqu'un détail attira son attention.
Il cligna des yeux plusieurs fois, et relut la ligne plusieurs fois.
Brigade des stups.
Cette jeune femme travaillait elle aussi dans la police. Et elle avait elle aussi été invitée à ce pseudo vernissage. Deux flics, il y avait eu deux flics sur une scène de meurtre et personne n'était intervenu ? Avec un peu de chance, elle avait vu quelque chose qui pourrait l'aider à avancer, parce que là, il faisait du sur-place.
« … monsieur le commissaire ? Est-ce que ça va ?
- Oui, tout va bien, marmonna t'il. Je cherche simplement à comprendre pourquoi 2 flics se trouvaient en compagnie d'Overhaul.
- A vrai dire… Il y en avait 3.
- Pardon ?
- Tensei Iida est, d'après le dossier, un brigadier qui lutte contre le crime organisé. Quant à sa présence, et bien… J'imagine que vous le saurez quand vous l'interrogerez. »
Fatigué.
Enji était fatigué, c'était tout ce qu'il ressentait à présent. Bientôt on allait lui apprendre que Tobita Gentle et Tomura Shigaraki étaient en fait de fervents donateurs à l'UNICEF, que leur présence chez Overhaul était un pur hasard, et que ce dernier s'était en fait suicidé suite à un burn-out.
« Je vais interroger mademoiselle Kayama, souffla t'il. On verra le reste plus tard.
- Bien monsieur le commissaire, on vous l'amène. »
Il continua de lire le dossier de la jeune femme, mais il semblerait qu'elle n'ait absolument rien à se reprocher. Contrairement à Kurono et cet insupportable Sir Nighteye, elle ne paraissait avoir aucun lien avec le meurtre. Quoi que, on lui avait dit qu'elle connaissait plus ou moins « Chisaki », et qu'elle venait souvent dans le musée pour jeter un coup d'œil aux œuvres qui étaient exposées.
Louche.
Enfin, Kayama arriva et il put commencer son nouvel interrogatoire tranquillement. Pas de Naicho, pas de type suspect au regard glacial et au ton hautain… Non, la jeune femme avait parfaitement « normal ». Mais il avait toujours appris à ne pas se fier aux apparences… Elle s'installa sur la chaise, et patienta calmement qu'Enji prenne la parole.
« Donc, vous êtes mademoiselle Kayama…
- Appelez-moi Nemuri, j'ai l'impression d'avoir 10 ans de plus sinon, soupira la jeune femme.
- … Certes. Nemuri, j'aimerai savoir pourquoi un membre de la brigade des stups comme vous faisait à une telle réception, et quelle était votre relation avec Chisaki.
- Vous y allez cash hein ? J'imagine que les deux autres interrogatoires n'étaient pas faciles… Enfin, je vais tout vous dire. Cela fait plusieurs mois que je surveille ce musée, on le soupçonne d'être un lieu de passation de drogue… Je me suis donc fait passer pour une amatrice d'art et tenté d'arracher quelques mots au directeur du musée, mais je n'ai pas réussi à en savoir plus. Enfin, ce Chisaki était à première vue honnête, mais quelque chose me disait de creuser plus…
- Vous avez bien fait, fit Enji d'une voix lasse. Ce Chisaki n'était autre qu'Overhaul lui-même.
- … Overhaul ? Le mec qui se moque des services secrets japonais en leur passant sous le nez et en faisait ses petites affaires sans jamais se faire prendre ?
- C'est bien lui.
- Oh putain… Ne me dîtes pas que je suis passée à côté de ça… Et dire que j'aurais pu le coincer ! Je savais qu'il avait un lien avec Overhaul, mais de là à imaginer qu'ils ne faisaient qu'un… Aaah, j'enrage ! »
Enji hocha la tête, compréhensif. Il ne pouvait avoir que de la compassion pour la jeune femme, qui avait dû se faire mener par le bout du nez pendant ses périodes d'espionnage. Il n'y avait rien de plus frustrant que de se rendre compte qu'on passait à côté du coup de sa vie. Cependant, cette histoire de drogue l'intéressait… Il savait à présent à quoi servait ce musée, et il allait devoir y jeter un coup d'œil.
« Je sais à quoi vous pensez, le devança Nemuri avec une moue, mais je n'ai jamais rien trouvé dans ce musée, pas la moindre trace de LSD ou de cocaïne. Soit notre informateur nous a menti, soit notre ami Chisaki a nettoyé l'endroit avant que je n'arrive. Si vous dites que cet homme est bel et bien Overhaul, la deuxième proposition me paraît la plus logique.
- Hm, il est vrai qu'Overhaul n'est pas du genre à faire quelque chose au hasard…
- Comme par exemple organiser une réception en compagnie de 7 personnes qui n'ont absolument aucun lien avec l'art ?
- Exactement… »
Enji sourit, content de voir qu'il était sur la même longueur d'onde avec la policière. Plus le temps passait, plus cette histoire de réception laissait penser que ça cachait quelque chose. Et maintenant cette histoire de drogue… Overhaul avait-il prévu de vendre ou d'acheter des stupéfiants ? Avait-il organisé tout ceci dans un but commercial ? Mais dans ce cas pourquoi prendre le risque de le faire en si petit comité, mais des personnes qui – comme le disait Nemuri – n'avait rien à voir avec l'art ou même avec la criminalité ?
Plus l'affaire avançait, moins elle n'avait de sens.
« Donc… Avez-vous vu quelque chose d'étrange ou… d'inhabituel chez Chisaki ce soir-là ? Ou même parmi les autres invités ?
- Hm, je ne saurai dire. La réception commençait à 19h, et nous sommes tous arrivé à peu près en même temps… C'est Chronostasis qui nous a accueilli, Chisaki est arrivé bien après. On a discuté, il y a eu la présentation de cet affreux tableau et on nous a servi des verres de champagne.
- … « on » vous a servi ? Qui donc ?
- Chisaki lui-même. Il déteste se faire servir, enfin c'est ce qu'il m'avait dit un jour où je l'avais invité à boire un verre pour tenter de lui soutirer des informations… »
Enji fronça les sourcils, de plus en plus perplexe.
« Personne d'autre ne s'est approché des verres ?
- Je ne crois pas.
- Chisaki est le seul à avoir bu dans son verre, pourquoi ne pas l'avoir fait ?
- Eh bien je… En général, je préfère éviter de boire lorsque je suis en service. Tout simplement. »
La réponse sonnait faux, et l'hésitation de Nemuri laissait croire qu'elle venait de mentir… Enji plissa les yeux, et nota cette information dans un coin de sa tête. Elle cachait quelque chose, mais… Il ne voyait pas ce qu'elle pouvait cacher, encore moins la raison. Il avait du mal à l'imaginer tuer Chisaki, car contrairement à Kurono et Nighteye elle ne paraissait avoir une raison de le faire. Il décida de ne pas relever cette hésitation et fit comme si de rien n'était, sans pour autant la mettre de côté.
« J'imagine que vous avez entendu parler de cette histoire de vol de tableau… continua t'il. Des idées ?
- Non, je suis désolée… Peut-être est-ce quelqu'un d'extérieur ? J'ai du mal à imaginer quelqu'un parmi nous quitter la pièce pour aller cherche un tableau. Nous n'étions que 8 en comptant Chisaki… Difficile de s'éclipser sans se faire voir par les autres invités. »
Ce qui… n'était pas faux. Et même logique. A moins de faire appel à un complice, aucun des invités n'auraient pu voler le tableau. Cependant, Kurono et le responsable semblaient être persuadé que ce vol et le meurtre avaient un lien. Quelque chose lui échappait.
« Bon, je n'ai pas d'autres questions pour le moment, soupira t'il. Je pense que vous pouvez y aller…
- Merci. Je suis à votre disposition si besoin, si vous avez besoin… d'information sur le musée, je peux peut-être jeter un coup d'œil dans les dossiers. »
Enji hocha la tête, reconnaissant. Il la raccompagna dans le couloir et entra dans la pièce adjacente pour libérer Sansa et Naomasa. Ils étaient tous les deux levés depuis certainement 6h du matin – contrairement à lui – et méritaient une longue pause déjeuné. De plus, il avait besoin de faire le point et de trouver un moyen de contacter les 3 suspects manquants sans risquer de les faire fuir… Quoi que si ils fuyaient, c'est qu'ils avaient quelque chose à se reprocher.
Ce serait limite plus simple pour lui…
« Vous pouvez y aller, dit-il en entrant dans la salle. Je pense que c'est fini pour aujourd'hui, on en a assez vu comme ça.
- Enfin, monsieur le commissaire… hésita Sansa, il vous reste le journaliste. »
Il avait oublié Hawks. Oups.
« … Je m'en occupe, prenez votre journée, on risque d'avoir un musée entier à fouiller dans les prochains jours…
- Vous êtes sûr que… ?
- Je ne pense pas qu'un journaliste aussi gringalet que lui puisse me blesser ou poser un quelconque problème… »
Les deux policiers finirent par accepter, visiblement soulagé de pouvoir prendre une pause tant attendue.
« Bien, on vous l'envoie alors… »
Et ils quittèrent la pièce – soulagés d'avoir enfin leur pause – laissant Enji seul avec ses pensées. Il avait donc pour le moment : Kurono, qui semble très attaché à Overhaul – et qui était très certainement au courant de ses agissements – mais dont le comportement était trop expéditif et je-m'en-foutisme pour ne pas être étrange. Cependant on l'aurait vu verser le poison dans le verre de Chisaki, n'est-ce pas ? Et surtout, Nemuri avait bien dit que c'était Chisaki qui avait rempli les verres… Même chose pour Nighteye. Quoi que les agents du Naicho avaient des techniques plutôt intéressantes…
Mais encore une fois, ça ne collait pas au personnage.
Et puis il y avait Nemuri… Si il la voyait mal verser du cyanure dans le verre de Chisaki, il avait l'impression que la policière ne lui avait pas tout dit. Encore une fois, c'était cette histoire de verre pas bu qui le perturbait.
Toujours pensif, il put voir par la vitre teintée Hawks entrer dans la salle d'interrogatoire avec une moue boudeuse affichée sur le visage. Visiblement, attendre 3h ne lui a pas vraiment plu… Tant pis, c'était ainsi que ça se passait ici. Magnanime, il décida de ne pas le laisser poireauter plus longtemps et sortit de la pièce – sans oublier de la verrouiller pour ne pas qu'un petit malin ait l'idée d'assister à cet échange sans autorisation – et il rejoignit son journaliste pour pouvoir commencer.
« AH, je vois qu'on aime prendre son temps ici ! bougonna t'il en le voyant arriver. Je commence à avoir faim.
- Et toi tu as de la chance qu'il n'y ait personne d'autres que moi pour entendre ça, rétorqua Enji en lui jetant un regard sévère. Je te rappelle que tu es -
- Que je suis un suspect et que je ne suis pas censé te connaître, oui je sais… Mais tu dis que nous sommes que tous les deux ?
- … oui.
- Cool ! Tu as des menottes sur toi ? »
Enji poussa un long, très long soupir. Lui qui pensait que ça allait être facile…
« Écoute, on fera tout ce que tu veux ce soir, mais par pitié soit sérieux quelques minutes, réponds aux questions et n'oublie rien de ce qui pourrait être utile pour l'enquête. »
Hawks se tut, un petit sourire narquois sur le coin des lèvres. Il finit par hocher la tête et s'assit docilement sur la chaise, prêt à répondre à toutes les questions possibles. Enji fut rassurer de voir qu'il ne comptait pas le taquiner plus que ça, et s'installa en face de lui pour commencer le quatrième interrogatoire de la journée.
« Bon… J'aimerais que tu me décrives le déroulement de la soirée.
- Alors… Tout commençait à 19h, et c'est le type un peu flippant qui nous a accueilli, le copain de Chisaki…
- Kurono ?
- Oui, voilà. Donc je dois t'avouer qu'il ne s'est pas passé grand-chose… On a blablaté, j'ai essayé de prendre des informations un peu partout mais les autres invités n'étaient pas très bavards. Ils étaient tous sur la défensive, ce qui était assez… surprenant. Enfin, tous sauf Chisaki et ce collectionneur, Tobira je crois.
- Tobita, le corrigea Enji.
- Il nous a fait la présentation de son tableau, et j'en ai profité pour prendre des photos d'un peu tout le monde.
- Des photos ? Tu en as ?
- Oui. Tu voudras les voir ?
- Si possible…
- Je n'en ai pas beaucoup par contre, Kurono a foncé sur moi pour me dire de les effacer sur le champ. Il voulait carrément détruire ma mémoire, mais… Je dois t'avouer que j'ai un peu rusé pour les garder. C'est donc une mémoire vide qui a été détruite.
- Il ne voulait pas que vous preniez de photo ?
- Et non ! s'amusa Hawks. Suspect, n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas tout… La jeune femme s'est disputée avec ce célèbre monsieur Iida. Je les ai surpris en plein accrochage, à voix basse… Et avant que tu me le demandes : oui, je dois être le seul à les avoir vu. C'était juste avant d'entrer. Après ça, ils ont fait comme si ils ne se connaissaient pas. »
Finalement, Enji fut particulièrement content d'avoir Hawks dans ce coup-là. Ce dernier avait toujours un don pour laisser traîner ses yeux et ses oreilles partout, et même si ça l'agaçait, il devait reconnaître que ça pouvait lui être bien utile. Donc Nemuri s'était disputée avec le fils Iida… C'était donc ça ce qu'elle cachait ? Il allait devoir approfondir cette question.
« Je vois… murmura t'il. D'autres choses ?
- Hm, pas vraiment… Si ce n'est que ce… Nighteye comme il s'est présenté et l'autre type au cheveux bleu me faisait froid dans le dos. Je ne sais pas si tu vois, mais un gars avec la peau abîmée et le regard flippant… »
Shigaraki certainement.
« Après on a eu ce long discours sur le tableau et on nous a servi du champagne.
- C'est Chisaki qui vous a servi ?
- Oui, chose étrange, je m'attendais à ce que ce soit Kurono d'ailleurs, et non Chisaki. Après il a porté un toast et a commencé à boire. Quelques minutes après il était mort.
- … et tu n'as pas bu dans ton verre ?
- Non, je n'aime pas le champagne », grimaça t'il.
Forcément. Décidément, ça ne l'aidait pas du tout. La seule information intéressante était cette histoire de dispute, mais… Comment le poison avait-il été versé dans le verre de Chisaki ? Devant son air dépité, Hawks posa une main sur son avant-bras, étrangement compatissant.
« … Tu peux peut-être me raconter non ? Peut-être que je pourrais t'aider…
- …
- Et je te jure que je garde tout ceci confidentiel. Pas un mot ne sortira de cette pièce. J'en fais le serment. »
Enji poussa un nouveau soupir. Il savait qu'il pouvait compter sur Hawks, et qu'avoir un avis autre que celui des policiers pourraient peut-être l'aider à voir plus clair… Ce n'était pas très « pro », et il savait qu'il risquait beaucoup en dévoilant une enquête en cours, mais Enji se fichait d'être « pro » ou non pour le moment. De plus, Hawks n'était pas n'importe qui… Il décida donc de, malgré les risques, de tout raconter au journaliste. Même si il pouvait être agaçant, il restait quelqu'un en qui il avait confiance malgré tout. De l'échange avec Kurono à son altercation avec Nighteye, il lui expliqua tout ce qu'il savait et ce qu'il en pensait. Hawks écouta le tout très attentivement, sans jamais l'interrompre ou quoi que ce soit, et Enji vint à se demander à quel point il paraissait fatigué pour qu'il le laisse tranquille comme ça.
A la fin de son récit, le journaliste ne parla pas immédiatement, et sembla comme réfléchir.
« … Donc, on a Kurono qui est suspect mais pas plus que ça… Nighteye même chose… Kayama qui ne t'a pas tout dit, un seul verre de bu et un maître de la mafia mort, c'est ça ?
- … En gros.
- Ok. »
Il se tut un instant, et commença à réfléchir. Quelques secondes, minutes passèrent dans le silence, avant qu'il ne reprenne la parole.
« Je me disais… Puisque ce type était Overhaul, il devait avoir des ennemis, mais il devait aussi se méfier des forces de l'ordre non ?
- Hm, plus ou moins…
- Imagine : il sait qu'on le surveille, et veut s'en débarrasser. Ou alors juste quelqu'un qui empiète sur son territoire. Il organise sa réception car il sait que sa victime ne se déplace pas facilement, verse le poison dans le verre, distribue les verres et… Boit, pensant se débarrasser de sa cible.
- Il se serait tout simplement… trompé de verre ?
- Dis comme ça… »
Ça n'avait pas de sens. Chisaki – ou Overhaul – ne commettrait jamais une erreur aussi banale… A moins que ce soit la cible qui ait réussi à inverser les verres, mais comment ?
« Est-ce que tu sais si Chisaki a immédiatement bu ou… ?
- Non, désolé. Il y a eu un moment de latence entre les deux je crois, mais après… En plus tout le monde s'est plus ou moins approché de lui pour lui parler alors… »
Alors ça n'avançait pas grand-chose. Cependant, il devait admettre que ça pouvait le débloquer. Il devait simplement trouver la personne que Chisaki aurait pu vouloir tuer. Nighteye peut-être. Mais la mort d'un membre du Naicho aurait mis un sacré bazar… Nemuri ? Non, il existait des façons plus simples de la tuer étant donné qu'elle venait souvent dans ce musée. Idem pour Kurono, il aurait pu se débarrasser plus facilement et plus discrètement de lui. Ne restait plus que Shigaraki, Tobita, Iida et… et Hawks.
Mais pourquoi tuer Hawks ?
Un horrible doute s'empara de lui, et il se demanda si cette cervelle d'oiseau ne s'était pas attiré les foudres de cette foutue mafia. Il connaissait son don pour se mettre dans le pétrin, et il se surprit à souhaiter du plus profond de son cœur que ce ne soit pas le cas. Hawks était trop jeune pour se retrouver mêlé à ce genre d'histoire.
Enfin, il était peut-être malheureusement trop tard… Cependant, si il en croyait son témoignage, sa présence à cette réception s'était faite au dernier moment. Ainsi, on pouvait supposer que la véritable victime était parmi les 6 autres invités.
« Bon, merci. Je pense que ça va aller, j'ai besoin de souffler… »
Il avait surtout besoin de mettre tout ceci au propre. Mais, pour le moment, il allait prendre une pause, de respirer un coup et de vider la tension qui commençait à s'accumuler en lui.
- Sûr ? demanda le journaliste en penchant la tête.
- Oui, sûr. »
Il hocha la tête, et il se levèrent tous les deux pour sortir de la salle, quand Enji stoppa Hawks en lui attrapant le bras avant qu'il ne puisse ouvrir la porte.
« Attend… Est-ce qu'un restaurant te tente ? »
Non, ce n'était pas comme si il voulait se faire pardonner de la veille au soir, mais… Il espérait – tout de même – se montrer un peu gentil avec le journaliste. Il savait qu'il pouvait être rude parfois, et Hawks ne méritait pas toujours de jouer les punching-ball.
« Oh ! répondit Hawks avec un immense sourire. J'adorerais mais… J'ai du travail et comme j'ai perdu 3 heures ce matin… On se dit ce soir sinon ?
- … Si tu veux.
- Super ! »
Il l'embrassa rapidement sur la joue et s'empressa de partir, avant de se retourner pour lui dire d'un ton taquin :
« Et n'oublie pas les menottes ! »
Et il disparut sans qu'Enji ne puisse ajouter un mot.
Fichue cervelle de moineau.
Dernier blabla:
Et c'est la fin de la première partie...! Alors, des idées sur le meurtrier?
Je ne sais pas encore si il y aura deux, ou trois parties, je n'ai pas encore tout écrit. Et j'espère pouvoir écrire la suite rapidement. Ce serait vache de vous laisser sur un tel suspens uhu...
Cependant, ne vous inquiétez pas, le plot est en tête. La fin est prévue, notée et... C'est à vous de deviner le meurtrier!
Enfin, encore une fois je dis JOYEUX ANNIVERSAIRE MOMO, en espérant que ce petit (oh la blague) écrit te plaise!
Sur ce, je vous fait des bisous et à la prochaine!
