Une histoire de dessins.
Je sais ce que vous allez me dire : arght, la revoila déja, on va faire une indigestion! Oui, surement, mais voila, les idées, ça va ça vient, et pour une fois, c'est venu! Et puis, je vous promet de ne pas vous assommer de chapitres avec mon bac en approche...
Rating : M
Disclaimer : les personnages ne m'appartiennent pas.
Couples : Sherlock x John, Sarah xJohn, Lestrade x Mycroft
Abyssus Abyssum Invocat. L'Enfer entraîne l'Enfer.
John avait repris le dessin sur le conseil de sa psychologue. Elle lui avait fait remarquer, en voyant un gribouillis qu'il jugeait informe, qu'il possédait un certain coup de crayon, et qu'une activité plus simple, moins dangereuse, serait la bienvenue pour sa réhabilitation sociale. L'idée était assez tentante pour que l'ancien soldat se décide à racheter quelques outils, des feuilles de qualité moyenne, et s'installe sur la table basse à la recherche d'un modèle.
« Stupidité, tu n'es pas fait pour être artiste, mais assistant médical. »
La sentence du jeune homme n'avait pas su faire changer l'avis de son colocataire. John avait laissé sa main traîner sur le papier, faisant naître l'appartement bordélique, insistant sur quelques détails, jetant parfois un œil hésitant à sa palette d'aquarelle qu'il n'avait pas touché depuis le lycée. Puis… Il y avait eu Sherlock. Sherlock qui restait en profonde réflexion, sans bouger d'un cil, sans observer quiconque, dans sa tour d'ivoire, loin du monde, loin de John.
Un modèle parfait.
« John, silence, je réfléchis. »
Ces petites phrases étaient des signaux pour le blond, qui se saisissait de son carnet pour croquer le détective. Au début, il se cachait, avant de comprendre que Sherlock ne remarquait même pas les essais du dessinateur. Alors, John croqua.
Et il ne songea pas un seul instant que ces dessins allaient le mener très loin.
"..."
« John n'est pas là ?
-Non, il est encore en service. Je lui ai dit que ce job était d'une inutilité affligeante, et que je pouvais pallier à ses ennuis financiers, mais il m'a claqué la porte au nez. »
Sherlock haussa les épaules en signe d'incompréhension, tournant en rond, pieds nus, sur le tapis alors que son frère posait son parapluie contre un fauteuil. Alors qu'il allait faire un commentaire concernant l'étonnant manque de meurtre de ce mois de Mai, son regard fut attiré par un carnet relié de cuir, d'une épaisseur respectable. Sans complexe, il s'en saisit, et balaya les pages d'un œil scrutateur :
« John s'est mis au dessin ?
-Hm ? Oui, lubie dictée par cette femme qui prétend l'aider… Je n'ai jamais regardé. Je ne vois pas l'intérêt de l'art. »
Mycroft ouvrait des yeux de plus en plus grands. Son frère cessa son manège :
« C'est si laid que ça ?
-C'est…Viens voir par toi-même. »
Sherlock se glissa silencieusement derrière son aîné, et son visage, habituellement inexpressif, se teinta d'une certaine surprise alors que les croquis défilaient. On reconnaissait sans peine le détective, dans des poses qui lui étaient chères. Pourtant…Quelque chose semblait différent. Ainsi, le jeune homme n'était plus avachi sur le canapé, mais alangui, le regard perdu, nostalgique ou mélancolique. Adieu, chemise froissée et malmenée, le vêtement semblait vaporeux, doux, tendre.
« Mais… »
Sherlock n'était plus roulé en boule sur une chaise en train de réfléchir, mais élégamment installé, adressant au lointain un regard suave et inquisiteur.
Sur le suivant, il fumait une cigarette sur le rebord de la fenêtre, ange noir se découpant nettement sur le clair de lune. John n'avait dessiné ni les longues cernes sous ses yeux d'insomniaque, ni les plis soucieux sur son front. Evidemment.
Mycroft referma le carnet en souriant :
« Depuis quand te sublime-t-il ainsi ? Tu ressembles à un mannequin.
-Je… »
Mycroft fronça les sourcils, ainsi donc son cadet n'avait rien vu de ces dessins, de la vision de John à son égard. Et cette réalisation soudaine semblait l'agacer, de toute évidence. Sherlock n'aimait pas tomber sur ce genre de chose sans être au courant. Hors, cette fois, il n'avait rien vu. Rien du tout.
« Arrête un peu. Je suis parfait pour ce genre de de dessin de bas étage, quand je réfléchis, je ne bouge pas, c'est tout, alors toi aussi pour une fois sers toi de ton cerveau. »
La réponse était trop vive, trop rapide et bien trop acide pour être vraie. L'agent du MI6 feuilleta de nouveau le carnet, l'air innocent :
« Allons, Sherlock, sois réaliste, sois il te voit comme un héros de roman à l'eau de rose, soit tu es devenu un séducteur en sa présence… »
Le ton de la phrase était bien assez moqueur pour achever d'énerver Sherlock qui le fustigea des yeux :
« Arrête ça, je t'ai dit.
-Te connaissant, tu dois bien aimer ça...Te sentir regardé, apprécié… Voire plus. C'est une sorte d'aubaine. »
Sherlock ouvrit la bouche pour le faire taire définitivement, mais à cet instant la porte de l'appartement s'ouvrit sur un John engoncé dans une doudoune noire, l'air franchement fatigué. Mycrogt reposa instantanément le carnet avant d'aller lui serrer la main alors que le cadet s'éloignait, allant s'asseoir à même le tapis, boudeur.
« Bon sang, pourquoi fait-il si froid, se plaignit le médecin, le temps ne vaut vraiment plus rien…
-Vous avez bien raison…Dîtes-moi, John, mon frère m'a dit que vous dessiniez, je pourrais jeter un coup d'œil ? »
John ouvrit de grands yeux, puis balbutia qu'il n'avait encore eu le temps que de faire quelques esquisses ratées. Mycroft hocha la tête, plus souriant que jamais, assura que ce n'était pas grave, puis quitta la pièce. Sherlock n'avait pas bougé. Le médecin posa son manteau sur le dossier d'une chaise, alla se faire un café bien fort dans la cuisine avant de revenir s'installer dans le canapé, soupirant de fatigue.
« Tu travailles trop. Je te veux en pleine forme pour les enquêtes.
-Il n'y a rien en ce moment, bailla le blond, tu l'as dit toi-même. »
Il se leva, posa une main hésitante sur son carnet, le feuilleta, et une certaine douleur traversa ses traits. Puis, son doux sourire revint :
« Mes dessins sont vraiment stupides, je crois que je vais m'arrêter là.
-Ça ne fait que deux semaines que tu as commencé.
-Justement. C'est déjà devenu absurde. »
Il quitta la pièce, annonçant qu'il allait se coucher. Sherlock guetta le son de la porte qui se ferme, puis se jeta sur le carnet, l'ouvrant au hasard. Il se vit en train de siroter un verre de lait, fixant d'un air absent l'écran de télévision, la tête penchée comme un enfant. Il se vit en train de tirailler ses cheveux en arrière, les yeux clos, bouche entre ouverte, le dos cambré alors qu'il s'étirait. Il se vit s'observant dans le miroir, et l'air sérieux qu'il aurait dû arborer s'était changé en une moue intriguée et amusée qui ne lui ressemblait pas du tout.
« John… »
Le brun caressa les feuillets, en pris quelque uns en photo. Fallait-il lui en parler ? Et que dire ? C'était stupide. Ces dessins ne voulaient rien dire, Mycroft délirait, comme d'habitude, il voulait le titiller, et cela marchait bien. Le brun s'en voulait d'apporter autant d'importance à cela. Puis, une idée vint se faufiler dans son esprit investigateur. Si le médecin transformait les scènes anodines en décor languissant, que ferait-il devant une séquence plus…Typée ?
« Sherlock, je n'arrive pas à dormir. Ou sont les somnifères ? »
Le brun se félicita de s'être éloigné de l'objet en cuir.
« N'avale pas ces machins, c'est mauvais pour toi. Pose-toi dans le canapé, on va regarder un documentaire stupide. »
John n'avait jamais été du genre à contrecarrer les projets de son ami. Il haussa les épaules, remontant les manches de son pull, et s'installa dans son grand fauteuil en soupirant de contentement. Sherlock remarqua qu'une ride permanente ornait son front depuis qu'il avait ouvert le carnet, puis se dirigea vers les escaliers :
« Je reviens tout de suite. »
John zappait déjà sur les chaînes.
Alors que le brun disparaissait à l'étage, le médecin délaissa la télévision pour se ressaisir du livret. Son visage se ferma. Comment avait-il osé représenter son colocataire de cette façon ? Ce n'était pas Sherlock ! Sherlock n'avait pas ces lèvres ourlées, ce regard désireux ou meurtrit, Sherlock ne regardait pas par la fenêtre avec cette moue enfantine, Sherlock ne se cambrait pas comme ça.
C'est la façon dont je voudrais le voir moi.
Le blond se mordit brutalement les lèvres, secoua la tête. Fichue psychologue qui l'avait poussé dans cette voie étrange et impossible. Il devait faire disparaître tout ça, et rapidement, si jamais quelqu'un tombait dessus…
Il recommença à regarder la TV, le carnet sur les genoux.
Quand Sherlock revint, il semblait furieux. Une simple serviette blanche nouée autour des hanches, il se mit à invectiver vigoureusement la tuyauterie, grondant qu'il n'avait plus d'eau chaude. Secouant ses boucles noires pour les décoller, il aspergea son colocataire qui brailla en retour.
« Ne reste pas comme ça tu vas attraper froid !
-Je m'en fiche. »
Têtu, buté, l'air agacé et intérieurement très amusé, Sherlock alla donc se poser sur son canapé, croisant ses deux longues jambes sous lui. Le blond le regarda une seconde, ses doigts se crispèrent sur le critérium coincé dans la tranche du carnet, puis il se ravisa.
« Tu regardes quoi ?
-Un docu' sur le Mexique. La civilisation aztèque.
-Inintéressant.
-Silence. »
Sherlock osa un sourire goguenard. Les minutes défilaient doucement, ponctuée d'une conversation fluide, agréable, qui s'espaçait de plus en plus au fur et à mesure que les paupières du jeune homme se fermaient. Il s'endormait, il le savait, et c'était voulu puisqu'il avait lui-même avalé un somnifère pour cela, brisant ainsi son cycle de nuit sans sommeil. Puis, il glissa doucement contre un coussin et sa respiration se fit plus silencieuse, alors qu'il entendait clairement le grattement caractéristique d'une mine sur du papier.
"..."
Chaleur. Douceur. Odeur.
Sherlock ouvrit un œil. La serviette était étendue sur ses jambes, et son torse reposait dans une multitude de pulls d'un confort extrême. Et sa tête…Sa tête était sur les jambes de John qui, la tête renversée, dormait du sommeil du juste. Il était torse nu, et Sherlock reconnu son vêtement calé entre ses propres bras. Il l'avait couvert. Pour ne pas qu'il prenne froid. Ses yeux glacés tombèrent sur le carnet, fermé, plus conséquent encore que la veille, posé non loin de là, mais se lever était un risque qu'il ne pouvait prendre. Pas maintenant.
Sherlock frissonna, et sentit soudainement la main de John retomber sur sa taille, lui administrant une chaleur supplémentaire. Dormir assis ne devait pas être confortable. Le brun se lova un peu plus contre lui, ignorant ce fourmillement dans le bas-ventre, puis ferma les yeux, entouré du parfum de l'ancien soldat. Il n'était que quatre heures du matin.
"..."
« Hmn… »
Réveil en douceur. Sherlock ouvrit ses paupières, se redressa mollement, bailla comme un chat avant de se pelotonner dans la couverture. Couverture ? Il s'assit d'un coup, jetant un œil à son lit improvisé. Plus de pulls, plus de John. De simples coussins, deux couvertures, et la serviette blanche, à moitié sur ses jambes, pendant dans le vide. Etait-ce un rêve ? Un fantasme ?
« Le carnet. »
Il se leva, le chercha des yeux, remarqua qu'il avait changé de place. Il s'en saisit fiévreusement, et un râle de colère étreignit sa gorge : les dernières pages avaient été arrachées. Quoi que John ait pu dessiner, ce soir-là, il ne l'avait pas supporté. Le détective jeta rageusement le livre sur la table basse.
« Bonj…SHERLOCK ! »
John se détourna devant la nudité de son colocataire :
« Bon sang, tu ne veux pas t'habiller un peu ?
-Il est à peine huit heures, tu n'es pas du genre à te lever tôt, et tu ne travailles pas, siffla l'autre en réponse, pourquoi es-tu debout ? »
John s'avança pour prendre sa veste et une écharpe, lui tournant le dos, et lâcha qu'il avait rendez-vous avec une jeune femme. Sherlock mis ses mains sur ses hanches :
« Sarah ?
-En effet.
-Cette femme ne te correspond pas.
-Qu'est-ce que tu en sais ? Pour l'amour de Dieu, mets un boxer, et si Mrs Hudson venait ? »
Sherlock l'ignora, et monta à l'étage, frustré et plein d'une rancœur à laquelle il n'était définitivement pas habitué. Il ne vit pas le blond tendre une main vers lui comme pour le retenir, puis une seconde ride creusa sa peau alors qu'il reculait vers la sortie.
"..."
« RIEN ? INCAPABLE ! »
Sherlock raccrocha brutalement, puis souffla, se massant les tempes. Bon. Lestrade n'avait toujours rien pour lui, Moriarty devait avoir pris un congé, ou alors préparait un gros coup. Et John était repartit à la chasse aux filles. Stupide. Stupide stupide. Puis, il s'allongea un peu plus dans la baignoire, offrant à ses jambes pliées la morsure du froid. Il devait retrouver ces dessins. Sa curiosité s'en retrouverait mortifiée, s'il ne les obtenait pas.
« Pensons John. Pensons soldat, pensons secret défense, pensons cachette. »
Sherlock réfléchissait alors qu'il sortait de la baignoire, retrouvant la douceur de son peignoir, rabattant sans ménagement ses mèches corbeaux sur l'arrière de son crâne. Un trombone à la main, il ne lui fallut qu'une minute pour faire vaciller la serrure de la chambre de son colocataire, puis il ouvrit la porte silencieusement.
« Je ne suis jamais entré là-dedans. Je n'en avais jamais éprouvé le besoin. Je me demande comment j'ai fait. »
Il fit deux pas dans la pièce, sentit une vague odeur d'eau de toilette masculine, de renfermé, et de plante verte. John possédait, en effet, un magnifique ficus qui trônait sur une chaise, entouré de vêtements plus ou moins pliés. Des livres s'entassaient sur la table de chevet, et la lampe menaçait à chaque instant de s'écraser au sol. Le reste de la pièce était convenable bien que d'une simplicité légèrement fade.
« Enregistrer les détails, faire attention, ne rien bouger. »
Le détective n'était jamais loin derrière cette ébauche d'humain qui semblait naître. Le brun fit un rapide inventaire des cachettes possibles dans la chambre, fit un choix, puis s'agenouilla devant la table de chevet.
« Pas de poussière sur le devant, le tiroir a été ouvert récemment. »
Il l'ouvrit. Vide. Son sourire s'accru.
« Oh, John…C'est si enfantin, comme stratégie. »
Il y avait de petits copeaux de bois sur le fond du tiroir. Doucement, du bout des doigts, Sherlock fit coulisser le faux plafond, et sentit contre ses ongles la rugosité particulière du papier canson. Il retira les croquis, et les fit défiler devant ses yeux.
Pour la première fois de sa vie, une rougeur de plaisir prit place sur ses joues.
"..."
« Tu…te le crois, ça ? »
Gregory tempêta cinq bonnes minutes, grondant que Sherlock était vraiment culotté de lui crier dessus au téléphone parce qu'il n'avait pas de criminel sur les bras pour le moment ! Mycroft bu une gorgée de son thé et hocha la tête d'un air compatissant.
« Le vent tourne, Gregory, tu ne le sens pas ? Je pense que mon petit frère est en train d'évoluer.
-Il devient psychopathe ? »
Rire de l'agent du MI6 qui secoua doucement la tête.
« Disons simplement que je ne donne pas cher de la peau de cette pauvre Sarah. »
Greg ouvrit la bouche pour le questionner, et fut donc coupé par les lèvres du britannique. Il abdiqua donc pour passer ses bras autour de son cou.
"..."
John était rassuré. Il n'était définitivement pas homosexuel, et le corps chaud lové contre lui en était la preuve vivante. Sarah repoussa une mèche qui barrait son front, et lui offrit un sourire :
« J'aime quand tu es comme ça. Pressé, demandeur…Possessif. »
Il l'embrassa, songeant qu'il ne pouvait certainement pas lui faire part de ses doutes concernant sa sexualité, et se dit qu'il devait profiter de l'instant présent pour oublier le reste. Oublier ses pensées terrifiantes et qu'il considérait comme malsaines.
Il était déjà treize heures trente. Sherlock n'avait ni appelé, ni envoyé de message. Le blond s'en sentait presque blessé, mais refusait de l'admettre.
« Je meurs de faim, on va déjeuner ?
-Je ne sais pas, l'idée de rester au lit est séduisante aussi… »
Sarah éclata de rire, le chatouilla, puis murmura qu'elle allait s'habiller. L'ancien soldat la regarda s'éloigner, nue, belle, rougissante de son audace, et il se sentit subitement bête et léger. Il aurait du faire ce choix bien avant, c'était simple comme bonjour, et cette jeune femme lui correspondait parfaitement. Il s'étira, et ses yeux se fixèrent dans un miroir mural.
Pourquoi cet air triste ?
Il tourna la tête.
Fin du chapitre un. Prometteur? Décevant?
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