Petite dédicace à ClaraDWho. Tu comprendra en lisant. :3 Et bonne lecture à tous!
-Bon alors, tu m'as compris ?
J'hoche la tête en souriant cruellement. Le plan est on ne peut plus clair, d'une simplicité et une efficacité effroyable. Quant à la victime, je me fais une joie à l'idée de pouvoir enfin me venger, même indirectement, de toutes ces années de servitude qu'elle m'a fait subir. Comment avais-je pu laisser cet être insignifiant me réduire à un objet pour assouvir ses pulsions ? Peu importe, ce temps est révolu : à présent je vais aider le Patron à faire taire les siennes. Nous nous regardons, un sourire malsain sur nos visages. Nous sommes plus déterminés que jamais lorsque nous prenons l'escalier pour nous diriger vers l'étage, dans le couloir aux multiples portes de chambres des personnalités, celle de leur créateur étant encore au-dessus. Nous dépassons les différents logos peints sur les battants de bois (rhubarbe, bambou, tableau périodique des éléments, cœur rose, tête de mort,…) pour enfin s'arrêter devant celle arborant fièrement une manette de console.
-A toi de jouer.
Mon acolyte m'adresse un clin d'œil malicieux avant que je ne m'engouffre dans la pièce semi-obscure en adoptant un sourire rassurant. Le Geek perçoit mon entrée et me regarde, ses yeux bleus luisant de quelques larmes.
-Ah tu es là ! Je t'ai cherché partout ! Je croyais que tu ne voulais plus de moi…
Si tu savais…
-Ne dis pas ça ! J'ai toujours été là pour toi, non ? Allons, ne pleure pas.
Je me rapproche, grimpe sur le lit pour prendre le petit gamer dans mes bras.
-Là, là, ce n'est rien. Je suis là.
J'enrage de devoir jouer cette comédie absurde. Je déteste me blottir contre ce torse nu, dans ses bras frêles pour le rassurer. Je n'en peux plus. Un léger grattement impatient du Patron contre la porte m'indique qu'il serait temps que je songe à passer à la vitesse supérieure.
-Tiens allez, allonge-toi. Je connais une technique pour te détendre. Sèche tes larmes. Laisse-toi faire. Voilà. Détends-toi. Rejoins tes mains au dessus de ta tête.
Le garçon obtempère, confiant. Mon Démon qu'il est crédule…
-Ne fais qu'écouter ta respiration. Concentre-toi dessus.
Je sors les menottes que m'avait confié le Patron et attache silencieusement l'éternel adolescent sans qu'il ne sente quoique ce soit. Ce n'est que lorsque je retire lentement son jogging qu'il rouvre les yeux et me regarde, effaré.
-Mais qu'est-ce que tu fais ?! , s'exclame-t-il. Oh non, pas toi…
Je ricane tandis que le Patron pénètre enfin dans la chambre, trainant dans son sillage une odeur de cigarette.
-Non pas moi : lui.
Nous rions ensemble alors que le Geek m'observe à nouveau avec son regard implorant.
-Bon je vais vous laisser, amusez-vous bien ! , je chantonne.
-Attends ! Qu'est-ce que je t'ai fait ?
Je fixe mon regard dur dans le sien pendant que mon comparse se met plus à l'aise pour la suite.
-Je n'en peux plus de subir tes élans de tendresse, de devoir te réconforter toute la nuit après un cauchemar, d'étouffer pendant de longues heures quand tu me sers trop fort dans tes bras parce que tu as peur…
Et c'est vrai, je n'en peux plus. Ce mioche ne me laisse pas vivre.
-Mais j'ai besoin de faire des câlins à quelqu'un ! , gémit-il.
-Ah oui ? (j'avise le Patron) Lui aussi. , répliqué-je.
Je me retourne et me dirige vers la porte, me délectant du rire sadique de l'homme aux lunettes de soleil et surtout, des cris apeurés de sa proie qui malgré sa frayeur et mes aveux, tente de me retenir pour que je le sauve :
-Ne me laisse pas Monsieur Nounours, je t'en supplie ! Reviens !
