J'ai écrit une première version de ce chapitre, puis je l'ai jeté, ne la trouvant pas assez bien. Mais quand je l'ai réécrit, c'était pire. Alors, pour éviter une troisième (et sans doute encore moins bonne) version, je publie quand même ce texte, en espérant qu'il vous plaira.
« Docteur McCoy, j'aurais besoin de votre assistance. »
McCoy réprima un mouvement de surprise : il n'avait pas l'habitude de s'occuper de Vulcains. Encore moins de son commandant en second. Jusqu'ici, le commandeur Spock n'avait jamais été malade au point d'avoir besoin de lui.
« Que vous arrive-t-il, commandeur ? »
En guise de réponse, Spock lui tendit ses mains. Elles étaient couvertes de déchirures, et certaines semblaient profondes.
«-Eh bien… Asseyez-vous, je vais regarder ça. Comment est-ce arrivé ?
-Tout à l'heure, sur Deneb 441, nous avons dû nous déplacer dans une forêt sub-tropicale, poursuivis par des créatures encore inconnues, expliqua-t-il en s'asseyant sur la chaise que lui désignait McCoy. C'était moi qui ouvrais la marche en écartant les branches qui barraient le chemin. La plupart était extrêmement coupante, mais nous n'avions pas le temps de trouver un autre moyen d'avancer. Pourquoi n'utilisez-vous pas d'appareil, docteur ? »
McCoy, qui avait commencé son examen sans autres outils que ses mains et ses yeux, releva la tête d'un air confus.
« Désolé. Une vieille habitude : toujours poser un diagnostic par soi-même, et ne se servir de machine qu'en cas de besoin de vérification. L'expérience m'a montré que les machines ne sont pas fiables à 100%. Et puis… je suis médecin, pas technicien. J'ai parfois l'impression d'être au service des appareils que j'utilise, alors que normalement ça devrait être l'inverse. Mais j'imagine que c'est difficile à comprendre…
-Au contraire, répondit Spock, à la surprise de McCoy. La médecine vulcaine est essentiellement basée sur le toucher, que ce soit pour le diagnostic ou pour le traitement.
-C'est curieux ! J'ai toujours cru que les Vulcains n'appréciaient pas vraiment le contact physique.
-C'est exact. Le toucher nous permet d'avoir accès à l'état émotionnel d'une personne, et c'est pourquoi nous l'évitons. Mais cela est très utile pour une prise en charge médicale : un affaiblissement physique rend difficile la gestion des émotions, et la présence d'une autre personne aide beaucoup à les maîtriser. Il est d'usage de se relayer en permanence au chevet d'un patient, pour l'aider grâce au contact tactile.
-Ca veut dire que vous percevez mes émotions ? fit McCoy en essayant de plaisanter.
-Oui : de la compassion, un grand intérêt à notre conversation, et aussi un peu d'angoisse. Vous n'êtes pas habitué à soigner des Vulcains, n'est-ce-pas ?
-Je crois que je vais devoir châtier mon langage, même en pensée », répondit McCoy en souriant.
Avec jubilation, il repoussa la machine de soins et alla chercher du coton, du désinfectant et une pommade cicatrisante.
Il n'avait pas travaillé « à l'ancienne » depuis longtemps, mais les gestes lui revenaient vite, comme si ses doigts avaient attendu avec impatience le moment de reprendre leur rôle originel. C'était ça, la médecine qu'il aimait, plutôt que passer son temps à appuyer sur des boutons et regarder des appareils travailler. Et puis, Spock lui faisait entièrement confiance, et prenait même plaisir à être soigné comme chez lui.
«- Euh… commandeur, c'est normal si je ressens vos pensées ?
-Vous avez assez d'empathie pour cela, docteur, répondit tranquillement Spock. Cet accès aux émotions est réciproque, ce qui est très utile quand un malade est incapable de parler.
-Et là, est-ce que je pense assez fort pour que vous m'entendiez ?, mentalisa McCoy.
-Parfaitement bien, docteur, fut la réponse immédiate.
Le visage du commandeur était parfaitement neutre, mais McCoy était prêt à jurer qu'il souriait en pensée.
