Les tiges s'enroulaient autour des ses poignets. Les épines appuyaient contre la chaire tendre, menaçantes.

Il était à quatre pattes, les doigts arc-boutés au sol. Essoufflé, étourdis par une douleur sans nom. Dieu qu'il avait mal !

Il releva de nouveau la tête vers son bourreau. Mais comme précédemment, il ne put soutenir son regard que quelques secondes. Il finit pas détourner les yeux, vaincu.

Il allait décrocher tous les miroirs de cette baraque, tous jusqu'au dernier.

Il resta ainsi de longues heures, fixant le plancher, un air de profonde détresse sur le visage. Et quel visage ! Il ne voulait pas y penser mais il avait beau serrer les paupières de toutes ses forces, l'image de ce qu'il était devenu le hantait, comme imprimée sur sa rétine.

Tatoué, scarifié. Défiguré. Un être de cauchemar." Un monstre. "

Il ne vit pas la nuit tomber, trop occupé à s'oublier lui même. Le bruit du compteur qui s'enclenchait le fit sursauter. Sortit de sa transe, il prit conscience de l'heure tardive et ressentit un profond dégout pour sa propre personne. Il était vraiment pitoyable. Pleurnicher toute l'après-midi ne l'avait avancé à rien. Il fallait qu'il pense à l'avenir. Qu'allait-il devenir ? Et son père...?

En soupirant, il se redressa. Ses membres, roidis par l'immobilité, le faisait souffrir. Il avait l'impression qu'il grinçaient. S'étirant, il s'avança vers la fenêtre, posa sa main à plat sur la vitre glaciale. Le froid remonta le long de son bras, tel une décharge. La vitre vibrait sous ses doigts. De sa fenêtre au 10ème étage, il pouvait voir une grosse partie de la ville, les quartier les plus friqués... Il soupira derechef. Il savait que la vie frivole qu'il menait ne serait plus possible, pas avec cette apparence. Désormais, il serait seul.

Il s'écarta de la vitre, ne voulant pas se torturer davantage. Il attrapas sa vieille guitare et s'installa dans un fauteuil. Il n'avait pas joué depuis des années mais ses doigts trouvèrent les cordes avec facilité. Il fit résonner quelques accords mineurs, infiniment tristes. Et il passa la nuit ainsi, penché sur sa guitare, à redécouvrir l'instrument. Exactement comme il l'avait découvert six ans plus tôt, à la mort de sa mère. A ce moment sombre de sa vie, la musique avait été son salut. A bien y réfléchir, la musique avait toujours été son salut. Et cette fois encore, la musique fut son salut.