Abandon

Rating : PG, pour vague mention de meurtres.
Disclaimer : Shaman King et ses personnages sont la propriété de monsieur Takei.
Notes :
Ce drabble est basé sur la fin de la version animée. Je l'ai écrit après avoir regardé les derniers épisodes, parce que le rejet d'Opacho m'a pas mal choquée, moi qui m'étais jusque là cantonnée à la version papier. (Le Shaman Fight version anime est nullissime, les personnages ajoutés nuls aussi, mais la fin est bonne, c'est vraiment bête que la bonne fin ait été pour l'anime et pas pour le manga, qui se barre en sucette à partir de l'intervention du père de Manta... Je digresse.)

oOo

"Ce n'est pas le Hao-sama de Opacho. Opacho a peur !"

Hao regarde la fillette lui tourner le dos et s'enfuir au loin sans rien dire, sans rien faire ni pour la rappeler, ni pour la punir. Il pourrait appeler spirit of fire et la traîner de nouveau auprès de lui, ou bien même la faire dévorer, son infâme petit sourire aux lèvres - ça lui ressemblerait plus que cet accès de rage ; il ne bouge pas, ne se tourne pas vers elle pour la voir entièrement. Ses yeux sont de nouveau calmes, et tristes, désespéremment tristes et secs.
Yoh se dit qu'en tant de vies, tant d'échecs et de rejets, il a probablement perdu la faculté de pleurer ; s'il en a jamais eu une, après tout, il s'agit de Hao, n'est-ce pas ? Il n'a pas dû avoir beaucoup d'occasions de développer son affect, et il en a probablement gaspillé la plupart, en croyant se protéger, ou bien devenir fort. Difficile d'en être sûr. La faculté de Hao est à sens unique, elle ne lui a pas appris à partager ses émotions avec ceux qui l'entourent.

Il voudrait la poursuivre, c'est comme écrit quelque part entre le blanc et ses pupilles, mais il n'en est pas conscient, ou il ne veut pas se l'avouer ; alors il reste sur place, et laisse la personne qui l'aimait le plus au monde le quitter, en silence. Ni Yoh, ni aucun de ses amis ne songe à l'attaquer à cet instant précis ; il semble si pitoyable, abandonné par une petite fille qu'il a couvée pendant des années.

Puis serre les lèvres sur ses dents, fort, et se met à rire. Sa voix est d'abord douce et feutrée, réprimée, mais rapidement elle échappe à son contrôle. Le vrai rire de Hao résonne, sinistre, seul témoin de la déchirure qui le parcourt.
Yoh sent que quelque chose se brise, une digue déjà fissurée par sa colère de tout à l'heure ; il voit les émotions les plus sincères et intime de son jumeau - comme Hao a vu les siennes, et celles de tous les autres aussi. Et il comprend que Hao en soit devenu fou. Ce n'est pas vraiment une agression, juste une immense solitude, et de la tristesse, de l'amertume, de l'incompréhension aussi. Il voudrait que ça s'arrête, que ça ne soit jamais arrivé, ou qu'il puisse l'oublier.
C'est plus facile de détruire quelqu'un qu'on ne comprend pas, n'est-ce pas ?
L'âme de Hao est à nu, à son tour. Yoh se demande où est-ce que son jumeau a pu trouver la force de tuer tous ces gens, après avoir partagé leur pensées les plus intimes.