Bonjour m'sieurs dames !
Alors vous voici perdu pour lire ma première fic ? eh eh ! j'espère qu'elle vous plaira. En tout cas, moi je me suis bien amusé à l'écrire ! Le premier chapitre est fini mais j'écris quand ça me fait plaisir, et plutôt très lentement, donc n'attendez pas le chap 2, il viendra un jour mais je ne peux pas être plus précis
Disclaimer habituel : je m'appelle JK Rowling et je me fais des millions en vendant Harry Potter. C'est d'ailleurs pourquoi je me suis perdu sur ce site pour poster ce début de fic.
Bon... vous aurez compris, je ne possède rien de tout ceci si ce n'est le peu d'imagination que je vous offre.
Que dire d'autre ? Rien de particulier...
Ah si ! REVIEW ! surtout si c'est pour me faire des remarques constructives (tel perso n'est pas crédible, ton style est trop chargé, épuré, ça traîne en longueur, de l'action que diable ! bref, ce genre de ch'tites choses), je dis pas que je les suivrais, mais je les lirais avec grand intérêt !
Et si vous avez aimé, rien ne vous empêche de le préciser
Piti détail :
Snape est le nom britannique de Rogue, avouez que ça a plus de classe en anglais !
Une histoire de polynectar
chap 1 : une journée peu ordinaire
Snape observe les sixièmes années. Un troupeau de moineaux qui s'affairent à leurs chaudrons. Il devrait demander une augmentation à Dumbledore. Transmettre son intelligence, son savoir, quelle belle mission ! Mais la brader à ces cerveaux oxygénés dont le seul souci était d'avoir assez d'aspics devenait au-dessus de ses forces.
Peut-être que s'il le demandait gentiment, Voldemort voudrait bien le reprendre à plein temps ? Avec un peu de chance, il pourrait même torturer le fils Potter.
Encore une autre raison de se plaindre. " Severus ", avait commencé le directeur de Poudlard. Il savait pourtant qu'il ne supporte pas qu'on l'appelle par son prénom. Il n'avait pas terrifié adultes et élèves, en tant que mangemort ou professeur, pour qu'un vieil homme à la barbe trop blanche pour être honnête l'appelle par son prénom et lui offre des sucreries.
" Severus, qu'il avait dit, il est temps que vous laissiez filer votre rancœur. Harry n'est pas son père et vous même n'êtes plus l'adolescent qui foulait le sol de Poudlard. Si vous ne parvenez pas à faire la part du passé et que vous ne le laissez pas tranquille, je devrais sévir. " Son regard s'était durci, aucune étincelle dans ses yeux. Pas commode le Dumbledore quand il le voulait. Snape avait bien essayé de se réfugier derrière son meilleur et plus pervers argument – "Voldemort attend de moi que je le déteste. Mon rôle me l'ordonne !" – mais le vieux n'avait pas fléchi et l'avait privé de son passe temps favori.
Ca y est, il est en rogne. Il faut qu'il se défoule. Un bref regard sur la salle pour choisir sa cible. Bah, les classiques ont toujours bon goût. Serres en avant, sourire sur le visage, il s'approche de sa proie et dit d'une voix atone :
"Bravo Mr Longbottom ! Je vous observe depuis le début du cours, très belle potion."
Silence dans la salle, stupeur sur les visages. Même les feux des chaudrons semblent vouloir se faire petit. Il n'y a pas à dire, ça a parfois du bon d'être professeur.
Longbottom lève un regard stupéfait. Le gamin lui a toujours fait l'impression d'un poisson hors de l'eau. Un air hagard, la bouche ouverte et la capacité de ne jamais se trouver là où il faudrait : loin de tout chaudron à cinq miles à la ronde.
" Me… Merci, Professeur", bafouille l'élève tandis que des gouttes de sueur perlent de son front. Seule Granger a le front plissé et sent le piège. Les autres sont trop choqués pour pouvoir penser – pas que ça les change de d'habitude.
" D'ailleurs elle est si bien réussie que vous la goûterez en fin de cours comme exemple pour la classe." Eh eh ! tu ne l'avais pas vue venir celle-là ! Ne pas oublier le sourire carnassier, puis tourner le dos à la classe en faisant voler sa cape, et retourner au bureau.
Une série de gargouillement l'accompagne, Longbottom a du mal à digérer. Tiens, Malfoy est hilare. Partager la même joie, il ne serait pas tombé trop bas ? Nan.
" Mlle Granger, veuillez retourner à votre potion. Longbottom va, pour une fois dans sa misérable vie, se débrouiller seul. "
Il lui ferait presque pitié si sa vue ne lui retournait pas tellement l'estomac. Que voulez vous ? Il avait du changer sa devise "Snape dans le coin, Potter mal-en-point" en "Potter intouchable, Snape exécrable." Quelle pitié...
Maintenant, le meilleur moment : regarder le petit mammifère sans défense se débattre comme il peut. Les gryffondors lui jettent des regards compatissants, les serpentards attendent la mise à mort. Tiens, sa potion n'a pas l'air mauvaise en plus. Ce serait manquer de chance si elle était réussie pour une fois. De toute façon, personne n'a jamais vu Longbottom réussir une potion, pas besoin de s'inquiéter. Juste le fixer et lui faire perdre ses moyens.
Ca y est ! l'animal panique, il ne sait plus quoi faire. Regardez ses petits airs fuyants, ses mains hésitantes : il sent la peur. Persuadé d'avoir commis une erreur, il ne comprend pas ce qu'essaye de lui dire Granger.
Oui ! il a mis les poils de pattes d'araignée. Encore une victoire pour Snape et une défaite pour Granger. Mouhahahahaha ! Voyez cet air désespéré, son protégé va à l'abattoir.
Il n'y a pas à dire, ça a du bon d'être professeur.
Aïe, son bras lui fait mal. Mais que lui veut le Maître ? Pas maintenant ! Il allait devoir abréger le cours et laisser le Gryffondor s'en sortir.
Il était écrit qu'aujourd'hui il serait en rogne…
« Monsieur Longbottom, si vous buviez cette potion dans l'état où elle se trouve vous perdriez dents et ongles – ce qui serait, je l'avoue, un spectacle plus plaisant que votre vue actuelle. Vous m'insupportez, le cours est terminé. Vous me rendrez tous pour le prochain cours 35 rouleaux de parchemin sur l'usage possible des pattes d'araignée et leurs influences dans les potions. Je laisse à vos camarades le soin de vous remercier d'une manière qu'ils jugeront appropriée pour cette charge de travail supplémentaire, Mr Longbottom. Sortez tous immédiatement. »
Et alors que Snape prenait de la poudre de cheminette, il eut cette pensée étrange et perturbante : "Et si nous étions tous des Longbottom pour le Seigneur des Ténèbres ?"
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Dumbledore était épuisé. Les traits tirés, il leva les yeux vers la fenêtre : pas d'hiboux à l'horizon. Ses rapports avec le ministère ne s'étaient pas améliorés avec le départ de Fudge et l'ordre du phoenix n'était plus aussi efficace qu'avant. Il avait fallu se réorganiser, reformer d'anciens réseaux, faire face à un nouveau type de guerre et les gens étaient épuisés. La peur de revivre l'horreur était peut-être plus paralysante que l'horreur elle-même (tiens, voilà une bonne phrase à proposer à Harry une de ces fins d'année). Les idées nouvelles se faisaient rares, et une bataille basée sur des habitudes était toujours une défaite qui s'ignorait. Cette guerre prenait des allures d'éternité, et toujours aucun hiboux à la fenêtre.
Même leurs victoires étaient amères. Tom s'était révélé au public, six fidèles mangemorts avaient été arrêtés, mais ils avaient perdu Sirius. Harry avait perdu Sirius.
Dumbledore se leva, contourna la table et observa la Forêt Interdite. Cette histoire d'hiboux commençait à l'inquiéter. Il aurait du avoir des nouvelles depuis deux jours, pourvu que son courrier n'ait pas été intercepté !
Des flammes vertes montèrent de la cheminée et une voie nasillarde annonça :
"Snape, l'immonde professeur de potion
Vous demande quelques instants d'attention
Afin de faire un compte rendu précis
Des colères du Grand Abruti"
Il avait eu le malheur de demander à Zariyah de surveiller les cheminées de Poudlard. Il s'agissait d'une sorte d'entité mal définie par les sorciers qui avait des affinités avec les flammes. Malheureusement elle n'arrêtait pas de jacasser et de lui raconter la fois où elle était apparue dans le désert à un pauvre mendiant sous forme de buisson ardent, ou la fois où elle avait rencontré un certain Prométhée. Pour lui clouer le bec il lui avait refilé « Contes et poèmes » du célèbre poète moldu Keates. Cela avait été l'erreur à ne pas commettre. Non seulement il n'avait eu que quelques heures de repos, mais en plus elle parlait maintenant en vers. De mauvais vers d'ailleurs.
"Fais le entrer", dit Dumbledore en sortant une potion de son armoire pour la mettre sur son bureau. C'est un Snape fatigué qui sortit lourdement de la cheminée. Il s'assit et regarda la potion verte qui était posée face à lui.
"Je n'en aurai pas besoin cette fois-ci. J'ai réussi à m'en sortir sans doloris, je ne peux pas en dire autant de mes petits camarades", ajouta-t-il en rehaussant amèrement ses lèvres.
Un soupir de soulagement lui répondit. Laissant de côté la potion, il leva les yeux vers Dumbledore. Quelque chose clochait. Certes, il avait les sourcils froncés et on le sentait préoccupé, mais surtout, surtout, cela faisait la deuxième fois qu'il rencontrait le directeur et que celui-ci ne lui offrait aucune sucrerie. La première fois avait été quand il l'avait réprimandé sur son comportement envers Potter, ce qui ne l'avait pas trop choqué. Mais il venait de rentrer à l'instant même d'une réunion de Mangemort et aucun de ses agaçants bonbons au citron n'était apparu. Quelque chose clochait.
- Alors, que voulait Voldemort ?
- C'était une réunion au sommet. Le Seigneur des Ténèbres a appelé ses plus fidèles partisans et nous a donné à chacun une tâche à accomplir.
- Dans quel but ?
- Il ne l'a pas dit. En fait, je ne sais même pas quelles sont les tâches des autres. Il nous a donné des lettres que nous devions lire et brûler sous ses yeux. Il se méfie de nous.
- Il a des soupçons ? réagit instantanément Dumbledore un pli sur le front
- Je ne pense pas qu'il me soupçonne spécifiquement d'être un traître, mais il se méfie de nous. Après tout, nous l'avons tous abandonné après son premier règne.
- Sa première chute Severus, sa première chute.
- Albus, si je ne veux pas faire d'erreur en sa présence, je parlerais de "règne", de "Seigneur des Ténèbres" et de "stupide amoureux des Modus". Qu'il soit dans la salle ou non.
- Stupide ? mais je ne suis pas stupide. Un vieux loufoque complètement cinglé peut-être, mais je dois dire en toute modestie que je ne suis pas stupide.
- Là n'est pas la question. Quoique vous soyez vous resterez un "stupide amoureux des moldus" quand je m'adresse au Seigneur des Ténèbres.
- C'est tout de même assez embarrassant. Je suis troublé. Passons. Qu'y avait-il d'écrit sur votre bout de papier ?
Désarçonné, Severus reprit le cours de son récit :
- Il disait : "Un de mes mangemorts fournit des informations au vieux fou. Découvre de qui il s'agit et quelles informations ont été données".
- Et bien vous voyez ! Voldemort lui-même dit que je suis fou, pas stupide !
- Sinon, que pensez-vous de cette mission ?
- Soit il me fait confiance, soit il me teste.
Snape ne mentionna pas que son rôle devenait de plus en plus périlleux. Il le savait, tout comme Dumbledore. C'était le risque qu'il avait accepté en retournant auprès du Seigneur des Ténèbres après la troisième tâche, et il ne l'évoquerait pas. Le mettre en avant l'aurait rabaissé : il était primordial, c'était aussi simple que ça. Et parfois quand il en avait besoin, il puisait sa force dans cette certitude. La rappeler serait mettre en doute cette évidence.
- Il ne vous fait pas confiance. Tom ne fait confiance à personne. Dans le meilleur des cas il croira ses mangemorts trop fanatiques pour le trahir…
- Je sais cela, l'interrompit Severus d'un ton agacé.
- Très bien. Alors allons à l'essentiel : Voldemort vous croit-il fanatique ?
Prudemment, le maître des potions analysa :
- Non. Je ne peux plus être dit fanatique. Pas après avoir vécu tant d'années auprès de Potter sans l'avoir tué. Mais d'un autre côté nous sommes beaucoup à avoir abandonné le maître après sa chute. Le Seigneur des ténèbres est dans une étrange situation. Il s'est retrouvé isolé et doit maintenant reconstruire son empire avec l'aide de personnes qu'il méprise. Les seuls à l'avoir recherché ont failli au ministère il y a deux mois. Je ne suis qu'un pion parmi tant d'autres. A la différence qu'il sait aujourd'hui qu'un de ses pions le trahit.
- Et ce pion pourrait être vous ?
- Oui. Il se peut que ce soit la raison de ma mission : si je n'apporte aucun nom, c'est que je suis l'espion.
- Combien de temps pensez-vous pouvoir le berner ?
- Deux mois. Ensuite il exigera un résultat.
Et alors que Dumbledore réfléchissait à une riposte adéquate, un majestueux hibou grand-duc avec une boîte en carton minable accrochée aux pattes toqua à la fenêtre. Le sorcier laissa échapper un jappement de joie, bondit sur ses pieds, se précipita vers la fenêtre, l'ouvrit et saisit le paquet sans même le détacher des pattes du grand-duc. Le hibou se retrouva tête en bas et poussa des hululements indignés alors que Dumbledore courrait montrer le paquet à Snape, heureux comme un enfant qui reçoit ses cadeaux de Noël.
- Qu'est ce que c'est ? demanda ce dernier en libérant d'un coup de baguette magique le pauvre volatile à moitié assommé qui s'enfuit aussitôt en se jurant de ne jamais remettre les pieds dans cette école où il avait perdu plumes et dignité.
- C'est la preuve que tout espoir n'est pas forcément perdu, et qu'il existe toujours une solution à nos problèmes. Il y a quelques jours j'ai été confronté à un dilemme. Un grave dilemme. Je me fais vieux, et mes années d'expérience commencent à peser. Je perdais espoir de résoudre mon problème quand j'ai eu un éclair de génie : nous ne trouverons pas toujours nos solutions tout seul. La Grande Bretagne est une grande île, glorieuse, puissante, mais parfois certains problèmes nous dépassent. Parfois il faut savoir chercher de l'aide ailleurs, et ce n'est pas parce que notre problème se rapporte à notre île que la solution ne se trouve pas chez nos voisins. Et la solution se trouve dans cette boîte que j'ai fait faire venir de France !
- Qu'y a-t-il dedans ? dit Snape, emporté par la frénésie du directeur et impatient de savoir quel puissant artefact pouvait bien contenir cette boîte à l'allure si piteuse.
- Ce sont des bêtises de Cambrais ! De somptueux bonbons français aromatisés à la menthe et rayés de sucre caramélisé en forme de petits coussins. Il s'agit d'une spécialité française issue de l'étourderie d'un jeune pâtissier du dix-neuvième siècle qui, par une erreur de fabrication, a créé ces douces merveilles. Cela faisait des mois que je ne découvrais plus de nouveaux goûts et m'enfermais dans l'habitude. La découverte est une incessante aventure vers laquelle tout spécialiste doit tendre. Sortir du carcan de la confiserie anglaise était pour moi un devoir. Et je dois dire que ces bonbons à l'ancienne sont particulièrement délicieux. Vous en voulez un ? ajouta Dumbledore en suçotant une de ces friandises.
Snape était atterré. L'espoir du monde sorcier reposait sur cet homme. Cet homme dont la principale préoccupation était de manger un bonbon français alors qu'un des plus terribles sorciers ayant menacé le monde magique était sur le point de découvrir sa traîtrise ! Un soupçon terrible traversa son esprit.
- Vous le faites exprès, n'est-ce pas ?
Une lueur amusée éclaira le visage de Dumbledore.
- Quoi donc ?
- D'offrir des bonbons et de déblatérer sur des sujets exaspérants quand d'autres problèmes plus sérieux méritent notre attention. Vous le faites exprès, n'est-ce pas ? Vous n'êtes pas aussi gâteux que vous voulez le faire croire.
- Quelle idée passionnante, répondit Dumbledore. En effet, il y a de nombreux intérêts à parler de bonbon.
- Lesquels ?
- Et bien… le moindre d'entre eux est déjà le plaisir que j'éprouve à en parler. Et puis il peut aussi y avoir par exemple le fait que je vous ai fait oublier la réunion d'où vous sortez. Il y a bien encore quelques autres avantages mais un magicien ne dévoile pas toutes ses ficelles.
- Oui, et m'énerver au plus haut point n'en fait pas partie par hasard ?
Dumbledore lui fit un clin d'œil, et se mit à lire une lettre qui se trouvait au milieu des bêtises de Cambrais.
- Parfait. Tout est pour le mieux.
- Et rapport à la mission ordonnée par Vous-Savez-Qui, je fais quoi ?
- Rien pour l'instant. Je m'en occupe, vous gagnez du temps. En fait, je viens de recevoir les nouvelles que j'attendais, dit-il en montrant la lettre, et vous n'avez pas à vous en soucier pour le moment. Ce que je disais par rapport à mes bonbons est aussi vrai dans notre guerre contre Voldemort : nous avons besoin d'une aide extérieur. Vous connaissez le monde sorcier, nous avons tellement peur que les moldus découvrent notre existence que nous nous sommes renfermés sur nous-mêmes et, bien que tous les pays du monde aient les yeux rivés sur la Grande Bretagne en espérant que nous réussirons à régler notre problème, pas un n'interviendra. Tout d'abord parce que notre ministère n'admettra pas être dépassé, et ensuite parce que ce n'est pas dans les habitudes du monde sorcier d'intervenir dans les affaires d'autres pays. Mais là nous avons besoin d'aide et j'ai décidé d'envoyer un émissaire aux Etats-Unis. Il y a là-bas beaucoup de spécialistes et d'hommes compétents qui pourraient nous être plus qu'utile.
- Aux Etats-Unis ? c'est une blague Albus. Vous savez aussi bien que moi que leur gouvernement est constitué d'une bande d'idiots tout juste bon à cacher leur présence aux moldus. Les américains ont peur d'entrer en guerre depuis les pertes subies sous Grindelwald, et j'ajoute même que les idées de Voldemort ne leur déplaisent pas. Jamais ils n'accepteront de s'engager, d'un côté comme de l'autre.
- Vous connaissez le principe du levier d'Archimède, Severus ?
- Bien sûr.
Puis, comme Dumbledore se taisait en le regardant, il se sentit obligé d'ajouter :
- Un poids peut bien être trop lourd pour que je le soulève, avec l'aide d'un levier la chose devient très facile.
- Exactement ! Il nous suffit donc de trouver le bon levier pour pouvoir faire bouger le gouvernement américain. Qui en dehors du président a le plus de pouvoir aux Etats-Unis ?
- Les lobbies, je suppose.
- Et quel est le lobby le plus influent ?
- Le lobby pharmaceutique. L'idée serait donc d'envoyer quelqu'un rencontrer le lobby pharmaceutique pour que celui-ci fasse pression sur l'Etat et que ce dernier s'engage dans la guerre ?
- Oui, n'est-ce pas une idée géniale ? demanda Dumbledore en s'illuminant.
- Euh… oui, peut-être. Mais qui pourrait influencer le lobby pharmaceutique ?
Les yeux de Dumbledore prirent une lueur que le professeur Snape n'aimait décidément pas. Une idée biscornue avait encore émergé de ce cerveau sénile et il sentait que, d'une manière ou d'une autre, il allait en subir les conséquences.
- Qui d'autre qu'un maître de potion compétent pouvant leur offrir son savoir et ses compétences ?
- Mais quel maître de… NOOON ! Ah non ! Il est hors de question que j'aille là-bas. Ce n'est pas assez d'enseigner à des élèves insipides ou de risquer ma vie en me promenant au milieu de mangemorts tous plus timbrés du cerveau, il faudrait en plus que j'aille convaincre un pays d'entrer en guerre ? Il en est hors de question. Vous m'entendez bien Albus ? Il – en – est – hors – de – question ! répéta-t-il en martelant à chaque syllabe le bureau de son poing.
- Voyons, calmez-vous, vous vous échauffez et ce n'est pas bon pour votre teint pâle et votre réputation de vampire, dit le sorcier en se fourrant un autre bonbon dans la gorge. Pas besoin de vous inquiéter, tout est déjà réglé. J'ai fait jouer des relations en France et je viens de recevoir la réponse à l'instant même. Vous travaillerez dans l'équipe du Professeur Diony. D'après ce que j'ai entendu dire, il s'agit d'un vieil excentrique. Peut-être que vous devriez lui offrir des bêtises de Cambrais pour gagner ses faveurs, ajouta-t-il après un instant de réflexion.
- Comment ?
- Croyez-moi, je m'y connais en vieil excentrique, et quelques bonbons ne pourront pas faire de mal.
- Et ma couverture ? Comment vais-je aller aux réunions de Mangemorts si je suis aux Etats-Unis ? Pas que cela me plaise, mais il faut bien que j'y sois.
- C'est très simple. Je vous donnerais un portauloin activable quand vous le souhaiterez qui vous ramènera sur le sol anglais. Et de là, il ne vous restera plus qu'à transplaner.
- Mais Celui-Dont-Je-Ne-Prononcerai-Certainement-Pas-Le-Nom se doutera de quelque chose si je n'enseigne plus à Poudlard. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ?
- Mais vous continuerez à enseigner à Poudlard. Ou plutôt devrais-je dire que le professeur Snape continuera à enseigner à Poudlard.
Perplexe et plein d'appréhension, Snape attendit que Dumbledore développe sa pensée.
- J'ai pensé à ceci après notre expérience avec Barty Croupton Junior. Pendant que vous serez aux Etats-Unis, il suffira qu'un des membres de l'Ordre boive du polynectar pour vous remplacer pendant vos heures de cours.
- Vous êtes cinglés. Vous êtes tout simplement cinglés, lâcha un Snape abasourdi qui s'effondra dans son fauteuil.
- Peut-être, mais je ne connais pas d'autres maîtres de potion aussi compétent que vous et en qui je peux placer ma confiance, lui répondit Dumbledore qui avait repris son sérieux. Je comprends votre désarroi, mais vous êtes le seul à pouvoir mener à bien cette mission, Severus. La seule autre personne que je connaisse ayant les compétences requises serait moi-même, mais personne ne peut me remplacer ni à Poudlard, ni à la tête de l'Ordre.
- Dumbledore fit apparaître avec un mouvement de baguette un verre de brandy qui vola doucement vers Snape. Celui-ci le saisit machinalement, le visage pâle, assommé par les arguments du directeur.
- Mais… mais qui va me remplacer ?
- Où ça ?
- A Poudlard. Qui va me remplacer et enseigner mes cours ? J'interdis que le loup-garou s'en occupe !
- J'avoue avoir d'abord pensé à Remus, mais il est ce moment en infiltration parmi une meute de ses congénères. Et puis de toute façon l'enseignement me manque depuis bien longtemps, et je dois admettre avoir souvent pensé revenir à la base de la mission pédagogique de tout professeur. Voici une occasion rêvée.
Sous la surprise Snape cracha le brandy qu'il était en train de boire et le bureau s'imprégna d'une odeur de vieil alcool.
- Vous ? Non !
- Je vous sens assez négatif ce soir, mon ami. Et pourquoi pas moi ? J'ai enseigné pendant 47 ans avant d'être mis à la retraite derrière ce bureau. Reprendre du service ne m'effraye pas. D'ailleurs… attendez une seconde…
- Se penchant dans son bureau et farfouillant dans ses tiroirs, Dumbledore sortit un vieux parchemin qu'il tendit à Snape.
- Voici mon CV. Cela fait longtemps que je n'ai pas eu besoin de m'en servir, mais s'il peut assoupir vos craintes. Vous verrez que j'ai toutes les compétences requises.
- Vous ? Moi ? Vous allez vous faire passer pour moi ? Impossible.
- Mais si, c'est très possible. Il suffit que je distribue aux Serpentards des points, aux autres élèves des punitions pour des raisons fallacieuses et que je me montre aussi désagréable que possible. Où est le problème ?
Snape, insulté, se leva de toute sa hauteur et répondit de manière superbe :
- Il ne suffit pas d'être grossier et injuste pour se mettre à mon niveau. Il faut savoir maîtriser l'art subtil de la répartie, comprendre les ressentiments des élèves pour pouvoir les exploiter, savoir quel levier actionner et à quel moment. Il faut faire de l'oppression un nouvelle science. Beaucoup savent être tyranniques, infects, beaucoup font du despotisme leur manière de vivre, mais rares sont ceux qui le font de telle manière que même leurs victimes les admirent. Mépriser quelqu'un n'est pas tout, il faut le faire avec panache. Sur ce j'ai des choses à faire, je vous laisse le temps que vous retrouviez vos esprits.
Snape se retourna, sortit du bureau avec la majesté d'un prince déchu et, alors que sa robe volait à sa suite, il claqua la porte.
- Et bien, je trouve qu'il a plutôt bien pris la chose, commenta Dumbledore en lançant un bonbon en l'air pour l'attraper avec sa bouche.
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Dans les jours qui suivirent, Severus fit tout son possible pour se changer les idées. Jamais il n'avait été aussi injuste, il avait même donné des retenues à deux première année qu'il avait croisés dans un couloir sous prétexte que "si vous êtes dans ce couloir c'est que vous ne travaillez pas au devoir de potion que je vous ai donné. Déguerpissez !". Longbottom avait été le premier à subir sa fureur et avait du nettoyer les toilettes de Mimi Geignarde jusqu'à ce qu'elles soient propres. Le résultat fut au-dessus de ses espérances grâce au fantôme qui se faisait une joie de pleurer et de saboter le travail du pauvre Gryffondor. Le seul moyen pour que Mimi quitte les toilettes fut qu'Harry lui promette un rancard. Pourtant, même cette nouvelle le fit à peine sourire.
Il avait ensorcelé Peeves pour que celui-ci reste bloqué une semaine dans le couloir qui menait au bureau directorial, en espérant secrètement que l'esprit frappeur se défoulerait sur Dumbledore. Mais le fantôme avait trop de respect pour le vieux sorcier, et c'était pitié de le voir se morfondre dans un coin sombre du couloir en attendant l'heure de sa vengeance. D'ailleurs l'humeur de Snape s'accrut quand il apprit que tous les élèves lui étaient reconnaissants de cette semaine de paix.
On ne le voyait plus paraître aux repas, et les plus folles rumeurs couraient à son sujet. Celle qui l'agaçait le plus disait qu'il était amoureux du Professeur Mac Gonagall mais que celle-ci l'avait repoussé.
Et le pire, c'est que malgré son isolement, Albus Dumbledore se débrouillait pour le croiser 'par hasard' au moins une fois par jour et lui demander s'il avait "réfléchi à sa proposition". Il ne faisait que ça ! Et voir tous les jours la tête de l'illuminé qui cherchait à le mettre dans une telle bouse de dragon ne facilitait en rien sa concentration.
Toute la question n'était pas de savoir s'il avait confiance en Albus, mais de savoir si ce dernier était bon comédien. Et, malheureusement, il était bon comédien. C'était une des choses qui l'avait toujours étonné chez cet homme, cette aptitude limite artistique à appréhender les gens. Cette capacité de prévoir, d'anticiper et de guider leurs actions. Il s'était souvent demandé si les capacités légimencienne de Dumbledore n'étaient pas à la base une profonde connaissance de la nature humaine.
Et pour son grand malheur, une fois qu'on comprenait si bien les réactions des gens, il devenait facile de les imiter.
Et puis il savait bien que le directeur ne le mettrait jamais dans une position de danger. Jamais sciemment rectifia-t-il.
S'insultant de tous les noms d'oiseau qu'il connaissait et en inventant au passage, Snape alla annoncer à 3h du matin qu'il acceptait la proposition. Il aurait au moins le plaisir de réveiller le directeur.
