Point de vue Lily
Nous étions déjà en septembre. L'été était passé à une vitesse folle. J'étais à la fois malheureuse de devoir partir de la maison et de laisser ma mère dans cet état, mais à la fois folle de joie de repartir à Poudlard pour une nouvelle et dernière année. J'allais retrouver toutes les personnes qui m'étaient proches, ou du moins mes amis, pour la dernière fois. Ces six années semblaient avoir commencés hier. Ce n'était pourtant pas le cas, j'en arrivais à la fin.
J'entendais ma mère tousser depuis la salon. La seule raison qui me perturbait à l'idée de retourner à Poudlard, c'était elle. Je posai mon livre que j'étais en train de lire sur mon lit et descendis au rez de chaussée. Je pouvais entendre mon père sermonner ma mère.
- Chérie, il faut que tu restes tranquille, gronda Mr Evans.
- Hors de question, il faut que j'aille me préparer. Tu sais quel jour on est, n'est-ce pas ? Lui demanda ma mère.
Je souris en entendant les paroles de ma mère. Elle était toujours très attentive aux dates. Nous étions le 1er septembre. Il était temps de rentrer chez moi, ou plutôt mon deuxième chez moi. Le train partait à onze heures pile. Il me restait une heure et demi devant moi. Je n'étais toujours pas entrée dans le salon. Je me plaquai contre le mur à coté de la porte et écoutai.
- Bien-sûr que je sais quel jour nous sommes. Par contre… Je pense qu'il vaut mieux pour toi que tu restes à la maison avec Pétunia… murmura mon père.
Oups, mauvaise réponse. Explosion dans 3...2...1… Ma mère explosa :
- PARDON ? Tu n'es pas sérieux ?
- Et bien… si. Tu ne peux pas sortir dans cet état là. Les médecins te l'ont conseillés. Je suis sûr que Lily ne t'en voudra…
- STOP ! Lily entre en dernière année à Poudlard. Je veux être là pour son dernier départ. Ceci est non négociable.
Ma mère était une femme têtue. Mon père nous avait souvent raconté à Pétunia, ma sœur, et moi, que c'était ce qu'il l'avait séduit. Je savais très bien que ma mère ne devait pas venir. Sa santé était plus que fragile en ce moment et elle devait se reposer. Rien qu'un aller-retour à Londres pouvait l'épuiser. Quelques jours plutôt, j'avais proposé à mon père de me rendre à Londres par mes propres moyens. Je savais très bien comment fonctionnait le service bus et le métro de Londres pour m'en être servi de nombreuses fois pendant l'été. Mon père avait évidemment refusé.
Ma mère décida qu'il était mieux de me demander mon avis. Mon père m'appela mais je mis un certain temps à me montrer pour donner l'impression que je venais à peine de descendre.
- Oui ? Demandai-je à mes parents en leur souriant.
- Lily, crois-tu qu'il serait nécessaire que ta mère nous accompagne à la gare ? Me demanda mon père.
- Et bien… commençai-je.
J'avais déjà répété cette scène dans ma tête des centaines de fois. Il me suffisait de répondre ce que j'avais appris par cœur.
- Maman tu sais c'est ma septième année, c'est inutile. Après toutes ces années, vous êtes habitués à me voir partir n'est-ce pas ? Alors je pense que papa peut juste me déposer à l'entrée de la gare et je pense pouvoir trouver mon chemin, plaisantai-je.
Mon père sourit et et haussa les sourcils en direction de mère, non sans un regard qui suggérait « tu vois ? ». Ma mère parut peinée de ma réponse ce qui me fit un pincement au cœur. Elle me demanda :
- Tu es sûre ?
- Sûre et certaine ! Tu sais ce que c'est, chaque année c'est la même chose. Faut se dépêcher pour atteindre la voie 9 3/4, ensuite réussir à se frayer un chemin parmi les élèves (je fis bien attention de ne pas mentionner les parents), de retrouver Elizabeth et Alice et partir à la recherche d'un compartiment.
Je fis un effort pour enthousiasmer ma voix afin de paraître crédible. Il était évident que je voulais que ma mère soit présente pour cette dernière aventure. Chaque année, mes parents m'avaient accompagnés et encouragés avant de monter dans le train. C'était une chose à laquelle j'étais habituée mais qui me faisait chaud au cœur. Lorsque je vis ma mère sourire, je me détendis un peu. Sans leur laisser le temps d'ajouter quoique ce soit, j'annonçai avec un grand sourire :
- Bon je vais vérifier si j'ai bien tout dans ma valise et je me sauve.
Je quittai le salon, et tombai nez à nez avec Pétunia. Elle fronça les sourcils. Elle devait avoir entendu la conversation et donc la volonté de ma mère de vouloir venir à la gare. Pétunia souffla, secoua ses cheveux et entra dans le salon. Je soupirai et remontai dans ma chambre. Ma sœur m'avait détesté au moment même où ma mère s'était extasiée devant ma lettre de Poudlard lorsque j'avais 11 ans. « Lily est un monstre, c'est une sorcière » ne faisait-elle que répéter. Les premières années avaient été difficiles. J'avais appris à ne plus l'écouter au fil des années.
Ma valise m'attendait, encore ouverte. A côté de celle-ci, il y avait une pile de lettres. Je souris en l'observant. Elizabeth et Alice m'avaient envoyés des tonnes de lettres comme chaque été et auxquelles j'avais répondu avec plaisir. Seules trois lettres se détachaient du lot : celle de Remus. Remus Lupin était l'une des personnes que j'appréciais le plus à Poudlard. C'était un élève sérieux, pour ce qui était des devoirs, mais également gentil. Malheureusement pour lui, il avait des amis que j'appelais « indésirables ». Je n'allais pas manquer de les retrouver pour cette dernière année.
Il était onze heure moins vingt et je me trouvais devant la gare de King's Cross avec mon chariot vide. J'y installais ma valise ainsi que mon sac. J'embrassai mon père une dernière fois et me mis en route pour la voie 9 3/4. La voie était bondée, les parents accompagnaient leurs enfants et attendaient le départ du train. Les premières années se repéraient facilement au milieu de la foule. Ils avaient tous l'air surexcités et nerveux à l'idée de pouvoir, enfin, aller étudier à Poudlard, l'école de Sorcellerie. Je m'avançais vers le Poudlard Express, d'où s'échappait une épaisse fumée blanche comme chaque année, quand soudain une voix cria mon prénom :
- Lily !
Je me retournai et vis Elizabeth. Impossible de ne pas sourire en voyant mon amie. Elizabeth et moi étions amies depuis notre première année tout comme avec Alice. Elle était plus grande que moi, avec les cheveux longs et blonds foncés. Elle s'élança vers moi et me prit dans ses bras.
- Bon sang, j'ai l'impression de ne pas t'avoir vu pendant des semaines ! S'exclama-t-elle.
- Beth, cela ne fait qu'une semaine voyons, lui répondis-je en la serrant contre moi.
La semaine précédente, Elizabeth, Alice et moi nous étions retrouvées au Chemin de Traverse pour effectuer nos derniers achats pour notre septième année. Elle me lâcha et me sourit à pleine dents avec son regard pétillant habituel. Elle n'avait que pour bagage son sac, j'en conclus qu'elle avait déjà posé sa valise et sa chouette. Elle m'entraîna vers l'arrière du train où je pouvais y déposer mes bagages.
- Où es Alice ? L'interrogeai-je.
- Devine !
- Avec Frank, rigolai-je.
- BINGO !
Nous étions à présent dans le train à la recherche d'un compartiment vide. Nous nous avancions vers la fin du train là où peu d'élèves pensaient à chercher en premier. Par chance, Elizabeth en trouva un rapidement et y entra. Juste avant d'entrer à mon tour dans le compartiment, un mouvement interpella mon regard et je tournai la tête vers ma droite. À quelques mètres de moi se trouvait Severus Rogue, mon ami d'enfance ou plutôt un ancien ami d'enfance, et d'autres Serpentards. Je ne savais pas vraiment comment le qualifier. Il m'était impossible de ne pas me remémorer cet fameuse après-midi et les mots de Severus. Nos regards se croisèrent et nous nous échangeâmes un vague geste de la main avant de passer la porte des compartiments. Je m'installai en face d'Elizabeth.
- Je n'arrive pas à croire que c'est notre dernier 1er septembre dans ce train ! Déclara la Gryffondor.
- Incroyable n'est-ce pas ? Répondis-je.
Onze heures sonna et le train se mit en marche. Je soupirai et me tournai vers la fenêtre.
- Ça te fait pas bizarre ? Me demanda Elizabeth en murmurant.
- Si, bien sûr. J'ai l'impression que tout ce qu'on a connu est sur le point de se finir…Soufflai-je.
Ma meilleure amie soupira à son tour, baissa tristement la tête. Je souris tristement et secoua la tête. Il ne fallait pas encore y penser. Nous avions encore une année entière ainsi que des tonnes d'examens à passer avant de quitter Poudlard pour la dernière fois.
Soudain, un énorme BOUM retentit depuis le wagon voisin. Des élèves criaient, on voyait des premières années courir dans tous les sens et on entendait des rires. Je ne connaissais que trop bien ces rires : James Potter et sa bande.
- Oh seigneur… soupirai-je.
Je vis Elizabeth tourner vivement la tête en direction de la porte. Elle reporta son attention sur moi et se mit à se lisser les cheveux. Je la regardai d'un air, à la fois, amusé et exaspéré. Elle rougit et me dit :
- Je connais ce regard, Lily. Pas de commentaire. De quoi j'ai l'air ?
- Une vraie sirène, la complimentai-je en levant les pouces.
- Roh Lily !
Je gloussai. En m'entendant, elle fit de même. J'étais naturellement au courant du béguin de ma meilleure amie sur l'un des amis de James Potter : Sirius Black. Black était le Tic de Potter et Potter était le Tac de Black, ces deux là étaient inséparables. Sirius Black était un Gryffondor du même âge qu'Elizabeth et moi. Nous partagions donc les même cours que lui excepté certaines options. C'était un garçon de grande taille, aux cheveux noir et bouclés qui lui arrivaient au niveau de la nuque. Je devais admettre qu'il était plutôt séduisant surtout lorsqu'il riait aux éclats. Cela faisait presque 1 an que Beth essayait d'attirer son attention. Naturellement, Black avait déjà repéré Elizabeth. Il s'amusait à la taquiner et à lui faire des allusions purement sexuelles. La jeune Gryffondor ne lui avait jamais répondu et n'osait guère avouer son attirance pour le jeune Black.
Les rires se rapprochèrent de plus en plus. Une seconde plus tard, on pouvait voir leurs quatre émetteurs, riant, passer devant notre compartiment sans même nous adresser un regard. Je fus soulagé, je n'avais aucune envie de voir James Potter et d'entendre une de ses longues tirades habituelles. Je vis mon amie souffler. Soudain les rires s'arrêtèrent et j'entendis :
- Oh, je crois avoir vu quelque chose…
- Ou quelqu'un tu veux dire, Cornedrue.
