Mara aurë !

Voici mon texte pour le 51e défi du Poney Fringant concernant Curumo.

Bonne lecture !


Doutes et espoir

Accoudé au bastingage du bateau, Curumo regardait les Terres Immortelles s'éloigner.

Même s'il était pleinement conscient du rôle qui l'attendait en Terre du Milieu, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver de l'inquiétude en voyant s'éloigner les rivages blancs de Valinor.

Une étrange pensée l'assaillit : et s'il ne repartait jamais à l'Ouest, même s'il venait à mourir lors de sa mission ?

Il chassa vivement cette pensée.

Certes, son apparence avait changé. Il avait à présent le physique d'un vieil homme et en ressentait le poids. Il avait moins de facilité à bouger, mais sa magie et la puissance de son âme brûlaient en lui, le gardant vif et lucide. Au final, cette apparence de vieillard bernerait plus facilement l'ennemi.

Et puis, il n'y allait pas seul.

Ils étaient cinq à se rendre en Terre du Milieu pour aider les peuples libres à contrer Sauron.

Le regard de Curumo se tourna vers les autres. Palando et Alatar étaient restés à l'intérieur, ils dormaient déjà.

Aiwendil était appuyé contre l'autre bastingage et semblait pris de nausée. Agacé, Curumo secoua la tête. Celui-là était l'élève de Yavanna, il était expert en animaux et en plantes. La faune marine ne faisait-elle pas partie de son expertise ? Mais Yavanna était la Valar de la terre et non de l'océan.

À côté de lui, Olórin lui tapotait gentiment le dos en le rassurant qu'ils seraient bientôt arrivés.

Curumo fit la moue. Cette attitude empathique ne lui plaisait guère. Bien sûr, l'Istari n'avait rien contre la compassion. S'il avait accepté cette mission, c'était pour aider les Elfes, les Hommes et les autres peuples alliés contre Sauron ! Mais il jugeait qu'une attitude digne et forte valait mieux que la compassion.

Curumo ne comprenait déjà pas pourquoi Olórin avait choisi Lórien, le maître des visions et des rêves, comme enseignant. D'ailleurs, il n'y avait pas que ça. Olórin fut également l'élève de Nienna, la Pleureuse. En quoi leurs enseignements pouvaient-ils le rendre plus fort ? Quand il avait posé la question, son confrère lui avait répondu qu'il avait, au contact de Nienna, appris la pitié, mais aussi la capacité d'endurer au-delà de l'espoir.

Curumo, quant à lui, avait eu Aulë pour maître. L'enseignement du flamboyant et solide Valar lui avait permis d'acquérir confiance et foi en la création.

Oui, à coup sûr, il était bien disposé pour cette mission. Quant aux autres… Eh bien, même si leur savoir lui échappait quelque peu, il savait que les différences pouvaient être complémentaires et renforcer l'unité d'un groupe. Il espérait que cela les rendrait plus forts dans leur quête pour aider la Terre du Milieu.

Réalisant qu'il venait de se bâtir un espoir sur ses frères, Curumo eut un léger sourire. Mais il se dépêcha de le cacher en voyant Olórin s'approcher de son côté pour regarder l'horizon.

« Nous y sommes ! » s'écria-t-il.

Curumo plissa les yeux et vit qu'il avait raison. Au-delà du brouillard matinal, les rivages de la Terre du Milieu se dessinaient devant eux.

Les tours blanches de la cité elfique de Círdan apparurent bientôt, scintillantes dans la lumière du matin.

Enfin, ils arrivaient en Terre du Milieu.