"Prière de rendre l'âme... à qui elle appartient !" est une très longue fanfic de FFVII publiée sous forme de feuilleton durant deux ans, entre 2006 et 2008.

Elle a été adaptée, avec l'aide de mon amie Shiva Rajah, de plusieurs de mes vieux projets de romans SF pour son site "FFVII FANFICS" ; une version "allégée" et non illustrée étant, à l'époque, simultanément publiée sur fanfic (point) net.

Après la fermeture du site "FFVII FANFICS", en 2008, "Prière de rendre l'âme... à qui elle appartient !" retourna dans mes tiroirs, où je finis par l'oublier... jusqu'à ce que Shiva me fasse savoir que, presque 10 ans après sa parution, elle continuait à recevoir régulièrement des messages de lecteurs demandant où se procurer cette fanfiction qui, apparemment, les avait pas mal marqués.

Donc, pour le meilleur ou pour le pire, je ressors "Prière de rendre l'âme... à qui elle appartient !" de son tiroir ! :-D

J'espère que cette fic n'aura pas trop vieilli et qu'elle plaira toujours autant aux lecteurs qui l'ont assidûment suivie durant plus de deux ans !

Quant aux plus jeunes, je leur souhaite d'y trouver autant de plaisir que leurs aînés, à l'époque.

Pour info, sachez que les chapitres seront d'abord publiés sur Wattpad et ensuite sur fanfic(point)net.

Bonne lecture et bons baisers de Claude Neix !


I - Nés du néant

par Claude Neix

Corrections et adaptation : Shiva Rajah

o-o-o

Supplier à tes pieds en pleurant mes angoisses ?

Plutôt rire et danser sur ma propre carcasse,

Renier ma famille et ma race et ma foi

Que de plier ainsi le genou devant toi.

Je déboute les dieux de leurs droits sur mon sort.

Pour être libéré, je réclame ta mort !

À toi, mon compagnon, je jure que demain

Tu devras rendre l'âme... à qui elle appartient !

Claude NeixChroniques d'Ishmaar

Une terre humide s'insinuait dans sa bouche et ses narines, collait à sa peau nue. Il eut un haut-le-cœur et cracha, essaya de se redresser sur un coude mais ses bras ankylosés refusèrent de le soutenir.

Où était-il ?

Il ouvrit les yeux. Rien. L'obscurité, le bourdonnement des insectes et le clapotis de l'eau glacée, où ses jambes à demi paralysées par le froid baignaient encore.

Il voulut prendre une goulée d'air mais une brûlure indescriptible irradia dans sa poitrine et il s'étouffa avec le liquide qui lui congestionnait les poumons.

Il toussa, crachat un filet d'eau verte phosphorescente et cria de douleur.

Son hurlement se répercuta sur des murs invisibles dans les ténèbres.

Une grotte ?

Grelottant, respirant avec difficulté, il rampa tant bien que mal loin du cours d'eau pour s'asseoir péniblement sur le sol meuble et tourna la tête en tout sens.

Nulle lumière en vue hormis la faible lueur verte — des restes de mako très dilué ? — qui nimbait l'eau comme de la vapeur phosphorescente, bien insuffisante pour distinguer quoi que ce fut.

Quel était ce lieu où circulait une rivière souterraine souillée de mako ? Et pourquoi son corps, rompu à mille exercices et entraîné à supporter les températures les plus extrêmes, lui semblait-il soudain si fragile, si douloureux et la morsure du froid si intense ?

À présent que ses poumons s'étaient totalement vidés du liquide qu'ils contenaient, il récupérait petit à petit son sens de l'odorat.

La pestilence du lieu le saisit à la gorge : un mélange de relents de boue glaireuse, de mako et de mousse décomposée.

Un long frisson agita sa peau bleuie où le froid avait hérissé jusqu'au plus fin duvet argenté, si pâle par endroits qu'il en était transparent.

Comment sortir ? Y a-t-il seulement une sortie ? Et comment suis-je arrivé ici ? Ne panique pas, Sephiroth… Réfléchis. Réfléchis, bon sang !

Mais réfléchir, il en était bien incapable. Tout s'embrouillait dans sa tête et le froid l'engourdissait le plus en plus.

Il était tellement, tellement fatigué…

Quelle était la dernière chose dont il se rappelait ? Voyons… Un voyage. Un voyage pour…

Le réacteur !

Oui, il devait aller vérifier quelque chose dans le réacteur mako de Nibelheim mais... quoi ?

Avec un gémissement plaintif, il se roula en boule, ramena ses genoux tout contre sa poitrine, y nicha le menton et ferma les yeux.

Pas longtemps car une voix ténue le fit tressaillir.

— Grand frère ?

Une voix de garçon. D'adolescent, plutôt.

Sephiroth essaya de se redresser mais ses bras le trahirent à nouveau.

— Que... Qui parle ? Qui est là ? demanda-t-il en essayant de distinguer autre chose qu'une forme menue dans la pénombre verdâtre.

— Grand frère… sanglota le garçon en s'agrippant à son bras. Grand frère, nous sommes perdus. Mère nous a abandonnés !

Il aurait juré pouvoir reconnaître cette voix si elle n'avait été brisée par la terreur. Mais, par tous les démons du cosmos, pourquoi ce garçon l'appelait-il « grand frère » ?

Sephiroth lutta pour se rappeler.

En vain.

— Où sommes-nous ? finit-il par demander en massant son épaule ankylosée. Qui es-tu ?

— Grand frère ne nous reconnaît plus ? geignit une seconde voix, un peu plus rauque que la première et probablement plus âgée, faisant sursauter le soldat.

— Pleure pas, Loz. Il est choqué, c'est tout. Ca va lui revenir.

Le Soldat aurait bondi sur ses pieds si l'adolescent ne s'était agrippé à son bras — ce qui, soit dit en passant, était anormalement douloureux.

— Que… qui êtes-vous ? s'écria-t-il en essayant de se dégager, faisant craquer la jointure de son coude. Combien êtes-vous, ici ?

— Qui nous sommes ? Tu as donc vraiment tout oublié ?

Un bref sanglot déchirant résonna dans les ténèbres.

— Pleure pas, Yazoo !

Sephiroth lutta contre la démence qui menaçait de le gagner.

Qui étaient ces gens ? Comment avait-il atterri là ?

Se rappeler… Se rappeler !

Le noir.

La douleur et le froid.

La peur et la chute dans le vide… Un abîme de mako, glacé et sans fond

L'eau dans sa bouche, le froid et la terreur.

Des sensations floues, vagues et inutiles.

Il secoua la tête et déglutit péniblement pour chasser un début de nausée.

— Où sommes-nous ? insista-t-il. Où est la sortie ?

Il sentit les mains fragiles qui enserraient à son bras accentuer leur pression, le faisant grimacer, et se mettre à trembler.

— Dehors, tout est si étrange, grand frère…

Le Soldat se leva avec difficulté, le garçon toujours accroché à lui.

— Dehors ? Où ça, dehors ? Montre-moi !

Les mains frémissantes le guidèrent vers une sorte d'escalier naturel qu'ils grimpèrent à tâtons et qui débouchait sur ce qui s'avéra être un tunnel enténébré menant à une petite grotte, au sommet d'une montagne. Un vent glacé dans lequel voltigeaient quelques flocons de neige s'engouffrait par rafales dans la cavité. La température y était encore plus glaciale que près de la rivière souterraine.

Après autant de temps passé dans l'obscurité totale, la lumière, pourtant pâle et grisâtre, du début de matinée l'éblouit… et il eut un haut le cœur en voyant distinctement pour la première fois le tout jeune homme accroché à son avant-bras — ainsi que ses deux compagnons, qui lui avaient emboîté le pas.

Ils étaient nus, comme lui, et souillés de boue verdâtre. Leurs magnifiques visages étaient tordus par la peur et leurs corps parfaits marqués d'ecchymoses. Leurs splendides chevelures argentines, identiques à la sienne, étaient encore humides et leur yeux…

Par la foudre du ciel... ces yeux !

Le juron s'étrangla dans la gorge de Sephiroth, qui se dégagea brutalement de l'étreinte du garçon, provoquant un nouveau craquement — à la jointure de son épaule, cette fois.

— Mais que… Qu'est-ce que vous êtes ? bredouilla-t-il avec un violent mouvement de recul, comme si on l'avait frappé. D'où est-ce que vous sortez ?

Celui qu'il venait de repousser, et qui paraissait être le plus jeune des trois, s'approcha avec prudence et ses étranges yeux fendus d'un vert topaze, copie conforme de ceux du Soldat, s'attristèrent.

— Tu ne te souviens vraiment pas de nous ?

Le coeur au bord des lèvres, rattrapé par le souvenir vague de créatures monstrueuses dans des cuves de mako, près du réacteur, Sephiroth recula encore jusqu'à s'aplatir contre le mur rugueux.

— N'insiste pas, Kadaj, ça ne sert à rien. Il nous a vraiment oubliés !

Celui qui venait de parler, grand, droit et magnifique dans sa nudité à peine voilée par une longue chevelure brillante et fluide comme le mercure, s'était avancé au milieu de la grotte.

À dix ans près et quelques kilos de moins, il aurait pu être le jumeau de Sephiroth et considérait ce dernier avec un mélange de colère et d'accablement.

— Il nous abandonne, lui aussi, reprit-il. Tout comme mère ! Nous avons échoué. Nous ne leur servons plus à rien ! (Un sanglot enfantin l'interrompit.) Ne pleure pas, Kadaj. On se débrouillera seuls. Nous n'avons pas besoin de lui ! Ni de mère !

Il fit mine de quitter la grotte mais le plus âgé des trois garçons, un grand gaillard aux cheveux courts, le retint par le bras.

— Attends ! C'est grand frère, on ne peut pas le laisser là.

— Tais-toi, Loz ! Tu ne vois pas qu'il n'en a rien à fiche de nous ? Personne ne veut de nous, de toute façon !

L'interpellé grimaça.

— Pourquoi ne veux-tu plus de nous ? demanda-t-il au Soldat avec la franchise et la candeur désarmante d'un petit garçon. Tu ne nous aimes plus ?

Sephiroth hoqueta et cligna des yeux, totalement pris au dépourvu par la naïveté de la question.

D'où diable sortaient ces phénomènes de foire ? D'un labo clandestin ?

Un Dieu espiègle avait-il trouvé amusant de le jeter en enfer avec des expériences ratées de lui-même affublées de cerveaux d'enfants de cinq ans ?

Le sien opta pour la seule échappatoire possible lorsqu'on se retrouve perdu, nu et sans armes dans une situation aussi ubuesque qu'inextricable.

Il perdit connaissance.

Rude sortit de l'ascenseur en traînant des pieds et marqua une pause sur le palier.

Avec un soupir déchirant, il leva le regard vers la porte du bureau qu'il partageait avec Reno lorsqu'ils étaient cloués — comme c'était le cas depuis presque cinq jours — dans les locaux flambant neufs de la Shinra Corp.

À la seule idée de passer encore plusieurs heures enfermé entre quatre murs après avoir dû supporter une crise de "réunionite aiguë" de Tseng et de « sieur » Shinra, son estomac fit des nœuds et émit un gargouillis inquiétant.

Nom d'un chocobo arthritique ! Ce que je peux détester rester là, à ne rien faire, si ce n'est regarder des écrans de contrôle et compter les mégots de Reno qui s'amoncèlent dans le cendrier !

S'il n'avait craint d'être saisi par l'oeil des caméras de contrôle, il se serait mis à piétiner les dossiers qu'il tenait sous le bras et à jurer comme un contrebandier de matérias.

Allez, ce n'est qu'un mauvais moment à passer ! Se raisonna-t-il en franchissant les quelques pas qui le séparaient du seuil de ce qu'il considérait comme son enfer personnel. Avec un peu de chance, peut-être qu'une ou deux bestioles bien enragées vont attaquer les employés du parc éolien de Nibelheim, ou qu'un malade mental va s'introduire dans les labos du sous-sol et…

Il grimaça

Ouais… Et peut-être aussi qu'une fontaine de bière va jaillir au milieu du couloir !

— Merde, merde et remerde ! ronchonna-t-il à haute voix en poussant la porte du bureau maudit. Salut, ma poule, quoi de neuf ? lança-t-il à la cantonade en voyant son acolyte qui lui tournait le dos, assis devant un mur d'écrans de contrôle. J'ai un tas de paperasse à… Eh ! Oh ! Reno ! Je suis là. Je suis arrivé.

Pas de réaction.

— Reno ? Allô ? Ne me dis pas que t'es déjà rond comme une matéria ; il est à peine 10h00 du mat' !

Il le rejoignit dans le but de le secouer, histoire de lui faire reprendre ses esprits, mais, à peine avait-il avancé la main vers la chevelure écarlate, qu'il remarqua l'expression qu'affichait son compagnon – somme toute bien réveillé.

Reno, tendu comme la corde d'un arc et les yeux écarquillés, fixés sur l'écran de contrôle qui lui faisait face, paraissait plongé dans un état quasi-catatonique, pétrifié par le choc. Sa bouche béait tant qu'il tenait du miracle que la moitié des colonies de mouches de Midgar n'aient pas déjà pris leurs aises dans l'agréable et moelleux domicile.

— Reno ? Si tu voyais ta tête…

Pour toute réponse, et sans changer le moins du monde d'expression, ce dernier pointa lentement le doigt sur l'écran qu'il fixait sans sourciller.

Le regard de Rude glissa du visage de son acolyte à son l'épaule, suivit la manche noire jusqu'au poignet et, de là, l'extrémité du long doigt pâle pour se poser, finalement, sur l'écran de contrôle qui avait plongé son ami dans le trouble le plus extrême, et dans un coin duquel on pouvait lire : Mont Nibel / Camera 7.

Les yeux du turk s'écarquillèrent à son tour, signe de la plus grande perplexité.

Avec un grognement étouffé, il baissa un peu ses lunettes et s'approcha de l'écran jusqu'à le frôler presque du bout du nez.

— Tu vois ce que je vois, mec ? bredouilla Reno d'une voix à peine audible. Ou ce sont juste les effets secondaires de ma cuite d'hier ?

Très lentement, ils tournèrent la tête l'un vers l'autre.

Après un moment de flottement, ils clignèrent rapidement des yeux et, comme si un signal d'alerte silencieux venait soudain de résonner simultanément dans sous leurs deux calottes crâniennes, ils poussèrent un cri inintelligible et bondirent d'un même élan vers la console de communication interne, renversant tout sur leur passage.

L'énorme patte de Rude s'abattit sur le bouton d'alerte, menaçant d'écraser l'appareil pourtant solide sous sa paume, tandis que Reno s'égosillait dans le combiné au milieu des sirènes hurlantes.

— PATRON ! ALERTE !

"Reno ? Mais que diable se passe-t-il ? Pourquoi ce raffut ?"

— LES TARÉS SONT DE RETOUR !

"Quoi ? Les écologistes végétaliens qui ont voulu plastiquer le hangar de l'amiral Highwind ?"

— NON ! LE RAT DE LABO ET TOUTE SA PETITE FAMILLE !

"Qui ?"

...à suivre

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