Cela fait une heure maintenant qu'il se tient là contre le mur en bois. La fenêtre à sa droite laisse passer le soleil entre les barreaux et une douce brise pénètre dans la pièce l'emplissant d'un doux arôme de rosée matinale et de fleurs sauvages. C'est une belle journée qui s'annonce.
Et il se sent bien. Il est presque heureux.
Trop sans doute. Il n'est plus habitué.
Peut-être est-ce juste un rêve, mais si c'est le cas il espère ne pas s'en réveiller tout de suite. Il est si rare de rêver dans cet endroit.
Il a l'impression de renaître, de respirer à nouveau, et il tient à en profiter au maximum, reprendre une bouffée d'énergie avant que le cycle infernal ne se répète.
Ses cheveux longs lui tombent devant les yeux qu'il garde mi-clos, mais il ne les repousse pas. Ce n'est pas sa vue qu'il sollicite de toute façon.
Il est là.
Et il redécouvre ce qu'il a oublié. Ce qu'on lui a fait oublier.
Il réapprend à exister, à se réapproprier qui il est et non pas ce qu'il est. A travers eux, à travers un mur froid, à travers ce qui est maintenant son quotidien et qu'il a fini par accepter. Par justifier.
Il redécouvre, juste en les écoutant
Ces rires, ces chamailleries, ces d'enfants qui s'ébattent et qui courent ces enfants qui vivent, tout simplement.
Même si c'est pour un laps de temps très limité.
Cela fait longtemps qu'il ne s'est pas senti aussi humain. Il a l'impression de refaire parti du monde après en avoir été exclu pendant si longtemps. Un monde joyeux, innocent, multicolore, qui continue à tourner en dépit de lui, un monde qui joue à chat perché, ce qui est ironique il faut en convenir.
Pourtant ils n'ont rien à faire là. Ces enfants. Il sait de première source qu'Akito a laissé des consignes claires : nul n'est autorisé à s'approcher de la vielle cabane en bois dans la clairière, pour quelque raison que ce soit. S'ils se font prendre ces garnements ils seront punis. Sévèrement. Publiquement. Et lui avec. Mais ça ce n'est pas grave, ce n'est pas lui qui compte. Plus vraiment. Il a depuis longtemps cessé de s'inquiéter sur son sort. Celui-ci est scellé, il n'a plus rien perdre.
Non. Il ne veut pas qu'il leur arrive quoi que ce soit. Pas par sa faute.
Cela ne se doit pas.
Et pourtant … et pourtant … il ne veut pas non plus qu'ils s'en aillent. Pas tout de suite. Pas maintenant. Il a encore besoin d'eux. Juste un petit peu.
Et il se sait égoïste. Il n'a pas le droit. Pas le droit de penser ça. C'est monstrueux. Ils souffriront, à cause de lui. Il faut croire qu'Akito a raison. Qu'il est mauvais par nature. Sinon il ne souhaiterait pas ça.
Mais cela fait des jours qu'il n'a vu ni entendu quelqu'un et il a l'impression de devenir fou. Il n'a jamais aimé la solitude et le confinement sur la durée. Et Akito ne le sait que trop bien. C'est là-même sa forme de torture préféré.
Alors quelque part il veut en profiter. De ces moments de répit.
Personne ne peut l'en blâmer.
De toute façon il le fait suffisamment lui-même.
Mais il se tient là, à absorber tel un assoiffé ce brin de normalité qu'il lui est donné d'avoir. Ou plutôt d'entendre.
Chaque mot, chaque exclamation, chaque commentaire grognon.
C'est comme ça.
Et il ferme les yeux.
Il pose la tête contre le mur.
Et sourit.
Aujourd'hui est un bon jour.
Et pas seulement parce qu'il fait beau.
Aujourd'hui il rêve éveillé.
Peut-être a-t-il finalement perdu l'esprit ?
Mais qui s'en soucie si rien de tout cela n'est réel ?
Pas lui.
Non, pas lui.
Oui oui c'est court. Mais c'est voulu.
Cette fic sera un ensemble d'OS courts qui tourneront autour du même thème : Kyo, et son enfermement.
Si vous avez des idées n'hésitez pas. Au contraire. Plus j'en aurai et plus cette fic sera longue e, chapitres.
Sinon ne vous étonnez pas si je la classe systématiquement comme complète car à la fin de chaque OS c'est comme si c'était le cas. Je ne reviendrai pas plus tard sur un chapitre écrit précédemment. Il n'y aura pas de suite non plus. Il s'agit d'instants saisis dans le temps uniquement. Par contre rien ne vous empêche de les voir chronologiquement.
A bientôt et s'il vous plait je vais avoir besoin de soutient, même si c'est juste en me mettant : J'aime (ou bof, pas terrible, peut mieux faire …) en commentaire. Je ne demande pas une critique littéraire ni une analyse de l'histoire, juste un moyen de me rassurer et de me dire : oui cette histoire intéresse. Oui des personnes seront contentes si je poursuis. Voilà alors je compte sur vous !
