Notes de l'auteur :
Bon. Donc apparemment, il est possible d'écrire « ça » en un soir, après 6 ans sans avoir touché le clavier. Juste parce que c'était une nécessité, là, maintenant. Le pire, c'est que j'en suis presque satisfaite.
Il est possible que je donne une suite, parce que là j'ai un peu l'impression d'être une droguée qui retombe dans sa came. (et ça me fait peur…)
Je n'ai ABSOLUMENT aucune idée de l'ampleur du fandom français pour Once Upon a Time, sans parler du lectorat possible pour une fic de ce genre. Comme l'écrire en anglais m'aurait demandé trop d'efforts ce soir, j'ai opté pour Molière et si j'ai le courage, je traduirai. Si j'ai le courage. (ô toi anglophone qui baragouine le français et qui tente de lire ceci, n'aie pas trop d'espoirs…). J'ai par contre conservé la majorité des noms « anglais », cela me faisait bizarre sinon. Mais comme de toute façon les gens qui ont vu la saison 2 ont l'habitude… (excuse bidon)
Oh, et naturellement, spoilers absolus pour le final de la saison 2. Vous ne pigerez rien sinon de toute façon.
Sur ce, je me tais, et bonne lecture !
« Je connais un moyen de pénétrer dans le campement. Sans être vus. »
Appuyé sur le rocher à côté d'elle, les yeux rivés sur les tipis, il ne semblait pas l'avoir entendue. Mais la tension qui émanait de son corps lui laissa comprendre qu'il l'écoutait avec attention.
« C'est dangereux, continua Emma en lui redonnant la lunette d'observation, mais je l'ai déjà fait. Et nous avons besoin d'infos. »
Ce n'était pas dangereux pour être honnête, c'était carrément désespéré. La seule et unique fois où elle avait tenté ce coup, elle s'était fait courser sur plusieurs centaines de mètres par les flics. Et si cette fenêtre n'avait pas été ouverte…
Mais ils étaient désespérés.
Cela faisait des semaines qu'ils étaient arrivés sur cette foutue île et la seule piste qu'ils avaient eue pour localiser Henry s'était transformée en une furie lorsqu'elle avait posé les yeux sur Snow. En une demi-seconde, la sirène avait sorti griffes, dents et apparemment tentacules – des putains de tentacules ! – et, les yeux injectés de sang, avait tenté d'arracher la tête de la jeune femme, hurlant que nulle n'avait le droit d'être plus belle qu'elle. Il avait fallu un crochet du droit de Hook pour l'arrêter – Emma ne se lassait pas du jeu de mot – et un coup de sabre bien placé de la part de David. Ils n'avaient pas traîné aux abords du lagon ensuite, opérant une retraite un peu désordonnée. A l'image de la famille qu'ils formaient.
Il n'avait pas été question d'y retourner après cela. Il aurait fallu attendre quelques années selon Hook.
L'ambiance dans le groupe, aussi tendue qu'elle ait été avant, avait été électrique pendant plusieurs heures. Régina avait laissé échapper une remarque acerbe sur les sirènes trop imbues de leur propre reflet. Gold avait demandé si elle s'essayait à l'ironie, car venant d'elle…
Les séparer n'avait pas été aisé.
Hook avait retenu Gold, son crochet avait « malencontreusement » ripé, David avait dû intervenir et Emma s'était mise à hurler que s'ils ne se calmaient pas tous immédiatement, elle allait leur arracher la langue avec un couteau suisse. Ou ses mains nues. Elle s'en foutait, pourvu qu'ils se la ferment ! On était sur une île où le danger guettait à chaque coin, inutile de se faire repérer davantage !
Même si, apparemment, leur présence avait été connue dès l'instant où le bateau avait touché les flots.
L'incident avait eu lieu environ dix jours auparavant et depuis, rien. La magie ne marchait pas, ni pour Gold, ni pour Régina. Ni pour elle. Emma ne la sentait plus et c'était comme si on la privait d'une partie d'elle-même. Pas tellement une drogue dont on la sevrait, mais plutôt un membre qu'on lui aurait coupé. Un membre attaché à tout son être, une peau dont elle n'avait pas conscience mais qui aurait été arrachée. Elle n'avait pas osé l'expliquer ainsi à Hook…
Et cette île démoniaque qui constituait Neverland… Pas signe d'un être vivant capable de parler, de les aider, de leur indiquer une piste. Même sous la menace. Pas un pirate. Ni les figures fantomatiques que Hook et Gold semblaient craindre. Juste des plantes carnivores, un truc qui ressemblait à un tigre préhistorique avec une tête en plus et un Kraken une nuit où ils étaient retranchés sur le Jolly Roger. Oui, un Kraken. Très commun dans ces eaux et plus facile à tuer que ces fichues plantes cela dit.
Emma était au bord de la crise de nerfs depuis plusieurs jours déjà. Peut-être que la magie était une drogue. Mais il y avait plus. Même Hook avait arrêté les insinuations après une claque bien sentie. Elle avait fini par comprendre qu'il tentait juste d'évacuer la tension par ses remarques, pour elle comme pour lui, mais au bout de semaines de recherches vaines, plus rien n'y faisait. Ne pas savoir la rendait folle. Henry était peut-être « en sécurité » quelque part avec la garce et l'autre clampin, mais il pouvait aussi être dans l'estomac d'un tigre mutant ou lobotomisé par les habitants invisibles de Neverland.
Ou pire.
Gold et Hook n'avaient pas donné de détails mais s'ils s'accordaient sur une chose, c'était bien sur Peter Pan. Elle n'avait toujours pas réussi à savoir s'il était l'ombre ou si… Ce qui était clair, c'est que si Henry tombait entre ses mains, elle aurait besoin de plus que de fil et d'une aiguille.
« Il va falloir du bois, beaucoup de bois. Mouillé. De quoi allumer un feu rapidement. » reprit-elle.
Il haussa un sourcil, dubitatif. Elle soupira. C'était lui qui avait déclaré qu'ils avaient besoin d'enlever un Indien et de l'échanger contre des informations. Que cela marchait ainsi ici. Mais apparemment, les guerriers ne s'éloignaient jamais du campement, ou lourdement armés et par groupe de plusieurs hommes. Trop risqué. Ledit campement était gardé en permanence par des sentinelles aguerries.
« Ecoute, reprit-elle, je suis d'accord qu'une diversion artisanale n'est pas le moyen idéal, mais nous ne pouvons pas attendre. Il t'a fallu plusieurs semaines et presque trois fois le tour de l'île pour repérer ce village et si j'ai bien compris, il aura encore changé de place demain ! »
Elle ne comprenait pas Neverland. Tout ce qu'elle avait appris dessus s'avérait incorrect. Ou inventé. Hook s'était proprement fendu la poire quand elle avait évoqué la fée Clochette.
Rien ne fonctionnait selon les lois de la physique ici. Ou même celles de la magie. Il n'y avait pas de lois. C'était un monde d'anarchie, sans temps, sans logique, sans règles. Il leur avait fallu dix jours pour faire le tour de l'île avec le navire la première fois, sans faire escale une seule fois. La seconde fois, ils s'étaient arrêtés dans toutes les criques et avaient passé une nuit sur une plage, avec une incursion de deux jours dans la jungle. Ils avaient accompli le tour de l'île en cinq jours. Elle n'avait pas l'impression qu'ils avaient vogué plus vite. Mais les jours n'avaient pas de longueur et sa montre ne marchait plus. Le relief de l'île changeait chaque matin. Si tant est que ce soit le matin. Une fois, elle avait assisté à un premier lever de soleil puis à un second quelques heures plus tard. Pourtant, il n'y avait qu'un astre dans le ciel et il ne s'était jamais couché.
Elle avait abandonné l'idée de comprendre.
Tout ce qui était possible dans l'imagination, voire pire, pouvait arriver ici. David avait passé plusieurs heures les yeux dans le vide un soir. Gold avait oublié son nom.
L'air pouvait soudain devenir irrespirable. Le soleil s'éteindre. Ce qui était comestible un jour vous tuait le lendemain.
Et il y avait les pleurs des enfants la nuit. Emma préférait ne pas y penser. Elle ne pouvait pas dormir une fois le soleil couché de toute façon. Aucun d'entre eux ne pouvait.
Elle avait rêvé de Neverland petite, elle comprenait d'ailleurs l'attrait que pouvait avoir ce monde pour les enfants – tigres mis à part. Mais pour un adulte, c'était un camp de torture.
Ils étaient aux abois en permanence. Gérer la vie en communauté, sans moment privé, sans lieu où se retirer, était déjà suffisamment compliqué. Ajoutez à cela que plusieurs d'entre eux avaient tenté de s'assassiner mutuellement dans le passé et qu'ils avaient manqué de provisions rapidement… Neverland ne faisait qu'empirer les choses.
Ils termineraient fous.
Elle préférait encore la mort par Kraken.
Hook reposa la lunette d'observation et se tourna enfin vers elle.
« Les enfumer pour faire diversion ne suffira pas, mon cœur. »
Toujours les petits noms.
« Le feu est la meilleure solution, avec beaucoup de fumée, rétorqua-t-elle. Il faudra allumer plusieurs foyers et l'un de nous devra créer des fausses pistes en plus. Mais il faut les désorganiser, faire en sorte de les affoler. Et attraper celui à la traîne. »
« Ils ne marcheront pas. »
Elle eut un mouvement d'humeur envers le capitaine. Certes, ils seraient morts cent fois sans lui. Certes, lui seul semblait conserver son flegme et toute sa tête. Mais elle était quand même capable de monter une diversion aussi bien qu'un pirate !
« Tu penses qu'ils préfèreront terminer en merguez ? » grinça-t-elle.
Nouveau haussement de sourcil, tressaillement de la main.
« Ils nous verront venir, soupira-t-il finalement. Ils connaissent la technique. Les Indiens n'oublient pas. »
« Comment sauront-ils que… Oh »
Oh.
Neal lui avait appris cette technique. Ils avaient dévalisé un marché ainsi. Elle n'avait juste pas tellement réussi sa diversion, d'où la course poursuite.
Elle ne lui avait jamais demandé d'où il tirait ses talents de voleur, mais la conversation qu'elle avait eue avec le pirate deux nuits auparavant y avait en partie répondu.
En partie. Le terme de conversation était peut être exagéré d'ailleurs. Elle l'avait juste agressé alors qu'il manoeuvrait le vaisseau parmi des récifs, lui demandant enfin ce qu'il foutait réellement parmi eux. Pourquoi il les aidait. Il lui avait calmement répondu qu'il s'agissait de sa famille aussi finalement, et qu'il avait l'intention de remplir son rôle de beau-père.
Outrée, elle avait rétorqué qu'il fallait qu'il arrête de prendre ses rêves pour des réalités.
Il avait relevé les yeux, blessé. Elle l'avait rarement vu touché ainsi. Puis la lumière s'était soudain faite dans son regard et il avait laissé échapper un semblant de rire. Emma avait senti ses nerfs la lâcher à nouveau – Neverland la rendait trop hystérique, elle ne se reconnaissait plus – mais il avait levé un crochet impérieux avant qu'elle puisse dire le moindre mot. « Je n'aurais pas cette prétention, ma belle, et ton père semble trop habile au sabre. Mais j'ai été beau père un jour. J'ai échoué cependant… »
Il n'en avait pas dit plus. Mais Neal savait barrer un navire pirate. Il était un voleur de talent. Cela suffisait.
Hook s'était à nouveau détourné, le regard perdu sur le village indien.
« Je vais aller parler au chef », finit-il par soupirer.
Emma s'alarma : « Je croyais qu'il fallait un otage ? »
Il se leva et épousseta ses genoux.
« Un pirate a besoin d'un otage. Les héros ne choisissent pas la voie facile. »
Interdite, elle le regarda entamer la descente de la colline sur laquelle ils s'étaient postés. Le rattrapant, elle agrippa sa manche et le poussa derrière un buisson.
« C'est de la folie, tu n'as aucun plan de prêt ! »
« Je connais le chef. Je connais sa fille. »
« Tiger Lily ? »
« Non. »
Elle haussa les sourcils, attendant plus d'explications. Il soupira, comprenant sans doute qu'elle ne lâcherait pas.
« Nous n'étions pas arrivés depuis longtemps. Les vivres ont manqué. J'ai voulu leur demander de l'aide, même pas les piller, et trois de mes hommes y ont laissé leur vie. » Il marqua une pause puis reprit « Quelques jours plus tard, nous avons dévalisé une de leurs réserves sur laquelle nous étions tombés par hasard. Ils ont voulu se venger. Ont plutôt bien réussi. Nous avons retrouvé le camp, enlevé la fille après les avoir enfumés, et j'ai négocié une paix. »
Il se tut et recommença sa descente. Une fois encore, la main d'Emma sur son bras l'arrêta et il posa un regard agacé sur elle.
« Et c'est tout ? » demanda-t-elle incrédule.
« Nous n'avons plus eu de contact pendant 300 ans. C'est tout. Je suppose qu'ils ne vont pas être ravis de me revoir mais si tu as une meilleure idée… »
Emma soupira. Non, elle n'avait pas mieux. Elle ne pouvait pas mieux. Elle ne valait rien ici. Si sa courte expérience dans la Forêt Enchantée lui avait bien fait comprendre qu'elle avait beaucoup à apprendre en termes de mondes magiques, elle avait cependant au moins su s'adapter. Mais les règles, ou l'absence de règles, de Neverland… Même sa mère semblait déplacée avec l'arc et les flèches qu'elle avait fabriqués. Presque inutile.
Quitte à ce qu'aucun d'entre eux ne soit lui-même, autant laisser Hook jouer les héros.
Secouant la tête, elle se lança à la poursuite du pirate.
« Attends-moi, je viens avec toi ! »
« Peur que je tente de séduire la fille du chef ? lança-t-il sans ralentir. Je crois qu'elle ne m'aime pas beaucoup tu sais. Mais j'aime les défis. Et qui sait ce que tu serais prête à faire pour moi par jalousie.»
Elle sourit. Cela faisait longtemps.
« Si la pauvre fille a un semblant de jugeotte, elle partira en courant » ricana-t-elle.
Elle sentit son cœur s'alléger, tandis que le pas du pirate gagnait en souplesse. Puis, comme elle s'était éclipsée, la tension revint en elle, plus forte, plus bruyante. L'anxiété la prit à la gorge, l'air lui sembla vicié. Elle, si maître d'elle-même d'habitude, sentit le contrôle lui échapper à nouveau.
« Et s'ils nous font prisonniers ? Ou pire ? »
Hook haussa les épaules.
« Aussi étrange que cela puisse paraître, je compte sur le crocodile pour le leur faire regretter. Il est prêt à tout pour retrouver ton fils. Et il sera certainement plus cruel dans sa vengeance qu'aucun de nous. »
Emma n'en était pas certaine, mais après tout, rien n'était jamais certain avec Gold. Il semblait toujours avoir dix coups d'avance. Cependant, la disparition de Neal avait fait émerger une nouvelle facette de lui. D'une sorte de nuisance qu'il tolérait, Henry était devenu une rédemption nécessaire. Ou alors c'était l'influence de Belle…
Elle préférait éviter d'y penser de toute façon. Il fallait se concentrer sur Henry. StoryBrooke et ses habitants se géreraient seuls. Et si Neal était vivant, quelque part, ailleurs… Une partie d'elle gardait espoir. Une partie qu'elle avait enfouie bien profond, enterrant à nouveau ce qui était réapparu après dix ans de déni.
Henry passait avant tout. Elle affronterait Peter Pan si nécessaire. Seule. Avec Hook. Avec la famille déglinguée qu'ils formaient. Avec le couteau suisse. Elle survivrait aux nuits sans fin et aux monstres des mers. Elle se battrait contre les arbres, les ombres et elle-même.
« Tu retrouveras ton fils » entendit-elle à ses côtés.
Elle ralentit avant de répondre, secouant ses boucles blondes. « Tu ne peux pas en être certain »
« Non, mais je peux te promettre que je ferai tout pour cela. Et toi aussi. »
Elle s'arrêta « Et si… Et si ça se termine mal ? »
Il s'était arrêté aussi… Se tournant vers elle, il avança sa main comme pour saisir la sienne, puis stoppa son geste. Son regard s'assombrit.
« Je ne peux pas te promettre que cette histoire aura une fin heureuse, souffla-t-il. La plupart se terminent mal de toute façon. Mais si… » Il marqua une pause. Ses yeux se fermèrent un instant alors qu'il prenait une longue inspiration. Il les rouvrit, un éclat nouveau – ou ancien – dans le regard. Il reprit « Mais Emma, si cela devait mal se terminer pour Henry, alors nous mettrons cette île à feu et à sang »
Sa détermination aurait presque fait peur à Emma. Elle avait déjà vu ce feu chez lui et il l'effrayait.
Sauf que pour la première fois, elle le comprenait. Elle le partageait. Et des siècles à poursuivre une ombre et le passé ne lui semblaient pas suffisants.
La main de Hook sur son épaule la tira de ses pensées. Le feu avait disparu aussi vite qu'il était apparu. Autour d'eux, la nature était luxuriante, au point qu'on en oubliait qu'elle était vénéneuse. Le mal semblait dormir. Neverland…
Le pirate se remit en chemin.
« En route Swan ! Voyons si tu parviendras à amadouer le chef ! Et ne regarde surtout pas le vieux à l'entrée du tipi bleu. Je crois que c'est ça qui nous a créé des ennuis la dernière fois. Mais je n'en suis pas certain, il est possible que l'une de mes remarques sur la femme du chef ait été considérée comme outrageante… »
Elle secoua la tête en le suivant. Inspira puis expira l'air saturé de Neverland. Elle sentait ses nerfs s'apaiser et, comme si l'île enfin la reconnaissait, la magie revenir en elle. Comme ça, parce que c'était Neverland et qu'il n'y avait pas de lois. Pas de limites. Que le chemin le plus difficile était toujours le bon.
Et étrangement, au fond d'elle, elle comprit qu'elle n'aurait pas à allumer de feu aujourd'hui, ni demain, ni un jour. Que la promesse que Hook refusait de lui faire était inutile. Que c'était à elle, à eux, de dicter leur loi.
Les commentaires sont naturellement les bienvenus, surtout positifs (OK, les critiques constructives aussi...), mais je ne vous en voudrai pas si vous laissez la petite fenêtre ci-dessous vide.
J'avoue, ça fait des semaines que je fais ça. Lu des dizaines de fics, pas écrit un feed-back. J'ai honte. Je vais changer. (mais je devais aussi arrêter les pâtes 12 fois par semaine et me remettre au sport, et on sait tous ce que ça a donné, alors…)
