Bonjour, Bonsoir ~

Alors. Ceci est un bête recueil. Recueil d'One-shoots parallèles à la fiction "Les Jeux de la Fin". C'est donc AUSSI un crossover avec Hunger Games, mais qui est directement lié à ma fic. Ils peuvent être lus séparément, mais lisez l'autre aussi pour me faire plaisir : D /POUTRE/

Enfin. Là, c'est une song fic. Sur "Girl On Fire" d'Arshad. Centré sur Suède, du point de vue de Suède. C'EST DU MADE IN IKEA DUDES /BUS/.

Désolée d'avoir massacré Berwy, j'espère que ça vous plaira : D

HO. Précisions que j'avais pas faites. Les nooooooms. (enfin les non officiels)

Snäll : Ladonia, Jorgen : Scanie, Soren : Groenland (piqué à Celaniel99), Solveig : Féroé, Antero : Aland, Johan : Danemark. VALA.

Bonne lecture ~


They don't own me

I'm not a piece in their games

Can't control me

They're the only ones to be blamed

Mon cœur avait semblé s'arrêter quand j'avais entendu le nom de mon petit frère sortir de la bouche de Douglas. J'allais crier à la conspiration, j'étais prêt à me lever et à étriper sur le champ celui qui m'avait déjà condamné deux ans auparavant à subir l'horreur de l'arène. Ce n'était pas la faute de Douglas bien sûr, mais il était ce qui se rapprochait le plus du coupable à mes yeux. Je lui en avais longtemps voulu d'avoir pioché mon nom, m'éloignant de ceux que j'aimais pour participer à cette atrocité qu'étaient les Jeux de la Faim.

Il y a deux ans, jour pour jour, mon nom avait été tiré, car parmi les milliers de papiers différents, c'était tombé sur un de ceux qui portaient mon nom. En effet, j'avais pris des tesserae, pour moi, ma mère, mon père et mes petits frères. Snäll avait dix ans à l'époque, et était sur les genoux de ma mère en pleurs. Son fils aîné partant pour l'arène, c'était le pire qui puisse leur arriver. Et pourtant, nous aurions pu mourir des centaines de fois à manier les différents outils de travail auxquels nous étions exposés depuis notre plus tendre enfance.

I'll never breakdown

I won't give up this fight

I'll give 'em nothing, nothing, nothing

Les adieux avec ma famille avaient été déchirants, je ne suis pas d'un naturel très démonstratif, je m'étais laissé étreindre par ma mère, par mon père, et tous ceux qui avaient un lien de sang et affectif avec moi. Puis, il était resté, mon petit frère. Snäll était grimpé sur mes genoux, sans me demander la permission. C'était un tic, chez ce petit, se mettre sur les genoux des gens, comme ça. Certains trouvaient ça agaçant, mais moi, je ne pouvais m'empêcher de trouver ça adorable, comme attitude. Et j'avais, à ce moment là, réalisé que je ne reverrais certainement jamais le rouquin qui me fixait de ses yeux céruléens. Mon autre frère, resté sur le pas de la porte, les bras croisés, nous regardait fixement, comme s'il avait peur que Snäll ne dise une bêtise, mais le petit se contentait de me regarder. Alors, Jørgen soupira et entra, refermant derrière lui la porte pour les quinze minutes qui nous étaient accordées.

« Alors… Tu comptes revenir, hein ? fit Jørgen, avec sa franchise habituelle

_ Mhm…

_ Ca me dit pas si j'dois t'encourager ou prier pour que t'aie une mort rapide, ça.

_ Jørgen… L'petit.

_ Snäll est parfaitement au courant. Il voit ça tous les ans, comme toi, comme moi. Ce n'est pas la peine de le ménager, c'est trop tard.

_ C'pas l'peine d'lui parler d'ça.

_ Tu vas gagner, hein, Berwald ? »

La voix fluette du gamin m'avait surpris. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me demande ça. Je ne pouvais pas répondre à cette question, et je sentais sur moi le regard brûlant de Jørgen. Il croyait en moi, je ne voulais pas les décevoir, mes frères, mais je ne me sentais vraiment pas de taille à affronter les tributs des autres districts. Je ne pouvais pas leur promettre de revenir, je n'aime pas trahir mes promesses. Jørgen soupira à nouveau, et se résigna à me gratifier d'un câlin, unique. Jørgen et moi ne sommes pas des adorateurs d'embrassades, il ne m'en avait jamais fait, et moi non plus. Accord tacite : on se chicane, point de câlins. C'était réservé à Snäll, les poutouilles.

Nous avions passé les dix dernières minutes comme ça, dans un silence complet, tous les trois, blottis les uns contre les autres, Snäll à moitié sur mes genoux et ceux de Jørgen. Comme quand on était petits et qu'on partageait le même lit pour se tenir chaud l'hiver.

Just one kiss and

I will be hooked to her fire

Her flames are surrounding me now

As we watch as they light up the sky

We must stand up and fight

Ce moment de quiétude était trop court, beaucoup trop court. A contrecœur, j'ai dû leur dire adieu. Et je n'attendais plus personne, persuadé que le reste du district se fichait bien de ma pomme. J'avais cependant le mince espoir que quelqu'un en particulier franchisse le seuil de la porte. Et les dieux, enfin, s'étaient manifestés en ma faveur, même si j'aurais préféré qu'ils le fassent quelques heures plus tôt, bref. Il avait timidement ouvert la porte grise qui me séparait du reste du monde, n'osant rentrer sans mon autorisation.

« Tino ? avais-je demandé, incrédule

_ Oui… Eh… Je peux ?

_ Bien sûr… »

Je ne pouvais détacher les yeux de Tino, le fixant comme s'il n'était pas réel. J'ai cru rêver au début, mais quand il s'assit auprès de moi, j'ai réalisé qu'il était vraiment là. Qu'il était venu me voir, et seul. C'était plus que ce que je ne pouvais jamais espérer. Tino, c'était mon ami d'enfance, on se voyait souvent, mais jamais seuls, toujours avec un de mes frères ou celui de Tino, Antero, même des fois avec les fils des voisins, Johan et Søren. Et je rêvais qu'on partage des moments rien qu'à nous deux. Je ne pensais pas que ça arriverait ce jour-là, pour la première et certainement la dernière fois.

Tino ne me regardait pas, la tête basse, il semblait attendre que je dise quelque chose. Mais que pourrais-je bien lui dire ? Que j'allais mourir heureux parce qu'il avait l'air de s'intéresser à moi ? Non. J'aurai emporté mon amour secret dans ma tombe. Car oui, Tino était celui qui faisait battre mon cœur tout au long de la journée, et j'allais mourir sans même avoir songé à un moyen de lui avouer sans mourir de honte et sans vouloir me cacher dans un arbre.

Les épaules de Tino tremblaient. Il était secoué de hoquets plus ou moins violents. Il sanglotait. Paniqué, je ne savais plus où me mettre, et avait posé une main tremblante sur son épaule. Aussitôt, ses pleurs se sont intensifiés, et il m'a serré dans ses bras, le visage niché dans les plis de mon pull. Je ne comprenais pas. C'était moi qui devrais pleurer. C'était moi qui allais perdre l'amour de ma vie, et laisser derrière moi une famille affamée. Mais non, je serrais contre moi un Tino en pleurs, qui semblait avoir de plus en plus de mal à se contrôler, pendant que nos dernières minutes défilaient.

« Tino ? Pourquoi t'pleures ?

_ Je… A ton avis ? Je veux pas… J'veux pas te voir… Faire ça… Et…

_ Mourir ?

_ … Oui. »

Sa voix, entrecoupée de sanglots, n'était plus qu'un souffle, et je restais bouche bée. Il ne voulait pas que je meure ? Il ne me donnait même pas une chance de survivre. Pour lui, j'étais sur mon lit de mort, et il me faisait ses adieux. Je réalisais que, peut-être, j'avais pas particulièrement envie de me laisser mourir dans l'arène. Et les sanglots de Tino s'intensifiaient. Il avait fouillé dans son col, les mains tremblantes, s'éloignant momentanément de mon pull trempé de ses larmes. Il en sorti un truc brillant, que je ne pouvais distinguer, puisqu'il le pressa dans une de mes paumes, la tête basse.

« Prends ça… Reste humain, Berwald.

_ J'reviendrai, Tino.

_ Ne me fais pas de promesses, je ne veux pas être déçu. »

Sur ces mots qui me laissaient pantois, il avait déposé ses lèvres sur les miennes. Mon cœur d'adolescent s'était mis à battre à toute vitesse, des papillons avaient décidé de faire une rave party dans mon ventre. Ca n'avait duré qu'une dizaine de secondes, mais j'aurais aimé que le temps s'étire, pour que ça dure, encore et toujours. Lui et moi. Un dernier regard, un adieu soufflé du bout des lèvres. Et je me faisais la promesse que ce moment ne serait pas le seul que nous partagerions. A cet instant, la rage de vivre s'était emparée de moi. Je vivrais, pour Tino.

Cause this love is not a game to me

We'll survive

And start an uprising

You can ignite

Stand and fight

Don't cave in

So let's the Games begin

La mascarade du Capitole m'avait joyeusement tapé sur les nerfs. Je haïssais Douglas, et tous ceux qui s'extasiaient à l'approche des Jeux. Comme si c'était une simple compétition sportive, oubliant totalement que vingt-trois d'entre nous allaient mourir, dans peu de temps. Et j'avais la ferme intention de ne pas en faire partie. Même si je ne devais pas être le seul à penser ça. Pour Tino, pour Snäll et Jørgen, pour tous ceux qui comptaient, je reviendrai. Et j'avais supporté les délires de Douglas et ma styliste. La parade nous avait tout simplement rendus ridicules. Enfin, moi j'étais ridicule.

Solveig était parfaite dans son costume d'arbre. Souriante, avenante, les Juges pouvaient s'accorder sur le fait qu'elle était à croquer. Une véritable Cendrillon verte et feuillue. Et moi, à côté, j'avais juste l'air d'un brocoli constipé. La Belle et la Bête, en somme, sauf que ma belle était bien loin de tout ça. Voir Solveig se pavaner ainsi me filait la nausée. Elle gloussait, faisait la fille parfaitement éduquée aux bonnes manières de la haute société, la fille bonne à marier qui allait se faire tuer, et qui attendrissait les foules. Elle cherchait à s'attirer des sponsors, je ne pouvais la blâmer pour ça, je la connaissais de loin, et ce n'était pas une bagarreuse, elle tentait tout ce qu'elle pouvait. Mais je savais bien, et elle aussi, que ses gloussements de dinde ne la feraient pas gagner.

Lors des interviews, elle rayonnait dans sa robe d'un vert criard, qui lui allait à merveille, ses longs cheveux blonds tombant en cascade dans son dos. Une véritable fée. Répugnante. Je la trouvais répugnante. Tout comme Caesar Flickerman qui ne tarissait pas d'éloges sur sa beauté et sur sa belle note de sept. Je me demande encore ce qu'elle a bien pu montrer aux Juges pour en obtenir une aussi haute. Puis, mon tour était arrivé. Me félicitant pour mon neuf, Caesar chercha à savoir ce que j'avais fait pour l'obtenir, comme Solveig avant moi, et tous les autres, je n'ai rien dit, je n'avais pas le droit de faire étalage de mes talents à la masse face aux spectateurs. Nul doute qu'à ce moment, Johan, devant sa télé, jubilait, car lui, mon coéquipier à l'abattage et au débitage du bois en planches, savait de quoi j'étais capable, et avait dû parier avec Søren sur la note que j'avais obtenue. Enfin, Caesar n'avait pu s'empêcher de me taquiner, à essayer de savoir s'il y avait quelque chose entre Solveig et moi. Quel idiot. J'avais simplement secoué la tête en signe de négation.

« Ah bon ? Et y-a-t-il quelqu'un dans ton cœur au Sept ?

_ … Mh.

_ Ohhhh ? Comme c'est mignon ! Tu aurais quelque chose à lui dire ? Profite de tes 30 dernières secondes de parole pour ça tiens !

_ … Attends-moi. J'reviendrai. J'te rapporte ta croix. »

Je fixais l'écran, ignorant les soupirs des spectateurs qui étaient ravis de s'insinuer dans l'intimité de mes sentiments, et manifestement heureux de voir que j'étais prêt à tuer pour ma belle. Moi, tout ce qui m'intéressais, c'était d'essayer de toucher le cœur de Tino à travers cette caméra, parce qu'il me regardait, je le savais, il n'avait pas le choix. Lui faire passer mon amour et ma détermination d'un seul regard, c'était tout ce qui me restait. Et l'interview s'est arrêtée là, au grand désespoir de Caesar qui aurait bien voulu m'interroger sur ce que je venais de dire. Douglas n'était pas fier de moi. Il m'avait engueulé, il aurait préféré que je joue soit la carte de l'ours solitaire sans cœur, ou de l'amant protecteur. Mais je n'en avais rien à faire.

Notice me cause I've been here all along

I've been waiting

Since you sang me your song

It's our moments to turn the things around

And show them something

We're nothing, we're nothing

On nous avait attribué des tenues faites de fourrures toutes plus épaisses les unes que les autres, qui nous faisaient ressembler à des espèces de bêtes féroces, pour les mieux bâtis d'entre nous. Les plus petits avaient simplement l'air de peluches prêtes à se faire tuer à n'importe quel instant. On s'attendait donc à une arène glaciale, une reproduction de ce qu'était la Sibérie peut-être. Quoi que, je n'en avais entendu parler que dans les livres, de la Sibérie et des grandes plaines gelées du Nord. Le tube de lancement me semblait être une horrible tombe de plastique, et alors que la plaque de ferraille montait vers l'arène, je serrais dans ma paume le pendentif de Tino. C'était une croix grossière, pendant au bout d'un cordon blanc, en argent vieilli, qui brillait encore, et dont l'éclat m'aveugla presque autant que la neige tout autour de ma plaque.

Je me souviens du choc, quand j'ai vu l'arène. Une grande étendue de neige et de glace. A perte de vue, du blanc, et rien que du blanc. Pas d'arbres, pas de forêt, donc pas de nourriture. Sur ma droite, des rochers formaient une colline irrégulière, aux bords brisés, et couverte de ce même blanc. Les seuls abris se trouvaient là bas. Et c'était donc là que les carrières se rendraient après la joute à la Corne d'Abondance. C'était là que j'irais aussi, toujours animé de ce besoin de survie que m'avait insufflé Tino. Dès que le signal de départ avait été donné, j'avais couru. Aussi vite que possible, je m'étais emparé de trois ou quatre sacs, et d'une masse que je ne prenais même pas la peine de soupeser, tant le temps pressait. Déjà, j'étais entouré de trois autres tributs qui farfouillaient dans la montagne de provisions et d'armes. L'un d'entre eux s'accrocha à l'un de mes sacs, je le dégageais d'un coup de coude, mais il était reparti à l'assaut. Sans hésiter, je l'avais abattu d'un coup de masse sur le crane, tâchant déjà la neige de rouge alors que ce garçon d'à peine treize ans s'effondrait sur le sol.

J'étais parti en sens inverse, battant la neige avec mes bottes fourrées pour atteindre avant les carrières l'espèce de semi-montagne. Je trouvais refuge dans un coin reculé, dans une toute petite grotte. Déjà occupée par Solveig, qui avait privilégié la prudence et n'avait pu attraper qu'un minuscule sac bleu avant de se chercher un abri. Car nul doute que ceux qui n'en auraient pas trouvé avant les carrières seraient condamnés à rester dans le froid, en plein vent, au risque de mourir gelés avant même d'avoir pu se battre. Solveig et moi avons conclu une alliance temporaire, elle partagea l'abri qu'elle occupait, et je partageais mes provisions plus conséquentes. Elle n'avait même pas d'armes.

Six tributs trouvèrent la mort dans la joute de la Corne d'Abondance, leurs portraits brillaient dans le ciel le soir même. Je me surprenais à regarder les étoiles un long moment avant de me pelotonner dans mes fourrures pour la nuit. Les jours passèrent, suffisamment remplis de morts pour que les Juges nous laissent dans notre abri. J'espérais que ça ne dure pas indéfiniment néanmoins, mes provisions s'épuisaient vite, et ce n'était pas la faute de Solveig. Elle ne mangeait que très peu, à peine un bâton de bœuf séché et un biscuit par jour. Elle se remplissait l'estomac de neige, et je la laissais faire. Après tout, sa survie m'importait peu, tout ce qui comptait pour moi, c'était de rester lucide, et d'attendre le bon moment pour sortir de mon trou. Car j'étais conscient qu'il me faudrait sortir tôt ou tard. Au bout de trois jours, déjà neuf autres tributs étaient morts, nous n'étions plus que neuf. Je ne voulais pas savoir s'ils avaient congelé sur place ou si les carrières étaient passés par là. J'attendais, tournant et retournant entre mes doigts le pendentif de Tino. J'étais rongé par la culpabilité d'avoir tué ce garçon du Neuf, dont le nom m'échappait, mais qui n'était qu'un enfant de treize ans. Je ne pouvais m'empêcher d'imaginer l'expression d'horreur et de dégoût sur le visage de Tino quand il avait vu ça. Car il l'avait vu, c'était obligé.

De l'autre côté de la petite grotte, Solveig dormait, amaigrie, recroquevillée sur elle-même, serrant contre elle son manteau de fourrure, seuls son visage et sa tignasse blonde s'échappaient de l'amas fourré. J'avais levé les yeux vers elle, remarqué son immobilité, ses lèvres bleuies, son air paisible et ses doigts noircis. Et le canon avait retentit.

And know

Our star-crossed love has materialized

We've locked our fate

Right here right know

J'avais dû quitter la grotte, laisser l'hovercraft récupérer Solveig. J'avais emporté le reste des provisions, et je savais que là, les choses allaient s'accélérer. Le soir même, le portrait de Solveig brillait dans le ciel, accompagné par celui d'une fille du Douze. Nous n'étions plus que sept. Les quatre carrières, les deux autres, et moi. Je m'étais blottit entre deux rochers pour la nuit, attendant l'aube avec une impatience malsaine. Et alors que le Soleil perçait à l'horizon, je me mis en quête des deux tributs qui n'étaient pas des carrières. Si j'avais bien compté il s'agissait des deux tributs du Dix, qui avaient dû s'allier, comme Solveig et moi quelques jours plus tôt. Je n'avais eu aucun mal à les trouver, ils s'étaient simplement cachés dans la Corne d'Abondance, crevant de faim à l'abri du vent, au milieu des morceaux puants de cadavres que les hovercrafts n'avaient pu ramasser. Et ils m'avaient regardé avec des yeux ronds avant que ma masse ne s'abatte sur le crane du premier dans un craquement sinistre aussitôt suivit d'un coup de canon. Le second chercha à se défendre avec un couteau à crans d'arrêt, mais trop affaibli par le froid et la faim, il ne fit pas long feu et sa tête fracassée percuta le sol en à peine cinq minutes de lutte.

Le vent était de plus en plus fort, une tempête de neige me poussait vers les carrières, et, chose inespérée, un parachute se posa devant moi. J'avais donc des sponsors ? Je ne l'aurais jamais cru. Et pourtant. Des lunettes infrarouges m'attendaient dans un paquet soigneusement ficelé. C'était donc cette nuit ou jamais. Je les ai mises par-dessus mes lunettes de vue humides de neige quand l'arène avait sombré dans l'obscurité. J'avais commencé par tuer l'archer du Un qui montait la garde à l'entrée de leur caverne. Aussitôt, sans bruits, je me glissais à l'intérieur, profitant des quelques secondes d'avance que me donnait le laps de temps entre le moment où l'archer s'était effondré et celui où le canon retentirait.

J'avais abattu la fille qui avait accouru dans ma direction en entendant le canon, une lampe torche à la main. Je jetais la lampe au loin, n'en ayant pas besoin. Les deux derniers étaient sur leurs gardes. Ils savaient que c'était la fin, et que l'un de nous trois allait gagner, leur alliance se brisa à ce moment là. A la lueur de leur feu de bois, ils attaquaient, chacun pour soi. Je ne compte pas les coups de couteau, d'épieu et de poing que je me suis pris ce soir-là, seule la victoire m'importait. Le premier s'effondra, un couteau papillon enfoncé dans la gorge. Et une vive douleur me transperça le flan en même temps que l'avait fait le second couteau d'Alban, le tribut du Deux qui était le dernier debout. Pantelant, j'avais du mal à soulever ma masse, et je m'étais jeté sur lui, décidé à en finir à mains nues. Il appuya sa lame dans mes côtes, tandis que je m'appliquais à frapper le sol avec son crâne. Inlassablement, je frappais, je me fichais de voir le sang tacher la roche, s'insinuer sous mes ongles, m'éclabousser le visage, je ne me suis arrêté que quand le canon a retentit pour la vingt-troisième fois.

She doesn't know

The effect she can have

No she doesn't know

The effect she can have

Les festivités du Capitole à l'annonce de ma victoire, je les avais supportées sans broncher. Je ne décrochais pas un sourire, une parole, j'étais simplement obnubilé par mon désir de rentrer chez moi. A l'interview de Caesar Flickerman, Douglas me secoua pour que j'accepte de répondre. Je le fis, d'une voix morne, voulant le plus vite possible mettre un terme à toutes ces futilités. Douglas et mon mentor justifièrent mon manque de paroles par l'impatience de retrouver ma bien-aimée, pour laquelle j'avais remporté les Jeux de la Faim. Je tripotais d'un air absent le pendentif, qui, malgré avoir été récuré maintes fois, était devenu terne, son odeur de fer me rappelait celle d sang et me filait la nausée alors que cette pièce d'argent était censée être mon seul réconfort. Enfin, on me faisait grimper dans le train qui me ramènerait chez moi.

C'était la fête au district Sept. On m'accueillit en héros, j'ai du serrer des centaines de mains ce jour-là. J'étreignais mes parents, je soulevais Snäll et ébouriffais les cheveux de Jørgen. Je voyais Johan et Søren au loin, de grands sourires étiraient leurs lèvres, Johan levait les pouces en ma direction, surexcité. Ils avaient dû fêter ça autour d'une pinte de bière. Et c'est là que je le vis, à l'écart, les bras dans le dos, un grand sourire éclairant son visage. Tino m'avait attendu, comme je lui avais dit à la télé. J'avais présenté mes condoléances à la famille de Solveig avant de m'approcher de lui, et avait passé autour de son cou le cordon au bout duquel pendait la croix d'argent. J'avais retrouvé celui que j'aimais, de tout mon cœur d'adolescent. Et j'étais heureux. Tout simplement.

Just one kiss and

I will be hooked to her fire

Her flames are surrounding me now

As we watch as they light up the sky

We must stand up and fight

Deux ans après, j'approchais de mes dix-huit ans, Tino des dix-sept, et je n'étais plus inquiété par les Jeux. JE devrais faire le mentor, mais c'était un mal pour un bien, puisque ma famille avait maintenant une grande maison, et que je passais mes samedis à aider Tino à la rénovation du toit de la maison de la sienne. Prétexte idiot pour se voir en tête à tête. Voilà que mon doux quotidien se retrouvait à nouveau chamboulé par la voix criarde de Douglas qui avait braillé le nom de mon petit frère, qui subissait sa première Moisson. J'allais crier, mais Tino fut plus rapide que moi, se portait volontaire à la place de cet enfant qu'il aimait autant que son propre frère. Dans mon monde, il n'y avait plus que la figure résolue de Tino, les joues trempées de larmes de Snäll et l'expression horrifiée de Johan. Je sais qu'il s'en veut de ne pas avoir attendu pour se porter volontaire, mais qui aurait pu deviner que le sort frapperait de nouveau la fratrie Oxenstierna ?

Maintenant, j'attends dans l'Hôtel de Justice que Tija, Jussi et Antero, la famille de Tino, fassent leurs adieux à celui qui s'était sacrifié pour un autre. Je suis obligé de les entraîner, Johan et lui, à être les meilleurs dans l'arène, mais je ne peux en sauver qu'un seul. Mon choix est déjà fait, et ça se voit. Tellement que Søren, en sortant de la pièce réservée à Johan et ses proches, me colle un coup de poing dans le ventre, pour la forme. Un sourire d'excuse et il s'en va, certainement pour boire un coup. Et je reste, une main sur l'estomac, seul, devant la porte close à travers laquelle j'entends distinctement les pleurs de Tija. Je garderai Tino en vie, même si je dois désobéir au Capitole, je ferai tout mon possible.

Cause this love is not a game to me

We'll survive

And start an uprising

You can ignite

Stand and fight

Don't cave in

So let's the Games begin