Disclaimer : Tous les personnages de JKR sont co-pirates.

Résumé : Lord Voldemort, Severus Rogue, Harry Potter. Trois hommes, trois générations, trois destins liés. Pour l'un d'entre eux la route touche à sa fin.

Note de l'auteur : Comme Mimi Geignarde, j'étais seule, je pensais à la mort... Pas à la mienne bien heureusement, mais à celle que je pourrais réserver au Seigneur des Ténèbres. Et à force d'y penser, quelque chose s'est construit qui pourrait bien être une fic. La suite nous le dira ! Le principe, trois points de vue qui s'observent, ceux de Voldemort, Rogue et Potter, autour du Maître qui souffre d'un mal qu'il ignore et qu'il cache. J'ai une idée de structure j'ai un début, j'ai une fin, mais juste un gros flou entre les deux. Si le concept vous plaît, il va falloir vous armer de patience pour avoir la suite, d'autant que cette fic tombe pile poil au mauvais moment, en période d'exams... Y'a pas à dire, je sais me vendre, tout cela incite à la lecture !

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Chapitre 1 : Seul

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Personne ne sait ce qui m'arrive. Moi-même je ne comprends pas. Bientôt trois ans que je décline. Aujourd'hui au paroxysme de ma puissance, jamais je ne me suis senti aussi faible. Je peux terrasser mes ennemis d'un seul geste, mais les foudroyer de mon regard de braise ne me divertit même plus. Je suis las.

Je suis le maître incontesté du monde magique, du monde entier pourrais-je même dire. Je tiens la terre dans le creux de ma main et il me suffit de resserrer un peu les doigts pour la faire imploser. Mais je me sens trop fatigué. Je ne sais pas. Une langueur m'a sournoisement envahi. J'ignore ce que c'est. J'ignore comment. J'ignore pourquoi. Mais c'est en train de me ronger de l'intérieur. C'est en train de me détruire. Je vais mourir. Et personne ne le sait.

Est-ce que Lord Voldemort, le Seigneur des Ténèbres peut confier sa faiblesse ? Il a lui-même du mal à la reconnaître, à se l'avouer... Et quand bien même, si j'osais : qui ? Qui serait prêt, apte, à recevoir mes confidences et à m'épauler pour me sortir de ce bourbier dans lequel je m'enfonce ?

Peter Pettigrow ? Cet être abject qui est la honte du monde sorcier. J'ai parfois le sentiment d'être le réceptacle des raclures dont se débarrasse Dumbledore. Les irrécupérables. Des êtres tellement vils, tellement bas, pleutres, qu'ils en arrivent même à avilir les mangemorts eux-mêmes. C'est dire.

Mais qu'est-ce que je raconte ? Voilà que ça me reprend. Ce cynisme qui s'immisce dans mes pensées jusqu'à me dégoûter de mes hommes et de moi- même. Pettigrow est certes l'ignominie de la condition sorcière mais il n'entachera pas plus longtemps la grandeur de la marque des Ténèbres. Je vais le faire disparaître. Il ne me sert plus. Sa tâche est accomplie, son unique tâche. Sa seule réussite. Et encore, j'en viens à douter quand je vois ce que je suis devenu. Est-ce qu'il m'aiderait encore si je lui disais ma faiblesse ? Est-ce qu'il me sauverait une deuxième fois ? J'en doute. Il a peur. Il regrette. Cet être infâme transpire la terreur et le remord par tous ses pores, à tel point qu'il est inutile que j'aille fouiller dans ses pensées. Je suis persuadé qu'il jette un œil nostalgique sur son passé de maraudeur, peut-être même sur ses douze années de vie étriquée dans la peau d'un rat. Cela, j'arrive à le sentir dans la pestilence des effluves ammoniaquées qui le nimbent. C'est décidé : demain je le tue. Si j'en ai le courage.

Qui donc ose pénétrer dans mon antre sans s'annoncer ? Lucius Malefoy... Si je ne dis rien à Pettigrow, ce n'est certainement pas à celui-ci que je vais livrer mes secrets. Inutile de lui parler, de toute façon, il a déjà perçu que quelque chose avait changé malgré mes efforts pour ne pas le montrer. Regardez-le ce fielleux Malefoy, qui ne voile même plus l'arrogance dans son œil glacé quand son regard croise le mien. Il n'attend qu'une chose, ce vil charognard, monter sur le trône. Que ne l'aurait-il déjà fait depuis longtemps s'il possédait ne serait-ce qu'une once de ma puissance. Même si je répugne à l'employer, elle demeure intacte. Voilà ce qui t'arrête, Malefoy, l'hypothétique fureur du Maître en pleine possession de son pouvoir. Alors tu attends ton heure. L'heure où le noble et riche sorcier au sang-pur détrônera son Maître sang-de-bourbe. Je lis en toi, Malefoy. Tu me méprises de toute ta superbe. Baisse les yeux Malefoy, ôte de moi ce regard victorieux qui me renvoie l'image de ma déchéance. Ne joue pas à cela avec moi, serviteur tu es, serviteur tu resteras jusqu'à la fin. Si mes forces s'amenuisent, si ma volonté me quitte, si ma haine s'estompe, tout n'est pas fini encore.

« Endoloris ! »

Je t'avais prévenu Malefoy. Relève-toi et débarrasse-moi immédiatement de ta présence qui m'insupporte. Je sais que ce sortilège qui t'a plaqué au sol, qui t'a fait convulser comme un dément, ne t'a pas fait plus mal qu'une pichenette d'enfant. Toute ma puissance dépouillée de ma rage meurtrière. Spectaculaire, toujours efficace, mais étrangement indolore. Je ne comprends pas. Tu quittes la pièce sans même prendre la peine de courber l'échine...

Les autres sont trop bêtes pour s'en apercevoir. Sauf peut-être... Rogue. Mon favori, mon espion. Tellement rusé, tellement habile que j'en arrive parfois à douter. Cette feinte abnégation pour Dumbledore, sa haine affichée pour Potter, sa duplicité ostensible... Moi-même j'ai peur de m'y perdre. Pour qui travailles-tu réellement Rogue ? Des années que je me pose la question. Tu es trop important pour que je te perde. Indispensable. Tu as su te rendre indispensable auprès du Maître incontesté. L'agent double. Mes yeux dans Poudlard. Et c'est aussi pour cette raison que je ne te confierai pas ma vie. Qui sait si tu ne la livrerais pas à ce vieux fou ? Lui as-tu seulement dit à quel point tu me trouvais changé, transformé. Je lis dans ton regard que tu ne me reconnais plus, que tu ne reconnais plus en l'homme qui te fait face le Maître qui t'a formé à l'art du supplice, aux délices de la torture. La mansuétude, la miséricorde, la pitié pour ces victimes que j'épargne...

Disparaissez tous ! Je veux être seul.

Que m'arrive-t-il ? Je ne me supporte plus. Celui que j'étais, celui que je suis devenu. Ils s'affrontent en moi et je ne peux les départager. Combat à mort. Je perds à tous les coups.

C'est lui. C'est lui. Et maintenant il le sait. Il a gagné.