Fragment de vie

Et voilà mon premier one shot Doctor Who, je viens de commencer la série (oui oui je sais… ) Celui-ci fait suite à l'épisode 2.13. Je pense qu'il y aurait une suite, on verra si je la termine. Voilà que dire d'autre à part bonne lecture (et que j'adore les reviews)


Rose Tyler posa le regard sur le berceau où dormait paisiblement sa fille, son tendre bébé, son miracle. Cette nuit elle n'avait pas pu la laisser seule dans leur chambre. Elle n'avait eu le cœur de laisser la seule chose qui lui restait du Docteur. Cet homme qui lui avait fait découvrir ce que c'était de vivre… et d'aimer aussi. Elle était rentrée de Norvège le cœur gros. Son dernier espoir de retourner auprès du Docteur, envolé. En même temps, elle s'en doutait, elle le sentait au fond de son âme. C'est pour cette raison qu'elle avait laissé son enfant à la nourrice, lui épargnant un long voyage. Rose ferma les yeux l'espace d'un instant, elle ne voulait plus de larmes. Elle en avait versé pendant des mois maintenant elle devait vivre pour sa fille à défaut d'être capable de se reconstruire en tant que femme. Soudain la porte de sa chambre s'ouvrit faisant sursauter l'ancienne compagne du Docteur. Reconnaissant sa mère, Rose sourit doucement. Un pâle sourire sans vraiment que le cœur ne suive.

-Viens au salon, Rose.

-Je ne peux pas la laisser.

-Ton babyphone est actif, Rose, elle ne va pas s'envoler. Elle restera avec toi pour toujours.

-Je devais rester avec lui pour toujours…

-Rose…

-J'arrive, laisse moi une minute.

Jackie Tyler acquiesça avant de refermer la porte de la chambre de sa fille et de sa petite fille derrière elle. Elle pouvait comprendre la réaction de sa fille d'avoir son enfant près d'elle alors que le bébé devait avoir une chambre tout à coté. Rose posa un nouveau regard sur sa fille avant de poser sa main sur sa poitrine pour sentir le battement régulier de ses cœurs. Puis elle ramassa le petit appareil pour rejoindre sa mère dans le salon du manoir. La pièce était chaleureuse, douce, et le feu ronronnait dans la cheminée. Alors qu'elle prenait place dans le canapé, remontant ses genoux contre elle dans un signe de protection, Jackie lui tendit une tasse de thé. Elle commençait à bien connaître sa fille. Du moins celle qu'elle était devenue grâce au, ou à cause du docteur.

-Merci.

-De rien. Je l'ai sucré. Tu as besoin de prendre un peu de poids…

-Maman, murmura Rose dans un ton de reproche bien que trop fatiguée pour lutter.

-Je t'en prie. Tu dois te battre un peu pour Galina. Tu as à peine prit de poids pendant ta grossesse, tu as failli y rester pendant ton accouchement. Et la seule chose qui t'a redonné des couleurs ses derniers temps c'est quand tu as entendu son appel. Regarde-toi dans un miroir Rose Tyler, on pourrait jurer que tu n'as jamais été enceinte.

-Tu me l'as déjà dit mille fois.

-Et bien écoute ! Ta fille est comme lui. Et tu es la seule qui en connaisse assez sur sa race pour pouvoir l'élever.

-Je sais.

-Pourquoi tu ne lui as rien dit ? Je veux dire, quand il est venu en Norvège.

-Maman, mon Docteur a brulé un soleil juste pour me dire en revoir. Il est… il croyait être le dernier de sa race, s'il apprenait qu'il y avait désormais un autre gallifréen…

-Gallifréen ?

-Gallifrey… C'est sa planète. Non, il vaut mieux qu'il ne sache pas pour Galina.

-Il avait 900ans ! Tu n'en as que 19 !

-20, maman.

-Il n'empêche ! Tu n'es qu'un bébé pour lui. Combien de fois as-tu partagé son lit ? Comment il fait son compte pour te mettre enceinte.

-Maman !

Le babyphone émit quelques grésillements et par instinct, Rose se tourna vers lui, prête à se lever pour se rendre dans la chambre.

-Tous les bébés font du bruit en dormant. Toi-même tu n'étais pas très silencieuse.

La jeune femme ferma les yeux avant de se réinstaller confortablement dans le canapé.

-Trois fois.

-Pardon ? demanda Jackie en cherchant le regard de sa fille.

-J'ai partagé trois fois son lit. Et chaque fois il a reculé. Il avait peur. Peur de me faire du mal… peur de se faire du mal.

Jackie tenta de croiser le regard de sa fille mais celle-ci semblait tellement loin. En effet, Rose était dans les souvenirs de sa dernière nuit avec le Docteur. Ils avaient eu une sorte d'empressement comme si c'était la dernière fois qu'ils se voyaient. Ils venaient de regarder le feu d'artifices des JO de 2012, après ça ils étaient rentrés au Tardis et alors qu'elle avait cherché à en savoir plus sur la tempête qui se préparait, il l'avait bousculé contre le mur du Tardis et l'avait embrassé comme si sa vie en dépendait. Cette nuit là, il lui avait fait l'amour avec une force tranquille et la folie d'un homme qui avait peur. Il lui avait également fait un merveilleux cadeau.

-Rose !

La jeune femme revint à la réalité et croisa le regard de sa mère qui fronçait les sourcils.

-Je suis désolé. Je pensais à… Non rien.

-J'ai une petite idée mais je ne veux pas en savoir plus, je le tuerai de mes mains surtout.

-Maman !

-Tu l'aimes vraiment…

-C'est l'amour de ma vie, maman. Je n'aimerai personne d'autre comme je l'aime.

-Tu es jeune, tu…

-Non. Il n'y aura personne d'autre. Et si je dois jamais le revoir, alors je passerai ma vie à me concentrer uniquement sur Galina. Elle est si spéciale.

-Ça pour être spéciale… Pourquoi Galina ? Pourquoi l'avoir appelé comme ça ?

-Galina est le nom d'une planète dans le système de Tora. Une toute petite planète avec un centre de repos.

-Pourquoi un centre de repos ?

-Je… J'ai été très malade, maman. J'ai attrapé une maladie qui s'appelle la Roratite, bénigne pour la plupart des humains du futur mais pas pour moi.

-On va où maintenant, docteur ?

-Je ne sais pas ! Qu'est ce que vous pensez de Janvier 1900. La première de l'opéra La Tosca est donnée à Rome au Teatro… Rose ?

-Je vais bien docteur…

Mais la jeune femme oscillait gravement. Le bourdonnement de ses oreilles était entrain de la rendre folle. Elle avait si chaud. Elle retira sa veste en titubant à bord du Tardis avant de s'écrouler dans les bras du Docteur.

-Rose !

Il lui posa une main sur le front pour découvrir qu'elle était brulante de fièvre.

-Non ! Non ! Rose accroche toi.

Il la posa délicatement sur le sol avant de rouler en boule sa veste pour la mettre sur le sol. Se relevant comme un diable sortant de sa boite, il activa plusieurs commandes du Tardis. Une fois à destination, il quitta la boite bleue, son précieux trésor dans les bras. Il était bien arrivé à bonne destination. Il était dans un hôpital du 51ème siècle.

- Aidez-moi ! Je vous en prie ! Mon amie est malade.

Le docteur était paniqué. Rose dans les bras, il n'avait jamais eu aussi peur de toute sa vie. Il savait que la maladie ne se soignait pas avec des mots. Trois personnes prirent en charge la jeune femme, laissant seul le docteur dans le couloir pendant plusieurs heures. De longues heures, les plus longues jamais connu en 900ans quand un médecin sortit de la salle d'examen.

-Comment va Rose ?

-Elle… On ne peut pas faire grand-chose pour elle, son système immunitaire est très primitif. Elle n'a pas les anticorps pour résister à la Roratite.

-C'est une maladie infantile…

-C'est bien pour ça que nous n'avons pas de traitement. Nous allons la mettre sous antibiotique pour stimuler son système immunitaire mais en réalité elle a besoin d'anticorps maternels et elle n'est pas compatible avec les échantillons dont nous disposons.

-Vous avez bien d'anciennes bases de données !

-Je suis désolé mais cette jeune femme est unique, elle va devoir s'en sortir par elle-même.

-Je vais la conduire ailleurs…

-Je regrette mais elle est trop faible pour être déplacé.

Le docteur repoussa le médecin pour entrer dans la salle. Rose était là allongée dans ce lit, le visage plus pâle que jamais. Une infirmière lui passait un linge froid sur le visage pour essuyer la sueur qui en perlait. Le docteur la lui prit des mains pour s'occuper lui-même de la jeune femme.

-Elle va devoir être veillée nuit et jour.

-Je vais m'occuper d'elle. C'est de ma faute si elle est malade.

-Je suis sûre que vous ne le vouliez pas…

-Je vais la veiller.

Une semaine durant, le docteur avait veillé la jeune femme, ne la laissant que pour que les infirmières puissent lui faire sa toilette. Il avait été tellement soulagé quand elle avait ouvert les yeux à l'aube du huitième jour.

-Docteur… dit-elle dans un filet de voix à peine audible.

-Ça va aller maintenant Rose. Oui ça va aller. Je vais prendre soin de toi.

-J'ai mal à la tête.

-C'est parce que tu as besoin de prendre l'air. Je vais te conduire un peu dehors.

Avec précaution, le docteur l'enveloppa dans une couverture avant de l'entrainer avec lui à l'extérieur de la maison de repos de la planète Galina. Après le diagnostic, elle avait été transféré là par les médecins incapables de la soigner. Tout le long du trajet, le docteur l'avait porté à moitié. Ses muscles avaient fondu et ne la portaient plus.

-Doucement Rose. Doucement. Tu reviens de loin.

Dehors le jardin était magnifique et les fleurs avaient une douce odeur de miel. Et les deux s'installèrent sur un banc pour regarder les étoiles à travers la couche d'atmosphère de la planète.

-Nous sommes où ?

-Sur la planète Galina. J'ai eu tellement peur de te perdre.

-C'est rien… Je vais mieux maintenant.

-Ta mère va me tuer.

-Y'a des chances !

Et ils étaient restés là pendant des heures dans les bras l'un de l'autre à regarder le ciel.

-Tu as l'air de connaitre bien des détails pour quelqu'un qui était inconsciente.

-Il n'a pas voulu que nous partions de suite après ma guérison. Il était terriblement inquiet et nous sommes restés un peu plus d'une semaine à savourer le calme de l'endroit, même si lui était terriblement agité. Je l'ai obligé à partager ses souvenirs. Je me suis vue comme il me voit maman. L'espace d'un instant, je me suis sentie… importante. Plus importante que je ne m'étais jamais sentie. Si tu avais pu voir… Et toi maman ? Comment tu te sens ?

-Les nausées vont me rendre dingue.

-J'ai mal maman. J'ai si mal.

Jackie se leva pour prendre sa fille dans ses bras. Epuisée, Rose s'endormit après avoir versé un torrent de larmes. Une bonne heure plus tard, Pete apparu dans la pièce.

-Elle s'est endormit, murmura Jackie à l'adresse de son mari.

Doucement, il s'approcha pour la prendre dans ses bras comme il l'avait fait des milliers de fois pendant la grossesse de la jeune femme. Quand elle s'endormait dans son laboratoire, à la recherche d'une solution pour retourner dans l'autre monde. Traversant la maison, il la déposa sur son lit avant de la border. Repoussant une mèche de cheveux, il laissa ses doigts glisser sur son visage. Rose. La fille de Jackie et d'une certaine manière la sienne. Elle était une enfant si courageuse, mais si torturée. Il pouvait la comprendre, lui qui avait également perdu sa moitié. Et il avait eu une seconde chance contrairement à elle. La posant sur le lit, il la borda comme une enfant avant de contrôler que Galina dormait également paisiblement. Puis il rejoignit Jackie, dans le salon.

-Elle dort ?

-Oui. Ecoute Jackie. Il faudrait peut être penser à la faire voir à un psychologue de Torchwood.

-Pete… Ce n'est pas une bonne idée. Rose est forte, elle va s'en sortir.

-Rose est épuisée, elle a à peine la force de s'occuper de Galina. S'il n'y avait pas la nourrice…

-Tu dis qu'elle est une mauvaise mère ?

-Je n'ai pas dit ça, Jackie. Rose est une bonne mère quand elle arrive à ne pas tomber d'épuisement. Elle se noie dans le travail, elle s'est endormit plusieurs fois à l'Institut.

-Rose est têtue. Elle a tout sacrifié pour suivre le docteur. Elle pensait passer sa vie avec lui. Rose est aussi têtue que toi, Pete.

-Je ferais tout pour l'épauler du mieux que je peux. Galina sera aussi en sécurité. Je te le promets. Ce qui lui fait le plus mal je crois c'est qu'elle savait qu'il ne la prendrait pas avec elle.

-Comment ça ?

-Elle a laissé Galina à la maison.

Pensive, Jackie posa sa tête sur l'épaule de son mari avant de fermer les yeux. Elle avait toujours voulu que sa fille revienne à ses cotés mais voilà pas comme ça, pas dans ses conditions.


Voilà…