Disclaimer : Rien de l'univers ou des personnages de Hannibal ne m'appartient, ni la version de la NBC, ni les versions écrites ou filmiques précédentes ou à venir.

Paring : Hannibal Lecter / Will Graham

Spoilers : Saison 1 et 2. (Ne prend pas du tout en compte la saison 3)

Avertissements : Violence, gore, cannibalisme, mentions de sexe.

ATTENTION :

La relation décrite dans cette fanfiction n'est pas saine. Les personnages de Hannibal Lecter et de Will Graham ont des personnalités torturées qui ne doivent en aucun cas servir d'exemple à suivre pour une vie personnelle, ou d'arguments au cours de débats concernant l'évolution d'une relation amoureuse. L'abus et la manipulation, sous toutes formes, doivent être fortement prohibés. Prenez soin de vous.

Je sais que ça peut paraître évident, mais ce sont des choses qui vont mieux en les disant. Bien, maintenant je me tais ! J'espère que ça vous plaira, l'histoire vient en cinq morceaux, publiés le vendredi pour les semaines à venir. :)

Enjoy !

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- Chapitre 1 -

Hannibal pensait qu'ils avaient une connexion particulière. Il se trompait. Tout ce qu'il lui avait fait avait été de lui mentir, de le manipuler et de lui mentir encore. Il l'avait drogué, abusé, trompé. Il avait voulu le changer en monstre et voilà ce qu'il allait récolter aujourd'hui. La fureur d'un homme qui aurait pu être son ami, mais qu'il avait brisé.

Will, le regard dans le vide, loin derrière l'épaule de Jack, avait quitté ce bureau depuis bien longtemps. Les pieds dans la rivière, Abigail à ses côtés, il avait les hameçons juste assez acérés pour découper un homme. C'était ce à quoi il pensait alors qu'il lançait sa ligne loin dans le courant devant lui. Elle aurait pu être sa fille, pendant un moment elle l'avait été. Quelque jours, quelques semaines. Encore un bonheur qu'il lui avait enlevé.

-Tu penses à lui ?

La voix douce et tendre de la jeune fille debout avec lui fit tressaillir sa mâchoire, puis il sourit. Il sourit comme s'il avait oublié qu'elle n'était pas réelle et que, dans cet instant, dans son esprit, elle était tout aussi vivante que lui.

-Oui, souffla-t-il.

Il tenait à deux mains le manche de sa canne à pêche et elle glissa un bras autour du sien comme une fille aurait tenu celui de son père un dimanche à la campagne. Elle soupira doucement, si doucement qu'il ne put que le sentir. Sentir comme elle était bien, ici, au chaud dans ses souvenirs.

-Et comment tu l'imagines ?

Elle le savait, parce qu'il le savait. Il actionna sa moulinette et remonta, sans se presser, son fil de pêche. Il y avait dans les sous-bois une présence qu'il connaissait bien et il esquissa un sourire en ne le regardant pas. Un cerf immense déambulait à quelques mètres, confortablement camoufler entre les branche d'un mois d'été. D'un geste long et ample, il jeta à nouveau le fil à pêche dans l'eau.

-Mort.

Voilà comment il l'imaginait. Il avait déjà de nombreuses, nombreuses fois visualisé son assassinat. Il voulait le voir mourir de ses mains, son regard plongé dans le sien. Il voulait lui montrer la souffrance, celle qu'il lui avait infligé, celle qu'il avait ressenti. Celle qu'il ressentait aujourd'hui encore. Il voulait le voir s'accrocher avec difficulté à ce qui restait de sa vie, puis rendre son souffle en ayant vu ce qu'il avait fait de lui.

Will ne pouvait pas nier qu'Hannibal l'avait changé. Will était différent. Mais aujourd'hui Will était en colère et Hannibal bientôt succomberait à sa création. Il n'était pas un meurtrier, mais il serait le sien.

Jack garda le silence assez longtemps pour que lorsqu'il l'appellerait il capterait son attention. Ça fonctionna. Will reposa ses yeux sur lui et son air éternellement à demi-inquiet. Jack était hypocrite. Il était son ami et il était du côté de ceux qui voulaient être justes, mais il était aveuglé par le pouvoir que lui procurait un agent prêt à intervenir. Will n'était pas un agent, mais Will faisait l'affaire.

-Si on veut attraper Hannibal, dit Crawford, je vais avoir besoin de vous.

William n'avait que trois amis, et de ces trois Jack était celui qui s'approchait le plus de l'image que le commun des mortels se faisait de l'amitié. Les mains jointes, il le regarda de tout son sérieux. Il n'était pas question qu'il se sente obligé, qu'il agisse sous la contrainte, ou encore qu'il accepte s'il n'était pas certain de ne pas retomber avec son psychiatre dans une spirale destructrice quelconque. Vous êtes partant ? Will esquissa un sourire.

-Oui.

Il l'était. Jack répondit à son sourire par un rictus prudent. Il avait un plan, il le lui expliqua. Will se laissa l'écouter alors que ses yeux repartaient au loin, vers de plus calmes horizons. Hannibal allait toucher à sa fin, et elle porterait son nom. Le nom de Will Graham, l'homme qui aurait pu l'aimer.

Peut-être ne se rendait-il pas compte d'à quel point il l'avait apprécié. Leurs séances, son humour, et cette compréhension à son égard. Il ne l'avait jamais forcé, ni à parler, ni à se confier. Ils avaient échangé, il lui avait souri. Il pouvait encore avec précision se souvenir du tout premier véritable sourire qu'Hannibal avait eu en sa présence. L'air un peu étonné, les yeux dans les siens et sa lèvre assez levée pour apercevoir ses dents.

C'était une chose étrange que la sincérité de la relation qu'on pouvait entretenir avec quelqu'un. Will aurait longtemps juré qu'Hannibal ressentait pour lui la même amitié qui l'animait lui. Aujourd'hui encore il ne se serait pas risqué à penser qu'il l'indifférait. Il savait qu'Hannibal était curieux à son sujet, fasciné peut-être même, et c'était ce qui l'aiderait à le faire tomber.

Plus Hannibal tenait à ce qu'il avait fait de lui, plus il serait jouissif de le voir se comprendre trahi. La vengeance, paraissait-il, était un plat à manger froid. Il tardait à Will de partager avec lui le dernier de leurs soupers.

Il se l'imaginait... intime. Le moment de sa mort. Il disait à Jack qu'il voulait le mettre en prison. C'était un mensonge. Il savait que c'était ce qui se passerait, mais ce n'était pas ce qu'il voulait. Il voulait ses doigts contre son cou alors qu'il l'étouffait, sa main dans le creux de ses reins quand il le poignardait.

Il n'était plus question de garder ses proches en sécurité. Alana lui avait tourné le dos et il aurait pu déployer une armée pour la sauver de ses griffes qu'elle le lui aurait sans détour reproché. Abigail était morte, Jack se pensait sans peurs et Will n'avait plus cœur à se préoccuper des étrangers. Les innocents, les victimes, les numéros dans les dossiers. Il avait trop souffert de l'Éventreur de Chesapeake pour essayer d'en sauver d'autres. Il aurait sa vengeance, et elle serait aussi froide que personnelle.

Egoïste.

Voilà ce qu'elle serait.

Will prit congé de Jack et reprit sa voiture pour rouler jusqu'à chez lui. Ses chiens, voilà des amis qui étaient humains. Il savait qu'ils l'attendraient tous, regroupés, derrière sa porte fermée. Au bruit de son moteur ils s'ébroueraient à l'intérieur et il serait accueilli par amour et chaleur. Quelque chose qu'il avait perdu. Qu'on lui avait enlevé. Hannibal avait retourné amis et connaissances contre lui et, en prison, il avait été... seul. Et il fallait voir ce que le soutient de Beverly lui avait apporté.

Morte.

Il claqua la portière de sa voiture une fois garé devant chez lui. Ça aboyait déjà depuis la maison et il sourit, touché. Ses chaussures crissèrent sur le gravier, sa clé résonna dans la serrure. Il ouvrit et un, deux, trois, quatre, neuf, ils étaient tous là. Il alla à la cuisine entouré de ses canins et remplit leurs gamelles de croquettes et d'eau. Il jeta sa veste sur une chaise et mit de l'eau à chauffer. Il s'imagina le brûler vif. Mais c'était trop bruyant, trop brutal, trop violent.

Il mangea du riz, avec un steak haché. Il s'en était fait trop alors il posa le reste de son assiette par terre, pour que ceux qui voulaient se jettent dessus. Aucun de ses chiens ne se fit prier. Il avait déjà imaginé le faire manger par des bêtes. Mais c'était trop horrible, pour les bêtes. Il secoua la tête, nerveusement, comme pour chasser cette idée de son esprit. Il marcha jusqu'à sa salle de bain et s'y enferma. Il se déshabilla et, se glissant entre les parois de sa douche, alluma l'eau chaude. Puis l'eau froide.

Il s'imagina le noyer.

Quelque chose l'attira dans ce scénario. Mais c'était trop... froid. Il voulait le sentir près de lui, il voulait pouvoir le regarder dans les yeux. Il ferma les siens et leva le visage vers le jet de la douche. C'était agréable. Il souffla, doucement. Les mains fatiguées, il se lava sans se presser. Il devait se relaxer, c'était essentiel à son sommeil.

Il fut traversé d'un frisson et augmenta l'eau chaude. Il mit du shampoing dans ses cheveux et ferma les yeux avec plus de force quand il en coula sur son visage. Il se demanda si Hannibal avait mangé. Il ne l'invitait plus seul, depuis qu'il avait essayé de le tuer sans quitter sa cellule. Ça ne l'empêchait pas de continuer avec lui les séances psychiatriques, pourtant.

Will souffla l'eau qui s'immisçait entre ses lèvres. Il aurait aimé savoir où le docteur Lecter le situait. Est-ce qu'il était le premier, est-ce qu'il était le seul ? Est-ce qu'il y en avait eu avant lui, des cobayes ? Un peu, beaucoup ? Est-ce qu'il se détachait du lot, est-ce qu'il était noyé dans la masse ? S'il survivait, Hannibal, s'il s'échappait, est-ce qu'il se souviendrait de lui ?

Et s'il mourait. Est-ce qu'il le haïrait.

Ou serait-il déçu.

Will ne savait pas encore l'option qu'il préférait. Mais l'un ou l'autre, au fond, ça lui était égal. Il aurait gagné. Il ferma les robinets d'eau et sortit de sa douche, puis attrapa au passage une serviette qu'il frotta dans ses cheveux pour ne pas inonder son carrelage avant de la passer sur le reste de son corps. Il se sécha sur le chemin pour rejoindre sa chambre et, une fois là, ouvrit grand son armoire. Il y prit un caleçon et un tee-shirt, qu'il enfila l'un après l'autre.

Son grand lit était froid, il se pelotonna sous ses draps. Il ne comprenait toujours pas, quand il se donnait la peine d'y penser, comment il avait fait pour reprendre si vite une vie si calme, si normale qu'il se demandait parfois si elle était toujours la sienne. Ou était la fureur, ou était la haine, ou était cette envie de vengeance qui lui tordait le ventre ? Etait-ce dans la couleur neutre des murs de sa cuisine, dans la pression lambda du jet de sa douche ? Pouvait-on la voir dans la façon qu'il avait de nourrir ses chiens, ou de prendre son courrier du matin ? Ou bien est-ce que ce goût amer qu'il avait au fond de la gorge était le seul aspect qui trahissait cette chose qui grandissait au fond de lui... Il ferma les yeux.

Rares étaient ses nuits douces. Will avait le sommeil agité. Il l'avait toujours eu, ce n'était pas à dénier. Mais depuis qu'il avait rencontré Hannibal... ce qu'il lui avait fait... Will eut un frisson, se retourna entre ses draps. Rêves s'emmêlaient avec cauchemars tant et tant que, parfois, Will ne savait plus lesquels étaient quoi.

Peut-être parce qu'il restait confus des pensées qui le traversaient à la nuit tombée. Peut-être parce qu'il aimait ses mauvais rêves. Ou peut-être parce qu'il ne faisait maintenant plus la différence.

Et quand il entra dans sa première phase de sommeil paradoxal, son corps s'échauffa, frissonna, et ses draps se froissèrent sous cette lente agitation.

.

C'était doux sous ses doigts. Il avait chaud, et tout son être frémissait de désir. Il ouvrit les yeux, gémissant. Il n'avait jamais trouvé Alana si belle. Ses longs cheveux foncés s'étalaient sur la blancheur de leurs draps. Il donna un coup de hanche et les yeux fermés de la jeune femme se crispèrent, elle laissa échapper une plainte de plaisir. La bouche entrouverte, le souffle erratique.

-Will...

Il sentit ses ongles de femme s'enfoncer dans la peau nue de son dos. La chaleur de son vagin, humide, autour de son sexe érigé allant et venant, l'acte de l'amour à son point culminant. Elle les fit rouler et, les épaules contre les draps tièdes, Will ferma les yeux.

Elle joua des hanches sur son pelvis, et il posa ses mains chaudes sur sa taille fine. Avec une sensualité qu'il sentit jusque sous sa peau, elle se pencha dans son cou et lécha l'endroit ou pulsait son artère jugulaire. Elle embrassa, mordit, et il gémit.

-A-arrête...

Ça devenait douloureux. Trop de dents, de férocité. Elle le mordit plus fort encore et il cria de douleur. Il sentit presque se déchirer sa peau à l'endroit où elle avait posé ses dents. Il mit ses mains à ses épaules et poussa de toutes ses forces.

Les yeux ouverts de nouveau, il vit avec horreur le sang qui coulait de la bouche, sur le menton et le long de la gorge du docteur Lecter.

-Vous êtes malade... souffla-t-il.

Il avait aux lèvres un sourire déroutant, passa la langue sur le rouge à sa bouche et se pencha vers lui, prédateur, pour retourner à sa gorge. Will mit toute sa force pour le repousser, fit claquer le dos de son médecin contre le mur le plus proche. Il n'était plus ni nu ni habillé : il était en colère. Le maintenant de toute sa rage contre la surface dure, il avait une main prise à sa gorge et l'autre menaçant son abdomen d'un couteau à poisson.

Il voulait lui faire peur, il voulait lui faire comprendre qu'il avait sa vie entre ses mains, mais cet ordure ne se départait pas de son sourire d'arrogant.

Will, sans s'en apercevoir, fit grincer ses dents.

Il laissa tomber le couteau et, gardant une main sous sa gorge, enfonça ses doigts alors libres sous les côtes du psychiatre. Il voulait lui faire mal. Il poussa sur ses doigts jusqu'à ce qu'ils s'enlisent dans sa peau comme dans de l'argile. Il voulait effacer ce sourire de son visage. Mais le sourire s'agrandissait à mesure qu'il avançait dans son corps.

Et Will s'exaspéra.

Il poussa violemment sur son bras et sa main plongea dans la chair et le sang chaud, poisseux, de son vivant intérieur. Il sentait contre sa peau les organes palpitants de l'homme coincé contre lui, mais il n'était pas même capable de lui arracher ce sourire prétentieux.

Alors il remonta jusque sous sa cage thoracique. Il dut mettre tout l'avant bras pour aller jusqu'à la poitrine qui se soulevait plus vite, maintenant, tout contre lui. Les yeux dans ceux de son psychiatre, il vit dans son regard sa satisfaction quand Will fronça les sourcils, perplexe, quand il ne trouva qu'un grand vide dans l'espace bouillonnant, visqueux.

Alors l'autre lui fit signe de s'approcher de lui et, doucement, Will approcha son oreille des lèvres claires. Et ses yeux s'écarquillèrent quand Hannibal lui murmura :

-Je n'ai pas de cœur, William.

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Will se réveilla en sursaut, le corps transpirant, chaud, et froid. Le choc l'avait fait s'asseoir sur son lit, entre ses draps froissés. Nerveusement, il se retourna vers l'écran lumineux de son radio-réveil. 1H33. Le souffle tremblant, il expira lentement. Et, doucement, il se laissa retomber en arrière, la tête contre l'oreiller.

Puis il referma les yeux.

A suivre...


...Voilà voilà. J'espère que vous êtes toujours là... ^ ^ '

Si vous voulez me laisser un avis je serais ravie de le lire ! Et si ça vous a plu, je vous dit à la semaine prochaine (vendredi 19/06/15) pour le chapitre 2 :)

Chip.