Note : Erk... J'avais prévu de publier ça en une fois, mais je suis prise d'une crise d'inefficacité affligeante. Donc je vais publier une fois à la fois. Histoire née de mes discussions (délires) avec kami-sama myu =) (ah, et il y aura du slash Spock/Kirk, à partir du troisième chapitre...)
PIKE AND KIRK EPIC FATHER-SON RELATIONSHIP
Cinq fois où le capitaine Pike était là pour James Kirk jusqu'à ce que quelqu'un d'autre doive le remplacer.
1.
Jamais auparavant James Tiberius Kirk n'avait regardé un verre d'alcool avec autant de dégout. Sa main droite serrait le verre de liqueur à l'en briser mais la seule idée de le porter à ses lèvres lui donnait envie d'effectivement le détruire entre ses doigts. Il était perdu dans ses pensées, le regard fixé tantôt sur son breuvage, tantôt sur un point quelconque derrière le bar auquel il était accoudé. Il n'avait pas dit un mot depuis qu'il avait passé commande, à aucune des personnes qui l'avait approché.
Bones lui avait pourtant proposé de lui tenir compagnie.
« Il y aura d'autres diner-conférence sur la vaccination inter-espèce » insistait-il encore le manteau sur les épaules et la main sur la poignée de la porte d'entrée, quelques heures plus tôt. Jim avait secoué la tête, riant à demi, le poussant vers la sortie de leur appartement.
« Ne dis pas n'importe quoi, tu rêves d'intervenir à ce truc, tu me bassines depuis des semaines. Ne te fais pas prier, je m'en sortirais très bien ». Bones n'avait pas eu l'air convaincu mais il s'était laissé faire, sachant pertinemment qu'il ne pourrait pas faire admettre à son colocataire et ami qu'il n'avait absolument pas envie de passer cette soirée seule.
« Je ne rentrerais pas tard de toute façon, ma garde commence tôt demain. Appelle-moi si tu as besoin de quelque chose. »
Jim avait acquiescé vaguement, occupé à entretenir le sourire factice sur ses lèvres. Au moment où il pensait que le docteur allait finalement s'en aller ce dernier avait posé une main sur son épaule et l'avait regardé droit dans les yeux.
« Appelle-moi, hein ? Si tu as besoin, n'hésite pas je t'en prie. Appelle. »
Ce n'était pas que Jim ne voulait pas de Bones à ses côtés. Il lui était reconnaissant de son attention mais il préférait simplement gérer tout cela seul. « Ignorer n'est pas gérer » dirait McCoy. Mais McCoy n'était pas là, et Jim serrait trop fort son verre.
Jusqu'à ce qu'une main plus large que la sienne ne s'y pose gentiment pour desserrer sa prise. Il s'en rendit à peine compte et ne replongea dans la réalité que quand la voix indulgente de Christopher Pike l'interpella soudainement.
« Lâche ça, Jim. Tu as suffisamment de destruction de bien public à ton actif. »
Jim laissa le verre être repoussé loin de lui mais ne leva pas les yeux. Il observa tout de même du coin de l'œil le capitaine commander un triple sec sans glace et s'installer tranquillement sur le tabouret d'à côté.
« Comment ça se fait que vous arriviez toujours à me trouver ? »
Pike prit le temps de siroter quelques gorgées de son verre avant de regarder Jim avec un air que celui-ci eut du mal à déchiffrer. Quelque chose comme « Tu me prends pour qui, vraiment ? ». Le genre de regard que lui jetait sa mère quand il soutenait qu'il n'était pas responsable du vol de pièce détachée dans l'atelier de son beau-père. Penser à sa mère le fit grimacer il reporta son attention sur les défauts du comptoir.
« Tu n'es pas aussi difficile à percer à jour que tu ne le crois. Tu viens toujours ici quand les choses ne vont pas comme tu voudrais.
-Et qu'est-ce qui vous dit que les choses ne vont pas comme je voudrais, capitaine ? »
Encore ce regard, mais cette fois, Jim en connaissait la cause. Si Pike était capable de savoir où il se rendait spécifiquement pour noyer ses problèmes, il savait assurément pourquoi il y était en ce jour plus que les autres.
« Vous n'êtes pas à la cérémonie. » constata le jeune cadet pour changer de sujet.
« Toi non plus.
-Bien vu. »
Jim alla pour atteindre son verre – il n'était pas à l'aise dans cette situation et il ne savait pas quoi faire d'autre – mais Pike l'arrêta avant qu'il n'ait pu ne serait-ce que tendre le bras. D'une main sur le poignet, pas davantage, mais Jim se retrouva incapable de faire un geste, sentant le poids de la désapprobation du capitaine dans ce simple geste. Sa main retomba mollement. Il soupira de manière théâtrale.
« Qu'est-ce que je pourrais bien faire là-bas ? »
Il était aussi peu convaincu que Pike par la défiance dans sa question.
« J'ai parlé à ta mère. »
Malgré lui, Jim se crispa. Il regrettait maintenant de ne pas avoir bu ce verre et de ne pas pouvoir réparer cette erreur maintenant que les yeux critiques du capitaine Pike le scrutaient avec attention.
« Ah ? »
Il aurait aimé avoir l'air moins intéressé et nerveux à cette idée.
« Vous vous êtes disputés tous les deux ? A propos d'aujourd'hui ? »
Cela sonnait beaucoup moins comme une question que ça n'aurait due aux oreilles de Jim.
« Depuis quand êtes vous la meilleure copine de ma mère ?
-Ne soit pas insolent et ne change pas de sujet Jim. »
Le jeune homme était en colère soudainement. Il n'avait aucune raison de subir cette conversation pénible. C'était un sujet personnel et Pike avait beau être son supérieur, ça ne le concernait en rien, il n'avait rien à en dire.
Et pourtant.
Pour tout ce que Jim aurait aimer le rembarrer sèchement, lui dire de se mêler de ce qui le regardait et de lui foutre la paix comme il l'aurait fait avec n'importe qui d'autre qui serait venu le déranger pendant ses lamentations internes, pour autant qu'il aurait aimé dire à Pike qu'il n'avait rien à dire à ce sujet, il n'en avait pas la courage. Parce que Pike… Pike n'était pas n'importe qui.
« Pour répondre à ta question, j'ai connu ta mère en même temps que ton père il y a des années, et je l'ai recontacté depuis que tu es entré à Starfleet. Elle en était reconnaissante. D'après ce que j'ai compris, tu n'es pas du genre à donner des nouvelles régulièrement… »
Cela aurait pu sonner comme un reproche, mais comme souvent, Pike arrivait à dire cela comme s'il était concerné, et non déçu. Jim ne répondit rien. Comme si elle pouvait se plaindre de son manque de contact, elle qui avait passé des semaines, des mois hors de la planète quand il était enfant sans daigner les appeler directement, son frère et lui… Il fallait toujours qu'ils aient des nouvelles par l'intermédiaire de son compagnon. De n'en recevoir que de Pike à présent ? Elle l'avait bien cherché.
« Je ne suis pas plus de son côté que du tiens, Jim. Et ce n'est pas elle qui m'envoie. J'étais simplement inquiet pour toi. Je me suis dit que tu pourrais bénéficier de la compagnie. Et puis, entre nous, ces cérémonies de commémoration sont toujours de très mauvais gout selon moi… »
Jim leva les yeux mais Pike ne le regardait pas. Il sirotait son verre, un petit sourire aux lèvres, parfaitement à l'aise.
« On attendait de moi que j'y soit » dit-il, faute de savoir quoi dire d'autre.
« Mais tu n'est pas réputé pour faire ce que l'on veut que tu fasses. Et puis… »
Pike reposa finalement son verre pour se tourner vers Jim. Il souriait toujours.
« C'est ton anniversaire. Tu as le droit de ne pas vouloir le passer à pleurer la mort de gens que tu n'as jamais connu.
-C'était mon père » répondit Jim automatiquement, mais c'était les mots de sa mère qui sortaient de sa bouche. « Elle… Elle n'a jamais voulu me parler de lui, elle disait que c'était trop douloureux, et elle n'a jamais pu aller à cette foutue cérémonie pour la même raison, mais elle s'attend à ce que moi j'y aille ? Mais pourquoi, au juste ? Pourquoi devrait-il encore ruiner mon anniversaire maintenant que je ne suis plus chez moi pour que le chagrin de ma mère s'en charge ? »
Il se sentait stupide. Puéril. Tourmenté les mêmes frustrations, les mêmes blessures que quand il était enfant, et qu'il constatait année après année que sa naissance ne compensait nullement la mort de cet homme aux yeux de sa mère, qu'il ne gagnerait jamais contre lui.
Pike se leva finalement, et Jim crut un instant qu'il était en colère, déçu, qu'il allait s'en aller et le laisser seul et il ne voulait plus du tout être seul à présent. Mais le capitaine ne s'en allait pas. Il lui donna un coup de coude dans l'épaule en remettant sa veste, souriant toujours doucement.
« Allez viens.
-Ou ça ?
-Restaurant. Je t'invite. Tu as 25 ans, il faut bien fêter cela, non ? »
Jim resta muet et indécis, les yeux grands ouverts et la gorge serrée, perdu. C'était la première fois que quelqu'un faisait passer l'anniversaire de sa naissance avant l'anniversaire de la mort de son père.
« Je te parlerais de ton père, si c'est ce que tu veux. Je t'expliquerais en quoi vous vous ressemblez et que vous différez complètement, et que tu n'as rien à prouver, ni à ta mère, ni à lui, ni à quiconque.
-C'est vous qui m'avez dit que vous attendiez de moi que je le surpasse. »
A cela Pike échappa un rire amusé et Jim sentit son estomac se dénouer progressivement alors qu'il se levait à son tour sans même l'avoir décidé.
« Il fallait bien que je te motive. Je me doutais que tu ne pourrais pas résister à l'idée de briller à ton tour. J'avais raison, non ? »
Jim le suivit naturellement et ils furent debout dans l'air frais de mars avant qu'il ne s'en rende compte.
« Ouais.
-Et est-ce que j'ai bien fait, Jim ? »
Ils marchaient dans les rues encombrées de San Francisco et Jim réfléchit à la question en contemplant les bâtiments de Starfleet dépassés de la ligne d'immeuble devant eux. Il repensait à ses 24 ans, seul dans le bar le plus proche de leur ferme dans l'Iowa, à Bones tellement réticent à le laisser seul, aux cours et aux autres élèves de l'académie.
« Je ne vous ai jamais remercié de m'avoir fait enrôler à Starfleet, monsieur » déclara-t-il finalement en regardant fixement ses chaussures sur le bitume.
Pike ne répondit rien. A la place, il demanda, l'air de rien :
« Je connais un endroit où ils font les plus gros burger de la ville. Intéressé ? »
Jim se sentait beaucoup mieux que plus tôt dans la soirée. Beaucoup mieux qu'il se souvenait l'avoir jamais été le jour anniversaire de la destruction de l'U.S.S. Kelvin.
« Ce sera avec plaisir, capitaine. »
C'était surement ce à quoi avoir un père ressemblait.
