Hum...Bienvenue dans ma première fanfiction mise en ligne! S'il vous plait, soyez indulgents!

Ambiance aurikku, parce qu'à force d'en lire, des idées ont commencé à me trotter dans la tête...

Ce sera une histoire courte, entre deux et quatre chapitres suivant la façon dont je la subdivise. L'histoire est déjà écrite, la suite doit seulement être relue, vous ne courez pas le risque de ne jamais en voir la fin.

Si ça vous plait, n'hésitez pas à laisser un commentaire, même très court, ça me motivera à vous livrer la suite plus vite.

L'illustration de couverture a été réalisée avec le "Elven portrait maker" du site azaleasdolls. Vous le trouverez facilement avec un moteur de recherche.

Ah oui, ni les personnages ni les lieux ne sont de ma création, tout vient de Final Fantasy X de Square Enix, mais si vous êtes ici, c'est que vous le saviez, non? Bonne lecture!

Dernier adieu

La lumière perpétuellement diffuse de Guadosalam baignait les allées et les passerelles. Jour et nuit se ressemblaient toujours ici, mais c'était le moment où l'activité se ralentissait pour les heures de repos. Les rues s'étaient vidées, ne restaient que quelques attardés qui ne tarderaient plus à regagner leur logis ou une auberge et puis, évidemment, les gardes qui surveillaient l'accès au chemin qui montait vers le portail de l'Au-delà.

Rikku risqua un oeil depuis l'ombre du virage où elle se tenait cachée. Les deux sentinelles, sans être distraites, ne semblaient pas particulièrement sur le qui-vive non plus, mais le silence presque total qui baignait la ville arboricole rendrait même un léger bruit évident. Il allait falloir qu'elle soit particulièrement discrète.

Bon, pas la peine de tergiverser plus longtemps, elle savait pourquoi elle était là, tous les visiteurs qu'elle avait vus entrer dans le portail étaient ressortis depuis longtemps, il était temps. A l'abri des regards dans une courbe de la passerelle qui menait vers le portail, Rikku enjamba la rambarde et s'accrocha à sa face extérieure puis commença à progresser lentement à l'aide des complexes motifs tissés par les branches et racines entrelacées, en s'appliquant à rester hors de vue et aussi silencieuse qu'une brise.

La progression devint plus pénible quand la passerelle commença à monter en direction du portail, juste après les sentinelles. En appui sur sa jambe repliée haut pour lui permettre de se hisser ensuite malgré la force limitée de ses bras, elle songea un instant que la mini-jupe n'était peut-être pas la tenue la plus appropriée. Elle eut un sourire en coin : bah, le but était justement de ne pas être vue, donc c'était sans importance, n'est-ce pas ? Elle aurait aussi bien pu ne rien porter, non ? A cette pensée, elle faillit pouffer d'un rire nerveux, mais parvint de justesse à se retenir et reprit son escalade.

Au bout de quelques interminables minutes, elle parvint enfin à la hauteur du portail. C'était le moment le plus délicat : il lui fallait à nouveau enjamber la rambarde pour revenir sur la passerelle et traverser ensuite le portail. Si un de gardes se retournait à ce moment, il ne pourrait manquer de la voir.

Elle se hissa, leva haut la jambe pour ne pas trébucher sur la balustrade et se rétablit sur la passerelle. Elle voyait clairement les deux gardes et la plate-forme où elle avait autrefois attendu quand les autres étaient entrés dans l'Au-delà durant le pélerinage de Yuna. Elle soupira silencieusement une de raisons qui l'avait retenue de passer le portail alors était justement celle qui la ramenait ici aujourd'hui pour traverser. Avant qu'un des gardes ne se retourne, elle passa l'étrange voile de lumière pour entrer dans l'Au-delà.

Le silence n'avait pas la même texture ici. La cité de Guadosalam endormie avait un silence de velours épais, où flottaient comme de légers froissements. Dans l'Au-delà, le silence était un silence de cathédrale, qui paraissait s'étendre à l'infini. Un peu comme sur un navire toutes machines arrêtées par une nuit de calme plat. Rikku ne savait trop si elle devait se sentir minuscule, écrasée, ou au contraire exaltée.

Elle secoua la tête en faisait voler ses tresses. Pas de métaphysique, elle était venue dans un but précis. Au milieu des arabesques des pyrolucioles qui semblaient par instant s'accrocher à elle, Rikku marcha vers la bordure de la plate-forme rocheuse et fit face à l'immensité après un regard circulaire pour s'assurer une dernière fois qu'elle était seule.

Elle inspira profondément, puis prononça à voix haute le nom de la personne qu'elle désirait voir : « Auron. » Les pyrolucioles s'agglutinèrent, et une image se forma, celle du légendaire Gardien aux deux pélerinages victorieux, dans son non moins légendaire manteau rouge, sa non moins légendaire épée jetée comme négligemment sur son épaule malgré sa taille. Comme autrefois, son visage était presque entièrement masqué par son haut col et ses lunettes noires. Combien de fois Rikku avait-elle essayé de saisir son regard malgré tout ? Sans grand succès... sauf quand il avait daigné retirer ces lunettes qu'elle appréciait et détestait à la fois.

Rikku secoua à nouveau la tête. Elle n'était pas là pour se perdre dans ses souvenirs, comme la plupart des gens qui venaient ici. Elle était là pour agir, pour une tentative désespérée, pour provoquer une dernière chance, et elle voulait en avoir le coeur net. Elle inspira à nouveau, et sa voix s'éleva dans le silence de l'Au-delà.

« Salut, Auron. C'est toi que je suis venue voir. Tu n'as pas changé, n'est-ce pas ? Pas comme moi, hein. C'est pour ça que je suis là. Tu te souviens, pendant le pélerinage de Yuna ? J'étais la plus jeune, la petite Rikku, la gamine. Celle qu'on ne prend pas vraiment au sérieux, pas vrai ? Et pourtant, toi, tu as fini par me prendre au sérieux, Auron... »

Elle dénoua le bandana bleu qui retenait ses tresses, qui vinrent battre contre son dos et ses épaules.

« ... Au fil de toutes ces semaines, ces mois à voyager ensemble. Quand je t'ai demandé des conseils pour m'entraîner… Quand nous sommes restés tous les deux à attendre les autres ici dehors… Quand tu m'as malmenée dans la Plaine Foudroyée, pour que je sois plus en colère qu'effrayée, mais ça, je ne l'ai compris qu'après… »

Elle ôta l'écharpe de son cou et la laissa tomber à terre.

« Toutes les soirées où nous avons parlé ensemble quand tu montais la garde et que j'étais censée dormir… Enfin, au début c'était surtout moi qui parlais, hein ? Mais ensuite, peu à peu tu m'as parlé davantage… Et je suis tombée amoureuse de toi… »

Elle commença à dénouer les rubans de sa manche droite l'un après l'autre jusqu'à que la pièce de tissu glisse vers le sol, sans cesser de fixer l'image d'Auron qui flottait devant elle.

« ... Et on s'est rapprochés, toujours plus, tu te souviens ? Et après notre évasion de Bevelle, quand nous nous sommes retrouvés, enfin quand on a été seuls tous les deux après s'être retrouvés… Quand on s'est embrassé pour la première fois… C'était incroyable, impossible... et en même temps… évident. Je n'oublierai jamais la façon dont tu m'as regardée juste après, comme si tu n'y croyais pas vraiment toi non plus. »

Elle tira sur les nœuds de la deuxième manche, toujours sans regarder ses doigts, et l'étoffe tomba à terre dans un froissement.

« Après ça, je cherchais tous les prétextes pour que nous soyons seuls tous les deux, même juste deux minutes. Et tu souriais en me voyant venir vers toi, je le savais même avant que tu n'ouvres ton col. Et les nuits où j'arrivais à me glisser dans ta tente, où on parlait à mi-voix, et où parfois je finissais par m'endormir. Des fois, je faisais même semblant de dormir et je te sentais caresser mes cheveux du bout des doigts. Mais tu le savais déjà, je suppose. »

Rikku se tut un instant. Si Auron l'entendait, il savait déjà tout cela évidemment mais c'était plus facile de parler.

Elle reprit à voix haute : « Et finalement, il y a eu la dernière nuit avant que nous n'affrontions Sin. Nous pouvions mourir, tous ou certains d'entre nous, et je savais que même si nous gagnions, toi, tu partirais. Alors je t'ai rejoint dans ta cabine. Je voulais que… que nous fassions l'amour pour cette dernière nuit, mais tu n'as pas voulu. Tu m'as dit… »

La voix de Rikku s'étrangla un instant, mais elle déglutit et continua :

« ...que j'étaits trop jeune. Que tu m'aimais... mais que tu… que tu ne pouvais pas me désirer… Que parfois tu me regardais, que tu voyais la femme que j'étais en train de devenir, que pour un instant tu pouvais désirer cette image, mais que tu voyais encore trop l'enfant que j'étais encore… »

Rikku, toujours droite, enleva ses chaussures en marchant sur l'arrière de l'une puis de l'autre.

« ... Tu m'as dit que… que j'étais jolie, qu'on voyait que je deviendrais plus jolie encore, mais que… que j'étais trop jeune… J'ai voulu partir en claquant la porte et en pleurant, mais heureusement tu m'as retenue. J'ai tout de même passé la nuit dans tes bras, mais pas comme je l'avais voulu… »

Rikku garda le silence une seconde puis passa les mains derrière son dos, en dessous de ses homoplates, pour dénouer le haut de son bikini. Elle reprit la parole :

« Mais maintenant, Auron… Les hommes me regardent comme une femme. Je le sais, je les ai observés. Je les ai même un peu provoqués, parfois. »

Elle garda la mince pièce de bikini au bout des doigts un instant, avant de le laisser tomber.

« Il n'y a plus que mon père, et peut-être Frangin, qui me regarde comme une petite fille… Mais eux, ça ne compte pas vraiment, n'est-ce pas ? »

Elle ôta dans un même mouvement sa mini-jupe et le bas de son bikini, pour les abandonner à leur tour sur la roche en avançant d'un pas. Elle était entièrement nue et fixait l'image d'Auron.

« Alors, Auron, ce serait un excellent moment pour prouver que j'avais tort, quand je pensais que les morts ici n'étaient que des projections de nos souvenirs et rien de plus. Tu aimais bien me prouver que j'avais tort. Alors, alors… ce serait vraiment idéal, là tout de suite… Parce que je ne suis plus une petite fille, et que… que je voudrais que, toi, tu... tu me montres que tu me considères comme une femme… »

La voix de Rikku s'éteignit et la jeune femme se tint debout sans bouger. Les pyrolucioles flottaient autour d'elle et semblaient parfois s'accrocher à ses cheveux ou frôler sa peau. Les bulles de lumière dansaient de même autour de l'image d'Auron toujours immobile. Seul leur scintillement amenait le moindre mouvement. Rikku, le dos droit, le menton relevé, ne quittait pas du regard la silhouette vêtue de rouge. Le temps s'étira...