Bonjour,
Voici une mini fic de cinq chapitres où chaque texte pourra être lu comme un OS.
Dans ce premier chapitre consacré à l'enfance de Pétunia, je voulais montrer que Pétunia avait été très déçue de ne pouvoir faire de magie, et évitant le traditionnel choc de la lettre de Poudlard pour sa soeur, la merveilleuse Lily.
Je tiens, avant de vous livrer ce premier chapitre, à remercier comme il se doit betty pour les corrections qu'elle apporte à chacun de mes écrits. Edit : Avec la bonne ponctuation c'est mieux!
Espoirs déçus.
Dans le jardin des Evans, une petite fille brune s'amusait avec les papillons. Elle était grande et mince pour ses quatre ans. La chevelure brune coupée court donnait à l'enfant un aspect sévère qui contrastait fortement avec son caractère espiègle et curieux. Non loin d'elle, un groupe d'adulte discutait tranquillement. Mr et Mrs Evans recevaient les parents de la petite fille et prenaient le thé à l'ombre d'un saule pleureur, profitant de la clémente douceur de la fin du mois de septembre.
- Pétunia, fit Mrs Evans, viens ici quelques instants s'il te plaît.
L'enfant s'approcha, obéissante, mais visiblement déçue d'avoir dû abandonner sa course avec les insectes. Son père la prit sur ses genoux et commença à lui expliquer :
- Ma chérie, tu as certainement remarqué que le ventre de Maman avait changé.
- Oui, coupa la petite fille, il est tout gonflé, comme un ballon.
La remarque enfantine dessina quelques sourires sur les visages qui étaient tous tournés vers Pétunia. Puis ayant trouvé les mots qu'il pensait justes, Mr Evans reprit :
- Oui c'est un peu ça. Dans le ventre de Maman, il y a ton petit frère ou ta petite sœur, ma petite chérie. Tu comprends ?
La fillette n'était pas sûre d'avoir tout saisi, aussi risqua-t-elle un hésitant :
- Je vais être grande sœur, comme Susan ?
- Oui, tout à fait, fit sa mère visiblement très émue.
- Oh ! Et pourquoi il sort pas le bébé pour qu'on voit si c'est un frère ou une sœur ?
- Il faut attendre que le bébé naisse ma chérie. Mais sois patiente encore un peu, fin janvier, notre famille devrait s'agrandir, ma Tunie, ma grande Tunie.
C'était la première fois que sa mère l'appelait ainsi. « Sa Grande ». Pétunia se sentait investie d'une mission de la plus haute importance. Être Grande Sœur et protéger le petit frère qui allait naître. Oui car la fillette en était sûre, ce serait un petit frère et il s'appellerait Dudley, comme son personnage préféré des contes que lui lisaient ses grands-parents.
La petite fille ne se lassait pas d'observer, au fil des jours qui se succédaient, les changements qui s'opéraient sur sa maman. Elle avait hâte que le bébé soit enfin là. À l'école, elle avait dit à toutes ses copines qu'elle allait être grande sœur.
Le jour de Noël, Pétunia découvrit la Jalousie et le Mensonge.
Sa maman, qui entamait son dernier mois de grossesse, ne pouvait presque plus bouger. Elle restait constamment allongée. Grossesse difficile. Nausées, enfant bondissant, et autres symptômes plus ou moins courants la rendaient inaccessible.
« Pétunia, laisse ta mère tranquille, le bébé la fatigue. », « Tunie, pas maintenant, je suis trop fatiguée à cause du bébé ». « Joue toute seule ». « Occupe-toi ». Voilà ce que la petite fille entendait à longueur de journée.
Ce bébé la privait de sa mère, de plus en plus chaque jour. Ce bébé qui la rendait malade, qui l'épuisait, et à qui pourtant, on avait offert plus de cadeaux.
La petite brune n'avait pas compris, mais avait accepté, parce que lui avait dit sa mère : « c'est le rôle d'une grande sœur de veiller à ce qu'il y ait de mieux pour son petit frère ou sa petite sœur. »
Quand elle eut fini d'ouvrir ses paquets, la petite fille questionna du haut de ses quatre ans :
- C'est parce que j'ai pas été assez sage que le Père Noël il m'a pas apporté une baguette magique de fée ?
- Mais non ma chérie, commença Mr Evans, visiblement gêné d'avoir oublié le présent qui comptait le plus pour sa fille. C'est juste que les fées, les baguettes magiques, tout ça, c'est pas réel. Tunie, écoute-moi, la magie, ça n'existe pas !
Cette révélation fut comme un coup de massue pour la fillette qui s'était toujours imaginée devenir fée ou magicienne quand elle serait grande. Mais on lui avait menti.
Aussi les adultes furent-ils plus qu'embarrassés, quand elle demanda timidement :
- Mais le Père Noël, comment il fait alors ?
Sa question n'eut pas de réponse cette année-là. Ses parents, ses grands-parents et le reste de la famille se contentèrent d'un sourire gêné.
Quelques jours après les fêtes pour fêter l'arrivée de l'année 1960, Mrs Evans avait dû être hospitalisée. La petite Pétunia vivait très mal cette séparation. Chaque jour elle se rendait dans cet hôpital lugubre, et avait peur que sa maman ne rentre jamais. Les docteurs lui avaient expliqué qu'elle ne devait surtout pas déranger, ni ennuyer sa maman, parce que celle-ci était très très malade. Et la brune voyait bien qu'ils avaient raison les docteurs. Sa maman était toute blanche, son ventre était tout gros et bougeait tout seul. Pour ces raisons, la petite fille ne pouvait voir sa mère que quelques minutes par jour.
L'enfant vint au monde un froid matin d'hiver.
Quand Pétunia vit le bébé pour la première fois, elle fut très déçue. Le bébé était une fille. Ses parents l'avaient appelée Lily, parce que sa peau était douce et blanche comme les pétales du Lys. Parce qu'ils répétaient sans cesse qu'elle était leur petite merveille, leur princesse, à qui le nom de la fleur des rois correspondait le mieux.
La petite Lily pleurnichait souvent, trouvait Pétunia, et leur maman en était toujours fatiguée.
Elle n'avait du temps que pour le bébé.
Quand Lily fêta ses trois ans, Pétunia sut une fois de plus qu'on lui avait menti. Lily soufflait ses bougies qui automatiquement se rallumaient, avant de recommencer en riant. Si Mr et Mrs Evans semblaient complètement perdus face à ce phénomène, Pétunia savait elle que c'était parce que la Magie existait. Seulement ce serait sa sœur la magicienne, et pas elle.
En trois ans, Tunie, comme l'appelaient affectueusement ses parents et sa sœur, avait beaucoup changé. D'enfant espiègle et curieuse, elle était passée à enfant solitaire, renfermée et méfiante. Elle ne jouait presque jamais avec sa sœur même si du coin de l'œil elle la surveillait pour qu'il ne lui arrive rien.
Au fil des années, même ce rôle lui échappa.
Elle n'était pas magicienne, et ne le serait pas. Elle était la meilleure amie de sa sœur mais ne le serait plus. Un samedi d'automne, un garçon au cheveux noirs, un peu plus jeune que Lily, huit ans environ, se présenta devant elle, prétendant qu'ils étaient pareils et fit fleurir le bouton de rose qu'il tenait dans sa main avant de l'offrir à la petite fille rousse, à qui il disait ressembler.
Pétunia dût reconnaître que l'enfant d'apparence négligée, avait raison. Lui aussi était un magicien.
Lily contente de pouvoir enfin partager son secret avec quelqu'un d'autre, commença à voir Severus, puisqu'il se nommait ainsi, de plus en plus régulièrement, de plus en plus souvent.
Pétunia restait avec eux, sous prétexte de les surveiller, mais à douze ans, la fillette en profitait pour approcher ce qu'elle n'aurait jamais : la magie. Elle ne parlait que très rarement à Severus qui la regardait toujours d'un air froid et méprisant. Comme s'il eut été supérieur. Un jour, le garçon leur proposa de se rendre chez lui, et prêta la baguette de sa mère à Lily. Dès qu'elle eut le précieux morceau de bois en main, la petite sœur de Pétunia se sentit envahie d'un grand bien-être, et quelques étincelles apparurent à l'extrémité. Enthousiasmée par cette grisante sensation, la rousse mit d'office la baguette dans les mains de sa sœur.
Le cœur battant à cent à l'heure, la brune se saisit du morceau de bois qui se contenta de reste inerte dans sa main, sans le moindre signe de son extraordinaire pouvoir, sans diffuser cette sensation dont Lily lui parlait sans cesse :
- Alors, Tunie, tu le sens ? T'as vu comme on est bien ? Attends un peu ça va faire des étincelles, tu verras.
- Non, ça ne fera rien, trancha Severus au bout de quelques minutes d'un silence pesant pour la plus âgée des enfants.
- Pourquoi tu dis ça Sev ?
- Parce que ta sœur n'a pas de magie en elle, Lily.
- Mais…
La plus jeune des Evans ne put terminer sa phrase, déçue pour la première fois par sa grande sœur. Celle qu'elle prenait pour modèle, celle qui était son monde ne pourrait jamais réellement la comprendre.
Quand le soir venu, Lily vint rejoindre Pétunia dans sa chambre, comme elle en avait coutume, les deux sœurs se serrèrent fort dans les bras l'une de l'autre.
Oui, elles étaient différentes. Et aujourd'hui, tous leurs espoirs, à l'une comme à l'autre avaient été déçus. Chacune ayant compris qu'elle ne ferait jamais totalement partie de l'univers de l'autre.
Oui, mais elles étaient sœurs avant tout, et ça, rien n'y changerait.
