Titre : L'oiseau
Raiting : T
Genre : Général - Romance
Pairing : Sakura & Sasori
Résumé : Elle a encore tenté de s'enfuir et encore une fois il l'a rattrapé. Voyons Sakura pourquoi as-tu peur de devenir une marionnette ? Tu serais si belle sous les traits d'une poupée. Quoique…
N.A. : J'avoue user d'un Sasori humain dans cette fic. Ça aurait été trop difficile d'être crédible s'il était une marionnette ^^'

N.A : 2016. Fic dépoussiérée U.U Corrigey, encore.


ONE SHOT
L'OISEAU

Elle courait, filant comme une flèche sur les dalles irrégulières. Ses bottes semblaient claquer comme du verre sur le sol, l'empêchant évidemment de se cacher de quiconque, surtout de lui. De tout manière, elle n'avait aucune chance de s'en sortir. Elle le savait pertinemment. Il s'approchait plus vite qu'elle ne fuyait.
Son sang ne fit qu'un tour, lorsqu'il la frôla du bout des doigts. Et l'adrénaline heureusement ll'aida à le distancer de quelques mètres. Mais lui-même doubla l'allure.
Soudain, dans l'obscurité de ce couloir, elle entrevit un rayon de lumière. La sortie ! Se dit-elle ouvrant grands les yeux, en osant sourire aussi. Il y avait donc bien une sortie. Quelle joie.
Elle se rapprochait, encore… encore quelques mètres !

Puis tout se brisa. Elle venait de percuter son filet d'espoir : une ouverture cernée de gros barreaux. Armée de son désespoir, elle s'en saisit les secouant frénétiquement, au bord des sanglots. Si seulement elle avait assez de chakra pour les briser. Hélas non.
Derrière elle, le ninja s'était arrêté contemplant ce pathétique spectacle en souriant. La kunoichi pleurait bruyamment, à genoux devant ce trou, le visage appuyé entre deux barreaux, gouttant de très loin un souffle de liberté.
Enfin, lasse de ceci, son bourreau se saisit sans douceur de ses cheveux, la tirant en arrière, l'arrachant à son "rocher".
« Dire que tu avais promis… » il soupira, alors qu'elle amenait ses mains aux siennes, demandant pardon entre deux pleurs.
« Des pardons, des pardons, tu n'as que ça à la bouche ! Pourquoi es-tu partie ?! »
il n'avait même pas besoin de crier, pour que sa voix résonne ici « Bon sang, Réponds-moi Sakura !
— Je suis désolée, je suis désolée ! » continuait-elle.
Agacé ou juste ennuyé il la lâcha et elle s'écroula presque entièrement sur le sol, le nez dans la poussière.
« Je ne te crois plus, dit-il d'une voix étrangement calme. J'aurais du suivre mon instinct depuis le début... Et te tailler un corps de poupée. »
Le cœur de Sakura, qui battait déjà la chamade, lui vint au bord des lèvres, alors qu'elle suffoquait à présent sous les larmes.
« Non, non, non ! fit-elle désespérée. Tout mais pas ça ! Je le jure… Je te jure, que je resterai à tes côtés toute ma vie, mais pas ça ! » Le bourreau s'accroupit tout en soupirant. s'il lui sourit un peu, il lui saisit également le menton entre ses doigts minces.
« Tu serais si belle en bois…Je te taillerais un corps dans le tronc d'un cerisier centenaire… Un bel hymne à ton prénom, n'est-ce pas ? »
Sakura ne cachait pas ses tremblements. Elle savait quelle ignoble torture un tel changement impliquait. Et pour cause, elle l'avait vu faire, c'était la principale raison de cette course poursuite.
En effet, juste avant, elle était dans son atelier, au bord de l'évanouissement tandis qu'il lui vantait ce qu'il appelait art, tout en dépeçant un homme conscient et hurlant de douleur. « Regarde, avait-il dit. Admire ce que je vais te faire ! » A quel point fallait-il être tordu pour croire qu'une personne, autre que lui, soit excitée d'un pareil sort. En tout cas, pas Sakura qui sans réfléchir, s'était jetée sur la porte avant de détaler comme un lapin à travers tous les quartiers du marionnettiste, pour fuir ce grand délire.

« Pitié Sasori, ne pouvait-elle plus que couiner alors.
— Sakura, n'implore pas la pitié. C'est un cadeau que je t'offre, pas un châtiment…
— Je… Je ne veux pas être un pantin, p-pourquoi es-tu incapable de comprendre ça ? »
Il passa une main derrière sa nuque et l'entraîna dans une étreinte plus qu'amicale.
« Parce qu'il n'y a rien à comprendre... Tu deviendras ma poupée à moi, rien qu'à moi, susurra-t-il d'un ton suffisant.
— Je ne suis pas une poupée, dit-elle en le poussant. Je ne veux pas ! Achève-moi plutôt que ça ! »
Mais il lui saisissait déjà les deux mains, les lui embrassant.
« J'ai eu tant de mal à t'attraper, alors pense bien que je ne vais pas te tuer. Je vais t'ouvrir les portes de mon monde Sakura... Que tu comprennes qu'être une marionnette, c'est être immortel. »

Sasori plus que Sakura, pensait être la victime de ce monde. Personne ne le comprenait. Tout le monde le voyait comme un fou qui rêvait d'être un bout de bois rongé par les mites. Mais il était le grand Akasuna no Sasori et son ambition était celle d'un mystique, d'un prince conquérant. Grâce à son talent, tout le monde se remettrait en question sur la condition éphémère de l'homme. Cette fille, cette kunoichi à l'improbable chevelure rose, la première.
Elle avait été chanceuse de taper dans l'œil du marionnettiste, qui avait su voir de quel bois la composer et quelles perles de verre transcenderaient la beauté de son regard. Il lui était si facile de l'imaginer parée des plus belles perles d'Ame et les lèvres les plus tendre dont une poupée pourrait rêver. Mais elle se refusait à lui. Sakura était trop attachée à son état d'humaine. Pour la faire changer d'avis, Sasori était allé au plus simple : lui montrer concrètement ce qu'il lui ferait. Lui montrer que sous ses mains on passait de la laideur à la beauté. Mais elle avait été hermétique à son art. Trop naïve sans doute pour comprendre l'ampleur de son incroyable talent et en même temps, il se rendait compte que le coeur d'une femme était autrement plus sensible que le sien, habitué à traiter ses "toiles" sans ciller.

« C'était trop tôt n'est-ce pas ? lui dit-il en saisissant soudainement ses épaules.
— Quoi ?
— Tu es si pure, fragile… J'aurais du être plus délicat encore, plutôt que de te mettre nez à nez avec mes ébauches d'œuvres. »
Sa manière de parler de ces tortures, de ces meurtres fit redoubler les pleurs et la peur de Sakura. Et s'il n'en comprenait pas l'essence, l'image de ses larmes fit résonner le cœur du marionnettiste au fond de sa poitrine. Il l'aimait à cause de sa fragilité d'humaine et cette même fragilité lui faisait peur. Il craignait pour ses propres émotions qu'il cherchait par ailleurs à enfermer dans un réceptacle de bois creux.
Doucement, comme s'il approchait un petit animal craintif, il lui souffla de ne pas pleurer, de se calmer.
« Tes larmes me font mal au cœur »
Tant de poésie dans les paroles d'un homme qui en torture d'autres, se dit Sakura. Comment pouvait-il se détacher si facilement de ce qu'il faisait ? Comment pouvait-il être un monstre, puis la seconde d'après se transformer en un homme sensible. C'était déroutant, comme deux conceptions qui ne parviennent à se comprendre.
Elle ne savait pas quel comportement adopter. Mais elle était aux portes de l'épuisement mental. Elle voulait être rassurée, apaisée, câlinée, si bien que par folie, comme une victime de Stockholm, elle s'abandonna à ses ordres et à ses gestes, obéissant comme une jolie poupée le doit. Quelle ironie !
« Allons, tout va bien... » il serra son précieux oiseau contre lui, la laissant pleurer tout son saoule, avec la tendresse du maître rassuré dans sa condition. Puis, l'écartant pour mieux la regarder, il finit par stupidement l'embrasser.

Ce baiser était chaste à ses débuts, juste un prologue à une histoire qu'il préférait taire. C'était fait d'instinct. Quelque chose qu'on ne décide pas de soi-même. Il baisa la commissure de ses lèvres et descendit jusqu'à son cou encore vierge de lui, tout autant que lui l'était d'elle. Et Sasori écarquilla les yeux.
Sous ses lèvres, il sentait le parfum âcre de sa peur, de ses émotions. Mais il y en avait un autre, plus délicat et indescriptible, celui de la peau d'une femme, d'une vivante. Il sentait la vie battre dessous la peau. A cet instant, il comprit que jamais il ne pourrait en faire une marionnette. S'il la faisait de bois, plus jamais il ne sentirait son odeur, n'entendrait le sang battre à son cou. Plus jamais, il ne verrait les larmes transformer ses yeux en deux grands lacs brillants de vie.

Aurait-elle été une inconnue, qu'il n'aurait eu cure de tout cela, mais seulement, ce n'était plus le cas. Maintenant, elle était plus que son futur jouet, elle était… Elle était à lui ! Elle serait sa propriété humaine, son cœur de substitution, son… amour, osait-il même penser.
Elle serait son oiseau enfermé dans une cage dorée, chantant la mélodie des sens pour lui. C'était joliment pensé. Sasori en souriait. Il lui prit les mains, entremêlant leurs doigts, tandis qu'il se levait, l'entraînant à sa suite.
« Debout, debout !
— Qu'est-ce que tu as brusquement ? osa Sakura, inquiète de ce brusque changement de ton, d'humeur, de tout.
— Je ne ferai pas de toi une marionnette ! dit-il d'un ton léger.
— C'est vrai ! s'exclama-t-elle. Qu'as-tu en tête alors ?
— De bois Sakura, de bois, tu ne sauras plus aussi parfaite que maintenant.
— Vas-tu… Me laisser quitter cet endroit ? » s'enquit-elle doucement. Peut-être que sa générosité s'étalerait aussi loin, espérait-elle.
Sasori eut l'air surpris. Non bien sur que non il ne laisserait pas partir, il n'y avait même penser une seule seconde. Jamais elle ne le quittera !
« Tu resteras toujours avec moi voyons ! »
— Mais… commença-t-elle en se reculant. Que vas-tu faire de moi ? »
Il l'attira de nouveau vers lui et lui murmura au creux de l'oreille,
« Je ferai de toi ma muse, mon oiseau rare… » Autrement dit elle serait à jamais sa captive, donc une esclave, donc… Plus rien d'une ninja.
« Non… » fit-elle avec fatalité, tandis que sa voix résonnait en un lugubre glas à la liberté.

xxx

Assise sur une couette en plumes d'oies de bonne facture sans doute, Sakura regardait la seule fenêtre de la pièce où elle était et qui était bien évidemment grillagée. La sortie était si proche, à quelques pas à peine, or elle savait que plus jamais elle ne l'atteindrait. Depuis le temps qu'il la retenait, le chakra avait diminué dans son corps. Elle avait peu à peu perdue ses muscles de puissante ninja, pour mieux accueillir la tiédeur d'une peau de femme sans défense.
Dans un geste futile pourtant, elle tendit quand même son bras vers l'ouverture lumineuse, vers son passé de combattante. Alors de fins doigts se saisirent des siens et un baiser fut déposé dessus. Sasori s'assit en même temps à côté d'elle, gardant toujours sa main dans la sienne.
« Sasori je veux sortir.
— Shhtt. Tes jérémiades détruisent l'harmonie » dit-il en jouant avec le contraste de la lumière sur sa peau.
Elle sentit des larmes de frustration, dernier rempart de sa rébellion, monter à ses yeux. Aussi, elle cacha son visage dans le cou du marionnettiste pour qu'il ne les voit pas.
« Pourquoi tu me laisses pas sortir ? » continua-t-elle malgré tout.
Il passa une main délicate dans ses cheveux roses et sans répondre posa son menton sur sa tête, fixant à son tour la fenêtre grillagée.
« Sasori, pitié ! supplia-t-elle.
— Je te l'ai déjà dit, n'implore pas la pitié…
— Je sais ! coupa-t-elle en s'écartant brusquement. C'est un cadeau que tu m'offres, pas un châtiment ! Mais c'est faux ! Je… Je suis malheureuse ici, je veux sortir, je ne suis pas ta poupée, ton oiseau ou je ne sais quoi ! Je suis une femme et je veux… » elle n'acheva pas sa phrase, parce qu'il fronçait les sourcils. Si elle avait sa force d'entant elle n'aurait pas eu peur du litige, mais tout avait changé. Elle, lui, le monde de dehors qui sait ?
« Tu n'es qu'à moi ! souffla-t-il en enfant gâté. Alors habitue-toi à ça, parce que jamais tu ne me quitteras, ni ne sortiras, ni rien d'autre, tu entends ?! »
Agacé par elle, ses mots, cette harmonie qu'elle avait piétiné, il se leva et alla vers la porte dont seul lui avait les clefs. Sakura aussi se leva, le suivant, pour ensuite le retenir par le poignet, craignant qu'il ne reparte et referme cette porte, la laissant ainsi seule dans sa cage.
« Non, non attends ! Je ne veux pas te quitter ! Je suis désolée tu le sais… Je me suis emportée… » sa voix s'était faite caressante, dans le but de l'attendrir. « Le temps est si long enfermée ici… Sans toi. Je voudrais juste sortir un peu, respirer l'air du dehors, voir des gens… Les voir en ta compagnie. »
Il hésita quelques secondes sur la poignet de la porte, avant de se tourner vers elle, lui touchant la joue du bout des doigts.
« Jamais » conclut-il, avant d'appuyer un doigt ses lèvres, l'empêchant de répondre.

xxx

L'épilogue ne raconte pas ce qu'il advint de l'oiseau du marionnettiste. Certains pessimistes concluent que'elle aurait voulu fuir une fois de trop et qu'il l'aurait tué sans faire exprès. D'autres, à l'esprit rêveur, supposent qu'aujourd'hui encore, elle attend dans cette chambre à la fenêtre grillagée qu'enfin il la laisse sortir.


Voila :)
Rewiew ?