Chapitre 1 : La dernière guerre

« Nev ? Il est l'heure de se lever. Nev ? »

Je ne lui répond pas. Je reste couché sur cette poitrine généreuse et délicate tout en gardant les yeux fermés. Je n'ai pas envie de parler, je n'ai pas envie de discuter, je ne veux rien faire. Je veux juste rester ici et ne plus bouger.

« Nev, bon sang, réagis un peu. Les autres sont déjà réveillées. On doit se préparer ! »

« Je m'en fiche. Je m'en fiche complètement. Je ne veux pas. Laisse-moi tranquille, Giréléna. Ce n'est pas comme si c'était important de toute façon. »

« Aujourd'hui, c'est le jour où tu sauves le monde alors tu vas bouger ton cul ou je vais y enfoncer ma queue de telle sorte que ça te sortira par la bouche. »

GLOUPS ! Elle a des arguments à faire valoir ! Je tressaille et me relève de son corps, remarquant sa nudité « complète » si on peut parler de cela pour une demoiselle à moitié humanisée. Elle comme moi sommes en sueur et je sais que ça fait déjà deux semaines que Tyaunev est morte. J'ai encore du mal à y croire mais … il faut que je tire un trait sur tout ça.

« Bon ? Maintenant que tu es levé, on peut se mettre au boulot ? »

« Quel boulot ? Qu'est-ce qu'il y a ? De quoi est-ce que tu es en train de parler, je peux savoir ? Tu me fais un peu peur là, je dois avouer. »

« De quel travail ? Celui de s'occuper de notre fille bien entendu ! »

« Mais ce n'est pas un travail, ni une obligation. C'est un plaisir ! »

« Alors, fais-le maintenant. Je te jure. Qu'est-ce que je vais faire de toi, Nev ? »

Elle me dit cela comme si c'était un reproche mais elle a un petit sourire aux lèvres. Il est vrai qu'après la mort de Tyaunev, j'ai réagit un peu précipitamment et j'ai embrassé Giréléna. Je ne dois pas dire que j'ai trouvé cela déplaisant, loin de là.

« Soit tu arrives à me supporter, soit tu me tues. »

« On va envisager plutôt le premier au lieu du second. Je ne pense pas que Gilitée supporterait que je tue son père. Ce n'est pas conseillé pour la psychologie de la petite. »

Elle peut me dire cela, ça ne change pas grand chose. Même si nous ne nous sommes pas dit directement nos sentiments, nous savons tous les deux que c'est réciproque, c'est ce qui compte le plus à mes yeux pour le moment.

« Mais tu vas bouger, Nev ? J'en ai assez là ! Tu exagères carrément ! Je vais te botter l'arrière-train tellement fort que tu vas finir dans la strastosphère ! »

Wow ! Elle me menace hein ? Mais bon, je vais le faire. Je quitte la tente, cherchant à sourire lorsque les autres femmes-pokémon me saluent, venant prendre Gilitée dans mes bras.

« Alors, comment vas ma princesse ? »

« Très bien papa, et toi ? Tu as bien dormi avec maman ? J'ai pas voulu vous réveiller ce matin, je trouvais que ça n'aurait pas été bien de ma part. »

C'est pour cela que j'adore ma fille. Elle est si prévoyante et douce. Elle pense à tout et elle réfléchit comme il le faut. Je ne peux pas rêver mieux de sa part. J'ai un petit sourire aux lèvres, me disant finalement que de toute façon, j'en ai de la chance. Giréléna sort de la tente en dernière, s'étant refaite une beauté. Oui, elle est belle.

« Bonjour à toutes. Nev ? Tu prépares à manger ? »

« Oui, oui, je le fais, ne t'inquiète donc pas à ce sujet. Bon, qu'est-ce que tu veux manger ma petite Gilitée ? C'est toi qui choisit ! »

« Huuuum ! Ben euh … comment dire, papa ? Ben euh, je ne sais pas du tout ! »

« Alors, je vais faire ce que tu aimes le plus, comme ça, c'est plus facile ! »

« OUIIIIIII ! Je préfère ça ! »

Je sais qu'il lui en faut peu pour la rendre heureuse, c'est bien pour cela que je me penche déjà sur la question de savoir quoi lui préparer. Les minutes passent et le repas est prêt. Du moins, nous sommes tous réunis et je me demande ce que cette journée nous réserve.

« Bon ? Vous êtes toutes prêtes ? Nous y allons ! »

Les tentes sont démontées, tout le reste aussi. Il nous suffit juste de partir maintenant. J'ai encore beaucoup à faire, je le sais bien. Depuis deux semaines, c'est à peine si j'ai la motivation pour trouver des informations pour me rendre là où se trouve Harsia. D'ailleurs, le problème est : où se trouve t-elle ?

« Non, tu ne peux pas me regarder comme ça, Nev. Je n'en sais rien. »

« Je n'ai rien dit, Giréléna ! Ne me fait pas croire que tu sais lire dans mes pensées hein ? »

J'exagère un petit peu mais c'est l'idée que je me fais de ce qu vient de se passer. Il vaut mieux que je reste concentré sur une seule chose plutôt que de tourner en rond. Dyrkri me manque terriblement, je dois l'avouer. Le temps passe mais elle ne revient pas Comment est-ce que je dois faire alors ?

« Giréléna ? Est-ce queje peux te demander un service ? »

« Tu me fais peur. C'est quoi ce service ? Je te laisse deux minutes pour t'exprimer. »

« Est-ce que tu peux prendre contact avec tes générales ? Savoir si elles, de leur côté, ont des nouvelles en ce qui concerne Harsia ? »

« Ah ? Ca ? C'est déjà fait. Elles doivent venir aujourd'hui ou demain. »

« Hein que quoi ? Et tu comptais me prévenir quand à ce sujet ? »

« Aujourd'hui ou demain, justement. » me répond t-elle avec un grand sourire. AH ! Elle se

fout de ma gueule en plus ! Je reprend aussitôt :

« Si tu n'es pas sérieuses, s'il te plaît, dis-le moi. Je perdrai moins de temps à ça. »

« Oh ? Mais je le suis, Nev, je le suis terriblement. Elles vont venir. Je leur ait laissé une quinzaine de jours, depuis la mort de Tyaunev pour trouver des informations. Et normalement, elles ne seront pas seules pour tout ça. »

« Hein ? Comment ça ? Tu as demandé aussi à d'autres personnes ? »

« On ne devient pas reine des femmes-pokémon en claquant des doigts, Nev. Il faut vraiment que tu comprennes le mode de vie qui est le mien. »

« Je ne sais pas si c'est vraiment une bonne chose, ça, par contre. »

Je fais une petite mimique de dégoût alors qu'elle hausse un sourcil, m'attrapant en utilisant sa longue queue qu'elle enroule autour de mon corps. Elle me force à me rapprocher d'elle avant de me dire d'une voix faussement douce :

« Il le faudra bien, n'est-ce pas ? Tu as encore beaucoup de temps à passer avec moi, non ? »

« Euh, peut-être même que ça va se compter en nombre d'années. »

« Décennies, tu voulais dire. » me chuchote t-elle alors que je déglutis. Oui, elle a tout à fait raison. En décennies, du moins, c'est ce que j'imagine dans le futur.

Elle finit par me libérer alors que je ne fais qu'hocher la tête après sa correction. Pfiou ! Des fois, je me demande ce que je lui trouve mais ensuite, je la regarde, je me rappelle de tout ce que j'ai vécu avec elle puis je ne me pose plus de questions.

Le reste de la matinée passa bien tranquillement alors qu'il attendait donc la fameuse visite des générales de Giréléna. Si elle n'avait pas menti, elles allaient toutes venir ? Mais qui allait les accompagner ? Puisqu'elles n'étaient pas seules.

Je crois que j'ai obtenu ma réponse plus vite que prévu. Deux ombres paraissent dans le ciel alors que je crois les reconnaître. Elles ? Vraiment ? Elles descendent et je peux surtout voir qui était sur leurs dos. Les générales ! Elles sont toutes là ! Mais ce sont les montures qui m'intéressent autant. Je bafouille :

« Dénialka, Panilkia. Si je m'attendais à vous voir. »

« Tu ne serais pas aussi surpris, il est vrai. Bonjour, Nev. »

Je répond à Dénialka par un petit bonjour alors que Gilitée se cache aussitôt derrière moi, un peu effrayée par le monde tout autour d'elle. C'est vrai qu'elle ne les connait pas du tout. Ou presque ? Je ne suis pas sûr. Hum, qu'est-ce que je peux dire ?

« Gilitée ? Viens que je te présente tes grandes cousines. Alors, tu vois ? Celle à gauche, avec du bleu sur elle, c'est Panilkia. Celle à droite, en violet, c'est Dénialka. »

« Ahem. Nev. Cest l'inverse. » rectifie Dénialka bien qu'elle a un sourire aux lèvres en voyant l'enfant caché derrière moi. Les deux viennent s'approcher de Gilitée qui sort difficilement de sa cachette, comme un petit animal pris en défaut.

« Et toi, tu viens par là, Nev ! »

Je me retrouve tiré sur le côté, un coude se plaçant autour de ma tête, celle-ci se collant contre une poitrine généreuse avant qu'un petit miaulement se fait entendre.

« Alors, comme ça, on fait un gosse avec la reine des femmes-pokémon mais on ne le propose même pas aux autres ? Ce n'est pas très sympa de ta part, tu sais ? »

« Mais qu'est-ce que tu racontes, Pirsène ? Enfin, content de te revoir aussi. »

« Hahaha ! Ne t'en fait donc pas, je ne suis pas toute seule. Mana et les autres sont là aussi. »

C'est à ce moment que je dois me sentir rassuré par ce qu'elle raconte ? Je ne crois pas que ça se passe comme ça. Pourtant, je peux apercevoir Mana, Luciaria et finalement Ptéraclès. Ah oui, même elle est là. Elle me regarde un peu étrangement.

« Tu veux bien me lâcher, Pirsène, s'il te plaît ? »

« Je ne sais pas trop, tu n'es pas bien placé ici ? » me dit-elle avant de me libérer, amusée par quelque chose. J'observe la direction où pointe son regard. Giréléna est là, les bras croisés, un tic aux lèvres. Elle murmure :

« Merci bien, Pirsène. Ca serait dommage de réduire à trois le nombre de mes générales. »

« Ooooh, bien entendu, bien entendu. Le message est très bien passé, tu t'en doutes. »

« AHEM ! Est-ce que l'on peut retourner à la raison de votre présen … hein ? »

Je dois rêver, n'est-ce pas ? Car je vois un nuage de poussières qui se ramène envers notre direction. Harsia ? Je me mets aussitôt en position pour combattre, me rappelant du pendentif qu'Harsia a fait tomber. Elle l'avait réparé pour elle-même, espérant me tuer avec mais ça s'était retourné contre elle. Mana pose une main sur mon bras, me disant :

« Tu n'as vraiment pas besoin de t'inquiéter pour ça. »

« Ah bon ? Et qu'est-ce qui te fait dire ça ? C'est quelqu'un que vous connaissez ? »

Elle a un petit rire quand je dis quelqu'un. Ce n'est pas une personne ? Non, ce n'est pas du tout ça. C'est le contraire. Il y a quelques centaines ? Voire des milliers de femmes-pokémon de toutes les espèces qui foncent vers nous. J'espère vraiment que c'est quelque chose qu'elles avaient prévu car je ne me sens pas du tout rassuré là ! Je garde ma main sur le pendentif jusqu'à ce que cette armée s'arrête à une cinquantaine de mètres.

« Papaaaaaaaaaa ! » s'écrit Gilitée, fonçant dans mes bras alors que je la garde contre moi.

Dénialka et Panilkia rampent en direction de cette armée, plusieurs femmes-pokémon s'avançant vers elles, commençant à prendre la parole. Même à cette distance, je peux les entendre, haussant un sourcil. C'est quoi ça ?

« Reine Dénialka, comme vous l'avez désiré, nous avons pris contact avec toutes vos troupes d'élite. Elles sont maintenant disponibles. »

« Reine Panilkia, vos troupes sous-marines et aériennes sont présentes. Vous pouvez les utiliser quand vous le voulez. Elles sont prêtes à vous suivre. »

Je ne sais pas si je dois sourire ou non. C'est donc l'armée de Dénialka mais aussi Panilkia ? C'est impressionnant, très impressionnant. Je tente de faire un mouvement mais c'est finalement Niny qui se présente face à moi alors que quelques bourdonnements résonnent :

« Voilà mes propres troupes, Nev. Ce n'est pas grand-chose car les peuples de femmes-insectes ne me font pas encore totalement confiance mais … Paxia avait pris ses précautions avant de mourir. Toute sa race est prête à nous aider, ainsi que beaucoup d'autres. »*

« Merci beaucoup, Niny. Tu sais à quel point c'est très important tout ça. Viens par là. »

Je lui tends mes bras alors que Gilitée se pousse pour que Niny s'y installe. Je la serre contre moi alors qu'elle se met à sangloter, murmurant quelques mots comme quoi elle est désolée de ne pas être assez bien pour moi. Qu'est-ce qu'elle raconte donc ? Migacirpy s'approche de moi, me disant sur un ton un peu gêné :

« Désolée mais de mon côté, tu sais parfaitement que ce n'est pas vraiment la joie niveau sociale. Pas de royauté ou autre, pardon. »

« Le simple fait que tu sois là est déjà très important à mes yeux. »

« Arrête donc tes flatteries, Nev. Tu sais bien que je ne tomberai pas dans ce piège hein ? » me dit-elle tout en souriant grandement, le rouge aux joues.

« Je ne faisais que dire la vérité. Mais bref ? Pirsène, qu'est-ce que cela veut dire ? »

« Que toutes ces troupes vont servir à lancer un assaut sur la déesse Harsia et l'endroit où elle se trouve. Il n'y a aucune chance qu'elle soit seule là-bas. »

Pirsène m'a répondu bien sagement, je pense que le fait d'avoir autant de femmes-pokémon aussi fortes dans les alentours doit jouer là-dessus. Ou alors, je me fais des illusions car elle a un grand sourire aux lèvres, signe que cela ne la dérange pas le moins du monde.

« Bon ! Nev ! Giréléna n'arrêtait pas de vanter tes talents de cuisinier. Tu es donc prêt à faire pour toute l'armée qui t'accompagne ? »

J'espère que Pirsène dit cela en blaguant hein ? Cuisiner ? Pour autant de monde ? HEY ! Elle veut me faire mourir d'épuisement avant la bataille finale, en fait ! Qu'elle l'avoue !