Disclamer : Les personnages contenus dans cette histoire ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété des créateurs/auteurs de la série Person Of Interest
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En revanche les fautes d'orthographes sont bien de moi…
Chapitre 1 :
Le cadre est grandiose, le parc magnifique, mais... j'en ai marre, je m'ennuie.
Je suis dans cette école depuis plus d'un an et je n'en peux plus. Franchement, j'ai déjà relu le programme de l'année, et fini celui de l'année prochaine. En plus, je n'arrive pas à me faire des amis, même ceux du club d'échecs en ont assez de perdre contre moi et quand je leur parle de physique quantique, ils lèvent les yeux au ciel.
Pourtant, c'est bien la physique quantique, je veux dire le paradoxe du chat de Schrödinger, fallait y penser !
Des fois dans la cour, quand je mange mon déjeuner, seule, assise sur un banc, je les observe. Je pense alors à mon grand-père et je me dis qu'au temps de la guerre froide, tous les élèves de cette école seraient morts en moins d'une semaine.
Certains professeurs auraient peut-être survécu plus longtemps, comme M. Newman qui enseigne l'Histoire. Il est sympa, il aime bien la Russie et il m'écoute avec sérieux quand je parle de la Stasi et de la peur dans laquelle vivaient les gens en RDA ou même en URSS. Mais c'est aussi parce qu'il a fait une thèse sur cette époque, d'ailleurs il me corrige de temps en temps quand je me trompe, ou ajoute un ou deux détails à ce que je lui raconte.
Voilà, ma vie c'est parler de l'espionnage de la population d'Allemagne de l'Est et de la Russie pendant la guerre froide avec un quadragénaire bien plus passionnant que les gens de mon âge.
Super...
En fait, ce n'est pas vrai, je m'en fiche de ne pas avoir d'amis adolescents, ils sont tous débiles.
Les filles gloussent comme des dindons, et si je plisse les yeux en les regardant de côté quand elles ont leur crise, elles arrivent même à ressembler carrément à ces pauvres volatiles.
Pour elles, je suis bizarre et une paria. Forcément, puisque je ne suis pas inscrite sur des réseaux sociaux. Il y a aussi le fait que je ne m'intéresse pas au dernier flirt de Kevin Brown, le capitaine de l'équipe de foot, le garçon le plus populaire de l'école, à qui on devrait sérieusement faire don de plusieurs milliers de neurones.
Donc, les filles sont des bécasses, et les garçons... je préfère m'abstenir de commencer une étude comportementale sur eux.
Pour revenir aux filles, j'ai un autre « défaut », je ne m'habille pas comme elles, pas fashion... autant dire que je suis rien.
Peut-être... mais moi je survivrais à n'importe quoi, et s'il fallait faire un effort je n'aurais pas peur de me casser un ongle.
J'ai bien rencontré quelqu'un qui a compté dans ma vie avant d'arriver ici. Je me suis souvent demandée si elle viendrait me rendre visite. Honnêtement, j'ai même guetté sa silhouette régulièrement, sans succès. Elle n'a jamais montré le bout de son nez, et le numéro qu'elle m'a donné n'est plus attribué.
Est-ce qu'au moins elle se souvient de moi ? A-t-elle gardé ma médaille ?
Parfois, je regarde de vieilles cassettes audio et je souris en me remémorant son air revêche, cette expression sur son visage qui nous dit clairement de lui foutre la paix.
Shaw, c'est son nom.
Elle, c'est une amie. On a juste passé une journée ensemble, une journée assez mouvementée, mais ça a suffi.
Et ça m'étonnerait qu'elle soit inscrite sur des réseaux sociaux...
En attendant, comme je l'ai dit plus haut, j'en ai marre, je m'ennuie, je ne supporte plus cette école.
Alors, j'ai décidé d'agir.
Tout a vraiment commencé à la rentrée, il y a environ deux mois. Devant le constat affligeant que cette année serait la même que l'année dernière, je me suis mise en tête de contacter celui qui m'avait « enfermée » ici : Harold Finch.
J'ai donc piraté la base de données de l'école – c'est incroyable comme les informaticiens sont mauvais ici –, franchement pour qu'une gamine d'à peine douze ans réussisse à passer leur par-feu, on se demande où ils ont fait leurs études.
Je ne suis pas très sympa, c'est vrai que c'est facile pour moi, parce que je suis surdouée, contrairement à eux...
Si mon grand-père était encore là, il me traiterait de vaniteuse, de condescendante sans la moindre once de compassion pour les autres, histoire que je revienne un peu sur Terre et arrête de me « la péter ».
Et il aurait raison.
Mon grand-père, il était comme ça, un génie, bien plus intelligent que moi, un homme extraordinaire qui voyait l'humanité en chacun de nous. Une particularité qui se perd et qu'il a passé son temps à vouloir m'enseigner. Une sagesse que je dénigre, entourée par ces gens qui ne m'apportent rien.
C'est aussi pour ça que je veux partir d'ici, je n'aime pas ce que je suis en train de devenir.
J'ai été déçue, le dossier sur Harold Finch indiquait tout un tas de faux renseignements, à commencer par son adresse ou le téléphone où on pouvait le joindre, entièrement inventés.
J'étais un peu désespérée, et puis trois jours après mon acte de vandalisme, j'ai reçu une lettre.
Voilà à peu près ce qu'elle disait :
« Chère Gen,
Les recherches que tu entames sont dangereuses. Je te prie de patienter encore quelques temps et je te donne ma parole qu'avant Thanksgiving, je t'enverrai tout ce dont tu as besoin pour retrouver M. Finch.
En attendant, conduis-toi normalement, et fais profil bas.
Bien à toi.
R.»
J'ai bien entendu pensé que c'était une blague et je n'ai rien écouté. Quelle erreur ! Dès le lendemain, la directrice a eu vent de mon petit exploit et je me suis retrouvée sans plus d'ordinateur, de téléphone ni plus d'accès à internet à la bibliothèque. En gros, les rares privilèges dont je bénéficiais dans ma prison de verre, me furent retirés jusqu'à nouvel ordre.
J'ai bien essayé de m'enfuir plus d'une fois, mais c'était comme si la police connaissait mes faits et gestes et j'ai été ramenée à chaque fois ici, la queue entre les jambes.
C'est lors de ma dernière escapade fin septembre, que je l'ai rencontrée, le fameux « R ».
Bien sûr, plus d'une fois je me suis interrogée sur l'absence d'Harold Finch au retour de mes fugues. D'après la directrice, il avait toujours une bonne excuse pour expliquer son comportement. Un homme d'affaires tel que lui est souvent en voyage à l'autre bout du monde...
Fin septembre, donc, je regagnais ma chambre après une ultime tentative de fuite quand je l'ai trouvée, assise sur mon lit, feuilletant tranquillement mon journal, croquant distraitement une pomme, passionnée par sa lecture.
Lorsqu'elle m'a entendue, elle s'est levée, a arpenté la petite pièce à grands pas et s'est mise à lire à voix haute en adoptant un ton de conférencier :
– « Kevin Brown n'a pour lui que sa beauté... L'étude comportementale qui suit aura pour but d'apporter plus d'éléments sur sa façon de séduire les filles... L'approche commence toujours de la même manière : par un sourire charmeur... Aspergé généreusement du dernier parfum à la mode, il repère sa proie dans les couloirs de l'école et fond sur elle tel un rapace affamé. La pauvre cruche ignore totalement qu'elle est déjà perdue. Elle tentera vainement, à plusieurs reprises, de lui résister, croyant retourner le jeu de séduction (conf. ma prochaine étude sur les bécasses), puis succombera à l'attitude du mâle sûr de lui... »
Elle a arrêté sa lecture, refermé le journal, l'a posé sur le lit et m'a souri.
– Dis donc, Gen, tu as un peu la dent dure pour tes semblables...
J'avais craqué, je n'avais plus d'ordinateur, il fallait bien que je m'occupe, alors l'observation de la parade amoureuse des adolescents était revenue me narguer. J'avais besoin de consigner tout ça quelque part et un carnet était une bonne idée. Une sorte de journal.
Un journal où mes annotations étaient codées et impossibles à déchiffrer. Mais, elle, elle avait réussi...
Elle a souri un peu plus devant mon mutisme suspicieux et a continué :
– Je suis comme toi, ou du moins, je l'étais... Tu es encore bien trop jeune, mais je peux te dire une chose... Si tu avais eu le même âge que ce... Kevin Brown, tu aurais poussé l'étude jusqu'à toi-même le séduire...
Mon air plus que choqué l'a fait rire, puis après quelques instants, elle a repris d'un ton sérieux :
– Gen, il faut que tu arrêtes d'essayer de t'échapper de cette école. Je t'ai promis de te donner des informations pour retrouver Harold Finch, fin octobre, mais là, tu ne m'aides pas !
J'ai gobé les mouches pendant plusieurs secondes, la suivant des yeux. Mon « invitée » regardait le parc à travers la fenêtre de ma chambre et attendait patiente, que je reprenne mes esprits.
– Vous êtes « R », ai-je soufflé.
Elle s'est retournée, a penché la tête sur le côté et a à nouveau souri, en revenant vers moi, une main tendue dans ma direction.
– C'est exact, mais tu peux m'appeler Root...
J'ai regardé sa main sans la serrer, demandant à la place :
– Pourquoi voulez-vous m'aider, vous connaissez Harold Finch ?
– Pourquoi je t'aide ? Je ne sais pas... On me l'a demandé, et oui, Harry et moi sommes de vieux amis...
– Pourquoi n'est-il pas là à votre place ou même Shaw ?
Elle a paru surprise par le fait que je connaisse Shaw puis a semblé perdu dans ses pensées avant de reprendre :
– Il faut que j'y aille, Gen. Je t'ai donné ma parole que je t'enverrai des informations sur la façon de rencontrer Harold dans un mois. Sois un peu patiente, d'accord ?
Je n'ai pas acquiescé et encore une fois, elle n'a pas eu l'air de s'en formaliser. Avant qu'elle ne disparaisse, je l'ai appelée une dernière fois.
– Root ?
Elle s'est retournée :
– Oui ?
– Comment savoir si je peux vous faire confiance ?
Elle m'a encore une fois souri, c'est incroyable le nombre de sourires différents que possède cette femme. Celui-là était mystérieux et un peu joueur, puis elle a simplement répondu en pointant du menton mon journal sur le lit :
– Parce que j'ai craqué ton code, et que ta curiosité envers moi, passera outre ta méfiance...
Et après ça, elle a disparu.
Elle a eu raison. Je me suis tenue à carreaux et me triture le cerveau depuis un mois pour savoir comment elle a pu faire le lien entre mon passé et mon journal, comment elle a deviné ce que cachait chaque chiffre.
Quoi qu'il en soit, elle a tenu parole. Le week-end de Thanksgiving vient de commencer et j'ai reçu une lettre me disant qu'elle viendrait me chercher ce matin à huit heures.
La directrice de l'école a, apparemment, elle aussi, reçu un mail d'Harold Finch stipulant qu'il voulait que je passe la semaine en sa compagnie et qu'il enverrait sa sœur me chercher, une certaine Samantha.
J'ai fait mes bagages et j'attends à l'entrée du bâtiment sagement depuis dix minutes, en jouant vaguement avec le chat du gardien. Rayé et légèrement roux, il a tout du chat de gouttière basique, il s'énerve facilement – comme son maître – et a le coup de patte facile.
La Mercedes noire finit par arriver et en sort Root portant la même veste en cuir que lors de notre première rencontre.
Toujours souriante, comme si elle était ravie de me voir, elle vient vers moi et attrape ma valise et mon sac.
– Comment vas-tu, Gen ?
Elle aperçoit le chat, curieux, qui la regarde et me demande s'il vient avec nous.
– Non, Erwin Schrödinger préfère rester ici, et puis il n'est pas à moi, je précise d'un ton désinvolte.
– Erwin Schrödinger ? Répète-t-elle.
– Oui.
Je me demande si elle va faire un commentaire sur ce nom peu commun mais elle se contente de sourire, d'ouvrir le coffre de la voiture, et d'y déposer mes affaires.
– Alors, comme ça, vous êtes la sœur de M. Finch ? Vous ne lui ressemblez pas beaucoup, dis-je, histoire de meubler le silence qui menace de s'attarder après qu'elle ait fermé le coffre.
Je l'entends doucement rire à ma remarque. Tout en se dirigeant vers la portière, m'invitant à prendre place côté passager, elle me précise qu'Harold est fils unique et qu'elle aussi.
Je me fige debout devant la portière à moitié ouverte. Root, déjà assise derrière le volant, voyant que je ne monte pas, se penche dans ma direction et lève la tête pour rencontrer mon regard.
– Gen, tu n'es pas obligée de venir, tu peux toujours retourner à l'école si tu le désires...
Elle attend gentiment pendant que je me mordille la lèvre. Je ne connais pas cette femme, qui me dit qu'elle est vraiment amie avec M. Finch ? Je tourne la tête vers la bâtisse, soupire, hausse pour la deuxième fois les épaules en moins de dix minutes en me disant advienne que pourra et je monte dans le véhicule.
Je regarde à travers la vitre s'éloigner mon école puis finis par me retourner vers Root.
– Où va-t-on ?
– Manhattan.
– On prend l'avion ?
– Non.
– Mais c'est vachement plus long !
Elle esquisse un sourire et explique :
– En effet, le voyage va durer pas loin de cinq heures. Mais les ordres sont d'utiliser la voiture...
Elle quitte un instant des yeux la route et me demande :
– Tu n'aurais pas le permis par hasard ? Ce serait sympa qu'on se relaye.
Je la regarde sans savoir si elle se fiche de moi et précise :
– J'ai douze ans...
– J'avais à peu près ton âge lorsque j'ai tué un homme pour la première fois, alors savoir conduire une voiture à douze ans ne me paraît être pas exceptionnel.
– …
– Je prends ça pour un non...
Le silence s'installe entre nous puis au bout d'un petit moment, je commence mon subtil interrogatoire :
– Vous obéissez aux ordres de qui ?
– La Machine.
– …
Nous voilà sur l'autoroute et je n'arrive toujours pas à savoir si ma « nouvelle amie » est du genre à plaisanter ou juste complètement folle.
Je décide d'adopter un autre angle de tir :
– Comment avez-vous craqué mon code ?
Elle sourit et se penche vers moi, donnant l'impression qu'elle me chuchote un secret immense :
– Parce que j'aurais fait comme toi...
– Vous parlez russe ?
– Je parle beaucoup de langues...
Je me tais en fixant l'automobile devant nous dont elle se rapproche. Tout en actionnant le clignotant pour la doubler, elle précise :
– Remplacer chaque lettre de tes mots par le numéro de leur place dans l'alphabet cyrillique est assez ingénieux. C'est un exercice de mémoire plutôt marrant. En ce qui me concerne, j'aurais sans doute encore plus brouillé les pistes en ajoutant un élément à chaque chiffre... mmm... comme le nombre d'or avec trois décimales... qui correspondrait à... ?
Je réponds automatiquement :
– 1,618.
Elle hoche la tête et semble réfléchir puis se reprend :
– En fait, j'aurais même additionné le nombre d'or et ses trois premières décimales en fonction du numéro. Par exemple, si j'avais eu un trois, comme pour la lettre « C » dans notre alphabet, le résultat aurait donné trois plus trois fois le nombre d'or... voyons-voir... Elle exécute l'opération mentalement et déclare : 7,854. Crois-moi, là, celui qui aurait voulu craquer ton code, y aurait réfléchi à deux fois...
Elle me fait un clin d'œil en continuant :
– Ou alors, tu aurais pu multiplier au lieu d'additionner...
Je la regarde, la bouche ouverte, puis demande :
– Qui êtes-vous ?
– Je te l'ai dit, je m'appelle Root.
– Êtes-vous une espionne ?
Elle se met à rire et je boude devant sa moquerie.
– Non, à la base j'étais une tueuse à gages, puis la Machine m'a recrutée, ajoute-t-elle avec un sourire rêveur. Elle soupire en concluant : depuis je ne tue plus les gens.
Devant sa peine évidente, j'hésite franchement à lui demander si cela lui manque mais m'arrête juste à temps. Elle est forte. Je veux dire, avec Shaw, quand je l'interrogeais c'était du tac-au-tac, genre un « ni oui ni non » durant lequel je la piégeais systématiquement. Root, elle, joue avec dextérité et paraît même y insérer ses propres règles. Ça va être coton...
– C'est qui la Machine ?
Elle ne répond pas tout de suite, comme si elle attendait une acceptation quelconque avant de me donner ce renseignement. Elle paraît étonnée, se met même à parler avec quelqu'un qui n'est pas là et mes doutes concernant sa santé mentale augmente d'un cran :
– Tu es sérieuse ? C'est encore une adolescente... Non, bien sûr que non, je ne remets pas en doute tes instructions, seulement tu n'es pas du genre à vouloir qu'on parle de toi au premier venu.
– Je suis pas le premier venu !
Root m'ignore complètement et opine simplement à ce que j'appellerais une voix dans sa tête puis m'avertit en plantant son regard dans le mien :
– Gen, ce que je m'apprête à te révéler est un secret que tu ne devras répéter à personne, sinon je serai dans l'obligation de te tuer.
De n'importe qui d'autre – sauf Shaw – j'aurais ri de cette menace, mais je sens qu'elle est très sérieuse. Je déglutis et hoche la tête en signe de compréhension.
Elle inspire profondément en regardant de nouveau la route et commence :
– Tout a débuté quand je n'ai pas pu finir un de mes contrats, que j'ai été contrecarrée par quelque chose qui connaissait tous mes coups d'avance...
Je ne vois pas les heures de voyage suivantes passer. Je suis fascinée par ce qu'elle me raconte.
Une histoire de dingue.
Je la bombarde de questions et j'en apprends plus sur elle. Comment elle a rencontré Shaw par exemple. Elle sourit avec nostalgie à ce souvenir et m'avoue, que depuis, elle ne regarde plus les fers à repasser de la même façon.
Je garde pour moi son changement d'attitude quand elle parle d'elle. Shaw lui tient à cœur, c'est évident, et je note mentalement qu'il faudra que je fasse attention à son comportement avec elle si nous la voyons.
Nous finissons par faire une halte à environ une centaine de kilomètres de Manhattan. Elle me confesse qu'en temps normal, elle aurait fait la route d'une traite, mais qu'elle a peu dormi la nuit précédente et qu'elle a sérieusement besoin d'un café. Ça tombe bien, je dois aller aux toilettes.
La station d'autoroute est certainement très banale, mais c'est la première que je vois.
Après être allée au petit coin, j'observe les gens autour de moi, ceux qui hésitent à acheter le dernier magazine à scandale, puis « osent » finalement et qui passeront le reste de la journée à commenter les potins qu'ils auront lus. Je regarde les crises de nerfs des enfants fatigués qui hurlent de colère et leurs parents, déboussolés, qui les laissent faire, épuisés de vivre régulièrement le même scénario, ne se rendant même pas compte que cette attitude énerve encore plus leur progéniture, qui redouble d'efforts pour attirer leur attention.
Root, un gobelet de café à la main, se rapproche de moi et me glisse à l'oreille que dans le fond, elle méprise tous ces gens.
Étonnée, je me tourne vers elle et lui demande :
– Et moi ? Tu me méprises ?
Elle penche la tête sur le côté, un tic que je commence à aimer chez elle, et répond d'un air sincère :
– Je ne sais pas encore... Mais la Machine t'apprécie, tu as donc toute mon attention... Tu veux un café ?
Je la regarde d'un air blasé en soufflant :
– J'ai douze ans !
Elle fronce les sourcils et réplique :
– Je sais, tu me l'as dit au début du voyage... Mais n'aurais-tu pas été vexée si je ne te l'avais pas proposé ?
J'en reste estomaquée, parce que je comprends qu'elle a raison. J'aurais fait une remarque sur son manque de courtoisie si elle n'avait rien dit.
Elle sourit, encore, toute fière d'elle, et reprend :
– Tu préfères peut-être un chocolat chaud ?
Je hoche la tête parce qu'elle me désarçonne. C'est la première adulte que je n'arrive pas vraiment à cerner et cela est... génial.
Je bois mon chocolat pendant qu'elle est perdue dans ses pensées et nous reprenons la route.
Nous arrivons à Manhattan une heure plus tard. Root fait une halte dans un restaurant asiatique et dépose les sacs en plastique contenant notre déjeuner sur les sièges arrière. Mon ventre gargouille rien qu'à l'odeur exotique qui embaume l'habitacle.
Elle gare la voiture dans Chinatown et nous marchons sur quelques mètres, puis je la suis dans un souterrain en essayant de retenir des points de repère au cas où je reviendrais seule et nous nous arrêtons devant une machine à sucreries. Je la vois taper le code et ne me peux m'empêcher de remarquer à voix haute :
– 3-1-4-1. Le nombre Pi ? C'est une bonne idée...
Elle prend un air amusé, en annonçant :
– Une idée d'Harold, tu vas voir, il est dans nôtre genre, mais en moins cool...
Je n'ai pas le temps de répondre, la machine se déplace, nous dévoilant une porte qu'elle ouvre et je descends derrière elle une volée de marches pendant qu'elle crie :
– Sameen, Harry, John ! J'ai apporté à manger et nous avons de la compagnie !
Je regarde autour de moi, me demande pourquoi nous sommes dans une station de métro et observe les trois personnes qui arrivent.
Celui qui s'appelle John reste de marbre en tenant par le collier un chien qui n'a pas l'air commode et commence à grogner dans ma direction, Shaw plisse les yeux en me reconnaissant et Harold cligne des paupières d'un air ahuri.
J'en déduis que je n'étais visiblement pas attendue...
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N/A : Notes importantes :
J'ai ajouté trois ans à Gen.
Il s'agit d'une petite histoire avec dix chapitres courts.
Je tiens à remercier chaleureusement MF79, sans qui ce récit n'aurait sans doute pas vu le jour.
Pour ceux qui se demanderaient ce qu'est le paradoxe de Schrödinger, une explication aura lieu un peu plus tard dans les notes de fin de chapitre de l'histoire, si vous ne pouvez pas attendre le chapitre 9, je vous propose... de chercher sur internet ;)
Enfin, le sujet de cette histoire donnera une bonne raison à Melicerte de me traiter à nouveau de Geek ou Nerd... à toi de voir :)
