Kyosuke rentrait d'une soirée karaoké que ses amis étudiants lui avait organisé pour fêter ses 20 ans comme il se devait. Sa tête lui tournait : il avait un peu trop abusé du saké et de la bière, importée d'Europe et qui titrait 7,9% d'alcool. Le jeune homme fila rapidement vers sa chambre : il n'avait qu'une envie désormais, c'était dormir jusque vers deux heures de l'après-midi au moins. Une fois dans sa chambre, il s'écrasa sur le lit et sombra dans un sommeil profond.

Kyosuke fut réveillé par la stridente sonnerie de son téléphone, qu'il décrocha,

Allo ? Ah, c'est toi Kuroneko. Non, non tu ne me déranges pas. Tu n'arrives pas à joindre Kirino ? C'est normal, elle est partie de la maison pour trois semaines environ, en Australie. Quoi ? Pourquoi elle est en Australie ? Elle est dans une colonie de vacances pour apprendre l'Anglais, ma chère. Ah, ça te reviens désormais… Tu voulais autre chose ? Me voir ? Cet après-midi au parc, alors, ça te convient ? Okay. A plus tard.

Il était 10 heures et demie. Kyosuke était encore fatigué, mais il décida de se préparer et de s'habiller. Cela lui faisait drôle d'être dans une maison vide. Ses parents prenaient du repos dans une station balnéaire thaï sa sœur était en colo à Port Douglas, une petite station balnéaire au large de la grande barrière de corail, mais lui était resté seul, planté à Tokyo, en pleine période de vacances scolaires. Kyosuke était pensif, mais il se rappela soudain :

« Je dois vérifier les résultats de la loterie à laquelle j'ai participé au bar. Je n'aurais jamais dû dépenser de l'argent dans ces idioties… J'avais trop bu hier soir, manifestement. »

Kyosuke alluma son ordinateur portable, démarra son navigateur, et se rendit sur le site de l'entreprise qui avait organisé l'événement. Il cliqua sur la fiche correspondant à la loterie organisée hier au soir, et ne vit pas son nom dans la liste. Dépité, il se rassura :

« Ce n'est pas grave. De toute façon, j'avais des chances maigres d'obtenir le voyage en Europe… Voyons-voir quel est le chanceux qui a obtenu les deux billets… »

Kyosuke regarda la liste plus en détail et vit : Kousaka Kyosuke. Il manqua de s'étouffer, et ébahi, se demanda d'abord pourquoi il n'avait pas vu son nom-prénom, écrit en gras et en rouge plusieurs fois sur la page. Il soupira, perplexe.

« Et bien. Je ne m'imaginais pas aussi chanceux », se dit-il, « Un voyage pour deux à Paris, logé dans un hôtel 4 étoiles ! Je me demande bien qui je vais pouvoir emmener avec moi. Manami rentre à Tokyo dans un mois, ma sœur est partie… Je me sentirai gêné d'inviter une personne de la fac', aussi. »

Tandis qu'il buvait lentement son café, une idée vint à Kyosuke, bien qu'elle lui parût loufoque. «Kuroneko ? Elle en serait heureuse, j'imagine. Elle aime tout ce qui est gothique, et vu le nombre d'églises et de cathédrales à Paris, elle va être servie…Cependant, Kirino me tuerait pour bien moins que ça », intima-t-il, non sans raison. « Toujours est-il que l'avion est dans trois jours, et que c'est bien la seule personne disponible avec qui je m'entende suffisamment bien pour demander ce genre de choses. Je lui en toucherai mot cet après-midi. »

Quatre heures plus tard, Kyosuke se rendit au parc où il avait rendez-vous avec Kuroneko, emmenant avec lui les fameux billets. L'adolescente l'attendait sur un banc, visiblement arrivée en avance. Elle le salua, et lui lança,

« Alors, onii-san, tu t'ennuies pas trop sans Kirino ? »

Kyosuke, gêné, la regarda doucement, et répondit,

« On ne peut pas dire qu'elle me manque vraiment. Elle a toujours tendance à attirer l'attention, et surtout les problèmes, d'autant plus que c'est toujours moi qui doit régler ses problèmes. Je souhaiterai vraiment avoir une sœur qui soit facile à vivre. Enfin, c'est ma sœur, je dois l'aider et l'accepter comme elle est. Il n'y a rien à y faire. »

- « Je suis ta sœur facile à vivre, en quelque sorte, Onii-san. En prenant en considérant Kirino est une tsundere pitoyable fan de cet 'animé', Meruru sorcière poussière d'étoile, je comprends parfaitement que tu ais du mal à la supporter. Profite que Kirino ne soit pas là pour bien prendre soin de moi, Aniki»

- « Ce n'est pas parce que tu me fais les yeux doux en m'appelant grand-frère que je te considère comme une sœur affective. Je te considère comme une bonne amie, Kuroneko. »

La jeune fille fit la moue lorsqu'il prononça ces mots, et détourna sa tête. Kyosuke soupira à nouveau, et ajouta,

« Dit, Kuroneko. Tu avais envie de faire quelque chose où tu m'as fait venir pour rien ? »

Toujours renfrognée, elle répondit :

« Tu as une bonne idée d'activité, que tu puisse te racheter ? »

Elle se retourna, le regarda dans les yeux, fit une moue à la fois innocente et mignonne, et continua, « Tu me déçois beaucoup, Onii-san. Tu sais, mon grand frère est décédé d'une infection pulmonaire quand j'étais toute petite. Je m'en souviens très peu, mais il me manque terriblement. Alors, soit gentil avec moi Kyosuke, chéris-moi et considère-moi comme une sœur adorable.»

Kyosuke fut étonné, puis pris de compassion en voyant ce délicat et mignon visage pleurant à chaude larmes. Il la rassura :

« C'est donc pour ça que tu y tiens tant… Soit. Je vais m'occuper de toi comme un grand frère, mais uniquement en l'absence de Kirino, ça la rendrait jalouse, sinon, tu sais. »

Son visage s'éclaircit, et elle sourit timidement. Kyosuke continua,

« Comme activité, cette après-midi, on peut toujours aller au cinéma, ils passent une OAV Maschera…»

Il réfléchit un moment, et ajouta, en montrant le ticket d'avion à Kuroneko,

« J'ai gagné un voyage pour deux à Paris, et il n'y a qu'à toi que je peux le donner, vu que Manami et Kirino sont déjà parties. »

- « Je suis gênée… Tu es sûr que tu veux voyager avec moi ? »

- « Je n'ai pas trop le choix de toute façon, et ta compagnie est loin de me déplaire, Kuroneko. Cela me ferait plaisir de voyager avec toi. C'est la première fois que je me rends en Europe. J'imagine que tu n'y es jamais allé non plus. »

- « Non, je n'y suis jamais allé. J'accepte, donc. Je devrais pouvoir convaincre ma mère sans trop de problèmes. On reparlera de ça plus tard. Concernant le cinéma, j'ai déjà vu cet OAV. Si tu n'y vois pas d'objection, je préférerais que l'on se promène dans le parc. »

- « Très bien. »

C'était en effet une très belle journée pour se promener au parc : le ciel était dégagé, et pourtant une douce fraîcheur, si caractéristique des lendemains de pluie emplissait l'air. Tandis qu'ils se promenaient, Kuroneko prit tendrement la main de Kyosuke, et lui chuchota :

« Merci Kyosuke. Tu serais vraiment un grand-frère idéal… Je ne comprends pas Kirino.»

La jeune fille fit une pause, et ajouta : « Excuse-moi, mais je dois déjà y aller, on m'attend à la maison. A Samedi, onii-chan. »

Kyosuke lui fit la bise, et la regarda s'éloigner, hypnotisé par les mouvements rythmés de sa robe noire victorienne, balayée par le vent et déplacée par ses hanches.