Bonsoir bonsoir tout le monde!
Je reviens vers vous aujourd'hui avec cette fiction sur laquelle je travaille depuis un petit moment déjà.
Avant de commencer, quelques petites précisions s'imposent:
L'idée de cette fiction m'est venue: 1) car je suis une férue d'histoire et ce contexte de guerre m'intéresse tout particulièrement car elle a marqué notre passé, notre culture.
2) car cette année on ''fête'' le centenaire de la 1ere guerre mondiale. Alors oui, cette fiction ''s'inspire'' de la 2eme guerre, mais l'idée en découle.
Ensuite, et cette précision est très importante: je ne souhaite en aucun cas prôner une idéologie. Cette fiction n'est pas écrite dans le but de blesser ni de prôner la suprématie de quelque peuple que ce soit. Si mes écrits renferment parfois des mots crus ou péjoratifs pour certains, ce n'est en aucun cas dans le but de dénigrer qui que ce soit.
J'espère que, vous qui lirez cet écrit, vous parviendrez à comprendre que je n'y exprime pas mes idéaux mais que j'essaie simplement de vous faire passer, à travers cet écrit, une partie de notre histoire.
Voilà, ces précisions me semblaient importantes.
Pour rappel, vous pouvez toujours me suivre ici: pages/Little-Dolls24s-World/633485416737192?ref=hl
J'espère que vous prendrez plaisir à me lire. Je vous dis à très bientôt.
14 novembre 1942. 8h43. L'aube pointe à peine le bout de son nez. Un timide rayon de soleil contraste avec le vent froid d'automne. Camus remonte sa large écharpe jusqu'à son nez. Il regarde par-dessus son épaule pour voir Aphrodite, tout aussi emmitouflé que lui, et Mu, quelques mètres plus loin.
Il baisse la tête, détourne les yeux tandis qu'il croise le regard d'un soldat allemand. Ses muscles se crispent alors que le soldat s'arrête à la hauteur d'Aphrodite... Et se détendent comme il reprend la route. Il peut presqu'entendre le soupir de soulagement de son ami, le souffle froid de Mu un peu plus loin.
Camus s'arrête quelques secondes, faisant mine d'observer une affiche publicitaire. Le temps qu'Aphrodite et Mu le rejoignent.
-J'ai bien cru que ce sale boche m'avait repéré, chuchote Aphrodite.
-Silence, ordonne Camus. Les murs ont des oreilles.
-Prends à gauche à la prochaine ruelle, murmure Mu. Notre contact nous attend au numéro 21.
Camus se contente d'hocher la tête. Mu s'éloigne, talonné par Aphrodite. Il leur laisse prendre un peu d'avance, avant de finalement se mettre en route lui aussi. Les rues sont pleines d'allemands. La peur se lit sur chaque visage. Camus s'efforce de rester impassible tandis qu'un homme se fait arrêter, quelques mètres plus loin. Il doit penser à sa propre survie s'il veut se rendre utile.
Comme le lui a indiqué Mu, Camus tourne à gauche, et fait quelques pas pour arriver devant le numéro 21. Il toque. La porte s'entrouvre.
-Je t'écris de dessous la tente
Tandis que meurt ce jour d'été
Où floraison éblouissante
Dans le ciel à peine bleuté
Une canonnade éclatante
Se fane avant d'avoir été.
Camus récite d'une voix parfaitement claire ce poème qu'il affectionne tant et qui était devenu le mot de passe. Peu de personnes le connaissaient vraiment, et certainement pas les allemands.
L'homme en face de lui s'efface pour le laisser entrer. Il le guide ensuite jusqu'au salon, où Camus retrouve Aphrodite, Mu et un autre homme qu'il n'avait jamais vu auparavant.
-Je m'appelle Saga, précise l'homme qui l'avait guidé jusque-là. Et voici Kanon, mon frère jumeau.
Camus le salue d'un signe de tête tandis que les autres prennent place autour de la table. A sa gauche, le dénommé Saga pose un plan sur la table et dit:
-Nous devons nous rendre à Paris, c'est là que se trouve le noyau de la résistance. Nous trouverons des renforts là-bas.
-C'est aussi là que les allemands sont le plus présents, explique à son tour Kanon, il vous faudra donc être extrêmement prudents.
-Vous ne venez pas avec nous? Demande alors Mu.
-Nous avons encore des choses à régler ici avant de partir. Nous vous rejoindrons dans quelques jours.
Tous hochent la tête. Ils savent que la probabilité pour que tous en sortent vivants est très faible, alors autant prendre toutes les précautions nécessaires. Laisser des traces derrière soi, c'était donner aux allemands le bâton pour se faire battre.
-Voici vos faux papiers.
Kanon leur distribue à chacun des papiers indiquant de faux noms, fausses dates de naissance et fausses adresses.
-Vous voyagerez au moyen du même convoi, reprend Saga. Cependant ne restez pas ensemble, vous attirerez moins l'attention sur vous si vous êtes seul.
Camus n'était pas certain que cette théorie soit fondée, quelques instants plus tôt, l'homme qui avait été arrêté était seul. Mais cela ne le dérangeait pas de faire cavalier seul: au moins, il n'avait pas à s'impliquer émotionnellement.
-Mu, tu rejoindras un contact à cette adresse. Sois à l'heure, il n'aime pas attendre. Aphrodite, dès ton arrivée à Paris rends-toi au bistro qui se trouve à cette adresse. Ton contact saura te reconnaître. Quant à toi, Camus, ton contact t'abordera directement sur le quai de la gare. Il se présentera comme étant ton cousin.
Camus, comme ses deux autres compagnons de galère, se contente d'hocher la tête sans poser davantage de questions. Les mots ne servent à rien dans une situation comme celle-là.
-Vous voyagerez de nuit. En attendant, reposez-vous. Une longue nuit vous attend.
Puis Saga et Kanon quittent la table. Camus voit Mu saisir la manche de Saga.
-Et Kiki? Demande-t-il.
-Ne t'en fais pas, répond Saga, il est en sécurité.
-Pour combien de temps?
-Aussi longtemps qu'il le faudra.
Puis les jumeaux disparaissent pour de bon. Ils sont à présent livrés à leur triste sort. Impossible pour eux de faire machine arrière.
-Ils ont envoyé Kiki dans une espèce de couvent, explique Mu en arborant un triste sourire. Ils m'ont juré faire confiance à ce Shaka, mais je ne peux pas m'empêcher de me faire du souci pour lui.
-Comme je te comprends, soupire Aphrodite, moi aussi j'ai dû abandonner mon pauvre beauty.
-Beauty est un chien, Aphrodite.
-Et alors? Ça ne m'empêche pas de l'aimer comme mon propre enfant!
Camus, lui, reste silencieux. Il pense à Hyoga, qu'il a laissé derrière lui. Lorsqu'il a quitté son village ce soir-là, les boches avaient découvert leur planque, à Hyoga, Shun et lui. Camus a fait son possible pour sauver Hyoga... Mais lorsque Shun s'est fait prendre, il a refusé de partir... Et Camus n'a pas eu d'autre choix que de le laisser derrière lui pour s'enfuir. S'il avait été fait prisonnier lui aussi, il n'aurait jamais pu leur venir en aide.
Il revoit le regard apeuré de Hyoga alors que les allemands le plaquent contre le mur pour lui lier les poignets. Il revoit son incompréhension quand il le voit s'enfuir. Et lui, il s'en veut de n'avoir pas été capable de le protéger.
-Ne t'en fais pas, Camus, murmure Mu, on trouvera un moyen de sauver tout le monde.
-Tu es bien trop optimiste, Mu.
Camus voit son ami grimacer. Il admire Mu pour sa joie de vivre et ses pensées positives à toute épreuve. Ils étaient en guerre, pliaient sous le joug allemand, mais Mu restait intimement persuadé que tout finirait bien.
-Essayons déjà de nous sauver nous-même, conclut-il.
Lui n'avait pas cet esprit positif. Il ne l'avait jamais eu. Et encore moins maintenant qu'il avait vécu les horreurs de la guerre. Il avait vu de ses propres yeux les allemands se délecter de la mort. Il avait vu des voisins, des collabos, dénoncer sa propre famille. Il avait perdu foi en l'humanité depuis longtemps.
-Bonne chance.
-Prenez soin de vous.
Camus sert lui aussi la main de Saga et Kanon avant de reprendre la route. Il échange un dernier regard avec Aphrodite et Mu... Puis s'éloigne, comme le fait Aphrodite un peu plus tard.
Saga avait raison : voyager seul paraissait toujours moins suspect que voyager en groupe. Et puis Camus préférait de loin se retrouver seul. Il n'avait que sa peau à sauver. Il ne devait pas regarder sans cesse derrière lui pour voir si ses compagnons d'arme n'avaient pas d'ennui. Il avait appris à rester impassible face à n'importe quelle situation. Même lorsqu'il avait abandonné Hyoga, il ne s'était pas retourné.
Il marcha d'un pas modéré jusqu'à la gare. Le quai était assailli par les allemands, qui prenaient un malin plaisir à faire évacuer les résistants, menottes aux poignets, pour les emmener jusqu'à leur quartier général, où ils seraient torturés, et probablement tués.
Il aperçut Mu et Aphrodite, perdus dans la foule. Son regard croisa celui de Mu, et il put lire sur ses lèvres un ''bonne chance'' auquel il ne répondit pas. Parler de chance dans une situation comme la leur, c'était une ironie. La chance n'était plus de leur côté depuis longtemps. S'ils voulaient rester en vie, ils devaient se battre. Et Camus comptait bien survivre le plus longtemps possible.
Le train s'arrêta en gare de Paris. Camus ajusta le col de sa veste et se présenta devant la porte du convoi. Mu et Aphrodite le rejoignirent. Ils firent mine de ne pas se connaître. Lorsqu'ils se retrouvèrent seuls, Aphrodite leur glissa un petit bout de papier, leur chuchotant.
-On se retrouve à cette adresse ce soir.
Ni Mu ni lui ne répondirent. Les portes s'ouvrirent, Mu disparut dans la foule. Aphrodite tourna à gauche, lui à droite. Il fit mine de s'approcher de la sortie. Il ne savait pas du tout à quoi ressemblait son contact. Il ignorait s'il devait chercher un homme ou une femme, quelqu'un de grand ou petit, de gros ou mince, de… Il interrompit le fil de ses pensées lorsqu'une main se posa sur son épaule.
Il fit volte-face, prêt à signaler au malotru que personne n'avait le droit de se montrer si intime avec lui… lorsque le jeune homme lui dit :
-Camus, c'est bien toi n'est-ce pas ? Ça fait tellement longtemps qu'on ne s'est plus vus !
-Est-ce qu'on se…
-Je suis ton cousin, tu ne me reconnais pas ?
Camus écarquilla alors les yeux : c'était lui, son contact ?! Il semblait si jeune… il avait de long cheveux blonds attachés en queue de cheval et des yeux bleus perçants. Il était légèrement plus petit que lui et il portait une veste en jeans foncée.
-Je m'appelle Milo, dit-il.
Camus serra la main qu'il lui tendait avant de dire :
-Je déduis que je n'ai pas besoin de t'apprendre mon nom.
-Non, répondit-il en souriant, j'ai bien examiné ton dossier. Saga avait oublié de préciser que tu étais aussi mignon.
Camus rougit et détourna légèrement la tête, faisant rire davantage Milo.
-Je te charrie ! Ne me prends pas pour un pervers ou je ne sais quoi de louche !
-Cette idée ne m'était pas venue à l'esprit.
Milo lui sourit puis l'entraîna par le bras.
-Dépêchons-nous, c'est l'heure de table des boches, on ne devrait pas avoir trop de problèmes pour traverser la ville.
Camus se contenta d'hocher la tête et de le suivre. Il voulait simplement que cette journée se termine. Ce serait une journée de survie de plus. Une nouvelle victoire contre les allemands. Cela pouvait paraître futile aux yeux du plus grand nombre, mais lorsqu'on était dans la résistance, chaque journée était un combat contre la mort. Et chaque victoire était une revanche contre l'envahisseur allemand.
