Fic 54
UNE AUTRE VIE
Première partie
Chapitre 1
De nos jours planète inconnue
-Réveillez-vous madame, tout va bien.
Sam ouvrit les yeux et les referma éblouie par la lumière très blanche de la pièce. Elle était couchée dans un lit, et devant elle, elle voyait le visage un peu flou d'une jeune femme en blouse blanche qui se penchait sur elle.
-Janet ! dit Sam faiblement.
-Je ne sais pas qui est Janet, madame, je m'appelle Liena et je suis chargée de m'occuper de vous.
-Où suis-je ? murmura Sam.
-Vous êtes en sécurité maintenant, ne craignez rien. Vous vous souvenez de quelque chose ?
-Oui, je venais de passer la porte et … Oh dit-elle en éclatant en sanglots je me souviens, les Goa'ulds…
-Oui, votre planète a été envahie. Mais vous n'avez plus rien à craindre maintenant. Détendez-vous.
-Sur quelle planète somme-nous ?
-Eridu.
-Vous n'avez pas de Goa'ulds ? dit Sam en frémissant encore. Les souvenirs revenaient en foule, l'attaque subite, les destructions, puis l'évacuation par la porte de centaines de milliers de gens.
-Non dit Liena en souriant, il n'y a pas de Goa'ulds ici. Rien que des gens qui veulent vivre en paix et qui sont très heureux d'accueillir des personnes comme vous. Vous devriez dormir un peu maintenant.
Sam ferma ses paupières lourdes de sommeil et se renfonça dans ses oreillers. Elle s'endormit aussitôt. Le médecin régla le débit de la perfusion et laissa la jeune femme se reposer.
Le lendemain Sam avait totalement récupéré. Le médecin lui avait donné l'autorisation de sortir.
-Tout va bien avait-elle dit. Seulement comme tous les émigrés venant de la Terre, vous serez obligée de recevoir une injection mensuelle de triox, pour vous aider à supporter la différence du taux d'oxygène. Notre air est un peu moins riche que le vôtre dit le jeune médecin en souriant.
-Entendu docteur répondit Sam docilement.
-Est-ce que quelqu'un vous attend à la sortie ?
-Oui quelqu'un qui appartient au ministère de l'accueil aux étrangers doit venir me chercher.
-Parfait dit Liena en souriant. A dans un mois madame Carter.
Sam n'avait aucun bagage avec elle. Elle était seule dans un monde inconnu et elle devait s'y faire une place. Jamais elle ne pourrait revenir sur la Terre. Elle le savait. Elle avait tout quitté en catastrophe. Son travail, ses amis. Elle essuya une larme et se traita d'ingrate. Elle avait une chance inouïe d'être tombée sur un peuple aussi sympathique qui ne pensait qu'à aider les autres en difficulté.
Dans le hall une jeune femme l'attendait : elle était souriante elle aussi. Comme le médecin qu'elle venait de quitter. Jeune, belle, bien habillée, semblant parfaitement heureuse.
Dans la rue le spectacle était très différent de ce à quoi elle s'attendait.
Elle savait qu'elle était dans une grande ville de plusieurs centaines de milliers d'habitants, mais cette ville ne ressemblait à aucune qu'elle connaissait. Un mélange harmonieux d'architecture audacieuse et de construction d'un style plus classique, à ses yeux du moins. De grands espaces verts, des étendues d'eau au milieu de la ville, apportaient une note de fraîcheur. Les véhicules à moteurs se faisaient très rares, car un réseau de transport en commun très performant permettait à la population de se déplacer à grande vitesse d'un point à un autre de la ville. Il y avait un métro, et des bus sillonnaient les rues en permanence.
-Je m'appelle Donava dit la jeune femme à Sam. Mon travail consiste à loger les nouveaux arrivants. Venez, je vous ai réservé un appartement dans une zone résidentielle tout à fait agréable.
-Merci beaucoup dit Sam.
Elles montèrent dans un bus, et quelques minutes plus tard, elles arrivèrent en bordure du lac Morgan. Un vaste étendue d'eau douce, entourée de petites maisons de deux ou trois étages.
Elle descendirent du bus à quelques mètres de l'immeuble où allait vivre Sam.
-Vous voyez pour les transports, c'est facile, le réseau de bus couvre toute la ville. Pour les destinations plus lointaines vous avez le métro. Deux rues plus loin dit-elle en pointant le doigt dans la direction opposée au lac, il y a un centre commercial avec tout ce qu'il faut, maison du médicament, habillement, nourriture, même plusieurs bars et restaurants. Vous avez également un cabinet médical avec médecins et dentistes.
Sam n'écoutait que d'une oreille, elle était un peu perdue sous cette avalanche de nouveautés. Des magasins, c'était parfait, mais elle ne connaissait pas encore les coutumes de cette planète. Comme partout il lui faudrait certainement de l'argent, et un travail.
Justement c'est de cela que parlait Donava.
-Demain vous irez à la maison de l'emploi, vous passerez un entretien et des tests.
-Entendu dit Sam.
Tout en parlant les deux jeunes femmes étaient arrivées au premier étage. L'appartement était vaste et clair et donnait sur le lac.
Il était composé de trois pièces, un séjour avec un coin cuisine et deux chambres. Le tout était meublé avec goût, dans un style un peu différent de celui sur Terre, mais tout a fait agréable et fonctionnel. Même le frigo était garni.
Sam n'en revenait pas :
-Comment avez-vous fait pour me trouver si vite un logement demanda t-elle à Donava.
-Nous avons plus de logements que nous n'avons d'habitants, et comme nous avons beaucoup de réfugiés… Vous allez vous plaire ici, j'en suis certaine dit-elle d'un ton enjoué.
-J'en suis sûre dit Sam sur le même ton.
Une fois la jeune femme partie, Sam fit le tour de l'appartement. Il ne manquait rien, absolument rien. Elle se redit encore une fois la chance qu'elle avait eue ! Les personnes sur terre devaient savoir vers quelle planète ils envoyaient leurs ressortissants. Mais c'était tout de même étrange ! elle se secoua.
Espèce d'ingrate se morigénera t-elle. Tu as une chance fabuleuse ! Profites-en !
Elle se fit couler un bain et se délassa un long moment dans l'eau chaude. Puis elle se fit un repas léger, elle se mit au lit et s'endormit immédiatement.
A la maison de l'emploi, le même personnel souriant et affable qu'à l'hôpital ou au ministère des émigrés.
Sam passa des tests de toute nature pendant plus d'une heure. Puis elle eut un entretien avec le responsable de l'emploi. Un homme cette fois, la quarantaine,le cheveu rare, et portant une épaisse barbe noire.
-Mademoiselle dit-il en regardant sa fiche, je vois que vous avez un haut niveau en mathématiques, physique, astrophysique, et biologie. Vous êtes quelqu'un de précieux. Nous avons un poste qui se libère dans un laboratoire de recherche sur les minerais. Cela vous intéresse t-il ?
-Naturellement, je ne crois pas devoir faire la difficile dit-elle.
-Détrompez-vous mademoiselle, nous avons besoin de chercheurs de votre niveau. Mais vous pouvez faire un essai de trois mois, et puis changer si cela ne vous convient pas.
-Si, si, c'est très bien, dit-elle. Je commence quand ?
-Dès demain matin si vous voulez. Je vous donne les coordonnées de l'entreprise dit-il en se levant.
Sam un peu surprise d'une telle rapidité, prit la feuille qu'il lui tendait et le remercia.
-Voyez ma secrétaire, en sortant elle va vous expliquer.
-Merci beaucoup monsieur et elle lui tendit la main.
Sam sortit du bâtiment quelques minutes plus tard et se heurta à un jeune homme à lunettes, qui marchait sans regarder où il mettait les pieds.
-Excusez-moi dit-il. Je ne vous avais pas vue.
-Ce n'est rien dit-elle par politesse.
Elle s'éloigna rapidement le nez dans ses papiers. Elle s'aperçut que son nouveau travail était à trois rues de sa maison. Elle n'aurait même pas besoin de prendre le bus !
Sam passait ses journées à analyser des minerais. Toutes sortes de minerais. Elle devait plus particulièrement travailler sur le naquadah, un minerai inconnu sur terre et qui bientôt n'eut plus de secrets pour elle. Son travail était tourné vers la recherche, comment exploiter au mieux les gisements de Tegrun situés à environ 200 kilomètres de la capitale. Elle devait aussi travailler sur les applications ,comment adapter les nouvelles ressources à l'industrie, et à l'armement.
Quand on lui avait parlé d'armes elle avait froncé les sourcils, ce peuple paraissait pacifique et ne semblait pas avoir d'ennemis. Le responsable du programme avait été évasif sur ce point, et Sam n'avait pas insisté mais elle se promettait de revenir à la charge un peu plus tard.
Un matin en partant elle rencontra dans l'escalier le jeune homme à lunettes qu'elle avait vu à la maison de l'emploi. Il la salua timidement.
-On s'est déjà rencontré dit-elle, vous habitez l'immeuble ?
-Oui juste au dessus de chez vous. Je vous ai vu sortir hier de votre appartement dit-il très vite tandis qu'elle levait un sourcil interrogateur.
-Très bien je m'appelle Samantha Carter dit-elle en souriant.
-Et moi Daniel Jackson.
-Terrien ?
-Oui, comme tous les habitants de l'immeuble. Bon, faut que j'y aille dit-il timidement, sinon je vais être en retard.
-Vous travaillez où ?
-Au muséum ?
-Vous êtes historien ?
-Non plutôt archéologue, et linguiste, mais mes connaissances des langues terriennes ne sont pas très utiles ici.
Daniel et Sam se voyait de temps à autre. Ils se croisaient puis un jour Daniel invita Sam à prendre un verre, ils sympathisèrent et se trouvèrent beaucoup de points communs. Ils étaient tous les deux scientifiques et pouvaient discuter des heures avec enthousiasme sur différents sujets. Ils évoquaient aussi leur vie sur terre, Sam travaillait à l'observatoire Mac Kinley ,tandis que Daniel était professeur d'archéologie à Yale.
Ce soir là, Sam poussa la porte avec son coude et entra dans l'immeuble. Elle avait les bras chargés de dossiers, et elle se dirigea vers sa boite aux lettres. Mais en cherchant ses clés la catastrophe arriva.
Zut ! dit-elle en sentant les dossiers glisser et s'étaler sur le sol dans un envol de papiers.
Elle s'accroupit pour les ramasser quand deux pieds apparurent dans son champ de vision.
-Laissez moi vous aider dit une voix grave et profonde.
Sans attendre de réponse l'homme se baissa et aida Sam à ramasser ses feuilles qui s'étaient éparpillées jusqu'au pied de l'escalier.
-Merci dit Sam, mais j'aurais pu me débrouiller toute seule.
-Oh mais je n'en doute pas dit-il en riant, Madame ? Mademoiselle ?
-Mademoiselle dit Sam et vous ? ajouta –telle sans réfléchir.
-Mademoiselle, aussi
Interloquée elle plongea dans un regard brun, chaud et moqueur. L'homme était très grand, mince et musclé, une petite cinquantaine, des cheveux gris argentés, et il lui souriait gentiment.
Encore un farceur ! pensa t-elle.
-Samantha Carter dit-elle.
-Jack O'Neill dit-il en lui tendant la main.
Il se donnèrent une poignée de main un peu cérémonieuse.
-Vous habitez l'immeuble ? demanda t-elle
-Au premier étage.
-Alors vous êtes mon voisin de palier ? Je ne vous avais jamais vu !
-Moi si, je vous ai aperçu deux ou trois fois, mais j'ignorais que l'on habitait si près l'un de l'autre.
-Je vous offre un café ? dit-elle tout à trac. Elle regretta aussitôt sa phrase, elle ne connaissait pas cet homme, bien qu'il lui parût sympathique cela restait un étranger. Elle trouva qu'elle manquait de la plus élémentaire prudence, inviter chez elle un parfait inconnu ! Pourtant elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance.
-Volontiers dit-il. Il y a un petit troquet deux rues plus loin.
Elle poussa un ouf de soulagement, il ne souhaitait pas aller chez elle. Un point pour lui.
-Je dépose mes dossiers chez moi, et je vous rejoins tout de suite dit-elle.
-Entendu, je vous attends dehors.
L'immeuble était en bordure d'un des nombreux lacs que comportaient la ville. Un espace aéré, bordé d'arbres et de fleurs.
Il l'attendait assis sur un banc devant le lac. Il sourit quand il la vit s'arrêter près de lui.
-Ça me rappelle chez moi, dit-il.
-Vous êtes terrien vous aussi ?
-Oui du Minnesota, dit-il un brin nostalgique. J'avais un chalet au bord d'un lac, dans un région boisée un peu comme ici.
-Et vous faisiez quoi dans votre Minnesota ?
-Et si on le prenait ce café ? dit-il faisant comme s'il n'avait pas entendu la question de Sam.
Elle regrettait de la lui avoir posé, peut être avait-il des mauvais souvenirs ou était-il comme elle traumatisé par ce qu'ils venaient de vivre sur terre. Pourtant elle aurait aimé en parler, elle se serait sentie moins seule.
-On y va, dit-elle.
Elle poussa la porte du bar et se crut revenue sur terre comme d'un coup de baguette magique. C'était un café comme il y en avait des milliers dans son pays natal. Des juke box, un billard , un public bruyant de terriens, de la bière qui coulait à flots. Une ambiance de pub irlandais, quelque chose d'infiniment familier et sympathique.
Ils trouvèrent une table de libre. Jack arborait un large sourire, on sentait qu'il aimait cette ambiance.
-Finalement je prendrais une bière plutôt dit il à la jeune femme en face de lui.
-Moi aussi, dit-elle en souriant.
-Alors qu'est ce que vous faites dans la vie mademoiselle Samantha Carter ? dit-il après avoir pris quelques gorgées de sa bière.
Il buvait directement au goulot, tout en regardant la jeune femme avec une lueur malicieuse dans le regard.
Elle se troubla sans savoir pourquoi. Elle avait une impression de déjà vu.
-Je travaille dans un laboratoire de recherche dit-elle finalement.
-Biologiste ?
-Non, physicienne plutôt et spécialiste du naquadah.
- Une scientifique , donc !
-Vous n'aimez pas les scientifiques ?
-Si je les adore ! dit-il mais je comprends pas grand-chose quand elles parlent.
- Ah je vois ! et vous, vous faites quoi dans la vie monsieur O'Neill ?
-Je suis chef de la police de cette ville.
-Oh ! Alors il faut que je me tienne à carreaux, dit-elle en riant.
-Vous avez intérêt ! j'ai toujours une paire de menottes sur moi ! dit-il sur le même ton.
-Vous êtes arrivé depuis longtemps ? dit-elle.
-Depuis deux mois.
-Et vous êtes déjà chef de la police, vous devez être un bon !
-Excellent vous voulez dire !
Il avait un rire joyeux et très communicatif. Sam ne put s'empêcher d'éclater de rire.
Elle se sentait merveilleusement bien dans ce bar, près de cet homme qu'elle ne connaissait pas. Elle jeta un coup d'œil à sa montre.
-Oh, je dois rentrer.
-Il n'est pas si tard.
-Non, mais vous avez vu les dossiers que j'ai rapportés tout à l'heure, il faut que d'ici demain je les ai étudiés.
-Vous travaillez chez vous en plus de votre journée ! C'est pas bon ça.
-J'aime tellement mon travail, c'est passionnant !
-Je n'en doute pas à voir votre tête. On se reverra ?
-Oui bien sûr dit-elle avec enthousiasme.
Les jours et les semaines passèrent. Sam travaillait toujours beaucoup. Mais les week-ends elle s'accordait de petites sorties avec ses nouveaux amis : Jack et Daniel. Ils allaient tantôt chez les uns ou les autres, allaient au cinéma, faisait du bateau sur le lac, ou de grandes parties de pêche. Jack était un spécialiste de la pêche et le lac devant leur maison était très poissonneux. Ces soirs là, c'est Jack qui cuisinait de merveilleuses fritures ou des poissons au beurre blanc « une recette que ma tante avait rapporté de France » avait-il dit la première fois.
Ils oubliaient peu à peu le traumatisme de la destruction de la terre. Chacun s'était reconstitué une vie, somme toute assez agréable.
Puis un jour Daniel ne vint pas à leur soirée. Il s'était excusé, beaucoup de travail. En réalité le travail se nommait Sarah Gardner, c'était une de ses collègues au Muséum.
-Nous voilà donc tous les deux dit Jack en ce samedi soir. Que veux-tu faire Sam ?
-J'ai pas trop envie de sortir, si on allait chez moi passer une soirée tranquille ?
-Je suis tout à fait d'accord dit-il en lui rendant son sourire.
Ils se préparèrent un petit repas à base de poisson qu'ils mangèrent sur le balcon de Sam.
-On se croirait presque sur terre dit Sam avec nostalgie. Oh excuse-moi Jack reprit-elle en voyant son ami se rembrunir. Je n'aurais pas dû.
-Ce n'est rien, mais je n'aime pas trop penser à ce que j'ai laissé là-bas.
-Tu avais de la famille ?
-Non, je vivais seul, mais j'avais beaucoup d'amis.
-Tu ne m'as pas dit ce que tu faisais comme travail.
-Le même qu'ici répondit-il C'est ça qui d'ailleurs m'a surpris. Retrouver tout de suite du travail et exactement dans la même branche.
-On a eu une chance incroyable ! répondit Sam, moi j'ai aussi retrouvé un métier équivalent. Je crois que Daniel c'est pareil.
Ils mangèrent en silence, le poisson était vraiment délicieux.
-Succulent ! Jack
-Merci dit-il en la regardant droit dans les yeux.
Elle se troubla sous ce regard. Il la regardait avec un petit sourire en coin, une flamme chaude dans son regard brun.
« Mon dieu, qu'il est séduisant pensa Sam. »
La nuit était presque tombée, les ombres envahissaient les eaux du lac et sur le balcon la pénombre était propice au rapprochement. Jack posa sa main sur celle de Sam. Elle réagit aussitôt, en lui agrippant les doigts. Ils se rapprochèrent et Jack pencha son visage vers celui de Sam. Leurs lèvres se touchèrent en un baiser très doux.
Chapitre 2
Base de Cheyenne Mountain
Ce matin-là Hammond se leva fatigué. Comme tous les autres jours d'ailleurs. Depuis plusieurs mois que son équipe phare avait disparu sans laisser de traces, plus rien n'était pareil. Le travail lui pesait et il aurait bien voulu prendre sa retraite mais le président avait refusé.
-Il n'y a personne d'autres que vous général Hammond. Vous connaissez ce travail sur le bout des doigts, vous êtes au cœur de toutes les décisions. Vous devez rester encore un peu.
-Je me sens vieux monsieur le président et fatigué.
-Je comprends que la disparition de SG1 ait été pour vous une catastrophe, mais je n'ai pas besoin d'ajouter…
-Naturellement le coupa Hammond un peu impoliment, perdre des hommes fait partie du métier de soldat. Mais avec ceux-là c' était très différent. Depuis sept ans je les ai envoyés au casse pipe un nombre incalculable de fois, ils ont sauvé la Terre du désastre en bien des occasions. En plus d'être de courageux soldats, ils étaient devenus mes amis. Ils me manquent monsieur le président.
-Je comprends tout cela général Hammond, mais je vous demande de rester encore un peu. Nous n'avons pas fini de vaincre nos lointains ennemis. J'ai besoin de vous.
Ces mots là Hammond ne pouvait les entendre sans accepter. Il était militaire habitué à commander mais aussi à obéir.
-A vos ordres monsieur le président avait-il répondu.
Cette conversation avait eu lieu trois mois après la disparition du colonel O'Neill, du Major Carter et de Daniel Jackson. Il n'avait plus eu de nouvelles du président à part quelques brèves conversations téléphoniques. Mais jamais il n'avait reparlé de la retraite du vieux général.
Ce matin là il se dirigea d'un pas lourd vers son bureau. Teal'c devait bientôt rentrer, aujourd'hui sans doute. Il n'avait pas arrêté de sillonner la galaxie à la recherche de ses amis. mais jamais il n'avait abandonné l'espoir de les retrouver.
Hammond ouvrit les dossiers devant lui. Sans cesse il revenait à cette mission sur P8N678. Une simple mission de routine. Et pourtant …
Teal'c était revenu seul. La mission s'était bien déroulée jusqu'au moment où ses trois amis avaient disparu. Tout simplement disparus. Il n'avait pas vu de rayons téléporteurs, ni de vaisseaux Goa'ulds, ni de jaffas. Il avait averti Hammond et était resté sur la planète quelques heures, il n'avait rien vu, rien trouvé, rien compris. La mort dans l'âme il était rentré seul.
Hammond avait aussitôt envoyé une expédition de secours, qui elle aussi était revenue bredouille.
Dans les jours et les semaines qui avaient suivi tout avait été mis en œuvre pour les retrouver, en vain. Que ce soit les Asgards, les Tok'ra, les Nox, aucun de ses peuples n'avait pu les aider dans leur recherche.
Hammond les avait déclarés d'abord portés disparus selon la procédure de l'armée. Puis trois mois jour pour jour après leur disparition, un hommage émouvant et poignant leur avait rendu devant la porte des étoiles ouverte. De très nombreuses personnes avaient souhaité dire quelques mots pour exprimer leur amitié, leur admiration pour ces hommes et cette femme hors du commun, qu'avaient été le colonel O'Neill, Daniel Jackson et le major Carter.
Une belle cérémonie pensa Hammond en relisant pour la énième fois le rapport de Teal'c, espérant y découvrir quelque chose qui lui aurait échappé. Le rapport était long et détaillé, Teal'c faisait état de toutes les pistes qu'il avait suivies, depuis la porte jusqu'au temple qu'ils avaient visité, et aux cavernes où ils avaient passé la nuit. C'est en se réveillant le lendemain que Teal'c découvrit qu'il était seul. Ses amis avaient disparu.
Chapitre 3
Planète Eridu
Sam se réveilla ce matin là avec une migraine tenace. Elle avait mal dormi et pensait avoir attrapé froid. Elle se leva prit une longue douche chaude et après son café brûlant qu'elle prit debout devant le plan de travail de la cuisine, elle se souvint qu'elle n'avait pas été à l'hôpital pour sa piqûre mensuelle de triox.
Quelle sotte pensa t-elle, c'est sûrement ça. Elle avait huit jours de retard et l'hôpital allait certainement la rappeler à l'ordre. Elle était tellement prise par son travail, ses amis, la vie trépidante qu'elle menait qu'elle en oubliait l'essentiel : sa santé.
Il fallait qu'elle téléphone pour prendre rendez-vous.
La personne qu'elle eut au téléphone n'était pas très aimable.
-Voyons mademoiselle Carter, vous savez bien que vous ne devez manquer ce traitement sous aucun prétexte.
-Oh répondit-elle un peu agacée, ce n'est pas une semaine de retard qui va changer grand-chose !
-Détrompez-vous c'est très important. Nous avons beaucoup insisté à votre arrivée, c'est vital pour toutes les personnes venant de la terre. Je vous donne rendez-vous à 10 heures ce matin, et soyez à l'heure.
Et elle raccrocha.
Zut pensa Sam, j'ai une réunion à 9 h 30, je vais être en retard. .
Elle appela son travail, et son chef de travaux un natif de la planète, nota tout de suite le rendez-vous.
-Rassurez-vous Mademoiselle nous employons ici beaucoup de terriens et tout le monde est dans le même cas. Prenez votre matinée. Cela ne pose aucun problème.
Sam poussa un ouf de soulagement, les gens étaient bien compréhensifs ici. Sur terre c'était différent.
Dès son arrivée à l'hôpital elle fut prise en charge, on lui fit passer un examen complet et le médecin revint dans la salle quelques instants plus tard.
-Vos examens sanguins montrent un taux d'oxygène beaucoup trop faible. Je vais être obligée d'augmenter vos dosages de triox. Mais ne manquez plus votre rendez-vous à l'avenir.
Toutes ces remarques agaçaient Sam.
-Ecoutez docteur vous n'en faites pas un peu trop là ? Ce n'est que de l'oxygène !
Le docteur ne répondit pas et fit la piqûre à Sam.
Le soir même elle retrouva Jack qui l'attendait à la sortie de son travail. Elle lui fit un grand signe de la main.
-Ça va ? Ta journée a été bonne ?
-Oui, mais je ne sais pas si on aura toute notre soirée, je suis d'astreinte en cas de pépin.
-Mais tu es le chef ! dit-elle en souriant.
-Oui, mais il faut bien donner l'exemple ! non ? Mais rassure-toi c'est plutôt calme en ce moment dit-il en se penchant vers elle pour capturer ses lèvres. Aussitôt elle se lova contre lui, pressant son corps contre celui si ferme de son compagnon. Elle passa ses deux bras autour de son cou et soupira « Jack » avant de replonger dans un baiser si profond qui la laissa toute étourdie et à bout de souffle.
Ils se mirent en route tranquillement le bras autour de la taille de l'autre. Il faisait bon, d'ailleurs cette planète avait un climat toujours agréable, une température à peu près constante et peu de différences entre l'hiver et l'été.
Les habitants passaient beaucoup de leurs loisirs dehors, les bords des nombreux lacs de la ville étaient toujours remplis d'une population bruyante qui venait se divertir après une journée de travail.
En rentrant chez elle à pied avec Jack près d'elle, Sam se sentait heureuse, De temps à autre elle levait les yeux sur lui et admirait son profil un peu abrupt, la ligne virile de sa mâchoire, sa bouche aux lèvres si belles et si douces. Elle sentait son cœur de dilater de joie dès qu'elle pensait à lui, dès qu'elle le voyait s'approcher d'elle de son long pas félin. Oui elle aimait tout chez cet homme, son incroyable gentillesse, sa force aussi, son humour, son sourire dévastateur, son corps musclé dont elle ne souhaitait qu'une chose , le dévoiler, le voir nu.
Ils n'avaient pas encore fait l'amour, ils prenaient leur temps. Tous les deux étaient des personnes qui ne s'engageaient pas à la légère. Ils ne voulaient pas d'une histoire sans lendemain.
Au bout de quelques semaines de cette amitié amoureuse, tout changea.
La journée de Sam avait été éprouvante. Elle n'avançait pas dans son travail et avait cherché, s'était creusé les méninges pour arracher tous ces secrets à ce bout de minerai. Il y avait un aspect qu'elle n'arrivait pas à calculer de façon précise c'était le pouvoir explosif du naquadah. Elle travaillait sur un minerai différent de celui qu'elle avait déjà étudié. Il venait d'une autre mine vers le nord et sa composition changeait légèrement, et il paraissait instable.
Elle s'était prise de bec avec un des responsables du labo, et quand elle rentra ce soir là elle était de très mauvaise humeur. Jack qui sonna à sa porte quelques minutes après son retour s'en aperçut tout de suite.
-Mauvaise journée ?
-Horrible dit-elle.
-Raconte !
-Oh tu sais ce n'est qu'une histoire de boulot, des points de vues différents, le ton qui monte. Tu dois avoir ça aussi dans ton travail.
-Naturellement dit Jack en l'observant. Elle avait le visage fatigué et visiblement elle ne voulait pas en parler.
Il n'insista pas et commença à lui masser doucement les épaules. Ses muscles étaient noués. Elle gémit sous les mains expertes de son ami. Il avait l'art de toucher et de masser doucement les bons endroits, dénouant par petites touches les tensions dues au stress. Naturellement elle termina dans ses bras prenant ses lèvres dans un long baiser enflammé.
Ce fut cette nuit là qu'ils s'unirent pour la première fois. Ce fut merveilleux et magique. Ils avaient su s' attendre, n'avaient pas précipité les choses malgré leur désir, et maintenant ils connaissaient le bonheur dans les bras l'un de l'autre.
Longtemps après , ils chuchotaient au cœur de la nuit dans le creux du lit de Sam.
-On a peut être pas besoin de deux appartements, dit-elle. Tu pourrais t'installer ici.
-Oui, ou toi chez moi ?
-On aura peut être besoin d'un appartement plus grand dit-elle.
-C'est suffisant tu sais. C'est grand.
Quelques jours plus tard Jack déménagea chez Sam, il n'avait pas grand-chose à lui, ses vêtements et quelques objets personnels. Le mobilier et ce qu'il contenait appartenaient au propriétaire de l'immeuble.
La transition se passa très bien. Sam avait des heures de jour, Jack était quelque fois de service le soir, ou la nuit, mais les week-ends les retrouvaient pour de longs farnientes au bord du lac, ou dans l'appartement. Quelquefois ils sortaient avec Daniel et Sarah qui devaient se marier le mois prochain.
Tout allait pour le mieux, mais c'était un bonheur si parfait que Sam parfois avait peur. C'était totalement inexpliqué et ridicule, une sourde angoisse qui la prenait sans prévenir, généralement quand elle était seule. Depuis quelques jours elle se sentait différente, inquiète, nerveuse.
Un jour elle dit à Jack qu'ils étaient trop heureux pour que ça dure.
Cela faisait le fit rire.
-Tu te tracasses pour un rien ! Souris ! la vie est belle !
-J'ai peur, lui dit-elle gravement.
-Peur de quoi ?
-Je ne sais pas, c'est assez flou, cela a peut être un rapport avec les rêves que je fais.
Ils discutaient assis dans le canapé l'un près de l'autre. Sam comme à son habitude avait posé sa tête sur l'épaule de Jack.
Il la prit par les épaules et la repoussa légèrement pour mieux la regarder.
-Tu m'inquiètes Sam, De quoi rêves-tu ?
-Je revois la destruction de la Terre. Les vaisseaux des Goa'ulds. J'ai l'impression d'être encore sous le feu de leurs armes. Puis le passage de la porte est terrifiant. Je me jette dans cette flaque bleue avec l'impression que je suis entrain de mourir.
Jack l'avait reprise contre lui, il lui caressait les cheveux, lui donnait de petits baisers pour la calmer.
-N'y pense plus, c'est fini tout ça. Regarde comme on est bien ici. On a un métier qui nous plait, on habite une ville très agréable, on a des amis charmants !
Elle hochait la tête peu convaincue.
-Mais pourquoi est ce que je rêve de ça maintenant ? Cela fait plusieurs mois que nous sommes là.
-Tu rêves depuis combien de temps ?
-Depuis trois semaines environ. Tout au début , je faisais souvent ces rêves, puis ça c'était arrêté.
-Peut être devrais-tu en parler au médecin lors de ta prochaine visite médicale ?
-Oui tu as raison, lui dit-elle avec un grand sourire pour ne pas l'inquiéter davantage.
-Je vais me coucher, tu viens ? dit-il en lui tendant la main.
Elle prit sa main le cœur battant. C'était une invite à quelque chose de plus intime et de plus exaltant. Se retrouver toutes les nuits dans ses bras, faire l'amour avec lui, dormir peau contre peau, son souffle dans ses cheveux. C'était quelque chose de si merveilleux que son cœur se gonfla de joie et de bonheur. Dans ses bras elle oubliait ses doutes et ses craintes, ses tourments s'éloignaient, ses rêves devenaient plus doux. C'était pendant les nuits d'absences quand il était au travail qu'elle faisait ses pires cauchemars. Les démons la reprenaient lui apportant le doute et la douleur.
Mais ce soir elle voulait profiter de lui, de sa présence, de sa chaleur et de son amour. Demain serait un autre jour.
Les jours suivants Sam reprit goût au travail. Tout allait pour le mieux. Le naquadah semblait vouloir lui livrer ses mystères qu'il lui avait si longtemps cachés. Les différents avec son chef s'étaient aussi apaisés.
-Tout cela est très prometteur dit Kenkal, je pense que vous avez fait un pas de géant Sam.
-Merci beaucoup, dit-elle j'ai travaillé dur sur ce projet et j'ai hâte de voir le résultat.
Kenkal la fixa longuement avant de répondre, le sourire de Sam pâlit au fur et à mesure.
-Attendez, ne me dites pas …
-Hélas, ici c'est un laboratoire de recherche, notre travail consiste justement à rechercher, après cela ne nous concerne plus, nous passons le relais.
-Ça fait longtemps que vous travaillez ici Kenkal ? demanda t-elle.
-Oui plus de dix ans. C'est un boulot plutôt sympa et bien payé, ce qui n'est pas négligeable.
-C'est vrai dit-elle, c'est mieux payée que sur terre. De quelle planète venez-vous ? demanda t-elle.
-Je suis né ici dit-il. Mais si voulez on peut continuer à parler après le travail devant un verre ?
-Oh ! excusez moi, mais je ne peux pas dit-elle.
-Vous n'êtes pas libre, c'est ça ? dit-il déçu.
-Oui c'est ça.
-Mariée ?
-Non, pas encore dit-elle avec un magnifique sourire.
-Je le connais ?
-Je ne pense pas.
-Il fait quoi comme travail ?
-Il est policier.
-Oh ! Fit-il.
Sam coupa court à la conversation, elle n'aimait pas trop le regard que posait sur elle Kenkal. Et puis c'était sa vie privée, cela ne regardait qu'eux deux, et leurs amis Daniel et Sarah.
Oh zut ! pensa t-elle, le cadeau pour le mariage ! J'ai oublié.
En sortant du bureau elle passa par le centre commercial et dénicha un service à café absolument ravissant, de quoi satisfaire les grands buveurs de café devant l'éternel qu'étaient Daniel et Sarah.
Elle retrouva Jack qui était déjà rentré. Ils passèrent une soirée tranquille rien qu'eux d' eux.
Le lendemain Sam se réveilla barbouillée, prise de malaises elle eut juste le temps d'aller dans la salle de bain.
Quand elle sortit elle était blanche, et s'assit lourdement sur le lit. Mais le malaise passa aussi rapidement qu'il était venu. Maintenant elle avait une faim de loup et se jeta sur son petit déjeuner.
Jack était parti depuis l'aube. Elle était en congé aujourd'hui , et s'installa seule sur la terrasse.
Quand le lendemain matin elle eut un autre malaise, elle se dit que peut être… une petite vie palpitait en elle doucement. Elle revint se blottir contre Jack, passa son bras autour du torse du dormeur et elle replongea avec volupté dans le sommeil.
Chapitre 4
Depuis l'espace la vue était époustouflante. Le vaisseau tournait lentement en orbite autour de la planète Eridu. Le côté désertique était en vue maintenant, une terre rouge creusée de cratères et déchiquetée de pics et de sommets acérés. Dans quelques instants ce serait le début du dôme. Une immense construction abritant des centaines de milliers de personnes, tous au service du même dieu Enki et sans même le savoir.
Enki était un dieu mésopotamien, il faisait parti de la triade essentielle avec Anou son père et Enlil son frère. Lui, s'était spécialisé dans les eaux, et la création des hommes dans un monde où il pourrait les surveiller et les rendre tout dévoués et acquis à sa dévotion.
C'était un vaste chantier qu'il avait entrepris il y a plusieurs siècles. Lassés de voir ses esclaves mourir dans les mines de naquadah sous les mauvais traitements, il avait imaginé une autre forme d'esclavage beaucoup subtile. Les autres Goa'ulds n'avaient aucune vision de l'avenir, lui, si. Ils ne pensaient qu'à se battre, étaient pétris d'orgueil, et ne songeaient nullement à construire quelque chose de durable.
La vive intelligence et le savoir de Enki lui avait permis d'envisager un vaste projet. Il avait choisi avec soin la planète idéale, dans un système solaire éloigné, et ne possédant pas de porte des étoiles pour éviter les visites imprévues et les désagréables tentatives d'espionnage.
Eridu offrait de grandes possibilités avec ses climats divers. Une partie aride et une partie plus tempérée avec de nombreux fleuves et rivières, mais inondable et couverte de marécages, et avec un air difficilement respirable, du à un taux de gaz carbonique trop élevé. C'était pourtant dans cette région qu'il choisit de fabriquer son monde.
Le sous sol était riche en naquadah, il lui fallait des hommes pour y travailler. Il voulait construire un empire, il voulait se faire adorer de ses sujets, il voulait être l'être suprême, mais pas en écrasant le peuple de sa superbe, mais en lui apportant le bonheur.
Enki n'était pas totalement désintéressé, le bonheur d'un peuple ne lui importait que dans la mesure où il pouvait le servir.
Quand, en l'an 1004 de la terre, il survola pour la première fois cette planète, il sut d'emblée que c'était là et pas ailleurs qu'il construirait son empire.
Il fit venir des ouvriers en grand nombre en les transportant dans ses vaisseaux et en les déversant sur la planète par les anneaux de transfert. Il avait pris soin de leur expliquer le travail à accomplir.
La tâche était immense , il fallait assainir le terrain, creuser pour contenir l'eau des rivières formant ainsi d'immenses lacs. Créer des villes, des villages, puis peupler petit à petit.
Il se heurta très rapidement à de nombreuses difficultés. La plus grande fut de canaliser l'eau qui existait en grande quantité à l'état naturel. D'immenses étendues d'eau douce, parfois saumâtre, de longs fleuves aux deltas marécageux.
Il commença par noyer des vallées pour assagir la virulence des flots. Des barrages disposés de façon adéquate canalisèrent les torrents impétueux et les cascades indomptées. Le paysage définitif prenait forme. Une immense contrée vaste comme un pays avec une végétation luxuriante, beaucoup d'humidité,et un climat difficilement supportable. Une chaleur moite excessive qui collait les vêtements au corps et trempaient les fronts au moindre mouvement.
Pas l'idéal pour réaliser les ambitions de Enki, à savoir se constituer une population de plusieurs centaines de milliers d'habitants, vivant et travaillant au service de leur dieu, et de lui seul
Enki n' avait pas hésité à sacrifier des générations d'esclaves qui se tuaient littéralement à la tâche et mouraient très rapidement, car le taux d'oxygène de la planète était insuffisant. Trois siècles après le début des travaux le projet piétinait. Seuls les ouvrages d'eaux avaient été réalisés. Il restait tout à faire, tout à bâtir.
Enki enrageait, son projet était-il voué à l'échec ? C'est alors qu'il eut l'idée de faire appel à de grands savants pris sur divers mondes. Il envoya des espions dans les grandes villes de la Terre, également sur Tollana, la planète des Nox, et celle des Furlings. Il enragea car il ne trouva rien sur les Anciens. Curieusement c'est sur la Tauri qu'un jour un de ses émissaires dénicha la perle rare en la personne de Leonardo Da Vinci.
Amboise, château du clos Lucé 1517
Le petit jour se levait sur la rivière au pied du château et une pluie fine noyait le paysage d'un voile gris uniforme. Leonardo Da Vinci malgré son grand âge était déjà au travail. Il dormait peu et passait de longues heures à peaufiner ses théories scientifiques. Il avait griffonné de nombreux croquis lisibles de lui seul. Il travaillait sur un projet d'urbanisme. Une manière révolutionnaire permettant d'améliorer les cités, en fabriquant un matériau dur, ancêtre du goudron rendant ainsi les villes beaucoup plus propres et plus confortables.
Sa servante venait de lui apporter son petit déjeuner qu'il prit distraitement tout en travaillant. Il avait allumé la chandelle fumante car la faible lueur dispensée par le jour gris ne suffisait pas à éclairer sa feuille.
Une vive lumière venue d'en haut lui fit lever la tête , il eut à peine le temps de s'en étonner que le faisceau l'enveloppa et le transporta dans un lieu inconnu.
Tout d'abord il se crut mort tellement ce qui l'entourait était différent de ce qu'il avait connu. Il était dans une pièce toute blanche, nue et immense qu'il en voyait à peine les limites. Il fit quelques pas hésitants et quand il entendit du bruit il s'attendit à voir arriver Saint Pierre. Au lieu de celui-ci un homme apparut, grand et brun, la peau hâlée, avec de longs cheveux noués dans le cou. Il avait revêtu une longue robe rouge richement brodée qu'il portait par-dessus un pantalon blanc avec à ses pieds des babouches de cuir travaillé.
L'homme avait un port de tête majestueux et ressemblait à un prince tel qu'en avait connu Leonardo tout au long de sa longue vie.
Quand il parla il avait une voix étonnamment grave et rauque.
-Prosterne-toi devant ton dieu.
Leonardo ne se laissa pas intimider et ne bougea pas. Il avait connu beaucoup de princes capricieux et celui-ci ne différait pas des autres à ses yeux.
-Où suis-je ? demanda t-il, et qui êtes-vous ? Je ne vous ai jamais vu.
Leonardo avait son franc parler. Son talent et sa valeur étaient reconnus des grands de ce monde. Il pouvait se le permettre et n' avait jamais eu peur de dire ce qu'il pensait. Il allait jusqu'au bout de ses idées et de ses conviction dut-il en pâtir par la suite.
-Je suis Enki, lui dit l'homme avec l'air de penser que tout le monde le connaissait.
-Excusez-moi insista Leonardo, mais cet endroit ne ressemble à rien que je connaisse. Où sommes-nous ?
-Tu es sur mon vaisseau répondit le dieu avec une certaine impatience, mais en prenant sur lui de ne pas dire son fait à cet insolent.
Il avait besoin des talents du grand savant et savait se plier et modérer son tempérament quand il le fallait.
Le savant italien n'était pas facile à surprendre mais là cela dépassait tout ce qu'il avait vu et entendu.
-Un vaisseau ? une machine volante ? dit-il pas loin de l'exaltation.
-En effet dit Enki.
Tout autre que Leonardo se serait exclamé que c'était impossible, inconcevable, irréel et qu'une telle chose pouvait conduire au bûcher celui qui proférait de telles insanités. Mais pas lui.
-Une machine volante ? je savais que c'était possible. J'ai fait des plans en me basant sur le vol d'un aigle. Cela fonctionne donc ! dit-il comme pour lui-même.
Enki eut un sourire dédaigneux :
-Cela n'a rien avoir avec tes travaux.
-Vous êtes au courant de mes travaux mon prince ? dit le savant d'un air réjoui.
-Oui répondit Enki en souriant malgré lui de l'enthousiasme du vieil homme, c'est pour cela que tu es ici. J'ai un problème scientifique à résoudre, et je pense que tu peux m'aider.
-De quoi s'agit-il ? demanda Leonardo ayant oublié sur le champ l'étrangeté de sa situation.
-Viens je vais te montrer.
Le dieu le conduisit au fond de la salle et là Leonardo réalisa enfin que ce qu'il vivait n'était pas un rêve. A ses pieds un monde de verdure et d'eau, où s'agitaient des fourmis travaillant sans relâche dans la touffeur d'un climat tropical.
Il en resta sans voix.
-Vois-tu, dit Enki, je veux faire de tout cela un endroit vivable pour des centaines de milliers d'humains. Mais j'ai un gros problème, le climat est trop chaud et trop humide . L'air n'est pas assez riche en oxygène, il y a trop de dioxyde de carbone.
-Oxygène ? dioxyde de carbone ? répéta Leonardo. Qu'est ce que c'est ?
-Ce sont des composés de l'air.
Leonardo ne semblait pas comprendre. L'air, c'était de l'air, quoi d'autre ?
-Je ne comprends pas dit-il en se rapprochant de Enki qui lui paraissait être à ses yeux le plus grand savant de toute l'humanité.
-C'est pourtant simple dit Enki, dédaigneusement, l'air est constitué de différents éléments, 21 d'oxygène, 78 d'azote et 1 de gaz rares. Quand nous respirons nous rejetons du dioxyde de carbone…
Enki continua ses explications avec schéma à l'appui. Leonardo nageait en plein émerveillement , il entrait dans un monde magique qu'il n'aurait jamais soupçonné même dans ses rêves les plus fous.
Quand Enki aborda la composition de l'air de la planète Eridu, Leonardo regarda attentivement les courbes qui s'affichaient sur la console de l'ordinateur de bord. Il ne s'étonnait plus de rien, et passé un premier moment de surprise il avait considéré comme acquise l'incroyable avance technologique de Enki, et il n'était pas loin de le considérer comme un dieu. Un reste d'éducation chrétienne et une vie entière consacrée au service de princes catholiques et de plusieurs papes, l'en empêchèrent.
La courbe de l'air de Eridu était sensiblement différente de celle d'un air idéal pour un être humain. Il y avait moins d'oxygène et un peu plus de ce gaz que les humains et les végétaux rejettent en respirant : le gaz carbonique.
-Qu'attendez-vous de moi demanda le savant exalté de participer à une telle recherche.
Enki ne répondit pas et regarda le vieil homme. Celui-ci était plutôt petit, malingre, les mains déformées par les rhumatismes, mais son large front et ses yeux toujours en mouvement reflétaient sa vaste intelligence. Il parcourait le vaisseau en tout sens, agitant les mains, semblant trouver de l'inspiration dans un pas encore énergique malgré son grand âge.
-Seriez vous capable de modifier la composition de l'air ? demanda t-il finalement
-Oui, je le peux assez facilement, c'est juste une histoire d'enrichissement en oxygène. Mais mon problème vient que cela ne dure pas. L'air redevient aussitôt pollué par cet excès de gaz carbonique.
Leonardo avait du mal à assimiler cette histoire de chimie des éléments. Tout cela était tellement nouveau pour lui. Il demanda à réfléchir un moment.
Enki frappa dans ses mains et une nuée de servantes apparurent qui se prosternèrent devant le dieu.
-Installez cet homme le plus confortablement possible et obéissez-lui en tout.
-Je vous donne jusqu'à demain dit-il simplement.
Leonardo ne put s'empêcher de frissonner tant le regard de Enki était devenu dur et perçant.
Il ne ferait pas bon le contrarier pensa t-il en suivant les petites servantes d'un pas menu. Ses articulations le faisaient souffrir.
Le lendemain on le conduisit devant le dieu. Celui-ci était assis sur un trône et laissa Leonardo à genoux devant lui sans égard pour son grand âge.
-Alors as-tu réfléchi à mon projet ?
Leonardo hocha la tête et eut des mots si étonnants que Enki se demanda s'il ne se moquait pas de lui.
-Le parfum d'une rose se disperse dans la nature, il est beaucoup plus puissant s'il est enfermé dans un espace clos dit le savant.
Puis il attendit.
Des émotions passèrent sur le visage du dieu, de la colère, de l'étonnement, puis un sourire adoucit ses traits, il se leva comme en proie à une grande agitation. Ses yeux s'illuminèrent.
-Je comprends ce que tu veux dire, il faut que j'enferme l'air que j'aurai modifié , pour qu'il ne se disperse pas ? C'est bien ça ? Je pourrais aussi diminuer le taux de dioxyde de carbone, augmenter l'oxygène, mais comment enfermer l'air ainsi obtenu ?
-Un dôme monseigneur, fabriquez un dôme.
L'idée fit son chemin dans l'esprit de Enki. Dans sa magnanimité, il accorda la vie sauve à Leonardo. Son esprit scientifique se rebellait à l' idée de tuer un tel savant. Et puis le vieil homme n'était pas dangereux. Il le renvoya chez lui aussitôt.
Au château du Clos Lucé, l'inquiétude était à son comble. Personne n'avait vu la lumière si brillante qui transportait en son sein les molécules du grand savant. Da Vinci avait disparu deux jours. Sa servante failli s'évanouir en le trouvant dans son lit ce matin là, profondément endormi.
Le château se réveilla et le retour du maître fut fêté. Chacun supposa qu'il s'était absenté sans rien dire à personne pour un voyage dont lui seul avait le secret.
Leonardo mourut trois ans après ces évènements. Ses nombreux croquis furent retrouvés. Plus tard ils seraient dispersés dans les plus grands musées de l'Europe, Leonardo n'ayant jamais écrit d'ouvrage scientifique complet, simplement des centaines de dessins annotés et cryptés pour n' être compris que de lui seul.
Ce n'est que quelques siècles plus tard, dans le double fond d'un tiroir de la table de travail du génial savant, qu'un jour on retrouva un croquis griffonné et annoté. L'écriture était quasiment illisible , mais on pouvait admirer un magnifique dessin d'une ville avec des maisons au bord d'un lac et au dessus de ce paysage paisible, on reconnaissait parfaitement un immense dôme. Et dans un angle le nom de ENKI.
Tout le monde se posa la question. Que venait faire un dieu mésopotamien sur un dessin de Leonardo Da Vinci ?
L'énigme ne fut jamais résolue.
L'idée du dôme fit son chemin dans l'esprit de Enki. Mais la réalisation posait de nombreux problèmes. Il fallait en effet faire un dôme ultra léger mais solide, dans un matériau transparent qui laisserait fuser la lumière du soleil. Il laissa passer des dizaines et même des centaines d'années, parcourant la galaxie à la recherche du matériau miraculeux, et introuvable.
Ce n'est qu'au début du 20ème siècle de la terre qu'il trouva un alliage léger, souple et solide. Le dôme était composé d'une demi sphère légèrement aplatie s'élevant dans le ciel à 2 kilomètres d'altitude dans sa partie la plus haute. Les bords étaient fixés et profondément ancrés dans le sol, dans une zone maritime, si bien qu'une fois à l'intérieur du dôme il était impossible d'en deviner les parois. Une sorte de no man's land empêchait les voyageurs de s'égarer, et d'atteindre les bords du dôme.
On n'y pénétrait que par des anneaux de transfert situés dans le palais du roi, au centre de la ville de Eridu, du même nom que la planète.
Les premiers habitants furent déportés vers 1920. Au début quelques centaines de personnes qui se développèrent rapidement, construisirent des villes, et cultivèrent les champs. La deuxième génération n'avait connu que la vie sous le dôme sans le savoir. C'était parmi ceux-ci, que Enki recruta ses plus fidèles sujets.
Personne sous le dôme se doutait de son existence. C'était un matériau qui ne demandait aucun entretien, il était imputrescible, indéformable et remplissait parfaitement son rôle protecteur. Le climat était agréable, tempéré, idéal pour un humain, sauf un taux d'oxygène très légèrement insuffisant, obligeant les personnes venant de la terre à recevoir une piqûre par mois d'un composé que Enki baptisa Triox.
Chapitre 5
De nos jours , planète Eridu
Chez le médecin du quartier ou à l'hôpital ? Sam se posait la question ce matin là. Jack était parti à l'aube et après un autre malaise elle avait acquis la quasi certitude qu'elle était enceinte. Ce jour là elle décida de ne pas aller travailler. Elle prit rendez-vous à l'hôpital avec Liena qui avait l'habitude de la suivre depuis son arrivée sur la planète six mois plus tôt.
Son rendez-vous était pour onze heures. Fatiguée, elle se recoucha et plongea aussitôt dans un rêve étrange. Elle était militaire et travaillait dans une base souterraine. Dans son rêve se mêlaient Goa'ulds et destruction de la Terre. Le passage de la porte lui donna l'impression de se jeter dans le vide, et elle hurla au moment où son corps touchait la flaque bleue.
Le cœur battant à tout rompre elle se redressa dans son lit. Le rêve lui collait à la peau, il paraissait si réel qu'elle en ressentait encore une sourde angoisse longtemps après s'être réveillée. La douche ne la calma pas et comme son estomac criait famine, elle se prépara un petit déjeuner copieux avant son rendez-vous à l'hôpital.
Liena la fit attendre un moment. La salle d' attente était pleine de monde. Elle soupira. Un heure plus tard ce fut son tour. Elle aborda d'emblée le sujet qui la préoccupait.
-Je crois que je suis enceinte dit-elle à la jeune femme.
Celle-ci lui trouva mauvaise mine, les yeux cernés. Sa tension était trop élevée.
Elle lui fit tous les examens nécessaires, mais devant l'air anxieux de Sam elle tâta le terrain.
-Je pense que vous êtes enceinte, le test est positif dit-elle, mais je n'en suis pas sûre à cent pour cent, ajouta t-elle devant l'air inquiet de Sam.
-Vous le saurez quand ? dit Sam précipitamment.
-Demain, quand j'aurai les résultats de votre prise de sang. Mais ajouta t-elle, vous n'avez pas l'air de souhaiter cet enfant ?
-Au contraire, dit Sam, j'en suis très heureuse.
-Alors quel est le problème ?
Sam ne voulut pas parler de ses cauchemars, elle se retint juste à temps, une intuition, quelque chose de vague qui lui donnait à penser que ce ne serait pas prudent et n'apporterait que des complications.
-Tout va bien ? insista Liena. Parce que vous êtes encore dans les délais pour une interruption de grossesse si vous le souhaitiez.
-Oh non pas du tout dit Sam scandalisée. Seulement je n'ai jamais eu d'enfant, et j'ai 37 ans.
Le visage de Liena s'éclaira. C' était donc ça !
-Vous serez prise en charge, ne vous inquiétez pas, dit-elle d'une voix douce. Nous avons un personnel médical très performant. Et puis vous allez revenir me voir tous les quinze jours pour suivre l'évolution de votre grossesse, vous n'avez aucune inquiétude à avoir.
Sam ne passa pas une très bonne nuit, elle se réveilla plusieurs fois, inquiète. Les résultats arriveraient le lendemain, encore quelques heures à attendre pensa t-elle en se recouchant pour la énième fois.
Jack s'était réveillé.
-Que se passe t-il chérie ?
-Je n'arrive pas à dormir.
-Viens dit-il en souriant.
Elle se précipita dans ses bras, le visage contre son torse, elle appréciait la douceur et la fermeté des bras qui l'encerclaient. Elle se lova contre lui touchant sa peau. Leurs lèvres se trouvèrent dans la semi obscurité, un baiser tout en douceur. Ils restèrent un long moment sans bouger puis Jack chuchota à son oreille.
-Et si tu me disais ce qui ne va pas ?
-Demain, pour le moment c'est trop tôt.
-Tu m'inquiètes ? dit-il en se levant sur coude mais la pénombre l'empêchait de bien discerner les traits de sa compagne.
-Serre-moi bien fort dit-elle seulement.
Elle lui tourna le dos, se coucha en chien de fusil et lui vint se glisser derrière elle et passa un bras autour de sa taille, sa main venant toucher son ventre. Il la tenait contre elle respirant le doux parfum de ses cheveux. C'est ainsi qu'ils s'endormirent.
Le lendemain les résultats arrivèrent. Elle déplia la feuille, le cœur battant, le souffle court. Elle dut s'asseoir tant l'émotion était grande , le rêve de toute sa vie se réalisait : elle attendait un enfant.
La journée de travail passa lentement tant elle avait hâte de retrouver Jack, elle regardait sa montre toutes les cinq minutes. Elle était si distraite que Kenkal s'en rendit compte.
-Qu'est ce que ne va pas Sam ? j'attends les résultats de vos analyses depuis ce matin.
-Les voilà dit la jeune femme en lui tendant un mince dossier. Je viens juste de finir, excusez moi, mais c'était un peu plus long que prévu.
-Bien, dit Kenkal d'un air soupçonneux. Après un dernier regard à la jeune femme il retourna dans son labo.
Sam quitta son travail à cinq heures pile, pas question de faire une minute de plus. Elle avait une grande nouvelle à annoncer à Jack. Elle était cependant inquiète, une sourde angoisse diffuse, qu'elle n'arrivait pas à analyser. Elle pressa le pas. Le temps qu'elle rentre il serait peut être déjà arrivé ?
Jack quitta le commissariat très tard ce soir là. Il maudit le sergent Wilson d'avoir été malade, cela lui avait donné du travail supplémentaire dont il se serait bien passé. Lui aussi avait hâte de rentrer. L'état de Sam l'inquiétait. Elle avait beaucoup changé depuis quelques semaines. Elle n'avait pas reparlé de ses cauchemars, mais il pensait que ses insomnies venaient de là.
Sam était allongée sur le canapé quand elle entendit la clé tourner dans la serrure. Son angoisse s'apaisa d'un seul coup, Jack était là, son rayon de soleil, sa force, celui sur lequel elle s'appuyait dans les moments difficiles. Dès qu'il était près d'elle tout était relativisé, et la vie lui paraissait plus simple.
Elle se précipita , lui sauta au cou, et l'embrassa fougueusement avant qu'il ait eu le temps de dire quoique ce soit.
-Hé chérie ! Il l'éloigna de lui la tenant à bout de bras pour mieux voir son visage. Une lueur brillait dans ses yeux. Elle sourit :
-J'ai quelque chose à te dire, Jack mais je ne sais pas si c' est une bonne ou une mauvaise nouvelle.
Le sourire se figea sur les lèvres de Jack :
-Qu'y a-t-il ma douce ?
-On n'a jamais dit si on voulait des enfants… murmura t-elle, moi j'en veux, mais toi ?
-Tu es enceinte ? dit-il un peu trop brusquement.
-Oui, souffla t-elle sans le lâcher des yeux. Elle ne put rien lire dans son regard, son visage s'était figé. Il restait silencieux, un silence lourd et terrible qui la mettait au supplice. Elle sentait cet enfant, pourtant encore en devenir , qui pesait dans son ventre comme une pierre et qui l'attirait vers le bas. Le souffle lui manqua, l'émotion et la déception était trop forte, elle se sentit glisser sans pouvoir se retenir. Malgré le bras de Jack qui l'entoura aussitôt , la pièce s' effaça autour d'elle , et elle se sentit sombrer dans le noir.
Quand Sam revint à elle, elle était allongée sur le lit. Encore faible elle ouvrit les yeux et croisa le regard inquiet de Jack.
-Si tu ne veux pas de cet enfant je peux avorter souffla t-elle.
-Mais arrête de dire des bêtises dit-il, je suis désolé, mais je m'y attendais pas du tout. Tu m'en veux ?
-Oh non, dit-elle en caressant le visage viril de son amant. Tu es content ?
-Oh oui, dit-il avec un empressement qui lui parut suspect.
Il la serra bien fort contre lui, comme pour lui masquer son visage. Elle s'inquiéta encore :
-Que se passe t-il ?
-Il faut qu'on parle Sam.
Son visage était grave, une lueur d'inquiétude pointait dans ses yeux bruns. Son cœur à elle rata un battement. Elle sentait que la période heureuse venait de prendre fin, elle ne savait pas pour quelle raison, l'avenir refusait de se dévoiler à elle, tout comme son passé qu'elle soupçonnait fort différent de ce dont elle se souvenait.
-Je fais des cauchemars comme toi, Sam, dit-il.
Elle se blottit contre lui en proie à l'angoisse. Elle mit cela sur le compte de son état qui bouleversait ses hormones et la rendait fragile et plus inquiète que d'habitude.
-Les miens ont augmenté d'intensité depuis quinze jours environ dit-elle.
Toutes les nuits je rêve d'une base où je serais militaire, et toi ?
-Moi c'est différent. Je rêve d'un enfant, un jeune garçon, je suis presque sûr que c'est mon fils. Et puis il meurt, je ne sais pas comment, mais la douleur est si affreuse qu'elle me réveille.
-Est-ce que tu crois que ces rêves ont un rapport avec notre passé sur la terre ?
-Je ne sais pas. Mais il y a une chose étrange, c'est étonnant qu'on ne se rappelle que de la destruction de la terre, et presque rien de notre vie avant. Tu te souviens de quelque chose ?
-Je me souviens d'un observatoire et d'un labo où je faisais des expériences, je suppose que je devais faire le même travail que maintenant.
-Moi aussi, je me souviens avoir été policier, ou gendarme ou militaire,je ne sais pas mais je me souviens que je maniais des armes.
-C'est étrange que nous ayons tous les deux des rêves de cette nature. Et si on en parlait à Daniel et Sarah ?
-Attendons un peu dit-il, ils se marient dans deux jours, ce n'est peut être pas le moment.
-Tu as raison. Oublions tout cela dit-elle d'un ton enjoué. Garçon ou fille ? Qu'est ce que tu veux ?
-Parce que je peux choisir ? dit-il avec malice.
Cela la fit rire et détendit brusquement l'atmosphère.
-Je préférerais un garçon, qui serait aussi beau que son papa, dit-elle.
-Et moi une fille qui aurait les yeux admirables de sa maman dit-il en rentrant dans son jeu.
-Non, non, il aura ta bouche dit-elle en passant son doigt sur les lèvres de Jack, et puis ton superbe regard brun chocolat et puis quelques épis sur la tête dit-elle très vite en riant, et en s'écartant brusquement pour éviter d'être attrapée par la main leste de Jack. Ils coururent dans l'appartement en riant comme des enfants et vinrent s'écrouler sur le lit.
Ils redevinrent graves et les lèvres de Jack vinrent tout naturellement se poser sur celles de Sam.
-On peut ? demanda t-il. Ça ne va pas faire mal au bébé ?
-Oh non, tant que je ne suis pas devenue une barrique ! Tout va bien. Allez viens dit-elle en lui offrant ses lèvres, le visage levé vers lui.
Il n'eut plus qu'à se pencher pour les capturer.
Six mois plus tard.
Appartement de Daniel et de Sarah
-Alors les amoureux ? tout va bien ? dit Jack d'un ton joyeux, en entrant dans l'appartement, suivi de Sam.
Daniel et Sarah étaient mariés depuis plusieurs semaines et Jack n'arrêtait pas de les taquiner . Il ne manquait jamais une occasion de mettre Daniel en boite. Il ne savait pas pourquoi c'était plus fort que lui.
La mine sombre de Sarah l'arrêta aussitôt.
-Que se passe t-il ? Vous avez vu un fantôme ?
-Non tout va bien dit Daniel mollement.
-A d'autres ! reprit Jack, je te connais Daniel quand tu fais cette tête là c'est que quelque chose…
Il s'interrompit et son doigt passa de Daniel à Sarah
-Ne me dites pas que vous vous êtes déjà disputés ?
-Pas du tout dit Sarah, c'est juste que nous faisons d'horribles cauchemars depuis quelque temps. En fait nous n'avons pas été faire notre piqûre de triox ce mois-ci, On était un peu débordé et on a oublié. Mais tout rentrera dans l'ordre demain. Nous avons pris un rendez-vous avec Liena.
-Attends dit Sam, en regardant Sarah, tu dis que tu fais des cauchemars parce que tu n'as pas eu la piqûre ? Comment peux-tu savoir que ça a un rapport ?
-Simplement parce que c'est déjà arrivé ! A chaque fois que je suis en retard, c'est pareil.
Sam et Jack se regardèrent en pâlissant.
-Vous aussi c'est la même chose n'est ce pas ? dit Daniel avec de l'inquiétude dans la voix.
-Oui dit Sam. Mais je pense que c'est dû au manque d'oxygène, cela provoque peut être des troubles. Je ne suis pas médecin, mais c'est sûrement ça.
-Vous rêvez de quoi ? demanda Jack.
-Moi dit Daniel je rêve d'une très belle femme brune, à laquelle je suis marié et dont je suis très amoureux. Excuse moi ma chérie dit-il à sa femme.
-Non c'est rien, continue.
-Cette femme est prise par un Goa'uld et elle est perdue pour moi. Je passe des années à la rechercher, mais je ne le retrouve jamais.
-Nous rêvons beaucoup de Goa'ulds dit Sarah. Moi je rêve d'être possédée par un serpent et de faire des choses abominables que je ne contrôle pas dit-elle en fondant en larmes. C'est horrible, hoqueta –telle. Ma main fait des choses affreuses. Et dans un de mes rêves je cherche même à tuer Daniel.
-Nous aussi nous faisons le même genre de rêves, dit Sam, c'est tellement fort que je me demande si ce ne sont pas des souvenirs.
Jack ne disait plus rien, il était pensif. Il se contenta de prendre Sam dans ses bras.
-On devrait peut être en parler à Liena ? dit Sarah.
-Non répliqua Sam précipitamment, elle avait presque crié, tellement elle sentait qu'il fallait garder le secret. Tu ne dis rien Jack ? dit-elle en tournant vers son compagnon.
-Je pense que non seulement il ne faut rien dire mais qu'il ne faut plus recevoir ces piqûres.
Ils se regardaient tous les quatre. La tension était palpable dans la pièce. Sam alla sur le balcon. La vue du lac était magnifique, c'était un paysage de rêve, une vie de rêve qu'ils avaient.
-Regardez comme c'est beau ! leur dit-elle.
Ils vinrent la rejoindre. Le soleil se couchait sur les eaux devenues orangées. L'horizon était déjà noyé dans l'ombre,et le ciel s'assombrissait de minute en minute. Une brise légère se leva faisant flotter les cheveux de Sam qu'elle portait un peu plus long maintenant.
Jack se tenait derrière elle, il caressait doucement sa blonde chevelure. Elle se retourna les yeux noyés de larmes.
-Jack qu'est ce qui nous arrive ?
Il se contenta de la serrer contre lui. Il ne pouvait rien faire d'autre.
Ils revinrent dans le séjour et se mirent à table. Ils parlèrent de choses et d'autres. Puis finalement revinrent sur ce qui les préoccupaient tant.
-On est bien d'accord dit Daniel, personne ne va à l'hôpital.
-Je ne sais pas si on pourra le faire longtemps, ils vont nous rappeler à l'ordre rapidement, dit Sam.
-C'est probable, à croire qu'ils ont le nez dans les dossiers médicaux toute la journée pour chopper celui qui aura oublié la sacro sainte piqûre de « tri machin chose » dit Jack.
-Tu as dit quoi Jack ? questionna Daniel.
-Rien.
-Mais si insista le jeune archéologue, la piqûre de ?
-de « Tri machin chose », j'ai dit.
-Ce n'est pas la première fois que j'entends un truc pareil dans ta bouche, Jack dit Sam.
-Et alors ?
-Je pense que nos souvenirs reviennent dit Sam gravement.
-Concentrons-nous dit Daniel. Partons du principe que ce dont nous rêvons soient des souvenirs, et mettons tout en commun.
Ils passèrent la soirée à se remémorer tout un tas de petits détails de leurs rêves. Tous ces petits riens mis bout à bout constituèrent un monde très différent. D'abord les personnes, Charlie dont Jack se souvint du prénom. Share la femme disparue de Daniel. Jacob le père de Sam. Sarah était seule au monde sur terre, mais elle se rappela de Stevens sans pouvoir le situer ni dans le temps ni dans l'espace.
-Il y a aussi un homme très grand la peau brune avec un tatouage sur le front, Teal, je crois.
La chose la plus étrange c'est qu'ils avaient des souvenirs en commun. Ils en vinrent à cette constatation effarante qu'ils se connaissaient et même très bien.
-Alors pourquoi est-on ici, sur cette planète si on a une vie ailleurs ? dit Sarah.
-Mais la destruction de la terre… commença Daniel.
Jack le coupa brutalement :
-Ce sont peut être de faux souvenirs ? C'est une possibilité à envisager.
D'instinct Jack était devenu le chef, comme s'il les avait toujours commandés. C'était une sensation étrange que chacun éprouvait, être à la fois la personne qu'ils étaient devenues et une autre plus profondément enfouie en eux mêmes et qui n'avait pas encore totalement ressurgi.
-Que fait-on ? demanda Daniel en regardant Jack.
-Moi je propose quelque chose dit Sam. Demain je retourne à l'hôpital pour mon examen médical du 8ème mois. Je pense que je ne pourrais pas échapper à la piqûre, mais j'essaierai de subtiliser une ampoule de triox pour l'analyser.
-Entendu Sam, mais sois prudente, dit Jack, en lui jetant un regard inquiet. La grossesse de la jeune femme se déroulait très bien mais il ne voulait pas qu'elle courre le moindre danger.
-Si tu reçois une injection de triox tu risque d'oublier les souvenirs qui te sont revenus dit Daniel.
-Au moins on sera sûrs.
-Mais ça ne risque pas d'être dangereux pour le bébé ? dit Jack. Tu as déjà eu six piqûres depuis le début de ta grossesse.
-En fait je ne pense pas dit Daniel.
-Tu t'y connais en bébé ? toi ? dit Jack avec hauteur.
-Non, dit Daniel sans souligner le ton abrupt de Jack. mais je pense que ce prendrait pas le risque de faire naître un bébé malade. A mon avis ils ont besoin de beaucoup de monde.
-Ça se tient comme raisonnement dit Jack.
-Mais au fait pourquoi ont-il besoin de monde ? Pourquoi aller chercher des gens sur d'autres planètes ? s'interrogea Sarah.
-C'est ton boulot ma chère Sarah dit Jack. Toi et Daniel vous allez fouiner dans les archives, et trouver tout ce que vous pouvez sur cette planète.
-Ça ne va pas être simple dit Daniel, nous travaillons exclusivement sur les animaux. Le reste du muséum nous est interdit.
-Comment ça interdit ? demanda Sam. Vous ne pouvez pas aller partout. ?
Daniel ouvrit un tiroir et en sortit deux badges.
-Nous avons un accès limité. Sarah est dans la salle des animaux fossiles et moi dans celle des insectes.
-Vous travaillez sur des insectes Daniel ? Il me semble que ce n'était pas votre spécialité avant…
Jack ne finit pas sa phrase. Il avait le front soucieux, comme en proie à une intense concentration.
-Jack dit Daniel inquiet, tu m'as vouvoyé !
-Non, pas du tout.
-Si je t'assure. Tu te rappelles de quelque chose ?
-Oui, il me semble que tu parles beaucoup de langues, certaines dont j'ignore même l'existence.
-Je le sais bien, je n'ai rien perdu de ce que je savais. Du moins je le suppose dit-il pensivement.
Jack prit les badges et les examina.
-Pas moyen de les trafiquer ?
-Non.
-Alors il va falloir vous débrouiller, dit-il sèchement. Il n'y a pas d'autres solutions. Moi pendant ce temps j'irai voir du côté du palais du roi. Je peux circuler à ma guise dans tout le pays en raison de mon métier.
-Tu es sorti de Eridu ?
-Oui plusieurs fois.
-Et c'est comment ? nous n'avons pas eu l'occasion d'y aller.
-C'est normal dit Jack, de la campagne, des villages, d'autres villes. Rien d'extraordinaire.
Voyant le visage fatigué de Sam, Jack se leva.
-Il est temps de partir, Sam n'en peut plus.
La jeune femme s'était à demi allongée sur le canapé et elle avait fermé les yeux. Jack se pencha et l'embrassa délicatement sur le front.
-Viens dit-il en lui prenant la main. Il est temps pour vous deux d'aller faire dodo, ajouta t-il en passant des yeux de Sam à son ventre délicatement rebondi.
La jeune femme sourit.
-Oui, je suis fatiguée souffla t-elle.
Sam regardait autour d'elle. Elle était dans la salle d'examen de l'hôpital, là où elle se rendait régulièrement. Liena l'avait laissé seule un instant, appelée pour une urgence. La salle était petite et sur un chariot il y avait des médicaments. Elle fouilla rapidement tout en jetant de nombreux regards vers la porte. Pas question de se faire surprendre.
Un plateau entier remplis d'antibiotiques en tout genre : aminosides, tétracyclines, macrolides, sulfamides, mais rien qui rappela le triox. Sam ouvrit la porte de la petite armoire blanche qui faisait l'angle de la petite pièce. Une étagère était pleine de matériel médical divers, compresses et seringues entre autres. Plus bas elle découvrit une boite où s'alignaient les petites ampoules remplies d'un liquide j'aune d'or. Sur l'étiquette, un O suivi d'une formule compliquée, mais à aucun endroit elle ne trouva le mot triox.
Un bruit dans le couloir la fit sursauter et refermer précipitamment la porte de l'armoire. Fausse alerte, ce n'était qu'une infirmière qui passait avec un chariot. Le coeur battant Sam ouvrit le placard et s'empara d'une petite ampoule qu'elle mit dans sa poche. Une seconde plus tard Liena entrait dans la salle d'examen.
Bien dit-elle, je suis toute à vous, j'espère que nous ne serons pas dérangées. Comment vous sentez vous ?
-Je vais bien dit Sam en souriant, elle commença à parler pour permettre à son cœur de reprendre un rythme normal.
L'examen se déroula sans problème, Sam reçut sa piqûre, et elle sortit rapidement de l'hôpital. Aujourd'hui commençait son congé de maternité, elle avait hâte d'être rentrée chez elle. Elle décida de rentrer à pied. Un peu de marche ne lui ferait pas de mal. Elle passa devant un magasin de puériculture et s'arrêta attendrie devant les petites brassières, et d'adorables petits chaussons pour bébé. Elle ne put résister à pénétrer dans le magasin et se laissa tenter. Quand elle ressortit elle avait les bras chargés de paquets contenant la plus adorable layette qui soit.
Chez elle l'attendait Jack. Il ne peut s'empêcher de sourire de la voir le visage rosi de bonheur, un éclat lumineux si particulier dans le regard.
-Tu as trouvé ?
-Oh oui regarde ce que j'ai acheté, dit-elle en ouvrant les paquets les uns derrière les autres. Tu ne trouves pas ça joli ? dit-elle surprise et un peu déçue du regard grave de son amant.
-Si c'est mignon, dit il en passant un doigt dans la douceur duveteuse d'un chausson. Mais je te parlais de l'ampoule Sam.
-Quelle ampoule ? demanda la jeune femme à nouveau accaparée par une grenouillère bleue à fines rayures blanches.
Jack soupira !
-Aucune importance dit-il, en la prenant dans ses bras. Il avait la réponse à sa question. Sam avait de nouveau tout oublié. Sa vie était ancrée sur cette planète, elle attendait son enfant et se préparait pour cet instant le plus extraordinaire de sa vie de femme.
-Ce soir je vais chez Daniel, mais je préférerais que tu ne viennes pas avec moi.
-Pourquoi ? dit-elle en levant un regard étonné sur lui.
-Nous avons beaucoup de choses à dire, et tu dois te reposer.
-Mais je ….
-S'il te plait chérie, fais ce que je te dis. Qu'est ce que tu veux manger ? dit-il joyeusement pour détourner la conversation.
-Je n'ai pas faim dit-elle.
Elle sentait que Jack lui cachait quelque chose et elle fondit en larmes. Maudites hormones pensa t-elle ! en s'essuyant les yeux rageusement. Mais Jack avait eu le temps de voir son visage décomposé. Il la prit tendrement dans ses bras.
-Dis moi ce qui ne va pas.
-C'est la piqûre, A chaque fois c'est pareil, j'ai l'esprit tout embrouillé.
Jack prit le temps de tout lui réexpliquer, tranquillement. Elle ne disait rien mais de temps à autre hochait la tête.
-C'est pour cela que je dois voir Daniel et Sarah, nous avons à parler.
-Je comprends dit-elle.
Jack lui prépara un repas léger, elle se coucha et s'endormit aussitôt.
Qu'est ce qu'il pouvait y avoir dans cette maudite piqûre ? Dans la poche de Sam il trouva l'ampoule qui luisait doucement au creux de sa main. Il eut une envie folle de la détruire, mais il la mit dans sa poche et quittant l'appartement il monta un étage et frappa à la porte de chez Daniel et Sarah.
Quand il rentra beaucoup plus tard, Sam était toujours endormie. Elle avait pleuré dans son sommeil, son oreiller était trempé de larmes. Il passa un doigt léger sur sa joue. Elle ne réveilla pas, même quand il déposa sur ses lèvres un baiser d'une grande douceur. Il s'allongea et s'endormit aussitôt.
Ce fut cette nuit là que tout bascula. A son réveil Jack avait retrouvé intégralement la mémoire.
(à suivre...)
