LA CICATRICE
Fic 37
Disclaimer : Pas à moi, pas de sous…
Spoiler : la 8
Episode : Début saison 8 sans aucun épisode en particulier et Pete n'intervient pas dans mon récit.
Rating : Accord parental souhaitable
Genre : Romance, aventure, étrange.
Résumé : le colonel Carter rêve de son général…et il lui arrive des choses étranges.
Cela commençait toujours de la même façon.
Elle roulait lentement dans les rues désertes de Colorado Springs. Il était tard, près de deux heures, elle était partie sur un coup de tête, elle avait tout essayé, les tisanes, le lait chaud, la relaxation, rien n'y faisait, elle n'arrivait pas à dormir.
Alors dans les rues elle roulait lentement, au hasard, il faisait toujours bon, c'était encore l'été et dans la nuit tiède et douce, elle respirait l'air pur qui s'engouffrait par sa vitre ouverte.
Elle se sentait bien. Elle se calmait.
Puis inévitablement elle arrivait dans sa rue, alors elle ralentissait encore, passait devant chez lui, un peu plus vite comme par peur d'être vue. Elle jetait un regard par-dessus la haie fleurie et voyait de la lumière allumée dans son séjour. Alors elle pensait que lui aussi en était au verre de lait chaud et aux tisanes, cela la faisait sourire. Elle s'imaginait sonnant à sa porte, il se tenait dans l'encadrement et lui lançait un regard surpris, il avait une façon d'écarquiller légèrement les yeux, il lançait alors un « Carter ? » avec trois points d'interrogation.
La plupart du temps, elle passait sans s'arrêter, puis elle faisait trois fois le tour du pâté de maisons, finalement elle se garait un peu plus loin là où elle voyait encore la lumière de son salon.
Elle attendait un long moment, puis elle se décidait, elle sonnait.
Inévitablement elle avait droit au « Carter ?? » Alors pleine d'une audace qu'elle ne se connaissait pas, elle entrait d'un pas décidé dans la maison, en balbutiant un timide « mon général »
Ils restaient alors un long moment au milieu de la pièce à se regarder sans rien dire. Elle se noyait dans ses yeux, dans ce regard brun qui était à cet instant si expressif. Puis le charme se rompait.
« Vous voulez boire quelque chose ? » demandait-il invariablement.
Alors elle riait ;
« Ni tisane, ni lait chaud » répondait-elle avec un sourire entendu en voyant une tasse vide sur la table avec encore dedans le petit sachet de plantes. Il souriait alors :
-Je vois Carter que nous avons les mêmes problèmes.
Alors elle hochait la tête en souriant, et lui pendant ce temps se dirigeait vers le frigo et sortaient deux bières. Au moment où il lui tendait sa canette, presque à chaque fois leurs doigts se frôlaient. Il maintenait le contact juste un instant de trop, le temps que son cœur à elle se mette à battre comme un tambour dans sa poitrine, pauvre petit oiseau affolé ! Petit cœur douloureux qu'un simple contact de doigt mettait déjà tout en émoi !
La soirée se déroulait toujours de la même façon, après la bière elle voulait prendre congé, mais il ne l'entendait pas de cette oreille. Il se rapprochait à la frôler, elle sentait la chaleur de son corps si près du sien. Puis ensemble ils osaient ce qui leur était interdit depuis huit ans, ils se touchaient, d'abord timidement, puis de manière plus pressante. Leurs mains commençaient alors un ballet fantastique de mouvements désordonnés, ils perdaient le contrôle et l'entendement. Elle sentait le contact de lèvres chaudes et douces sur sa peau.
Puis curieusement, cela devenait un peu flou, elle n'arrivait pas à se souvenir de ce qu'ils avaient fait, ou de ce qu'ils n'avaient pas fait.
Beaucoup plus loin dans la nuit, elle se voyait alors allongée près de lui, il dormait sur le ventre, nu. Alors elle passait une main dans son dos, et sentait sous ces doigts les cicatrices de blessures ou de tortures. Elle le connaissait très bien, elle avait souvent été là, ses blessures et supplices ne lui étaient pas inconnus. Elle descendait le long de son dos, elle reconnaissait les marques, celle-ci, c'est le jour où Apophis… ou bien cette marque là c'est un coup de lance qu'il a reçu sur P9V786, et puis ce profond sillon sur le côté c'est une coup de dague sur P9X543, elle connaissait ce corps par cœur, ce n'était pas la première fois qu'elle le touchait, mais jamais de cette façon, dans une telle intimité.
Elle descendait plus bas sur son dos et sentait une marque qu'elle ne connaissait pas. C'était une crevasse profonde d'une quinzaine de centimètres de long, elle était rouge et violacée sur une partie, moins profonde et plus rose vers le bas, elle s'étalait sur ses reins et descendait loin sur la hanche droite. Quand il se mettait torse nu elle était cachée par le pantalon. Elle passa son doigt dessus comme pour bien s'assurer de sa présence. Non elle ne connaissait pas cette marque. Avait-il été blessé alors qu'elle n'était pas là ? Ils étaient pourtant toujours en mission ensemble ils avaient été rarement séparés. Non, elle n'avait jamais vu cette cicatrice, elle en était sûre, maintenant.
Elle se réveillait dans son lit un doux sourire aux lèvres. Ce rêve était tellement fantastique, quelque chose qu'elle retrouvait souvent, pas chaque nuit mais presque, il y avait des variantes, mais toujours cela se terminait par la découverte et la caresse très sensuelle qu'elle passait sur la cicatrice.
Tout avait commencé sur P9V123.
Le général O'Neill les avait envoyés explorer cette planète. Une terre désertique, vide d'habitants mais qui avait été autrefois occupée par un peuple pacifique, par un goa'uld tyrannique. Somme toute une histoire banale de destruction, de naquada et de génocide. Toute la population avait été exterminée en une centaine d'années.
Baal avait régné sur ce peuple pendant près de trois siècles, laissant une terre exsangue, et un temple en ruines.
C'était ce temple qu'ils étaient chargés d'étudier, le genre de mission que le général O'Neill était vraiment ravi de ne plus faire. C'était avec un plaisir non dissimulé qu'il les regarda franchir la flaque bleutée du vortex, en lançant un « Amusez-vous bien Daniel ! »
-Comptez sur moi Jack avait répondu le jeune archéologue avec un sourire radieux sur le visage.
Sam aussi était ravie de ce genre de mission, elle aimait beaucoup aider Daniel, elle adorait la découverte et espérait toujours que sur une mission elle trouve l'objet inattendu, l'artéfact que l'on recherchait, ou bien une arme fatale pour détruire d'un coup tous les Goa'ulds de la galaxie.
Ce n'était pas une arme qu'ils trouvèrent mais un objet étrange qu'ils rapportèrent au SGC, si étrange que personne ne pouvait dire à quoi il servait, ni de quelle époque il datait.
Une chose était sûre, Sam n'allait pas tarder à regretter de l'avoir découvert.
Le débriefing était vraiment détendu ce matin-là. Ils avaient fait le tour obligatoire à l'infirmerie, et maintenant ils étaient assis à la table, autour du général O'Neill.
Celui-ci paraissait en forme, il souriait facilement, son optimisme naturel prenant toujours le dessus, il savourait cette période de calme avec délectation. Il faut dire que tout allait pour le mieux à la base. Les missions se déroulaient sans anicroches, les explorateurs rapportaient des objets prometteurs tant au point de vue scientifique que de l'armement, les textes des tablettes ou des temples étaient traduits à la vitesse grand V par Daniel et son équipe, les jaffas semblaient être occupés dans un autre coin de la galaxie, et les Goa'ulds se faisaient le plus discrets possible, de plus le mess avait refait le plein de chocolat ce qui était très prometteur pour les desserts à venir.
Oui tout allait bien, le général était heureux.
Sur la table s'étalaient les tablettes trouvées par Daniel, ainsi que l'objet mystérieux découvert par Sam.
-Daniel pouvez-vous nous expliquer ce que vous avez rapporté ? Demanda le général en souriant.
Il se renfonça dans son fauteuil et attendit que Daniel perdu dans ses pensées, veuille bien lui répondre.
-Daniel ! Cria t-il.
L'archéologue sursauta :
-Heu… Jack, excusez –moi, je pensais au temple où nous avons trouvé ces objets.
-Allez-y Daniel, nous sommes toute ouie !
-Bien, commença Daniel, Sur P9V123 Baal a laissé un temple en très mauvais état. Il y a plusieurs siècles qu'il a quitté la planète, et le temple tombe en ruines. C'est pour cela que nous avons fait assez vite…
O'Neill le coupa :
-Daniel si vous en veniez au fait, on sait déjà tout ça !
Daniel soupira, Jack qu'il soit colonel ou général ne changerait jamais. Il y avait des choses immuables au SGC, l'impatience du général, et sa rapidité à passer sur des choses primordiales aux yeux de Daniel mais barbantes pour lui.
-Qu'est ce que vous avez rapporté dit Jack en prenant l'étrange objet sur la table.
C'était un objet de petite taille. Le centre était une pierre de couleur bleue translucide et surmontée d'une petite boule de cristal rouge. L'ensemble était retenu par des griffes de métal doré et à chaque angle de la pierre carrée des volutes en fer, conféraient à cet objet une étrange beauté.
O'Neill retournait l'objet dans ses mains, interrogeant Daniel du regard :
-Ne me demandez pas ce que c'est dit Daniel, je n'en ai aucune idée.
-Même pas une petite idée ? Cela pourrait être une arme ?
L'objet fit le tour de la table. O'Neill le passa à Sam qui le prit dans ses mains et ressentit un léger vertige, elle le reposa brusquement.
-Qu'y a-t-il colonel ? Vous avez des doigts en coton ?
Sam un peu troublée ne voulut rien dire de peur que l'on se moquât d'elle, elle se contenta de passer l'objet à Teal'c avec un involontaire frisson. Teal'c le regarda d'un air neutre et le redonna à Daniel, qui le garda dans sa main un instant.
-Redonnez-le moi Daniel s'il vous plait, demanda Sam.
-C'est étrange mon général, elle avait senti à nouveau la légère désorientation de tout à l'heure.
-Que se passe t-il Carter ? Dit O'Neill
-Il me semble que je réagisse à cet objet dit Sam en le posant sur la table, il m'est désagréable au toucher.
-Que ressentez-vous ? demanda Daniel
-Je ne sais pas trop, comme un vague malaise.
Sam était devenue toute pâle.
-Je ne me sens pas bien, dit-elle d'une voix blanche.
O'Neill décrocha aussitôt le téléphone et dit d'un ton sec :
-Urgence médicale en salle de briefing.
Pendant ce temps Sam avec l'aide de Teal'c s'était allongée sur le sol. Elle reprit vite ses esprits.
Le docteur Bright qui s'était approchée d'elle, tâta son pouls et prit sa tension.
-Il est un peu rapide et sa tension est élevée, je préférerais faire un examen complet au colonel Carter, à l'infirmerie, général.
-Colonel, obéissez à notre bon docteur dit O'Neill avec un petit sourire.
-A vos ordres mon général
Ça te va bien de m'envoyer à l'infirmerie sans sourciller ! Et toi tu y vas quand tu es malade ? Maintenant qu'il n'y a plus un général pour te commander ! pensa t-elle avec amertume.
Elle lui fit le même sourire, leurs regards s'accrochèrent une fraction de seconde, suffisamment pour s'apercevoir qu'ils pensaient la même chose. O'Neill fit une petite grimace mais n'ajouta rien et laissa sortir Sam en compagnie du docteur Bright.
-Teal'c et Daniel, j'aimerais que vous étudiiez cet objet. Pourquoi seule Carter a réagi ? Je veux tout savoir sur ce truc. Et puis ces tablettes, là, ça doit être marqué dessus ? Non ?
-Il va nous falloir un certain temps Jack !
-Combien ?
-Pourquoi demandez-vous toujours combien de temps ? Ça peut être une heure comme un mois ou pas du tout !
-Je préférerais une heure Daniel ! Ça va sans dire.
Daniel hocha la tête, le cas de Jack était vraiment désespéré.
-Je vais faire le plus vite possible dit-il en sortant.
A l'infirmerie Sam subissait sans rien dire tous les nombreux examens que voulut bien lui faire le docteur Bright. Cela ne la dérangeait pas outre mesure, sauf qu'elle aurait préféré être dans son labo pour commencer à étudier cet étrange appareil.
O'Neill arriva à l'infirmerie au moment où Sam était en bute avec le docteur. Celle-ci voulait lui faire passer la nuit à l'infirmerie.
-Je vous assure que je me sens beaucoup mieux !
Mais le médecin avait décrété qu'il valait mieux qu'elle passât la nuit en observation.
-Obéissez colonel, c'est un ordre !
-Mon général ! J'ai un travail fou au labo !
-Comment va-t-elle ? Demanda O'Neill au médecin sans tenir compte des protestations de Sam.
-Ce n'est pas bien grave, mais le colonel m'a paru fatiguée et un peu stressée.
-Mais je ne suis pas du tout stressée, cria t-elle un peu trop fort !
Le silence seul lui répondit et le regard légèrement ironique de Jack.
-C'est entendu docteur dit le général, en conclusion, vous ne la relâchez pas avant demain matin.
Le calmant que lui avait insidieusement donné le médecin commençait à faire son effet et Sam se sentit tout à coup une très forte envie de dormir.
Le visage de Jack devint flou devant elle, et elle s'endormit avec l'image du général à ses côtés et c'est peut être pour cela que cette nuit là elle fit le premier rêve.
Le lendemain elle se sentait tout à fait bien, et après un solide petit déjeuner elle se dirigea vers son labo. Le médecin lui avait permis de sortir après avoir vérifié son pouls et sa tension.
-N'en faites pas trop colonel ! Et couchez vous de bonne heure !
Si je fais un rêve aussi agréable que cette nuit, c'est sûr que je vais avoir un sommeil reposant.
Elle avait toujours en tête l'image très forte du dos de Jack et de ses cicatrices. C'était vraiment étrange, elle avait encore la mémoire du toucher, et le bout de ses doigts se souvenaient parfaitement de ce qu'elle avait ressenti.
Tout à son rêve intérieur elle ne vit pas qu'il venait devant elle dans le couloir.
Cette partie était assez étroite et elle avait failli le bousculer.
-Alors on rêve Carter ? La nuit a été bonne ?
Il avait dit cela sur le ton de la plaisanterie, mais il ne s'attendait sûrement pas à sa réaction. Elle avait rougi violemment, et bafouilla un « excusez-moi mon général » si distrait qu'il s'en inquiétât.
-Hé ! Carter ! Vous allez bien ?
-Oui mon général, dit-elle en se reprenant, excusez-moi, je ne vous avais pas vu.
-Ce n'est rien Carter, ce n'est rien !
Et il s'éloigna en direction de son bureau.
Elle ne put s'empêcher de se retourner et de le fixer. Il marchait nonchalamment les mains dans les poches, comme il le faisait toujours.
Malgré elle, elle fixait un certain endroit de son anatomie, en cherchant où la fameuse cicatrice pouvait bien être. Etait-elle seulement là ? Elle avait du l'inventer en rêvant. Les songes sont parfois si déroutants. D'ailleurs elle se demandait pourquoi elle avait rêvé ainsi de son supérieur. Non en fait pour être honnête avec elle-même, elle savait parfaitement que ce genre de rêve était dans le domaine du possible.
Il ne faut pas que ça me trouble, parce qu'il s'en aperçoit c'en est fini de ma carrière et je me retrouve tout de suite à l'asile.
Mais finalement à la réflexion elle était plutôt satisfaite d'avoir rêvé de lui.
Elle croisa Daniel qui se rendait lui aussi au travail
-Alors Sam, ça va ce matin ? Vous nous avez fait peur hier !
-Il n'y avait aucun problème qu'une bonne nuit de sommeil ne puisse arranger, dit –elle avec un petit sourire.
-Ça a l'air d'aller dit Daniel avec un grand sourire. Vous pouvez venir dans mon labo, je crois que j'ai trouvé quelque chose.
-Vous ne voulez pas qu'on en parle au général ?
-Pas encore, si je vais le trouver et que je n'ai pas fini, il va me renvoyer à mes chères études, vous le connaissez !
-Oh oui ! Dit en riant la jeune femme. Alors qu'avez-vous trouvé ? Dit elle en rentrant dans le labo de Daniel.
-J'ai commencé la traduction des inscriptions sur les tablettes. C'est du Goa'uld ancien mais Teal'c m'a aidé pour certains mots plus délicats, et je pense avoir trouvé quelque chose d'intéressant.
-Voyez ces symboles dit-il en montrant quatre signes. Il y a le mot « combattre », « nuit » et un mot que je pourrais traduire par « folie » ce qui pourrait donner « combattre par la folie la nuit » le dernier mot évoque la « prudence », ou la « méfiance.
-Et ça nous mène à quoi » ?
-Aucune idée pour le moment, mais cela pourrait suggérer une arme contre les goa'ulds.
-Comment être sûr qu'il s'agit d'arme pour combattre les goa'ulds ?
-On n'en a pas la certitude. Mais il y a de fortes chances.
-Je pense qu'il faut tenir le général informé de vos recherches Daniel.
-D'accord, mais vous êtes prête à parier qu'il va me jeter !
-Vous faites des paris maintenant ?
Daniel rit :
-Avec Jack ? Depuis toujours.
-Et vous pariez sur quoi ?
-Sur tout et n'importe quoi !
-Ça vous est arrivé de parier sur moi ? demanda t-elle malicieusement.
-Heu… Demandez le à Jack, justement le voilà !
-Et qu'est ce qu'on doit demander à « Jack » dit O'Neill en arrivant sur eux. Décidément ce matin ils étaient destinés à se croiser !
-Rien mon général, dit Sam en essayant de garder son sérieux.
Daniel intervint pour sauver son amie car il n'aimait pas l'air moqueur que prenait O'Neill, cela voulait dire qu'il y avait une « vacherie » en route.
-J'ai découvert des choses intéressantes sur les tablettes ramenées hier, Jack, on peut en parler maintenant ?
-Oui bien sûr.
Dans la salle de briefing Daniel répéta ce qu'il avait dit à Sam.
O'Neill écouta et conclut :
-Un petit gadget à la « Machello » !
-Sans doute Jack, mais il me reste à affiner la traduction, et je ne suis pas sûr à cent pour cent que ce soit un piège à Goa'uld !
-Il me semble que si, dit Teal'c. Colonel Carter, vous étiez la seule à éprouver un malaise hier quand vous avez pris l'objet, et il vous reste des protéines de Jolinar. Imaginez un Goa'uld devant cet objet, il aurait sûrement été très malade.
O'Neill intervint aussitôt.
-Je préférerais que vous n'approchiez plus cet objet, colonel !
-Mais mon général, il n'y a que moi qui peux l'étudier !
-On doit pouvoir s'arranger autrement.
-Mais…
-C'est un ordre colonel.
-Bien, monsieur, dit-elle déçue. Daniel ? Vous aller y arriver ?
-Je ne crois pas Sam, je ne suis pas assez qualifié.
Ils regardèrent tous les deux dans la direction d'O'Neill.
-Bon, il est vrai que l'enjeu est d'importance, dit celui-ci, il y a peut être un moyen, Carter pouvez-vous vous faire aider de manière à ce que vous ne touchiez pas l'objet par vous –même ?
-Absolument mon général dit-elle avec un sourire radieux. Permission de me rendre au labo, monsieur ?
-Allez-y Carter, mais soyez très prudente.
Le soir même elle recommença à rêver. Toujours le même rêve, identique. La cicatrice étrange et inconnue. La même question : pourquoi ?
Le réveil en souriant, le bien être, le repos réparateur.
Elle devait passer à l'infirmerie ce matin pour un contrôle de sa tension.
-Elle est encore trop élevée colonel, dit le docteur Bright. Cela ne me plait pas.
-Pourtant je me sens reposée ce matin.
-Effectivement vous avez bonne mine et votre cœur est normal. Pour le moment on ne fait rien, mais repassez le matin et le soir pour un contrôle, je serais plus tranquille.
Sam regarda le médecin s'éloigner. Malgré elle, elle s'attendait toujours à voir Janet, sortir d'une salle ou de son labo. Parfois même elle croyait entendre sa voix, comme si à force de vivre dans cet endroit, un petit quelque chose d'elle y était resté. Une ombre, une présence. Elle lui manquait.
Elle se secoua, elle avait du travail, beaucoup de travail. L'artéfact l'attendait ainsi que le lieutenant Graham Simmons. Il lui fit un grand sourire
-Je vous attendais colonel, j'ai reçu des ordres pour vous aider dans votre travail, dit-il en rougissant.
-Merci lieutenant. Sam sourit, elle se souvint que depuis des années il avait un petit faible pour elle. Et si on s'y mettait tout de suite ?
-A vos ordres colonel.
-Que doit-on rechercher mon colonel ? Demanda le jeune homme.
-je pencherais pour quelque chose qui puisse interagir avec le naquadah. Vous devriez l'observer aux rayons X, puis faire une IRM. Vous me ferez part des résultats que vous aurez obtenus.
-Bien mon colonel, je m'y mets tout de suite.
Les analyses n'avaient rien donné. La pierre gardait son mystère. Apparemment il n'y avait rien de vivant à l'intérieur, aucune forme d'énergie visible.
Sam était fatiguée le soir en se mettant au lit. Pourtant elle n'avait rien fait d'extraordinaire.
Cette nuit là elle ne rêva pas. Elle en fut presque contrariée. Elle aimait ce rêve étrange, et bien qu'elle n'en comprenne pas la signification, elle avait l'impression que c'était important.
Quelques jours plus tard, elle était dans son labo avec Graham quand celui-ci renversa un peu d'acide et se brûla la main. Il poussa un petit cri.
Sam se figea et resta immobile durant quelques secondes, puis elle se précipita aussitôt vers le jeune homme.
-Vous devriez aller à l'infirmerie lieutenant, c'est une belle brûlure que vous avez là !
-A vos ordres mon colonel.
Après le départ de Graham, Sam dut s'asseoir. Que lui était-il arrivé ? Elle avait eu comme un étourdissement, comme si le sol était devenu tout à coup instable.
Elle se secoua :
Tu travailles trop ma fille, et si tu allais te reposer un peu.
Il était en effet déjà 21 heures et Sam travaillait sans discontinuer depuis le matin. Elle avait encore sauté le déjeuner. Elle éteignit et ferma son labo. Elle laissa ses pensées dériver lentement vers ses doux rêves de la nuit, et un léger sourire flottait sur son visage.
-Deux sous pour vos pensées ! Belle dame !
Elle sursauta :
-Oh, Daniel ! Vous m'avez fait peur !
-Pour être absorbée, vous étiez absorbée, dit Daniel en souriant, et qu'est ce qui vous rends si heureuse ?
-Rien du tout dit Sam d'un ton un peu plus sec qu'elle ne l'aurait voulu.
Mais Daniel la connaissait bien et ne se laissa pas prendre à ses protestations.
-Un rendez-vous peut être ?
-Oh oui ! dit-elle, un rendez-vous avec mon lit, je suis épuisée !
Et la perspective d'une bonne nuit de sommeil m'enchante !
-Et vous avez dîné, Sam ?
-Heu… non… Justement j'y allais, vous m'accompagnez ?
-Avec plaisir, il se trouve que justement j'ai un petit creux.
Et nos deux amis s'éloignèrent en direction du mess, tout en riant et plaisantant.
La nuit de Sam fut plus mouvementée que d'habitude. Le rêve revint mais il ne lui apporta pas le repos habituel. Pourtant cela avait très bien commencé, elle arrivait chez son supérieur, qui lui aussi ne dormait pas. Puis elle le revoyait allongé sur le lit à plat ventre, et ses doigts commençaient leur délicat ballet sur les cicatrices de son dos. La grande marque violacée l'attirait irrésistiblement, elle ne comprenait pas pourquoi, justement peut être en raison du mystère qui l'entourait.
C'est à ce moment là que le rêve changea, il y avait d'autres personnes dans ce rêve. Le jeune lieutenant Graham était dans son labo, et se brûlait la main avec de l'acide. Elle l'aperçut en flash. Cela lui sembla infiniment familier. Puis elle fut de nouveau dans la chambre et là un son strident la fit sursauter, c'était le portable de jack.
-O'Neill
- …
-J'arrive tout de suite.
Elle était seule dans la chambre maintenant.
Quand elle réveilla elle écrasait d'un poing rageur le réveil qui indiquait déjà six heures.
Elle avait mal à la tête, était nauséeuse, le sommeil n'avait pas été réparateur comme les autres nuits. Elle ressentait une sorte de malaise indéfinissable, comme une angoisse.
Une dure journée commençait. Il y aurait un briefing à 8 heures, puis un départ pour une mission de deux jours. Mais avant il faudrait qu'elle repasse par le labo, elle voulait étudier dans l'ordinateur les données prises par Graham hier sur l'artéfact. Elle regarda sa montre, déjà 6 h 11, allez paresseuse, debout !
Petite douche rapide, visite express au mess pour un petit déjeuner encore plus rapide, puis direction le labo. Elle s'y glissa comme une voleuse, referma soigneusement la porte derrière elle, et ayant oublié les ordres du général, dans son désir de travailler au plus vite, elle prit l'objet dans ses mains pour le regarder sous une puissante lampe. Elle trouvait que la pierre bleue était plus foncée par endroit. Elle ressentit alors un frisson très désagréable comme si elle avait une forte poussée de fièvre, elle lâcha l'objet qui tomba sur le sol. Elle n'eut pas le temps de voir la fissure qui s'était faite sur la pierre et qui commençait à s'élargir. C'est à ce moment là qu'un étourdissement eut raison d'elle, et sans bruit elle glissa sur le sol, le visage à quelques centimètres de la pierre.
Quelques minutes plus tard elle revint à elle. Elle eut un instant de désorientation et se leva. Son mal de tête avait empiré et elle dut s'asseoir un moment jusqu'à ce que les murs du labo reprennent leur place habituelle. C'est alors qu'elle vit l'objet tombé au sol. La pierre était sortie de son cadre de métal, elle gisait sur le sol, fendue en une longue fissure qui avait pris une teinte violacée en haut et plus rose vers le bas…
Elle voulut aller à l'infirmerie car son malaise augmentait, mais elle ne put que se lever faire deux ou trois pas et retomber sur le sol, évanouie.
A 8 heures en salle de briefing, Teal'c et Daniel étaient arrivés avant le général. Celui-ci était dans son bureau au téléphone.
-Où est Sam ? demanda Daniel
-Je ne l'ai pas vue ce matin, dit Teal'c d'une voix calme.
-C'est étonnant poursuivit Daniel, elle est toujours à l'heure.
A ce moment le général sortit de son bureau il était 8 h 10.
-Le colonel Carter n'est pas ? Là dit-il seulement, en s'asseyant.
-Je vais voir si je la trouve dit Daniel, elle est peut être au labo.
Elle reprit conscience à l'infirmerie. Près de son lit le docteur Bright réglait le débit de la perfusion.
-Alors colonel ! Que vous est-il arrivé ?
-Je ne sais pas, elle ne mentait pas, elle ne se souvenait plus.
C'est à ce moment que le général entra dans la chambre, il n'avait pas frappé, et s'avança vers le lit d'un pas rapide. Il s'arrêta juste au pied et prit appui sur le pied de lit.
-Colonel vous m'avez désobéi !
-Mon général…
-Vous avez touché la pierre !
Sam rougit elle se souvenait maintenant.
-Oui, c'est vrai, je l'ai touché, mais en fait ce fut instinctif, sur le moment j'avais complètement oublié.
-Oublié quoi ?
-Que je n'avais pas le droit de la toucher
Le général eut un petit sourire ironique :
-Et il y a beaucoup d'ordres comme cela que vous oubliez ? Carter.
Ouf, il a dit Carter, il n'est pas fâché.
Elle répondit sur le même ton
-C'est la première fois mon général !
-Bien, mais ne recommencez pas dit-il avec un grand sourire.
Il se dirigea vers le docteur Bright qui s'était éloignée un moment.
-Comment va-t-elle docteur ?
-Je la trouve fatiguée, mon général. J'ai l'impression que ses nuits sont agitées. Elle dort mal, et la fatigue s'accumule.
-Est-ce que cela a un rapport avec cette pierre ?
-Je ne peux pas vous le dire mon général, tant que je ne sais pas ce qu'il y a dedans. C'est le colonel qui faisait les tests de cette pierre n'est ce pas ?
-Oui, mais elle est aidée du lieutenant Simmons.
-Je souhaiterais que le colonel se tienne éloignée de cet artéfact, tant qu'on n'en connaît pas plus sur lui.
-Bien noté dit O'Neill.
Sam avait fermé les yeux et se laissait dériver dans son rêve… Elle arrivait devant chez son supérieur, quand elle l'entendit l'appeler
-Carter !
Elle sourit, il avait prononcé son nom d'une façon si douce qui n'appartenait qu'à lui.
-Carter !
Elle sursauta, et sortit de son rêve, il était là devant lui.
-Carter, ne cherchez pas la pierre quand vous retournerez dans votre labo, elle sera bien à l'abri dans une cage de verre.
-Mais mon général ! …
-Il n'y a pas de mais… Colonel, cette pierre vous rend malade, et tant qu'on n'en saura pas plus, vous n'y toucherez plus.
-Mais…
-tt ! tt ! On ne discute pas avec son général !
Il s'assit sur le bord du lit et la regarda :
-Vous avez une toute petite mine Carter, je crains que cet objet n'en soit la cause, ce n'est pas négociable.
-Vous pensez que c'est une arme contre les goa'ulds ?
-J'en suis de plus en plus persuadé. Je vais confier ce travail à d'autres personnes, mais vous serez consultée et mise au courant de tous les travaux. Ça vous va comme ça ?
-Merci mon général !
-Rappelez vous Carter ce que je vous ai dit un jour, vous faites partie de notre patrimoine, vous êtes précieuse. Je ne veux pas vous perdre, ajouta t-il à voix basse. Reposez vous maintenant.
Il s'éloigna et elle replongea dans son rêve avec un doux sourire sur le visage.
Quand elle put retourner au labo elle apprit que le général, avait mis plusieurs spécialistes scientifiques sur ce travail. Ils la tenaient informée des progrès de leurs travaux. Jusque là la pierre n'avait pas livré son secret. En tombant elle s'était détachée du cadre métallique, la petite sphère rouge était restée accrochée, mais la pierre, elle, maintenant était nue.
Sam eut l'autorisation de la regarder à travers un caisson de verre protecteur. Elle n'avait pas le droit de la toucher, ni personne d'autre d'ailleurs. Le technicien la manipulait avec une pince et il avait passé ses mains dans des gants de caoutchouc.
-Vous pouvez la retourner demanda t-elle au lieutenant Graham Simmons. Je voudrais observer la fissure.
-Quelle fissure colonel ? dit le lieutenant en lui faisant voir la pierre sous différents angles.
-Quand elle est tombée l'autre soir j'ai cru voir une fissure, dit-elle d'une voix mal assurée.
Et comme le jeune homme la regardait surpris, elle ajouta rapidement :
-Cela devait être dû au mauvais éclairage de la pièce.
-Sans doute mon colonel.
La pierre était restée d'un bleu uniforme, sans changement de ton, ni de parties plus claires ou plus foncées et naturellement sans aucune fissure.
Sam était très troublée. Au fond d'elle-même elle sentait bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Ses réactions avec la pierre n'étaient pas normales, elle avait vu une fissure profonde et violacée puis plus claire vers le bas. Elle l'aurait juré !
Au briefing le lendemain elle fut distraite. Elle sentait sur elle le regard inquiet du général. Il n'écoutait pas ce que disait Daniel sur la faune de 724. Il la regardait elle, penchée sur son dossier, crayonnant d'une main nerveuse, le front penché.
-Carter ! Vous allez bien?
-Oui mon général dit-elle.
-Vous paraissez fatiguée colonel, le médecin ne vous a pas mise au repos ?
-Non mon général dit-elle sans le regarder.
Après un instant de silence il reprit.
-J'avais pensé vous envoyer sur P9B724, mais vous disiez Daniel à propos d'animaux …
-Jack, vous n'avez pas écouté un mot de ce que j'ai dit !
-Si si, les animaux sont dangereux, c'est bien ça ?
-Mon général dit Sam, je considère cette planète comme dangereuse. Il y a en effet un nombre très élevé d'animaux sauvages. Je pense qu'il vaut mieux ne pas y aller.
-Pourtant il y a un temple apparemment Maya à quelques kilomètres de la porte commença Daniel, en faisant bien attention… peut être qu'on….
-C'est hors de question le coupa O'Neill ! Un temple ne vaut pas que vous preniez le risque de vous faire dévorer par des lions. D'après l'UAV les territoires près de la porte sont infestés de fauves. Comme vous deviez partir deux jours, je ne vois pas pourquoi vous n'auriez pas ces deux jours de repos, conclut O'Neill.
-Colonel je voudrais vous parler une minute, venez dans mon bureau dit-il en se levant.
Elle le suivit en silence. Il lui fit signe de refermer la porte et de prendre un siège.
-Vous n'avez rien à me dire Carter ?
-Heu… non mon général
-Votre santé ? Tout va bien ?
-Oui.
-Parce que j'ai votre dossier médical sous les yeux. Le docteur Bright me l'a fait parvenir à ma demande, vous n'avez pas l'air si en forme que cela.
-Elle vous a donné mon dossier ! Je n'en reviens pas ! Et le secret médical !
-Désolé Carter, mais le secret médical ne joue pas ici. Je dois savoir si mes équipes ont une santé suffisante pour aller affronter des innombrables dangers sur des planètes.
-Quand même, elle aurait pu vous en parler sans vous donner le dossier !
-Qu'est ce qui vous gêne Carter ?
-Il y a des choses très privées dans un dossier médical, Monsieur ! dit-elle en rougissant.
Il la regardait le visage impassible, et s'étonnait de son attitude.
-Vous savez Carter cela ne vient pas de moi ! Le général Hammond en faisait autant ! Si vous saviez le nombre de fois où il m'a convoqué dans son bureau pour des raisons identiques.
-Oh, elle sourit, mais vous avez une santé de fer vous Monsieur !
-Oui c'est vrai, mais après mon retour de chez Baal, vous ne pouvez pas imaginer les questions du général Hammond. Et après tout c'est normal, on ne peut pas envoyer en mission quelqu'un dont on est pas sûr.
Silence, la mission de sauvetage revint à l'esprit de Sam. Elle avait bien cru ne jamais le revoir. Comme il avait dû souffrir ! Il n'en parlait jamais. Mais pour elle il avait fait une exception. Elle en fut émue.
-Dites moi la vérité Carter, vous avez changé depuis que vous avez touché l'objet de P9V123 ?
Elle dut bien avouer que de toucher cet objet l'avait déstabilisée ; Elle repensait aux rêves qui dataient de cette nuit là. Elle se sentit tout à coup très embarrassée.
Elle passait par toutes les couleurs, se sentait extrêmement gênée. Il s'en aperçut
-Carter, si vous aviez un problème vous m'en parleriez ? Lui demanda t-il avec douceur.
-Bien sûr mon général.
-Bon, vous pouvez y aller, et restez chez vous, défense de revenir travailler. Il avait pris un air faussement sévère qui la fit sourire. Il en fut heureux.
-A vos ordres, mon général.
Etre chez elle à ne rien faire était impensable pour Sam. Elle fit quelques courses puis entreprit de faire à fond le ménage de sa maison. Elle ne fut contente que lorsque tout fut terminé. La soirée était bien avancée et sa première journée de congé était terminée.
Le lendemain si elle s'ennuyait elle pourrait toujours aller se promener. Elle se coucha et s'endormit rapidement.
Tout de suite le rêve l'empoigna et l'emporta vers ce monde qu'elle connaissait bien maintenant, la maison de son supérieur.
Tout se déroulait selon un rite immuable, la voiture, la bière, leur conversation, puis la chambre, le dos nu de Jack.
Mais quelque chose avait changé, c'est comme lorsqu'on regarde un film que l'on connaît par cœur, on passe un peu plus vite sur certaines scènes en déroulant la k7. Elle avait l'impression de faire cela cette nuit là. Elle savait ce qui allait se passer, et elle avait l'impression étonnante de pouvoir diriger son rêve comme elle le voulait. Elle avait hâte de voir si la grande cicatrice était toujours là. Oui, elle y était, large, violacée en haut et plus rose en bas. Mais elle revit en superposition la fissure de la pierre, qui présentait les mêmes caractéristiques. Mais cette fissure n'existait que dans son imaginaire. Elle l'avait rêvée, comme elle avait inventé cette cicatrice. Mais pourquoi cela avait –il autant d'importance ?
Après elle bascula sur la base, elle était dans le labo de Daniel celui-ci était grimpé sur une échelle dont un barreau était mal fixé. Il tombait.
Puis de nouveau la chambre, Jack immobile, puis la brûlure de la main de Graham Simmons.
Et son doigt traçait un chemin dans le sillon profond. Elle la touchait, elle la regardait, puis elle sentit son doigt humide.
Elle hurla, il y avait du sang sur sa main. La marque suintait légèrement.
Elle se réveilla en sursaut, elle avait un mal de tête à peine supportable. Elle se leva et se passa de l'eau fraîche sur le visage. Elle aperçut son reflet dans la glace du lavabo, elle se trouva une mine épouvantable.
Elle ne voulut pas se recoucher, elle avait maintenant très peur de rêver, elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait.
Elle s'habilla prit ses clés sur la table de l'entrée et monta dans sa voiture. Inconsciemment elle prit la direction de la maison de son supérieur. Quand elle s'en rendit compte elle avait déjà le doigt sur la sonnette. Il y avait de la lumière dans le séjour malgré l'heure tardive.
La porte s'ouvrit, O'Neill fut surpris de la voir, mais il la fit entrer.
-Que vous arrive t-il Carter ? On dirait que vous avez vu un fantôme. Elle chancelait, il la guida jusqu'à un fauteuil et la fit asseoir. Elle se tenait la tête dans les mains.
-Je crois que je deviens folle dit-elle d'une pauvre petite voix.
-Oh cela m'étonnerait dit-il en souriant. Et si vous me racontiez…
-Je fais des rêves épouvantables, mais je ne peux pas vous en dire plus, c'est trop personnel monsieur, excusez moi.
-Vous voulez boire quelque chose ? demanda t-il depuis la cuisine.
-Oui je veux bien.
Il revint avec deux canettes de bière.
Elle frissonna, de la bière comme dans son rêve. Ils se mirent à parler de choses et d'autres. Puis vint le moment où elle voulut prendre congé, mais il la retint. Et c'est quand elle se retrouva à caresser sa grande cicatrice qu'elle comprit qu'elle rêvait encore et qu'elle n'en était jamais sortie.
Elle hurla encore et encore, à la place de la cicatrice il y avait une plaie profonde et béante qui avait saigné abondamment.
Elle se leva, le cerveau embrumé comme si elle avait trop bu. Dès qu'elle arriva à la base, elle courut se réfugier dans son labo, et là, à l'abri des regards elle se laissa aller à la terreur qui l'habitait. Se laissant glisser contre le mur elle resta immobile un long moment, tremblant de tous ses membres.
Quand elle se releva elle chancela et mais trouva quand même la force d'appeler l'infirmerie, avant de s'écrouler au sol, inanimée.
Le docteur Bright lui trouva de la fièvre, une déshydratation importante due au fait qu'elle ne s'alimentait pas assez depuis quelques jours, et un épuisement général.
Sam était très agitée durant tout l'examen, son cœur battait la chamade et sa tension était très élevée.
Le médecin lui donna un sédatif, mais Sam faisait des cauchemars et criait dans son sommeil.
Elle demanda immédiatement un entretien avec le général O'Neill. Celui-ci bien que très occupé, la reçut tout de suite quand il sut qu'il s'agissait de Carter.
-Asseyez-vous docteur.
-Je venais vous parler du colonel Carter, son état de santé est inquiétant.
J'ai l'impression qu'elle souffre d'une sorte de paranoïa. Je n'arrive pas à faire un diagnostic, elle est très agitée malgré les sédatifs.
-Vous a t-elle dit quelque chose ?
-Simplement qu'elle fait d'horribles cauchemars et qu'elle se réveille avec des maux de têtes violents et des nausées.
-On peut aller la voir ?
-Oui mais quelques minutes seulement, elle doit absolument se reposer.
-Bon allons-y dit O'Neill.
Quelques minutes plus tard il était au chevet de Sam. Le docteur Bright l'avait placée dans une chambre seule afin de lui donner un peu d'intimité.
Jack était effaré du teint plombé de la jeune femme. Elle dormait mais était très agitée dans son sommeil.
-Vous lui avez donné des calmants, ça n'a pas l'air de faire effet, dit-il au médecin à voix basse.
-Je crois qu'il faut envisager une psychothérapie très rapidement, et un traitement médicamenteux lourd, je ne vois pas d'autre solution.
-Vous êtes obligée de l'attacher ? Demanda O'Neill en voyant les sangles qui retenaient les bras de la jeune femme.
-Oui malheureusement, j'ai peur qu'elle ne se fasse du mal. Je lui ai donné un sédatif qui devrait faire son effet. Je propose de la faire dormir pendant deux ou trois jours.
-D'accord Docteur, mais enlevez lui ces attaches, dès qu'elle sera bien endormie.
-C'était mon intention, général.
-Merci Docteur, tenez moi au courant de tout changement.
-Comptez sur moi général 0'Neill.
Jack quitta l'infirmerie l'air sombre. Il passa une main lasse dans ses cheveux. Mais qu'arrivait-il à Carter ? Il se décida à aller demander des explications au lieutenant Graham Simmons qui avait travaillé avec Sam sur l'artéfact.
Il le trouva dans le laboratoire de la jeune femme. Il frappa d'un coup sec et entra. Le lieutenant se mit tout de suite au garde à vous et balbutia un « Mon général ».
-Repos lieutenant, repos dit O'Neill. Il vint jusqu'à la paillasse où se trouvait l'artefact dans sa cage de verre.
-Ainsi c'est ce petit objet qui fait tant de dégâts ?
-Oui mon général. Le colonel ne va pas mieux mon général ? dit le jeune homme très raide et très intimidé par la présence de son supérieur.
-Je vous ai dit repos lieutenant, dit O'Neill avec un sourire las.
-A vos ordres mon général.
-En fait, je voudrais que vous m'expliquiez ce que vous avez trouvé, mais avec des mots simples si possible lieutenant, je ne suis pas scientifique.
-Je sais mon général dit le jeune en rougissant sous le regard inquisiteur d'O'Neill.
-Je vous écoute lieutenant.
-Bien mon général, pour faire bref, j'ai remarqué que l'objet réagit en présence de naquadah. Il y a interaction dans les deux sens.
-Expliquez vous !
-Lorsque l'objet est en présence même d'une infime quantité de naquadah il change de couleur. Et le naquadah lui aussi. A l'état brut c'est un minerai gris, tout à fait inoffensif. Mais en présence de la pierre il se charge d'énergie.
-C'est-à-dire ?
-En fait il devient légèrement radioactif, mais sans danger pour un corps humain. Mais pour un goa'uld qui possède beaucoup de naquadah dans le sang, cela peut entraîner la mort par destruction des cellules.
-Mais ce n'est pas le cas du colonel Carter ? N'est-ce pas ?
-Non, mon général, le colonel d'après les relevés que j'ai ici ne possède qu'une infime quantité de naquadah, mais si ce naquadah devient radio actif cela peut être dangereux. Et j'ai appris par le docteur et en voyant les radios du colonel qu'elle a aussi du naquadah dans le cerveau.
-Quoi ? Du naquadah dans le cerveau !
-le docteur ne vous l'a pas dit mon général ?
-Elle va m'entendre celle-là ! Maugréa O'Neill. Dites-moi lieutenant reprit –il comment se fait-il que ce soit vous qui vous occupiez de ça ? Ce n'est pas du domaine médical ?
-Oui et non mon général, c'est parce que j'ai commencé les travaux avec le colonel! Cela m'a paru normal de continuer.
-J'aurai quand même aimé en être prévenu dit O'Neill, un peu fâché.
-Je croyais que le colonel où le docteur Bright l'avait fait. Dit Simmons d'un air confus.
-Et que pense le docteur Bright de votre théorie ?
- E n'est pas d'accord avec moi.
-Comment cela ? Pas d'accord ?
-Elle dit que c'est un problème uniquement psychiatrique.
-Et vous qu'en pensez-vous ?
-Je ne suis pas médecin, monsieur, mais scientifique, et ce que je sais du naquadah me porte à croire qu'il y a interaction avec l'artefact et que c'est ce qui provoque les troubles du colonel.
-Je vais convoquer un briefing d'urgence avec SG1, le staff médical, et je voudrais que vous veniez aussi, en tant que spécialiste du naquadah.
-A vos ordres mon général. Le temps de préparer les documents, dans une heure je serais prêt, mon général.
-Dans une heure ce sera parfait, dit O'Neill.
Il sortit sans même remarquer que le jeune lieutenant s'était encore mis au garde à vous.
Le lieutenant Simmons avait maintenant terminé ses explications. Le docteur Bright ne paraissait pas convaincue, et voulait emmener immédiatement le colonel Carter dans un centre psychiatrique.
-Pourquoi une telle précipitation docteur ? Demanda O'Neill avec hauteur. Elle ne représente aucun danger pour la base.
Bright eut un sourire un peu méprisant
-Ce n'est pour la base que je crains, c'est pour elle, général O'Neill.
-Expliquez vous lui répondit-il d'un ton sec.
-Il faut commencer immédiatement un lourd traitement psychiatrique.
-Autrement dit, vous allez l'abrutir de calmants.
-Je ne crois pas que ce soit une très bonne méthode, dit Daniel doucement. J'ai de très mauvais souvenirs de l'hôpital psychiatrique.
-C'est différent Daniel, vous aviez perdu la boule, dit O'Neill, vous pensiez voir constamment des têtes de morts dans votre armoire ! Ce n'est pas du tout le cas de Carter.
Daniel fit la moue, mais ne voulut pas polémiquer avec O'Neill, ce n'était pas le moment.
-le colonel Carter fait d'affreux cauchemars, elle me l'a dit. J'estime que son cas est sérieux, continua le médecin.
-Ecoutez Docteur, je ne mets pas vos compétences en cause, mais je crois que vous souhaitiez faire dormir le colonel Carter pendant deux jours, les deux jours ne sont pas écoulés. Attendez son réveil !
-Comme vous voulez, général, mais en tant que chef de service de l'infirmerie du SGC, je proteste vigoureusement contre ce que j'appelle un abus de pouvoir.
-Et bien protestez, protestez ma p'tite dame, dit O' Neill méprisant ! Faites le en plusieurs exemplaires, et n'oubliez pas O'Neill, c'est avec deux L.
Le docteur Bright se leva, furieuse, elle ramassa ses affaires et quitta la pièce sans autorisation.
-Qu'en pensez vous mes amis demanda t-il à Teal'c et à Daniel une fois que le lieutenant Simmons fut retourné au laboratoire.
-Je crois que vous avez raison O'Neill, mais je pense que dès que le colonel se réveillera il faudrait qu'elle parle de ses cauchemars. Elle doit être en confiance, et je doute des capacités de ce médecin, dit Teal'c tranquillement.
-Moi aussi je doute, mais il faut peut être lui laisser le temps de s'habituer dit Daniel. Elle vient d'arriver, elle ne connaît pas encore toutes les choses étranges qui peuvent arriver quand on va sur d'autres planètes et qu'on rapporte des objets.
-Au fait Daniel votre traduction des tablettes, vous avez terminé ? Demanda Jack.
-Rien de plus, mais à la lueur des évènements et maintenant que nous savons que Sam fait des cauchemars, les mots « combattre » « folie » et « nuit » pourraient se traduire par attaquer par des cauchemars, ou rendre fou par des cauchemars. L'arme contenue dans la pierre si arme il y a, provoquerait des désordres psychiques conduisant à la folie et à la mort. Mais comme Sam a peu de naquadah dans le sang, elle présente peut être que des symptômes atténués.
-Atténués ! Répéta O'Neill, vous y allez un peu fort Daniel, elle parait bien malade.
-Si elle était goa'uld ou tok'ra, elle serait sans doute déjà morte à l'heure actuelle, dit Teal'c d'une voix tranquille.
Jack le regarda d'un air interloqué :
-Heureusement que vous le dites, Teal'c, j'avais pensé faire venir le père du colonel, si son état s'aggravait.
Le troisième jour Sam s'éveilla. Elle se sentait mieux. La première chose qu'elle vit fut un regard brun inquiet. Quand il s'aperçut qu'elle était réveillée il s'éloigna un peu du lit et se composa un visage.
-Alors Carter, on revient parmi nous ?
-Oui mon général, je me sens mieux.
-Vous savez ce qui vous est arrivée ?
-Oui mon général, j'ai compris que le naquadah de mon sang interagit avec l'artefact.
-Ah je vois que vous en savez plus que le docteur ! Mais cela recoupe ce que dit le lieutenant Graham Simmons. Très brillant ce petit jeune ! Le docteur Bright vous a donné beaucoup de médicaments ? Ajouta t-il.
-Pas depuis mon réveil, mon général.
-Oh la voilà qui arrive, je vous laisse Carter, faites bien attention à vous.
Le docteur entra et alla directement vers le lit de Sam après juste un bref salut au général, juste le minimum pour ne pas être impolie.
Sam resta encore deux jours à l'infirmerie, et put ensuite rentrer chez elle. Elle avait des somnifères à prendre, mais cela la rendait somnolente toute la journée et elle n'aimait pas cela.
Elle n'avait pas le droit d'aller à la base mais ses amis venaient la voir régulièrement. Pas une journée ne se passait sans que l'un ou l'autre ne passe, avec un bouquet de fleurs, un plat cuisiné, une pizza, un sourire, une histoire drôle, un ragot de la base. Ils passaient un long moment avec elle. Entourée de l'affection de ses amis, elle se sentait beaucoup mieux.
Seul, le général ne venait pas. Cela lui était impossible, il ne quittait pas souvent la base, et quand il le faisait il allait dans son chalet se ressourcer. Elle n'était pas surprise de ne pas le voir, heureusement elle avait Daniel et Teal'c qui étaient aux petits soins pour elle.
Cela faisait deux jours qu'elle n'avait pas vue Daniel, elle s'en inquiéta à Teal'c :
-Daniel est en mission ?
-Oh non ! Figurez-vous colonel qu'il est monté sur une échelle pour prendre un livre, je ne sais pas comment il a fait, mais il est tombé et s'est cassé la cheville. Il doit sortir demain de l'infirmerie…. Colonel Carter, ça va ? demanda Teal'c inquiet tandis qu'elle glissait sur le sol, évanouie.
Elle se réveilla sur son lit, Teal'c l'avait portée dans ses bras et l'avait allongée délicatement. Il avait même mis une couverture sur elle pour qu'elle ne prenne pas froid.
Frisson, mal à la tête, du mal à ouvrir les yeux. Daniel tombant de son escabeau, je l'ai vu, mais où ? Quand ?
-Colonel Carter, appela la voix inquiète de Teal'c. Réveillez vous !
-Teal'c ! Balbutia t-elle.
Je l'ai vu dans un rêve ! Oui dans un rêve !
Me reprendre ! Ne pas laisser la panique revenir ! Respirer à fond !
-Teal'c ! Appela –telle à nouveau
-Oui, je suis là colonel Carter. La voix grave et calme du jaffa, l'apaisait. Les battements de son cœur ralentissaient.
-Il faut que je lui parle !
-Je ne comprends pas ce que vous dites colonel Carter ! A qui voulez vous parler ?
-A Jack.
Elle se mordit les lèvres, et se reprit aussitôt
-Au général.
-Et que voulez vous dire au général O'Neill ?
Elle soupira puis reprit d'une voix plus assurée :
-Je crois que je fais des rêves prémonitoires.
Teal'c ne répondit pas attendant patiemment qu'elle continue. Ils étaient restés dans sa chambre. Elle, assise sur son lit bien calée par des coussins et Teal'c dans un fauteuil près de la fenêtre.
Comme elle semblait plongée dans ses pensées il lui demanda d'une voix douce :
-Vous avez rêvé à quoi ?
-A une foule de choses qui sont arrivées, des choses insignifiantes comme un verre cassé, ou comment va être habillée ma boulangère, et la nouvelle couleur de cheveux de ma voisine.
Et devant l'air impassible de Teal'c :
-Vous ne comprenez pas ce que je veux dire ?
-Excusez-moi colonel, mais non.
-Je dis simplement que je rêve, que je vois des choses ou des évènements dans mes rêves ou dans mes cauchemars et que ces choses arrivent.
-Ce n'est peut être qu'une coïncidence ?
-Je ne crois pas. Depuis quinze jours que je fais ces cauchemars je pourrais citer des dizaines d'exemples. Le plus important a été la chute de Daniel de son escabeau et que j'ai vue. Cela s'est réalisé. C'est pour cela que j'ai eu un choc tout à l'heure.
-Vous pensez que vous lisez dans l'avenir colonel ?
La voix calme de Teal'c et sa présence faisait un bien fou à Sam. Elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance.
-Je ne sais pas, je ne peux pas l'expliquer, c'est totalement irrationnel, quelque chose que je suis incapable de contrôler. Et puis j'ai rêvé aussi d'autre chose, des choses beaucoup plus personnelles dit-elle en baissant la voix.
-Est-ce que cela concerne la base et les missions ?
-Oui en quelque sorte.
-Alors dit-il, peut être en effet devriez vous en parler au général.
Elle hocha la tête
-Oui, Teal'c je dois le faire mais cela ne va pas être facile.
-Il est concerné ?
Ne pas rougir, il ne doit pas se douter de quelque chose, c'est trop personnel.
Sam ne répondit pas et se leva. Elle souhaitait rester un peu seule. Tout à l'heure il faudrait bien qu'elle prenne son courage à deux mains et qu'elle l'appelle.
-Ça va aller ? Colonel ? Je peux vous laisser ?
-Oui Teal'c et puis merci pour votre amitié, je ne sais pas ce que je ferais sans vous et Daniel.
Il s'inclina en guise de réponse et la laissa seule.
Elle s'assit sur le canapé et réfléchit un moment. Puis la fatigue, l'émotion et les médicaments eurent raison d'elle. Elle s'endormit.
Le rêve prit tout de suite une tournure dramatique. Il était couché près d'elle et la blessure saignait. Il n'avait l'air de s'en rendre compte et continuait à dormir, respirant profondément. Puis le téléphone sonna. C'était son portable à lui. Cela le réveilla
-O'Neill
-……
-J'arrive tout de suite.
-Que se passe t-il lui demanda t-elle ?
-C'est SG 7.
Puis elle se retrouva sur la passerelle, le vortex ouvert, le général était là, il ne semblait plus blessé, mais un par un les hommes de SG7 passèrent l'anneau de lumière et s'écroulèrent, morts, le corps transpercés par des lances.
Elle hurla, la salle d'embarquement semblait flotter devant ses yeux, et elle se réveilla en sursaut.
Oh mon dieu cela ne va jamais s'arrêter. Sg7, morts. Faut que j'en parle à Jack !
Et lui ! Que va-t-il lui arriver ! Je dois les avertir tout de suite ! Qu'ils ne partent pas ! Pourvu qu'ils ne soient pas partis, Elizabeth Danver, mon amie ! Le colonel Summers, le major Brinks, le docteur Castillo, oh mon Dieu !
Elle téléphona aussitôt à la base.
Puis elle hésita, qu'allait –elle dire ? Simplement demander si SG7 était parti ? Ce qu'elle fit. On lui dit simplement que SG7 était parti depuis une heure et que leur retour était prévu pour le lendemain.
Ouf il me reste peut être un peu de temps, je ne sais pas ! J'ai rêvé de la chute de Daniel plusieurs heures avant que cela n'arrive.
Puis elle demanda à parler au général O'Neill.
On la mit en attente, le général était un homme très occupé. Puis la communication fut coupée.
Elle rappela et là, elle eut le général au bout de quelques minutes.
-Carter ? Le ton était surpris, et un peu sec.
Mauvais début.
-Mon général je dois absolument vous parler.
-Je vous écoute Carter.
Silence.
-Pas au téléphone mon général.
Il semblait impatient et parlait vite :
-Demain à la base ?
-C'est très urgent et …. Personnel.
Le mot était lâché.
-Personnel ? Je ne suis peut être pas la bonne personne….
-Si, vous l'êtes mon général. Peut-on se voir ce soir mon général ? Mais pas à la base. Pouvez-vous venir chez moi ?
Hésitation…
-Oui, mais ce ne sera pas de bonne heure, je vais faire mon possible.
-Merci mon général.
Elle était maintenant au pied du mur et elle savait que ce ne serait pas facile. Comment lui dire « mon général, avez-vous une cicatrice sur la fesse droite ? » sans tomber dans le ridicule, et risquer la cour martiale pour manque de respect envers son supérieur.
Et pourtant il faudrait bien y venir. Il la pousserait dans ses derniers retranchements. Il ne croyait pas beaucoup à ce genre de choses. Heureusement il avait tout de même une certaine habitude des phénomènes étranges !
Une voiture s'arrêta. Le cœur qui commençait à battre fort, si fort… il sonna, il était 23 heures.
Elle alla ouvrir. Il était là, encore en tenue militaire, mais comme il faisait chaud il avait sa veste sur son bras. Sur son tee shirt noir, ses plaques. Il avait l'air fatigué, il aurait sûrement préféré se reposer.
Elle le fit entrer, il ne dit rien. Il ne connaissait pas sa maison, il regardait. Elle le fit asseoir sur le canapé, et prit le fauteuil en face de lui. Elle était troublée tellement troublée qu'elle ne pensa même pas à lui offrir à boire. Il la regarda, la dévisagea, essayant de lire à travers ses traits ce qu'elle ne disait pas.
Lui aussi la trouva fatiguée, avec un petit quelque chose d'indéfinissable, une douleur qu'elle portait en elle.
Ils se regardèrent, elle devait dire quelque chose maintenant, le silence traînait lourd, pesant…
Elle commença :
-Mon général, depuis que j'ai touché l'artéfact, tout va mal.
Il l'écoutait, un regard attentif posé sur elle.
Elle poursuivit :
-Je fais des rêves, des cauchemars, ce qui se passe dans mes rêves arrive réellement.
-Des rêves prémonitoires ?
-Oui !
-Mais Carter ça n'existe pas !
Elle soupira, le dialogue s'engageait mal. Il lui faudrait le convaincre. La vie de SG7 était en cause, la sienne aussi peut être ?
-Mon général, je suis une scientifique, je m'appuie toujours sur des preuves pour avancer, pour étayer mes théories, mais je sais aussi de par mes missions sur les autres planètes que l'on ne peut pas expliquer tout. Vous êtes bien d'accord avec moi, les phénomènes étranges, on en a rencontrés plus d'une fois en mission ? N'est ce pas ?
-Oui, bien sûr. Mais des rêves !
-Mon général, vous avez confiance en moi ?
-Bien sûr Carter, mais le docteur …
Elle ricana :
-Oui, le docteur Bright ! Qui me croit folle ! Mais vous savez, les armes contre les Goa'ulds sont parfois étranges.
-Oui, les armes, mais là vous me parlez de rêves ! Et de rêves prémonitoires ? Quel rapport ?
-Je ne sais pas monsieur. Nous sommes dans le domaine de l'irrationnel.
-Je pense surtout que vous avez grand besoin de vous reposer Carter !
Il se leva prêt à partir.
-S'il vous plait, restez !
Surpris du ton autoritaire de la jeune femme, un sourire moqueur effleura ses lèvres.
-Carter !
-Je ne voulais pas vous manquer de respect mon général, mais c'est très important ! Ecoutez moi, et asseyez vous !
Le ton de la jeune femme dut être convaincant car il se rassit aussitôt.
Maintenant tu es obligée de te jeter à l'eau et ça ne va pas être facile, plus rétif que lui, tu meurs
-Mon général, je peux vous raconter mon dernier rêve ?
-Je vous en prie Carter !
Elle n'aimait pas son sourire et ce petit ton condescendant qu'il prenait.
Elle se lança dans le récit du dernier rêve, celui où SG7 trouvait la mort. Elle passa sous silence pour le moment l'autre rêve, l'insomnie, la cicatrice… elle commença son récit au coup de téléphone.
-Et vous étiez là quand j'ai eu ce coup de fil…. Dans votre rêve ?
-Oui, mais je ne sais pas où cela se passait c'est assez flou, mentit-elle Vous m'avez simplement dit C'est SG7 et juste après nous avons vu SG7 mourir sous nos yeux dans la salle d'embarquement.
Il ne dit rien quelques secondes se contentant de la regarder comme pour la jauger. Elle lui parut tout à fait normale en cet instant, pas du tout illuminée.
-Et que voulez vous que je fasse Carter ?
-Parce que vous voulez bien faire quelque chose ?
-Disons que s'il arrive vraiment un accident ou une attaque, je m'en voudrais toute ma vie de n'avoir rien fait. Même si je ne suis pas convaincu que cela risque d'arriver.
-Merci Monsieur, Si vous me le permettez je vous suggérais de contacter SG7 pour savoir ce qui se passe, et peut être leur envoyer du renfort.
-D'accord Carter, j'espère pour vous que vous avez raison.
Voix dure, visage qui ne sourit pas, lèvres serrées, il a l'air fâché, il doit me prendre pour une folle !
-Je retourne à la base, dit-il, vous venez avec moi ?
-Oui, je viens. Mais nous n'avons pas fini cette conversation mon général, il me reste beaucoup de choses à vous dire.
-D'autres rêves ? Dit-il en souriant.
-En effet.
-Ça peut attendre demain, Carter ?
-Je le pense mon général. Mais c'est très important ! …Parce que… vous êtes… dans mes rêves.
Voilà, tu l'as dit, tu ne peux plus revenir en arrière, parce que maintenant il voudra savoir ce que tu as rêvé de lui. « Mon général, avez-vous une cicatrice à la fesse droite ? »Je ne me vois pas lui dire une telle chose. Et pourtant !
Il ne répondit pas à sa dernière phrase, mais lui jeta un regard éloquent qui la fit rougir. Voyant sa gêne il n'insista pas.
Ils se rendirent à la base en silence, dans la voiture du général.
Il était vingt trois heures quarante cinq.
La base était calme à cette heure avancée de la nuit.
Le sergent Siler était de garde cette nuit là. Il se mit au garde à vous quand le général et le colonel entrèrent dans la salle de contrôle. Il vit tout de suite aux visages fermés de ses supérieurs qu'il se passait quelque chose de grave.
-Sergent, faites les coordonnées de P8V765
-Tout de suite mon général.
Carter et O'Neill restèrent en silence pendant l'ouverture de la porte. Le cœur de Sam battait à grands coups, pourvu qu'ils arrivent à temps !
O'Neill murmura :
-J'espère que ce n'est pas le milieu de la nuit !
Il avait dit ça d'un ton mi sérieux mi comique, qui fit glousser Sam.
-Excusez-moi, mon général dit Sam en étouffant un petit rire. L'atmosphère venait brusquement de s'alléger. O'Neill la regarda et un sourire étira ses lèvres. Son regard s'était considérablement adouci en se posant sur elle.
Chevron 7 enclenché.
Le vortex s'ouvrit.
-Etablissez une communication audio sergent.
-A vos ordres.
-Colonel Summers ! Vous m'entendez !
-Je vous reçois cinq sur cinq mon général.
-Retour immédiat à la base.
-Mais mon général ? Que se passe t-il, nous avons à peine commencé la mission et….
-C'est un ordre colonel. Nous allons fermer la porte de notre côté, vous avez cinq minutes pour rentrer.
Il fit un geste sec au sergent Siler, qui referma aussitôt le vortex, et l'iris se repositionna dans un lourd bruit métallique.
Moins de cinq minutes plus tard la porte s'ouvrait.
-C'est le code de SG7 mon général.
-Ouvrez l'iris.
Quelques secondes plus tard le colonel Summers et ses hommes débarquaient.
-Vous allez tous bien ? Demanda O'Neill.
-Oui mon général, Mais comment avez-vous… ?
-Pas ce soir Summers, pour le moment allez donc faire un tour à l'infirmerie. Pour nous la journée a été longue. Briefing à 8 heures demain matin.
Rompez colonel.
O'Neill s'éloigna, et fit un signe à Sam.
-Dans mon bureau, colonel !
Elle était debout devant lui. Il ne l'avait pas fait asseoir. Elle attendait.
-Et maintenant colonel ? Que fait-on ?
Sa voix était dure, basse, en colère ! Il avait l'impression de s'être fait manipuler, et cela ne lui plaisait pas du tout
Il continua :
-J'ai reculé le briefing jusqu'à demain ! Mais comment justifier un retour de mission sans raison ! Je vous écoute colonel !
Elle ne savait pas quoi dire. Sa conduite était injustifiable, c'était une faute professionnelle grave.
Elle se raidit :
-Je suis prête à assumer les conséquences de mes actes mon général !
-Ah oui, vous êtes prête ? A quoi ? A la cour martiale ! Je peux vous y envoyer direct.
-On ira ensemble alors dit-elle les dents serrées.
Au moment où elle s'y attendait le moins, il rit.
Mais il se fiche de moi, là !
Elle le regarda attentivement et vit une petite lueur dans ses yeux, une petite flamme qui n'appartenait qu'à lui. Il plaisantait ? Elle était méfiante, elle ne voulait pas s'attirer sa colère, il pouvait être redoutable quand il était en colère.
-Mon général, pourrais-je assister au briefing demain matin ?
-Certainement pas colonel, pour me voir me ridiculiser !
-Mais c'est de ma faute….
Il la coupa d'un ton sec :
-C'est ce qui vous trompe Colonel, c'est moi qui prends les décisions, c'est donc à moi d'en assumer les conséquences. Et puisqu'on parle de commandement, j'ai justement un ordre à vous donner, prenez donc vos quartiers à l'infirmerie.
Elle eut un sursaut :
-Vous me croyez folle mon général ?
Il tiqua un peu :
-Disons que je crois que l'artefact vous a atteinte beaucoup plus que vous ne le pensiez.
Elle baissa la tête, les larmes n'étaient pas loin.
-Je voudrais vous demander une faveur mon général.
-Une faveur, voyez-vous ça ! Vous croyez que c'est le moment ?
-Je vous en prie, c'est important pour moi. Malgré elle son regard se faisait suppliant.
-Je vous écoute céda t-il.
-Permettez-moi de rentrer chez moi ce soir. Demain matin je me présenterai à l'infirmerie dès mon arrivée.
Il la fixa un moment sans rien dire comme s'il voulait la jauger. Il était perplexe à cet instant mais ne voulait pas le lui montrer. Elle avait les traits tirés, semblait au bord de l'épuisement, et il ne voulut pas l'accabler davantage. Il savait qu'elle se présenterait à l'heure le lendemain, elle n'avait jamais fui ses responsabilités ou désobéi à un ordre direct.
-Vous pouvez disposer Colonel dit-il d'une voix lente.
Elle remercia d'un signe de tête, et le quitta.
Il regarda sa montre, il était grand temps d'aller dormir, s'il voulait avoir les idées à peu près claires le lendemain matin.
O'Neill n'avait pas beaucoup dormi. Malgré lui il se sentait en colère contre Sam. Mais pourquoi l'avait-il écoutée ! C'était insensé et contraire à toutes ses idées sur le normal et le paranormal. Il n'accordait qu'un très léger crédit à ce genre de choses et là pour les beaux yeux de Sam, il s'était fait avoir comme un bleu. Mais quels yeux ! Magnifiques, bon ce n'est pas le moment de penser à ça, tu as autre chose à faire !
Toute la nuit il avait cherché une cause valable à un retour prématuré, et n'en avait pas trouvée. Maintenant il voyait l'heure tourner et ne trouvait pas de solution. Il décida de se passer de déjeuner et d'aller directement dans la salle de briefing, il était 8 h 5 quand il arriva. SG7 était là au grand complet.
Il attaqua immédiatement la réunion, sans les quelques formules d'usage qu'il employait habituellement, comme bonjour tout simplement.
-Votre rapport de mission colonel Summers.
-Nous vous devons une fière chandelle mon général !
Il sursauta :
-Summers ?
-Nous venions à peine d'ouvrir la porte qu'un vaisseau Goa'uld est arrivé près de la porte déversant des dizaines de jaffas par ses anneaux de transfert. Quand j'ai passé le vortex, j'ai vu qu'ils étaient très près et ils commençaient déjà à tirer. Mais comment avez-vous su que l'on était en danger ? Si vous ne nous aviez pas appelés, nous n'aurions pas eu le temps de gagner la porte…
La mission ayant été écourtée il n'y avait rien de plus à dire. Le colonel Summers attendait.
-Mon général ?
-Oui Summers autre chose à dire ?
-Non mon général, sinon, merci !
-Alors rompez.
O'Neill avait du mal à digérer l'information. Le rêve de Carter était vraiment prémonitoire.
Heureusement que je l'ai écoutée, pensa t-il avec effarement. Il n'en revenait pas. Il avait des sueurs froides rétrospectives. Il resta un long moment assis seul dans son bureau la tête dans ses mains. Il avait du mal à se reprendre.
Il fit quelques pas pour se calmer, et pensa aussitôt à Sam.
L'infirmerie, elle doit y être maintenant. Vite ! Avant que ce maudit docteur ne la bourre de calmants.
La veille en quittant le bureau de O'Neill, Sam ne comprenait plus rien, elle rentra chez elle en taxi, car elle était bien incapable de conduire.
Une demie heure plus tard le taxi la déposa devant sa maison. Elle s'écroula dans son canapé en pleurant. C'est alors qu'elle vit la veste qu'il avait laissée. C'était sa veste d'uniforme, la bleue marine, celle qui avait sur le col l'étoile de général. Délicatement, elle passa le doigt dessus, son général !
Une photo glissa de la poche poitrine, c'était un cliché de SG1, lors d'une soirée chez Janet, c'était elle qui avait pris la photo. Ils souriaient, O'Neill était encore colonel à cette époque, et il s'était mis tout près d'elle et on avait même l'impression qu'il la touchait. Il avait l'air heureux, beaucoup plus que maintenant. Peut être regrettait-il le temps où il était le chef de SG1, une époque révolue. Elle le voyait moins maintenant. Sur le terrain il lui manquait. Il était beaucoup plus dur, la charge qui pesait sur ses épaules était écrasante.
Elle remit la photo dans la poche et enfouit son visage dans la veste. Celle-ci gardait son odeur, le parfum de son eau de toilette. Malgré elle des larmes coulaient, elle se sentait au bord du gouffre, tout lui échappait. Elle savait que demain pour elle c'était retour à l'infirmerie, avec tout son cortège de drogues. Sans doute allait-on l'enfermer, elle devenait dangereuse. Lui-même ordonnerait son internement, sans doute la mort dans l'âme, mais il le ferait, il n'avait jamais reculé devant son devoir, aussi difficile soit –il. Sa carrière était terminée.
Elle pleura longtemps, s'enveloppa dans la veste, et le sommeil finit par la prendre.
Cette nuit là elle ne fit pas de rêves.
Il courut dans les couloirs et la rattrapa avant qu'elle ne franchisse le seuil de l'infirmerie.
-Carter ! Attendez !
Elle s'arrêta surprise :
-Je ne fais qu'obéir à vos ordres mon général.
Il lui sourit, elle eut l'espace d'une seconde l'impression de le retrouver.
-Je sais colonel. Vous avez prévenue le docteur Bright de votre arrivée ?
-Non, je viens juste d'arriver à la base.
-Alors venez, nous avons à parler.
Ils montèrent à la surface et le général fit monter Sam dans sa voiture.
-Où allons nous mon général ?
-Chez moi, c'est le plus près. J'avais bien pensé vous reconduire chez vous, mais vous habitez à l'autre bout de la ville.
Elle le regardait, il était crispé, conduisait vite. Ils ne se parlèrent pas de tout le trajet.
Elle n'était pas venue souvent chez lui. La dernière fois c'est juste avant sa dernière mission en tant que colonel, quand il s'était sacrifié, risquant la mort pour trouver l'arme des anciens.
Elle fut émue à ce souvenir, et ce fut dur d'empêcher les larmes de couler. Elle se sentait si mal qu'elle pleurait pour un rien en ce moment.
-Ne restez pas debout Carter, asseyez vous.
Ils prirent place sur le canapé.
-Bon je suppose que vous avez envie de savoir ce qui s'est passé ?
Elle hocha la tête incapable de parler. Il avait repris son air sévère, celui qu'elle n'aimait pas avec ce pli entre les yeux, qui durcissait son visage.
-Vous aviez raison colonel !
-Quoi ?
-Si je n'avais pas fait rentrer SG7, ils seraient morts à l'heure qu'il est. Un vaisseau Goa'uld est arrivé juste comme ils passaient la porte. C'était moins une !
Elle resta sans voix.
Ses rêves étaient réellement prémonitoires, tout un tas de petits évènements sans importance, puis la chute de Daniel dans son labo, puis SG7 et …
-Vous m'avez entendu Carter ?
-Oui mon général, dit-elle faiblement. Et que leur avez-vous dit ?
-Justement le problème est là, je ne suis pas obligé de leur donner d'explications. Par contre à ma hiérarchie, c'est autre chose. Comment justifier un retour de mission précipité ?
-Dites leur la vérité !
-Que vous avez…eu… une intuition ? Peut-être ?
Elle ne supportait pas ce ton ironique et se sentit tout à coup pleine de colère.
-Et pourquoi pas ? On dirait que vous regrettez Monsieur de leur avoir sauvé la vie ?
-C'est ça que vous pensez ? Dit-il d'une voix sourde.
-Non bien sûr ! Mais qu'importe votre hiérarchie ! Vous n'en faisiez pas tant de cas avant !
-Justement c'était avant. Si je ne donne pas d'explications je risque la cour martiale. Vous n'avez pas idée comme ils sont tatillons en haut lieu, surtout quand il s'agit d'argent, et vous n'imaginez pas ce que ça coûte pour ouvrir et fermer une porte !
Un silence s'installa, un peu lourd, Sam regardait ses pieds, elle avait la tête penchée comme si une douleur insupportable lui serrait les tempes, et elle avait une façon bien à elle de bouger sa tête, comme pour apaiser une souffrance.
Cela lui fit mal.
Il se rapprocha d'elle et l'appela à voix douce :
-Carter ? Ça va ?
-Oui mon général, mais il me reste peut être le plus dur à faire.
-Un autre rêve, celui que vous évoquiez l'autre jour ?
-En effet celui-là et vous êtes dedans, monsieur.
-Que va-t-il m'arriver ? Son ton était détaché, mais elle voyait bien qu'il se forçait, comme pour alléger l'atmosphère.
Elle le regarda, il parlait comme s'il la croyait, comme s'il était sûr que ce qu'elle voyait était le futur. Son regard était attentif, fixé sur elle. Elle en fut émue. Elle qui croyait avoir perdu la confiance de son général ! C'était si important la confiance de cet homme qui représentait tout pour elle. Un sourire de lui, elle était heureuse, un regard noir ou une remarque comme il en avait le secret et elle était perdue.
Elle lui sourit timidement :
-C'est que c'est assez gênant monsieur. Elle se rembrunit mais pour faire court vous êtes gravement blessé, et… vous… mourez.
Il sursauta, il avait pâli.
-Il faut m'en dire plus Carter !
-Je ne sais pas comment vous le dire, monsieur !
-C'est si terrible que ça ? Je meurs dans d'atroces souffrances ?
-Non, enfin je ne crois pas, mais c'est très intime.
-Oh ! Et si vous racontiez tout le rêve depuis le début, dit-il d'une voix douce.
Et Voilà, elle était au pied du mur. Il était là devant elle, il attendait son récit, il ne lui ferait grâce d'aucun détail.
-Vous ne vous moquerez pas monsieur ? Elle était anxieuse et il le sentit.
-Non, je vous le promets Carter.
Elle se sentait si lâche ! Elle sortit de sa poche plusieurs feuilles où elle avait fait le récit détaillé de son rêve. Elle lui tendit la première page.
-Qu'est ce que c'est ?
-Mon rêve. Lisez le Monsieur.
-Pourquoi avoir écrit ?
-Parce que c'est plus facile pour moi, monsieur, comme cela je dis tout, et je ne suis pas tentée d'en escamoter la moitié.
Il acquiesça et commença sa lecture. La lettre commençait très simplement par son prénom.
« Jack »
-Jack ?
-Oui mon général, pour moi, vous êtes « Jack » surtout dans mes rêves.
-Faut-il vous rappeler certains points du règlement colonel ?
Elle le détesta pour cette phrase, pour le ton dur qu'il avait employé, ce visage intransigeant, ce regard insoutenable. Comme si elle pouvait oublier ce qui la tuait depuis plus de sept ans !
-C'est inutile mon général, je le connais parfaitement.
Elle le regarda dans les yeux sans faiblir. Il put y lire toute la détresse du monde. Ce fut lui qui détourna les yeux. Pauvre petite victoire !
Ce rêve n'est pas facile à vous raconter. C'est un moment très intime et je suis obligée de me dévoiler. Je conçois ce que cela peut avoir de gênant pour vous. Mais si vous lisez ces feuilles, c'est que mes cauchemars sont devenus rêves prémonitoires, preuves à l'appui et que vous me croyez. Je sais que pour vous c'est une démarche difficile à faire. Mais pour moi qui suis scientifique ça l'est plus encore. Je vous remercie de prendre le temps de lire tout ceci. C'est votre vie qui est en jeu, et la mienne aussi par la même occasion, tout ce qui vous touche, me touche.
Le rêve commence chez moi, je n'arrive pas à dormir et après avoir essayer le lait chaud et la tisane, je continue à me retourner dans mon lit sans trouver le sommeil. C'est alors que j'ai l'idée de prendre ma voiture et de sortir. J'erre un peu sans but et je me retrouve devant votre maison. J'hésite à sonner, je tourne autour de chez vous, puis je me décide. Naturellement dans ce rêve je revois la visite que je vous ai fait avant de partir pour l'antarctique. Ce hasard qui n'en était pas un. Là vous êtes surpris et vous me lancez un « Carter » à la fois étonné, et content de me voir. Seulement il est 2 heures du matin ! Et cela vous surprend.
Vous aussi vous ne dormez pas et je vois que vous avez pris une tisane, la tasse est restée sur la table. Finalement vous me proposez une bière. Je l'accepte volontiers parce que je me dis que de toute façon ma nuit est fichue. Ensuite nous parlons, comme nous le faisions avant, quand vous étiez colonel, et que nous étions amis. Excusez moi Monsieur de ma franchise, mais j'ai l'impression que nous ne le sommes plus, ou beaucoup moins qu'avant.
Elle le voyait, si près d'elle lire sa prose. Il était concentré et lisait lentement, prenant tout son temps. A certains passages la ride sur son front se formait. A d'autres un léger sourire éclairait son beau visage. Comme elle aimait le regarder ! Il ne levait pas les yeux, tout à sa lecture et elle en profitait, elle le dévisageait, elle ne s'en lassait pas, elle savait qu'elle ne s'en lasserait jamais.
Nous continuons à parler une partie de la nuit. Puis je me lève pour partir, et là contre toute attente vous me retenez. On se rapproche, on se respire, on se touche, nos mains ne se contrôlent plus, on s'embrasse, doucement, puis avec fougue.
Après je dois reconnaître que mon rêve est un peu flou…
-Qu'entendez vous par flou Carter ? Lui demanda t-il à ce moment là. Il me semble que vous en avez déjà beaucoup dit !
Elle sursauta et bafouilla, ne pas se troubler, répondre de manière la plus naturelle possible, comme si c'était tout à fait normal de se retrouver seuls, elle et lui ! Oh mon Dieu ! ELLE et LUI dans une chambre !
-Mon général,
Oui elle préférait lui donner son titre auquel il avait l'air de tenir tant
-Mon général, si je dis que c'est un peu flou, c'est que ça l'est réellement. Sans doute même dans mes rêves je ne conçois pas, et ne peux pas concevoir qu'on puisse avoir des relations… disons … interdites par notre règlement militaire.
-C'est encore heureux colonel !
Elle le haïssait ! Mais comment peut-on haïr et aimer tout à la fois et en même temps la même personne ! Oui elle le haïssait, elle avait une envie folle de le frapper. Il était à battre. Elle sentait la colère qui grondait en elle ! Elle se leva au bord de la rupture, au bord du désespoir. Elle s'approchait de la porte, et avait déjà la main sur la poignée. Comment osait-il ?
-COLONEL ! Restez, je ne vous ai pas donné votre congé !
Sa voix la crucifia, elle était puissante et chargée de colère, mais pourquoi était –il en colère, c'est elle qui souffrait à cet instant, pourquoi réagissait-il ainsi en lui lançant le règlement à la tête ? Il ne supportait peut –être pas qu'elle en fasse autant ! Oui elle le haïssait, car il ne la croyait pas ! Que s'imaginait-il ?
-Vous ne me croyez pas Monsieur ?
-Si Carter je vous crois, répliqua –il d'une voix fatiguée.
Après, ce qui va suivre j'ai beaucoup de mal à l'écrire, j'étais incapable de le dire, de vous le dire en face, Monsieur, je sais, je suis lâche…
-Vous êtes tout sauf lâche, Carter !
Avait-elle bien entendu ? Il ne la trouvait donc pas lâche !
Cela lui faisait du bien qu'il lui dise ça, un peu de baume sur son cœur meurtri.
Nous étions dans votre chambre, oui c'est votre chambre, bien que je ne l'aie jamais vue, je peux la décrire. Elle est grande, il y a une fenêtre qui donne sur le jardin, mais il faisait nuit, vous aviez tiré les rideaux, ils sont beiges avec de fines rayures. Le lit occupe un angle de la pièce, le couvre pied est bleu. Sur votre table de nuit, une lampe, une photo de votre fils, un livre, un réveil. Le reste de la pièce était dans l'ombre, seule la lampe de chevet était allumée. La décoration m'a paru très sobre, pas de bibelots. Une commode, une armoire de bois clair.
Si je vous fais cette description détaillée c'est pour vous prouver si besoin en est que tout ceci, même si ce n'est qu'un rêve confine à la réalité d'une façon que je ne peux absolument pas expliquer.
Il la regardait maintenant et murmura :
-C'est exactement ça. C'est incroyable Carter !
Elle se sentait mieux, il la croyait, mais elle sentait que la suite allait le faire réagir… Voilà, il y arrivait maintenant au fameux passage.
Vous êtes nu, à plat ventre et vous dormez. Je suis à côté de vous, et je vous regarde. Votre visage est tourné vers moi, je le dévore des yeux, et suis du regard votre profil si pur. Vos traits sont détendus dans le sommeil, un léger sourire étire vos lèvres.
Il tressaillit ! Il la regardait ! Elle ne lui avait jamais vu auparavant un regard aussi dévorant ! Elle trembla, son pouls s'accéléra, son cœur allait exploser !
J'aime vous regarder, je vous touche, vous ne bougez pas, les cicatrices de votre dos m'attirent, me fascinent ! Je les touche, il y en a beaucoup, je suis émue de voir toutes ces traces sur votre corps. Je les suis du doigt. Ces marques vous les avez eu au combat, sous la torture, vous avez si souvent supporté la douleur pour nous l'éviter à nous, et je pleure en vous voyant. J'ai assisté à beaucoup de vos supplices, je connais vos souffrances, mais je vois autre chose, une terrible marque que je ne connais pas.
Quand vous arrivez à ce passage, mon général, je vous en prie répondez à ma question, mais pour l'amour du ciel ne vous moquez pas !
Avez-vous une cicatrice sur la fesse droite ?
Voilà ça y était, il l'avait lue sa phrase, sa question, elle n'osait plus lever les yeux sur lui, elle tremblait toute. Comment pouvait-on en arriver à parler de ces choses, avec lui ? Il la regardait maintenant, il avait l'air bouleversé, non il ne se moquait pas.
-Carter, j'ai beaucoup de cicatrices, comment est –elle celle-ci ? Sa voix se faisait un peu hésitante, il ne savait pas comment aborder le sujet, c'était totalement nouveau pour lui. Cette lettre était bouleversante, elle l'obligeait à regarder en face ce qu'il fuyait depuis si longtemps.
-Elle est longue, profonde, rectiligne, elle part du centre de vos reins et descend bas sur votre hanche, elle est violacée en haut et plus rose en bas, elle traverse toute votre fesse droite, expliqua t-elle d'une voix neutre, son regard rivé dans le sien.
-Je n'ai pas de marques comme vous le décrivez Carter répondit-il à voix basse.
C'est à ce moment là que le téléphone a sonné. C'était son portable. Il eut un geste rageur, et laissa sonner.
Il se replongea dans la deuxième feuille qu'elle lui tendit à ce moment là.
Le plus dur est fait dans mon récit, mon général. C'est la fin du premier rêve.
Par la suite j'en ai fait beaucoup d'autres, presque toutes les nuits. Ils commençaient tous de la même façon. La même scène encore et encore. Puis il y a eu des variantes de plus en plus dramatiques. Une fois que je caressais cette cicatrice, j'avais du sang sur les doigts. Une autre fois, ce n'était plus une cicatrice mais une blessure profonde, vous saigniez abondamment. Et comme les rêves sont souvent bizarres, vous dormiez toujours. Je m'en étais assurée en écoutant votre respiration.
Puis vint le moment le plus tragique de tous mes cauchemars, le dernier rêve que j'ai fait , votre blessure saignait, et vous vous vidiez de votre sang, puis le sang s'est arrêté de couler, vous ne respiriez plus… la vie vous avait quitté. C'est à ce moment là que j'ai ressenti la douleur la plus forte de toute mon existence. Tout ce que j'avais pu souffrir dans ma vie, avant, n'était rien comparé à ce vide, ce désert, une douleur atroce, un gouffre sans fin, dans lequel je tombais, tombais encore et encore.
Voilà ce que j'ai rêvé, je vous en supplie mon général, faites attention à vous, assurez vos arrières, retournez-vous de temps à autre pour voir si l'ennemi ne vient pas dans votre dos. Car c'est ce qui s'est produit, on vous a poignardé dans le dos.
Je ne voudrais pas que ce rêve devienne réalité, et pourtant si j'en crois tous les évènements passés, c'est ce qui va arriver.
Sam
Il avait fini de lire, il retournait la feuille dans ses doigts, il n'y avait plus rien, elle avait tout dit. Elle le regardait à travers ses larmes. Il ne parlait pas, ne la regardait pas. Il s'approcha d'elle simplement et d'un geste tout à fait naturel, il la prit dans ses bras, elle vint s'y blottir, elle tremblait de tous ses membres. Cette scène si riche en émotion, c'en était trop pour elle. Elle pouvait supporter beaucoup de choses terribles et douloureuse, mais parler et de manière si intime avec lui, c'était au dessus de ses forces. Ils se ressemblaient beaucoup en fait. Elle se sentait partir, c'était trop fort pour elle. Il s'en aperçut et l'allongea sur le canapé, il se mit à genoux, près d'elle et lui caressa doucement son visage. La première chose qu'elle vit en revenant à elle fut son regard, plein de tout ce qu'il ne disait pas et qu'il ne dirait sans doute jamais.
Puis le charme se rompit quand il se releva. Elle se tenait debout devant lui maintenant, leurs regards étaient devenus fuyants, la tension était devenue palpable.
-Je vais rentrer mon général, avez-vous besoin de moi à la base ce matin ?
-Non colonel, vous pouvez rentrer chez vous, revenez demain.
Voix sourde de part et d'autre, trop de tension, de douleur, de doutes, de souffrances refoulées. Il fallait donner du temps au temps… laisser décanter…
Il la laissa partir sans un geste de plus, sans un mot, il ne le pouvait pas, il n'avait pas le droit.
-Faites bien attention à vous Jack ! Elle avait murmuré ces mots, comme si elle se parlait à elle-même. Elle referma doucement la porte, et partit comme on s'enfuit, des larmes plein les yeux.
Elle s'éloigna, fit quelques pas, et s'assit sur un banc à quelques maisons de chez lui. Elle était partie sans réfléchir, elle était loin de chez elle, loin de la base, et n'avait pas d'argent sur elle. Ils étaient venus dans sa voiture. Elle ne pouvait aller plus loin, elle était sans forces.
Il était rentré, s'était assis sur son canapé, beaucoup plus ému par ce récit qu'il ne le souhaitait. En fait ses remparts qu'il avait réussi à ériger à force de volonté et de caractère étaient en train de s'écrouler. Elle ne lui avait pas fait de déclaration, ne lui avait pas dit qu'elle l'aimait mais l'amour transparaissait à chaque mot de sa lettre. Rien ne l'avait préparé à cela, et pour la première fois de sa vie, il ne contrôlait plus rien.
Il sortit comme elle revenait lentement sur ses pas. Ils se retrouvaient de nouveau face à face. Elle avait le visage ravagé de trop de larmes, mais elle était magnifique levant sur lui un tel regard, comme jamais il n'en avait vu.
Il ne la toucha pas mais lui dit doucement :
-Venez, je vais vous ramener chez vous.
Il roula lentement dans les rues de Colorado Springs, la circulation se faisait plus rare, elle habitait un quartier assez excentré.
-Vous n'avez pas besoin de moi aujourd'hui à la base, mon général ?
-Non, Carter, reposez vous.
Elle descendit de la voiture, il la rappela
-Carter ! Présentez vous demain matin. J'ai fait envoyer l'artéfact en zone 51. J'espère que loin de lui vous irez mieux.
-Merci, mon général. A demain.
Il attendit qu'elle referme la porte de sa maison pour prendre la direction de la base.
Il appela la base pour annoncer de son retour dans une demie heure environ. Il était attendu avec impatience, il y avait toujours des problèmes à régler.
Il était 11 heures 10, ce matin là à Colorado Springs. Un petit vent frais soufflait, rafraîchissant la température encore très chaude de ses derniers jours de l'été. A 13 heures le général O'Neill n'était toujours pas arrivé.
(à suivre...)
