FUTURESEX-LOVESOUND
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Minuit, l'heure du crime. Le froid. La brise. Buée sur les fenêtre. Rideaux tirés. Vitrines illuminée. Neige. Flocons dans les cheveux. Oreilles gelées. Sur ses épaules, le manteau pèse lourd. Peut-être parce que ses poches sont pleines. Il traîne une flasque remplie de Jack Daniels. Elle cogne légèrement son cœur à chaque pas qu'il trace dans l'hydrométéore.
Les hauts lampadaires fragmentent sa silhouette en quatre ombres distinctes, si bien qu'il a l'impression d'être suivi. Souvent, il se retourne et croit avoir entendu du bruit. Sa gorge lui pique et il tousse. Une bagnole raye la rue blanche de deux traits parallèles révélant l'asphalte. Elle s'arrête deux mètres plus loin et une donzelle magnifique, brune et élancée, en sort.
Un homme assis avec elle à l'arrière quelques instants auparavant, l'accompagne jusqu'à son hall d'entrée. Il porte son sac à main et ferme la portière d'un coup de pied. Elle sourit. Il l'embrasse mais elle ne le repousse. Au loin elle aperçoit une ombre. Vivement, elle se retire et l'homme plisse des yeux.
– C'est qui par là ?
– Mmh, je suis Blaise, j'habite juste ici.
Les deux amants cessent tout mouvement. Derrière la bite en béton qu'est leur immeuble se trouve un boui-boui mouvementé. Le pauvre type s'avance, haut les mains, comme s'il craignait quelque chose. Il sait que cet homme est armé, y'a pas un mois qu'il plombait la cervelle d'un bonhomme pour une affaire de barre d'opium.
Il continue de marcher et la neige crisse sous ses pas. La femme, toujours la main posée sur le torse de son homme, le fixe. Ses yeux mazout crient de muettes coquineries. Elle le dévisage. Elle le jauge et tâte mentalement chaque partie de son corps. Son regard s'arrête une fraction de seconde sur son entrejambe et elle le détourne, blasée que Blaise ne puisse point la baiser. Le monde était infiniment cruel, surtout avec elle. Elle se console en câlinant l'épaule de son protecteur et trace des boucles dans ses cheveux raidis par la laque qu'il utilise.
Il arrive enfin à leur hauteur. Le mec est un mac. Il fait claquer sa langue contre son palais, signe d'impatience. Il sort une flasque de la poche intérieure de son veston et s'humecte les lèvres d'une rasade d'alcool. Ça chlingue d'ici. Elle, sa maîtresse, sa pute, son trou, elle en profite pour mieux mater Blaise. Si ses orbites pouvaient violer, il serait déjà les quatre fers en l'air.
Des gamins courent dans la rue et se jettent des boules de neige, une atteint le perron et l'autre file droit vers le couple, aspergés. La femme pousse un cri de stupeur et défait son écharpe. De la neige, elle en a plein son décolleté. Et alors que Blaise pousse la porte du bâtiment, il croit y apercevoir le trouble éclat d'une pomme d'Adam.
