Récurrence
Disclaimer : Les personnages ne sont pas à moi mais à William Golding.
Résumé : Est-il possible de subir deux crashs d'avion dans sa vie ? Et de se retrouver à nouveau perdu sur une île déserte ? Avec les mêmes personnes ? Si vous admettez cela, alors voici comment Ralph et les survivants ont replongé en Enfer.
Avertissement : En tant que yaoitiste aguerrie je ne pourrais pas m'empêcher de les mettre ensemble. Vous croyez quoi vous, que des mecs sur une île déserte, il se passe forcément des choses. Alors les homophobes passez votre chemin et allez vous pendre :) [je plaisante, ne portez pas plainte pour incitation au suicide. Parlez-en autour de vous, vous pouvez remontez la pente]. Hum... Petit risque de twincest aussi, mais je me tâte encore. Je préfère prévenir, on ne sait jamais. C'est tellement mignon 3
Bon, je crois que j'en ai déjà pas mal dit dans l'avertissement finalement. Alors je n'ai pas vraiment d'idée du genre de personne qui lit des fic sur Sa Majesté des Mouches mais j'ai hâte de faire votre connaissance :) J'avais déjà lu ce bouquin en 5ème et je me le suis refait récemment et j'ai passé la moitié du livre à me faire des films. Si bien que j'ai décidé d'y aller. Et bim. Grosse sadique, je les renvois dans la jungle, pour un tour gratuit :D Enjoy (quelle bilinguitude *.*)
La pluie tombait violemment, les éclairs zébraient le ciel, les vociférations s'intensifiaient, gonflaient, explosaient de violence sous les éléments déchaînés, contre cette silhouette prostrée, impuissante. Des cris, pas les siens. Ceux de Simon.
Il se réveilla en sursaut. Encore un cauchemar. Toujours cette maudite île. Et cette nuit où ils avaient… Où lui-même avait… Il n'osait toujours pas se l'avouer, peut-être était-ce la raison pour laquelle les grands yeux de Simon venaient le hanter presque toute les nuits, quand il ne rêvait pas de la chasse à l'homme dont il avait été victime.
Comment oublier ? Comment tourner la page ? Ses terreurs nocturnes s'étaient apaisées au fur et à mesure des années mais le traumatisme était toujours profondément ancré en lui. Maintenant qu'il était au lycée, il se demandait si, un jour, il pourrait se délivrer de ce fardeau pour de bon. Mais il savait maintenant. Il voyait les gens tels qu'ils étaient, violents et égoïstes. Il ne pouvait pas bannir ces images, cette peur qui lui rongeait les entrailles presque en permanence.
Il passa une main dans ses fins cheveux blonds, en sueur, et il se leva pour aller prendre une douche. Il était trois heures du matin mais il avait ce besoin impérieux de se sentir propre qui le tenaillait. Alors que l'eau coulait sur son corps, il réfléchit à ce qui allait se passer le lendemain.
Quelques jours plus tôt, alors qu'il rentrait du lycée, il avait reçu un appel d'un journaliste qui faisait une enquête sur le crash de leur avion et ce qui s'était passé sur l'île. L'homme avait semblé très intéressé par l'affaire et il lui avait dit qu'il voulait éclairer toutes les zones d'ombres qui avaient été laissées auparavant. En effet, leur isolation était un peu passée à la trappe avec l'effort de guerre et maintenant que cette dernière était terminée depuis quelques années, le journaliste avait cherché à savoir ce qui s'était réellement passé sur leur île. Il avait entendu parler des jeux sauvages et des morts hypothétiques mais rien n'avait été confirmé et il voulait des témoignages concrets. C'est pour cela qu'il l'avait contacté et lui avait donné rendez-vous. Bêtement, Ralph avait accepté, persuadé qu'aider à éclaircir la réalité était une bonne chose. Mais, après coup, il se demandait s'il avait vraiment envie de revivre tout cela…
Une fois sec, il alla se recoucher, tout en sachant parfaitement qu'il ne parviendrait pas à retrouver le sommeil avant le matin. Il prit un livre pour se calmer un peu et passer le temps. On faisait comme on pouvait…
Le lendemain finit par arriver. Il se prépara soigneusement, cheveux bien coiffés et vêtements de circonstance, puis son père le conduisit jusqu'aux bureaux du journal en question. Une fois arrivé, il lui demanda :
- Ralph, ça va aller ?
- Oui, répondit le jeune homme d'une voix blanche en sortant de la voiture.
Il entra seul dans le bâtiment et s'annonça à l'accueil. On lui dit de monter au deuxième étage. Obéissant, il gravit les marches et, arrivé à l'étage indiqué, il traversa un couloir qui menait à une petite salle dont la porte était ouverte. Il entra mais resta figé de stupeur sur le pas de la porte. L pièce, exigüe, ressemblait à une salle d'attente, remplie de chaises. Or quelques-unes d'entre elles étaient occupées. Par des jeunes hommes de son âge, qu'il n'eût aucun mal à reconnaître.
Immédiatement en face de lui, des jumeaux se serraient l'un contre l'autre. Toujours aussi identiques, leurs vêtements mêmes étaient coordonnés. Erik-et-Sam.
A leur droite, un garçon aux cheveux noirs, coupés très courts, les bras croisés et les jambes raides, fixait le sol. Il dégageait une impression de violence et de haine qui fit frissonner Ralph. Roger.
Il reconnut également Bill, Maurice et aussi un autre mais dont il n'avait plus le nom. Tous lui lancèrent un regard honteux en le voyant entrer. Mais il en restait un. Assis à côté de la porte, sa longue silhouette efflanquée appuyée sur le mur avec nonchalance, Jack le fixa d'un regard insistant jusqu'à ce qu'il se retourne vers lui pour lui faire face. Ses cheveux d'un roux flamboyant étaient assez longs, ébouriffés, rejetés sur un côté, lui donnant un air de mauvais garçon. Sa chemise était froissée, le col ouvert et son pantalon moulait ses longues jambes fines. Ses yeux d'un bleu électrique lançaient des étincelles et ses lèvres minces étaient étirées dans un rictus malsain qu'on ne pourrait décemment qualifier de sourire.
- Bienvenue à la maison Ralph, lança-t-il.
Sa voix. Naturellement, il avait mué mais elle gardait cette intonation impérieuse et arrogante qui était présente dans ses souvenirs. Ralph frissonna.
- T'as peur ? grogna Roger d'une voix rauque.
- Ta gueule toi, rétorqua Jack. Bien sûr qu'il à la trouille. On a tous la trouille alors ne la ramène pas.
- Pou… Pourquoi ? bégaya Ralph, debout au milieu de la pièce en les regardant tour à tour.
- Il a certainement pensé qu'il serait intéressant de nous remettre tous ensemble, suggéra Jack.
- Il y avait des petits aussi, intervint Eric.
- Enfin, ils ne sont plus petits maintenant, reprit Sam.
- Oui, et le journaliste, Jason, il les a tous fait entrer dans son bureau…
- … Pour les interroger…
- … Sans doute. Et après ce sera notre tour.
Ralph se décida à prendre un siège. Il s'assit à côté des jumeaux, à l'opposé de Roger et en face de Jack. Il considéra un instant les sièges vides et son cœur se serra quand il pensa à ceux qui auraient du les occuper. Simon et Porcinet étaient restés là-bas pour toujours. Par leur faute. S'ils avaient pu être un peu plus adultes, garder les pieds sur terre, Simon et Porcinet seraient là, avec eux. Mais il était seul, entouré de ses anciens bourreaux, les mêmes qui voulaient le tuer quelques années auparavant, pour des raisons qui lui restaient obscures, même avec du recul. En fait, surtout avec du recul.
- Ralph, l'appela doucement Jack. Tu trembles, ça ne va pas ?
La gorge nouée, le jeune homme ne put répondre. Les jumeaux le regardaient avec une attention mêlée de superstition. Ils n'osaient pas le toucher. Alors Jack se leva et s'approcha de lui d'une démarche étrangement mécanique. Il se baissa à sa hauteur et posa une main sur son épaule :
- Ça va aller. Tu sais bien qu'on n'était pas dans notre état normal là-bas. On s'est laissé bouffer par… Par je ne sais quoi qui nous a rendus dingues.
- Pas moi, grinça le blond.
- Pas toi, c'est vrai. Mais maintenant c'est différent, on ne te veut aucun mal, tu le sais, hein ?
Ralph leva la tête et croisa les yeux clairs du jeune homme. Il ressentit à nouveau la puissance de ce lien qui les unissait, malgré ces années passées. Un frisson courut le long de son dos. Il tenta de se dégager de la main de Jack et ce geste fit glisser la manche de la chemise trop grande de celui-ci, découvrant un avant-bras meurtri, couvert de coupures plus ou moins profondes. Le roux replaça rapidement sa manche mais Ralph avait eu le temps de voir. Il leva un regard interrogatif vers lui.
- On fait comme on peut, murmura Jack en rougissant.
Il regagna vivement sa place, comme s'il s'était brûlé. Ralph l'observa un long moment jusqu'à ce que le journaliste fasse irruption dans la pièce :
- Bonjour les jeunes.
Les garçons lui lancèrent des regards cyniques et ne daignèrent pas répondre.
- J'espère que vous allez être coopératifs, parce que le groupe que je viens d'interviewer ne se souvenait de presque rien, ils m'ont été tout à fait inutiles pour être honnête, avoua-t-il avec un sourire gêné.
Le silence accueillit une nouvelle fois ses paroles. Le journaliste se tortilla et reprit :
- Bien. Je m'appelle Jason Hill, enchanté de vous voir en chair et en os. J'attends ce moment depuis longtemps. Laissez-moi vous expliquer pourquoi je vous ais tous fait venir ici. En fait, j'ai un projet. Un projet assez ambitieux si vous voulez mon avis. Je vais faire un reportage pour la télévision ! C'est fabuleux non ?
- Et qu'est-ce que vous y mettrez ? lança Jack, sceptique.
- Eh bien, vos témoignages, des prises de vue de l'île, des lieux les plus imp…
- Comment ça « des prises de vue de l'île » ? l'interrompit le jeune homme. Vous comptez y aller ?
- Oui, j'ai tout prévu ! Le vol est préparé, le matériel est même déjà sur place, vous vous rendez compte ! Il ne me manque plus que l'autorisation de vos parents et…
- Vous voulez qu'on retourne là-bas avec vous ? demanda Ralph d'une voix sourde.
- Mais évidemment ! Comment reconnaitrai-je sinon ? Enfin, si vous n'y voyez pas d'inconvénient bien sûr…
Ralph s'apprêta à protester vigoureusement mais Jack fut le plus rapide :
- C'est d'accord, lâcha-t-il avec un petit sourire en coin.
Il regarda ses anciens camarades avec une lueur de défi dans les yeux :
- Ça pourrait être amusant, de revoir l'île.
Les autres ne répondirent pas. Ils n'étaient pas aussi enthousiastes que le roux. Ralph se leva :
- Mais t'es malade ? Tu veux vraiment retourner là-bas ? Revivre tout ça ? Et je ne parle même pas du trajet ! Il est hors de question que je remonte dans un avion de toute ma vie ! Ça sera sans moi !
Un murmure s'éleva dans la salle. Apparemment, les jumeaux étaient d'accord avec Ralph, bien qu'ils n'osassent pas trop hausser la voix. Roger siffla d'un ton sinistre :
- J'suis d'accord avec Jack. J'ai toujours voulu y retourner, ça serait intéressant.
- T'es qu'une lopette Ralph, renchérit Jack depuis son siège.
Puis il balaya les autres du regard avant de reprendre :
- Vous êtes tous des lopettes. Mais merde c'était une expérience unique ! C'est comme retourner à un endroit où on aurait passé des vacances hors du commun. Et puis, ce sera différent, on sera nourris, logés dans des vraies tentes, propres. On va s'éclater je vous dis !
Le journaliste les regardait faire avec intérêt. Il n'osait rien dire, de peur de faire pencher la balance du côté du grand blond qui voulait saboter le projet de sa vie. D'ailleurs, la tirade du rouquin faisait son petit effet. Tous les gosses le regardaient en souriant, des étoiles dans les yeux, l'image du lagon turquoise miroitant dans leurs têtes. Tous sauf celui qui s'appelait Ralph, celui qui se montrait récalcitrant depuis le début. Alors le roux, Jack, se leva et se planta face à lui :
- Ralph, ne me dis pas que tu vas te défiler, lança-t-il d'une voix forte.
Le jeune homme se sentait acculé. S'il refusait, il passait pour un couard, un poltron. Le ton de Jack ne lui laissait pas le choix. Mais cette peur qui lui serrait le ventre l'empêchait de parler. Rien qu'à l'idée de reprendre l'avion il était malade. Jack parut lire dans ses pensées puisqu'il ajouta avec assurance :
- Et puis, combien de chance on a pour se crasher deux fois en deux voyages ? Et au même endroit en plus ! C'est quasiment impossible, sois raisonnable.
- Allez mon garçon, glissa le journaliste d'une voix douce, le monde a besoin de savoir…
- Bon… C'est d'accord, céda Ralph.
Et les adolescents se mirent à applaudir et à sauter de joie.
Ralph regardait anxieusement la mer par le hublot. Tout semblait calme, paisible. Ils étaient tous montés dans ce petit avion le matin même, très tôt, à l'aéroport de Londres. Ses parents avaient eu du mal à donner leur accord pour le laisser partir loin encore une fois, après ce qui s'était passé et les traumatismes dont il souffrait. Mais le médecin avait pensé que cela pourrait être une thérapie efficace, ou du moins qu'il serait intéressant de l'essayer. De plus, son père avait reprit le même argument de probabilités que Jack chez le journaliste et sa mère avait fini par se laisser convaincre, toute excitée à l'idée de voir son fils à la télévision.
En dehors de leur petit groupe, l'avion comprenait seulement le journaliste, un cameraman, qui était un ami du journaliste, ainsi que le pilote et son copilote bien sûr. Le reste de l'équipe de tournage était déjà sur place depuis quelques jours pour que tout soit installé à leur arrivée. Le cameraman, Trey, un américain, s'amusait à les filmer dans l'avion. Les jumeaux s'agitaient beaucoup, enchaînant les pitreries devant l'objectif. Jack se tenait loin du remue-ménage, callé contre un hublot il lisait un livre. A côté de lui, Roger dormait. Tous les autres se battaient joyeusement pour passer à la télé tout en grignotant des sucreries. Ralph soupira. Il était donc le seul à être mort de peur ?
Soudain, un bruit fulgurant éclata et une secousse formidable fit trembler tout l'appareil. Les garçons qui étaient debout tombèrent au sol et se mirent à crier. Le journaliste se leva et disparut dans la cabine du pilote. Ralph resta concentré sur la porte, essayant de capter des bribes de conversation mais il n'entendait que des éclats de voix étouffés à travers les cris de ses camarades. Il vit les lèvres de Jack articuler « C'est pas vrai… » tandis que Roger observait les alentours avec un air ahuri, brusquement réveillé. Le journaliste ressortit de la cabine :
- Mauvaise nouvelle, il y a un problème technique avec l'avion, le pilote de sait pas encore vraiment ce qu'il s'est passé mais il y a eu une explosion. L'avion n'est plus stable, nous perdons de l'altitude et le pilote va essayer d'atterrir mais si on ne trouve pas d'endroit on va devoir amerrir et là, ce sera sans doute très problématique…
Ses propos furent appuyés par une autre secousse qui le déséquilibra. Pour un peu, Ralph se serait levé et aurait crié « Je vous l'avais dit ! » mais il se sentait terriblement las, vidé de toutes ses forces, et il ne pouvait que regarder passivement l'avion piquer du nez et ses compagnons paniquer. Il ferma les yeux et pria. Il ne savait pas trop quoi demander mais il pria quand même, rongé par un très mauvais pressentiment.
A suivre (quel suspens ! Mais quel suspens mes aïeux !)
Et voilà, les Reviews sont les bienvenues :)
