Hellow tout le monde !
J'avais envie de me lancer pour la première fois dans une fiction axée sur la romance, donc voici ce que ça donne. J'espère ne pas me planter en beauté ha ha ! Pour cette première school-fic, je me suis décidée pour le domaine de la danse classique, alors que je n'y connais pas grand chose, mais je fais des recherches. S'il y a des danseurs parmi vous, n'hésitez pas à me faire des remarques si quelque chose ne va pas ^^ Bref ! Sinon, si dans le prologue les personnages sont enfants, ils auront 15 ans dès le chapitre 1 alors ne vous affolez pas !
En ce qui concerne le disclaimer : Les personnages de Naruto appartiennent à leur auteur : Masashi Kishimoto. Je ne fais que les emprunter en toute illégalité, cela va sans dire.
Dernière précision : N'hésitez pas à donner votre avis, ça me fait toujours trés plaisir =D
Trés bonne lecture à vous !
Prologue
La petite pièce qui servait de vestiaire aux jeunes danseuses de l'un des nombreux centres de loisirs de Konoha grouillait d'activité en ce début d'après-midi nuageux et, assise sur l'un des trois bancs de bois qui meublait l'espace, Tenten, petite brunette de huit ans à peine, achevait de se préparer pour son cours. Autour d'elle résonnait le babillage insistant des autres fillettes de son âge, ou peu s'en fallait, sans qu'elle n'y prît part, trop occupée à ajuster ses collants et son justaucorps bleu foncé, couleur qu'elle appréciait bien plus que l'habituel rose pastel que se complaisaient à arborer les petits rats. Son regard noisette s'accrocha aux reflets bleutés qui naissaient de la lumière hésitante de l'ampoule à deux doigts de rendre l'âme qui rebondissait sur le tissus satiné de son uniforme et elle resta ainsi un instant, perdue dans ses pensées.
Sur le sol, quelques sacs s'ouvraient sur des vêtements de rechanges ainsi que des accessoires de danses et les élastiques pâles qui glissaient malencontreusement sous bancs la ramenèrent à la réalité. Consciente que le temps s'écoulait toujours, elle farfouilla dans son sac fourre-tout, tellement usé qu'il manquait de se trouer, avant d'en extirper un ruban assortis à son ensemble offert par sa mère au mépris du prix exorbitant qu'il coûtait. Malgré leur situation quelque peu précaire, sa génitrice s'était saignée aux quatre veines pour lui faire ce cadeau à son précédent anniversaire aussi y tenait-elle plus encore qu'à la prunelle de ses yeux et bien qu'il deviendrait immanquablement trop petit pour elle, elle l'usait autant que faire ce pouvait. Une fois qu'il lui serait impossible de l'enfiler, il ne lui resterait plus qu'à emprunter des tenues déjà usagées dont ne voulaient plus les autres élèves…
Sans plus songer à ces préoccupations qu'elle jugeait démoralisantes, l'enfant se hâta de défaire ses deux macarons, sa coiffure préférée et ramassa les lourdes boucles brunes qui chatouillaient sa nuque et son dos en un unique chignon, coiffure obligatoire pour éviter d'être gênée dans ses mouvements par des mèches folles. De la paume de sa main, elle passa une dernière fois sur le haut de son crâne pour aplanir ses cheveux puis se pencha pour récupérer ses demi-pointes en cuir brun tellement élimé qu'ils perdaient de leur teinte ce qui assurait à la brunette qu'elle ne souffrirait pas durant son entrainement, ses chaussons devenus trop souples et confortables pour la blesser.
Après les avoir enfilées et noué les rubans autour de ses chevilles, elle attrapa son cache-cœur noir et courut rejoindre l'unique studio de danse de ce petit local misérable où elle pratiquait depuis ses quatre ans alors qu'elle rêvait d'entrer dans l'Ecole de Ballet de Konoha, la célèbre académie qui accueillait et formait les meilleurs danseurs de tout le Japon. Toutefois, les frais d'inscription à cet internat – obligatoire qui plus est – étaient exorbitants et elle n'osait pas soumettre ce souhait à sa mère qui peinait déjà à lui payer les honoraires de cette école de bas quartier.
Sans un regard pour les autres apprenties danseuses, elle se dépêcha de gagner la barre sur laquelle elle referma sa main, heureuse de retrouver le contact rassurant du bois et le miroir qui lui renvoyait son image qu'elle détailla minutieusement pour corriger son maintient. Satisfaite, elle commença à s'échauffer avec des exercices faciles, d'abord debout puis assise sur le sol et esquissa un sourire quand elle sentit les muscles de ses cuisses chauffer douloureusement au bout d'une vingtaine de minutes.
Quand la porte s'ouvrit à nouveau, elle leva ses iris chocolat vers le nouvel arrivant et se redressa aussitôt qu'elle reconnut son professeur, une radio dans une main, un CD dans l'autre, prêt à commencer son cours une fois la machine branchée et la musique libérée dans la salle. Tenten aurait aimé travailler au moins une fois sur un morceau joué par un vrai pianiste et non par une bande son mais elle ne pouvait faire la fine bouche et elle se contentait donc de ce qu'on lui proposait.
Le vieil homme qui leur servait de maître balaya l'assemblée de son regard bleu délavé encerclé de petites rides qui creusaient profondément sa peau et il ne put s'empêcher de le fixer sur la petite brune, la seule de ses élèves qui possédait un réel talent pour la discipline qu'il enseignait depuis maintenant plus de quarante ans. Après un discret soupir, il se racla pompeusement la gorge et ordonna d'une voix sèche :
« Troisième position. Une série de demi-plié, puis grand plié. Je vous regarde. »
Tenten plaça correctement ses pieds et plia lentement ses genoux sans cesser de fixer son reflet pour traquer le moindre défaut qui pourrait se glisser dans son mouvement d'une simplicité enfantine mais qui demandait une concentration de tout les instants au risque de la bâcler. La danse restait le domaine le plus exigeant qu'elle connaissait elle ne devait pas être prise à la légère, aussi, fallait-il se donner à cent pour cent, canaliser son énergie pour la transmettre à chacun de ses gestes, les rendre gracieux et élégants, sans cesser de vouloir se perfectionner, encore et toujours, sans répit.
Devant et derrière elle, ses camarades enchainaient sur le même rythme qu'elle les demis pliés avec des erreurs que la fillette repérait du premier coup d'œil et qu'elle s'appliquait à ne pas imiter, écoutant d'une oreille attentive les conseils que donnaient son maître aux jeunes élèves jusqu'à ce qu'il arrivât à sa hauteur et ne la jugeât de son regard critique. Elle sentit le poids de son analyse sur elle et s'efforça de ne pas lui prêter attention avant de l'entendre quelques secondes plus tard lui intimer :
« Rentre un peu plus ton ventre, tu dois être parfaitement gainée. »
Honteuse de cette petite faute, elle se dépêcha de lui obéir et de conserver un gainage parfait. Durant le temps que dura le travail à la barre, Tenten s'évertua à exécuter chacune de ses figures à la perfection, bien que de temps en temps, elle fut reprise par son professeur qui traquait chaque erreur, chaque défaut, qu'elle laissait échapper. Ces remarques ne la vexaient pas, bien que son égo en souffrît quelque peu, elle savait qu'elle ne pouvait atteindre l'excellence après seulement quatre ans de danse à son actif, cela exigeait bien trop de rigueur et de temps.
« Bien, toutes au milieu, toujours en troisième position, nous allons faire quelques exercices avant qu'ils n'arrivent…, leur apprit le vieil homme. »
Ils ? Qui cela, ils ? La brunette l'ignorait et ne s'interrogea pas plus longtemps, elle le saurait bien assez tôt et l'excitation qui s'emparait d'elle chaque fois qu'elle gagnait le milieu eut tôt fait d'effacer de son esprit les mots de son professeur. Bien qu'elle aimait le contact de la barre, sur une scène lors d'un ballet, elle ne bénéficierait plus de l'aide de cette dernière et cette contrainte supplémentaire, loin de la décourager, lui donnait plus encore envie de progresser.
La musique les enveloppa de sa douce étreinte, et Tenten se laissa emporter par la lenteur des accords. Ses pieds la démangeaient déjà, lui réclamaient d'agir, de danser, et elle peinait à se contraindre d'attendre les directives de son maître. Le piano fictif continua de jouer, et elle tendit l'oreille pour saisir les ordres du vieil homme qui leur lança :
« Dégagé à la seconde. »
La petite fille se hâta de répondre à ses attentes, ses yeux toujours fixés sur son image, non par narcissisme, mais par obligation, son corps ayant l'habitude de se relâcher quand elle ne le surveillait pas assez attentivement. Il était trop facile de courber le dos sans s'en rendre compte et à cette simple pensée, elle se redressa rapidement, continua son exercice, avant de cesser quelques minutes plus tard quand le vieil homme leur ordonna :
« Pas de bourrée, puis temps levé. »
Alors qu'elle s'acharnait sur cet exercice, trois coups énergique résonnèrent contre la porte de la salle ce qui la dérangea dans sa concentration et attisa sa curiosité en même temps. Leur professeur arrêta la radio et alla ouvrir au groupe de nouveaux venus composé d'un homme assez jeune, peut-être vingt-six ans tout au plus, et de deux enfants, l'un deux assez âgé, environ quinze ans, et l'autre beaucoup plus jeune, probablement le même âge qu'elle.
Le plus vieux, les cheveux roux en bataille, l'air renfrogné, les yeux d'un brun très clair, posait un regard blasé sur les fillettes qui le fixaient. Le second fit naître un étrange malaise en elle. Ses longs cheveux noirs attachés en catogan derrière sa nuque grâce à un élastique tout aussi sombre, ses yeux d'un gris acier rehaussé d'un teinte lilas très légère, dégageait une froideur dérangeante, et, si les traits de son visage étaient harmonieux, son expression ennuyée et hautaine la déstabilisait.
Leurs justaucorps ainsi que leurs collants blancs lui firent comprendre qu'il s'agissait de deux danseurs et le logo en argent – deux chaussons aux rubans entrelacés – qui brillait sur leur poitrine dénonçait leur appartenance à la prestigieuse Ecole de Ballet de Konoha. Pour quelle raison deux élèves de cet établissement se rendraient-ils accompagnés de leur maître dans un établissement aussi miteux que le sien ? Elle n'eut pas le temps de répondre à cette question que, déjà, son professeur prenait la parole pour éclairer leur lanterne.
« Mesdemoiselles, nous recevons aujourd'hui l'un des maîtres de l'Ecole de Ballet, Gai Maito, ainsi que deux de ses élèves. Ils sont ici pour vous parler de leur école afin que celles qui seraient intéressées par le métier de danseuse sachent quel parcours elle devront effectuer.
– Mais, maître, je pensais que le concours d'entrée pour l'Ecole de Ballet se passait uniquement à l'âge de cinq ans, après avoir fait un minimum d'un an de danse. Après, il est trop tard, non ? intervint Tenten, sans plus songer au manque de politesse dont elle venait de faire preuve. »
La brunette sentait les battements de son cœur s'accélérer alors qu'elle entrevoyait une possibilité – aussi mince soit-elle – de réaliser son rêve le plus cher, devenir danseuse étoile. Elle attendrait le temps qu'il faudrait, prendrait un travail à temps partiel pour payer les frais d'inscription, épargnant ainsi à sa mère des inquiétudes supplémentaires, mais quoiqu'il arrive, elle réussirait à devenir l'une des élèves de l'Ecole.
Ce ne fut pas son professeur qui lui répondit mais le maître des deux danseurs, un homme grand, au justaucorps vert bouteille qui le moulait d'une façon qu'elle trouvait assez ridicule et qui arborait des sourcils protubérants ainsi qu'une coupe au bol hideuse. Il lui adressa un sourire resplendissant et lui expliqua :
« Les danseurs externes à l'école peuvent, à l'âge de quinze ans, passer un concours pour entrer en tant qu'élève de classe supérieur. Cependant, l'épreuve est difficile et le jury sévère. Toutefois, avec un travail rigoureux et un entraînement acharné, vous pouvez réussir. »
Tenten ne répondit rien et préféra réfléchir. Si elle travaillait dur, chaque jour, chaque minute, chaque seconde, elle serait capable de réussir l'épreuve qu'ils lui imposeraient. Cette perspective accéléra son débit cardiaque et un petit sourire de joie teinté d'espoir étira ses lèves tandis que ses prunelles brillaient d'impatience. Sept ans la séparaient de son but mais il ne lui faudrait pas moins de temps pour combler son retard par apport aux élèves de l'Ecole de Ballet.
Ce fut donc sur cette décision qu'elle releva la tête, résolue. Devant elle, Gai laissa la place à ses deux disciples et annonça :
« Pour pouvoir espérer entrer dans l'Ecole de Ballet en tant qu'élève externe, il vous faut avoir un excellent niveau. Vous devez commencer à travailler dès maintenant. Neji a votre âge et il est le meilleur de sa promotion. Pour tenter le concours d'entrée, il faut que vous ayez, dès maintenant, un niveau semblable au sien. Neji, je te laisse leur faire une démonstration, fit-il en se tournant vers le garçon aux yeux de nacres. »
Celui-ci acheva de s'échauffer encore une fois d'un grand plié avant de se diriger vers le centre du milieu et de se mettre en troisième position sous les yeux scrutateurs des petites filles qui s'écartèrent sciemment de lui pour lui laisser la place d'évoluer librement sur le milieu. Tenten, perdue au milieu de la foule de danseuses, réussit à se faufiler entre deux fillettes placées au premier rang et ses yeux s'accrochèrent à la silhouette du garçon, soucieuse d'évaluer l'écart de niveau qui les séparait et qu'elle aurait besoin de rattraper par la suite. Elle détailla sa position à la recherche d'un défaut, n'importe lequel et dut rapidement avouer qu'il la maitrisait à la perfection.
La musique éclata dans le petit studio et elle remarqua la grimace qu'il se hâta de réprimer. Apparemment, lui aussi ne devait pas aimer travailler sur une mélodie préenregistrée cependant il n'avait pas le choix, il lui fallait faire avec. La seconde suivante, le malaise précédant disparu, il semblait transporté par les accords et chacun de ses gestes devenait gracieux et élégant comme s'il accompagnait la musique, que celle-ci le transportait vers un autre monde et de des ailes lui poussaient dans le dos…
Quand enfin Neji cessa son enchainement, il esquissa un salut poli avant de se retirer du milieu pour rejoindre son compagnon sous les applaudissements des danseuses, Tenten comprise. Bien qu'elle ressentait une certaine jalousie à son égard, l'esprit de compétition qui l'animait l'empêchait de sombrer dans l'aigreur et elle se promit d'atteindre à son tour l'excellence dans l'espoir de le dépasser un jour prochain. Un sourire déterminé étira ses lèvres tandis que le maître en justaucorps vert reprenait la parole.
« Bien, sachez que pour parvenir à ce niveau il faut compter plusieurs heures de pratique par semaine. Je vous conseille donc de ne pas vous reposer sur la fougue de la jeunesse qui sommeil en vous, leur recommanda-t-il. Quant à toi, Neji, nous reparlerons des petites fautes que tu as faites plus tard, lança-t-il à son élève qui hocha la tête en signe d'assentiment. »
La petite brunette écarquilla les yeux et perdit son sourire. Quand donc le jeune garçon avait-il commis des erreurs ? Elle n'avait rien remarqué. D'un côté, elle se sentait soulagée de voir que lui aussi n'était pas parfait dans sa pratique, mais d'un autre, elle se rendait de plus en plus compte de l'écart qui les séparait. Parviendrait-elle seulement à suffisamment s'améliorer pour réussir le concours d'entrée de l'Ecole de Ballet ? Elle commençait à douter de ses capacités.
« Maintenant, Sasori, qui est un élève de classe supérieur, va vous montrer quel niveau vous devrez atteindre pour espérer obtenir une place, leur apprit Gai en se tournant vers le rouquin qui acheva d'enduire ses pointes de colophane. A toi Sasori, l'encouragea son maître avec le pouce levé vers l'avant et un sourire digne de faire l'objet d'une publicité sur le dentifrice. »
Le jeune homme se plaça au centre du milieu à son tour et prit la cinquième position, pieds en dehors, tête bêche, comme si cela lui paraissait naturel alors que le travail qu'elle nécessitait en démoralisait plus d'un. Lorsque les premières notes envahirent le studio, Sasori monta sur ses demi-pointes et commença par un pas de basque, suivit d'un plié et d'un rond de jambe complexe sous les yeux de Tenten qui l'admirait en silence en tentant de mémoriser chaque mouvement, chaque geste afin de pouvoir les reproduire lorsqu'elle s'en sentirait capable. Il lui tardait de pousser son apprentissage vers des mouvements difficiles mais tellement beaux et elle s'émerveillait devant la prestance du jeune homme qui acheva son enchainement par un grand jeté.
La brunette applaudit avec force pour saluer la prestation du second danseur et lui adressa un grand sourire quand le regard de ce dernier se posa sur elle. Lorsqu'il la remarqua, elle et ses iris étincelants, sa position en seconde alors même que les autres apprenties danseuses ne se préoccupaient plus de leur maintient, il comprit qu'elle était différente. Leurs prunelles se rencontrèrent et il la salua d'un imperceptible signe de la tête avant de reprendre sa place près de Neji qui avait remarqué l'échange entre les deux danseurs et qui lui murmura les sourcils foncés :
« La connaitrais-tu ?
– Non. Mais… je suis sûr qu'elle ira loin, lui répondit Sasori, avec un petit sourire en coin qui tira un soupir au jeune garçon. »
Neji garda le silence. Son camarade représentait, avec quelques autres danseurs, l'élite de l'Ecole de Ballet, il savait donc pouvoir se fier à son jugement et s'il pensait que cette gamine détenait un certain potentiel, il le croyait. Cependant, une enfant qui dansait dans une école de quartier ne pouvait prétendre devenir une véritable danseuse surtout si seul le désir de porter un justaucorps et un tutu la motivait. Il haïssait profondément les personnes qui considérait sa passion comme un simple passe-temps et il classait Tenten dans cette catégorie sans connaître ses motivations.
Un peu plus loin, inconsciente du dédain que lui portait le jeune garçon, la brunette jubilait, un grand sourire aux lèvres. Cette journée resterait gravée à jamais dans sa mémoire comme celle qui l'avait conforté dans son choix de devenir danseuse et quels que soient les efforts qui lui faudrait fournir, elle se sentait prête à tous les sacrifice pour parvenir à son objectif. Rien ne saurait l'arrêter…
Perdue dans ses pensées, elle sursauta quand la voix de Gai résonna dans la salle alors qu'il s'adressait à elles.
« Avec l'accord de votre maître, vous allez terminer votre cours sous ma direction, aidé par Neji et Sasori qui vous donneront des conseils. »
Aussitôt ces paroles prononcées, les petites se regardèrent, effrayées à l'idée de travailler sous le regard de cet homme qui semblait intransigeant malgré son allure assez étrange et ses sourires sympathiques. Tenten ne partageait pas leur pressentiment, au contraire, cette opportunité de danser sous le regard attentif d'un professeur de renom lui semblait inespérée. L'adrénaline qui courut dans ses veines répondit à son impatience et à nouveau concentrée, elle attendit les ordres de Gai. Celui-ci s'éclaircit la gorge tandis que ses deux disciples se dispersaient parmi les petites danseuses, prêts à rectifier leur position ainsi que leur maintient.
« En seconde. Je vais vous dicter un petit adage. Prête ?
– Oui, répondirent-elles toutes en cœur, certaine avec une timidité teintée de crainte.
– Alors, pas de bourré, entrechat, cambré, attitude devant et pour finir, retiré, annonça le maitre aux gros sourcils. »
Tenten mémorisa sans difficulté les pas, s'élança en même temps que les autres et le regard rivé sur son reflet, elle se pencha gracieusement en arrière pour effectuer son cambré, en surveillant son port de bras. Elle resta quelques secondes dans cette position avant d'enchainer avec l'attitude devant et le retiré qu'elle exécuta sans peine, un sourire sur son visage illuminé et sa poitrine soulevée à un rythme effréné sous sa respiration haletante. Toutefois, elle se sentait bien, mieux que lorsqu'elle quittait le studio pour retrouver sa monotone petite vie.
Après avoir tenu sa position un instant, elle retomba en seconde et attendit le verdict qui ne tarda pas à lui être formulé par la personne de Neji qui l'avait surveillée depuis le début de son adage.
« Ton maintient est déplorable. Ton ventre n'est pas assez rentré, ton buste pas assez redressé, ton port de bras trop mou, asséna-t-il d'une voix froide qui arracha un frisson à la brunette. »
Tenten le considéra un instant, surprise par sa présence qu'elle n'avait pas ressentie et baissa les yeux de honte. Comment n'avait-elle pas vu tous ces défauts ? C'était impossible. Elle surveillait son corps avec beaucoup d'application et prenait grand soin de s'appliquer.
L'enfant aux yeux gris acier commença à se placer en seconde, se gaina parfaitement, puis, lentement, sa position se dégrada et il lui lança :
« Voilà ce à quoi ressemblait la tienne, »
Sur ces mots, il reprit sa position première et ajouta :
« Voilà ce à quoi elle devrait être semblable. »
La brunette se redressa alors, rentra son ventre et affirma son port de bras avant de remarquer :
« Que je sache, je me trouvais déjà comme ça. Mon buste n'était pas aussi arrondi et mes bras aussi mous.
– Quand on ne supporte pas la critique, on ne danse pas, rétorqua-t-il sur un ton sans réplique.
– Tu ne crois pas que tu exagères, Neji. Je l'ai regardée, moi aussi, et elle a raison, tu as pas mal accentué ses défauts. Pour le reste, tu n'as pas tort, elle doit se gainer davantage, intervint Sasori qui s'approchait d'eux. »
La fillette lui lança un petit sourire en remerciement. Elle commençait à apprécier ce jeune danseur, qui, s'il portait sur le monde un regard impatient et blasé, n'en demeurait pas moins très gentils contrairement à ce garçon prétentieux qui osait lui faire la moral. Elle acceptait les critiques fondées mais n'appréciait pas les regards glacials qu'il lui lançait à présent. Elle ignorait pour quelle raison il semblait ne pas la porter dans son cœur, cependant, elle était décidée à lui rabattre le caquet. Elle n'en eut malheureusement pas l'occasion car l'adolescent lui demandait déjà :
« Comptes-tu passer le concours d'entrer pour l'Ecole de Ballet dans quelques années ? Je suis certain que tu as le potentielle pour y parvenir. »
Tenten sentit un flot de sang colorer ses joues et le reflet que lui renvoyait le miroir ne fit que confirmer son pressentiment : elle rougissait comme une tomate trop mûre. Gênée et flattée, elle s'apprêta à lui répondre et à le remercier quand elle fut devancée par Neji qui lança sur ton sec et légèrement narquois :
« Tu veux rire, Sasori ? Cette fille n'a pas le talent nécessaire pour…
– Je vais passer ce concours et tu verras que je serais acceptée, lui jeta Tenten, furieuse de se voir dénigrer de la sorte. »
Elle commençait sincèrement à le détester profondément. Ses sourcils noirs se froncèrent et une ombre menaçante assombrit son regard noisette généralement si pétillant. Elle ne se laisserait pas insulter ainsi sans répliquer. Il ne la croyait pas capable d'entrer dans l'Ecole de Ballet ? Et bien elle allait lui prouver qu'il avait tort. Non seulement elle concourrait, mais en plus, elle réussirait l'examen et étudierait là-bas. Une fois devenue étoile, elle le rabaisserait à son tour, et ce jour là, il pourrait s'incliner devant elle, elle l'ignorerait royalement.
« Une débutante n'a aucune chance, lui souffla-t-il, son regard nacré plongé dans celui furibond de Tenten.
– C'est ce qu'on verra !
– Hum, Hum… »
La brunette, Neji, et Sasori – qui assistait à la querelle sans intervenir, amusé par la rivalité qui venait de naître entre les deux enfants – se tournèrent d'un même mouvement vers le nouvel arrivant qui suivait leurs échanges depuis un moment. Devant eux, les bras croisés sur sa poitrine, se tenait Gai Maito, les sourcils légèrement froncés, sans pour autant trahir un semblant de colère. Ses yeux noirs se posèrent successivement sur Neji puis Tenten, avant d'ordonner au rouquin :
« Sasori, va aider les autres danseuses, s'il-te-plait, je m'occupe de ces deux là. »
Sans un mot, l'adolescent se détourna du petit groupe qu'ils formaient et alla docilement donner de précieux conseils aux autres fillettes que la curiosité dévorait. Alors qu'il s'éloignait, Gai reporta son attention sur son disciple et lui demanda :
« Neji, je peux savoir pour quelle raison tu t'en prends à cette enfant ? »
Le jeune garçon posa son regard de nacre sur son maître et réprima un soupir d'exaspération. Après un furtif coup d'œil à la brunette, il répondit :
« J'ai simplement horreur des filles qui pensent qu'être danseuse se résume à porter un justaucorps et un tutu, asséna-t-il à l'encontre de Tenten qui écarquilla les yeux.
– Qui te dit qu'être danseuse se résume simplement à ça pour moi ? Tu ne me connais pas, rétorqua-t-elle, en essayant de ne pas élever la voix.
– Tu n'as pas l'envergure d'une ballerine.
– Je te prouverai le contraire, envoya-t-elle, avant d'ajouter, je jure que je deviendrais une véritable étoile ! »
Gai se détourna de Neji et reporta son attention sur la brunette qui affichait une mine boudeuse. Il pouvait lire en elle toute sa détermination et un léger sourire se dessina sur ses lèvres, persuadé qu'il était d'assister à la naissance d'une future étoile de la danse classique. Si elle continuait de ressentir et de laisser éclater cette force de caractère qui l'habitait en cet instant, elle deviendrait une grande danseuse et il espérait pouvoir assister à ses progrès dans quelques années même. Il surveillerait les inscriptions au concours de l'Ecole de Ballet des prochaines années et si elle s'y présentait et qu'elle travaillait suffisamment, alors, il était certain de la retrouver au sein du prestigieux établissement.
« Je pense que tu risques d'être surpris, Neji, fit-il à l'adresse de son élève qui préféra faire la sourde oreille, enfermé dans son mutisme. Quant à toi, continue de t'entraîner et tu verras que tes efforts deviendront payants, ajouta-t-il à l'adresse de Tenten qui se trouva confortée dans sa décision. »
Sur ces mots, Gai tourna les talons et invita son disciple à faire de même. Celui-ci ignora superbement Tenten qui réprima l'envie de lui tirer la langue pour se venger de son comportement idiot et réussit à se retenir à grand peine, conservant ainsi sa dignité. Sans plus de considération pour lui, elle reprit sa position avec d'autant plus d'acharnement que les paroles du jeune garçon lui revenaient sans cesse à l'esprit. Elle ne devait plus réitérer les mêmes erreurs et pour cela, il lui fallait se concentrer et faire abstraction de tout le reste. Les yeux clos, elle prit une profonde inspiration puis rouvrit les paupières, la tête vide de toutes pensées superflues.
Elle y arriverait. Elle le savait…
PS : Je n'ai pas mis de glossaire relatif au vocabulaire de la danse, car je pense qu'il n'est pas nécessaire de connaitre la définition des pas pour s'imaginer les mouvements. Toutefois, si certains d'entre-vous le souhaite, j'en ajouterai un au prochain chapitre pour éclairer vos lanternes !
