Chapitre 1 : Le Journal
D'une démarche chaloupée, le professeur de métamorphose, Albus Dumbledore se promenait dans les couloirs. Son pas léger ne faisait aucun bruit sur le sol de pierre glacial et avec sa barbe et sa robe légèrement scintillante sous la faible lumière des torches accrochées aux murs, on aurait pu facilement le prendre pour un fantôme, créature qu'il n'était point rare de croiser dans les boyaux du château. Le professeur Dumbledore, alors que l'on était au beau milieu de la nuit, ne se trouvait pas là par hasard à errer seul dans les galeries, en effet, depuis quelques temps, Hogwarts était loin d'être paisible. Il se passait des choses graves, très graves et le professeur était inquiet, il savait au fond de lui qu'il ne résulterait rien de bon de toute cette histoire. Depuis quelques semaines, des attaques étranges étaient survenues. Tout d'abord, on avait retrouvé des animaux, chats, rats, carpeaux, raides morts ou pétrifiés dans les couloirs. Il y avait deux jours, un incident bien plus grave encore avait eu lieu, un élève avait été attaqué, on l'avait retrouvé pétrifié au détour du cinquième étage. Toute l'équipe professorale avait fouillé le château de fond en comble, sans aucuns résultats. Ce qui inquiétait Albus, était que l'agresseur semblait prendre de l'assurance, et ne se contenterait bientôt plus de simples animaux. L'agression de cet élève en était la preuve. Il avait été décidé que des tours de garde seraient effectués pour protéger les élèves de ce dangereux agresseur, dans l'espoir de pouvoir le surprendre et l'arrêter, sinon… et bien l'école serait fermée car l'on ne pouvait faire mettre en jeux des vies innocentes indéfiniment sans que n'arrive le pire des malheurs, mais Albus osait à peine l'imaginer. Hogwarts était un refuge pour lui et pour tant d'autre.
Au bout du couloir, intrigué il vit qu'une porte était entrouverte. C'était la salle des trophées, elle n'avait aucune raison d'être ouverte et ce en plein milieu de la nuit. Cela pouvait être un oubli d'un de ses collègues étant passé par là un peu plus tôt dans la soirée pour une quelconque vérification, mais Albus n'était jamais trop prudent. Il sortit sa baguette et poussa le battant. Dans la pièce, il n'y avait aucun bruit, il y faisait noir comme dans un four. Albus se figea un instant écoutant les bruits autour de lui. Si un intrus se trouvait là, il ne voulait pas révéler tout de suite sa présence. Mais aucun bruit suspect ne se fit entendre.
- Lumos ! murmura- t'il.
La soudaine lumière l'éblouit un peu, les coupes en argent et en or reflétaient le point luminescent provenant de la baguette et éclairait richement la salle. Il jeta un coup d'œil circulaire, mais rien ne lui paru anormal, par acquis de conscience il poussa tout de même un peu plus loin ses vérifications. Il inspecta rapidement la pièce, mais c'était l'évidence même, mis à part lui, il n'y avait personne. Il s'apprêta à sortir, mais avant qu'il n'ai pu franchir le seuil de la porte, il entendit un craquement sourd. Il se retourna vivement et ses yeux bleus sondèrent à nouveau l'endroit. Au premier abord il n'y avait rien, tout semblait en place. Mais quelque chose attira son attention, sur le mur du fond, un profonde fissure s'était formée. Il s'approcha, jusqu'à ce que son nez aquilin touche pratiquement les lourdes pierres. Une odeur de renfermé et de moisissure lui parvint. Il tenta d'y voir quelque chose, mais là encore l'obscurité régnait. La fente était trop étroite pour qu'il puisse y glisser la main. A l'aide d'un sort il transforma quelques blocs en une pâte aussi élastique que du chewing-gum. Puis il agrandit le trou de ses mains. Ainsi fait, il illumina son travail.
Il y avait un renfoncement derrière ce mur, comme une petite cavité. Ce qu'il vit à l'intérieur le surprit énormément. Il y avait un petit coffre en bois, il semblait vieux, mais était pourtant en très bon état. Il se saisit de la boite sans hésitation, puis referma le mur derrière lui pour ne laisser aucune trace de son passage. Il regarda sa montre. Une montre à haute complications qui comportait des astres bariolés qui avaient l'air de bouger de manière anarchique sous le cadran. N'importe qui aurait pu se perdre dans la lecture de ce temps si particulier mais Albus, d'un simple coup d'œil constata que son tour de garde était pratiquement achevé. Il s'empressa de quitter la pièce, refermant la porte derrière lui. Il remonta les deux étages qui le séparaient de son bureau le plus rapidement possible pour éviter de croiser quelqu'un, et qu'on lui pose des questions sur un évènement qu'il n'était pas sûr d'avoir comprit lui-même. De mémoire d'homme, il n'avait jamais entendu parler de fissure dans le château, les pierres étaient protégées par un sort anti-usure, ce qui s'était passé dans la salle des trophées, il en était certain, n'était pas d'origine naturelle mais magique, quelqu'un voulait-il qu'il découvre cette boite ? Mais qui ? Il était sûr d'être resté totalement seul lors de son inspection. Une fois arrivé il s'enferma à double tour pour être sûr de ne pas être dérangé. Il s'assit à son bureau et posa le petit caisson en bois devant lui avec douceur. Il était presque évident que ce qui se trouvait à l'intérieur était très précieux.
- Que renfermes-tu donc ? murmura le noble professeur comme si la boîte répondrait à sa question.
Il tenta de soulever le couvercle, mais il resta hermétiquement clos. Il l'examina attentivement, notant qu'il n'y avait aucunes serrures apparentes. Il se résolu donc à l'ouvrir par magie. Il hésita un instant. Cela pouvait être dangereux. Mais sa curiosité l'emporta, et décida que si problème il y avait, il aviserait au moment venu.
- Alohomora !
Il y eu un petit déclic, puis la boite s'ouvrit d'elle-même.
- Une boite ne pouvant être ouverte que par des sorciers. Je ne serais guère étonné qu'elle soit protégée par quelques sorts pour éviter une quelconque infraction plus violente, dit-il pour lui-même.
Il se pencha pour en examiner l'intérieur en retenant sons souffle. Sur un coussin de velours, trônait un livre en cuir. Il s'en saisit avec précaution. Une fois qu'il l'eu posé devant lui il eu le sentiment que ce qu'il contenait devait être important. Peut être un ancien grimoire contenant des sortilèges très anciens. En tout cas cet objet respirait la magie. Il semblait vieux par l'odeur de renfermé et de légère moisissure qu'il dégageait mais pourtant aucune trace du temps n'était visible, le cuire du livre n'avait pas la moindre imperfection. Il l'ouvrit et tombât sur une page blanche, immaculé, il fronça les sourcils et tourna la suivante. Son front se dérida. La page était remplie d'une écriture qu'il ne connaissait pas. Elle lui semblait féminine, mais écrite avec empressement, sans aucuns soins.
Il prit un bonbon au citron puis ajusta ses lunettes pour entamer confortablement sa lecture.
« Si je décide à ce jour de mettre sur papier ce que j'ai sur le cœur, c'est tout simplement parce que j'arrive au terme de ma vie. Je le sens, je n'ai plus la force de me battre.
Je souhaite que dans les années futures, on se souvienne de notre combat. A tout les quatre. Du rêve que nous avons partagé et qui continuera à vivre après nous. Les livres d'Histoire nous donnerons l'image d'héros, de personnes exceptionnelles, nous serons une légende. Je sais que tant de choses serons passées sous silence, ou déformées, ce n'est point ce que je veux. Je souhaite que l'on connaisse un jour la vérité sur nous, sur moi. Nous ne sommes que de simples Hommes habités par de grandes idées, de simples mortels que mon corps et mon âme me rappellent continuellement. Je vais entreprendre de vous raconter mon histoire moi Rowena Serdaigle, la sorcière la plus illustre de mon temps, ainsi que la naissance de mon cher Hogwarts.
Aussi loin que je me souvienne, je reste persuadée que c'est ce jour là, il y a déjà si longtemps que ma vie a réellement commencée. Pourtant la journée avait commencée de manière si banale que j'étais alors loin d'imaginer ce qu'il m'attendait… »
Le professeur Dumbledore stoppa sa lecture. Etait-il donc possible qu'il eu en face de lui le journal de Serdaigle ? Etait-il authentique ? Et si tout cela était vrai, y avait-il un hasard pour que le mur se lézarde et lui montre ce qu'il contenait précieusement depuis des siècles ? Dumbledore était persuadé qu'il trouverait les réponses à ses questions dans ce manuscrit. Si c'était un faux, il ne faisait aucun doute que son intelligence extraordinaire le découvrirait. Il prit un deuxième bonbon, perdu dans ses pensées. Devait-il faire part à quelqu'un de sa découverte ? Il décida que non. Il devait le lire d'abord, en connaitre le contenu seul était terriblement tentant. Il serait le premier sorcier depuis des siècles à connaitre la véritable histoire des fondateurs ! Un véritable privilège que Dumbledore ne voulait manquer pour rien au monde. Il aimait en savoir plus que les autres, avoir une longueur d'avance. C'est comme ça qu'il se faisait respecter et admirer. Il secoua la tête, voilà que ses envies de conquérant ressurgissaient. Une part de lui-même qu'il aurait pourtant bien voulu effacer.
Il soupira se leva et s'étira. Il ouvrit son armoire pour revêtir une robe plus légère pour la nuit, de couleur fuchsia, il enfila son bonnet de nuit, fit une tresse à sa barbe, qui faisait bien une vingtaine de centimètre, pour qu'elle ne le gène pas pendant la nuit, prit un bonbon à la menthe qui avait la vertu de nettoyer les dents et se glissa dans son lit douillet, sans oublier de prendre sa nouvelle trouvaille. Il alluma sa lampe de chevet d'un coup de baguette magique avant de poser cette dernière sur son chevet, à côté de son pot de chambre. Il poussa un soupir de contentement et ouvrit à nouveau le livre. Il avait hâte que Serdaigle lui révèle ses secrets les plus sombres.
